Sagesse du pluvian
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Saisons
Au jardin danse l’herbe,
Esther le soir y vient
Tracer des mots superbes ;
Elle les choisit bien.
Au jardin vit la fleur,
Esther y papillonne ;
Qu’importe la douleur,
L’amour fait la vie bonne.
Au chemin du bonheur,
Esther montre la route,
Et le barde rêveur
En souriant l’écoute.
Lointain ponant
Le justicier, chevauchant bravement,
Ramène l’ordre ; il n’a pas froid aux yeux,
A pour cheval ce qui se fait de mieux :
Gargantua peut garder sa jument.
Pour les bandits, c’est malheur et tourment ;
Ne sont en paix nulle part sous les cieux,
Mais bien toujours craintifs et soucieux,
Tel fut Caïn scrutant le firmament.
Un chien vaillant, bien que parfois étrange,
Par son talent mérite la louange ;
Pour la justice il déploie son ardeur.
Le justicier du devoir se contente ;
Le jour s’achève, et le voilà qui chante
Pour son cheval, quand le soleil se meurt.
Chercheurs à plein temps
Mes maîtres de jadis, qui furent bien savants,
J’ai d’eux des souvenirs que j’aime et que je prise ;
C’étaient des mandarins, pas des chefs d’entreprise,
La voie de la culture ils s’en allaient pavant.
Aussi, leurs résultats, ce n’était pas du vent.
La créativité que chaque jour attise,
Le goût du bon travail, sans nulle convoitise,
Les pauses-discussions qu’on s’accordait souvent...
L’âme par la recherche était parfois grisée
Comme s’enfle une voile au gré d’une risée
Et que la frêle nef accélère, sans bruit.
Rêveurs que nous étions, rêveurs dans l’aube claire,
Mais notre temps peut-il en songes se complaire,
Ou ne dirait-on point qu’à ce jour, il les fuit ?
Vieux phénix
Une dernière fois, tu rêves sur ta branche.
Le jardin est paisible, où mûrissent les fruits,
La ville est endormie au matin, c'est dimanche
Et le jour est ici moins bruyant que la nuit.
Une dernière fois, tu rêve sur ton arbre
Vers lequel ne viendra nul renard, nul trompeur ;
Le jardin est orné d'un Apollon de marbre
Qui semble t'admirer de ses beaux yeux rêveurs.
Ce temps est revenu : tu as lu tous les livres,
Il n'est plus temps de rire, il n'est plus temps de vivre :
Un phénix mûr se doit de savoir s'endormir.
C'est, une fois de plus, le temps des belles flammes
Qui dansent dans le vent comme danserait l'âme...
(Si l'on pouvait danser au moment de mourir).
Bro dispar
M'en allant vers l'Ouest
Au premier dimanche d'août,
Ça roule assez bien.
Quels enfants gourmands !
Hirondelle du mois d'août,
Ai-je assez de mouches ?
Colline au mois d'août,
Avancer pendant deux heures
Et goûter le cidre.
Marchands sur la place :
Qu'ils sont charmants au mois d'août
Avec leurs touristes !
Auberges routières :
Août en a fermé plusieurs,
Longue promenade.
Chapelle en montagne,
Que de fraîcheur au mois d'août !
Grand lac de barrage.
L'eau tombe au mois d'août.
La réserve de bois sec
Ne prend point la pluie.
À l'aube, au mois d'août,
La rivière est toute en brume ;
À midi, plus rien.
Dimanche au mois d'août.
Plaisir des vieux paysans :
La messe est finie.
Jardin de légumes :
Après une averse d'août,
Le chien prend les mouches.
Milieu du mois d'août :
Des libraires par dizaines
Dans un bourg breton.
Gwezeg
Ici, une oasis de Bretagne profonde ;
Un village indiqué par son ancien clocher,
Des chemins creux passant au milieu des rochers,
Un jardin de Bretagne où les plaisirs abondent.
Puis encore, une paix à nulle autre seconde ;
Des soucis de la Terre, on peut s'y décrocher,
Sachant qu'ils n'oseront jamais en approcher ;
Un endroit pour baigner dans la beauté du monde.
Le dimanche matin, les vieux, à la taverne,
S'assemblent pour parler de tout ce qui concerne
Leurs modestes plaisirs, leurs labeurs quotidiens ;
Village qu'à regret, tout jeunots, ils quittèrent ;
Mais combien fut heureux leur retour à la terre,
À Gwezeg, où, dès lors, leur vie se passe bien.
