Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Pêcheur de sinople
Le pêcheur de sinople, en sa barque précaire,
Sans beaucoup y songer, sans voir le temps qu’il fait,
Passe beaucoup de jours à naviguer en paix,
Contemplant, apaisé, le ciel d’or, qu’il révère.
Cent petits porcs-épics, éloignés de leur mère,
Assez aventureux, ont traversé d’un trait
Le ciel de gueules dont ils subissent l’attrait,
Explorant l’univers, sans craindre la misère.
L’ondine au doux regard viendra, si elle veut,
Sur la berge du lac, pour peigner ses cheveux,
Se montrant au pêcheur, mais il n’en aura cure ;
Pas plus qu’il ne requiert la sagesse d’un porc,
Pas plus qu’il n’entendra les leçons de tout bord :
Sa barque est sans gréement, son âme reste pure.
Cent mille nefs d'argent
Cent mille nefs d'argent lunaire
Un jour s'envoleront ;
On croira voir, dans leur lumière,
L'âne de Gonfaron.
Elles traverseront l'empire
Des aériens courants ;
Bénissant tout ce qui respire,
D'un geste rassurant.
Elles traceront un poème
Au long du vaste ciel,
Sur le plus important des thèmes :
L'amour, c'est essentiel.
Troll-bélier
Ce troll, par mauvais temps, ne craint jamais la foudre ;
Aussi sombres que soient les nuages des cieux,
Il suit l’étroit chemin, à la grâce de Dieu,
Où le choc des éclairs met une odeur de poudre.
Il sent, dans l’air du temps, son âme se dissoudre,
Il sent une douceur dans son corps déjà vieux,
Et que, sous le dolmen, sa voix résonne mieux,
Qu’avec l’été naissant, ses peurs vont se résoudre.
Car les dolmens des trolls sont parfois vraiment beaux,
Comme peut l’être, aussi, un émouvant tombeau,
Pierre de compassion, monument de mémoire.
Alors, le troll s’endort, sous le grand firmament,
Tout au long de la nuit, rêvant, paisiblement,
À des jours ignorant la rançon de la gloire.
Sourire dans la méditation
Ayant vers un vitrail tourné son doux visage,
L'évêque songe au temps où il était marmot ;
Il prie, dans le vieux temple, absorbé, sans un mot,
Le vitrail représente un lointain paysage.
Tournant vers un long mur son clair regard de sage,
Le Bouddha voit les jours apportant le repos ;
Sans prier, sans penser, son esprit est dispos,
Il plane, en vérité, tel l'oiseau de passage.
Alignant, sans raison, des mots sur cette page,
Le barde veut montrer ce qu'il connaît de beau ;
Que nous importe si ce n'est pas bien nouveau,
Voir des traits familiers, c'est un heureux présage.
Échiquier magique
D’or et de gueules suis, et non pas noir et blanc ;
Au temple, près de moi, les bâtons d’encens fument,
Un délicat pinceau sert au scribe de plume,
Un novice médite, en marchant à pas lents.
Point n’ai de cavaliers aux vigoureux élans,
Ni de zigzagants fous, ni de pions, pauvre écume :
Mais de nobles bouddhas, dont l’esprit, comme brume,
Couvre les sensations d’un voile ruisselant.
Ils ne bougent jamais, s’affrontent en pensée
(Sans qu’on voie jamais trop de force dépensée) ;
Dans la compétition, ils ne sont pas amers.
Et rien de négatif dans leur lutte éternelle,
Car leur jeu, vraiment, c’est la lutte fraternelle
Que pratiquent entre eux les clairs flots des sept mers.
Les sept sanctuaires
La rose est au temple d'argent,
Sur le sommet d'une colline :
Elle a des prêtres exigeants,
Puis, quelques vestales câlines,
Ses dévots sont de braves gens.
Au ciel de gueules, temple atroce,
Abritant un dieu-troll joyeux,
On vient y célébrer des noces,
On vient y soigner des corps vieux,
Le desservant n'est pas féroce.
Au ciel d'azur, en un jardin,
Le coq d'or, grave comme un pape,
Tient quelques propos anodins
(Dont un éloge de Priape)
Et conte des récits badins.
La nuit de sinople est sereine,
Où vit le fils du charpentier ;
De sa mère, il fit notre reine,
Et nous enseigna la pitié
En mettant son corps à la peine.
Temple d'or, étrange tombeau
Où des passions je me dépouille,
De Bouddha, les discours sont beaux,
C'est l'épée qui jamais ne rouille,
C'est l'inaltérable flambeau.
Nul ne te voit, vrai dieu de sable,
Sans nom, sans visage, sans mains,
Ordre du monde, inconnaissable,
Tu peux suggérer un chemin ;
Mais c'est une route intraçable.
Mille dieux du temple d'hermine
Sont issus des religions mortes.
Il n'en est pas un qui culmine,
Pas un dont la voix soit plus forte ;
Mais par eux, la nuit s'illumine.
Sagesse des vivants
L’oiseau du ciel d’azur ne songe au lendemain,
De ce jour, seulement, il cherche la pâture.
Les poètes, parfois, ont semblable nature,
Ne sachant planifier, comme d’autres humains.
L’ours du firmament d’or s’auto-caricature ;
Il parcourt en glissant le dangereux chemin
Qui dévale des monts, sans s’écorcher les mains,
Ce plantigrade exhibe un esprit d’aventure.
De gueules, l’inframonde, un séjour infernal,
Abrite le roi d’or, le plus noble animal,
Sur lui, je ne ferai le moindre commentaire.
Moi, je vis en un lieu bien moins intéressant,
Ni par les cieux volant, ni par les monts glissant,
Savourant le bonheur d’avoir les pieds sur terre.
Dernier sourire d'un prophète
-- Bourreau, pour un instant, je retire mes chaînes,
Et je contemple en moi l'obscurité prochaine...
Elle a fait le bon choix, la fille au regard pur,
J'en avais bien assez d'être au coeur de ces murs.
On dit qu'elle a dansé avec une indécence
Qui toujours se mêlait d'une vive élégance ;
À cause de son voeu, je revois le soleil,
Ainsi que son reflet dans ce plat de vermeil...
Disciples, quel bonheur, si vous me récitiez
Les mots de mon cousin, le fils du charpentier...
Bourreau, n'écoute pas, je ne suis plus prophète,
Tu vas trancher le chef d'un insouciant poète.
Compagne d’un prophète
Je suis la sauterelle, engeance paresseuse ;
Je ne sais pas parler, mais je sais fredonner,
Ce qui vaut certes mieux que toujours jargonner,
Comme fait la cigale en sa langue amoureuse.
Je trouve mon repas dans une friche herbeuse ;
Je ne cherche le blé, de son grain couronné,
Mais bien la folle avoine, un léger grain donné
Au désert printanier par la saison venteuse.
Je n’ai pas de maison, et je dors en tous lieux,
Si je déjeune bien, je n’en dîne que mieux,
Et la faim, vers le soir, me maintient éveillée.
Un prophète, autrefois, fit de nous son festin ;
La lame d’une épée le prit un beau matin,
On en parle entre nous, le soir, à la veillée.
Sagesse d’un hexapode
La parole sacrée circule dans ses veines ;
Sa voix la restitue par envolées soudaines.
Son discours peut toucher l’esprit, l’âme et le coeur,
Faisant ressusciter nos ancestrales peurs.
Ce prêcheur constitue, à lui seul, une Église,
Il est ambassadeur de la Terre Promise.
Devant lui, forcément, l’auditeur se sent mal,
Pouvant toucher du doigt le vide sidéral ;
Fréquentant les jardins, les cours, les nécropoles,
Ce fort prédicateur les transforme en écoles.
Mais, ce qui gâche un peu ses dehors de géant,
C’est qu’on le sent, parfois, bien gonflé de néant.
Duc, Paon, Loup.
Sur de beaux monuments, ta légende est gravée,
Dupanloup, merveilleux évêque gallican,
Dont les amantes sont chaudes comme volcans,
La gloire chaque jour un peu plus relevée,
Miraculeux prélat d'une époque rêvée ;
Certes, ta vigueur fut digne du Vatican,
Nul ne sut, plus que toi, se montrer provocant,
J'admire ton ardeur mille fois retrouvée.
Ta crosse, désignant les lointains horizons,
Nous dit qu'ils vont bientôt se rendre à tes raisons :
Je sens ta volonté, encore un coup, se tendre.
Puis, quand tu dormiras, quand tu seras entré,
Pur comme au premier jour, dans le jardin sacré,
Nous aurons ta chanson : quelle joie de l'entendre !
Petit monstre agile
Ce monstre d'or peut monter haut
Dans un arbre aux fruits délectables ;
Il prend tout seul son apéro,
Il mange sans dresser la table.
Il pousse des rires d'enfant,
Il ne prend jamais un air grave ;
Et pourtant, c'est un monstre brave,
Et valeureux, et triomphant.
Vous pouvez donc bien lui sourire,
Il est correct, il a bon coeur ;
Ce n'est des monstres le meilleur,
Mais il en est beaucoup de pires !
Vestale de sable et de sinople
Une vestale obscure a survolé le pré
Où de très vieux pommiers perdirent leurs fleurs blanches ;
Et ce surgissement, dans la paix du dimanche
A transformé l’endroit en un temple sacré.
Les oiseaux, saluant le crépuscule ambré,
D’un cantique nouveau leur simple coeur épanchent ;
Même le vieux corbeau, qui, pour voir ça, se penche,
Mâche une patenôttre, ainsi qu’un vieux curé.
La face de sinople, immobile et sereine,
Contemple les oiseaux, digne comme une reine,
Mais sans leur adresser un seul mot de discours.
Autour du pâturage, une invisible faune
Piétine, sans un bruit, les feuilles déjà jaunes,
Reprenant le cantique en un murmure sourd.
Azur, argent et gueules
Un hibou que le soleil dore
Vole dans le grand ciel d'azur ;
Il suit sa voie, d'un regard sûr,
Dans le beau pays tricolore.
L'oie danse, et le cerf, plus encore,
Dans le paysage d'argent ;
Ces animaux, quels braves gens,
Peuple du pays tricolore.
De gueules, la mer que décore
La nef d'argent des fiers pêcheurs ;
Leur filet s'emplit de bonheur,
Marins du pays tricolore.
Anges sonneurs
Anges du ciel d’azur, les accords de la gamme
Dansent au carillon sonnant en ce saint lieu ;
Comme des feuilles d’arbre, ils descendent des cieux
Jusqu’à notre humble église, et tintent dans notre âme.
Alors que notre esprit en prière s’enflamme,
Vers le ciel bienveillant chacun lève les yeux,
Chacun, dedans son coeur, abrite un songe pieux,
Une pensée d’amour, qu’inspire Notre-Dame.
Le pilier de comptoir jamais n’eut assez bu,
L’ogre de la forêt jamais ne fut repu :
Ainsi, du son divin, le vrai désir nous ronge,
Et nos invocations volent, sans se lasser,
Bénissant les humains, vivants et trépassés,
Tant pis, donc, si cela ne se produit qu’en songe.
Boeufs de sable
Nous suivons la route sûre,
Longeant vallons et coteaux ;
Entre des murs de verdure
Va notre vaillant troupeau.
Le coq d'or franchit l'abîme
En se montrant courageux ;
Le transporte un roi sublime
Dans un azur orageux.
Nous suivons la voie certaine
Sans trouver le chemin long ;
Vers une étable lointaine,
Parmi coteaux et vallons.
Nous sommes la troupe errante
Des grands boeufs silencieux ;
Notre route est transparente,
Comme les routes des cieux.
Les sept églises
De sept églises d’or notre pays s’honore ;
Plus belles n’en sont point, autre part, sous les cieux.
Nous les voyons briller, un régal pour nos yeux,
Ainsi que pour nos coeurs que la piété dévore.
Aussi, nous entendons nos sept clochers sonores,
Aux beaux accords desquels vibrent jeunes et vieux,
Comme jadis vibraient nos louables aïeux,
Comme nos descendants en frémiront encore.
Nous avons d’autres dieux, d’étranges animaux
Qui jamais n’ont daigné vivre dans un enclos ;
Nous devons respecter leur liberté divine.
Mais lequel pourra mieux remettre nos péchés,
Ou le temple brillant, ou l’animal caché ?
Telle est, dans ce pays, la question qu’on rumine.
Monde d'argent et d'or
C’est, loin de tout le reste, un monde sans chemins,
Où des dieux de sinople au rire s’abandonnent ;
Les rares habitants ne font rien de leurs mains,
Admirant, tout le jour, un jardin sans automne.
Leur plus belle musique est le cri des oiseaux
Qui, beau fruit enchanté, tombe du haut des arbres ;
On y entend aussi la chanteuse des eaux
Qui vient s’asseoir, très tard, sur les perrons de marbre.
L’hexapode est rêveur, dans cet air radouci,
Le roi des animaux médite dans la brume ;
Tous deux vont saluant les petits dieux assis
Dont le regard rieur bannit toute amertume.
Ange-hibou
Un hibou magicien traverse le ciel clair ;
Je vois qu'il est porteur d'une lance de frêne
Dont il a terrassé, plus vif que les éclairs,
Un vieux démon-cheval dont le coeur est en peine.
Si nombreux autrefois, les monstres, les sirènes,
Où sont-ils, désormais ? Les verts bois sont déserts
Où régnait le roi Pan qui jamais n'eut de reine ;
Sa flûte ne joue plus, dans le calme des airs.
Même, des petits trolls, les incessants murmures
Ne se font guère entendre au travers des ramures,
Ce monde est refroidi, perdu, désenchanté.
Au loin, sur la colline, un Bouddha solitaire
Contemple le ciel vide, et s'entraîne à se taire,
Puisque les lendemains ont fini de chanter.
Dolmen du troll des cerises
Quand le troll biscornu quitte la vague fière,
Il tire de la mer de grands blocs minéraux ;
C'est alors, rassemblant ses forces de héros,
Qu'il assemble un dolmen, presque un palais de pierre.
Pour la nef des humains, c'est un point de repère :
Ils visent le dolmen par beau temps, par temps gros,
Et se trouvent au port aussitôt, sans accroc ;
Et tous disent au troll : Merci à toi, compère !
Aigle prêcheur
Un grand aigle prêcheur, qui nul mal ne tolère,
Dit qu’à faire du bien, l’homme est avantagé ;
Qu’il faut laisser le temps éteindre la colère,
Et savoir écouter, et savoir partager.
Au bélier du jardin, il dit de ménager
L’art du cultivateur, qui lui vaut son salaire ;
Au blaireau du sous-bois, de ne point s’enrager,
Même contre un goupil, qui a tout pour déplaire.
Bientôt, les animaux, cessant d’être rivaux,
S’en vont vers le succès, unis dans leurs travaux,
Satisfaisant ainsi du prêcheur la requête.
Mais notre beau parleur, de son succès jaloux,
Sermonne d’autant plus, pour enfoncer le clou :
Un vain orgueil a fait de son coeur la conquête.
Rêveur de mondes
Dans le sable des nuits rêvait le Bouddha d’or.
Il voyait un coq d’or, un démon pris dans l’ambre,
Un séraphin d’avril, une nef de novembre,
Un vieux dragon d’argent parlant un jargon mort.
Au-devant d’une auberge, un cheval taciturne
Buvait un alcool fort, aux lueurs des flambeaux ;
Le roi des animaux, couché près d’un tombeau,
Écoutait la chanson d’un grand iris nocturne.
Le bouddha d’or songeait, dans le sable des nuits ;
De ce songe divin furent éclos neuf mondes
Et leurs neuf firmaments s’étendant sur les ondes.
Quand il s’est éveillé, tout ce beau monde a fui.
Confrérie de gueules
Dans l'air nous suivons la voie lumineuse,
Comme Dupanloup volant en ballon ;
Planant bien plus haut que l'herbage blond,
Faisant moins de bruit qu'une moissonneuse.
Passant par-dessus montagne et vallon
En la compagnie de l'oie ricaneuse,
Sans daigner ouïr le chant des glaneuses
Que nous n'aimons point, car il est trop long.
D'un de nos pareils, quand survient la chute,
On se réunit, puis on en discute ;
On le fait soigner dans un vieux manoir.
Une fois guéri, que de tintamarre !
Les gens du château en ont vite marre,
Nous déguerpissons, sous leur regard noir.
Univers d’azur et de gueules
Au ciel d’azur, un calice d’or porte
Un serpent rouge au merveilleux attrait ;
Il sait les mots qui font s’ouvrir les portes,
Il sait un livre, il sait bien des secrets.
En rouge mer, la sirène soupire ;
D’un temps trop calme, on croit qu’elle se plaint ;
Ses soupirs sont des notes pour ma lyre,
Loin de la mer, dans le jour qui s’éteint.
L’oiseau blanc vole, et n’a point d’amertume :
La nostalgie n’a pas pu le briser.
Dans un grand feu, ses regrets se consument,
Par ce moyen, son coeur est apaisé.
L'univers du cochon
Le cochon parcourait le ciel d'or en rêvant,
Écoutant des bestiaux la fraîche symphonie,
Admirant le centaure à crinière jaunie
Qui de futurs exploits s'en allait poursuivant.
D'une lyre archaïque, il était le servant,
Y faisant retentir des rimes infinies ;
Cet ensemble formait la sage litanie
Qui donnait sa substance au délire fervent.
Pour qu'un jardin produise une rose divine,
Il faut un jardinier sans crainte des épines ;
Il faut un jardinier qui ne soit jamais las.
Le cochon qui vieillit renonce à toute lutte,
Il aime simplement le son d'un air de flûte
Venant accompagner la chanson que voilà.
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