Sagesse du pluvian
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Particule qui rêve
Mes songes me disent le vrai,
Eux qui m’enseignent la morale ;
C’est une règle générale,
Morphée divulgue des secrets.
Ils ne sont jamais indiscrets,
Je n’y vois pas de choses sales ;
Je découvre de vastes salles
Qu’animent d’aimables portraits.
Des astres luisent aux fenêtres ;
Leur éclat dans mon coeur pénètre,
Il s’illumine d’un seul coup.
« Nulle chose n’est interdite
Aux êtres qui rêvent beaucoup» ;
C’est la parole qu’ils m’ont dite.
Valet de Thanatos
Vous mourrez tous, j’en suis certain,
C’est une évidence suprême ;
À la fin, je mourrai moi-même,
S’accomplir doivent nos destins.
Adieu maison, ville, jardin,
Faut-il donc en faire un poème ?
Nous connaissons bien d’autres thèmes,
Plus riants et plus anodins.
Viens par ici, ma tavernière,
Avec un grand verre de bière ;
La mise en bière, c’est plus tard.
Adieu jours clairs, adieu jours sombres ;
Nos maisons ne sont que décombres,
Nos croyances, des racontars.
Fringante monture
Ce cheval acquis à prix d’or
Vient des écuries de la reine ;
Il eut une fée pour marraine
Et répond au nom de Castor.
Il est élégant dans l’effort,
Au grand jamais il ne se traîne ;
Il est brillant dans les arènes,
Ses juments le trouvent très fort.
Nous lui versons du vin de palme ;
Il le déguste avec grand calme,
On voit que ce n’est pas un bleu.
Il vaut pour moi plus qu’un empire,
Plus même qu’un oiseau de feu ;
Je le contemple, et ça m’inspire.
Par le feu
Ce pâle feu ne chauffe guère,
Lui qui brille d’un blanc neigeux ;
Au sol sont des tisons laiteux,
Braises qui jamais rien n’éclairent.
Nous sommes à cent pieds sous terre,
Aucun endroit n’est plus ombreux ;
Ici, pas d’anges amoureux,
Mais un vieux démon solitaire.
Ne venez donc pas dans ce lieu,
Que vous soyez jeunes ou vieux ;
Car ce serait une souffrance.
N’invitez plus, démons trompeurs,
Les passants ni les voyageurs,
Ni les trépassés en errance.
OVNIs
Pour le meilleur et pour le pire,
Je me promène, chaque jour ;
Ça me plaît bien de faire un tour,
Je vois le monde et je respire.
Quand vient le soir, je me retire,
Assez tôt, je suis de retour ;
En hiver, quand les jours sont courts,
Ma marche est brève, on peut le dire.
Moi qui jamais ne fus très fort,
Je sens l’approche de la mort,
Je n’en deviens pas moins frivole.
Dans l’air est un je ne sais quoi,
Une escadre sans foi ni loi :
J’ai peur quand elle me survole.
Ces fleurs
Consolantes aux malheureux,
Nous sommes des plantes honnêtes ;
Nous savons le cours des planètes
Et les secrets des amoureux.
Le bonheur a mille recettes,
Lui que tu vois dans le ciel bleu ;
Il n’a rien de miraculeux,
Mais quelques brillantes facettes.
Notre cousine Renoncule
Et notre cousin Forficule
Chantent pour apaiser ton coeur ;
De ta tristesse ils sont vainqueurs,
Tu sortiras de ta psychose
Un sourire en sera la cause.
Fleur de cloître
Quand viendra la saison nouvelle,
Pleins de douceur seront les vents ;
Je fleurirai dans ce couvent
Qu’institua Jean de Nivelle.
Quand reviendront les hirondelles,
J’attendrai le soleil levant ;
Ce bel astre est un bon vivant,
La Terre aime l’avoir près d’elle.
Des nonnes iront au jardin,
Bavardant sur un ton badin,
N’ayant point fait voeu de silence.
Je m’endormirai vers le soir,
Dans le son que les cloches lancent ;
Je rêverai d’un ostensoir.
Chapelle blanche
Ce lieu est des anges aimé,
Mais aussi des morts, et des mortes ;
Car il rend les âmes plus fortes,
Satan cesse de les brimer.
Des cierges y sont enflammés,
Tu vois qu’ils sont de toute sorte ;
Nul démon ne passe la porte,
Craignant d’en être consumé.
Ici résonne un chant d’amour
En pleine nuit comme en plein jour ;
Mais aussi, des paroles dures.
Comme le dit un bon auteur,
Accomplir faut les Écritures ;
Par notre âme, et par notre coeur.
Crosse d’illusionniste
L’évêque, je t’en avertis,
À plaisanter passe les heures ;
Sa crosse est un étrange outil
Qui nous hypnotise et nous leurre.
Sa vie en est-elle meilleure ?
Certes, rien ne le garantit ;
Les objets que la crosse effleure,
De quel pouvoir sont-ils nantis ?
Est-ce d’un démon le domaine ?
N’est-ce qu’une faiblesse humaine ?
Ange gardien, veille sur lui !
Pardonnons-lui son attitude,
C’est l’effet de la solitude ;
Il veut échapper à l’ennui.
Re: Sagesse du pluvian
En écuyer je me déguise,
Porteur d’un bouclier doré ;
Ce n’est pas pour être admiré,
Car j’ignore la vantardise.
Autrefois, j’ai, par gourmandise,
Un funeste fruit dévoré ;
Ce n’était pas délibéré,
Ce fut même un peu par surprise.
Vous tous, qui m’appelez « démon »,
Vous m’abreuvez de vos sermons ;
En vain sous mon crâne ils résonnent.
Je voudrais vivre simplement,
Sans que ma vie soit un roman ;
Mais ici, les ennuis foisonnent.
Feuille sans sève
Un arbre avait tout mon amour,
Le tronc, la branche, la brindille ;
C’était là ma vie de famille,
Mais ça n’a pas duré toujours.
Maintenant je dors dans la cour,
Je me change en triste guenille ;
Le soleil bien faiblement brille,
Ma triste route est sans retour.
Où sont les fleurs et la rosée ?
Tant de choses décomposées,
Qu’arrive-t-il à l’univers ?
— Ne crains donc rien, feuille candide,
Cette saison n’est point sordide ;
Ça vient tous les ans, c’est l’hiver.
Animaux vagabonds
Nous avons franchi des rivières,
Nous, les errants, les délaissés ;
Comme de grands oiseaux blessés,
Nous avons mordu la poussière.
Notre âme n’est pas des plus fières,
Car nous sommes des insensés ;
Bien souvent, nous avons pensé
À partir sur une civière.
Que vaut donc cette vie terrestre ?
Loin des pures cimes alpestres,
Tu nous vois languir et glander.
Vaut-il mieux être, ou ne pas être ?
Nous qui nous moquons du paraître,
Ne viens pas nous le demander.
Nos jours s’envolent
Ils sont loin, nos printemps charmants,
Car notre innocence est perdue ;
Nous dont l’existence est ardue,
Nous faisons face à des tourments ;
Nous qui cheminons lourdement,
Nous devons naviguer à vue ;
Nous accumulons les bévues
Et les propos sans fondement.
Repens-toi, pauvre chair usée
Qui de la foule est méprisée ;
Ton bonheur n’est qu’un souvenir.
Ne perds pas le goût de l’étude,
Fais le deuil de tes certitudes ;
Tout cela va bientôt finir.
Re: Sagesse du pluvian
Excellent.
_________________
MES POEMES :
*****************
Avec Dieu, ce qu'il y a de terrible, c'est qu'on ne sait jamais si ce n'est pas un coup du diable...
(Jean Anouilh)
*****************
Paroles dans l’ombre
L’oiseau dit des phrases cruelles,
C’est son humour de papegault ;
Puis il colporte des ragots,
Les inepties habituelles.
Lui qui jamais n’ouvre ses ailes,
Rêve-t-il d’un monde plus beau ?
Aimerait-il être un corbeau,
Un hippocampe, une gazelle ?
N’écoute pas cet abruti ;
D’autres oiseaux, bien plus gentils,
Sont là qui disent des poèmes.
Ils n’ont pas appris à rimer ;
Ça ne leur pose aucun problème,
Eux qui des muses sont aimés.
Autophage
Ma propre chair, je la dévore,
Personne d’autre n’en aura.
J’en ai plus qu’il ne m’en faudra,
Je sais gérer cette pléthore.
Diverses saveurs s’élaborent
En ce grand corps robuste et gras ;
Ce gros fruit de chair mûrira,
Lui qui sous le soleil se dore.
Je ne veux pas le partager,
Vraiment, comment l’envisager ?
La fleur pour moi seul est éclose.
Je m’alimente et je grandis ;
Puis je bois, si le coeur m’en dit,
Un litre de sang rouge et rose.
Silence aquatique
Ce poisson détient la sagesse,
Il sait qu’il n’est pas immortel ;
Il dit des mots sacramentels
Qu’on lui apprit dans sa jeunesse.
Il n’a ni femme ni maîtresse,
Sa libido manque à l’appel ;
Il accepte ce sort cruel
Du haut de sa grande noblesse.
Il rêve, il se promène, il boit ;
De plusieurs sirènes, les voix
Viennent enchanter ses oreilles.
Il admire leurs beaux cheveux ;
D’ailleurs, il leur en fait l’aveu,
Il leur dit qu’il s’en émerveille.
Soleil gris
Cet astre n’a qu’un tiède feu,
Timide et faible est sa lumière ;
Son grand corps retourne en poussière,
Il s’illumine comme il peut.
Il est faible, car il est vieux,
Bientôt s’éteindra sa chaudière ;
Il rejoindra le cimetière,
Il dormira, ça vaudra mieux.
Il s’essouffle, sa vie s’envole,
Il ne dit aucune parole ;
Il part, sans la grâce de Dieu.
Il se souvient de ses ivresses,
Du plaisir qu’il eut dans les cieux ;
Il reste roi de sa détresse.
Une porte
La ville est de murs abritée,
Le calme règne en cet enclos ;
L’argent n’y coule pas à flots,
La foule n’est pas agitée.
La porte se dresse à l’entrée ;
Elle n’arbore aucun drapeau,
Mais un élégant chapiteau
En pierres de notre contrée.
Au ciel d’orage noircissant
Sont des éclairs éblouissants ;
Mainte démone en est ravie.
La nuit vient, la porte s’endort,
Les citadins vivent leur vie ;
Au moins, ceux qui ne sont pas morts.
Le roi Renard
« Mes braves sujets, approchez :
Je suis le meilleur roi du monde ;
Je suis ferme comme un rocher
Et doux comme une bière blonde. »
Quelques corbeaux effarouchés
Captèrent de mauvaises ondes ;
Ils allèrent donc se cacher
Dans une caverne profonde.
« Qu’importent ces oiseaux pédants,
Ces râleurs, ces mauvais perdants !
Qu’importe leur retraite obscure ! »
Le roi sur son trône de fer
Avait une pêche d’enfer,
Tout en ne manquant pas d’allure.
Roi de grisaille
Je suis des nuages le maître,
Je les gouverne sagement ;
Ils me saluent en se formant,
Car c’est moi qui les aide à naître.
Le vent du Nord n’est pas un traître,
Il honore le firmament ;
Je lui en fais mes compliments,
Dont il adore se repaître.
Il est vigoureux, cette année,
Il chante en traversant les cieux,
Il ne craint ni diable ni Dieu.
Je rêve dans les bois ombreux,
Disant des phrases surannées ;
N’y voyez rien de ténébreux !
Chandelle sans miroir
Je ne sais quand je vais m’éteindre,
Car l’avenir nous est caché ;
Rien ne sert de se retrancher,
Sachons que le pire est à craindre.
Les lois qui ne peuvent s’enfreindre;
Il vaut mieux ne pas y toucher ;
Je n’ai plus rien pour m’accrocher,
Je n’ose même pas me plaindre.
Ma sagesse n’est que folie,
Que réminiscences malsaines ;
Qu’importe, je n’ai qu’une vie.
Bon, ces quelques lignes sont vaines,
Quelques délires s’y rassemblent ;
Rien de grave, à ce qu’il me semble.
Oiseau de malheur
Cet oiseau se sent sombre et laid,
Car il se nourrit de tristesse ;
Il se croit con comme un balai,
Il se le reproche sans cesse.
Lui qui jamais n’eut de maîtresse,
Aucune oiselle ne lui plaît ;
Nous le voyons vieillir seulet,
Interminable est sa détresse.
Foin de cet oiseau de malheur,
Son existence est sans valeur ;
Nous n’allons pas en faire un drame.
Il est chétif, il est peureux ;
Il fait des jeux de mots foireux,
Sa cervelle pèse trois grammes.
Vieux reptile
Je touche à la fin du voyage,
Car je n’ai plus guère d’entrain ;
Je ne le veux ni ne le crains,
Car c’est notre commun partage.
Ma vie fut-elle un gaspillage ?
Sur ce point, le doute m’étreint ;
Cependant je reste serein,
Je trace mon dernier sillage.
J’écoute mon vieux coeur battant ;
Il a travaillé bien longtemps,
Faudra-t-il qu’encore il s’escrime ?
Disparaîtra mon univers,
De terre je serai couvert ;
Se tairont ma prose et mes rimes.
Lenteur d’un messager
Tu m’attendras deux ou trois jours,
Car ma démarche est malhabile ;
Je suis faible, je suis fragile,
Moi qui ne vole ni ne cours.
Même quand les trajets sont courts,
Je les trouve un peu difficiles ;
Même quand je suis immobile,
Mon corps me paraît un peu lourd.
Comme les animaux des fables,
J’ai des sentiments ineffables ;
Mais tu n’en as jamais rien su.
J’ai peur du temps et de l’espace,
J’ai peur de chaque ombre qui passe ;
N’épiloguons pas là-dessus.
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