Sagesse du pluvian
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Cheval du roi Richard
Mon maître a, bien que roi, lui-même combattu ;
Je crois qu’il en vint à mourir pour des idées,
Ou peut-être pour fuir l’amante débridée
Qui lui disait «Mon roi, pourquoi donc t’en vas-tu?»
Il aima mieux de fer que d’or être vêtu,
La troupe par sa main fut fermement guidée ;
D’ailleurs, l’armée adverse en fut intimidée,
Sauf le vaillant Guillaume, un nobliau têtu.
Lançant aux ennemis de rudes moqueries,
Il s’en fut à l’attaque avec sa confrérie ;
Plus d’un noble vassal en ce jour périra.
Un page avertira la maîtresse et la reine
De la fin du héros dans la sanglante arène,
Un barde, bien plus tard, quelques vers chantera.
Trajectoire de Piaf-Tonnerre
Je suis un bel oiseau, mais j’ai les pieds sur terre,
Souvent des promeneurs m’ont pris pour un humain ;
Mes ailes ne sont pas moins dextres que des mains,
De la gloire s’attache au nom de Piaf-Tonnerre.
Sans trop être affecté par les rumeurs de guerre,
J’admire notre maître et son profil romain ;
Puis, très peu chaque jour, je vais sur les chemins,
Sans atteindre jamais le joli Pont de Pierre.
Je ne suis point lassé de Burdigala, non,
Mais j’aimerais quand même aller boire un canon ;
Quand reviendra le temps des belles coupes pleines?
La bière est immobile et s’endort dans son fût,
Mes copains de comptoir, point ne les ai revus,
Ni la serveuse blonde, et qui n’est pas vilaine.
Dragon de Milpodvash
De l’étrange planète il connaît les dangers,
Il avance la nuit sous la lune sereine ;
Au fond des océans il drague les sirènes,
Aucun corps féminin ne lui est étranger.
Son âme est satisfaite et son coeur est léger,
Il fréquente l’auberge où les coupes sont pleines ;
Il admire la danse et le chant des baleines,
Les malheurs de ce monde, il n’y veut point songer.
Avec sa tête il pense, avec des mots il joue
Et pour se délasser se vautre dans la boue,
Puis va casser la croûte, ayant un petit creux.
Il n’a pas assez lu, sa culture est fragile,
Mais il a du plaisir à déchiffrer Virgile ;
Quelques vers, cependant, lui semblent ténébreux.
Lilith au couvent
En ce lieu clos ma vie est encagée,
Je suis Lilith, jadis proche de Dieu ;
Je dois rester en cet austère lieu,
J’aime le cloître et la cour ombragée.
Adam, ta chair en poussière est changée,
Je t’ai donné les larmes de mes yeux ;
Sombre est la terre, et déserts sont les cieux,
Du charpentier la vigne est vendangée.
Nulle chaleur en mon coeur vertueux,
Nulle folie, nul démon tortueux,
Nul ne voit plus ma chevelure blonde.
J’aimais un homme, et je l’ai délaissé,
Pour lui seront ces quelques mots tressés
En ce couvent fort éloigné du monde.
Saison des agneaux
Dupanloup fait la fête en son bel évêché,
Il prépare un festin pour douze jeunes prêtres ;
Un printanier soleil entre par les fenêtres,
Le cuisinier s’active à rôtir et trancher.
Tendres sont les agneaux qu’apporta le boucher,
Leur corps est imbibé de leur passé champêtre ;
À l’image de Dieu sont faits ces petits êtres,
Leur chair s’accommodant d’un petit vin léger.
Les prêtres ne sont pas des humains sans entrailles,
Leur coeur vibre à la noce ainsi qu’aux funérailles,
Cela sans excepter l’évêque d’Orléans.
Ils consomment l’agneau qu’exalte l’Écriture,
Et de même feront beaucoup de mécréants ;
Adieu, petit mouton, charmante créature.
*****
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Les yeux verts du petit monstre
Je vois tes yeux, fenêtres sur ton âme,
Ils sont vraiment l’une de tes splendeurs ;
Monstre mignon, gracile séducteur,
Tu es aimé des filles et des dames.
Mais en ton coeur ne brûle aucune flamme,
De doux succès tu n’es pas demandeur ;
De la beauté tu n’es qu’un spectateur
Indifférent, sans éloges ni blâmes.
De Cupidon et de Bacchus, jumeaux,
Tu n’entends point le rire ni les mots ;
Car la lecture est ta retraite sûre.
De rêverie tes yeux sont allumés,
Mais nul désir ne peut te consumer ;
Ta douce voix dit des paroles dures.
Fleur de Saint Basile
C’est un démon farceur qui en fleur se déguise,
C’est un diable rusé, ce n’est pas un oison ;
Son très subtil langage est pour l’âme un poison,
Car il la bouleverse et la laisse indécise.
Basile ne craint point cette menace exquise,
Car son coeur est solide, et ferme est sa raison ;
Il respire la fleur en la belle saison,
Le démon subjugué lui parle avec franchise.
Le ciel a ses décrets, l’inframonde a ses lois,
Un diable le comprend, s’il est de bon aloi,
Aucun des deux États n’est une tyrannie.
Basile se retient d’être un prédicateur,
Le démon face à lui n’est jamais tentateur,
De chez le saint la fleur ne sera pas bannie.
Pyramide imparfaite
L’Architecte du Roi fit une erreur ténue,
Lui qui entreprenait sa tâche au pied levé ;
Peut-être de cervoise était-il abreuvé,
Source de confusion dans sa tête chenue.
Le monument se dresse au bout d’une avenue,
Il n’est aucunement difficile à trouver ;
Qu’il soit moins noble ainsi, nul ne peut le prouver,
Du délire au génie la nuance est menue.
Des touristes y vont, menés par leur pasteur,
Se gardant d’avancer trop loin dans la hauteur,
Par crainte de baigner dans de mauvaises ondes.
Les marchands du quartier vendent des souvenirs
Qui du palais du Roi sont censés provenir ;
Mais je pense qu’ils sont produits en inframonde.
Sagesse aux belles cornes
Mon corps n’est pas celui d’un ange, évidemment,
Car c’est plutôt celui d’une bête cornue ;
Mais beaucoup de sagesse est en moi contenue,
Sur les lois de ce monde et sur ses éléments.
Un élu du Seigneur m’instruit secrètement,
Lui dont l’âme limpide est de ruse pourvue ;
Nous buvons du bon vin, nous partageons nos vues,
Souvent nos deux esprits convergent nettement.
Par les prêtres du peuple une offrande est pesée,
Laquelle de ma part n’est jamais récusée ;
De leur vie au désert ils ont le souvenir.
Plus que de tels cadeaux, j’ai le goût de l’étude,
Les livres sous mon toit sont une multitude ;
Mais j’en ai quelques-uns que je peine à finir.
Dauphin de la Dordogne
Dauphin de la Dordogne, allègrement tu vas,
Tu descends le courant et puis tu le remontes ;
Tu admires de loin la vigne d’un vicomte,
Mais jamais de raisins tu ne fais ton repas.
Les hommes sur le quai avancent à grands pas,
Eux qui vont au labeur et qui leurs heures comptent ;
Leur mouvement est vif, mais ta nage est plus prompte,
Et suivre un long parcours ne te fatigue pas.
Tu n’as point le beau chant des sirènes de Loire,
Mais on te décerna d’autres titres de gloire
Et tu fus admiré par le duc de Bourgogne.
Tu aimes l’océan, le fleuve te plaît mieux ;
Tu penses que l’eau douce est un présent des dieux,
Quand on ne te voit pas, tu la bois sans vergogne.
Mélancolie du roi
Guère ne sort le roi de son palais antique,
Il contemple son parc envahi de corbeaux ;
Il médite le soir aux lueurs des flambeaux,
Il compose parfois des phrases poétiques.
Il sait que les bourgeois rêvent de république,
Mais il ne pense pas que ça les rendra beaux ;
Sa place est déjà prête en un sombre tombeau,
Les prêtres sont pressés d’exhiber ses reliques.
Jadis la favorite en sa douce candeur
Savait lui procurer des rêves de grandeur ;
Elle a depuis longtemps quitté ce paysage.
On ne le verra plus trôner en majesté,
Car l’hiver de sa vie ne va pas vers l’été ;
Son horizon n’est point porteur de bons présages.
Observatoire du télépathe
Se passer d’instruments, tel est son point d’honneur,
Lui qui dans une tour sans fenêtres réside ;
Pour observer le ciel, son fol esprit le guide,
C’est un chercheur bizarre, un artiste, un glaneur.
Je lis quelques travaux de cet observateur,
Admirant la clarté de son esprit lucide ;
Tout semble lumineux sous sa plume placide,
Quant à moi, j’aime bien son humour salvateur.
L’ire des relecteurs, il n’en a nulle crainte,
Eux qui sont dans le doute et qui sa prose éreintent ;
Ce chercheur de lumière est libre comme l’air.
Tu peux penser, parfois, que ses bouquins l’encombrent,
Mais ce n’est pas le cas, leurs contenus sont clairs
Dans la plupart des cas, malgré des zones d’ombre.
Oiseau plus ou moins inexistant
Il ne redoute point les cruels équipages,
Il est presque invisible au-dessus de la mer ;
Nul n’a jamais connu le but de ses voyages,
Son portrait n’est pas net, son dossier n’est pas clair.
Le savant rédacteur du «Génie des Alpages»
Dit que des poursuivants il déroute le flair;
Son vol, ne produisant nulle rumeur dans l’air,
Vers des lieux inconnus chaque fois le propage.
J’ai trouvé l’autre jour un texte de Plutarque
Qui de ce bel oiseau fort longuement parlait;
Même, il fut émaillé de subtiles remarques.
On l’a vu se poser auprès d’une baronne
Afin de lui chanter un aimable couplet;
Le mystère à présent pour toujours l’environne.
Au pays des chimères
Ce continent est presque inhabité,
Mais il y pousse une forêt d’érables ;
Jadis y fut un peuple misérable
Que détruisit une calamité.
Un spectre alors vint ce terroir hanter,
Qui composa des chants inimitables ;
Ce revenant n’était point redoutable,
Qui s’occupait de boire et de chanter.
Cette musique attira des chimères
Qui ont bâti quelques logis sommaires,
Et cette troupe, ensuite, a prospéré.
Si tu y vas, ne montre nulle crainte,
Mais garde-toi pourtant de leurs étreintes,
Laisse-les donc vainement soupirer.
Tour exoplanétaire
Un exilé qui trois soleils contemple
Ne sait combien son séjour va durer ;
De son retour il n’est point assuré,
D’un tel salut ne sont guère d’exemples.
Le temps est calme et les loisirs sont amples
À condition de rester emmuré ;
Ses compagnons, il en est séparé,
Avec lesquels il buvait, rue du Temple.
Il reste là, sombrement méditant,
Autour de lui s’est ralenti le temps,
Autour de lui va s’éteindre l’histoire.
Sous le ciel clair ou les nuages gris,
Il songe à tout ce qu’il n’a pas compris,
À ses échecs ainsi qu’à ses déboires.
Église imperceptible
Regardant vers l’église, on ne voit que les cieux,
On ne voit que les quais sous la clarté solaire ;
D’où cela provient-il, la chose n’est pas claire,
Un sombre sortilège a transformé ce lieu.
J’y viens jour après jour, et ça ne va pas mieux,
Aux gens de ce quartier la chose doit déplaire ;
Un malveillant démon a-t-il, dans sa colère,
Rendu le lieu du culte invisible à nos yeux ?
— Cesse donc ton caprice, inframondain rebelle,
Reconnais avec nous que cette église est belle,
Reviens à la raison, ne sois pas sans merci.
Mais le diable farceur jamais ne se dévoile,
Faute d’église on voit le ciel semé d’étoiles,
Gloire à Dieu s’il voulait que cela fût ainsi.
Cavalier immatériel
Le printemps nous revient, la vie prend son essor,
J’entends le rossignol qui n’a ni Dieu ni Muse ;
Des lointains me parvient une clameur diffuse,
Un vieil archange annonce un nouvel âge d’or.
Un vigoureux cheval galope vers le Nord,
Je n’ai du cavalier qu’une vision confuse ;
Son être immatériel aux regards se refuse,
L’étrange citoyen n’a presque pas de corps.
Lui, qui jamais ne suit ni ne mène une troupe,
Ne pourrait chevaucher sans vider quelques coupes;
Je me dois d’admirer ce noble vagabond.
Vers le soir, il courtise une invisible dame,
Lui disant quelques vers qu’elle trouve assez bons;
Et leurs yeux sont emplis d’imperceptibles flammes.
Oiseaux voyageurs
Ces nobles migrateurs traversent l’océan,
De tels coureurs des mers ne sont qu’en petit nombre ;
Un paisible poisson, voyant passer leurs ombres,
Les prend pour des démons surgissant du néant.
Ne pense rien de tel, vieux poisson mécréant,
Ce sont des voyageurs qui voguent sans encombre ;
Il vont droit devant eux, vers où le soleil sombre,
Chacun peut admirer leurs ailes de géant.
Les habitants des mers à chaque fois s’étonnent
De ces êtres vaillants qui aux airs s’abandonnent;
Cela met un frisson dans leurs écailles d’or.
Mais eux, ce qu’il leur faut, c’est un temps sans histoires,
C’est le calme et la paix qu’ils trouvent méritoires,
Et non pas de filer d’un bord à l’autre bord.
Re: Sagesse du pluvian
Alors celle-là, Cochonfucius, tu peux la mettre dans les nombres d'or du livre ! * * * *
Nuage- Seigneur de la Métaphysique
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Localisation : Drôme du Nord (Rhône-Alpes-Auvergne - France)
Identité métaphysique : La mienne
Humeur : Fluctuante
Date d'inscription : 31/10/2011
Un village loin du monde
De modestes maisons et de petits jardins,
Et la belle couleur de la terre de vigne ;
Une courte avenue, des arbres qui s’alignent,
Un plan d’eau pour loger la sirène et l’ondin.
Nous sommes les ruraux, tel est notre destin,
D’un tranquille bonheur nous voulons être dignes ;
Du grain pour les oiseaux, des poissons pour les cygnes,
Des petits plats pour nous, à chacun son festin.
Ayant quitté l’endroit, souvent on y retourne,
Et nos défunts, bien sûr, en leur tombe séjournent,
Dans le coeur de ce lieu dont ils furent épris.
Le dimanche à l’église on dispose des vases
Honorant le Seigneur en ses trois hypostases ;
Ce geste symbolique apaise nos esprits.
Nostalgie de l’arbre et du jardin
Adam fut jardinier, nul ne sait en quel lieu,
Sauf des chercheurs, peut-être, issus de l’inframonde;
Mordre un fruit, ça lui prit juste quelques secondes,
Puis il vit déferler la colère des cieux.
Or, un tel manquement fut-il grave, à ses yeux ?
Quel mal peut-on trouver dans une pomme ronde ?
En lisant d’Augustin les doctrines profondes,
On comprend que cela le sépara de Dieu.
Adam s’est résigné, car la vie est ainsi,
Avec ses contretemps et ses plaisirs aussi ;
Un jour pour le festin, six autres pour les restes.
Du jardin de jadis tu n’as rien emporté,
Pas même un souvenir de la divinité ;
Mais tu vois son reflet dans la voûte céleste.
Re: Sagesse du pluvian
Tu pourrais le mettre dans le livre aussi ? .... Avec une place à part ...
Nuage- Seigneur de la Métaphysique
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Date d'inscription : 31/10/2011
Sagesse d’une locomotive
Loco pleine d’entrain,
Qui va, qui court, qui vole ;
Dames sages et folles,
Venez, prenez le train.
Je chante ces quatrains
En allant à l’école,
Des mots que je bricole
Et rien ne m’y contraint
Les trains sont sans danger,
Ils sont bien arrangés ;
Jamais on n’y transpire.
Vraiment, rien à redire ;
Puisque ça roule bien,
Je n’y ajoute rien.
Fruits pour incrédules
Qui mange de tels fruits doute de plusieurs choses,
Du passé, du présent, de l’avenir aussi ;
Notre pain quotidien n’en est pas adouci
En ce jardin désert où se fanent les roses.
Ils sont bien tourmentés, ceux qui les entreposent,
Leur gêne, cependant, est sans motif précis ;
Depuis longtemps déjà les choses sont ainsi,
Toujours l’homme propose et le diable dispose.
L’oiseau du désespoir les mange sous nos yeux,
Il en emplit son ventre, il assombrit ce lieu ;
Nous n’avons pas le coeur, pourtant, de le maudire.
Adam, qui marchait nu, s’habille d’un pourpoint,
Le labeur couturier ne le rebute point ;
Il répète souvent «Ça pourrait être pire.»
Serpent insomniaque
Le serpent bien rarement dort,
Toujours je vois briller sa lampe ;
L’insomnie tourmente son corps
Dont Hokusai fit une estampe.
Plus qu’un dinosaure il est fort,
Ce serpent qui jamais ne rampe ;
Il fréquente à minuit le port
Et dans une eau froide se trempe.
Son ancêtre fut un menteur
Et du péché fut l’inventeur,
Avec lequel il nous faut vivre.
Mais lui, sans peur du lendemain,
Toujours suivant le droit chemin,
À nulle fraude ne se livre.
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