Sagesse du pluvian
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La Tour de Lao-Tseu
ci nous exposons la Voie et la Vertu,
Nous mangeons sans excès, nous buvons sans ivresse ;
Humbles sont nos discours, nul ne s’y intéresse,
Nous ne les avons point d’ornements revêtus.
De Seigneurs nous n’avons certes pas le statut,
Dont nous ne possédons la force ni l’adresse ;
Mais nous savons des jours éloigner la paresse,
Et progresser ailleurs qu’en des sentiers battus.
Il ne nous convient point de désirer la gloire,
Mais bien de cultiver du Maître la mémoire ;
Et pour un tel labeur nous restons en ce lieu.
Les scribes de l’Empire ont des mots légitimes,
Mais passent à côté des vérités ultimes ;
Ils n’en ont nul besoin, d’ailleurs, et c’est tant mieux.
Errance de l’ermite
Sans but et sans mission cet ermite voyage,
Lui qui du vaste monde ignore les dangers ;
Sa porte est bien fermée, ses livres sont rangés,
Il a fait ses adieux aux gens du voisinage.
Il ne recherche point vers ailleurs un passage,
Il ne convoite pas un antre où se loger ;
Il va sans réfléchir et sans s’interroger,
Il ne veut proclamer d’aucun dieu le message.
Passeront les saisons, les jours et les semaines,
Prendront fin l’euphorie et les amours humaines ;
Il mangera parfois, ne boira pas souvent.
Être un atome errant, ce n’est pas difficile,
Un simple voyageur, à son destin docile,
Dont furent les désirs emportés par le vent.
Vaisseau de Polyphème
Jadis le grand Cyclope allait en promenade
Sur les flots transparents, naviguant loin des ports ;
Il préférait les jours où le vent soufflait fort,
Déployant sa vigueur ainsi qu’une Ménade.
Volontiers la sirène avec lui se balade,
Qui jure comme lui par les mille sabords ;
Son joli chant séduit le cuisinier du bord
Et ce bon compagnon, le dauphin des Cyclades.
Je les vois méditer sur l’Être et le Néant
À l’heure vespérale où le Ponant s’enflamme,
Où le soleil s’en va dormir sous l’Océan.
La nef n’a pas d’enseigne et n’a pas d’oriflamme,
Mais le couchant rougit le casque du Géant,
Fils de Poséidon et d’une noble Dame.
Re: Sagesse du pluvian
T'as bouffé la première lettre du début....
C'est une habitude, dis-moi ....
C'est une habitude, dis-moi ....
Nuage- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 13093
Localisation : Drôme du Nord (Rhône-Alpes-Auvergne - France)
Identité métaphysique : La mienne
Humeur : Fluctuante
Date d'inscription : 31/10/2011
Re: Sagesse du pluvian
J'ai corrigé.
_________________
MES POEMES :
*****************
Avec Dieu, ce qu'il y a de terrible, c'est qu'on ne sait jamais si ce n'est pas un coup du diable...
(Jean Anouilh)
*****************
Nuage- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 13093
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Humeur : Fluctuante
Date d'inscription : 31/10/2011
Ambicoq de gueules
Ses femmes sont dix-sept, il a trois cents enfants
Entre lesquels il fait d’équitables partages ;
Lui qui ne se prend point pour un dieu triomphant,
Il veille sur les biens qu’il eut en héritage.
Tu peux le voir, à l’aube, errer dans le bocage
Auprès de la perdrix dont il devint l’amant ;
Il aime aussi la friche et le grand marécage
Où sont Dame Grenouille et Messire Flamant.
Il arbore un blason, la basse-cour l’admire,
On a fait son portrait sur un blanc parchemin ;
Les dames du canton l’appellent « Noble Sire ».
À la fin, voudra-t-il vivre comme un ermite ?
Cela peut arriver, mais ce n’est pas demain ;
De plus, il peut aussi finir à la marmite.
Roi dérisoire
Je ne sais si j’ai mis ma couronne à l’envers,
Je n’ai jamais compris dans quel sens ça se porte ;
Cette question, sans doute, assez peu vous importe,
Vous dont le noble chef est toujours découvert.