Déambulation
Le pied droit ne sait pas où s’en ira le gauche ;
Chargée de tous ces ans, ma vie n’est qu’une ébauche
Et mon itinéraire, il est refait souvent,
Comme refait sa route, au long du jour, le vent.
Certes, je ne suis plus de ces bardes qui planent ;
Je ne suis qu’un passant qui avance et qui glane,
Et qui parfois s’amuse, et rit comme un vieux sot
En trouvant un caillou sur le bord du ruisseau.
Dans les rues
Ce village est charmant quand il somnole encore,
Que la nature aussi semble se reposer,
Que les marchands, pourtant, commencent d’exposer
Leurs légumes nouveaux que le frais soleil dore.
Je parcours lentement cette rue que j’adore ;
Des vendeurs ambulants y voudraient attiser
Le désir du chaland, dont ils ne sont prisés,
Ni les humbles objets dont l’étal se décore.
Le marché matinal, de murmures bruissant,
Affiche ses couleurs dans le jour commençant ;
J’entends un carillon, ou bien, je le devine.
Dans cette rue, mon coeur trouve à se contenter :
Nul besoin de grand luxe, ou bien de rareté,
Juste les pavés gris, avec cette pluie fine.
Perspective
Lorsque j'étais marmot, j'admirais les vieux sages :
Je les croyais munis de ce souverain bien,
L'intime paix du coeur, plus précieuse, ô combien,
Que de la société tous les vains apanages !
Me voici désormais, avec soixante ans d'âge,
Tout aussi grisonnant que furent ces gardiens
Auxquels je témoignais mes respects quotidiens ;
Mais je n'ai point reçu leur noblesse en partage,
Juste l'art de te rendre un peu moins monotone,
Bienveillant univers dont ma candeur s'étonne,
Juste l'art de chanter en dépit des tourments.
Muse, merci à toi de n'être point morose
Lorsqu'en ta compagnie j'avance lentement,
Toujours respectueux du bel ordre des choses.
Prométhée
Quand vient l'aurore,
Il me dévore,
Ce cher vautour ;
Quand vient le jour,
Mélancolie
Devient folie.
Sous ton laurier,
Zeus meurtrier,
Tu fais paraître
Ton oeil de maître,
Ton front fumant
De roi dément.
Mords ma poitrine,
Hydre marine,
Oiseau grossier,
Vil carnassier ,
Que ta furie
En soit fleurie.
Mon coeur assis
Fait le récit
De quelques fautes,
De quelques hôtes
Qui ont couvert
Tous ces travers.
Je n'ai louange
Que de la fange ;
Ni roi ni dieu,
Mais près des cieux,
Sans funérailles
Sont mes entrailles.
Vieux récit
Le dit du charpentier n’est point une romance
Qu’on se réciterait en buvant du vin blanc ;
C’est un sombre récit qu’on évoque en tremblant,
Et qui ne finit point aussi bien qu’il commence.
Un prophète perdu sur cette Terre immense,
Exposé dès l’abord aux sarcasmes mordants :
Il insista, disant bienheureux les perdants,
Et que lève le blé quand se meurt la semence.
Un peuple se nourrit de ses fables, toujours,
Et des imprécations du dernier de ses jours,
Quand un larron douta de ses dons prophétiques ;
J’en appris autrefois, dans un livre, en latin,
(D’autres vont préférer le grec de Constantin),
Et je me les récite, au soir, sous les portiques.
Quelques promenades
C’est un doux passe-temps, marcher dans la nature,
Contempler les aspects de ce bel Univers,
Apercevoir des lieux maintes fois découverts,
En deviner parfois la fine architecture.
Lieux dont je ne saurais produire la peinture,
À peine si je sais les dire dans mes vers
Où j’aime vous parler de cent sujets divers,
Ou dire de mes jours la modeste aventure.
J’écris de mes plaisirs, et non de mes regrets,
De phrases sur les murs, et non de mes secrets ;
De moi-même je suis l’imparfait secrétaire.
J’écris sans réfléchir, et sans analyser :
J’ai de plaisants sujets, pourquoi les déguiser ?
Mais ce qui est plus beau, ce sont vos commentaires !
Blason
Le lys est la fleur
Des plaines de France,
Des gloires immenses
Et des rois rêveurs.
Fleur d’un regard grave
Qui scrute le ciel,
Fleur d’un coeur sans fiel,
Doux, paisible et brave.
Un coeur éclatant
Qui, en saison triste,
Peut se faire artiste,
Bouffon du printemps.
Lys de nos conquêtes,
Lys de nos draps blancs,
Fleur des faux-semblants
Dont vivent nos fêtes.
Lys des dons des rois
Aux belles maîtresses ;
Lys des voix traîtresses
D’un monde sans lois.
Que vienne l’automne :
Je vois défleurir
Le lys, et mourir
Sans que ça m’étonne.
Feuilles volantes
Cliquette, clavier, pour des pensées molles :
Elles peuvent prendre un sens épineux.
L'été, sur sa fin, devient lumineux ;
La chauve-souris dans les grands bois vole.
Point de bruit encore aux cours des écoles ;
Silence insolite au coeur de ces lieux.
Le jour raccourcit, le soir, sous nos yeux,
L'été se finit, soyons moins frivoles.
Muse, le temps file ; ah, vraiment, que n'ai-je
L'art de ralentir des jours le cortège,
À l'automne, ainsi, nous pourrions surseoir.
Barde, trace-nous, de ta plume fine,
Le chant qu'aujourd'hui ton cerveau rumine :
Ou chante-le-nous, dans la paix du soir.
Louise en son château
Château des grainetiers,
Des savants botanistes,
Château d'amours pas tristes
Qu'on ne dit en entier,
Château d'impressionnistes.
Louise en son château
Remplit un cahier mauve
Au signets de cuir fauve ;
Vers les cieux orientaux,
Son bel esprit se sauve.
Voie sur berge
En cette fin d'été, la nature est charmante
Et d'y errer sans fin le rhapsode est tenté ;
Si tu n'existais pas, il faudrait t'inventer,
Grande friche déserte où mille insectes chantent.
Parti tôt le matin de la ville dormante,
Le vieux barde a suivi les sentiers enchantés,
Chemins qu'il est souvent seul à vouloir hanter
Vers le lever du jour, de sa démarche lente.
L'hirondelle tardive y plane maintes fois,
Et la salutation de sa petite voix
Rappelle le penseur à la douceur du monde.
Vous verriez tout cela, si marcher vous vouliez
Du port de Saint-Denis jusqu'en Aubervilliers,
Rêvant près du canal, dans les reflets de l'onde.
Ermite-empereur
L'ermite s'habitue à sa vie solitaire.
Son visage et ses mains se sont mis à brunir,
Sa démarche devient aussi vive et légère
Que celle des grands cerfs qu'il voit vivre et mourir.
Dans le ciel étoilé, pour lui, plus de mystère ;
Dans son coeur, peu de crainte et peu de souvenirs.
Il écoute le vent des confins de la Terre
Qui l'accompagne au temps de veiller et dormir.
Il aime l'eau, la claire ou la trouble et profonde ;
Il vibre dans l'écho de la rumeur du monde
Comme vibre en un temple une âme d'homme pieux.
Il lit de Lao-Tseu les phrases sibyllines
Que répète après lui le pluvian des collines ;
Il fait sa religion de ce livre sans dieux.
Sa Sainteté Dupanloup
On sonne au Vatican pour la fête papale !
Dupanloup se débauche avec une vestale ;
Son exemple est suivi par plusieurs cardinaux,
Le champagne est offert par un grand casino.
Trois évêques se sont déguisés en rois mages
Sans que leur coeur en soit devenu moins volage ;
Ils se sentent légers comme des oisillons,
Ils vont de-ci de-là, tels de beaux papillons.
Trois curés partageant l’habit d’un roi barbare
Brillent de leurs colliers ornés de pierres rares ;
Trois orfèvres prenant des airs de Saint Eloi
Se pressent d’avaler des vins de bon aloi.
Des archanges, des fous et quelques beaux Satans,
Un auguste Diogène ainsi qu’un grand dieu Pan ;
J’ai voulu prendre part à ce convoi de noces,
Mais ils ne m’ont point fait de place en leurs carrosses.
Re: Sagesse du pluvian
De Saint Eloi à Dupanloup y'a qu'un corps de garde qui chante...
pierre_b- Maître du Relatif et de l'Absolu
- Nombre de messages : 1214
Localisation : nord du lot
Identité métaphysique : c'est à dire?
Humeur : c'est suivant
Date d'inscription : 09/07/2014
Clavier préhistorique
J’avais ce bel outil posé sur une table :
Machine sur laquelle on tapait, pour de bon !
C’était plus amusant qu’apprendre des leçons,
Les gestes étaient ceux d’un auteur véritable.
Certes, ma main, parfois, écrivait dans les marges :
C’était pour prolonger ce jeu de l’écrivain
Qui retouche son oeuvre, et ce n’est point en vain :
La page s’embellit de ces fines surcharges.
Même, j’avais chargé un rouleau de papier
(Pris au téléscripteur) de nourrir la machine ;
Et, patient comme sont les scribes de la Chine,
Je le couvrais de texte, et j’y prenais mon pied.
Tout est loin, vieux clavier, vieux écrits, tout s’efface ;
Je n’ai rien conservé de ces balbutiements
Dont peut-être, plus tard, j’écrirai le roman,
Car mon esprit, sans doute, en conserve la trace.
Sagesse de Louis Ménard
Ta plume, s’éveillant pour combattre l’ennui,
Sur le patient papier s’exprime avec puissance ;
D’éloquence, vraiment, t’arma la providence,
Et ton vaillant discours nous entraîne avec lui.
Un tel don, cher poète, à nul homme ne nuit,
Car il donne du sens à la vaine existence,
Il éclaire l’obscur, il brise le silence
Et nous fait profiter de ce bel aujourd’hui.
Tu ne craindras plus rien de tes soucis sans nombre :
Tu sais ce que tu veux, tu maîtrises le temps,
L’avenir, ce n’est rien, c’est ce que tu attends.
Ainsi va, sur sa toile, une araignée, dans l’ombre,
La tiédeur, la fraîcheur, pour elle, c’est pareil,
Coeur prêt pour accueillir le retour du soleil.
Quelques buveurs
Vois le pastis, vers le soir, jaunissant
Qui bientôt doit en nos gosiers descendre ;
Tu peux m’en croire, il n’a point goût de cendre,
Quand nous trinquons, dans le jour finissant ;
Tous ces buveurs au crâne blanchissant,
Tu les verras d’oisiveté s’éprendre ;
Soigne-les bien, serveuse au regard tendre,
N’épargne point ton rire ravissant.
Car ils sont là pour des instants sans peine,
Tels des marcheurs auprès d’une fontaine ;
Ce bar leur est un bienheureux séjour.
Tu les entends parler, ce soir encore,
Sans redouter l’approche de l’Aurore :
Qu’est-ce, demain ? Ce n’est qu’un autre jour.
Lao Li
Tu buvais dans un grand verre
Ou dans la coupe ordinaire,
Sans grand respect pour les dieux
Ni pour le Juste Milieu.
Tu avais la souvenance
De cent cosmos étoilés ;
Tu avais la contenance
D’une cuve à distiller.
Ton pinceau traçait des phrases
En un langage précis
Dont tu bannissais l’emphase,
La banalité aussi.
Combien fier fut le papier
D’arborer tes grands poèmes !
Comme ont gloire les trépieds
À s’emplir de chrysanthèmes.
À présent, ton corps est sable
Semble-t-il, au fond des eaux,
Ou ce vent inconnaissable
Soufflant au jardin, très tôt.
Paresse matinale
Un troll se demandait s’il irait en maraude
Au travers des vergers que baignait le soleil ;
Le monde lui semblait alangui de sommeil,
Comme l’était aussi son regard d’émeraude.
Pourquoi se rendre aux champs, tant de lutins y rôdent !
Bouger, ne pas bouger, après tout, c’est pareil :
Autant laisser couler le breuvage vermeil
Qui procure au passage une sensation chaude.
Du soleil à présent s’alourdit le rayon ;
Un troll n’est point léger comme les papillons,
Il vit de bonne soupe, et non de pure sève.
Il réfléchit encore, et puis il perd le fil,
N’ayant le moindre goût pour ce qui est subtil,
Il ne réfléchit plus, il s’abandonne au rêve.
Royale nostalgie
Les regrets du roi barbare
Ont rempli la vaste mer ;
Où est son épée de fer,
Où sont ses trésors si rares ?
Où est sa charmante reine
Vêtue de drap suranné,
Où est le cheval orné
D’un manteau de pure laine ?
Ne cherchez l’or ni les pierres
(D’ailleurs vous ne sauriez où ;
Le palais n’est plus debout,
Les jardins ne sont que lierre).
Croit-il encore à sa gloire,
Le monarque au bois dormant ?
Croirais-tu à ton roman,
Pauvre seigneur sans mémoire ?
Tout cela ne fut qu’un rêve,
Un moment de confusion ;
Marche, avec ton illusion,
Vieux fantôme sur la grève !
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