Sagesse du pluvian
+20
ronron
Ling
maya
casimir
Nuage
_Esprit de ''Celle''
gaston21
Babylon5
selene
freefox
apollonius
_Bib
allégorie
Radha2
ElBilqîs
Magnus
Geveil
bernard1933
JO
Cochonfucius
24 participants
Page 40 sur 40
Page 40 sur 40 • 1 ... 21 ... 38, 39, 40
Pays de Cléopâtre
La pyramide est refermée
Sur ses explorateurs discrets.
N'en ressens-tu pas le regret,
Reine sobrement parfumée ?
La ruse imparable tramée
Par l'adversaire, on s'y soustrait :
Un chien, malin comme un furet,
Nous délivre, en es-tu charmée ?
La reine lit, d'un air songeur,
L'admirable album en couleurs,
En dégustant les moindres bribes.
Enfin, n'en croyant pas ses yeux,
Elle a prié pour que les dieux
À pareil art forment ses scribes.
Divinités de l'inframonde
Trois dieux dans l'inframonde sombre,
Pas plus et pas moins que ce nombre :
Matin et soir
Le premier se tient dans une ombre
Et fait pleuvoir.
Le deuxième arpente la lande
En récitant une légende ;
On peut le voir
Marcher sur sa robe trop grande,
Quel désespoir !
Le troisième est muni de guêtres.
Il mène les lampyres paître
Dans un terroir
Qui à leur faim convient, peut-être,
Comment savoir ?
Que vienne les voir Saint Antoine,
Chacun lui balance une avoine
Sans s'émouvoir ;
Car cet endroit n'accorde aux moines
Aucun pouvoir.
Ils sont trois dieux dans l'inframonde,
Dans cette zone peu féconde ;
Et leur manoir
Est dans une fosse profonde,
N'y va pas choir.
Procès de la licorne
-- « Grande licorne, à la face des cieux,
Vous séduisez mon maître », dit la reine.
-- « Non, Majesté, car d’une amour humaine
Ne s’éprend point la licorne ou le dieu. »
-- « Grande licorne, enfin répondez mieux :
Qui tout un jour avec lui se promène ?
(Et au palais, bien ivre, le ramène) ?
C’est bien ainsi, je l’ai vu de mes yeux.
Construisez-nous un bûcher grand et beau,
Pour l’allumer préparez vos flambeaux ;
Malheur en ait cette bête cornue ! »
-- « Bonjour chez vous ! » ; La belle fait un saut,
Puis le vent souffle et l’emporte si haut
Qu’on ne sait point ce qu’elle est devenue.
Sagesse de Fenouillard
Suivis d’Artémise et de Cunégonde,
Parents Fenouillard, on a pu vous voir
Courir le monde ;
Vous faisiez la route avec peu d’avoir,
Couchés quelquefois sans dîner, le soir,
Dans une rue ;
Dans un bel album (mais qu’il est ancien !)
Votre belle histoire, on l’a souvent lue ;
Qui finit bien.
Charme d'une vendeuse
Dans un coin du marché s’active une inconnue ;
Elle vend des torchons, des draps et des rideaux.
Rarement se rencontre aussi charmante vue,
Rarement un étal eut des trésors si beaux.
Elle ne m’a point dit d’où elle était venue,
Mais elle fut d’accord pour aller prendre un pot.
Les buveurs en terrasse ont souri à sa vue,
Un vent de bonne humeur envahit le tripot.
Les pigeons sur le sol commençant à s’ébattre
Donnaient à la terrasse un petit air folâtre ;
Le village baignait dans la tranquillité.
Occasion d’oublier tout ce qui est funeste,
Le monde, ses tracas, sa misère et le reste :
Occasion de baigner dans la sérénité.
Novembre printanier
Dans Saint-Denis, ce jour, novembre est sans nuages ;
Quelle sérénité dans les rues du village !
C’est le moment d’errer, sans but, sur les trottoirs,
Ou de boire en terrasse un petit café noir.
Les vendeurs du marché montrent des choses neuves ;
Un buveur au comptoir paisiblement s’abreuve.
Une inconnue m’adresse un sourire charmant,
Presque un clin d’oeil aussi, mais très discrètement.
Dans Saint-Denis, ce jour, chantent les vieilles pierres ;
Le carillon produit ses notes coutumières,
Le boucher nous instruit des mérites d’un veau
Et je songe à des vers faits par Germain Nouveau.
Barde et moniale
Une nonne a séduit Papillon de Lasphrise ;
Or le voilà rimant au nom de ses beaux yeux.
-- « Rhapsode, oses-tu être ici jaloux de Dieu ?
Il est vrai que la dame a des formes exquises;
Eusses-tu entendu, pourtant, comme Moïse,
Un buisson te parlant au nom des lois des cieux,
Tu n'aurais point formé d'aussi profanes voeux !
Prends donc garde à l'échec d'une telle entreprise. »
-- « Mais le ciel sans ses yeux ne me serait plus rien ;
Le beau se ternirait, nul goût n'aurait le bien,
Indifférent serait de trouver honte ou gloire.
C'est donc là tout le sens de ma supplication ;
Et si la belle entend ma douce invocation,
Je prie le charpentier qu'elle veuille m'en croire. »
Quelques décennies
De l’écoulement des années
Témoignent les amours fanées ;
Et rien ne manque en nos maisons,
Sauf que s’éteint notre raison.
Le temps qu’il fait nous intéresse
Plus que nos anciennes maîtresses ;
On est là, rongeant des vieux fruits
Dans un coin, sans faire aucun bruit.
Mais parfois, parfois, ça va mieux :
Car notre esprit retourne aux cieux,
Un petit soleil s’y allume
Au hasard, au gré d’une plume.
