Sagesse du pluvian
5 participants
Page 17 sur 39
Page 17 sur 39 • 1 ... 10 ... 16, 17, 18 ... 28 ... 39
Flèche extravagante
Armes d’une fée méconnue,
Ce sont la flèche et l’arc d’assaut ;
Survolant la terre et les eaux,
Le tir atteint toute chair nue.
Sur ses amants, sur leurs rivaux,
La magicienne tire à vue ;
Elle le fait sans retenue,
Comme un faucon prend les oiseaux.
De cette pointe adamantine
Périssent les âmes mutines ;
Et la dame dit « C’est tant mieux ».
Surtout, ne te mets pas en tête
De te munir d’une arbalète ;
Tu vises mal, tu es trop vieux.
Manoir d’Aquitaine
Sur ce lieu règne le Sommeil,
Logis de chevaliers sans gloire ;
Pauvre sens et pauvre mémoire,
C’est un dénuement sans pareil.
Mais dans leur cave, un vin vermeil
Leur procure un peu de quoi boire ;
Ils en oublient tous leurs déboires,
C’est comme un rayon de soleil.
Dans leur verger les fruits abondent,
Pas besoin de courir le monde ;
Pas besoin de voir d’autres cieux.
Si l’existence n’est qu’un songe,
Oublions-la, passons l’éponge,
Alors nous n’en irons que mieux.
Vaisseau sans nom
Moi qui ne suis pas baptisé,
J’aime ma noble passagère ;
Avec elle, au gré du vent, j’erre,
Elle me surnomme « Alizé ».
Je dois bientôt la déposer,
Cette rêveuse solitaire ;
Non pas sur l’île de Cythère,
Mais au pays du vin rosé.
Je m’en vais retourner au lieu
Où sont mes frères, déjà vieux,
Cèdres à la noble ramure.
Me guideront les séraphins,
M’accompagneront les dauphins ;
Voiles bordées selon l’amure.
Porc sous la lune
J’aime la nuit, voilà,
Et son ciel mortuaire ;
Je vais par-ci, par-là,
Au bord de l’estuaire.
Bien souvent m’appela
Le démon trinitaire,
Satan, Moloch, Horla,
Dont l’empire est sous terre.
J’aime un peu moins l’aurore
Qui mes rêves dévore ;
Elle vient, c’est la Loi.
Défenseurs de la Foi,
Rangez donc votre Croix,
Seuls des humains l’adorent.
Sept feuilles
La feuille du lundi, c’est la plus agitée,
Elle se croit danseuse, elle aime tous les vents.
La feuille du mardi me dit des mots savants,
Une sage leçon joliment récitée.
Feuille du mercredi, ton âme est excitée,
Le moindre insecte ici te paraît énervant ;
La feuille du jeudi ne parle pas souvent,
Elle ne dira rien sans y être invitée.
La parole est à toi, feuille du vendredi,
Mais tu ne la prendras que si le coeur t’en dit ;
Nous savons que, souvent, vers le silence il penche.
Feuille du samedi, tu dis des mots plaisants,
Mais tu narres aussi des récits apaisants
Conçus pour rassurer la feuille du dimanche.
Re: Sagesse du pluvian
Dis donc, excellent d'avoir fait entrer harmonieusement comme tu le fais les sept jours de la semaine dans la structure de ton poème. Un sacré exercice de style !
loofrg- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 11665
Localisation : Lot
Identité métaphysique : Abeille
Humeur : Emeraude
Date d'inscription : 04/07/2018
Re: Sagesse du pluvian
Le sonnet de quatorze vers est commode pour loger une semaine de sept jours...
Seigneur dragon
Jamais je ne fus un rebelle,
Puisqu’au Roi j’ai prêté serment ;
J’aime ce monarque clément,
Je lui serai toujours fidèle.
Lorsque mes vassaux se querellent,
Ils encourent mon jugement ;
Mais il advient fort rarement
Que de pareils cas je me mêle.
Assez modeste est mon terroir,
Et sans prétention mes manoirs ;
Mais d’assez beaux arbres j’y plante.
Dans un enclos, j’ai quelques porcs
Dont la compagnie est plaisante ;
Ils mourront de leur belle mort.
Sapin solitaire
Du chemin l’arbre est écarté,
Perdu dans la broussaille épaisse ;
Il est d’une ordinaire espèce,
C’est un végétal sans fierté.
De son sort il est enchanté,
Puisqu’en repos les gens le laissent ;
Aucun bûcheron ne le blesse,
Ce bois n’est guère fréquenté.
