Sagesse du pluvian
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Cauchemar d'Émile
Nelligan t'observa, monstre apocalyptique,
Au milieu d'une nuit envahie de tourments.
Il cherchait à te fuir par un escarpement ;
Tu dirigeais vers lui ta course fantastique.
Tu étais plus griffu que les ours de l'Arctique,
Tu avais dévasté de nombreux campements ;
Tel un démon lâché au jour du jugement,
Tu venais lui porter un décret fatidique.
Émile, cependant, suivait les chemins sombres,
Et son ange gardien le protégeait, dans l'ombre,
Surveillant de son mieux le démon affamé.
Mais le monstre sursaute et se métamorphose :
En charmant promeneur, le voilà transformé,
Venu pour admirer l'Aurore aux doigts de rose !
Exaltation fugitive
Saisi d’inspiration, le rimailleur s’élance
En son jardin de vers, et, de sa blanche main,
Une nouvelle feuille il emplit, tout soudain,
Sans faire à son esprit la moindre violence.
Il écrit, sans lourdeur et sans outrecuidance,
Ce que font les oiseaux dans son petit jardin,
Ce que voit l’escargot traçant son lent chemin
Et comment l’araignée prend ses proies sans défense.
Sur un cheval épique, il n’est jamais monté ;
Si ça s’était produit, il l’aurait arrêté,
Déclarant poliment « Pardon ! Je dois descendre. »
Mais les petits accords qu’il s’en va poursuivant
Sont pour lui, chaque jour, une occasion d’apprendre ;
Sous le regard du chat, sous la dictée du vent.
Ronsard polychrome
Ah, ces mots ronsardiens, de toutes les couleurs !
J’aimerais en orner ma fenêtre et ma porte ;
J’aimerais absorber la douceur qu’ils apportent
Et qui peut mettre fin à toutes les douleurs.
Ronsard, tu nous montras comment parler aux fleurs ;
Comment apprivoiser les parfums qui en sortent
Et comment les offrir à des muses, de sorte
Que sourie leur visage et que sèchent leurs pleurs.
Si la vie n’est qu’un rêve, il ne faut qu’on se ronge
À trop en supporter la charge à bout de bras,
À trop analyser vérités et mensonges ;
Aimons plutôt les fleurs. Elles ne durent pas ?
Mais vois comme elles vont calmement au trépas,
Sans y faire attention, sans trembler, comme en songe.
Quelques livres, quelques litres
Je vide un verre en écrivant ;
Je bois quand je lis du Racine.
Ma sueur est bue par le vent
Et par le soleil qui décline.
En buvant, mon esprit s’embrume ;
Un grillon me parle, soudain :
Il me dit de poser ma plume
Et d’aller m’asseoir au jardin.
Édifice
Du Bellay, tant d’idées te viennent !
Ton coeur n’est jamais paresseux,
Car il est héritier de ceux
Qui, magiciens et magiciennes,
(Y compris les cartomanciennes)
Ont fait des pronostics nombreux,
Que les rhapsodes valeureux
Mirent en odes saturniennes.
Nous savons qu’il fut bien agile
En son latin, le fier Virgile ;
Mais ton français est façonné
Comme un miroir où l’oeil s’allume,
Comme un temple, au fil de la plume,
Que la rime vient maçonner.
Prairie
Un troll buvait, l’autre matin,
De l’hydromel dans la prairie ;
Muni d’un cruchon de féerie,
Le servait un joyeux lutin.
Le yeux du troll sont d’émeraude,
Son futal, de n’importe quoi ;
Il annonce au lutin narquois :
« Bientôt, nous irons en maraude. »
Le lutin se dit : « C’est bien bon,
Il se peut que la chose arrive
(Ou que je sois changé en grive) ;
Ce troll n’est guère vagabond.»
L’hydromel aux reflets de larmes
Était très pur et sans défaut ;
Le buveur en riait tout haut,
Comme un gars que l’humour désarme.
Le lutin, vous vous en doutiez,
Put partir seul où sont les roses ;
Dans un ombrage ils se reposent,
Lui-même et sa chère moitié.
Barthélemy de l'Atlantique
Le puisatier construit une maison dans l’île
Qui est la lettre « A » ; puis survient Vendredi,
Qui de la construction les angles arrondit.
La maison s’agrandit, par étapes subtiles,
Et ses deux habitants y sont un peu perdus.
Le rêveur Philémon, dans un puits descendu,
Miraculeusement emprunte un long passage ;
Ce n’est donc pas en vain qu’il reçut des messages.
La suite de l’histoire emplit trente volumes
Que m’a dédicacés la licorne de brume.
Plume inlassable
Je me tiens à ma table ainsi qu'un chroniqueur ;
Je bichonne à loisir mes textes qui s'allongent,
Créant un monde heureux dans lequel je me plonge,
Où tout se manifeste et vit selon mon coeur.
J'entends le rossignol et le merle moqueur
Qui demandent pourquoi, sur des mots, je me ronge ;
Mais vous, gentils oiseaux, ne dites-vous vos songes
Au peuple des guérets, à cet aimable choeur ?
Votre voix, au bocage, habilement balance
De sonores éclats et des temps de silence ;
Comme vous, je m'exprime (en faisant moins de bruit).
Comme vous, j'aime avoir une simple tribune
Où je me tiens le jour ; et, dès que vient la nuit,
Je déclame un beau vers pour amuser la lune.
Grillade
Vers le temps de Pentecôte,
L'apéro c'est du vin blanc ;
Puis on grille l'entrecôte
Sous un arbre, il fait beau temps.
Le jardin s'orne de belles
Fleurs nouvelles ;
Ils se montrent, presque beaux,
Les corbeaux.
Vers le temps de Pentecôte,
Les noirs corbeaux sont gourmands ;
Ils n'auront point d'entrecôte,
Ni de brie, assurément.
Au jardin, gare aux épines
D'églantine ;
Gare aussi à l'aiguillon
Du frelon.
Au soir, la lune est notre hôte,
Elle ne boit rien, pourtant ;
Au pré, la grenouille saute
Et va dormir dans l'étang.
Héphaïstos, Hadès et Dionysos
Héphaïstos, qui croit son épouse friponne,
N'en souffre pas beaucoup, car lui-même est sournois ;
Donc, aussitôt qu'Éros de son dard l'aiguillonne,
Il ouvre sur sa table un vieux livre chinois.
Contemplant les portraits de mille anges femelles,
Il révise l'amour, et le plaisir des yeux.
Son coeur étant ému surtout par les pucelles,
Il imite Diogène, alors qu'il est un dieu.
Le plaisir de Vulcain n'est point si ridicule
(D'autant qu'il est produit de charmante façon) ;
Héraklès, qu'on appelle en maints endroits « Hercule »,
A dit en le voyant : « Tu fais bien, vieux barbon ;
Quant à moi, je préfère une muse salace
Qui de mes attributs me rende glorieux.
Héphaïstos, ma main ne va point sur tes traces,
J'aime l'amour viril, puisque je suis un dieu. »
Dionysos, plus qu'aimer, veut entrer en ivresse.
Sans compagne il s'endort...
Mais, plus tard, se redresse
Et, ne sachant comment occuper ce temps mort,
Il retourne au cellier pour manger du fromage ;
Après un bon souper, tout le monde va mieux.
Par sa simplicité méritant notre hommage,
Il vit comme un ermite, alors qu'il est un dieu.
Zeus met par-dessus tout l'amitié masculine.
Il prise les marquis et les vaillants barons ;
On dit qu'il a séduit l'empereur de la Chine,
Qu'il faisait tendrement asseoir en son giron.
Ce n'est pas étonnant, car sa nature est bonne,
Et l'on doit s'honorer d'être son amoureux.
Parmi les immortels, il porte la couronne
De roi de l'univers et de seigneur des dieux.
Hadès a de la viande, imposante est sa panse,
Et l'usage il n'a point des travaux fatigants.
Pour lui faire plaisir, les vierges se dépensent ;
Tel un joyeux poète, il n'est point arrogant,
Car son ventre est nourri de tant de vies passées,
Son trésor est garni d'objets de tant de lieux
Qu'il est admiré par une muse empressée.
Il agit comme un riche, alors qu'il est un dieu.
Nous voyons que les dieux ont la tête bien faite.
Ils savent distinguer ce qui pour eux est bon ;
Aussi, n'oublions pas de célébrer leurs fêtes,
Car ils sont nos amis autant que nos patrons.
Ils savent, quand il faut, arranger nos affaires ;
Leur tâche est de comprendre et d'exaucer nos voeux.
Loués soient tous les dieux au sein des atmosphères,
Par nous, et par nos fils et nos petits-neveux.
Canard magique
Le canard d'Andersen s'est transformé en cygne ;
Il baigne sa blancheur au grand ciel de printemps,
Où lavandières vont leur blanc linge battant.
Trois ouvriers ont bu du nectar d'une vigne ;
La cigarette au bec, marchant au bord de l'eau,
Ils disent tour à tour des blagues de prolo.
Aucun des trois ne va se faire aristocrate :
Car c'est une magie qui vaut pour les canards,
Peut-être, à la rigueur, aussi pour les anars ;
Mais pas pour Max Jacob, ou Diogène, ou Socrate.
Les trois gars sont partis faire leur dur métier
Sans même remarquer l'oiseau fier et altier.
Jeune muse
Une vestale vient, vive, pleine de grâce,
Qui semble de souci n’avoir, ce jour, aucun ;
Dans le vieux jardin clos, souriant à chacun,
Elle a l'air d'une enfant qui son bonheur pourchasse.
Chaque moine croit voir de la Vierge la face ;
L’abbé lui-même oublie le labeur importun.
Il prend, comme ferait un homme du commun,
Sur un vétuste banc la plus modeste place.
Il n’est plus, à présent, imbu de dignité ;
Contemplant, tout rêveur, sa soeur en chasteté,
Il sent son âme emplie d’une indulgence heureuse.
Il sait que de cela ne se tisse aucun lien.
Il est serein. Pourquoi ? Il ne le sait pas bien,
Absorbé comme il est dans sa joie nébuleuse.
Plante déconcertante
Piaf-Tonnerre évolue dans un univers froid ;
Il erre à l’aventure, éloigné de sa blonde,
Ayant franchi des lieues sur la terre et sur l’onde
Et gravi les grands monts, et traversé les bois.
Le voici parvenu dans un étrange endroit
Où pousse un végétal issu d’un autre monde :
De quiconque le voit, la stupeur est profonde,
Comme l’ont affirmé des errants d’autrefois.
On dirait que la plante a, d’un regard oblique,
Jeté sur Piaf-Tonnerre un coup d’oeil prophétique,
Tout en lui dévoilant son étrange beauté.
« Je prends la plante avant que sa fleur ne se fane »,
Dit l’oiseau, et, du plant qu’ont mûri les étés,
Il put se préparer un grand bol de tisane.
Cosinus et Fenouillard
Agénor Fenouillard a traversé le monde
Dans des bateaux, des trains et des vaisseaux divers ;
Lui, ses filles, sa femme, en ce vaste univers,
Les voilà parcourant une voie vagabonde.
Cosinus, vrai matheux aux intuitions profondes,
Pour sortir de Paris n’a point eu le feu vert ;
Il n’a gravi nul mont, exploré nulle mer
Et ne connaîtra point les Îles de la Sonde.
Fenouillard, mon ami, tu étais pourtant né
Pour demeurer, paisible, au sein de ta famille,
Non pour excursionner ainsi qu’un forcené ;
Cosinus, mon héros, comme inventeur tu brilles ;
Mais ta vie ne fut point celle d’un voyageur.
L’auteur de vos destins est un sacré farceur !
Fleur bizarre
Vois l’étrange oiseau qui passe,
L’intrépide voyageur
Qui traverse des espaces
Pour découvrir une fleur.
Il va, sur la terre pâle,
Où la nuit a des lueurs
Trompeusement matinales
Qui lui font froid dans le coeur.
La fleur n’est point assoupie ;
Elle est peut-être en langueur,
Elle se dit que sa vie
A bien traîné en longueur.
Ange étrange
L’horizon est neigeux, on y observe un ange.
Il tremble en écoutant siffler la sombre Mort
Qui durement lui parle, et par endroits le mord.
Il ne se défend point, cela me semble étrange.
On le dirait plongé dans un rêve amoureux,
Ou en train d’écouter des propos savoureux.
Il persiste, il avance : et vois, la Mort recule,
Elle s’enfuit au loin, ayant perdu la foi
Dans son pouvoir maudit (ça se peut, quelquefois).
L’ange s’éloigne aussi ; triomphal, comme Hercule
Ayant vaincu le lion de ses puissantes mains ;
Et je le vois sourire aux herbes du chemin;
Vaillant Petit Tailleur
La marchande s’approche avec son lourd panier ;
Sur les murs, j’aperçois des mouches en pagaille.
D’un coup de ton torchon, habilement manié,
Tailleur, tu en tues sept, qui volaient ta mangeaille.
Quittant alors le bourg qui te fut familier,
Tu en vois s’éloigner les antiques murailles
Et tu vas retrouver les arbres printaniers
Ainsi que les géants cachés dans les broussailles.
De la blanche licorne est vaine la fureur ;
Face au noir sanglier, tu te montres sans peur ;
Ils sont tous deux vaincus, aucun d’eux ne te blesse.
Le vieux roi t’a donné de l’or par tombereaux,
Une épouse charmante, un titre de noblesse ;
Mieux, Éric Chevillard fit de toi son héros !
Dindon
Nous avions commandé l'image d'un dindon
À Hokusaï, le peintre ; or, il se fit attendre
Tant que nous, pour finir, lui fîmes bien comprendre
Qu'un excessif retard serait sans nul pardon.
Hop ! Il prend une feuille, il dessine un chardon,
Un vieux mur, le dindon ; voilà, rien à reprendre.
Ce rapide travail ne laisse de surprendre,
D'autant qu'il est plus net que le dur corindon.
« Pourquoi n'avons-nous pas été livré plus vite ?
Lorsqu'on est si véloce, un retard on évite,
À moins d'être guidé par d'étranges motifs. »
Silence. Mais le peintre a sorti des centaines
De dindons : dans des cours, dans des bois, dans des plaines ;
Tous marqués du génie de son coeur inventif.
Dans ses Fables (L'Âge d'Homme, 2014), Maurice Carême a écrit:
« Votre dinde ! » se récria
Le célèbre peintre Hokusaï
À un acheteur impatient.
« Asseyez-vous donc un instant. »
Et, en quelques traits fulgurants
Et précis, il la dessina.
« Mais pourquoi ne pas m’avoir fait
Ce dessin depuis de longs mois ? »
Lui dit l’amateur, stupéfait.
Et, sans dire un mot, Hokusaï
Retira, rangés dans un coin,
Des dessins, encor des dessins
Où toujours cette même dinde
Marchant, courant, couchée, debout,
Mangeant, criant, tendant le cou,
Se plantait soudain, comme peinte
Par Dieu lui-même, émerveillée
Sur la nudité du papier.
Joie de Théophile
Théophile, dis-moi, tes affaires vont bien !
Nous voyons que le roi ne te refuse rien,
Que tu passes ton temps dans des plaisirs profanes,
Tranquille dans la veille et dormant sans effroi
Bercé du carillon d'un antique beffroi
Dont l'horloge, jamais, n'a souffert d'une panne.
Il est ainsi des temps préservés du destin
Où le moindre repas se présente en festin ;
Où l'on prend du plaisir dans de bonnes cambuses,
Ventre comme en aurait un chanoine bien gras.
Face à tant de bonheur, tu n'es pas un ingrat :
Tu fais de jolis chants, que t'inspire ta muse.
Émerveillement
Quoi de plus beau qu’un Ronsard qui soupire
Quand, de tendresse, il a son coeur transi ?
Ses sonnets sont romans en raccourci
Pour nous narrer le meilleur et le pire.
Il nous conduit aux portes de porphyre
Par où l’on passe aux mondes sans souci :
Y croît la rose, et les amours aussi,
Et les plaisirs, plus que je ne sais dire.
Lecteur distrait qui ne fais que passer,
Vois ces trésors par Ronsard entassés :
Ils sont ici pour que tu les explores.
Ton coeur pourra partager son émoi,
Puisque ces mots furent écrits pour toi
Qui ce sonnet de ta lecture honores.
Écrire et penser
Je sais penser dans le silence,
Sans y employer mon esprit :
N'accuse point mon indolence...
(Ça, je crois que tu l'as compris).
Mais en écrit j'ai résidence
(Dont tu ne dois avoir mépris) :
Tu comprends cette ambivalence,
J'aime des familiers surpris.
Ces quatre ans ne sont qu'une étape
(Et donc, pas besoin qu'on se frappe) ;
Écrire n'a rien d'addictif.
Souvenons-nous de ça sans cesse :
Poésie est notre princesse,
Dont nul ne peut être captif.
Re: Sagesse du pluvian
Touchante cette conclusion
löfrg- Affranchi des Paradoxes
- Nombre de messages : 173
Localisation : Antibes
Identité métaphysique : En progression
Humeur : attentive
Date d'inscription : 10/06/2014
Livre magique
Un livre qui parle de tout :
Ça, c’est une chose épatante ;
Voir le réel par tous les bouts,
Saisir les choses importantes,
C’est beau ! C’est excellent ! C’est fou.
De plus, les pages sont vivantes,
Elles grandissent d’un seul coup,
Au gré des retouches fréquentes.
Des érudits se lèvent tôt
Pour y enregistrer leur science ;
Comme les salles d’un château,
Les feuillets de ce livre immense
Les uns sur les autres ouverts :
Quel beau reflet de l’Univers !
Lumière du soir
La chandelle, avant de s’éteindre,
Paraît chercher un sens caché
Aux vieux papiers un peu tachés,
Sans le découvrir, peut-on craindre.
Un désordre impossible à peindre
Encombre meubles et plancher,
Les étagères fait pencher
Et semble vraisemblance enfreindre.
Chaque verre a son fond de lie,
Chaque table un monceau qui traîne ;
Plus d’une sous la charge plie.
Pareille accumulation vaine,
Pareil bizarroïde ensemble :
C’est à mon coeur que ça ressemble.
Quand j'avais vingt-deux ans
Quand j’avais vingt-deux ans, je lisais Roland Barthes
En répétant souvent : « Ce n’est pas de la tarte » ;
Je surlignais le texte, aussi, en maint endroit,
Et j’en ornais les murs de mon logis étroit.
Tout ce labeur était exercice d’école ;
Rétrospectivement, je le trouve frivole,
Projet un peu subtil, inutile à la fois,
De l’Université c’est, peut-être, une loi.
(Victor, pardonne-moi, je saute quelques lignes :
Ma plume craint un peu l’abondance des signes).
Conclusion du jury : « Ce n’est pas trop mauvais,
Nous vous accorderons pour cette oeuvre un brevet ;
Vous avez d’un chercheur le talent et la flamme,
Et la patience, aussi, du galérien qui rame ».
C’était un mandarin au jugement très sûr
Qui parlait, m’observant de son regard d’azur.
Quarante ans de carrière à présent je contemple
Dans mon bureau vétuste, orné comme un vieux temple.
Le long de mes trajets, me saluent quelques fleurs ;
Je chante le plaisir, plutôt que le malheur ;
Les copains vont disant : « Tu en as, de la veine,
De pratiquer ainsi l’alexandrin sans peine ! ».
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