Sagesse du pluvian
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Goupil de Dionysos
Museau dans la boisson vermeille,
Qu’ai-je à faire des lendemains ?
M’angoisser, ainsi qu’un humain
Qui son compte en banque surveille ?
Je suis fils du Dieu des bouteilles,
Il me guide sur les chemins ;
La vigne bénie par sa main
Grandit sur une basse treille.
J’habite un logis de fortune
Et parfois je dors sous la lune ;
Je l’appelle ma grande soeur.
Je demande à la tavernière
D’ouvrir plus souvent sa tanière
Pour y retenir les chasseurs.
Fantôme sans visage
Je ne suis pas céphalophore,
Mon chef est perdu, carrément ;
Pour moi, ce fut un changement,
D’ailleurs je m’en tracasse encore.
Moi qui fus de ceux qui dévorent,
Je n’absorbe plus d’aliments ;
C’est un véritable tourment,
L’Univers me semble inodore.
Quant à mes plaisirs amoureux
Qui furent doux et savoureux,
Ils m’ont quitté, par forfaiture.
Mortel, ta vie est un trésor
Que tu dois goûter sans remords ;
Éphémère en est la nature.
Arbre lunaire
L’arbre croît lentement sur l’aride terrain,
Ce décor minéral est un lieu de tortures ;
Pauvre en est le feuillage et basse la stature,
Le satellite est sec, la vie manque d’entrain.
Un plumitif sur lui fait des alexandrins,
À ses rares lecteurs il les jette en pâture ;
L’arbre ne pense rien de ces jeux d’écriture,
Ça pourrait aussi bien être du mandarin.
Ici, pas de vallon, pas de pré, pas de dune,
C’est un lieu desséché, c’est le sol de la Lune ;
Nul jamais n’eut l’idée d’y prendre son repos.
La Terre au firmament, digne et majestueuse,
Adresse au végétal d’équivoques propos,
Lequel ne comprend point ces phrases sinueuses.
Humble ambicoq
C’est un monstre timide, il demeure caché,
Il quitte rarement sa demeure champêtre ;
Cette tanière n’a ni porte ni fenêtres,
Il est recommandé de s’y tenir couché.
Une oiselle l’aima, son coeur en fut touché,
Mais il n’a point tenté d’en devenir le maître ;
À cet amour fragile et qui venait de naître,
Il a voulu goûter, sans devoir s’attacher.
Il est comme un reclus derrière une muraille,
Comme un mort dans sa tombe, après les funérailles ;
Citoyen du sous-sol, habitant du Néant.
Il ne dira plus rien, car telle est sa nature,
Un prolixe discours lui semble malséant ;
L’ambicoq n’est pas fait pour la littérature.
Porte Saint Denis
Va sur la Rive Droite (il te faut passer l’eau),
Marche un peu vers le nord, avance, à l’aventure ;
Tu trouveras beaucoup de ruelles obscures,
Tu pourras y croiser le bourge et le prolo.
L’argent dans ces quartiers ne coule pas à flots,
Les commerces y sont de diverses natures ;
Certains sont exercés par d’humbles créatures
Qui gagnent leur pitance en un réduit bien clos.
Tu dois flâner ici sans tomber dans l’excès,
Quant aux lieux de débauche, évites-en l’accès,
Puisque tout leur attrait n’est que vain artifice.
Adopte le maintien d’un jeune homme rangé,
Sache en toute saison te garder du danger ;
Mais tu peux prendre un verre au Bar des Maléfices.
L’oiseau de janvier
La neige tombera demain de ce ciel gris,
Ou ne tombera pas, je ne sais pas encore ;
Les pics reflèteront la couleur de l’aurore,
Des corbeaux de la plaine on entendra les cris.
Oiselles d’autrefois, dont mon coeur fut épris,
Mon souvenir en vous sans doute s’évapore ;
Mais lorsque se vida la boîte de Pandore,
L’espérance y resta, c’est un joyau sans prix.
Un frais printemps viendra reverdir la charmille,
De nouveaux nids verront de nouvelles familles ;
Des oisillons viendront découvrir l’univers.
Notre Terre est ainsi, vieille sans être usée,
C’est une aire de jeux, ce n’est pas un musée,
Bien apaisantes sont les longues nuits d’hiver.
Re: Sagesse du pluvian
J’ai rêvé que j’étais un lézard en hiver,
Ce songe me semblait un délire mystique ;
La lune prononçait des paroles christiques,
La terre était d’azur et le ciel était vert.
Une luciole vint, qui me dicta des vers,
Ayant interrompu son vol acrobatique ;
Un blaireau m’expliqua des mots d’informatique
Que, très probablement, je compris de travers.
Je me mis à planer dans la brise marine,
Dans le lointain voguait la nef de la tsarine ;
Pour barreur, elle avait un polytechnicien.
Les matelots jouaient une musique indienne,
Le grand mât du navire était fait d’obsidienne ;
Et cela se passait dans des temps très anciens.
Pichet de Verlaine
En taverne le temps s’accélère et s’enfuit,
Dès qu’une chope est vide, elle est à nouveau pleine ;
La belle tavernière a soin de Paul Verlaine,
Le poète maudit qui son coeur a séduit.
Assez peu de buveurs dans ce petit réduit,
Disant au long du jour quelques paroles vaines ;
Ils viennent partager leurs joies et leurs déveines,
Le malheur du poète en rimes se traduit.
Il est désargenté, mais il tient table ouverte,
Ne voulant être seul avec sa boisson verte ;
Il fredonne tout bas quand il est éméché.
Parfois vient un touriste, amateur de folklore,
Qui l’état de ces lieux nullement ne déplore,
Mais goûte les propos du rhapsode fauché.
Poisson de Janus
Ce poisson bicéphale, il n’a pas forme humaine,
Il ferait mieux d’aller se cacher dans un puits ;
Nous n’aimons nullement le rencontrer la nuit,
Il semble un revenant lorsque la lune est pleine.
Il trouble les ondins, il fait fuir les sirènes,
Neptune ne sait pas ce qu’on fera de lui ;
Des démons, sans nul doute, ici l’ont introduit
Pour, une fois de plus, faire une blague obscène.
Aphrodite envers lui n’aura nulle tendresse,
À d’autres elle ira prodiguer ses caresses ;
Il n’a pas ce qu’il faut pour être son vainqueur.
Il sévissait déjà du temps de mon grand-père ;
Il doit bientôt mourir, ou du moins, je l’espère ;
Notre monde ira mieux sans ce vieil arnaqueur.
Roseau qui chante
Je taille les roseaux
Pour en faire ma flûte ;
Longtemps je les affûte
Et soigne leurs biseaux.
Chantant pour les oiseaux,
Dryades, vous leur plûtes ;
Ensuite, vous leur lûtes
Un bel arioso.
Je n’ai rien d’autre à dire ;
Je vais ranger ma lyre
Car le silence est d’or.
Dans une autre aventure
J’ai perdu ma ceinture ;
Je n’en dis rien, je dors.
Fille du roi
Notre roi sur son pont
Entend parler sa fille ;
Ce père de famille
Sagement lui répond.
Il voudrait être bon
Comme un soleil qui brille :
Gentiment il babille,
Toujours elle dit « Non ».
Il voudrait être ferme
Et dans la tour l’enferme
Afin de l’avertir.
Dans cette chambre basse
Il croit qu’elle trépasse ;
Il tombe en repentir.
-------------------------------------------
https://www.chants-populaires-francais.com/textes4/La_fille_au_roi_Louis.html
Et aussi
http://sonnets-de-cochonfucius.lescigales.org/chanson.html
à recharger jusqu’à plus soif.
Quartefeuille de janvier
Nous la découvrons maintenant,
Elle était là depuis l’automne ;
Épargnée par les ruminants,
Elle me sourit, ça m’étonne.
Dans l’univers impermanent
Où, craintif, je me pelotonne,
Ce bon sourire est surprenant ;
Je ne trouve pas qu’il détonne.
Par quel poète du passé
Son portrait fut-il donc tracé ?
Disons, peut-être, Apollinaire.
Les quatre feuilles sous le ciel,
Mille racines sous la terre ;
La fleur, la promesse du miel.
十四文
Le tribunal voulut la mort,
Le condamné sa croix transporte ;
Il s’écroule, un Romain l’exhorte,
Sa mère lui dit d’être fort.
Simon prend le relais, alors ;
Véronique se montre accorte,
Mais il tombe auprès d’une porte ;
Il parle aux filles de leur sort.
Il fait une troisième chute,
On lui retire son calbute ;
On fixe son corps sur le bois.
Il parle, il souffre, et puis il meurt ;
On le décloue, c’est du labeur,
On place en un tombeau ce roi.
Pont des fantômes
Les revenants sont mal à l’aise,
Le fleuve et le ciel sont obscurs :
De leur sort, ils ne sont pas sûrs,
D’être mort, la chose est mauvaise.
Ils s’abritent sous un mélèze
En prononçant des mots impurs ;
Ensuite ils traversent un mur,
La lune est là, ça les apaise.
Ils ne quittent point ce rivage,
Parfois même, l’un d’entre eux nage ;
Vif est le courant sous le pont.
La belle ondine se demande
Lequel est celui qui commande ;
Mais aucun d’entre eux ne répond.
Auprès de cet arbre
Cet arbre ne dit rien, cela n’a rien d’étrange,
Il n’est pas babillard, ce n’est pas un serin ;
Son âme est sans tourment, son coeur reste serein,
En guise de dryade il abrite un archange.
Il n’est guère affecté par les saisons qui changent,
Même un feu de forêt, je ne sais s’il le craint ;
La fille du dieu Pan, drôlesse aux pieds caprins,
Cherchant à le charmer, ses blonds cheveux arrange.
Un botaniste vint des plus lointains confins,
Ayant passé la mer sur le dos d’un dauphin ;
Par cet aventurier la drôlesse est ravie.
L’arbre en ses souvenirs la revoit chaque jour
Et cela peut durer tout au long de sa vie ;
Mais il ne dira rien de ces brèves amours.
Lampe transcendante
Cette claire lumière
Nous remplit de vigueur ;
C’est un éclat fugueur
D’étoile buissonnière.
Or, de cette manière,
Prend fin notre langueur ;
Notre esprit bourlingueur
Peut quitter les ornières;
Loin du mal, loin du bien,
Le coeur, vois-tu, devient
Léger comme une plume.
Ainsi, jusqu’au tombeau,
Voilà qu’il se consume
Comme font les flambeaux.
Volatile
Pour bien planer, je suis trop lourd,
Je ne suis pas une hirondelle ;
Faibles sont mes battements d’ailes,
Je suis moins adroit qu’un vautour.
Monotones sont mes amours,
De quoi me sert d’être fidèle ?
Dans mon coeur, sombre citadelle,
Se délabrent les vieilles tours.
Traqué par les démons farouches,
Je dors bien mal quand je me couche ;
Bientôt me prendra l’oiseleur.
S’éteindra ma flamme ténue,
Finiront mes mille douleurs ;
La mort est presque bienvenue.
Trinités marginales
Ces dieux d’un bizarre modèle,
Ils sentent vraiment le fagot ;
Leur Sacré Livre est en argot,
Ils n’ont presque pas de fidèles.
Leur Pape dit « La mort est belle,
Car elle nous rend tous égaux ;
Un cadavre n’a pas d’ego,
Lui qui n’a plus rien d’un rebelle. »
Leurs églises sont des tripots,
Volontiers j’y vais boire un pot ;
C’est une modeste dépense.
Ce sont des dieux sans dignité,
Mais aussi sans malignité ;
Car jamais à mal ils ne pensent.
Monstre hivernal
Créature bancale,
Je marche dans la nuit ;
Une lune amicale
Sur mon errance luit.
Pour guetter la vestale
Je reste auprès du puits ;
Dans l’ombre je m’installe,
Un arbre est mon appui.
Or, Cupidon délaisse
Les gens de mon espèce ;
J’irai vierge au tombeau.
Je resterai pudique
Au moment fatidique,
J’éteindrai mon flambeau.
Coeur qui vole
Coeur planant, coeur battant,
J’aime la friche herbeuse ;
Une muse moqueuse
Murmure, et je l’entends.
Elle eut un beau printemps,
Cette âme un peu frileuse ;
Voici qu’elle est songeuse,
Au bout de tout ce temps.
Elle semble effarée
Comme une âme égarée,
Sujette aux errements.
Cela n’a rien d’étrange,
Ce sont Joie et Tourment
Qui leurs places échangent.
Une flamme
Un fauve en travers du sentier,
Porteur d’une flamme qui brille ;
Lui, qui n’a rien d’un joyeux drille,
Est un prédateur sans pitié.
Il ne fera pas de quartier,
Pas même à des petites filles ;
Il désolera les familles
Dans ces parages forestiers.
Bergers, gardez bien vos troupeaux,
Sinon le monstre aura leur peau ;
De massacrer, ça l’émoustille.
De ses proies restent des lambeaux
Qu’il offre à ses amis corbeaux ;
Leur ventre plein, ils s’éparpillent.
Planète Segonzacandra
Le cosmos m’interloque,
Cet insondable ciel ;
Rien de providentiel,
Des formes équivoques.
Sur un astre baroque
Vit un peuple cruel ;
Noirs sont leurs rituels
Qui des humbles se moquent.
Brumeuse est leur lumière,
Insipide leur bière ;
Leur vie n’est que tourments.
Pour eux, le firmament
N’est que vile poussière,
Tourbe inhospitalière.
Barde-blaireau
Ce petit carnivore aime les ritournelles,
Pour en imaginer son talent se déploie ;
Grâce aux bénédictions dont la Muse l’ondoie,
Il peut s’aventurer dans des terres nouvelles.
La poésie n’est pas sa langue naturelle,
Aussi, dans ses écrits, des lacunes se voient ;
Mais son coeur est présent dans les mots qu’il emploie,
Poursuivant son labeur auprès d’une chandelle.
Il n’usera jamais de phrases raffinées,
Il ne tracera point de lettre enluminée ;
Sobre il demeurera, telle est sa destinée.
Il n’abordera point l’horreur ni le mystère,
Il n’appliquera point de principes austères ;
Son modeste logis n’est pas un monastère.
Exosquelette
L’escargot de jardin, sur un mur endormi,
Progresse lentement dans l’onirique espace ;
Son rêve le transforme en animal fugace,
Capable d’échapper à tous ses ennemis.
Sa coquille l’abrite, et jamais ne frémit,
Ses jours coulent heureux dans ce petit palace ;
Le sombre cauchemar jamais ne le tracasse,
Morphée lui veut du bien, Hypnos est son ami.
Une muse lui parle en un songe, il l’écoute,
Elle veut éclairer son coeur de mécréant ;
Malgré ce beau discours, il conserve ses doutes.
La sirène pour lui quitte son Océan
Afin de disserter sur l’Être et le Néant ;
Mais l’escargot répond « Ça ne tient pas la route. »
Distillateur d’étang
Le Sorcier Grenouille, un jour en Floride,
A plongé dans l’eau le soleil d’été ;
Monte la vapeur de ce monde humide
Et se refroidit sans trop s’agiter.
On ne garde point les dépôts solides,
La liqueur d’étang gagne en qualité ;
Il reste à trouver quelques tonneaux vides
Ayant contenu des jus fermentés.
Le Maître Grenouille en son écuelle
A versé sa part de boisson nouvelle ;
Alors, il pourra dîner aux flambeaux.
Une jeune ondine est là, sous son charme,
Ce sage penseur l’émeut jusqu’aux larmes ;
Son pouvoir est grand, son discours est beau.
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