Plantation
Rosiers que j’ai plantés sous la lune livide,
Je vous vois resplendir ainsi que des flambeaux ;
Vous ornez de couleurs ce jardin presque vide,
Salués au matin par le cri du corbeau
Qui rate rarement ce rendez-vous avide.
Un rocher près de vous, calme comme un tombeau,
Prend au soleil levant des airs de pyramide ;
Au fond du ciel se traîne un nuage en lambeaux.
Le chien creuse le sol pour trouver un trésor
(On ne sait s’il y croit, ou s’il en doute fort).
Nous sommes dans les jours où tout prend bien racine.
Au loin j’entends glapir mon compère goupil
Qui viendrait voir mes coqs, n’était le grand péril :
Volaille est vigoureuse, à Sainte-Catherine.
Fin d'Ophélie
Muse à la voix blême,
Chante tes adieux
Dans les chrysanthèmes.
Chante pour les dieux
Du ciel d’amarante,
Mais pas pour mes yeux.
La nuit transparente
Transforme un tombeau
En chair fulgurante ;
Les astres sont beaux,
La lune est humaine
Autant qu’un corbeau.
Ton coeur se promène
Vers les eaux, là-bas,
Toute une semaine ;
Et je n’y vais pas.
Muse de romance
Cueille le jasmin
Dans le parc immense,
Au bord du chemin,
Au coeur des prairies,
Parfume tes mains
De ces fleurs meurtries ;
Tu n’as pas sommeil,
Chante l’insomnie,
Attends le soleil :
Sainte-Catherine
Te l’offre vermeil,
Ô muse chagrine.
Temps de lecture
J'apprécie les auteurs dont les oeuvres sont mûres ;
Au hasard de la Toile, on en trouve à foison,
J'aime les savourer en la grise saison
Où la mourante feuille en son arbre murmure.
Le novembral corbeau danse dans la ramure,
Avec Commère Pie échangeant des raisons ;
Le bélier pour l'hiver renforce sa toison,
La route sous nos pieds se fait un peu plus dure ;
Les livres, cependant, nous offrent leur parfum
Et le sage discours des grands auteurs défunts,
L'encre sur les feuillets n'étant point trop pâlie.
Les textes d'aujourd'hui ont aussi leur beauté,
Je ne suis pas de ceux qui vont la rejeter ;
Mais, dans ceux d'autrefois, cette mélancolie...
Troll forestier
Je lisais un vieux livre au bord d'une clairière.
Un troll, non loin de moi, se plongeait, lui aussi,
Dans un grimoire ancien, sous la grise lumière ;
Chacun sur une souche, à l'aise, bien assis.
Les deux bouquins étaient pleins de mélancolie,
Ne parlant que de mort, de spectres, de tombeaux ;
Certains jours, semble-t-il, c'est ainsi qu'est la vie,
Montrant, dans le trépas, son attrait le plus beau.
Enfin, ce fut le temps de reprendre nos routes,
Mais je ne savais plus quel était mon chemin :
Je balançais, perdu dans un horrible doute,
Entre la voie des trolls et celle des humains.
Ordre chevaleresque
Ceux de la Table Ronde aimaient goûter le vin ;
Ce geste fut pour eux un immuable rite,
Une aimable coutume, une loi non écrite,
Et la vigne autour d’eux ne poussait pas en vain.
Il n’est plus parmi nous, ce cénacle divin ;
Nous ne reverrons plus leur muse favorite
Que jamais n’abusa nulle sorte de mythe,
Mais bien le doux nectar des coteaux angevins.
Je sais qu’avec le temps, même une armure s’use ;
Son éclat se ternit dans les aubes diffuses,
Comme un oeil qui décline et se fait indulgent.
Un écu cependant, combatif, indocile,
Toujours semble appeler le combat difficile :
Un bouclier de sable aux trois lapins d’argent.
Lapin de cristal
Robert ayant chanté dans les temps de galère
Gagne la sypathie du lapin transparent
À qui souvent il dit un poème marrant,
Un madrigal subtil, une fable légère.
Le lapin lui apprend l'amour des catastrophes,
Le sens du minéral, l'humour du végétal ;
Il lui dévoile aussi son âme de cristal
Et lui récite un psaume aux immortelles strophes.
Ils portent tous les deux des boucliers de sable
Où parfois se reflète une lune d'argent ;
Les proverbes farceurs que tous deux vont forgeant
Font rire queques trolls, sans être impérissables.
Vespéral office
Évêque, si tu vas au bal,
Prends bien garde au plancher qui glisse.
Garde-toi du rut animal,
N’effarouche point les génisses ;
Tu veux devenir cardinal,
Ça vaut bien quelques sacrifices,
Cet habit couleur d’écrevisse
(Ou le blanc costume papal)
Que tu les gagnes, c’est justice,
Dupanloup, trésor national !
Exploratrice
La licorne découvre un étrange domaine :
Les oiseaux vont lisant les journaux du matin,
Les chiens font le ménage en gilet de satin,
Le long du boulevard, la mairie se promène ;
Pour gravir un sommet, l'église se démène
Et la piscine court vers l'horizon lointain.
Quatre rhinocéros palabrent en latin,
S'abritant du soleil sous une arche romaine.
Novembre est plus brûlant que le plus bel été ;
Sur chaque banc public, une divinité
En costume de bain prend des airs de princesse.
-- Licorne, que dis-tu du loufoque décor ?
-- Je dis que c'est peut-être un nouvel âge d'or,
Ou que je suis entrée en Terre de Sagesse.
-------
https://www.forum-metaphysique.com/viewtopic.forum?t=11213
Page 40 sur 40 • 1 ... 21 ... 38, 39, 40
Sujets similaires
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
Page 40 sur 40
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum