Sagesse du pluvian
+2
Ladysan
Cochonfucius
6 participants
Page 39 sur 40
Page 39 sur 40 • 1 ... 21 ... 38, 39, 40
Deux licornes d’azur
image de l'auteur
Ayant apaisé leur esprit,
Les licornes sont à l’ ouvrage :
Elles assemblent des images
Pour un blason, loin de Paris.
La plus jeune des deux sourit,
Ce qui embellit son visage ;
Elle choisit, c’est son usage,
Les plus aimables coloris.
Une matinée tout entière
Pour travailler dans la lumière,
Sans de leur table se lever.
Avec leur fine intelligence
Elles tracent, sans complaisance,
Le blason le plus achevé.
Animaux érudits
image de l'auteur
Les animaux, menant une vie indolente,
Empilent des bouquins, presque jusqu'au plafond,
En vue d'une lecture harmonieuse et lente,
Cherchant dans chaque texte un message profond ;
Quand la chambre, au matin, de rose se colore,
Un gros livre sur eux exerce son attrait,
Animaux érudits sont lecteurs dès l'aurore,
De Michel de Montaigne ils semblent un portrait.
Car la vie d'un lecteur est bizarrement fraîche ;
Comme le philosophe, installé dans sa tour,
Au profond d'un grimoire ils s'en vont à la pêche,
Ils n'ont pas d'autre envie, ils n'ont pas d'autre amour.
Psychanalyse de la licorne
image de l'auteur
La licorne se dit : «Je suis mal dans ma peau,
Seule, je ne pourrai pas y faire grand-chose,
Je vais donc, pour un temps, m’éloigner du troupeau,
Et voir le dinosaure aux jolies pattes roses.»
(C’est un vieux thérapeute, il est loin d’être sot,
Il peut analyser presque tout ce qui bouge,
Qu’on soit près de la tombe ou sortant du berceau,
Qu’on soit vieille licorne ou jeune poisson rouge).
La licorne éveilla tous ses souvenirs morts,
Retraçant le malheur, la honte, le remords,
La vie insignifiante et la soudaine gloire.
Le dinosaure a dit : « Rien de mal dans ce deuil,
Puisque les instants morts n’ont jamais de cercueil,
Crois donc en la lumière au fond de la nuit noire».
Tétraboeuf
image de l'auteur
Le tétraboeuf, plus beau qu'un ange,
Ne boit que du vin de Bordeaux ;
Un oiseau chante ses louanges,
Un pluvian perché sur son dos.
Ne craignant ni soleil, ni pluie
Cet infatigable piéton
N'a jamais besoin de bâton,
Car c'est sur sa foi qu'il s'appuie.
Vient le temps des grappes vermeilles,
De la vigne il longe les bords
En songeant à du vin plus fort
Et plus doux que du miel d'abeille.
Arbre de gueules et d’argent
image de l'auteur
De gueules et d’argent est l’arbre d’Apollon,
Il sert à couronner les bons sonneurs de lyre ;
Jamais il n’est coupé pour bâtir un navire,
Jamais on n’en fait d’arcs ou d’instruments félons.
Ne craignant ni Phébus, ni le dur Aquilon,
Il vibre dans le soir aux accents de Zéphire ;
En cas d’orage, il dit : «Ça pourrait être pire»,
Ses branches dans le vent jouent comme des violons.
Ses deux côtés jumeaux l’un contre l’autre vivent
Dans les saisons de l’an qui toujours s’entresuivent
Tout aussi sûrement que le jour et la nuit :
Pour cet arbre, le temps ne s’en va point, il passe
Comme un ouroboros, lui-même se pourchasse :
Car le temps, sans repos, se rejoint et se suit.
Deux ours de gueules
image de l'auteur
De gueules, deux ours aux dents blanches
Montent la garde jour et nuit,
Un seul écu leur sert d’appui,
Ils ont l’autre main sur la hanche.
Ces deux guerriers n’ont jamais fui ;
Et, jour après jour, ils s’entraînent
En portant des marmites pleines
Au druide qui vit loin du puits.
S’il survenait une tourmente
Pire que celles d’aujourd’hui,
Ils braveraient l’éclair qui luit
Et ne décevraient nos attentes.
Empereur des reptiles
image de l'auteur
De ce grand Empereur, la chair est tiède et blëme ;
Ce monarque sans loi ne rend de culte à rien,
Et quand il vit Patrick, un ermite chrétien,
Ce serpent s’éloigna comme du diable même.
Il est doux, cependant, pour les dames qu’il aime ;
Elles vont admirant son auguste maintien.
Il sait récompenser tous ceux qui font le bien,
Pour les autres montrant une rigueur extrême.
Il se souvient d’un prince aux curieux cheveux blonds,
Qui, lui parlant souvent, jamais ne dit son nom ;
Un doux enfant qui fut d’une rose idolâtre.
D’une faveur qu’il fait, nul ne se montre ingrat :
Le prince, le renard, le phénix ou le rat,
Tous, il les aide, un jour, à quitter le théâtre.
Royal clébard
image de l'auteur
C'est un chien couronné, dont l'âme est fort subtile ;
De son vaste verger, il surveille les fruits,
Mais en laisse cueillir aux pauvres qui s'exilent,
Il n'est guère de roi plus généreux que lui.
On sent dans ce jardin l'odeur des pêches mûres,
On y entend aussi le criquet striduler ;
Cette chaleur d'été n'est pas une torture
Si, dans le frais ombrage, on vit dissimulé.
Quelques moines d'azur, célébrant Aphrodite,
Savent que ce grand roi les garde du danger ;
On peut bien les traiter de joyeux cénobites,
Ils prennent tout leur temps pour boire et pour manger.
Le roi Nemrod
image de l'auteur
Nemrod, un grand chasseur, un seigneur sur la terre,
Prenait, en premier lieu, du gibier pour autrui,
Puis, s’il y en avait, le reste était pour lui ;
Il allumait son feu entre trois lourdes pierres.
Il était comme l’aigle aux généreuses serres
Quand il capture un lièvre et qu’il s’en va, sans bruit,
L’offrir à ses enfants ; car cet aigle est conduit
Au cours de ses actions, par son coeur débonnaire..
Nemrod jamais ne fit résonner les canons
Et jamais n’arbora d’orgueilleux gonfanon,
Ce roi se contentait de ses modestes proies.
Le soir, il s’asseyait tout en haut d’une tour,
Composant des sonnets sur le monde alentour,
Un barde nous l’enseigne, il convient qu’on le croie.
Corps glorieux
image de l'auteur
Sur le caveau s’en vint un grand nuage sombre
Et la voix de l’Esprit, comme un souffle dans l’air,
Semblait la voix du monde et la voix de cette ombre,
Ou le chant de l’abîme, ou celui de la mer.
Un encens inconnu s’exhala par bouffées,
J’entendis des soldats les plaintes étouffées ;
La trompette des morts venait de retentir ;
Du jardin, les gardiens ont préféré sortir.
Peu après, Madeleine, étouffant ses sanglots,
Apporta du parfum, pour le verser à flots ;
Tu seras consolée, vaillante Madeleine,
Le nouveau jardinier soulagera ta peine.
Hexacéphales
image de l'auteur
Ils narguent les typhons et bravent les orages ;
Maîtres de leur plaisir, maîtres de leurs douleurs,
Ni les jours fatigants, ni les petits malheurs,
Ni l’ennui quotidien ne les mettent en rage.
On les voit piétiner aux humides rivages,
Se signalant de loin par leur claire couleur.
Les oiseaux de leur voix, ces monstres de la leur
Célèbrent les beaux jours en un joyeux tapage.
Devant un contretemps, ces fiers routards, au lieu
D’en incriminer l’homme, ou le sort, ou les dieux,
Gardent un doux silence et poursuivent leur quête.
La sagesse d’antan, je la vois dans leurs yeux
Dont jamais ne surgit un regard furieux,
Maîtres de jours d’été, maîtres de la tempête.
Tripodes arctiques
image de l'auteur
La moitié de l'année les voit sous des cieux sombres,
Et, pendant cet hiver, leurs yeux luisent dans l'ombre ;
Si, sur le littoral, s'échoue un cachalot,
Ces tripodes gloutons surviennent au galop.
Ils mangent à leur faim, puis ils longent la côte,
Ils y mouillent leurs pieds lorsque la mer est haute ;
Nous aimons contempler ces animaux géants
Qui sourient, semble-t-il, de leurs mufles béants.
Ils errent par les monts, dévalant les cascades,
Traversant les glaçons qui forment des arcades,
Puis, assis au milieu d'un plateau rétréci,
Disent : « Le plus charmant des jardins, c'est ici ! »
Serpentaure
image de l'auteur
Il n’a jamais le temps de courtiser les dames,
La chasse emplit ses jours, et les combats aussi,
La vie du serpentaure est un constant souci,
Car ce monstre se brûle avec sa propre flamme.
Il ne peut surmonter la crainte qui l’entame,
Le torturant, ainsi qu’un amoureux transi ;
Contre lui-même, hélas, son coeur est endurci,
Telle est l’étrange loi qui dévore son âme.
Vainement ses amis le confortent, alors
Que la haine de soi fait trembler tout son corps,
Et que son sang se fige en une froide glace ;
Trouve-t-il donc sa joie en pareille langueur ?
Ce serpentaure, ayant un cauchemar pour coeur,
Ne voudrait, cependant, jamais perdre la face.
Sagesse du pluvian
@ Cochonfucius,
Je vais faire sur le champ des captures d'écran sur tes sonnets.
Je vais faire sur le champ des captures d'écran sur tes sonnets.
Cirtice- Maître du Temps
- Nombre de messages : 877
Localisation : Victoriaville
Identité métaphysique : adepte de la sentience
Humeur : subjugué
Date d'inscription : 27/02/2011
Ambibouffons
Si la princesse souffre, ils sécheront ses pleurs ;
Le roi rhumatisant en oublie sa douleur !
Ces bouffons, en privé, sont des pères tranquilles
Partageant la douceur d'un confortable asile.
De rire, en leur refuge, ils n'ont point le désir,
Et pour unique amour, pour unique plaisir,
Le décor apaisant d'un paisible rivage
En terre verdoyante, au-delà du bocage.
Loin de le cour royale, ils vivent sans effroi,
Laissant venir les jours, laissant partir les mois.
Quel est donc le secret de leur étrange Muse ?
Elle ne le dit pas, c'est l'une de ses ruses.
Ambidestrier
Fort rapide à l’aller, aussi vif au retour,
Quand sa mission s’achève, il peut courir encore ;
De monter ce coursier, son possesseur s’honore,
Le jour de son achat fut vraiment un bon jour.
De ce petit royaume, il fit vingt fois le tour,
Il en connaît la faune, il en connaît la flore,
Il a vu le couchant et contemplé l’aurore,
Trouvant chaque province un aimable séjour :
C’est le meilleur cheval, le respect lui est dû,
Et pour son cavalier, jamais de temps perdu :
Pour aller au combat, pour aller à la fête,
D’une telle monture est si grand le pouvoir
Qu’elle passe en valeur les plus nobles avoirs,
Animal de plaisir, animal de conquête.
Minocoqs
image de l'auteur
Ils n’ont jamais de bottes,
Mais ne font rien de vil ;
Ils sont assez subtils,
Bien que buveurs de flotte.
Jamais de parapluie ;
Leur épiderme boit
Cette eau fraîche qui choit
Et que point ils n’essuient.
Qu’importe la saison :
Les minocoqs précaires
Se montrent débonnaires
Et doués de raison.
Hexapode élégant
image de l'auteur
Il marche dans la plaine, il trotte sur la dune,
Il sait se faufiler par la brèche d'un mur ;
Par les petits sentiers dont les cailloux sont durs,
Il s'avance à minuit, progressant sous la lune.
Près des étangs perdus où croupit une eau brune,
L'hexapode élégant construit un abri sûr.
Il est presque invisible, en son refuge obscur,
Il ne reçoit jamais de visite importune.
S'il vient un cauchemar, tel un tourbillon noir,
Il s'éveille, et bientôt retrouve son espoir ;
Il sourit aux taillis qu'un silence recouvre.
Une ruche, au matin, lui offre un peu de miel ;
Il reprend son errance en bénissant le ciel,
Tandis que, devant lui, un étroit chemin s'ouvre.
Porcs-valets
image de l'auteur
Ce sont les porcs-valets, contents de leur destin,
Apportant à Monsieur le journal du matin ;
Ils ne lâcheraient pas l'emploi pour un empire,
Chacun se veut ilote, esclave, ou même pire.
L'un se prend pour Scapin, l'autre pour Michel Droit ;
Et toujours, vaillamment, chacun porte sa croix,
L'âme par le service étant illuminée,
Le corps s'embellissant de vestes galonnées.
Bien plus que d'Henri Quatre, à deux pas du Pont-Neuf,
Ils sont admiratifs, à Poissy, de Louis Neuf,
Non tant pour la beauté des prières du sacre,
Mais pour la sainteté qu'il eut dans les massacres.
Ambibonhomme
image de l'auteur
L’ambibonhomme, il est fou, mais pas con,
Mangeant du pain sans retourner la terre ;
Dans sa cabane, il se rit du tonnerre
Et voit l’éclair du haut de son balcon.
Que répond-il, si nous le critiquons ?
Il n’est de ceux qui partiront en guerre,
Mais bien de ceux qui offriront un verre,
Et, dans le calme, avec lui nous trinquons.
L’ambibonhomme, il ne veut pas de maître,
Il vit sa vie sans le secours d’un prêtre,
De cette farce, il est le seul acteur.
À lui tout seul, il forme un bel ensemble ;
L’ambibonhomme est heureux, ce me semble,
Si tu m’en crois, sois comme lui, lecteur.
Tétragastéropode
image de l'auteur
Il s’éveille à la nuit, surgissement soudain,
On voit dans son regard que son âme est profonde ;
Tétragastéropode, ornement du jardin,
Tu es l’invertébré le plus savant du monde.
Tu vis surtout le soir, car tu crains la chaleur,
Tu aimes t’endormir quand ta panse est remplie
D’une large moisson de feuilles et de fleurs,
Festin se prolongeant jusqu’à l’aube pâlie.
Alors, tu vas dormir sous les grands arbres verts,
En rêve dévorant un pétale de rose,
Mollusque satisfait de l’immense univers,
Escargot fasciné par la beauté des choses.
Tétralicorne
image de l'auteur
Son destin est banal, mais n’est pas ennuyeux ;
Peu de pénalités, mais peu de récompenses,
Cet animal y songe, et, finalement, pense
Que de cette existence, il n’eût pu faire mieux.
Sa vie s’est déroulée en bien d’étranges lieux,
Auprès d’arbres donnant de bizarres semences ;
Quelques lieux, peu nombreux, dans l’univers immense,
Mais cela fait beaucoup, cependant, à ses yeux.
Un monde où les démons d’arrivisme se rongent,
Un autre monde où l’âme ignore le mensonge,
La ligne entre les deux, d’un contour incertain.
Le poème du jour, surgissement soudain,
Le chat trop chargé d’ans qui repose au jardin,
Cela existe-t-il ? La vie est-elle un songe ?
Vigne des anges
image de l'auteur
Les anges font leur vin, c’est le sang du Sauveur ;
Le sien, et non le leur, car ils n’ont pas de veines,
Mais, de ce doux breuvage, ils aiment la saveur,
Même sans le besoin d’y noyer une peine.
Nobles anges du ciel, affranchis du baiser,
Vous ne brûlez jamais d’une fièvre mauvaise,
Ni ne portez le deuil de vos rêves brisés,
Soyez donc vignerons, buvez tout à votre aise !
Bienheureuse la vigne au céleste chemin !
Et bienheureux le chant des anges qui picolent,
Bouteille sur la table et petit verre en main ;
En les voyant si gais, les humains se consolent.
Ambipie
image de l'auteur
L'ambipie au bois dort, et rêve un univers ;
Des milliards de soleils se lèvent et se couchent,
Des herbivores fuient les prédateurs farouches,
Un vieux poète boit sous la lune aux yeux verts.
En inframonde sont mille démons pervers ;
Le jargon très ancien qui surgit de leur bouche
Forme un texte bizarre, et chargé de mots louches,
Grondement des volcans, terrible vent d'hiver.
Vient un ange gardien que l'ambipie appelle ;
Il n'est ni de velours vêtu, ni de dentelles,
Mais porte, triomphant, la robe d'Osiris.
Il embouche trois fois la trompette dorée ;
Les humains, découvrant son image adorée,
N'ont pas noté que c'est un avatar d'Iblis.
Page 39 sur 40 • 1 ... 21 ... 38, 39, 40
Sujets similaires
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
Page 39 sur 40
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum