Sagesse du pluvian
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Sagesse de Scarron
Scarron, tu contemplais le labeur des humains
Qui au monde voulaient donner une structure :
Tu vis que tout finit par glisser dans leurs mains,
Et retourner, sans faute, à l’état de nature.
Horace l’avait dit, le rhapsode romain
Qui prisait sa chanson plus que l’architecture.
Quand s’usent les souliers se creusent les chemins ;
Sans chemin, sans souliers se finit l’aventure.
D’Horace le propos, sans qu’il soit aboli,
Aux pages des bouquins a fortement pâli ;
Classique devenu, on l’oublie, on le boude.
Scarron, ton beau pourpoint fut troué sans espoir
Que l’on pût le recoudre avec un long fil noir ;
Mais tu ris de la chose, et tu lèves le coude.
Loup esthète
Le quatrième porc fit un logis de pierre,
Le loup se récria : « Qui trouve cela beau ?
Cette froide maison a des airs de tombeau. »
Lisses, les murs n’offraient aucune prise au lierre ;
Le cochon avait fait son travail proprement,
Ayant de bons outils et d’excellent ciment.
Le loup, de Segalen empruntant une stèle
Dite « Aux dix mille années », fit voir à l’animal
Qu’on pouvait préférer un bâti végétal.
« C’est bien, dit le cochon, votre sagesse est telle
Qu’elle s’accorde avec le plus subtil esprit ;
Mais je suis comestible, et j’aime être à l’abri ».
Cochon lunaire
Le cinquième porc fit un château sur la lune ;
Au centre d’une plaine, hardiment établi,
Près de la nécropole où sont ensevelis
Des milliers d’ours vêtus de leur fourrure brune.
Les lunaires journées s’y passent une à une ;
Auprès de l’horizon, qui jamais ne pâlit,
De mille astres l’éclat nullement ne faiblit !
La demeure du loup est en forme de dune.
La lune n’a jamais d’instant crépusculaire ;
Les critiques diront : « Ça manque d’atmosphère. »,
Ils ont un peu raison, d’ailleurs, dans l’absolu.
Le loup et le cochon sont nourris par les fées
Aux accords quotidiens de la lyre d’Orphée,
Et de leur différend ne se souviennent plus.
Piano sauvage
La justice, des droits des papillons jalouse,
Défend de rebondir sur la moindre pelouse :
Les habitants du « N » à cette liberté
Ont renoncé, ainsi qu’un barde l’a chanté.
Mais Philémon survint, et, sans prendre la peine
De lire l’écriteau, rompit la paix sereine,
Rebondissant ainsi que fait un bateleur
Sur le gazon semé de printanières fleurs.
Au tribunal perché, un juge au crâne chauve
Sommé d’une perruque et d’une toque mauve
Examina comment pourrait être puni
Un tel contrevenant. De son code muni,
Le magistrat en lut des mots d’une voix sombre,
Pendant que l’accusé se recueillait dans l’ombre,
Peu conscient d’avoir fait à ce code un affront.
Or, le juge conclut : « De la loi nous tirons
Que tel, qui d’un rebond profana nos rivages,
Est tenu d’affronter notre piano sauvage. »
Monde vu du bord du toit
Tu tiens ton appareil dans ta petite main
Et tu prends la photo de ces architectures
Où l’on distingue un peu de ta frêle stature ;
Hauteur du gratte-ciel, vertige de l’humain.
C’est oeuvre réaliste, et non caricature.
Tu montres tes orteils, qui ont fait tel chemin,
Les immeubles surgis du jour au lendemain
Et les étroits rebords où ton pied s’aventure.
Images que l’on voit au détour d’un journal,
Ou d’un forum, d’un blog, ou tout autre canal,
Munies de descriptions et autres commentaires :
Les uns se demandant si c’est intéressant,
Et d’autres si les toits ne sont pas trop glissants ;
Or, moi, je t’applaudis, photographe-acrotère !
Robert l'homme-grenouille
Robert devient atlante aussitôt qu'il s'endort :
Il franchit la surface où le ciel se reflète,
Puis un passage étroit, tunnel ou corridor,
Qui sous l'Océan mène à sa base secrète.
Il n'a point rangé là d'armes ou de trésor ;
Il n'y médite point sur des formes abstraites,
C'est juste un endroit sombre où se posent son corps
Et son âme pour jouir d'une calme retraite.
Qui vient l'y retrouver ? La sirène ? La fée ?
Madeleine portant le Vin qui resplendit ?
Le groupe turbulent des enfants de Morphée ?
