Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Gardien de la ménagerie
image d'Herald Dick
Maître du beau jardin où tant de monstres sont,
Tu leur tiens compagnie en chantant des chansons.
Un aigle blanc reprend tes plus fameuses rimes,
Lorsqu'il va, survolant les confins maritimes ;
Et le dragon qui plane, à la grâce de Dieu,
Commence la journée en disant tes mots bleus.
Il chante encore mieux, le boeuf aux cornes d'or,
Il donne de la voix, toujours un peu plus fort,
Proclamant les couleurs de l'île qui va seule,
D'azur croisé d'argent et surcroisé de gueules.
Aigle d’Islande
image d'Herald Dick
Se posant sur la glace, il fera quelques pas,
Ainsi qu’un factionnaire auprès de sa guérite ;
Autant le vaste ciel le voit s’avancer vite,
Autant, marchant au sol, il ne se presse pas.
Il est fort satisfait de son récent repas ;
Le saumon, qui dedans son noble ventre habite,
Sera-t-il le héros du sonnet qu’il médite ?
Sauf qu’en menus morceaux, son bec le découpa.
Mais enfin, il se tait ; ça lui semble frivole
D’exprimer son savoir en légères paroles,
Car le sens est perdu, si les mots sont nombreux.
Le grand aigle d’argent, c’est le seigneur des plaines,
De plaisirs peu communs, son existence est pleine ;
Il chante mieux que moi, quand il est amoureux.
Vibrations apicoles
image d'Herald Dick
Une reine concocte un apéro dément
Pour enivrer cinq cent mille insectes gourmands ;
Cette troupe joyeuse applaudit les abeilles
Et, frénétiquement, bourdonne dans les treilles.
La rumeur de la fête anime terre et ciel,
Le monde s'éclaircit dans une odeur de miel,
Ceux qui savent voler volent à l'aventure,
Ceux qui savent courir arpentent les toitures.
Vraiment, cet apéro ne fut pas décevant,
S'en souviennent la pluie, le soleil et le vent.
Trois abeilles d’or
image d'Herald Dick
L’abeille de ce jour, à la grâce de Dieu,
Porte dans mon jardin sa chanson presque humaine ;
J’aime entendre sa voix lorsque je m’y promène,
Heureux de constater son passage en ce lieu.
L’abeille d’autrefois n’est plus devant mes yeux ;
La ruche se refait, ainsi qu’une fontaine
Dont une eau différente, à la saison prochaine,
Coulera derechef pour refléter les cieux.
Abeilles de longtemps ont hanté ce bocage,
Peut-être regrettant leurs ancêtres sauvages,
Attentives ce jour, dans tout ce qu’elles font.
L’abeille de demain, je ne la vois qu’en rêve,
Comme l’arbre, la nuit, voit sa future sève,
Ou quand finit l’hiver, et que la neige fond.
Trois léopards de gueules
image d'Herald Dick
Fauve de l’an présent, tu nous dis d’être heureux,
Tout un an, que de jours, mais bon, l’on s’y efforce,
Le temps peut être doux, dessous sa rude écorce,
Léopard du présent, le temps est savoureux.
Léopard du passé, ta sagesse profonde
Nous dit de ne point trop accumuler d’objets,
De ne pas nous charger tout au long d’un trajet
Par lequel, chaque jour, nous découvrons le monde.
Fauve de l’an qui vient, tu nous offres de boire
Aux jours plein de douceur, aux brillants lendemains ;
Ils surgissent au gré du calme effort humain,
Ces jours de l’an qui vient, ces beaux jours sans déboires.
Brandisseur de lance
image d'Herald Dick
Tu fais sonner ta parole railleuse
Qui du public agrémente les jours ;
Pour tes héros, bien dur est le séjour
Dans tes maisons folles et batailleuses.
Or, tu manies la langue ténébreuse
Qui sur soi-même, aussi bien, fait retour ;
Aux beaux acteurs, tu joues de plaisants tours,
Les reléguant aux destinées ombreuses.
L’avez-vous lu, est-il proche de vous ?
Il écrivit pour le sage et le fou,
Il nous montra leur plaisir et leur peine,
Ainsi, la mort du plus grand des Romains
Nous est contée par sa puissante main,
Et l’avancée des arbres dans la plaine.
Coq de gueules
image d'Herald Dick
Dans le ciel d'or un grand coq rouge
Veut s'en prendre à tout ce qui bouge ;
Tant que le jour n'est pas couché,
Il change le monde en bûcher.
Aussitôt que la nuit va naître,
Il rêvera, près des fenêtres,
Aux plumes des poules d'antan,
Il y songera bien longtemps.
Auprès du miroir déformant,
Disant une histoire qui ment,
Il scrutera d'un oeil avide
Les trésors d'une boîte vide.
Plumes d’argent
image d'Herald Dick
On voit au ciel d’azur deux oiseaux immortels ;
La pyramide d’or est leur source de vie,
Et, chaque jour, ils vont, en dépit de l’envie,
Réciter un poème à ce magique autel.
Des arbres auprès d’eux montrent un charme tel
Qu’à leur culte, un chacun dès l’aube sacrifie,
Qu’un calvaire entre eux deux le public édifie,
Que le peintre du bourg leur consacre un pastel.
Dans l’ombre, cependant, les prêtres sont à l’aise,
Ils ne feront rôtir nul agneau sur la braise,
Ni ne nous maudiront, pour un oui, pour un non.
Heureux les villageois disposant d’un tel temple,
Leur sens du rituel est donné en exemple
Aux quatre coins du monde, aux villes de renom.
Grande marée de Seine
image d'Herald Dick
Le long du boulevard, les flots baignent les arbres,
Ça ne fait que monter depuis quarante jours ;
La Sorbonne a baigné ses durs perrons de marbre
Dans le courant liquide où flottent des corps lourds.
Les poissons, visitant la salle des banquets,
Contemplent, fort curieux, les débris des naufrages ;
Du ciel, l'inondation multiplie le reflet,
Le fleuve a découvert quelques nouvelles plages.
De nouveaux ruisselets, puis, de nouveaux étangs
Où le castor avec la grenouille s'invite ;
La grande cataracte, au lointain, je l'entends,
C'est tout près de chez moi, la Bièvre qui palpite.
Naufrage du roi
image d'Herald Dick
Le roi d’or a tenté de traverser la mer,
Il voulut affronter la tempête spectrale,
Un courant malfaisant le prit dans sa spirale,
Son esprit s’épouvante et son coeur est amer.
Il ne craint point la mort, mais redoute l’enfer ;
Son âme est envahie d’images sépulcrales,
Son esprit tourmenté par le corbeau qui râle,
Et de rien ne lui sert son grand sabre de fer.
Sera-t-il dévoré des cormorans voraces,
Restera-t-il de lui la plus infime trace ?
Son visage est gagné par la lividité.
L’emplit le souvenir de son palais antique,
De son village où sont de charmantes boutiques,
De sa chambre où régnait la chaste volupté.
Sauvetage du roi
image d'Herald Dick
Des lointains revient le roi d'or
Que les gens d'un petit village
Ont sauvé d'un cruel naufrage ;
Il suit la route, et marche au bord.
Ils n'ont pu lui donner d'argent,
Ni de manteau, ni de chaussures ;
Ils disent que la route est sûre,
Qu'on y trouve de braves gens.
Beau roi qui marches dans l'azur,
C'est bien la plus belle fortune,
Cette indulgence de Neptune
Et ces chants d'oiseaux dans l'air pur.
Minotaure d’argent
image d'Herald Dick
Minotaure d’argent, tu te nourris d’orages ;
Les récits d’autrefois nous en font le tableau,
Avec la grande pluie, tombant comme un rideau
Sur ton grand Labyrinthe, invraisemblable ouvrage.
Tu bois cette fraîcheur qui tombe des nuages,
Le peintre-magicien dégaine son pinceau
Et te peint, ruisselant, embelli par cette eau,
De la séduction même une vivante image.
Minotaure d’argent, ton oeil n’est pas trompeur,
Il brille d’autant plus que monte la vapeur
Dans le dédale obscur, le lieu de ta constance.
Minotaure d’argent, philosophe de paix,
Merci à l’artisan qui retrace tes traits
Sur le mur du palais, en signe d’espérance.
Vaches du roi
image d'Herald Dick
Le roi se délasse en été
En quittant son palais d'opale
Pour gagner les immensités
Des vertes prairies ancestrales.
Il trône sur un siège bas,
Surveillant à perte de vue
Les ruminants au corps bien gras,
Les vaches broutant l'étendue.
Heureux, ce brave roi pasteur !
Plus que sa reine, à la fenêtre,
Dont, mélancolique, le coeur
Longuement hésite à renaître.
Vigne du charpentier
image d'Herald Dick
Bon charpentier, sur un lopin de terre,
Pousse ta vigne, aux ceps déjà fort vieux ;
Le fruit survient, à la grâce de Dieu,
Pour ta famille et pour tous ceux qui errent.
Ce ne sont pas de beaux produits de serre ;
Car le soleil leur verse trop de feu
Qui devient sucre au coeur des raisins bleus,
Un empereur ne les goûterait guère.
Mais ton épouse au long des sentiers bas
Tient une grappe, et ne s’en prive pas,
Partageant tout avec le Fils de l’Homme.
Il grandira ; le vin qu’il versera
Sera le sang qui nous rachètera,
Quand frappera la justice de Rome.
Fleurs du roi
image d'Herald Dick
Nous contemplons les fleurs royales
Dans cette douceur automnale ;
Le long blason prend les couleurs
De cette profusion de fleurs.
La reine, en solides chaussures,
Vient ramasser les pommes mûres ;
De ce verger sombre, on dirait
Que c'est un arpent de forêt.
Un petit page suit de près
La reine aux champêtres apprêts ;
Marchant sur quelques feuilles mortes,
Le sac de fruits, pour elle, il porte.
Sagesse du mouton
image d'Herald Dick
Du paisible mouton la sagesse apprenez :
Aux humeurs des saisons sa conduite se plie,
De messages méchants, jamais il ne publie,
Entendant les conseils, quand ils lui sont donnés.
Il admire le ciel sans en être étonné,
Cesse sa promenade, une fois accomplie,
Se couche doucement sur sa panse remplie,
Membre respectueux d’un cénacle ordonné.
Le corbeau peut tenir un trésor dans son bec :
Le mouton, qui n’est pas un renard au coeur sec,
Jamais ne lui prendra son bien, ni sa pitance ;
Je m’en vais dans les prés, ces lignes fredonnant,
Ce qu’aucun des agneaux ne trouve surprenant,
Ils entendent qu’on chante, ils sont heureux, ils dansent.
Tigre du roi
image d'Herald Dick
Le tigre marchant au milieu du feu
Plante son regard au sein du ciel bleu,
Les fleurs du jardin, sans une parole,
Le vont saluant à pleines corolles.
Ah, que de grandeur dans ce beau regard,
Cela sert, pour lui, d'un fier étendard,
Seigneur des grands monts et de la vallée,
Premier combattant au coeur des mêlées.
Nous te saluons, grand fauve de paix,
Ton sens de l'honneur triomphe à jamais ;
Tu souris aux sons que le vent apporte,
Tu es applaudi par les feuilles mortes.
Cheval dans l'azur
image d'Herald Dick
Je rêve tous les jours d’horizons étrangers,
De chemins fantasmés, de prés que j’imagine,
De juments qui seraient d’adorables frangines
Et de routes passant au milieu des vergers.
Les moutons vont au loin, guidés par leur berger,
Les porcs au potager savourent l’aubergine,
Mais moi, je dois rester à mon lieu d’origine,
Mon maître est casanier, je ne dois pas bouger.
Or, si j’étais un chien, surveillant des galères,
Les océans feraient naviguer ma colère ;
Je tracerais ma route à la faveur des flots.
Rien ne sert de songer à partir en balade,
Je suis sans mouvement, comme un cheval de jade,
Comme un dieu statufié, protégeant cet enclos.
Nef insolite
image d'Herald Dick
La nef qui naviguait sur une étrange mer
Passe au large d'un port aux bassins innombrables ;
De gueules, sa voilure aime un vent secourable,
En poupe, un marinier tient le timon de fer.
Aux horizons lointains brillent des pyramides,
La nef n'accoste pas aux monuments d'argent ;
D'ailleurs, son équipage est fait de pauvres gens
Qui, tout au long du jour, marchent, les pieds humides.
Le capitaine a dit qu'il n'est plus vraiment sûr
De la destination de cette nef bizarre ;
Peut-être avance-t-il vers une île barbare,
Sans bien savoir laquelle, au gré des flots d'azur.
Simple nef de gueules
image d'Herald Dick
Loin du port aux longues murailles,
La nef rougit comme un brasier ;
Un gars tient le timon d’acier,
Rêvant de gloire et de batailles.
Cette rouge nef de ferraille
Est des mers le fier destrier ;
Sa coque est comme un bouclier
Dont géante serait la taille.
Sous le tonnerre et sous l’éclair,
La voile se gonfle dans l’air
Où les lys sont des oriflammes ;
Rhinocéros prêt à charger,
Rouge monstre au regard figé,
La nef est la terreur des lames.
Tertre de sinople
image d'Herald Dick
Sur le tertre on voit un roi noir,
Main posée sur un globe sombre ;
Il a des visiteurs sans nombre,
Il n'est guère heureux de les voir.
Il commémore une défaite,
Il n'est plus ce qu'il a été ;
Il se souvient d'un froid été,
Les guerriers n'ont point fait la fête.
Des marchands de Constantinople
En touristes sont venus là,
Jetant des regards sans éclat,
Au morne tertre de sinople.
Maître des lucioles
image d'Herald Dick
Insectes lumineux qui du noir sous-bois sortent,
Chacun semble muni d’un très petit flambeau,
D’une lampe allumée dont au loin l’éclat porte,
D’un signal dans la nuit, d’un lumignon fort beau.
Comme un blanchâtre esprit brillant sur un tombeau,
Va cet être volant que le zéphyr emporte ;
Puisqu’il tient, avec lui, de lumière un lambeau,
Il semble s’efforcer d’éveiller l’âme morte.
Il semble consoler les gens désespérés,
Faire venir au jour les désirs enterrés,
Abolir la noirceur et sécher toute larme ;
Un maître le domine, un magicien très fort,
Qui pour maint paysan put servir de mentor :
Sur le bord du torrent, il diffuse son charme.
Mange-lune
image d'Herald Dick
Dans une humeur dévoreuse,
Le noir dragon de la nuit
Aux mâchoires vaporeuses
Mord cette lune qui luit ;
Or, la lune dévorée
Nous apparaît de nouveau ;
Sur sa planète ignorée,
Le dragon rentre au caveau.
Nul des deux n'a de tristesse,
Nous révèlent les oiseaux ;
Baiser rare est allégresse,
De la naissance au tombeau.
Lune au bois dormant
image d'Herald Dick
La lune forestière, une joyeuse dame,
Se laisse aller, parfois, à d’étranges langueurs ;
Puis, son plaisir revient, avec plus de vigueur,
Mille choses sont là pour enchanter son âme.
Son teint immaculé devient couleur de flamme,
Elle va se fermant, la plus timide fleur,
Oubliant des humains le regard de douleur,
Un dragon la mordille et, grignotant, l’entame.
Puis, nous la revoyons qui grandit à nos yeux,
Elle reprend sa place en son naturel lieu,
Et nos humains regards bientôt se rassérènent.
En rêvant à la lune, on oublie les tourments,
On se transporte un peu dans le grand firmament,
Avec l’astre nocturne, avec la blanche reine.
Évêque de sable
image d'Herald Dick
Avez-vous vu le prélat noir ?
Il trône auprès du vieux comptoir,
Buvant autant qu'un entonnoir,
Puis il retourne à son dortoir.
L'avez-vous vu dans les miroirs ?
Quand il revient des urinoirs,
Quand il surgit du long couloir,
Son oeil est comme un ostensoir.
Voyez-le, dans la paix du soir,
Lisant un livre en son boudoir
(Où c'est même un peu le foutoir) :
Pour moi, j'ai plaisir à le voir.
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