Sagesse du pluvian
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Souvenirs d’un oiseau
Quelques remembrances m’étonnent,
Qui ne reviennent pas souvent ;
Images qu’emporte le vent,
Comme les feuilles en automne.
Des rivaux auxquels je pardonne ;
Je souris en les retrouvant,
Songeant à ce monde mouvant ;
Aux rêveries je m’abandonne.
Ma vie ne fut pas angélique,
Mais encore moins diabolique ;
C’est un brouillon, pas un roman.
Combien de muses innommées
M’ont accompagné gentiment ?
Mon âme, elles l’ont désarmée.
Débat d’un scribe avec soi-même
Sur les thèmes les plus divers
Sont mes deux cervelles brouillées ;
Soit dormantes, soit éveillées,
Cent débats elles ont ouverts.
Sur la forme de l’univers,
Sur des citations grappillées ;
Mille questions ainsi fouillées
Sans relâche, été comme hiver.
C’est un fléau d’avoir deux têtes
Et mon coeur n’est pas à la fête,
Ça lui demande trop d’efforts.
Calmez-vous donc, cervelles vides ;
Accordez-vous, soyez lucides,
Vous en aurez plus de confort.
Hermine
Profonde est ma mélancolie,
Car de moi toute vie s’en va ;
Ma blanche fourrure est salie,
Où est l’espoir qui m’abreuva ?
Ce monde est fait pour qu’on l’oublie,
Qui d’éternité nous priva ;
Car notre jeunesse jolie,
Qui d’entre nous la conserva ?
Ouvrant la boîte de Pandore,
L’humain sa défaite élabore ;
Et je vous dis la vérité.
Ce qui s’éleva doit descendre
Et ce qui brûle devient cendre ;
Ne dis point que c’est mérité.
Balance de sable
Jour ordinaire ou jour de fête,
Je pèse l’ail, le quinoa,
Les ingrédients pour l’axoa ;
Mon exactitude est parfaite.
On trouve dans la supérette
De jolis oeufs de léipoa
Ainsi que du foie de boa ;
Assez peux de gens en achètent.
Je pèse les pruneaux du Var
Ainsi que les nougats de Gard,
Chacun mangera ce qu’il aime.
Pour digestif, luxe suprême,
Un godet de calva normand ;
L’âme s’envole au firmament.
Trois tours de sinople
En ce lieu logent trois prophètes
Qui vaticinent tour à tour ;
Vivant en entente parfaite,
Ils occupent trois belles tours.
Devant la foule stupéfaite
Ils ont fait quelques savants tours ;
C’était pour célébrer la fête
Des anges et de leur retour.
De sagesse ils sont réceptacles
Et témoins de plusieurs miracles ;
Leur âme est toujours en éveil.
Un démon parfois les enivre
Et leur fournit de mauvais livres ;
Ils tombent dans un noir sommeil.
Chaîne et diablerie
Oeuvre d’un démon sacrilège,
Voici la chaîne de la Mort ;
Elle sème le désaccord,
C’est une semeuse de pièges.
Il faut que chacun s’en protège
Et que chacun se montre fort ;
Dieu-Loup, Dieu-Renard et Dieu-Porc,
Gardez-nous de ce sortilège.
La chaîne a traversé les cieux
Pour s’en aller vers d’autres lieux ;
Pourquoi cela ? c’est un mystère.
Préviens-nous, si tu la revois ;
Appelle-nous à haute voix,
Ne t’avise point de te taire.
Voiles et voiliers
Au temps des marins téméraires,
L’Océan fut illimité ;
Dansant sur ses flots agités,
Les voiliers en tous sens errèrent.
À bord on était solidaire,
Sur chacun tu pouvais compter ;
Par nous fut Neptune dompté,
Moi je dis qu’il fallait le faire.
Vaisseau qui le soleil poursuit,
Je narrerai, si je le puis,
Ses découvertes bien étranges.
L’homme a su dépasser les dieux ;
À lui sont la terre et les cieux,
La mer, les démons et les anges.
Gavial
Je suis un animal étrange,
Je suis « crocodile et demi » ;
Je suis presque aussi beau qu’un ange,
Surtout quand je suis endormi.
Je suis très digne de louanges,
D’ailleurs je n’ai pas d’ennemis ;
Je fais honneur au fleuve Gange,
Tous le poissons me sont soumis.
Je connais des histoires drôles,
Je sais interpréter le rôle
D’un Créateur pur et parfait.
Tu ne me trouves pas modeste ;
Mais de ma nature céleste
Ce n’est qu’un naturel effet.
Ermitage oublié
Ici demeure un solitaire
Depuis d’innombrables saisons ;
La tour qui lui sert de maison
Oublie son passé militaire.
La vie et ici sans mystère,
Pas d’aventure à l’horizon ;
Temps de sagesse et de raison,
Mais sans que les jours soient austères.
Indifférent à l’univers,
L’anachorète en son hiver
Dans aucun projet ne s’implique.
S’il médite, c’est pour lui seul,
Ce doux vieillard mélancolique ;
Les Parques tissent son linceul.
Ambitortue grise
De ce monstre l’âme est limpide
Et sereine, été comme hiver ;
Ce n’est pas un démon pervers,
Ce n’est pas un goinfre cupide.
Il est simplet, mais pas stupide,
Nous lui pardonnons ses travers ;
Il préfère la prose aux vers,
Il aime des plats insipides.
Nul ne peut l’astreindre au labeur ;
C’est là son côté regimbeur,
C’est là sa nature inhérente.
De blaguer il n’est jamais las,
Pas même quand ça tombe à plat ;
Car il trouve sa vie marrante.
Pavillon discret
C’est un bien modeste domaine,
Lieu d’écriture et de loisir ;
Y vivent, selon leur désir,
Des exilés de cours lointaines.
Dans le jardin sont des fontaines
Qui des oiseaux font le plaisir ;
Ils sont nombreux à les choisir,
Ceux des monts et ceux de la plaine.
Ici, nul bruit, nulle aventure,
Des meubles de bonne facture
Qui nous viennent de nos parents.
Pas de cauchemars effarants
Ni aucun désordre apparent ;
Excellente villégiature !
Machine sans but
Mes rouages sont insoumis,
Qui ne servent aucun dessein ;
Mon moteur est comme endormi,
J’entends ses ronflements porcins.
Ils sont l’un de l’autre ennemis,
Mes mille rouages malsains ;
Ils sont maudits par tous les saints,
Car ils sont à l’enfer promis.
Je subsiste inutilement,
Ma vie est un mauvais roman ;
Brave lecteur, il faut m’absoudre.
Je ne sais si mon constructeur
Est encore dans ce secteur ;
Mais j’appelle sur lui la foudre !
Arbre au Ponant
Je vois le déclin du soleil,
Ma dryade déjà somnole ;
Je lui conte une parabole
Qui lui procure un bon sommeil.
Moi, l’arbre, je reste en éveil ;
Deux ou trois charmantes lucioles
Auprès de moi luisent et volent,
Juste après le couchant vermeil.
Je n’ai jamais voulu défendre
À l’astre du jour de descendre ;
Du ciel je respecte les lois.
Je crains pourtant le ciel nocturne
Et le froid regard de Saturne ;
Mais on s’y habitue, ma foi.
Démon froid
Je sais que je suis exécrable,
Mais j’aime infliger des tourments :
Les cris des damnés sont charmants,
Nul son ne leur est comparable.
Quelques-uns sont inconsolables,
Qui me regardent tristement ;
J’’invoque alors le règlement,
Moi qui me montre inébranlable.
Je leur explique, à ce propos,
Que ce n’est pas pour leur repos
Qu’ils sont venus dans mon repaire.
S’ils ont des doutes sur ce point,
Je dis « Ça vient de Dieu le Père » ;
Cela ne les contente point.
Maître coq d’argent
Ma sagesse est presque éternelle,
Je suis vieux, sans en avoir l’air ;
Mon esprit est limpide et clair,
Ma finesse est surnaturelle.
Mes douze poules sont fidèles,
Nous formons une seule chair ;
Tous mes poussins me sont très chers,
Par qui ma vie se renouvelle.
Je chante aux premières clartés,
Les voisins trouvent ça sublime ;
Ça peut leur inspirer des rimes.
Je suis épris de liberté,
Cause que je défends sans trêve ;
J’y songe même dans mes rêves.
Saint Tryphon
Je parle au fils du charpentier,
C’est un ami de ma famille ;
Il plaisante, ce joyeux drille,
Il pourrait en faire un métier.
Il badine avec ma moitié
Qui d’un légionnaire est la fille ;
Nous buvons de la camomille
Et mangeons les fruits du dattier.
Puis il retourne à son troupeau,
D’apôtres, grands buveurs de pots
Chez la tavernière gentille.
Quand il sortira du tombeau,
L’augure dit qu’il fera beau ;
Des prisons s’ouvriront les grilles.
Hibou muet
Sur le plateau de Palaiseau,
Une ombre muette est passée ;
C’est un silencieux oiseau,
Sa voix s’est éteinte, lassée.
D’une Parque, par le fuseau,
Sa ligne de vie fut tracée ;
Serait-elle trop avancée ?
Il entend le bruit des ciseaux.
La ligne jamais ne s’emmêle ;
La loi sur ce point est formelle,
Le fil n’est pas illimité.
Les trois fileuses sataniques
Ont plaisir à nous maltraiter ;
Mais c’est normal, pas de panique.
Fantôme d’un feu
Ce brasier flambe froidement,
Tout entouré de froides pierres ;
Il éclaire un bosquet dormant
Où s’ouvre une sombre clairière.
Ce feu mourut, Dieu sait comment,
Peut-être en manque de matière ;
Nos n’en ferons pas un roman,
La chose n’est point singulière.
À minuit son spectre s’éveille
Et danse, fantôme sans chair,
Pour des spectateurs qui sommeillent.
Il est triste, mais pas amer,
Lui qui faisait tant de merveilles ;
Au loin croasse une corneille.
Fol esquif
Mon équipage est malheureux,
Même notre ancre est affligée ;
Au gré d’une mer enragée,
Le chemin se fait douloureux.
Toi dont nous fûmes amoureux,
Ô mer, ton humeur est changée ;
Je crains la fatale plongée,
Je crains tes assauts vigoureux.
Calmez-vous, vagues homicides ;
Que revienne le temps placide,
Que cesse enfin notre détresse.
À chaque virement de bord
Nous voyons ricaner la Mort ;
C’est une mauvaise maîtresse.
Cousin de Janus
Un ambiphant dans sa demeure
Regarde passer les saisons ;
Il se plaît en cette maison,
Il n’en connaît pas de meilleure.
Sans incidents coulent les heures
À composer quelques blasons ;
Nul temps perdu en oraisons,
Jamais de gloire il ne se leurre.
Ce monstre est content de son sort,
Ses plaisirs le rendent plus fort ;
Fort peu de devoirs lui incombent.
Lui qui avait jadis osé
Séduire une douce colombe,
Auprès d’elle il reste posé.
Le roi d’Alpha Serpentis
Je règne en un lieu chaotique,
Ravitaillé par les corbeaux ;
Notre soleil, pâle flambeau,
Émet des lueurs pathétiques.
Je voudrais être, en république,
Un paysan dans ses sabots ;
Mes ancêtres, dans leur tombeau,
Ont eu ce rêve bucolique.
Je suis un roi plein de candeur
Et je fais fi de ma grandeur ;
J’écoute les conseils des sages.
Qu’est-ce donc que la majesté ?
Cela n’a jamais rien été,
Je veux transmettre ce message.
Monstre pieux
Par les archanges qui me gardent,
J’échappe à tous les guets-apens ;
Si j’ai péché, je me repens,
Jamais mes travers je ne farde.
Sans craindre les démons rampants,
Je chante comme un joyeux barde ;
Je ris au nez de la Camarde,
Je pose un pied sur le Serpent.
Mon âme jamais ne chinoise,
Car elle est loin d’être sournoise ;
Saint Pierre sait ce qu’elle vaut.
« La vertu n’est pas un supplice »
Dit le curé de Saint-Sulpice ;
Ce proverbe n’est pas nouveau.
Bel oratoire
Ici chantent des voix d’enfants,
Les anges du ciel les comprennent ;
Il se peut que ça te surprenne :
L’un d’eux sonne d’un olifant.
Leurs petits corps sont faits de vent,
Au monde rien ne les enchaîne ;
Leurs mots nous rappellent souvent
Que la fin du monde est prochaine.
Dans l’oratoire, aucune lampe ;
Parfois, d’étranges ombres rampent,
Ce sont celles des trépassés.
Les habitants de ce village
Ici ne sont jamais passés,
N’y point aller, ça les soulage.
Ange hexapode
J’ai l’air d’un insecte aux yeux d’or,
Mais, pour de vrai, je suis un ange ;
Jamais je ne bois ni ne mange
Et presque jamais je ne dors.
J’aide les vivants et les morts,
Personne n’y voit rien d’étrange ;
Attisant les bûchers du Gange,
Je vous aide à quitter vos corps.
Je plane et jamais je ne tombe,
Je n’irai pas dans une tombe ;
Je n’irai pas chez les démons.
Ceux-là disent qu’ils sont mes frères ;
Je ne dirai pas le contraire,
Mais ils déshonorent ce nom.
Nord, Sud, Est, Ouest
Les astres ne sont pas menteurs,
Ni au hasard ne se promènent ;
La nécessité les entraîne,
Jamais en panne de moteur.
Ils aident les navigateurs,
Y compris les grands capitaines ;
Ils compatissent à leurs peines,
Eux qui vivent dans les hauteurs.
N’est pas astre tout ce qui vole
Ni ce qui suit une hyperbole ;
Cela nous tromperait beaucoup.
N’est pas astre le photophore,
Il ne l’est que par métaphore ;
Se méprendre aurait un grand coût.
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