Je vous prends à partie, c’est un de mes travers,
Je suis un piètre roi qui fort mal se comporte ;
Mais je ne me plains pas, mes sujets me supportent,
Ils déposent chez moi du bois mort, en hiver.
Je ne vais point chasser dans cette immense plaine
Où sourit la bergère en ses habits de laine ;
Je n’oserai jamais lui porter une rose.
Je suis un vieux monarque au pouvoir bien réduit,
Mon esprit n’est pas loin de sombrer dans la nuit ;
Je m’occupe à tracer des vers et de la prose.
Poisson du tsar
Ce poisson s’est instruit sur les vertus de l’eau,
Lui qui l’aime surtout quand elle est fraîche et pure ;
Il l’aime dans le jour et dans la nuit obscure,
Il aime la sirène et le fier matelot.
Qui peut savoir d’où vient le mouvement des flots ?
Tu dois à ce propos questionner la nature ;
La réponse n’est pas dans la littérature,
Tu n’en apprendras rien par les profs de philo.
— Que ferais-tu, poisson, si la mer tarissait ?
— Elle est intarissable, et cela, tu le sais,
Car, inlassablement, les fleuves la remplissent.
Sur de pareils sujets, pourquoi s’interroger ?
Quand on est dans le mer, il suffit de nager ;
C’est le courant, c’est l’eau, c’est le réel qui glisse.
Feuille détachée
La feuille est sur le sol, elle n’est pas flétrie,
Qui, tombant l’autre jour, s’est posée en douceur ;
Elle eut le temps de dire au revoir à ses soeurs
Avant de s’exiler vers une autre patrie.
Vent, vas-tu l’emporter ver la lande fleurie ?
Lui feras-tu goûter du marais la noirceur ?
Quand il faut se remettre aux mains de ce passeur,
On s’en va vers les lieux dont il a seigneurie.
De ces divers endroits, jamais nul ne revint,
Ni de l’obscur étang, ni du profond ravin ;
Des absentes, pourtant, les arbres ont mémoire.
Ainsi va l’univers, en sa noble raison,
Les feuilles en plein air, les gens dans leurs maisons ;
Et quelques vieux sonnets, tout au fond d’une armoire.
Démon du sentier
C’est un démon paisible, il a bon caractère,
Son âme est sans venin, son esprit n’est pas noir ;
Il n’est point abrité par un noble manoir,
Mais bien par une ruine, un humble tas de pierres.
Son tranquille intellect n’a percé nul mystère,
Il voit dans le réel ce que chacun peut voir ;
Il ne nous vante point son modeste savoir,
Son discours est limpide et sa parole est claire.
Il ne sait presque rien de l’inframonde immense,
Il n’y va pas souvent, c’est rare qu’il y pense ;
Il préfère marcher ou rêver dans les bois.
Quand vient le vert printemps, la nature s’éveille ;
Devant cette splendeur, le démon s’émerveille,
Trouvant que l’univers a d’élégantes lois.
Sagesse de l’ambilope
Dame Ambilope est solitaire et sage,
Pour muse un barde a voulu la choisir ;
Mais elle a dit « J’aime trop mes loisirs,
Pour ton public je n’ai point de message ».
De toute ville elle fuit les parages,
Elle n’a point le goût des vains plaisirs ;
Nul ne connaît l’objet de ses désirs,
Ni de son coeur l’évanescent mirage.
Ce monde est-il illusoire à ses yeux ?
Et que lui sont l’inframonde et les cieux ?
Ce sont des points que nul ne peut comprendre.
Elle s’amuse, elle traîne au soleil ;
Mais son esprit est toujours en éveil,
Que l’on admire, et dont on peut s’éprendre.
Un ambiboeuf songeur
L’ambiboeuf sur la plaine a vu la nuit s’étendre,
Les chemins sont déserts et le vent souffle fort ;
Une étoile scintille et le village dort,
Au loin sonne une cloche, à peine on peut l’entendre.
Aux yeux de ce penseur tout cela n’est que cendre,
Ce qui maintenant vit dès demain sera mort ;
Il nous est demandé d’accepter un tel sort,
Quant à notre ambiboeuf, il daigne y condescendre.
