Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Pays banal
Pays du monstre d'or, pays comme les autres,
Quelques champs de sinople et des cours d'eau d'azur,
Vieux arbres, vieux buissons, vieux chemins et vieux murs ;
Le monstre est fatigué, dans l'herbage il se vautre.
Dans l'inframonde rouge, on voit le Maître Cygne ;
Il se montre, entouré de créatures d'or
Qui boivent du bon vin et chantent un peu fort,
Aucun voisin ne râle, entends-tu, c'est bon signe.
Encore un jour qui passe, un jour de canicule,
Je l'orne du blason de ce pays banal ;
Je ne compose pas son hymne national,
De peur de composer un hymne ridicule.
Dialogue de juillet
Une double licorne interroge un oiseau
Invisible qui fuit la chaleur infernale :
-- Où trouve-t-on de l’air ? Une fraîche rafale ?
Est-ce au fond des forêts ? Serait-ce auprès des eaux ?
-- Licorne, je ne peux rafraîchir tes naseaux !
À toi de consommer des boissons tropicales,
Des élixirs secrets, des potions médicales
Que saurait concocter l’ondine des roseaux.
-- J’irai donc voir l’ondine, et qu’elle passe au crible
Ses fameux ingrédients, même les plus horribles,
Pour contrer les effets de ce soleil de feu.
-- Demain verra peut-être une heureuse nuée
Qui baignera l’herbage en sa fraîche buée ;
En attendant, rions, profitons du ciel bleu.
Temps des acrobates
Le petit soldat saute, on dirait qu’il s'envole,
Passe au-dessus d’un lion, tombe sur le côté,
C’est une acrobatie d’une étrange beauté,
Même si la pratique en apparaît frivole.
Le prince au chef de sable exécute une danse
Dans un tunnel d’argent, creusé sous le palais ;
C’est un déplacement qui n’est vraiment pas laid,
Le prince a du métier, ça semble une évidence.
Le public applaudit, boit de l’eau minérale ;
Quels spectateurs comblés ! Pas un d’entre eux ne râle.
Jeux matinaux
La danse des jongleurs et du taureau d'argent
Au tout début du jour éveille la nature ;
La place du village oublie la nuit obscure,
Ce grand jeu divertit les bêtes et les gens.
Le centaure entreprend un parcours diligent,
Contournant du palais la fière architecture ;
Par la suite, il galope et part à l'aventure,
Car son emploi du temps ne compte rien d'urgent.
En contemplant ces jeux, mon faible coeur palpite,
Mon âme s'enthousiasme et mon esprit s'excite
Quand le soleil d'été fait resplendir les murs.
Les merveilleux jongleurs se déchaînent encore,
Ponctuant leurs efforts avec des cris sonores ;
On dirait qu'ils sont prêts à rejoindre l'azur.
L'oie de Newton
Newton, lorsque tu bois,
Ton oie boit avec toi :
Vous buvez dans les bois,
Un peu beaucoup, parfois.
Sa Majesté le Roi
Se promenant, vous voit,
L'oie, le faiseur de lois,
Ivres, comme il se doit.
Près de vous, il s'assoit,
Chantant à pleine voix
L'air du Grand Saint Éloi,
À l'envers, à l'endroit.
Et ça m'amuse, moi ;
Je ne sais pas pourquoi.
Zèle d’une oie
Une oie d’or a nagé, vive, bravant Neptune,
Abandonnant ses biens, son logis, son emploi ;
Elle s’en va trouver une terre sans loi,
Une plage inconnue, pour y faire fortune.
Quelle joie d’être loin de la foule importune,
D’aborder des îlots sans seigneur et sans roi,
Des jardins où nul n’a jamais planté de croix,
Où l’on boit du vin frais dans une ombre opportune !
Dans le rouge océan, quelques trolls démentiels
Ont bâti un village assez artificiel,
Quelques maisons d’acier, quelques bulles sans âme.
Car, si cette oie était en danger de mourir,
Ils s’en occuperaient, non pour la secourir,
Mais bien pour la rôtir en la braise et la flamme.
Château qui plane
Un ciel de gueules, sans nuages :
Un château planant sur la mer,
Sur la plaine aux feuillages verts,
Sur la friche aux pâles herbages.
Le pilote est un troll rêveur
Qui veut trouver l'azur de France
Au terme de sa longue errance
À bord du château-dériveur.
Il s'en va, par le ciel sans routes,
Guettant l'éclat de la fleur d'or ;
C'est le grand silence, au-dehors,
Le troll le savoure et l'écoute.
Vigne d’or
Griffon d’argent, la vigne est ta raison de vivre :
Aussi, ne t’en fais pas, sur ce plan, je te suis.
Un vignoble, un figuier, une cabane, un puits,
Ce peu d’installations du souci nous délivre.
Du roi des animaux, qui peut la trace suivre ?
D’autres le tenteront ; pour moi, je ne le puis,
Car s’approcher d’un roi ne vaut que des ennuis,
(C’est probablement vrai, je l’ai lu dans un livre.)
En ma fin de carrière, en ma vieille saison,
J’inspecte mes papiers, je range ma maison ;
D’être fauve ou griffon, je n’en ai nulle envie.
Sur le point d’habiter un terroir étranger,
J’imagine ce qui, pour moi, devra changer :
Je fais des provisions pour l’hiver de ma vie.
Fleurs estivales
Une anémone éclôt dans la saison obscure,
Notre petit jardin, par là, se transfigure ;
Un bel iris se forme au coeur d’un vieux miroir,
L’ombre se rafraîchit, quand s’approche le soir.
L’anémone amplifie la tardive lumière,
Comme une fleur sylvestre, au coeur d’une clairière ;
Mais j’aime encore mieux l’éclat du frais iris
Qui semble fredonner la chanson d’Osiris.
Des armes, des chevaux font blasons de valeurs ;
Mais, combien plus charmants, ceux qui portent des fleurs !
Dans la crypte
Il est, dessous l'église, un monde pittoresque
Qu'un joyeux monstre d'or a creusé dans le roc ;
Je me suis aperçu (pour moi, ce fut un choc)
Qu'il l'avait décoré d'inénarrables fresques.
Un gros moine, un évêque, un cardinal grotesque,
La prêtraille est par lui défigurée en bloc ;
On y voit Dupanloup qui retire son froc,
Tout prêt à dévoiler sa gloire gigantesque,
Son gourdin, que jamais faiblesse n'a ployé,
Arme dont Jupiter aurait pu foudroyer
Maint centaure, maint troll, maint arrogant colosse.
Aussi, le bon prélat sourit de son oeil bleu,
Manifestant sa joie dans son visage en feu,
Disant « Vous voyez bien, je ne suis pas féroce ».
Monde polychrome
Une vigne d’antan mûrit en ma mémoire,
Ployant sous son feuillage et ses raisins de moire ;
Et l’aube en un jardin, quand le ciel devient blanc
Et que l’ondine parle au loup d’azur tremblant,
L’herbage combinant sinople et rutilance
Où se promène un monstre empli de nonchalance,
Et le dolmen d’un troll, échafaudage ancien
(On a souvent voulu savoir comment il tient) ;
Combien j’aime revoir ces formes familières,
Quand le ressouvenir leur offre sa lumière !
Bouddha qui songe
Ce Bouddha qui, d'argent, au monde ne s'enchaîne,
Sans besoin de haïr et sans besoin d'aimer,
Contemple les vivants, par son regard charmés,
Songeant à ce qui vient, la liberté prochaine.
Il ne réside pas dans un temple embaumé,
Ni dans une forêt imposante et sereine,
Mais aux bas-fonds de sable où l'ombre est souveraine,
Aussi loin qu'il se peut des jardins parfumés.
Dansent les rouges cerfs dans la vaste prairie
Qui en cette saison est riante et fleurie ;
Nous voyons que ce sont des animaux charmants.
Vole l'oiseau d'argent dans l'atmosphère étrange,
Il est si solennel que l'on croirait un ange ;
Il dit tout son bonheur, dans un cri désarmant.
Bouddha de la vigne
Le Bouddha de la vigne,
Il se rit de l'hiver ;
Il rit, et son oeil cligne
En son visage vert.
Il fait bon boire ici
Quand le soleil décline ;
On oublie les soucis,
C'est une heure divine.
Le Bouddha, d'un air grave,
Dit des propos marrants ;
De ces blagues suaves
Rigolent ses parents.
Univers lacunaire
Ce monde est un filet auquel manquent des mailles ;
Une ébauche, une esquisse, un travail d’amateur,
Mais le barde aime ça, il en parle en flatteur,
Charmé par cette nef allant vaille que vaille.
À mesure qu’il lit, qu’il apprend, qu’il travaille,
Il admire un peu plus ce séjour enchanteur
Où le ciel estival se hâte avec lenteur,
Pendant que le rimeur activement rimaille.
Ce jardin est plaisant, mille bouddhas sont là,
Mettant à chaque instant les problèmes à plat,
Nous rendant chaque jour d’invisibles services.
Ou bien, qui le saura, c’est un monde sans loi,
Sans amour ni raison, sans jardin et sans croix,
Mais alors, nous verrons de l’humour dans ce vice.
Arthur d'azur
La plume de Rimbaud écrit sur le ciel d'or,
Tout un monde d'argent est ému par sa lyre ;
Ensuite, il fait semblant de ne savoir que dire,
Mais, moi qui le connais, je sais qu'il est très fort.
Il sait nous présenter les sanglots du chagrin,
La froideur du soleil, la noirceur des étoiles,
La mort, le désespoir, la vérité sans voiles,
Le ciel qui peut, le soir, redevenir serein.
Cette plume appelant le renouveau sur terre,
Cette plume éveillant le coeur, l'âme et l'esprit,
Combien, en la suivant, n'avons-nous pas appris :
Nous te disons merci, rhapsode solitaire.
La fleur et le fruit
Elle est plaisante, elle est bien odorante,
Au jardin d’or, la séduisante fleur ;
Quand la rosée y dépose son pleur,
Elle est baignée de lumière vibrante.
D’excellents fruits, poussant sur d’autres plantes,
Ont su mûrir loin de tous les malheurs ;
Mordre dedans efface les douleurs,
Les plus cachées comme les plus brûlantes.
La fleur, le fruit sont, pour notre plaisir,
Dans ce beau parc, offerts à nos désirs ;
Et la belle ombre, au sein de ces clairières.
On voit venir ici jeunes et vieux,
Chacun goûtant le charme de ces lieux
Et l’incessant babil de la rivière.
Porteur de rameaux
Rapace d'argent dans le soir,
Parmi les trèfles taciturnes,
Survolant les donjons nocturnes
Brillants et maçonnés de noir.
L'oiseau planant sous les étoiles
A du sourire dans ses yeux ;
Il transporte un rameau de feu
Dont, par moments, l'éclat se voile.
Bientôt viendra la nuit funèbre ;
Le moment des grandes terreurs
Où tremblent moine et empereur,
Cet incertain temps de ténèbres.
Chèvre estivale
La chèvre est, aux beaux jours, des grappes d’or ravie ;
De ce raisin si mûr en la chaude saison,
Des oiseaux migrateurs partant vers l’horizon
Suivre leur destinée librement poursuivie.
Dans la cour de la ferme, on mène simple vie,
On y suit la mesure et la juste raison,
Bien loin de l’aventure, et loin de la prison,
Une stabilité que beaucoup nous envient.
Au beau milieu du jour, quand la chaleur est vive,
Les parfums de fruits mûrs un peu partout dérivent,
Tout autour des jardins où ils furent plantés ;
Notre justice fait, en sa noble puissance,
Du labeur des jardins sa propre récompense :
Ainsi pense la chèvre, au début de l’été.
Maître-Étalon
image du blog Herald Dick Magazine
Voici le cheval le plus beau,
Dont la crinière est parfumée :
Son intelligence, un flambeau,
Une chapelle illuminée.
Il se promène au matin clair,
Séduisant la douce cavale,
La jument dont la tendre chair
Rend jalouses bien des rivales.
On a fait pour lui un blason,
Et je dis qu'on a bien raison.
Cheval qui songe
image du blog Herald Dick Magazine
C’est un petit cheval, à la crinière d’or ;
Il emprunte souvent les allées transversales,
Trottant discrètement, marchant par intervalles,
Entendant des oiseaux les rustiques accords.
Nul pesant cavalier ne le tient par le mors ;
Il avance tout seul, par les routes banales,
Il a l’air bien songeur, au seuil des aubes pâles,
Et cependant, jamais il ne songe à la mort.
Il en a fait pourtant, des rêves de folie,
D’un surprenant voyage et d’une étrange vie,
D’un monde à la dérive, et d’un univers flou.
C’est parce qu’il vit là, dans les bois, loin des foules,
Instruit par le discours du ruisseau qui s’écoule
Et semble raconter des histoires de fou.
Re: Sagesse du pluvian
C'est beau
stana- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 7810
Localisation : Epinal, Vosges
Identité métaphysique : sataniste pratiquante
Humeur : mystique, aux portes de la perception
Date d'inscription : 25/12/2010
Songe tricolore
Messieurs, la voici de sortie,
La créature appesantie,
Notre demi-cheval d'argent.
Il marche dans le ciel de gueules
Avec mille soldats qui veulent
Impressionner les braves gens.
Le tient par sa longe d'azur
Un fantôme invisible et dur,
Sorti des régions infernales
Pour notre Fête Nationale.
Poisson de turquoise
Le poisson plutonien est sacrément heureux,
Ce dont il remercie une obscure déesse :
L'océan lui paraît débordant de promesses,
De festins, de douceur, de plaisirs amoureux.
Un Terrien trouverait le climat rigoureux ;
Ce joli poisson vert n'en sent pas la rudesse,
Il boit son apéro, parle avec sa maîtresse,
Puis entend des oiseaux le babil langoureux.
N'ayant point de baron, ni de duc, ni de prince,
Cet endroit est pour lui la joyeuse province
Où l'on aime la vie, où l'on ne s'en fait pas.
Le Terrien, cependant, est toujours à la peine,
Victime, bien souvent, d'une espérance vaine ;
Pourquoi donc, vers Pluton, ne fait-il quelques pas ?
Château qui marche
image d'Herald Dick
L'éléphant, gai comme un cabri,
Transporte une maison dorée ;
Cette résidence honorée
Pour quelques trolls est un abri.
Il va, tout au long de l'année,
En de beaux lieux marque un arrêt,
Lesquels ont pour lui tant d'attrait
Qu'il y passe une matinée.
Le plus jeune troll est celui
Dont une ondine fut aimée ;
C'était la saison parfumée
Où, le soir, un lampyre luit.
Éléphant triple
image d'Herald Dick
Cet éléphant d’argent habite une planète
Où prospèrent le druide et le jeteur de sorts ;
Des chants immémoriaux y célèbrent la mort
De chevaliers loyaux, de paladins honnêtes.
Au temple, chaque jour, sautillent des squelettes ;
L’éléphant s’en amuse et sa trompe se tord
Tandis que le public sur les gradins s’endort,
Tant son indifférence au spectacle est complète.
Puis s’exprime en ce lieu la sagesse d’une oie
Qui veut communiquer aux fidèles sa joie ;
Et cela peut se faire en deux ou trois beaux vers.
Alors notre éléphant invite les moustiques
À produire avec lui des sonnets fantastiques
Sur sa vision profonde, issue d’un rêve clair.
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