Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Deux grands sorciers
image de l'auteur
Magiciens depuis leur naissance,
Vivant dans un noir bâtiment,
Ils agitent leurs mains, formant
Des hiéroglyphes de puissance.
Tous les secrets de l’existence,
De son subtil accroissement,
Ils les savent, par sentiment
Ainsi que par intelligence ;
Ils ont fait un livre abrégé
Où ces mystères sont logés,
Avec de bien belles Images,
Des proverbes, des faits divers,
Et même, un délicat hommage
À notre héraldique univers.
Maîtresse des hérissons
image de l'auteur
Au fond d’un univers fané,
Dix-sept hérissons se bousculent ;
Leur président gît enchaîné
Au mitard, où l’air mal circule.
-- Président d’illustre mémoire,
Ne craignez-vous point le bûcher ?
-- Me sauvera la stryge noire
Qui sur le toit vient se jucher ;
Elle rongera maille à maille
Chaîne et boulet, de bout en bout,
Cette maîtresse qui se raille
Du tribunal à quatre sous.
Nef de l’ange étrange
image de l'auteur
L’ange étrange est joyeux, ainsi qu’un sansonnet,
Il sourit tout le jour, sa voix est grave est tendre ;
Quand il voit de la nef la voilure se tendre,
Il chante au vent du Nord les chansons qu’il connaît.
La nef, vers le ponant, s’éloigne sans attendre ;
L’ange, à cette occasion, improvise un sonnet,
Les nuages au ciel ne cessent de s’étendre,
Comme des nénuphars aux tableaux de Monet.
Anges de ce tonneau n’entrent point dans l’Histoire ;
Nul chef-d’oeuvre ne sort de leur humble écritoire,
Il ne sera jamais quelqu’un de très connu.
Or, tu le vois, baignant dans sa modeste vie,
Son coeur en est comblé, son âme en est ravie,
Ange sans possessions, sans fief, sans revenus.
Maître et papillon
image de l'auteur
S’étant assis dans l’herbe rousse,
Le maître, à l’ombre d’un buisson,
S’endort presque, mais un frisson
Lui procure une pensée douce :
«Ce papillon dépourvu d’ire
Dans ce jardin, s’endort parfois ;
Est-ce lui qui rêve, est-ce moi,
Quel érudit saurait le dire ?»
Il prend une bouteille ronde,
Pleine de vin, et non de fiel,
(Quel plaisir est plus naturel ?)
Et puis s’absente de ce monde.
Lions océaniques
image de l'auteur
Ils ont servi le roi Nabuchodonosor
Et reçu d’Antarès la lumière rougie ;
Nos deux compères sont devenus, par magie,
Les féroces gardiens d’un écu bordé d’or.
Plus que l’aigle qui prend au matin son essor
Et plus que les démons de la mythologie
Que Dionysos entraîne en d’étranges orgies,
Les lions brûlent leur âme et déchaînent leur corps.
Nous autres, redoutant leurs griffes effilées,
Prions le charpentier venu de Galilée
De protéger nos nefs, lorsque nous naviguons ;
Car ces lions sont marins, et leurs fanions en berne
Frémissent, menaçants, sous le vent de galerne,
Comme vole un phénix, comme danse un dragon.
Diable-veau vert
image de l'auteur
L’heureux diable-veau vert rit comme une baleine,
Ne craignant ni la pluie, ni le soleil ardent ;
Ses regards amusés, alentour s’étendant,
Parcourent avec joie la colline et la plaine.
Il salue Maître Coq, trônant sur son clocher ;
S’il va boire en taverne, on lui ouvre une ardoise,
S’il choisit du tissu, c’est quatre sols par toise,
Il a droit aux plus beaux des produits maraîchers.
Je ne peux m’empêcher de sourire à sa vue,
C’est un vrai campagnard, un enfant du terreau,
Il peut manger du foin, l’été, par tombereaux,
Et, très facilement, m’accorde une entrevue.
L’oie de cause à effet
image de l'auteur
Une oie narre une histoire en son parler mignard
Et cela met en joie les marmots du domaine,
Surtout quand les méchants brandissent leurs poignards
En exhibant leur sombre et redoutable peine.
Le chevalier servant se montre plein d’égards,
Le soldat mécontent occit son capitaine,
Méduse tue les gens d’un funeste regard,
La sorcière ricane et se montre inhumaine.