Peut-être cette aimable et nostalgique rose,
Qui, bravant du cosmos les sombres interdits,
Sur un astéroïde autrefois fut éclose.
Gravures fabuleuses
Monde étonnant de Gustave Doré :
Un noir démon vers le sol appareille,
Un animal au langage s’éveille,
Un grand buisson se met à murmurer.
Gargantua s’apprête à dévorer
Une ventrée de viandes nonpareilles ;
Alice marche au Pays des Merveilles
Où les rosiers sont richement parés,
Où Tourne-Disque et Tournedos se battent,
Craignant pourtant qu’un corbeau ne s’abatte
Ou que le ciel ne se prenne à tonner.
Par de tels traits, les récits, les nouvelles
Et les romans superbement ornés
Furent pour nous des lectures plus belles !
Ce jour-là
Hérode, à voir la danse, eut le coeur enflammé ;
Il lui semblait capter la divine lumière
Que, par un jour d’été, l’on croit sentir derrière
Les reflets par un astre éclatant allumés.
D’incestueux amour ce monarque animé
A requis du bourreau la lame meurtrière,
L’ermite a murmuré son ultime prière,
Son visage a terni, tel du bois consumé.
On entend retentir la fête qui ne cesse ;
Salomé fait effort pour cacher sa tristesse,
Contempler son cadeau est pour elle un tourment.
Le regard du prophète a-t-il perdu sa flamme,
Ou bien, en y plongeant son amour et son âme,
Y trouve-t-elle encore une vigueur d’amant ?
Dragons voyageurs
Le dragon vert, un jour, les hauts monts franchira ;
Le dragon rouge au lac attendra qu’il revienne.
Le dragon jaune ira boire un café dans Vienne,
Et c’est le dragon bleu qui le lui servira.
Le dragon rose au loin des trésors trouvera,
Le dragon gris verra l’arche antédiluvienne ;
Le dragon noir, afin que chacun s’en souvienne,
Tous ces événements aux tables gravera.
Ces monstres bienveillants sont gardiens de nos gloires ;
Les jours de notre histoire abreuvent leur mémoire,
Ceux qu’on doit déplorer ou ceux qu’on doit vanter.
Moi, me désaltérant d’un peu de bière blonde,
J’écris ces quelques mots qui sont là pour chanter
Les sept dragons chinois, les sept gardiens du monde.
Nerval à Roncevaux
Mille morts enterrés, rien de cérémoniel ;
Mille moines priant sous des toiles de tente,
Après le grand combat, la bataille éclatante,
Vient sur ce noir vallon le temps pénitentiel.
Âmes des chevaliers, vous fûtes trop ardentes,
Vous êtes à présent des éclairs dans le ciel ;
L’Empereur ne craint point l’orage torrentiel
Qui lave obstinément cette vallée sanglante.
Empereur, tu n’as plus ce courage de lion,
Lequel faisait naguère avancer, par millions,
Les soldats qui, pour toi, suivaient les longues routes ;
La fierté de César, l’ambition d’Attila,
Tu n’as plus rien de ça, car ton neveu gît là :
C’est un deuil sans appel pour ton coeur en déroute.
Robert le druide
Robert le magicien lit dans l’esprit des femmes ;
Il y voit scintiller la pierre du désir.
Capturant ses reflets, il les range à loisir
Dans un écrin de fer où sont aussi des flammes.
Puis son esprit charmeur traverse les murailles
Ou bien s’y répercute ainsi que les échos
Des hurlements d’un diable et des chants monacaux ;
Dans le coeur de la pierre il grave un texte en Braille.
Or, tout cela prend fin dans l’eau d’une cascade,
Tout n’était qu’illusion, délire en embuscade.
.
Jardin lointain
Errant un soir au jardin plutonien,
Je fus charmé de son heureux ombrage :
Si foisonnants en furent les feuillages
Que l’on eût dit d’un bois amazonien,
Ou des vergers dont les Babyloniens
En leurs écrits ont donné témoignage ;
Ou de l’Eden, d’où notre humain lignage
Fut exilé par décret draconien.
Après souper, des joueurs de cithare
Firent sonner, pour un vieux roi barbare,
Un air guerrier sous ces nobles rameaux ;
Ô longue nuit de musique baignée
Et d’une voix de muse accompagnée,
Consacre Eros, et Bacchus, son jumeau !
Récitations
Quand nous étions à l’école,
Ronsard allions apprenant ;
Récitons-le maintenant,
Ce qu’il dit n’est point frivole.
Car, malgré le temps qui vole,
Ses mots restent pertinents :
Il décrit, c’est étonnant,
Nos amours sages et folles.
De sagesse il se nourrit,
Dont il fait un pot-pourri ;
Aussi d’air et de fumée.
Sombre peut être la nuit,
Mais son souvenir y luit :
C’est une lampe allumée.
Prince hédoniste
Un prince est-il heureux dans les plaisirs barbares ?
La vestale l’incite à savourer le bien
Au nom de l’exotisme ; avis épicurien
Qui vante la vertu, au motif qu’elle est rare.
« Mais, quand le soleil brille, est-il besoin d’un phare ?
J’ai mon code moral, et l’Empire a le sien :
Et nous aurions recours à nos anges gardiens
Si le soleil, demain, mourait sans crier gare. »
Du midi, du ponant et du désert liquide
Sont venus à la Cour ceux que le plaisir guide :
Ainsi que vient l’abeille en un champ de pollen.
Aux avertissements de la sage vestale,
Le prince a répondu : « Cette fête orientale
N’aura point de déclin, nous promet Segalen ».
Qu'a Zohar ?
Zino court explorer tous les points cardinaux ;
Il égare sa course aux chemins vicinaux :
Qu’a Zino ?
Rapace vient de faire un truc qui me dépasse,
Il a perdu sa route en explorant l’espace :
Qu’a Rapace ?
Roussel, qui fut jadis un homme universel,
Le voilà tout le jour plongé dans un missel :
Qu’a Roussel ?
Tacrèze, lui qui fut éphèbe à l’oeil de braise,
N’est plus qu’un gars qui tremble et qui sucre les fraises :
Qu’a Tacrèze ?
Nullard, svelte autrefois, beau modèle pour l’art,
Comme un porc, aujourd’hui, s’enveloppe de lard :
Qu’a Nullard ?
Et ce dernier couplet, il manque un peu d’étoffe !
Rimeur, à ce sujet, le lecteur t’apostrophe :
Qu’a ta strophe ?
Splendeur des blasons
Chandelle de sinople, incomparable émail,
Ornant de tes reflets le robinet de cuivre,
Au pays des blasons ma plume te veut suivre !
Tu seras le sujet d'un prodigieux vitrail
Où se promènera le magique bétail :
De sable un crocolion, de platine une vouivre,
D'argent un gidouillon, d'orange un rhapsode ivre,
Plus une basilique avec son grand portail.
Le soleil, traversant cette verrière étrange,
Fera sur mon bureau danser quelques archanges,
Comme s'ils désiraient se disputer le ciel,
Comme rivalisant auprès de leurs disciples,
Comme voulant piquer son trône à Saint Michel,
Ou pour (car c'est dimanche) amuser le dieu triple.
Rhapsode exalté
En évoquant l'amour et la mort, tu t'éclates,
Banville, noble barde, et tu te fais un jeu
De nous montrer la reine allumant, comme un feu,
Le ravageur désir dans un coeur écarlate.
Sous ta plume, qui l'orne, et doctement le flatte,
Cupidon s'applaudit d'être le meilleur dieu
Qui oncques n'ait plané sur un fond de ciel bleu,
Ainsi que ton écrit justement le relate.
Le soldat, cependant, voit décliner le jour ;
Il commence à douter du pouvoir de l'amour
Et même, osons le dire, à soupçonner un piège.
Ils salivent déjà en gémissant, les chiens,
Tandis qu'au sanctuaire où l'immolateur siège,
Moloch se réjouit de l'offrande qui vient.
Anciennes paroles
Le justicier guidant la création troisième
(Il remplaçait son père à ce poste suprême)
Combattit un millier de nocturnes seigneurs.
Son frère, son rival qu'un droit d'aînesse honore,
Il le métamorphose en singe frugivore,
Puis arrange le monde, en sublime engeigneur.
La plaine vers l'été de céréales s'orne,
Mais vient les dévorer une grande licorne :
Une reine survient, qui bannit l'animal.
Ce monde, à présent, va de manière confuse :
Tantôt il nous conforte, et tantôt il nous use ;
La plupart des humains trouvent cela normal.
.
Sagesse du pelgrane
Un érudit bien ivre aperçut un pelgrane
Qui lui dit de flouter ses manifestations.
L’érudit lui fit part de son approbation :
Le floutage est requis par la licorne et l’âne.
Le pelgrane évoqua du verbe les arcanes,
Puis les lettres d’amour et leur conservation ;
Enfin, les grands bienfaits de la divagation
Ou d’un bel aphorisme émis par un iguane.
Le pelgrane n’est point dans l’erreur populaire,
Il ne propage nul fuligineux mystère
Phénoménologique écrit en allemand.
Il traverse le ciel avec grande assurance ;
S’il trouve un érudit que sa vue met en transe,
Il lui parle sans crainte et sans emballement.
Abdication
L’Empereur se retire en la verte colline,
Il ne veut plus régner, même sur un oiseau.
Aux abords du torrent le Fils du Ciel s’incline
Pour puiser la vertu et la paix dans ses eaux.
Un pluvian le contemple au travers des roseaux,
Plus haut sur le sentier se faufile une hermine ;
Le renard au terrier songe, et ronge des os,
Le feuillage au soleil de midi s’illumine.
Combien sont oubliés les fastes de la cour !
L’Empereur à présent flâne, jour après jour,
Afin d’entretenir sa paisible vieillesse.
Il n’a point mis de piège où le gibier se blesse ;
Il a pour lit l’herbage, et pour toit le ciel bleu ;
Il a plus que jadis l’apparence d’un dieu.
Bergère en armes
Quand Jeanne d’Arc reçut la forte lame
Et l’étendard, un jour qu’il faisait beau,
Tous ont prié dans la cour du château,
Tous partageant la grande et sainte flamme.
Quand saint Michel a parlé à son âme,
Quand la bergère a laissé son troupeau
Pour relever de France le drapeau,
Un fier courage emplit son coeur de femme.
Et, chevauchant dans le froid des matins,
Sous un ciel clair ou sous de lourds nuages,
Portant un feu qui jamais ne s’éteint,
De l’ennemi, ne crains le dur visage !
Jeanne, sois forte, affronte le destin :
Tu n’iras plus dans ton petit village.
Chanson de toile
J’écris ces vers, disant un peu de moi,
De mes amours, de mon art, de ma vie ;
Rien n’y verrez qui puisse faire envie,
Tout le premier, mon coeur s’en aperçoit.
Je ne comprends pas tous les jours pourquoi
La muse auprès du clavier me convie ;
Mon écriture, aux rimes asservie,
Avec plaisir chante, à ce que je vois.
Soit pour le rire ou pour les tièdes larmes,
Pour le bonheur ou l’ennui qui désarme,
De ce pinceau viennent des ornements ;
Beauté du diable ou drame de l’archange,
Plaisanterie ou vibrante louange :
De cette plume en surgit le roman.
Rhapsode insatiable
Le rhapsode a tant écrit
Qu’il ne connaît plus ses lettres :
Il confond le néant, l’être,
Et la musique et le cri.
Mais qu’importe son sort si nous aimons qu’il chante !
La nature avec lui ne fut point fort méchante.
Le rhapsode a tant parlé
Que seulette, en sa mémoire,
Lui revient la même histoire :
Le restant s’en est allé.
Mais qu’importent les mots, c’est une chose adverse ;
La chose favorable est le vin qu’on lui verse.
Le rhapsode a pour garant
Le souvenir nostalgique
D’un moine au regard tragique,
D’un théologien errant,
Fort en métaphysique et douteux en sagesse,
Mais qu’importe la foi, nous avons l’allégresse !
Antique taverne
Saveur des brèves de comptoir,
Clarté du trottoir où l'on fume :
Il y fait bon vivre le soir,
Quand la joie commune s'allume.
La tavernière est rayonnante,
Le cuisinier, un brin moqueur,
Raconte des choses charmantes
Que, d'ailleurs, nous savons par coeur.
La terrasse est auréolée,
Non pas de lys ou de jasmin,
Mais d'un nuage de fumée.
La muse rit et prend du vin
(Pas beaucoup, deux ou trois gorgées) ;
Les soucis ? On verra, demain...
Théophile à Roncevaux
La vallée retentit d’une clameur si forte
Que Charlemagne au loin l’entendit clairement :
Vers l’Espagne il revint, chargé de son tourment,
Puisqu’au fond de son coeur l’espérance était morte.
Jamais un empereur n’a souffert de la sorte.
Ce qu’il voit devant lui, c’est son neveu Roland ;
Ce qu’il voit dans les cieux, c’est Saint Michel volant
Qui dans ses blanches mains l’âme du mort transporte.
L’empereur est courbé, il sent qu’il est bien vieux,
Le gazon est mouillé des larmes de ses yeux
Et la raison lui est plus qu’à demi ravie.
Il s’en remet à Dieu, quant à son propre sort.
Il n’a plus le vouloir de poursuivre sa vie,
Mais ce serait péché de désirer la mort.
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