Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Corbeau pensant
image d'Herald Dick
Un corbeau, débordant de puissance magique,
Observe la rivière à l'éternel courant,
Arborant, tout le jour, un air indifférent,
Un masque qu'on ne sent ni joyeux, ni tragique.
Jamais, quand vient le soir, on ne le voit buvant
En taverne, au comptoir ni même dans la salle :
Mais il goûte un peu d'eau qui coule, transversale,
Parmi l'herbe d'un pré ; il l'absorbe, en rêvant.
Mais nous, chers compagnons, sommes-nous des corneilles ?
Partageons-nous plutôt le nectar de la treille !
Tireur emplumé
image d'Herald Dick
L’archerie des corbeaux, pratique peu connue,
Leur permet d’attraper les poissons des ruisseaux ;
D’une flèche d’acier qui traverse les eaux,
La proie est transpercée aussitôt qu’elle est vue.
Puis, des concours ont lieu, entre tireurs rivaux :
Un arbitre savant pèse la flèche nue,
Une cible commune est alors retenue,
Un panneau que l’on dresse au milieu des roseaux.
Le public se répand en citations latines
(Les corbeaux ont parfois l’érudition mutine)
Et voudrait deviner qui saura viser mieux ;
S’affrontent sur le pré les arcs, les arbalètes
Que l’on fait manoeuvrer sans se prendre la tête,
Selon l’humeur du jour, à la grâce de Dieu.
Incube de sable
image d'Herald Dick
Un bel incube au château vint,
Barbu comme un grand-père ;
Il s’en vint au palais prospère
Pour y goûter le vin.
L’infante dit : « Bénissez-nous ! »
Et de sa voix qui tremble,
Le diable quelques mots assemble
Pour la fille à genoux.
Il chante, et cela peut surprendre,
Trois étranges quatrains ;
Le seigneur dit : « Vieux boute-en-train,
Veux-tu être mon gendre ? »
Cornes de gueules
image d'Herald Dick
Nous, cornes rouges, nous brillons
Sur une très noire personne ;
Allons, que nul ne s'en étonne !
Car rien ne vaut le vermillon.
La tête que nous habillons
De sable et d'argent se festonne ;
Riant à chaque heure qui sonne,
Elle est gaie comme un papillon.
Chef d'un démon de belle sorte,
Elle connaît les mille portes
De ce grand inframonde obscur ;
C'est un démon qui danse et chante
Sans aucune intention méchante,
Juste amoureux du bel azur.
Goupil de gueules
image d'Herald Dick
Le goupil rouge habite un escalier obscur,
Le goupil rouge habite une allée souterraine ;
Il habite un endroit où les fantômes traînent,
Il habite un logis qui ne voit point l'azur.
Mais il habite aussi une chanson magique,
Il loge dans un mythe, un fabuleux récit ;
Il en connait le coeur et les détails précis,
Jusqu'à la conclusion, jusqu'à la fin tragique.
Le renard est logé dans l'étrange terrier
Qui a, pour seule issue, le Jugement Dernier.
Dernière édition par Cochonfucius le Sam 18 Juil 2015 - 11:32, édité 1 fois
Serpent de sable
image d'Herald Dick
Je vis au fond des bois, je suis noir, je serpente ;
D’un lieu à l’autre lieu, je vais sans m’agiter,
De lune et de soleil j’absorbe la clarté,
Ou, d’autres fois, je songe à leur lumière absente.
De la sombre forêt, je connais chaque sente ;
J’aime par-dessus tout les recoins écartés
Que parfois, au matin, j’ai du mal à quitter,
Tant leur éloignement rend mon âme contente.
Merci à ces vallons qui m’ont tant secouru
Quand, au fil des années, je les ai parcourus,
Sous le brûlant soleil ou sous l’averse fine.
Je subsiste en ces bois, sans crainte et sans ennui,
En savourant, ce jour, les parfums d’aujourd’hui,
Dont, pour mon humble corps, la fragrance est divine.
Mélancolie couronnée
image d'Herald Dick
Un lion baignant son corps d'argent
Dans la mélancolie
Entend que résonne le chant
D'une lyre en folie.
Il entend la voix de la mer
Qui frappe le rivage,
Dont il ressent un goût amer
Au seuil de son grand âge.
Ah ! Mais soudain, voici qu'il pleut,
Les choses se détendent,
Le lion va dansant, tant qu'il peut,
Sur l'herbe de la lande.
Vagabondage d’un lion
image d'Herald Dick
Le roi des animaux suit la route brûlante,
Laissant pour aujourd’hui la chasse et le combat ;
Son corps avance au gré de sa démarche lente
Que rythme, au fil du temps, son puissant coeur qui bat.
Ce n’est le temps de rire, ou le temps du débat :
Tout au long du sentier, la rivière est coulante,
Où s’amuse la carpe, où la truite s’ébat ;
L’averse de juillet fait reverdir les plantes.
Cette sombre forêt, dont il aime la vue,
Est d’un aimable ombrage abondamment pourvue ;
Que lui importe, alors, tout son royal pouvoir ?
Voici ce qu’il ressent : un abandon extrême,
Un chroniqueur a dit qu’on a pu le voir, même,
Apporter quelques fleurs aux filles du lavoir.
Ciel rose
image d'Herald Dick
Sur fond de grand ciel rose, une muraille blanche :
Celle du fier palais du Seigneur Lion d'Azur.
Cinquante charpentiers ont élevé ce mur,
Dressant, aux quatre coins, des bouquets de pervenches.
Le roi des animaux se plaît en sa demeure,
Un logis de silence et de délectation ;
De la lecture, un peu, quelques méditations,
Du café le matin, des tartines de beurre.
Mais la chose qui plaît le plus au roi, c'est clair,
C'est de se souvenir des chansons de Robert.
Encore un château suspendu
image d'Herald Dick
Mon château vole en l’air, amis, le saviez-vous ?
De gueules, ce palais sur le grand ciel repose ;
Nous l’avons assemblé de singuliers cailloux,
Tous plus légers que l’air, c’est une étrange chose.
Il nous est un vaisseau, pour des voyages fous,
Le vent du Nord franchit sa porte à-demi close
Et le fait avancer vers des climats plus doux,
Vers d’immenses jardins où fleurissent les roses.
Ce palais de plaisir, ce château d’agrément
Au gré du bel été dérive doucement ;
Un tel séjour mouvant ne manque pas de charme.
L’intendant du manoir, plein de témérité,
Fait passer au seigneur un message irrité :
« Vous avez oublié d’y installer des armes ! »
Pachyderme d'argent
image d'Herald Dick
Le grand éléphant blanc, se levant à l'aurore,
Aime se promener dans la fraîcheur des bois ;
Il ne boit pas autant que son cousin le roi,
Respirant la rosée qui, fine, s'évapore.
Pour les trolls du jardin, il est un sûr appui ;
Ils se sont installés dans une tour géante
Que, dans sa marche lente,
Il emporte avec lui.
Roi des éléphants
image d'Herald Dick
Le roi des éléphants voyage en Angleterre.
Les breuvages divers lui plaisent plus ou moins,
Il parcourt les vieux bourgs et leurs petits recoins
Qui s’ornent de statues de grands héros de guerre.
Il aime le doux son de la pluie sur la terre ;
La verdeur de l’herbage et la blondeur du foin,
Les tavernes qu’on voit surgir de loin en loin,
Les sages paysans, tenant en main leur verre.
C’est un roi très modeste, il voyage caché,
En manteau rapiécé, en pantalon taché ;
Il s’installe au comptoir où les ivrognes rient,
Leur offre derechef un godet de liqueur,
Leur raconte une histoire où il met tout son coeur,
Avec sa bonne humeur qui n’est jamais tarie.
Astre d'indifférence
image d'Herald Dick
Le soleil dort dans les cieux comme
Un mort en son linceul,
Brave mort qui s'en va tout seul
Ainsi que tous les hommes.
Mais sommes-nous morts à ses yeux,
Nous tous dont se déploie
Chaque jour une immense joie,
Un plaisir merveilleux ?
Buvons un verre de champagne,
Chantons ces quelques vers,
Et que rien n'aille de travers
Dans nos vertes campagnes.
Alpiniste
image d'Herald Dick
Le grand fauve, tirant sa langue de velours,
Escalade les monts de pierre blanche et brune ;
Il est parti très tôt, sous l’oeil froid de la lune,
Vers la lointaine cime entraînant son corps lourd.
Au long du chemin raide, il grimpe, sans détours ;
C’est un versant alpin, ce n’est pas une dune,
Et pourquoi fait-il ça ? Serait-ce pour des prunes ?
Non, c’est pour le plaisir de ne plus voir sa cour.
Le roi des animaux, chaque fois qu’il s’élève
Loin de ses courtisans, fait revivre ses rêves,
Enivrant son esprit d’un air limpide et frais.
Parvenant au sommet, sa conscience frivole
Vers des Himalayas de délire s’envole,
De duc ni de marquis, son âme n’a regrets.
Lenteur du soleil d'or
image d'Herald Dick
Soleil installé dans les airs,
Soleil ami du vent sauvage,
Tu as fait mourir notre herbage ;
Mais notre coeur n'est pas amer.
Soleil, sans toi, la nuit est douce,
Chacun y prend son réconfort ;
Le lendemain, tes rayons forts
Font périr, en forêt, la mousse.
Mais il ne faut pas t'arrêter
À notre plainte, assez modeste :
Tu n'es pas un astre funeste,
Ce n'est pas toi qui fais l'été.
De pourpre à un crocodile d'or
image d'Herald Dick
Ce crocodile est vif, mais jamais agité ;
Il ne se soucie pas de son âme éternelle,
N'ayant jamais appris à compter avec elle,
Il est tout à son oeuvre et à sa volupté.
Il ne regrette pas de ne pas avoir d'ailes :
Dans l'onde, il manifeste assez d'agilité,
Sur terre, il peut courir avec rapidité,
À ces deux éléments, il reste donc fidèle.
Il ne se bâtit point une vie chaste et pure,
Ne souffrant pas beaucoup du dégoût des souillures,
Presque toute pitance étant propre, à ses yeux.
Il ne veut pas, non plus, fréquenter d'autres sphères ;
Elle lui suffit bien, cette vie passagère,
Cette plage d'argent que surplombe un ciel bleu.
Animal d'or et de sable
image d'Herald Dick
C'est un animal d'or au frémissant museau
Qui, tacheté de sable, arpente le coteau ;
Quand il entend sonner la cloche de midi,
Il dévore une proie, ainsi qu'on me l'a dit.
On ne l'observe guère, il vit loin des villages
Et fort vite se meut, sauf quand il prend de l'âge.
Mais, si j'en ai le temps, j'explorerai les lieux
Où chacun peut le voir, un instant, de ses yeux.
Roi des animaux de gueules
image d'Herald Dick
C’est un roi promenant sa royale grandeur ;
Sa couronne n’est point trouvée chez l’antiquaire,
Mais noblement issue d’un vieux trésor de guerre
Reposant dans la cave aux vastes profondeurs.
Du roi des animaux, la riante candeur
Fait que tous ses sujets le traitent comme un frère ;
Il aime se montrer n’importe où, sur sa terre,
Découvrant ses jardins faits d’ombre et de splendeur.
S’il passe en un verger, on lui offre une pomme ;
Dans le milieu du jour, il aime faire un somme,
Où simplement rêver, laisser le temps passer.
C’est le roi, semble-t-il, le plus paisible au monde,
Qui flâne au long du jour sur la terre et sur l’onde,
Et jamais ne voulant d’autres rois surpasser.
Sagesse de la toundra
image d'Herald Dick
Le vieux renne, sur le seuil,
Regardant venir le soir
Est un bestiau sans orgueil,
Un ami des arbres noirs.
Quand il tombe quelques gouttes,
On le voit, presque dansant
Sur le bas-côté des routes,
Rougi du soleil couchant.
Il est content de sa vie,
De la pluie, du ciel, de tout,
Et son âme en est ravie ;
Il est très sage et très fou.
Serpent qui plonge
Le serpent d’argent plonge en infernal séjour
Dont la rouge chaleur patiemment il endure ;
Cela fait plusieurs fois qu’il court cette aventure,
Traversant l’inframonde, et revenant au jour.
Dans le sous-sol il va porter des mots d’amour,
Surprenant des démons l’ombrageuse nature ;
Puis il prend, parmi eux, un peu de nourriture
Et glisse, nonchalant, sur la voie du retour.
Porter de la douceur en la contrée cruelle,
Cette tâche, pour lui, devient habituelle ;
Il la reprend sans cesse, il ne s’en lasse point.
En descendant là-bas, c’est chez lui qu’il retourne ;
Il est frère de ceux qui toujours y séjournent,
Se souvenant qu’il fut, jadis, au même point.
Aigle en contemplation
image d'Herald Dick
L'aigle se penche sur l'abîme,
Son regard est pensif ;
Un pâle rayon, sur la cime,
Vient d'un soleil tardif.
Que regardent tes yeux limpides,
Est-ce un isard danseur,
Est-ce une hirondelle rapide,
Est-ce un sombre chasseur ?
L'aigle qui contemple le monde
Le fait sans nul désir ;
Au val que la lumière inonde,
Dansent ses souvenirs.
Huitième village
image d'Herald Dick
De gueules sont posés, sur un chevron d’argent,
Six arbres arrachés, admirable est la chose,
Ainsi que l’aigle en chef, qu’accompagnent deux roses,
Puis en pointe la flamme, avec le fer tranchant.
Un tel blason d’azur, émail du firmament,
Est celui d’un village aux mille fleurs écloses,
Dont buveurs en taverne un soir paisible arrosent ;
On les a vus, ce jour, oeuvrer modérément.
Le village est inclus dans la ville orgueilleuse
Où grouille chaque jour une foule nombreuse,
Même dans son sous-sol, en des tunnels profonds.
Ces citadins, l’été, se révèlent plus tendres,
Et de meilleure humeur, et mieux faits pour s’entendre,
On s’aperçoit alors qu’ils n’ont pas mauvais fond.
Sonneur-sanglier
image d'Herald Dick
Sanglier noir, sonneur de cornemuse,
Tu mets la joie au coeur de la forêt ;
Plus d'un bestiau se dit qu'il lui faudrait,
Ainsi que toi, rendre un hommage aux muses.
Ta mélodie apprivoise un nuage
Qui est venu arroser mon jardin ;
On voit danser le blaireau et le daim
Au beau milieu du verdoyant herbage.
Sanglier noir, vas-tu former un groupe ?
Les animaux s'en viendraient t'applaudir ;
En les charmant, mais sans les assourdir,
Tu séduirais cette dansante troupe.
Vélo qui plane
image d'Herald Dick
L’extra-terrestre vole aux monts de Slovénie ;
Il va vers la planète où l’attend son amour,
Quelques étoiles d’or s’allument à l’entour,
Sa longue trajectoire en est moins alourdie.
Trop rester sur la Terre eût été maladie,
Donc, il était bien temps d’écourter ce séjour
D’un voyageur qui vint chez nous pour quelques jours ;
Et qu’il voyage en paix, lui qui nous étudie.
Tu trouves ce récit tiré par les cheveux ?
Bon, c’est une fiction, oublie-le, si tu veux,
Choisis, pour t’amuser, d’autres conteurs habiles.
Le vélo, à nos yeux, sera bientôt caché,
Alors, bien sagement, nous irons nous coucher,
Bercés par la rumeur de la terrienne ville.
Concert dans une rue
image d'Herald Dick
Un vieux musicien nous entraîne
En cette heure où le peuple boit ;
On entend fredonner sa voix
Et sonner les notes sereines.
Tout son visage est en éveil,
Il joue la musique éternelle,
Ainsi, nous vibrons avec elle,
Sous la caresse du soleil.
Plus tard, on va lui dire adieu,
Et la mélodie qui ruisselle
Guidera nos pas qui chancellent,
Le soir, à la grâce de Dieu.
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