La troupe des enfants n’en est jamais fâchée,
La peur est un plaisir, l’angoisse est recherchée,
C’est beau de découvrir des faits hors du commun.
Blanche-Neige est sauvée, la reine devient laide,
C’est le prince charmant qui porte le remède,
Et de tels visiteurs ne sont pas importuns.
Impératrice des salamandres
image de l'auteur
Salamandre aux jardins de joie,
Apportant ses soins diligents
Aux avettes, aux vers à soie,
Et même à des poissons d’argent,
Offre un banquet aux libellules,
Et quitte rarement des yeux
Le grand potager où pullulent
Mille carottes, sous les cieux.
La salamandre rajeunie
Savoure des raisins vermeils ;
Et redécouvre l’harmonie
De ses jardins, sous le soleil.
Coq de jour et coq de nuit
image de l'auteur
Le monde entre le jour et la nuit se partage ;
Or le ciel, ni la nuit, ni le jour, n’est amer,
Il se veut rassurant pour la terre et la mer,
Car il semble promettre un été sans orage.
Coqs de sinople et d’or règnent sur les rivages,
Et si leurs éperons sont durs comme du fer,
Leur coeur est adouci par les parfums de l’air
Qui leur tournent la tête, ainsi qu’un lourd breuvage.
Leur mère leur apprit la tendresse au berceau.
Ils ne sont pas grognons, comme sont les pourceaux,
Nul ne les vit jamais se servir de leurs armes,
Sauf s’ils sont sous l’effet d’un désordre amoureux :
Et de tels jours, pour eux, sont parfois douloureux,
Mais on les voit chanter au travers de leurs larmes.
Nef des macaques
image de l'auteur
Ce ne sont pas des forts en thème,
Ils ont l’esprit de l’escalier ;
Très bons navigateurs, quand même,
Amoureux de leur grand voilier.
Sur la mer, le soleil se couche,
Ce qui les met en grand émoi ;
Ne faisant point la fine bouche,
Ils vont se cacher sous leur toit.
Vous dont la forme est presque humaine,
J’envie votre réalité,
Navigateurs qui se promènent
Sur un vaisseau, de tous côtés.
Soleil vert
image de l'auteur
L’arbre aime le soleil, le soleil le ressent.
Ces amours, chaque jour, se retrouvent plus fortes,
Chaque matin leur ouvre un passage sans porte.
Ce n’est pas Cupidon, avec ses traits perçants,
Mais c’est le charpentier dont le vin est le sang,
Parlant à ses amis lorsque sa chair est morte,
Leur faisant accepter la lourde croix qu’il porte,
Et si le démon vient, gentiment le chassant.
Il faut peu de soleil pour qu’un tel arbre croisse ;
Qu’importe qu’en automne une feuille se froisse !
L’arbre meurt et renaît, mais lentement grandit.
Acceptant de bon coeur ce qu’un soleil promet,
Sa verte et bonne humeur ne s’épuise jamais ;
Ainsi, chaque printemps, cet arbre reverdit.
Petite vestale
image de l'auteur
Vestale en un temple de gloire,
Comme tu sais bien ton psautier !
Tu ne crains pas la tombe noire,
Mais tu pries pour le monde entier.
Ton âme est une moisson mûre,
Un champ de blé qui devient blond ;
Tu peux combattre, sans armure,
Cet ange qui devint félon.
Dans les chapelles bordelaises,
J'entends quelques voix te prier ;
Garde-nous de l'enfer de braises,
Bien trop chaud, même en février.
Planète des danseurs bicéphales
image de l'auteur
Tantôt posant leurs mains sur leur large poitrine
Et tantôt fléchissant leurs robustes mollets,
Je les vois tournoyer dans l’aube au teint de lait ;
Ils ont figure humaine et démarche caprine.
Baignant leurs pieds fourchus dans les eaux méandrines,
Ils offrent aux regards un antique ballet,
Tel que Poséidon en eut en son palais
Bâti dans les grands fonds de l’étendue marine.
Or, la vie est pour eux ce plaisir et ce jeu
Que leur bel enthousiasme anime de ses feux,
Faisant valser leurs corps qui semblent faits d’ivoire.
Tant qu’ils seront heureux et tant qu’ils seront forts,
Ils prendront leur plaisir sans penser à la mort,
Chargeant leur double chef du fardeau de leur gloire.
Cavalier aéroporté
image de l'auteur
Ce cavalier volant s’élève plus encore
Que, sur les horizons, la brume qui pâlit,
Et de la Voie Lactée peut parcourir le lit,
Les étoiles au coeur, et dans les yeux l’aurore.
Du décret de Newton il semble délivré,
On dirait qu’il n’est pas plus lourd que la lumière.
De sa grande altitude, il voit la Terre entière,
D’oxygène sevré, de vertige enivré.
Quelques anges pour lui fredonnent un cantique ;
Ils chantent sa vertu, et ne sont pas menteurs,
Les notes autour d’eux flottent avec lenteur,
L’air s’emplit de tendresse et de parfums mystiques.
Trois nefs bizarres
image de l'auteur
Sur cette nef de sable est un coeur, s'enflammant
Pour de folles amours, une âme jamais lasse
Des rêves qu'on poursuit, des songes qu'on enlace,
Au pays de Morgane et du prince charmant.
On voit sur la nef d'or s'allonger gentiment
Un oisif qui attend que les choses se passent,
Il ne se presse pas pour traverser l'espace,
On ne sait pas vraiment quels sont ses sentiments.
Or, sur la nef d'argent, vit depuis des années
Un gai compère moine, à la joie spontanée,
Qui ne se laisse pas brider par son surmoi
Je vois ces trois vaisseaux, alors, je m'en étonne,
Observer l'océan n'est pas si monotone,
Mais peut nous apporter la surprise et l'émoi.
Pierre Cauchon
image de l'auteur
Évêque, ton coeur plus ne bat,
Un démon vient, qui te capture,
Et tu traverses la toiture,
Sous un orage qui s’abat.
Te souvient-il de ton combat,
De la sainte sans sépulture,
Du tribunal et du débat,
De l'assemblée de forfaiture ?
Or, le charpentier qui tomba
Et qui subit d'autres tortures,.
Te pardonna-t-il, ici-bas ?
De Lucifer, sois la pâture.
La papesse Jeanne
image de l'auteur
D’où venait cette nonne ? Était-ce de Cythère,
Ainsi qu’un cardinal en un temps le pensa ?
L’Histoire, à ce sujet, point ne se prononça,
Il se peut qu’à jamais cela reste un mystère.
Pour le trône sacré, la charge fut légère ;
Même, en la grande salle, un jour, elle dansa,
Mais ses pesants devoirs jamais ne délaissa
Auxquels, nous apprend-on, bien d’autres dérogèrent.
En rêve je revois sa grâce et sa beauté,
Son humour, ses regards, sa candeur, sa piété :
Ronsard, viens à mon aide, et prête-moi ta plume !
L’homme ne peut faillir, quand Ronsard le conduit,
Et chaque rimailleur qui son oeuvre poursuit
Produira des écrits meilleurs que de coutume.
Terre du roi de sable
image de l'auteur
Au bord du monde, il est une terre inconnue,
Au point où l'horizon part rejoindre les nues ;
Les tourments, dans ce lieu, s'étant évanouis,
On sent planer dans l'air des parfums inouïs.
Les druides, quelquefois, y vont par la pensée,
Se protégeant, sitôt la route commencée,
Par la grâce d'un sort jamais interrompu :
Les monstres du chemin ne sont jamais repus.
Roi de sable, tu es seigneur de fantaisie,
Monarque des rimeurs, maître de poésie,
Au très noble discours, au bien plaisant abord,
Ta coupe de sagesse est remplie jusqu'au bord.
Adoption de Romulus et Rémus
image de l'auteur
La vestale, en songeant au dieu qui s’est enfui,
Berce les deux enfants de sa chair rayonnante.
De ces brèves amours, ils sont le tendre fruit,
Mais elle craint de Zeus la colère tonnante,
La vengeance des rois, la fureur des Bacchantes.
Cherchant un protecteur, elle va dans la nuit
Afin d’y retrouver des présences errantes ;
Arès ne pourra pas l’assister, quant à lui.
Les mauvais sorts sont là, violents comme des houles,
C’est alors que près d’elle, une louve déboule :
De cette créature, on peut craindre l’assaut...
Or, la bête s’approche et lui parle sans fièvre,
Et les mots apaisants qui tombent de ses lèvres
Disent qu’elle aimera ces princes au berceau.
Ambiphants cosmopolites
image de l'auteur
Grands migrateurs, sur leur route, ils oublient
Ce que prisa leur coeur, immensément,
Soit leur mémoire est, hélas, affaiblie,
Soit c'est l'effet d'un souvenir qui ment.
Ils ont du vin devant eux sur la table
Qui au jardin les accueille, il fait beau ;
Au fond du parc se dressent des tombeaux
Couverts de lierre, et de fleurs adorables.
De tout quitter, le faites-vous exprès ?
Laissant vos morts privés d'honneurs posthumes,
Vous poursuivez votre long chemin, très
Soumis au vent, comme l'est une plume.
Un oiseau lacanien
image de l'auteur
Le faucon lacanien est un buveur de sève,
Il en fait du nectar, il la transforme en sang,
Il est Horus, le dieu dont le monde est le rêve,
Il parcourt le cosmos de son vol incessant,
Il franchit la montagne et plane sur la grève
Où voudraient l’affronter mille démons pensants ;
Il tourne autour d’une île, il plonge et puis s’élève,
C’est Horus le vainqueur, c’est Horus le puissant;
Nul tigre ne surgit pour le mordre à la gorge,
Il ne craint aucune arme issue d’humaine forge,
Il est maître du temps comme des éléments.
Le peuple contre lui jamais ne se soulève,
Son prêtre dit pour lui des oraisons, sans trêve :
Hathor, la Sainte Vache, en fera son amant.
Trois sourires
image de l'auteur
Le sourire céleste est la marque d'honneur,
Le reflet de celui qu'avait le Créateur
Lorsqu'il donna la vie à son cousin le Diable,
Farce du bon vieux temps et blague mémorable.
Le sourire terrestre est parfois infidèle
À ces notes qui font que la vie est plus belle,
Mais il est salutaire à qui lance un pavé
Dans la mare où les vieux ont trop souvent bavé.
Sourire d'inframonde est sourire de garce
Dont je ne saurais plus, aujourd'hui, que penser ;
Mais La Fontaine a dit, en manière de farce,
Que, dans une détresse, il suffit de danser.
Deux saintes vaches
image de l'auteur
Ces deux vaches de Dieu ont une fort belle âme,
Ainsi que des agneaux, dans ces temps rigoureux ;
Et ces deux bovidés ne feront rien d’infâme,
Même sous l’impulsion de leur corps amoureux.
Vivre la sainteté, ce n’est pas douloureux,
Pas plus que de tracer une phrase au calame ;
Et l’ascèse n’est pas une tranchante lame
Qui pourrait mutiler ces muscles généreux.
Une vache sacrée se distingue entre mille,
Rien que par le parfum que sa corne distille,
Qui peut rendre gentils presque tous les affreux.
Le blason de la vache est un noble mélange
Des monstres de ce monde et de son maintien d’ange,
Comme sont mélangés les faibles et les preux.
Tripode bicéphale
image de l'auteur
C’est un brave monstre, aimant bien la vie,
Il boit comme quatre, il mange pour deux,
Mais son chaste coeur n’a pas d’autre envie,
Il ne rêve pas d’être un amoureux.
Ça lui arrivait pendant son jeune âge,
Mais il a déjà plus de soixante ans,
Ainsi, dans son humble et petit ménage,
Il passe, tranquille, automne et printemps.
Il a fréquenté, jadis, de grands sages,
Il a partagé de joyeux banquets ;
Où sont-ils allés, ces gens de passage ?
Dans un cimetière, ou dans un troquet ?
Planète des basilics
image de l'auteur
Les basilics ne sont pas sans défense :
Ne les fâchez, car ils vous maudiront,
Vous, votre rue et tous les environs,
C'est à cela qu'ils mettront leur constance.
Par la pensée, ne leur faites offense,
Dans votre esprit, sans problème, ils liront ;
Vos jours heureux aussitôt finiront,
Il est ainsi, leur goût de la vengeance.
Certains d'entre eux, d'aspect plus débonnaire,
Vous paraîtront un peu moins sanguinaires :
Mais ce sont tous des monstres sans merci.
À mon avis, la solution parfaite
Est de toujours éviter leur planète :
Ils n'en auront, d'ailleurs, aucun souci.
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