Il admire les fleurs nouvelles
Et leur dit qu’il les trouve belles ;
Elles sourient de cet aveu.
La dryade sans artifice
Devant lui, peigne ses cheveux,
Lui proposant ses bons offices.
Sur les chemins
Ma voiture est toujours partante
Pour suivre de nouveaux sentiers ;
Mais elle fonctionne à moitié,
Ses pannes sont déconcertantes.
Malgré ça, la route me tente,
Je m’improvise charretier ;
Certes, ce n’est pas mon métier,
De vadrouiller je me contente.
La route, n’en sois pas surpris,
Ne m’a cependant rien appris ;
Mon errance est donc insensée.
Il me suffit d’être en accord
Avec les désirs de mon corps ;
Foin de toute vaine pensée.
Je vole à mon gré
Je traverse les cieux,
Je fuis les tâches vaines ;
C’est à l’engeance humaine
Que les assigne Dieu.
Je suis sans feu ni lieu,
Je vis, je me promène ;
Où sera mon domaine ?
Nulle part, c’est tant mieux.
Pour rire du corbeau
Je lui dis qu’il est beau ;
Cette farce est connue.
Il me lance un gros mot,
Puis des noms d’animaux ;
Je ris, sans retenue.
La chanson que je chante
« Je chante, donc je suis »,
Que nul ne me démente !
Parfois je me lamente,
Mais le réconfort suit.
Ma chanson me conduit,
C’est elle qui me chante ;
Folle, mais pas méchante,
Elle éclaire mes nuits.
Je fais bien peu d’ouvrage,
Par manque de courage
En ma vieille saison.
Pour écrire, je rame ;
Quelques textes je trame
Sans rime ni raison.
La fleur et le rhapsode
Nulle plante n’est immortelle,
Mais de nouveaux grains sont semés ;
Un poète, me trouvant belle,
Sur ma courte vie a rimé.
Reverrai-je les hirondelles ?
Cet hiver est bien entamé ;
Si je ne leur suis pas fidèle,
Cesseront-elles de m’aimer ?
Calme est l’approche de la la mort,
Elle ne peut troubler mon corps ;
Elle effacera ma mémoire.
En partant, je bénis le jour
Où vint ce brave troubadour ;
Ainsi, vous lisez mon histoire.
Basilic épiscopal
Je confesse mon souverain,
Je suis intime avec la reine ;
De mes neveux c’est la marraine,
Qui pour parrain ont un marin.
Mon sanctuaire est souterrain,
Quelques fantômes s’y promènent ;
Eux qui n’ont plus figure humaine,
Dans le trépas restent sereins.
Défunts sans regard et sans membres,
Leurs linceuls ont des reflets d’ambre ;
Insondables sont leurs tourments.
Leur mort, ils ne l’ont pas choisie,
Elle les prit traîtreusement ;
Pour eux, c’est bientôt l’amnésie.
Diable exoplanétaire
Les cornes du démon sont de chrysobéryl,
Son coeur fut tourmenté par l’amour d’une rose ;
Il rêve chaque nuit que ses larmes l’arrosent,
Ses frères, ses amis le trouvent moins viril.
Cupidon l’interpelle aux premiers jours d’avril,
Adressant à son âme une allumeuse prose ;
Mais il ne répond rien, du fond de sa névrose,
À force de tristesse il se met en péril.
La démone sourit, mais ça ne sert à rien,
Ça ne fait qu’aggraver son spleen baudelairien ;
En vain cette coquine auprès de lui se couche.
Son malheur divertit les anges dans les cieux,
Ils se disent entre eux que c’est voulu par Dieu ;
Pour vrai, ces oiseaux-là m’ont toujours paru louches.
Poisson de combat
Mon coeur est pur et mon âme est virile,
Des opprimés j’adopte le parti ;
Je suis gardien des mondes engloutis,
Je ne saurais faire des choses viles.
Ma grande épée défend les plus fragiles,
Car mon honneur leur est assujetti ;
Les prédateurs, soit je les convertis,
Soit je détruis leur carcasse inutile.
C’est un devoir, ce n’est pas un fardeau,
De mes aïeux je porte le flambeau ;
J’hérite d’eux le meilleur et le pire.
Or, je faiblis, j’ai vécu trop de jours,
De cette vie je perds un peu l’amour ;
D’autres viendront, pour servir cet Empire.
Semaine d’inframonde
Chaque jour une page blanche,
Les lendemains ne sont futurs ;
Au bout de sept jours est un mur,
Lequel n’est nullement étanche.
Midi s’incline et minuit penche,
Longanime n’est point l’azur ;
Au son d’un métronome impur
Un instant à l’autre se branche.
Tout cela n’a rien de splendide,
Ce n’est que le mauvais destin ;
Ce ne sont que tristes matins.
Ainsi chante un démon candide,
Ce chant n’est pas prémédité ;
Il aurait pu être évité.
Le pont des rêves
Pont que je traverse en dormant,
L’autre rive est assez lointaine ;
Je vois des formes incertaines,
Je m’en approche lentement.
Des mots s’en vont dans le courant,
Qui formeront des phrases vaines ;
Un doux poison brûle mes veines,
Au ciel est un soleil mourant.
Ici s’égare mon cerveau,
Perdu dans ce monde nouveau ;
Mes pieds s’enfoncent dans le sable.
Sans issue sont tous les chemins,
Sans volonté tous les humains ;
La muse chante, insaisissable.
Vieille branche
Sur la branche se pose
Un souvenir de fleur ;
Vive en est la couleur,
Une larme l’arrose.
Un prince aime sa rose,
En sa pure candeur ;
Nul rêve de grandeur
À son coeur ne s’impose.
Son désir de beauté
Ne peut lui être ôté,
Même en un jour morose.
Ne versons pas de pleurs
Sur ses derniers malheurs,
Mais un éloge en prose.
Monstre de mars
C’est l’être le plus fou qui soit,
Troublé d’un délire céleste ;
Il fut immature, il le reste,
Il ne vit point selon nos lois.
Il aime rire et ça se voit,
Se prendre la tête, il déteste ;
Si tu veux l’instruire, il proteste,
Tournant le dos, comme il se doit.
Le vin l’apaise et le contente ;
La tavernière, sans attente,
Lui sert son pichet quotidien.
Il parle à cette demoiselle,
Qui ne se montre pas cruelle ;
Or, lui non plus, ça tombe bien.
Dans une tour d’ivoire
Abri d’un modeste bonheur,
C’est la demeure où je réside ;
Pour y venir, que Dieu te guide,
Il prend en charge les flâneurs.
De calme je suis amateur,
Car je suis un être placide ;
J’ai de très modestes subsides,
J’en remercie mon Créateur.
Loin des périls et de la crainte,
Loin du labeur qui nous éreinte,
J’aime ce lieu quasi désert.
Parmi des ouvrages sans nombre
Je rêve et je trace des vers ;
J’écris un éloge de l’ombre.
Vieille tour
J’habite un lieu déshérité,
Le soir j’allume trois bougies ;
Ici n’est aucune magie,
C’est un logis sans volupté,
Pourtant, dans cette léthargie,
Survit un rayon de gaîté ;
De la grise réalité
Surgit une douce énergie.
Derrière ses murs lourds de lierre,
La tour est presque hospitalière ;
Élégants sont ses vieux piliers.
Au jardin se mêlent verdure
Et plantes mortes qui perdurent ;
Ce désordre m’est familier.
Lions d’inframonde
Nous avons conquis cet empire
Plus vivant que notre désert ;
Nous régnons sur ce gouffre amer,
Chez les morts qui plus ne respirent.
Nous n’y subissons nul martyre,
Nul assaut de démons pervers ;
Nous n’y traversons nul hiver,
Nous n’y trouvons rien à redire.
Par nous, ce monde est pris en main
Sans trop d’égards pour les humains ;
Tant pis si leur peine est profonde.
Le sort ici nous installa,
Nous ne bougerons pas de là ;
Cent mille diables en répondent.
Manuscrit médiéval
Dans une cave sombre
L’objet fut découvert ;
Caché sous les décombres,
C’est un recueil de vers.
Pages en petit nombre
Enluminées de vert ;
Du scribe évoquant l’ombre
Et de son univers.
Lui qui dort sous un arbre
Et non point sous un marbre,
Fut-il un grand savant ?
Non. Sa plume est simplette,
Courant au gré des vents ;
C’est un simple poète.
Dans une pyramide
Obscur est le couloir central,
Sauf quelques lueurs hésitantes ;
Quelques chauves-souris mutantes
Peuplent cet endroit sépulcral.
Tâchons de garder le moral,
Car c’est une chose importante ;
Celui que la désertion tente
Dessert l’intérêt général.
Ceux qui croiseront un démon
Lui adresseront un sermon ;
Cela, pour qu’il se convertisse.
Ceux qui rencontreront la Mort
Devront s’endormir, sans remords,
Ce n’est que Divine Justice.
Page 17 sur 39 • 1 ... 10 ... 16, 17, 18 ... 28 ... 39
Sujets similaires
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
Page 17 sur 39
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum