Sagesse du pluvian
+2
Ladysan
Cochonfucius
6 participants
Page 20 sur 40
Page 20 sur 40 • 1 ... 11 ... 19, 20, 21 ... 30 ... 40
Cavalière
image d'Herald Dick
L'Amazone avançant sur les herbages verts
Entre dans la lumière un peu décomposée ;
Sur la selle, légère, artistement posée,
Elle galope, vive, en terrain découvert.
Déjà le chaud soleil a repris la rosée
Et le grand cheval d'or, filant comme un éclair,
Emporte l'héroïne en ce monde trop clair,
Au monde révélée, au péril exposée.
Ne sachant qu'en penser, ils ont, les braves gens,
L'air perplexe devant ce parcours dérangeant,
Soupçonnant la révolte, ou même, l'insolence.
Mes chers concitoyens, vous n'êtes pas méchants,
Si vous ne comprenez la danse ni le chant,
Donnez-leur cependant l'hommage du silence.
Carte postale exotique
image d'Herald Dick
J’écris ces quelques mots, du pays des flamants,
Je les vois ramasser des coquillages blancs ;
Pendant leur temps de pause, ils font le pied de grue,
Cessant de travailler de leur bec en charrue.
Ici plein de bestiaux curieux, qui ne font rien,
On n’est pas sûr d’y voir des animaux terriens,
On ne sait pas toujours où se trouve leur bouche
(Ou alors, il faudrait leur offrir une mouche).
Le plus charmant d’entre eux, un oiseau campagnard
Avec un corps de dinde et un bec de canard.
Ancre d’or, livre d’argent
image d'Herald Dick
L’ancre d’or est posée sur une verte plaine,
Et le livre d’argent est jeté là, tout près ;
On y lit le destin des nains de la forêt,
Ainsi que la chanson des ondines de Seine.
Je reste à bouquiner, sans fatigue et sans peine,
On m’apporte du vin que j’avale d’un trait ;
Au livre sont aussi quelques jolis portraits
De dames de la cour et de charmantes reines.
Auprès de la plus noble est placé un sonneur
De biniou qu’accompagne (et ce lui est honneur)
Une harpiste fine, avenante et fort belle.
Mais la plus belle image aussi, le savez-vous,
Est la contribution d’un illustrateur fou
Qui de gueules et d’or montre une fleur nouvelle.
Soleil austral
image d'Herald Dick
Je suis le fier soleil, habitant du ciel bleu ;
Je m'y installe aussi lorsqu'il est nébuleux,
Et même dans la pluie (on dit que c'est étrange,
Mais c'est ce qu'aiment bien mes compagnons, les anges).
J'éclaire, devant eux, la voie des empereurs,
Le chemin des flâneurs, les boeufs des laboureurs,
J'interviens dans le conte et dans la parabole,
Sur drapeaux et blasons, je suis un vrai symbole.
Tous aiment mon trajet, lentement déroulé,
Mon regard rayonnant, mon corps immaculé,
Mon rôle en l'univers, qui est celui d'un Maître
(Mais je fais bien semblant d'obéir à vos prêtres !)
Aigles de jadis et naguère
image d'Herald Dick
D’aigle héraldique, honorable est la vie,
On se confie à notre entendement,
On nous respecte aussi, profondément,
Bien des oiseaux nous portent de l’envie.
De prédateur, reine n’est poursuivie ;
Sa Majesté s’épargne les tourments
Dont d’autres gens sont taxés lourdement,
Par l’adversaire, ou la foule ennemie.
D’aigle ou de reine un statut l’on acquiert
Si le destin, par chance, le requiert ;
N’en rien avoir n’entraîne pas de blâme.
Aigle serais, si tu l’eusses daigné ;
Ton caractère était plus résigné,
C’est d’un moineau que tu arbores l’âme.
Blaireau de proie
image d'Herald Dick
Dans les lointains règne un blaireau magique,
C'est presque un archange, un Hercule, un dieu ;
Nous sommes heureux qu'il soit pacifique,
Ou nous ne pourrions survivre en ce lieu.
Le barde du coin lui offre un cantique,
Deux ou trois quatrains faits pour ses beaux yeux ;
Garde notre terre, archange homérique,
Car notre rhapsode a fait de son mieux.
Blaireau dont le chant fait vivre et mourir,
Tu dois convertir nos âmes rétives ;
Qui d'être meilleur aurait le désir,
Qu'il reçoive ici ta parole vive.
Ange-lion
image d'Herald Dick
De gueules, l’ange-lion surgit de l’océan,
S’élève dans les airs, franchit les cieux sans nombre,
Puis se laisse flotter au firmament, sans ombre,
Sans bruit, sinon celui de son coeur de géant.
Il plane, loin du sage et loin du mécréant,
Loin de la ville neuve et loin des vieux décombres,
Loin du jour lumineux et loin de la nuit sombre,
Unique voyageur dans le ciel d’or béant.
Il ne regrette point la faune qui moutonne,
Son paisible bonheur n’a besoin de personne,
Pas plus que l’on ne craint d’être seul, quand on dort.
Le jour de ce ciel jaune est comme une nuit calme,
La crinière du lion flotte comme une palme ;
Peut-être, par instants, son coeur bat un peu fort.
Dupanloup dans Strasbourg
image d'Herald Dick
C'est un rendez-vous entre évêques,
Au joli palais de Strasbourg ;
On y mange des petits fours,
On rit dans la bibliothèque.
Le service est fait par des nonnes ;
Dans leur regard, que de douceur !
Restez donc avec nous, mes soeurs,
Vous nous servez mieux que personne.
Dupanloup dans les couloirs rôde,
L'appartement devient obscur ;
L'effroi, soudain, longe les murs,
On dirait une haleine chaude.
Bal de la licorne
image d'Herald Dick
Es-tu licorne, es-tu jolie belette ?
Au long du jour le demande mon chant ;
Je m’interroge, et, doucement marchant,
J’atteins la plaine où mon âme est seulette.
Un arbre mort valse comme un squelette ;
Le vent fredonne un air en le touchant,
Il fait bien chaud, même au soleil couchant,
Même dessous la lune rondelette.
Licorne pure, au jour que je te vis,
Mon coeur en fut totalement ravi,
Saisi fut-il par ta sublime danse ;
Mais, vivra-t-il pour apprendre à danser,
Lui qui n’a plus cet art de s’élancer ?
Il est toujours plus tard que l’on ne pense.
Pyramide en argent
image d'Herald Dick
Vaste tombeau d'argent, haut de trois mille toises,
Qui se va détachant sur les cieux de turquoise,
De l'aigle tu contiens le corps sacrificiel
Venu s'y reposer, encore en pleine gloire,
Ayant fait ses adieux à ce monde illusoire,
Et ton plafond voûté lui tiendra lieu de ciel.
Nul songe n'y survient, nul oeil ne s'y reflète,
L'oiseau de sable dort dans une paix parfaite ;
Tendre est l'obscurité, le silence fort doux,
Qu'orne un subtil refrain, qui vient on ne sait d'où.
Aigle électrique
image d'Herald Dick
Tout mon corps est baigné de ce fluide subtil,
Brûlant comme le feu, doux comme la rosée ;
Grâce à cette énergie, si finement dosée,
Je parcours l’univers, sans craindre les périls.
En entrouvrant mes yeux, qu’ombragent de longs cils,
Je fredonne pour moi la chanson composée
Par mon ami le barde, à tête reposée,
Qui n’est que badinage et fugitif babil.
Je ne veux pas régner, je ne veux pas soumettre
Les oiseaux, mes voisins, je ne suis ni leur maître,
Ni la divinité opprimant leur raison ;
Je ne serai jamais le héraut d’une caste,
Je volerai sans but, aux confins du ciel vaste,
Perdu dans le cosmos qui me sert de maison.
Songe d'un vieux roi
image d'Herald Dick
Un songe est survenu dans le repos royal :
Le corps du roi s'envole à travers sa couronne,
Devient chauve-souris, aux brises s'abandonne,
Mieux déguisé que par l'habit de carnaval.
Le vieux roi, transformé, se trouve si léger
Qu'il ne désire plus reprendre forme humaine ;
Il se voit bien plutôt voletant sur la plaine,
Oubliant le royaume, et cessant d'y songer.
Chiroptère d’argent
image d'Herald Dick
À l’image de Dieu, chauve-souris légère,
Tu planes sur le monde aux instants vespéraux ;
Ta figure est modeste, et non pas d’un héros,
À nos songes du soir, tu n’es pas étrangère.
Combien de fois j’ai vu ta forme passagère
Survoler, vers le soir, la biche et le blaireau,
Fantôme voletant dans l’odeur du terreau,
Petit elfe dansant au-dessus des fougères,
J’emplissais tout mon coeur de tes cris inaudibles,
Je voyais s’allonger tes ailes peu crédibles
Et j’admirais aussi ton museau de rongeur.
Et je m’interrogeais sur ta forme subtile :
Es-tu de notre monde, étrange volatile,
Ou sors-tu du cerveau d’un poète songeur ?
Des jeux éternels
image d'Herald Dick
J’ai vu, dans le ciel d’or, un archange immortel
Menacer le dragon qui hante un château rose ;
Cela fait bien des ans qu’ils font la même chose,
Accomplissant leur jeu, prenant l’air naturel.
Au-dessus d’eux, l’étoile et la lune joyeuses
Les trouvent, l’un et l’autre, absurdes, mais très beaux,
Comme un mot de Brassens, comme un vers de Rimbaud,
Comme les jolis traits sur une image pieuse.
La saveur du passé, peut-elle revenir ?
L’amie se baigne-t-elle à la claire fontaine,
Le page chante-t-il près du lit de la reine ?
Serait-ce une illusion que notre souvenir ?
Re: Sagesse du pluvian
image d'Herald Dick
Le roi de sable habite un fabuleux décor
Où ne souffle jamais le moindre vent contraire ;
Il y savoure ainsi des joies élémentaires,
Boire, et rire, et danser, sous le calme ciel d'or.
Puis il part visiter les provinces du Nord
Pour s'y désaltérer de la meilleure bière,
Il écoute les mots d'une servante fière
Attendant le retour d'un beau marin du port.
Cela fait au monarque une plaisante vie,
Lui dont la bonne humeur est bien digne d'envie,
Lui dont toute la gloire est en simplicité.
Ce roi sait savourer les douceurs qu'il consomme,
Il sait qu'il est bâti comme les autres hommes,
Sans qu'il cherche, non plus, à tous les imiter.
Petit roi forestier
image d'Herald Dick
Le roi des animaux profite de l'été,
Il part bûcheronner pas très loin de sa porte ;
Sans même se courber sous le bois qu'il emporte,
Il promène au sentier sa fière nudité.
Le chemin le conduit aux lieux de vérité :
Il s'y retrouve heureux, puisque son âme est forte,
Qu'il pourra se chauffer pendant la saison morte,
Auprès d'un joli feu qu'il aura mérité.
Hache du roi
image d'Herald Dick
Vient le roi, brandissant sa hache diabolique ;
D’autant plus effrayant est son rire ingénu.
Cet outil est sacré, c’est presque une relique,
Le bois tremble en voyant paraître l’acier nu
Qui jadis fut béni dans une basilique,
Par un vieux cardinal qui avait beaucoup bu ;
Et les enfants de choeur, de leurs voix angéliques,
Chantèrent, là-dessus, des airs du père Ubu.
Le bois et le monarque ont un rapport mystique,
Et cela crée entre eux quelques liens fantastiques :
C’est, du moins, ce qu’affirme un livre que j’ai lu.
Le roi marche, à présent, dans la forêt nordique,
Brandissant noblement l’instrument fatidique :
Arbres, veuillez mourir, et qu’on n’en parle plus.
Oiseaux-plantigrades
image d'Herald Dick
Le sommeil me surprend, apportant la vision
D'oiseaux qui, pour danser, ont des pieds d'ours polaires ;
Un monarque leur dit des mots protocolaires
Sur le côté sacré de leur indivision.
Que représentez-vous, grands oiseaux magiciens ?
La folie de l'été dans ses rumeurs d'orage ?
La grandeur du rhapsode au fabuleux courage ?
Rien, peut -être, le goût perdu des jours anciens.
.
Dernière édition par Cochonfucius le Mar 18 Aoû 2015 - 11:37, édité 1 fois
Un bel oiseau d’azur
image d'Herald Dick
Indifférent qu’il est aux jours de canicule,
Un bel oiseau d’azur a survolé la mer ;
Il reflète le ciel en traversant les airs,
On croirait voir passer un miroir de cérule.
Le rhapsode se croit cet oiseau qui circule,
Ami de la lumière et des gouffres amers ;
Baignant dans l’harmonie, un ton bleu, un ton vert,
La vague refroidie et le soleil qui brûle.
Cet horizon lointain, qui nous semble éternel,
Cette largeur des eaux, cette hauteur du ciel,
Toute cette atmosphère, étrangement brassée :
Ombres d’un univers assez mal défini,
Troublant comme un sonnet signé Pasolini ;
Un cosmos lumineux, mais dont l’âme est glacée.
Un carnassier végétarien
image d'Herald Dick
Le roi récolte des légumes
Pour lui-même et pour ses petits ;
Et de jolis fruits assortis,
Doux et légers comme des plumes.
Gentils carnassiers que voilà,
De chez eux, des chansons s'envolent,
Je n'en saisis pas les paroles,
Mais ça rime avec « Tralala ».
Le roi dans les bois de sinople
Ce soir est humblement perché ;
La reine est allée lui chercher
Un diadème à Constantinople.
Planète aux arbres d’hermine
image d'Herald Dick
Sur cet astre, l’on voit des arbres épatants
Qui présentent l’aspect de mouchetures denses ;
Au coeur de la planète, un petit lion qui danse,
Car il est, de son règne, assez fier et content.
Il occupe ce lieu depuis la nuit des temps ;
Rien ne change pour lui quand une horloge avance,
C’est, après chaque jour, un jour qui recommence,
Sans jamais rien de grave, et sans rien d’important.
Sur les arbres ne perche aucun oiseau qui crie,
Au sein de la forêt, nul ermite ne prie :
Le silence est profond, l’été comme l’hiver.
Ce lion noir est heureux, il n’a pas de mémoire,
Il ne calcule rien, il n’écrit nulle histoire,
Tout juste si, parfois, il trace quelques vers.
Lapin-triton
image d'Herald Dick
Au terrier sur la berge il s'engouffre, furtif :
C'est le lapin-triton, un animal qui passe
De rivière en prairie, qui ne tient pas en place,
Une entité bizarre, un monstre fugitif.
Il entend de l'ondin la timide chanson,
Mais il n'y répondra que par un long silence :
C'est le lapin-triton, un animal qui pense
Sans élever la voix, sans émettre aucun son.
Trois insectes magiques
image d'Herald Dick
Les trois scarabées d’or apportent la fortune ;
Par le zèbre magique, on peut s’en assurer,
Il suffit de l’attendre, il suffit d’espérer,
En observant, surtout, les phases de la lune.
Car ces bousiers dorés sont aimés de Neptune,
Sa faveur envers eux est faite pour durer,
Laquelle est le moyen de tout se procurer ;
Il suffit de savoir les dates opportunes.
Jamais un scarabée ne s’est montré menteur,
Ils ignorent l’emphase et les discours flatteurs,
Ils ont la probité vénérable des prêtres.
L’un s’appelle Gaspard, on ne peut l’abuser ;
Le deuxième, Melchior, et c’est le plus rusé ;
Et l’autre, Balthazar, c’est leur seigneur et maître.
Châtelaine transparente
image d'Herald Dick
Dans une forteresse
Toute en pierres d'argent,
Vit, invisible aux gens,
La douce enchanteresse.
Amie des hirondelles,
Elle observe le ciel ;
L'astrologue officiel
Lui en dit des nouvelles.
La dame est un mirage,
Un rêve, un songe vain ;
Je bois un peu de vin
Sous le lourd ciel d'orage.
Oiseau châtelain
image d'Herald Dick
L’aigle d’argent médite au seuil d’un château fort.
Du ciel d’azur, il voit un doux éclat descendre,
Le rêve de son âme est de flamme et de cendre,
Quelques airs de chansons lui viennent, sans effort.
Dans un profond silence, il trouve ses accords,
Il trouve quelques mots dubitatifs et tendres,
Aux horizons lointains, toujours, il croit entendre
Le neveu qui mourut en sonnant de son cor.
Au bout d’une journée, dis-moi ce qu’il en reste,
Un murmure, une plainte, une absence de geste,
Pas grand-chose, sans doute, ou alors, rien du tout.
Car cet aigle d’argent, c’est un roi sans royaume,
C’est un songe brumeux, c’est un pâle fantôme,
C’est un héros pensé par un rhapsode fou.
Page 20 sur 40 • 1 ... 11 ... 19, 20, 21 ... 30 ... 40
Sujets similaires
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» Sagesse du pluvian
» L'islam pyramidale : le groupe qadiriya boutchichiya
Page 20 sur 40
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum