Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Calice d’or
image d'Herald Dick
Le calice, songeant au charpentier qu’il aime,
En un recueillement nostalgique est tombé ;
Par le vitrail, on voit un peu de ciel plombé,
Un grillon, dans un coin, bredouille un vieux blasphème.
Calice ni grillon n’ont le don des poèmes,
Le silence par eux n’est guère perturbé ;
Ce silence d’église est de grâce enrobé,
L’esprit va savourant son absence de thème.
Le calice est tombé dans un sommeil limpide,
Si l’on n’y prend bien garde, on croirait qu’il est vide ;
Trois gouttes, cependant, en tapissent le fond.
Le vin en sang muté, que nul fruit ne surpasse,
Se fige dans la coupe et semble un vin de glace,
Reflétant de furtifs et malicieux démons.
Rose éléphantine, rose baleinière et rose volante
image d'Herald Dick
La rose éléphantine en la plaine est en marche,
Sa fleur est gigantesque et s'ouvre comme une arche ;
Jamais elle ne craint la licorne-bélier,
Sa tige monte au ciel, comme un vivant pilier.
La rose baleinière, en l'immensité bleue,
Au long des froids courants traîne sa belle queue ;
Elle garde son cap, comme une nef d'airain,
Complice de l'orage et des monstres marins.
Mais ma fleur préférée, c'est la rose volante
Qui plane dans le ciel des oasis brûlantes ;
Elle rit, peu lui chaut que le sol soit de roc,
Pour elle, une charrue n'usera pas son soc.
Astronome aux cheveux d’argent
image d'Herald Dick
L’astronome rêveur est allé dans la plaine,
Il a franchi le bois, la dune et le ruisseau,
Il a dit quelques mots sous l’ombrage d’un frêne,
Puis il a contemplé la danse des roseaux.
Il est vêtu, ce jour, d’un vieux gilet de laine ;
Il partage son pain avec quelques moineaux,
Il songe tout le jour aux étoiles lointaines,
Sa planète, pour lui, ce n’est qu’un grand berceau.
Il arpente le ciel pour le mesurer mieux,
Il caresse la voûte avec ses nobles yeux,
Guettant avec patience un astre qui se lève ;
Il reste, au long des nuits, couché sur le gazon,
Il fixe son regard plus loin que l’horizon,
Ce poète obstiné, l’astronome qui rêve !
Chevalier de sable
image d'Herald Dick
Dans la lumière, il va, subtil,
Mais ne sait où il doit se rendre ;
Ce chevalier, que cherche-t-il,
Serait-ce une bergère tendre ?
En avançant droit devant lui,
Il franchit un vieux pont qui tremble ;
Sa lance, qui lui sert d'appui,
Est bien légère, à ce qu'il semble.
Courage, doux chevalier frêle,
Suis ton chemin, le long des champs,
Ne crains ni la pluie, ni la grêle,
Le but se découvre en marchant.
Dieu vêtu de plumes
image d'Herald Dick
Son gîte est dans un arbre, assez loin des labours ;
À peine s’il entend un angélus qui sonne,
Ce dieu, dans son grand nid, n’a besoin de personne,
Il passe la journée dans un silence lourd.
Cet arbre est entouré d’un joli gazon court ;
Quelque part dans le bois, les abeilles fredonnent,
Une feuille tombée au ruisseau s’abandonne,
Ruisseau qui, sans un bruit, dans les ombrages court.
De l’oiseau, nul ne sait s’il est bien vif, ou mort ;
Peut-être, simplement, sur son bel arbre, il dort,
Oubliant les vivants qui de tourments se rongent.
Oiseau miraculeux, pas vraiment fait de chair,
Plutôt d’un bel éclat, d’un mouvement de l’air,
Oiseau fait d’un mirage et d’un fragment de songe.
Artémis transatlantique
image d'Herald Dick
Sans aucun compagnon, sans aucune compagne,
L'Artémis des Incas descend de la montagne ;
Avec l'alligator partageant son repas,
Elle aime un commensal, quand il ne parle pas.
S'approchant lentement des plages d'Amérique,
Au lointain se profile un vaisseau chimérique :
Avec un capitaine, et de braves marins,
Et des voiles de toile, et des canons d'airain.
Profite de la paix qu'en dernier tu savoures,
Dans une heure, il faudra faire assaut de bravoure,
Car les gentils marins deviendront conquérants,
Sans pitié pour ton âme, et tes rêves errants.
Aigle frugivore
image d'Herald Dick
L’aigle, ayant délaissé la céleste coupole,
Visite les jardins des grandes nécropoles
Pour savourer un fruit exotique ou banal ;
Heureux de rencontrer ce trésor automnal.
Du bel aigle-bouddha, respectant la parole,
Il veut laisser en paix le passereau qui vole,
Il veut le dispenser de tout geste fatal,
Et le laisser planer dans son azur natal.
Ne manger que des fruits n’est pas un tel effort ;
Mes petits compagnons échappent à la mort,
Mon âme s’attendrit à voir battre leurs ailes.
Voir un aigle adopter des poses fraternelles,
Quelle page d’histoire auguste et solennelle !
Le ciel devient plus pur, du fait de cet accord.
Plantigrade sur deux roues
image d'Herald Dick
Regarde un petit ours qui passe
Sur un chemin désert,
Regarde comme il fend l'espace,
Le joli monde vert.
Il chevauche un cyclomoteur
D'un très ancien modèle,
Mais il nage dans le bonheur,
Il semble avoir des ailes.
Les chants des oiseaux qui l'escortent
Nous émeuvent souvent ;
Les craquements des branches mortes
Promettent un bon vent.
Évêque aux bois de cerf
image d'Herald Dick
Évêque suis le jour, du moins, je le veux croire,
Et la nuit rouge cerf, aux bois chargés d’orgueil ;
Un magicien sur moi gagna cette victoire,
Si comme cerf je meurs, point n’aurai de cercueil.
Au gibier vient la crainte, à l’évêque, la gloire,
Aux deux viennent le songe et l’annonce du deuil,
Homme et cerf partageant la commune mémoire
D’un présent tourmenté, d’un passé sans écueils.
-- Enchanteur malfaisant, peux-tu rompre le charme
Qui détruit ma personne et me coûte des larmes ?
Ou bien suis-je endormi, dois-je me réveiller ?
-- Tu n’es pas endormi, beau cerf couleur de flamme,
Mon sort doit purifier ton petit coeur infâme
Que le rut animal a souvent travaillé.
Sirènes chevalines
image d'Herald Dick
Blanche et délicate est leur chair,
Je les écoute se répondre ;
Sirènes chantant de beaux airs
Qui dans la brume vont se fondre.
Crinière ainsi que d'un pur-sang,
Fine bouche et regard très tendre :
Des jours entiers à les entendre,
Mon coeur ne s'en va point lassant.
Les sirènes-juments sont telles,
Aussi bien la nuit que le jour ;
Elles n'ont point d'âme immortelle,
Mais elles baignent dans l'amour.
Roi d’azur
image d'Herald Dick
Le roi d’azur, voilà un gars qui plaît aux femmes,
Il en aurait beaucoup, s’il voulait en avoir.
Il leur va préférant son image au miroir,
Le reflet ténébreux de son regard de flamme.
Je le comprends, c’est vrai qu’il est plaisant à voir,
Et puis, en restant seul, il vivra moins de drames,
Il apprendra sans doute à connaître son âme,
Ses jours s’écouleront selon son bon vouloir.
Mais je ne suivrai pas l’exemple de ce fauve,
Solitude n’est pas le mot-clé qui me sauve,
Et de voir mon reflet ne m’attire point tant.
Je me maintiendrai sur la voie que j’ai suivie,
C’est un discret chemin, c’est le fil de ma vie,
C’est une succession de bienheureux instants.
Porc royal
image d'Herald Dick
Entouré de roses d'argent
Est un porc de royale stature,
Admirable est son ossature,
Il est aimé des braves gens.
De son glaive il coupe des parts
De pain et de saucisson tiède ;
Il verse la vodka bien raide
Aux seigneurs vêtus de brocart.
Toute une dynastie de porcs
Règne en ce monde imaginaire ;
Aux casernes, nul mercenaire,
Aucune nef de guerre au port.
Écuyer-griffon
image d'Herald Dick, «die conīc vā ſpaēgen»
Mille blasons de guerre, ou coupés, ou partis,
Sur le champ de bataille ont surgi à toute heure,
Mille guerriers vaillants, sur la plaine, ont senti
Les battements des coeurs qui vivent et qui meurent.
La guerre est un échec, la paix serait meilleure ;
Plusieurs, avant cela, seront anéantis.
Heureux ceux qui s’en vont dans la paix intérieure,
Heureux ceux dont l’espoir ne fut pas démenti.
Un écuyer-griffon, pour conjurer leur haine,
La réconciliation vers le soir leur amène ;
Les yeux des combattants se posent tous sur lui.
Sous les acclamations de la béatitude,
Le calme vient gagner ces vastes solitudes ;
Une petite voix dit : c’est la fin des ennuis.
Deux anges de sable
image d'Herald Dick
Perchés sur le sommet d'un temple très ancien,
Ils sont noirs, comme sont les polytechniciens
Dans leur grand uniforme ; eux, ce sont les deux anges
Qui, dans le matin clair, de simples mots échangent.
Plus tard, ils voleront au-dessus des grands bois,
Aux sources de fraîcheur buvant plus d'une fois,
Puis ils s'élèveront dans les hauteurs du vide
Jusqu'à pouvoir toucher les beaux astres limpides ;
Anges noirs, chaque jour vous est nouveau départ,
Votre part de ce monde est la meilleure part.
Oiseau des montagnes
image d'Herald Dick
De son vol, dominant la terre amérindienne,
Il scrute le bocage, aussi loin qu’il peut voir ;
De chasse quotidienne, il tire son avoir,
Sans craindre du soleil les ardeurs méridiennes.
Les gens, qui pour un ange ou pour un dieu le tiennent,
Chantent pour conjurer ses magiques pouvoirs ;
Au chamane, il transmet un étrange savoir,
C’est de là que, souvent, des sortilèges viennent.
Oiseau des nobles monts, bel habitant des cieux,
Danse ton grand ballet dans les airs, sous nos yeux,
Au jours qui sont vibrants du chant de la cigale.
Un oiseau peut fort bien aux anges ressembler ;
Ou même, à ces démons qui l’homme font trembler,
Mais non pas celui-ci, toujours d’humeur égale.
Paisible azur
image d'Herald Dick
Dans la paix profonde
D'un beau ciel changeant,
Je découvre un monde
D'azur et d'argent.
Sous quelques étoiles
Est un arbre d'or
Qu'un nuage voile
Pendant qu'il s'endort ;
Cet arbre est sublime,
Touchant l'infini ;
Tout près de sa cime,
La pie fait son nid.
Trois tiges de sable
image d'Herald Dick
Trois tiges surgissant dans un monde sauvage
Forment dans le décor un symbole incertain ;
Sont-ce trois mâts de nef sur l’océan lointain,
Partant pour un paisible et surprenant voyage,
Ou bien, serait-ce un code, un ténébreux langage
Inventé par un sage et facétieux humain,
Un noir signe tracé sur de blancs parchemins
Pour rendre à la noblesse un éternel hommage ?
Un talisman idoine à conjurer le sort,
Un mot pour se nommer, au mépris de la mort,
Un paraphe établi pour effacer la crainte ?
De l’emblème sacré devinant la clarté,
Le rhapsode lui trouve un air de vérité
Dont son âme d’esthète est plaisamment atteinte.
Arches d'Antinoé
image d'Herald Dick
Le Nil reflète mille étoiles
Et porte des vaisseaux trompeurs ;
Jamais ils n'ont hissé leurs voiles,
Jamais n'ont poussé la vapeur.
L'oiseau qui voit ces nefs fragiles
Suit leur voyage au fil de l'eau ;
Jamais n'est abordée une île,
Jamais ne stoppent les bateaux.
Défunts mignons des empereurs,
Vous manoeuvrez ces beaux navires ;
Vos mains sont toujours au labeur,
Le Nil nocturne est votre empire.
Spectres aquatiques
image d'Herald Dick
Vous hantez le plan d’eau, fantômes des aïeux,
Votre éclat surgissant comme une fleur éclose ;
Jolis danseurs légers, dessous un soleil rose,
Vous avancez sur l’onde, à la grâce de Dieu.
Vous créez le mystère aux aquatiques lieux,
Planant sur l’Océan dans une étrange pose ;
Votre absence de corps, telle la brume, arrose
La surface des eaux, ce matin, sous nos yeux.
De vos formes d’argent, vous reflétez le ciel,
Comme on voit, au printemps, de beaux rayons de miel ;
Devant un tel tableau, maladroite est ma plume.
Qu’étiez-vous autrefois ? Des ménestrels charmants,
Des rois, des généraux, des soldats, des amants ?
Vous êtes maintenant des panaches d’écume.
Cieux de gueules
image d'Herald Dick
Ciel rouge et nuage en dentelle,
Le paradis des coccinelles ;
Buvant ce ciel comme du vin,
L'insecte fort joyeux devint.
Ciel rougeoyant de Thermidor,
Au temps où le soleil s'endort ;
Ciel brûlant sur la Picardie,
La coccinelle est plus hardie.
Mer rouge avec un ciel de même,
Tout est de la couleur que j'aime ;
On s'attend même presque à voir
Venir du ciel un aigle noir.
Reine des crustacés
image d'Herald Dick
L’écrevisse a pêché du poisson pour manger ;
D’en retrouver demain, telle est son espérance,
Tant florissantes sont ces riches eaux de France,
Autant que le climat n’y viendra rien changer.
Sur le fond du ruisseau doucement s’allonger,
Digérer le repas obtenu sans dépense,
Ainsi trouve sa joie l’écrevisse qui pense
Aux bienheureux instants consacrés à songer.
Heureux dans ce cosmos, qui point trop ne demande,
La générosité de l’univers est grande,
Beaucoup sera donné, très peu sera repris.
Et nous ne devons point nous troubler, à ce compte,
Profitons de la vie, pas besoin d’avoir honte :
Nous en savons assez, n’ayant pas trop appris.
Griffons des antipodes
image d'Herald Dick
Jolis griffons sortant du pieu,
Chantant d'une voix sépulcrale,
Vous vous tenez droits sous les cieux
Qui vous sont une cathédrale.
Jadis, on vous voyait passer,
Marchant parmi les primevères ;
Votre corps était redressé
Comme les statues des calvaires.
Vous serez vieux et rabougris ;
Mais n'en ayez nulle épouvante,
On est bien, sous des cheveux gris,
La bonne humeur reste vivante.
Apteryx mantelli
image d'Herald Dick
Il s’active la nuit, pendant notre sommeil ;
Il chasse le lombric sous la voûte étoilée,
Même lorsque la terre est quelque peu gelée,
Puis il va se cacher, quand revient le soleil.
Pas facile à trouver, cet oiseau sans pareil ;
Sa grande discrétion est presque inégalée.
Il arpente le sol, à petites foulées,
Son coeur précautionneux est toujours en éveil.
Il aime se trouver sous les arbres jaunis
Que l’air de la montagne à l’automne ternit,
Et qu’au seuil de l’hiver, la bourrasque dépouille ;
Il aime aussi fouiller le pâturage vert,
Il y plonge son bec légèrement ouvert,
Et, pour son vif délice, il mange une grenouille.
Ange aux pieds légers
image d'Herald Dick
Un ange se tient là, dehors,
Et ses deux pieds sont invisibles.
Tu demandes si c'est possible ;
De t'étonner, tu n'as pas tort.
Le voici qui chante bien fort
Des couplets quelque peu risibles ;
Il prend ses compagnons pour cibles,
Se moquant d'eux sans nul remords.
Ange, on t'aime mieux quand tu dors,
On aime ton souffle paisible,
Car il nous est presque inaudible,
Et tu sais, le silence est d'or.
Un éléphant marchant sur l’eau
image d'Herald Dick
L’éléphant noir, on ne peut pas le prendre ;
Il est furtif en toutes les saisons,
Peut s’évader de toutes les prisons,
Marchant sur l’eau, ce qui vous doit surprendre.
Comment fait-il ? Je ne le puis comprendre,
C’est un défi pour ma pauvre raison ;
Aux dieux du ciel dois en faire oraison,
Qu’en leur sagesse, ils m’aident à l’apprendre.
J’en entrepris une enquête ordonnée,
La fis durer au moins toute une année,
Le résultat n’en fut pas du tout clair.
Mais, comme enfin le public m’y exhorte,
Mon point je vais conclure, en quelque sorte :
Cet éléphant est plus léger que l’air.
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