Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Lune exotique
image d'Herald Dick
La lune monte au ciel, alors qu’il est noirci,
Elle éclaire de haut la vaste plaine humide,
L’endroit marécageux où sont des fleurs livides,
Embellissant soudain l’univers obscurci.
Le monde par cet astre est vraiment adouci ;
Sa face, reflétée par l’étendue liquide,
Se montre au firmament, comme un sincère guide,
Grâce auquel les passants n’auront plus de souci.
De mille astres errants, elle est la soeur aînée,
Et du vaste cosmos, la reine couronnée,
Un plaisir pour le coeur, un régal pour les yeux.
La lune me plaît bien, car, en plus d’être belle,
Elle se montre aussi parfaitement fidèle
Et respecte le cours de l’horloge des cieux.
Cupidon chez les zèbres
image d'Herald Dick
Les zèbres qui ont le coeur grand
Vont par les monts et les vallées ;
Quand la chaleur s'en est allée,
Un délicieux frisson les prend.
Les zèbres qui cherchent l'amour
N'ont jamais d'intentions guerrières ;
Ils vont auprès de la rivière
Par des chemins pleins de détours.
Les zèbres s'en vont dans un coin
Où vit l'amour impérissable ;
Les zèbres dansent sur le sable,
Leur bel amour est déjà loin.
Masque de sable
image d'Herald Dick
C’est un triangle noir, c’est à peine un visage ;
D’un emblème pareil, j’ignore la valeur.
Je ne sais si c’est bon, si c’est mauvais présage,
Si c’est pour le bonheur, si c’est pour le malheur.
Du minois de Pierrot j’aime mieux la pâleur ;
Car c’est plus rassurante et plus charmante image,
Je ne sais que penser de ce noir sans chaleur,
Son absence de traits fait trembler mon courage.
Le fin triangle noir se tient au premier rang
De tous les cauchemars qui me troublent le sang ;
Viendra-t-il chaque soir, mon âme, à Dieu ne plaise !
Car, que peut-on trouver dans ce noir monument ?
Mon esprit tourmenté l’ignore absolument,
Face au triangle noir, les augures se taisent.
Haute nef d'argent
image d'Herald Dick
Passagers n'ayant nul regret des villes,
Le vent les emporte avec leurs désirs ;
Sous le vaste ciel, la nef d'argent file,
Combien de destins prêts à s'accomplir !
En ville ou sur mer, ne sont pas les mêmes,
L'horizon lointain les met en émoi ;
La nuit voit briller la lune qu'ils aiment,
Qui change sa forme au décours des mois.
Au but du voyage, ils ont l'air de croire ;
Les astres sont là pour les consoler.
Dans le clair matin ou dans la nuit noire,
Cette nef d'argent, toujours, va filer.
Présence des étoiles
image d'Herald Dick
Mille étoiles d’or au-dessus des plaines
Ignorant ce monde et sa cruauté ;
Suivant leur horloge avec loyauté,
Elles dont la voie n’est pas incertaine.
Mille étoiles d’or, quelque peu hautaines,
Lointaines lueurs, lointaines beautés,
En en ciel pareil, nul ne peut monter,
Rien ne servirait de s’en mettre en peine.
Rien ne les atteint, rien ne les affecte,
Leur vision du monde est simple et directe :
Et bien peu leur chaut qui veille ou qui dort.
D’une nuit à l’autre, ainsi, nous reviennent
Mon étoile ici, et plus loin, la tienne,
Et celles des gens, mille étoiles d’or.
Bétail contemplatif
image d'Herald Dick
Pour les bovidés, la nature est belle,
Elle retentit des airs d'autrefois ;
On y voit passer l'errante hirondelle,
On distingue au loin l'ombre des grands bois.
Ce bétail n'ayant maître ni maîtresse
N'a qu'un seul devoir, c'est de contempler
L'herbe du printemps, que le vent caresse,
De laisser ainsi le jour s'écouler.
Aimable petit monstre
image d'Herald Dick
Un monstre bien charmant fréquente cette terre,
Que m’importent, à moi, ses dehors inhumains !
Je lui trouve, vraiment, de délicates mains,
Puis, il a, dans l’ensemble, un aspect du tonnerre.
Il n’est pas agressif, n’est pas fauteur de guerre ;
Il a la dignité d’un empereur romain,
Et, peut-être, du pape il est cousin germain ;
Peut-être même, aussi, petit-fils de Saint Pierre.
Il n’arbore plumet, casque ni gonfanon,
Il ne s’annonce point à grands coups de canon ;
Il marche seulement, tout rêveur, dans la plaine.
Il boit un peu de vin qu’il tire d’un grand fût,
Il grignote des fruits, la nuit, sans être vu ;
Ce monstre moutonnier, tout revêtu de laine.
Langue des stèles
La pierre ne saurait du nuage dépendre ;
Son langage, en tous temps, est sagement posé.
Le moindre adverbe y est subtilement dosé,
Stèles en vains propos n'iront point se répandre.
Et ce flot de sonnets, que je croyais suspendre,
Que ne soutenaient plus mes doigts ankylosés,
Il surgit à nouveau d'un esprit reposé,
Aidé par les reflets d'un ciel aux couleurs tendres.
Va-t-il changer de style en changeant de maison ?
Je ne vois pour la chose aucune vraie raison,
L'air est le même ici, selon mes connaissances.
Car il est ainsi fait, ce cerveau de rimeur,
Il veut toujours placer des mots sur ses humeurs,
Carabosse m'offrit ce don, pour ma naissance.
Saint Nicolas dans sa vie quotidienne
Saint Nicolas dans son village
Avait le renom d'un vieux sage ;
Il s'abreuvait joyeusement
Avec des compagnons charmants.
Saint Nicolas reste en son gîte
Et nulle passion ne l'agite ;
Le voici plus heureux qu'un roi
Ou qu'un ermite au fond des bois.
Nicolas, c'est demain ta fête,
Le sacristain fera la quête ;
Et s'il gagne une pièce d'or,
Tu auras du rôti de porc.
Nef cosmique
image d'Herald Dick
C’est la nef qu’autrefois bâtit un charpentier ;
Elle doit découvrir une rive nouvelle,
Sa voile sur les flots se gonfle comme une aile,
Sa coque se redresse, et s’envole à moitié.
Elle a pour chef de bord un très riche héritier
Dont le robuste corps est au confort rebelle ;
Il sait faire obéir les marins sans cervelle,
N’éprouvant point, pour eux, d’inutile pitié.
D’un royaume inconnu, prendra-t-il la couronne,
Mettra-t-il dans son lit la reine belle et bonne
Dont il aura jeté l’époux sur le carreau ?
Non, car ce capitaine est juste et charitable ;
C’est un brave poète, un penseur véritable,
Un aimable rêveur, un timide Pierrot.
Chanson de l'échange impossible
image d'Herald Dick
Ainsi parlait un homme, amoureux de la lune :
— Cet astre est un joyau, c’est mon souverain bien,
Jamais je ne voudrai l’échanger contre rien ;
Les étoiles du ciel, n’en manquât-il aucune,
Ne seraient à mes yeux qu’une piètre fortune.
C’est un noble trésor, celui que je détiens,
Une étoile jamais n’en défera le lien,
Je m’y suis engagé, ce n’est pas pour des prunes.
Astres du ciel d’or
image d'Herald Dick
J’ai rêvé qu’au ciel d’or sont astres qui tremblotent,
Luisant d’un éclat rouge, à demi ténébreux.
Leurs rayons sont légers, leur chemin est ombreux,
On croirait des insectes au plafond d’une grotte.
Pâles comme ils le sont, ces astres sont mes potes ;
J’aime les voir danser, un par un, deux par deux,
Ou se cacher souvent dans d’improbables creux,
Donnant à peine à voir un photon qui clignote.
Ce poème ressemble à de tels astres nus,
Il se montre discret, dans son éclat menu,
Cela peut refléter la faiblesse d’une âme
Qui s’use avec le temps, et son vieux corps aussi.
Nul regret dans ces mots, notre vie est ainsi,
Sur le tard, je peux voir en décroître la flamme.
Monstre des antipodes
image d'Herald Dick
Le sage interrogea le monstre au nez pointu :
-- Que faire d’une vie ? Animal, le sais-tu ?
Puis il s’est incliné, mais le monstre s’est tu.
Le sage interrogea le monstre fort savant :
-- Qu’est-ce qui vient après ? Qu’est-ce qui vient avant ?
Le silence du monstre était fort décevant.
Le sage a découvert un grand couteau qui coupe ;
Monstre, faute de mieux, tu seras de la soupe.
Dans un hiver tiède
image d'Herald Dick
Un soleil d’hiver me regarde,
Saison qui tiédit, sans raison,
De toute sa force blafarde,
Cet astre chauffe ma maison.
Bien basse est son inclinaison,
Et son coucher guère ne tarde ;
Au jardin, nulle floraison,
Très peu d’amour au coeur du barde.
Buvant du vin dans un tripot,
Ou, chez moi, goûtant le repos,
Je compose ce chant funèbre ;
Mais quand la lune reviendra,
Je me blottirai sous mon drap,
Bénissant les douces ténèbres.
Sagesse du caribou
image d'Herald Dick
-- Voici le caribou, qui danse loin des villes.
Il aime traverser les bois, quand il fait noir ;
Il mange un petit peu, puis s'endort, comme un loir,
On ne saurait rêver d'animal plus tranquille.
Ainsi, dans le Grand Nord, chantait un fier hibou
Qui se voulait l'ami de ce beau quadrupède ;
La chanson plaisait fort aux petits lagopèdes,
Mais on n'a jamais su l'avis du caribou.
Feuilles magiques
image d'Herald Dick
Vous me reconnaissez, je suis l’herbe enivrante
Qui vous procurera de grandes voluptés ;
On peut me consommer pour raison de santé,
Ou bien, pour animer une fête marrante.
Mon statut juridique est, dirai-je, en attente ;
Pas encore approuvé par les autorités,
Mon usage n’a pas toute sa liberté,
Je dois en avertir les clients que ça tente.
Mais un poète peut me chanter en ses vers,
Se rappelant ainsi que, jeune homme un peu vert,
Il usa de mon charme au logis d’une dame ;
Chose qui, dans sa vie, n’advint que rarement
Et de quoi le désir s’est éteint, doucement,
Mais pas le souvenir de cette jolie femme.
Armure exoplanétaire
image d'Herald Dick
Ce chevalier est étranger,
Le démontrer est inutile ;
Mais, pourquoi s'est-il dérangé
Pour parler aux humains futiles ?
Aux cocktails, il fait son effet,
Lui qui jamais ne se dégrafe ;
Et c'est un modèle parfait
Pour les travaux des photographes.
Les chroniqueurs, tels des gerfauts,
L'ont célébré d'une fanfare :
C'est le chevalier qu'il nous faut,
La sagesse luit en son phare.
Prêtre-lion de gueules
image d'Herald Dick
C’est un abbé félin qui ne croit à nul Dieu,
Mais qui vit assez bien sur une rente acquise ;
Nulle âme par ses soins ne fut jamais conquise,
Nul pécheur, grâce à lui, ne gagnera les cieux.
Peut-être, une dévote, émue par ses beaux yeux,
Quelques émois en lui suscite, et les attise ;
Rien ne lui servirait de se montrer éprise,
Il connaît Cupidon, mais Bacchus lui plaît mieux.
Mais que vaut un tel prêtre, et que vaut son service ?
La paroisse en a-t-elle un réel bénéfice ?
La question est posée, c’est tout à fait normal.
Aussitôt qu’il l’entend, le vicaire proteste :
-- Sans être un défenseur de la cause céleste,
Notre abbé, sachez-le, ne chante pas trop mal !
Le baiser d'une muse
image d'Herald Dick
Cette empreinte que tu vois là,
C'est la muse, posant ses lèvres,
Puis s'enfuyant ainsi qu'un lièvre
Sous l'averse qui ruissela.
Cette signature au miroir
Subsistera, bien des semaines,
Qui au souvenir nous ramène
Des gentils entretiens du soir.
-- Belle souvenance, vraiment,
Mais ton miroir est déformant.
Firmament très lointain
image d'Herald Dick
Le ciel a pris des tons surréels aujourd’hui ;
Ceux de la météo, peut-être, furent ivres,
Qui à ce tiède hiver n’ont point offert de givre,
Un astre s’est montré, qui, brusquement, a fui.