Même si son parcours n’est pas jonché de roses,
Son âme n’est pas triste, elle est fraîche et dispose,
Son esprit est paisible et son coeur reste pur.
Il consulta jadis les sages de la Chine
Et retint leur leçon, qui est subtile et fine,
Et que dans son manoir il grava sur un mur.
Planète Diogandra
Sur ce globe tu vois des fleuves et des plaines
Que tu voudrais sans doute explorer de plus près ;
Tu aimerais marcher dans les sombres forêts
Où ne fut, jusqu’ici, nulle présence humaine.
Voyageur, n’y va pas, ça n’en vaut point la peine,
Sur un pareil projet tu peux tirer un trait ;
Cette étrange planète a de trompeurs attraits,
Les dangers sont nombreux, l’atmosphère est malsaine.
Va dans un autre lieu pour trouver ton bonheur,
Où l’on est bienvenu si l’on est randonneur ;
Où dans un ciel d’argent volent des hirondelles.
« Ne nous fréquente point, tu recevrais des coups,
Tu en souffrirais fort, ça nous plairait beaucoup »
Ont dit les habitants à la langue cruelle.
Grande salamandre
Plus sobre qu’un dragon, plus forte qu’un lézard,
Elle servit de maître aux sages de l’Empire ;
Son âme a la teneur du feu qu’elle respire,
Elle détient la clé des lois et du hasard.
La Dame Salamandre est aimée d’un renard
Dont pour elle souvent j’entends sonner la lyre ;
Il lui écrit des mots qu’elle a plaisir à lire,
Il lui fait découvrir la Forêt de Sénart.
Quand Noé sur sa nef les bêtes rassembla,
Elle fut la dernière, et le vaisseau trembla,
On entendit alors le rire du gorille.
— Salamandre, ce monde est-il bien à ton goût ?
— Oui, dans ce ramassis de sages et de fous,
On peut trouver aussi beaucoup de joyeux drilles.
Monument bizarre
Ce monument est-il celui d’un homme
Ou d’un démon, ou d’un je ne sais quoi ?
Car aucun mot ni date ne s’y voit,
Un mort est là, qui dort sans qu’on le nomme.
De leurs discours les morts sont économes,
Depuis toujours, le silence est leur loi ;
Les questionner, ça se fait, quelquefois,
Mais c’est ardu d’interrompre leur somme.
Sur un défunt, faut-il faire un roman ?
Se taire est mieux, tel est mon sentiment,
Laisser le corps retourner à la nuit.
Ne craignons pas la froide impermanence,
Car le trépas nous sauve de l’ennui,
Des vains désirs, des vaines souvenances.
Re: Sagesse du pluvian
Ben alors pourquoi tu en parles, s'il vaut mieux ne pas en parler, hein ? !!
Nuage- Seigneur de la Métaphysique
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Couronne sans roi
Cette couronne d’or n’appartient à personne,
Elle qui pourtant fut l’objet de tant de soins :
Beaucoup de rois ont dit « Je n’en ai pas besoin,
Même si la facture en est subtile et bonne. »
Les nobles courtisans qui ces rois environnent
Entendent leurs propos qu’ils ne comprennent point ;
D’un maléfice obscur ils se pensent témoins,
Auquel les enchanteurs ou les démons s’adonnent.
Ces braves souverains en ont d’autres, ma foi,
Que leurs prédécesseurs portèrent autrefois,
Et qui du temps jadis conservent la mémoire.
Qui donc acceptera cet étrange cadeau ?
Pour n’importe quel chef est trop lourd ce fardeau,
Qu’il soit sans prétention, qu’il soit chargé de gloire.
陰瓶陽瓶 === Yinbottle and Yangbottle
Pinard du sage ou vin du fou,
Pour les deux ce breuvage est doux ;
Vin quotidien, vin de la fête,
C’est de nos repas l’exégète.
Mes amis, venez boire un coup,
J’ai ce qu’il faut pour votre goût ;
Les marchands de vin sont honnêtes,
Volontiers chez eux je m’arrête.
C’est du meilleur que nous voulons,
Du vin du Pays des Merveilles ;
Sur son drapeau sont deux bouteilles.