Le gars de la radio dit que ce n’est pas lui ;
De cette étrangeté, sa conscience il délivre,
Avec ce ciel bizarre, on peut aussi bien vivre,
Je ne crois pas qu’il veuille apporter des ennuis.
Mais si cette planète était à l’agonie ?
Non, cela ne se peut, Claude Allègre le nie ;
Et c’est un érudit, qui a beaucoup appris.
Savoir ce qui, aux cieux, telle couleur assigne,
Peut-être un changement dont ils seraient épris ?
Ou bien, plus simplement, la migration des cygnes.
Ours que l'on dit seigneur des neiges
image d'Herald Dick
Régnait sur un pays de neige
Un grand ours, avec deux valets ;
Nul ne pouvait le prendre au piège,
Il avait tout ce qu'il voulait.
Vint une armée de l'Angleterre :
-- Ici, vous n'aurez point de thé ;
Ils sont partis, les militaires,
L'argument les a dégoûtés.
Il vint un régiment de France :
-- Ici, l'on n'a point de pinard ;
Ils s'en sont tous allés, tu penses,
Ils ont déguerpi sans retard.
Il vint trois soldats de Norvège :
-- Ici, nul respect pour les vieux.
Ils ont fui ce pays de neige,
Leur lieu natal leur plaisait mieux.
Oiseau des trois voûtes célestes
image d'Herald Dick
Au rouge firmament, j’ai volé, plein de joie ;
Au bout de peu d’instants, j’ai dû lui dire adieu,
J’ai fait la découverte, alors, d’un autre lieu
Où la mélancolie au ciel d’argent se noie.
Mais, vers le ciel de sable, en poursuivant ma voie,
En mon coeur, j’ai senti que renaissait le feu
De mes folles amours, dont il restait si peu ;
Merci à Cupidon qui cette flamme envoie.
S’il ne me touche plus de ses amoureux traits,
Il les lance toujours, qui me frôlent de près,
J’en ai donc le plaisir, sans me mettre en servage.
Telle est la condition où maintenant je suis :
Les fées, dans mon jardin, boivent l’eau de mon puits ;
Avec elles, je bois, mais mon coeur reste sage.
Vacanciers de jadis
image d'Herald Dick
La voie ferrée, entre deux toits de tuile,
Suit un parcours que je trouve charmant ;
Compartiments, vous fûtes mes asiles
Lorsque j'étais un bien timide amant.
Devers Bordeaux est la terre de vignes,
À Bègles sont les grands pommiers en fleurs ;
Ce sont pays que mon coeur trouve dignes
D'être habités par de nobles buveurs.
Nous partirons aux vacances prochaines,
Mais le trajet ne sera pas bien grand ;
Juste de quoi détendre un peu nos chaînes,
Juste de quoi nous croire des errants.
Extrémité du monde
image d'Herald Dick
La nef vers le ponant a glissé doucement,
Bientôt, le capitaine a cessé de sourire :
Il craint d’avoir atteint la terre du martyre,
Il craint de débarquer au pays des tourments.
À bord, un érudit lui répond doctement
Qu’en un meilleur endroit l’a poussé le Zéphyre ;
C’est le Jardin de Paix, ou l’Eden, c’est à dire
Que l’on peut y trouver de grands soulagements.
Car les confins des cieux sont pays de merveilles,
Terre de doux loisirs où la muse s’éveille,
Jardin qui retentit de fort joyeux discours.
Ici ne fanent point les délicates roses,
Ici est pour toujours la fine amour enclose,
Ici la poésie règne, jour après jour.
L'ondin et les instruments
image d'Herald Dick
Il est monté vers nous, il surgit de l'abîme,
C'est un ondin pensif ;
Il porte des humains les dépouilles ultimes,
Les outils primitifs.
Car il a demandé, ce jour, qu'on les lui prête,
Pour s'amuser aussi ;
Mais, qu'il le veuille ou non, son âme n'est point faite
Pour s'occuper ainsi.
Enfoncez-vous dans l'eau, vieux instruments du doute,
De vous, je ne fais rien ;
Je suis un vieil ondin, je danse sur ma route
Et ça me suffit bien.
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