Que le repas soit court ou long,
Que Bacchus veille ou qu’il sommeille,
Vers ce dieu nous nous en allons.
Monstre de gueules
C’est un monstre effrayant, ravageur de forêts,
Plus d’un chasseur tremblait en trouvant ses empreintes ;
Nulle monstresse n’a recherché son étreinte,
Si c’était advenu, la rumeur le saurait.
Quand sur son territoire un gibier s’égarait,
Il se trouvait saisi d’une terreur non feinte ;
Cerbère pourtant put s’en approcher sans crainte,
Ils restèrent tous deux face à face, en arrêt.
Artémis autrefois, qui de lui fut aimée,
Craignit un bref instant d’en être désarmée,
Héraclès la sauva, l’universel héros.
Aujourd’hui, semble-t-il, moins de monstres circulent,
On ne rencontre plus le valeureux Hercule
Qui, nous dit un récit, fut son propre bourreau.
Bastide du zérogame
Au fond de sa cellule un ermite lisait
Les lettres de la Nonne à sa soeur Marguerite ;
Elle y nommait l’évêque à l’immense mérite,
Ayant bien retenu tout ce qu’il lui disait.
Cette sainte lecture au ciel le conduisait,
Son esprit n’étant plus abusé par des mythes ;
Ensuite il traversait l’espace sans limites,
En un heureux néant son coeur se réduisait.
En le voyant ainsi, Lilith fut stupéfaite,
Elle le crut l’égal des dieux et des prophètes
Et demanda son nom, d’une petite voix.
Prends garde à cette voix, je te le recommande,
Adam aux temps lointains en eut la réprimande ;
Puis encore après lui, des princes et des rois.
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https://paysdepoesie.wordpress.com/2015/01/12/la-brune-nonne/
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https://paysdepoesie.wordpress.com/?s=Dupanloup
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Ayant quitté la porcherie
Captif je fus jadis, ce temps lointain me semble,
Je partis en courant, nul ne sut m’attraper ;
Un valet fut très vif, mais il a dérapé
Quand il voulut franchir le pont de bois qui tremble.
J’avais des compagnons, et nous dormions ensemble,
Mais de tels souvenirs en moi sont estompés ;
Si je disais leurs noms, je pourrais me tromper,
Quelquefois, je confonds des mots qui se ressemblent.
Pour survivre en ces lieux, je peux me débrouiller,
Mes muscles ne sont pas totalement rouillés ;
Je suis un porc des bois, que veux-tu qu’on y fasse ?
Je rêve du passé quand je suis endormi,
Même de mes amours, les dieux me l’ont permis,
Que dans mon jeune temps je croyais voir en face.
Sphère improbable
Ce vieux griffon possède une sphère qui pense,
Et qui ne parle point, sauf à des taverniers ;
Il la porte avec lui dans un petit panier,
Profitant rarement de son intelligence.
Dans l’hivernale bise ou dans l’air printanier,
Il est accompagné de cette transcendance ;
Il lui fait admirer les fleurs d’impermanence,
Mais elle croit revoir celles de l’an dernier.
La sphère peut mourir, mais elle peut revivre,
Elle qui ne fait point de projets d’avenir
Et qui des jours anciens n’aime rien retenir.
Le tavernier me dit qu’elle n’est jamais ivre,
Mais que parfois son âme a des reflets vermeils,
Et que l’odeur du vin la tire du sommeil.
Sagesse du chanvre
Cette feuille n’est pas un objet de mépris,
Aristote et Platon la cueillirent ensemble ;
Même le fier Socrate en parla, ce me semble,
Qui d’un dur tribunal ne fut pas bien compris.
Sur un sujet pareil, j’ai rarement écrit,
Qui cependant les gens festivement rassemble ;
On se met à planer, l’âme s’éveille et tremble,
Le coeur n’écoute plus ce que lui dit l’esprit.
As-tu goûté un peu de cette herbe divine ?
As-tu donc fait l’essai de cette saveur fine ?
Ne me dis pas que non, toi qui es si subtil.
Castaneda décrit la petite fumée
Par laquelle est vraiment la peine consumée,
Et par laquelle aussi… mais, j’ai perdu le fil.
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