Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Papegaults de sinople
image d'Herald Dick
Les papegaults savants disent, avec effort,
Un poème latin qui n’a rien de vulgaire ;
Une épopée parlant de périple et de mort,
De voyages en mer, et d’amour, et de guerre.
Ils racontent aussi une chasse au trésor
Par des chemins perdus, que le soleil éclaire ;
Un récit quelque peu délirant sur les bords,
Ce qui, je vous le dis, n’est pas pour me déplaire.
Heureux de n’avoir pas trop perdu mon latin,
J’entends, de ces héros, le tragique destin,
La pérégrination sur la terre et sur l’onde,
La visite nocturne aux temples obscurcis,
Et l’apprivoisement de leur coeur endurci
Par le sourire fin d’une sirène blonde.
La clé du roi
image d'Herald Dick
Le roi tient la clé de la cave,
Il s'y installera ce soir ;
Il aime rester, dans le noir,
Savourant le vin, d'un air grave.
Pour accéder aux fûts de bois,
Il faut suivre une galerie ;
L'aragne fait sa draperie
Que rarement une âme voit.
Le grand roi devient moins sévère
Sitôt que d'ivresse il est pris ;
Comme s'allège son esprit,
Il se remplit un autre verre.
Paradis grand-ducal
image d'Herald Dick
Ce beau jardin n’est point borné de palissades,
Il y pousse la vigne apaisant les douleurs,
C’est plein de braves gens qui vivent sans frayeur,
Et, entre les repas, s’en vont en promenade.
Tous les oiseaux du ciel y jouent la sérénade ;
Les animaux des bois n’y versent pas de pleurs.
L’abeille est au travail sur les plus douces fleurs,
L’escargot tient son rang de goûteur de salade.
Voyageur, ce jardin, mais il n’attend que toi ;
Tu t’y reposeras sous un beau coin de toit,
Contemplant les fruits mûrs et cent autres merveilles ;
Car c’est la paix qui règne en cet aimable lieu,
Et l’abondance aussi, pour le plaisir des yeux,
Dans le parfum subtil de la grappe vermeille.
Roi du point du « i »
image d'Herald Dick
Une île inexistante,
Un grand roi d'or la hante ;
Vers ce domaine rond,
Les vents nous mèneront.
Ce magique royaume
Est peuplé de fantômes
Qui savent des récits
Et des fables, aussi.
Dans cette île fictive,
Aucune vie active :
Juste un vieux palmier vert
Récitant du Prévert.
Le Seigneur des oiseaux
image d'Herald Dick
Cet oiseau magicien, force de la nature,
Déjeune d’un serpent, chaque jour que Dieu fait ;
Un cactus pour dessert, ça lui semble parfait,
Et puis il s’en retourne aux travaux d’écriture.
Il connaît l’urbanisme, et sait l’architecture,
Il discerne toujours la cause et les effets,
Il trie le beau parler du jargon contrefait ;
Face aux pièges du monde, il fait bonne figure.
Admire dans les cieux sa trajectoire ronde,
C’est un explorateur, un découvreur du monde,
Ses ailes de géant le portent dans l’azur.
Mais il a grand plaisir à retrouver la terre ;
Paisible, se perchant sur une grosse pierre,
Il pose sur les gens son beau regard obscur.
Danse aquatique
image d'Herald Dick
La mer d'argent jamais ne change,
Elle abrite trois dauphins d'or ;
Ils vont, tournoyant près du bord,
C'est vraiment une danse étrange.
Le premier traverse la houle,
Il sait nager comme un poisson ;
Son corps traversé de frissons
Se retourne, et bascule, et roule.
Le second pousse un cri de guerre,
Et de sa queue, il frappe l'eau ;
Quant au troisième, débonnaire,
Il fait la sieste dans les flots.
Sagesse de l’iguane
image d'Herald Dick
L’iguane vit sa vie, sans trop de fantaisie ;
Son principe majeur, cest la simplicité.
De son petit terroir, il connaît la beauté,
Du silence des lieux, il sait la poésie.
Il dévore la mouche, aussitôt que saisie ;
Le reste de son temps, c’est de l’oisiveté
Au jardin qui respire un éternel été,
Aux sources de nectar, aux mines d’ambroisie.
Un pays admirable, aussi, nul ne s’en plaint,
Les fruits sont abondants, les volcans sont éteints,
La mer marmonne au vent des leçons de sagesse.
Ne dérangez donc pas l’iguane méditant ;
Dans le tiède jardin, il passe du bon temps,
Savourant sobrement sa paisible vieillesse.
Volatile d'argent
image d'Herald Dick
-- Volatile d'argent, que fais-tu là, dehors ?
-- Je me chauffe les pieds sur des rochers en or ;
Je regarde grandir la lueur du ciel rouge,
Dressé sur mon perchoir, dont jamais je ne bouge.
(Car ce genre d'oiseau, en plus d'être fictif,
Se montre, certains jours, carrément inactif.)
Totem de sable
image d'Herald Dick
Dans le ciel d’or est un objet de gloire,
Mais nul ne sait ce qu’il veut honorer ;
Aucun dévot ne vient pour l’adorer,
Ce haut pilier, ce totem sans mémoire.
Moi, j’aime bien cette structure noire
Dont le profil est fort élaboré ;
Bien peu me chaut, si c’est pour décorer,
Ou pour marquer un désir de victoire.
On peut y voir un insecte aux grands yeux,
Un joli diable, une licorne, un dieu,
Un lourd cyclope, un troll à la vue basse ;
Un vieil ermite, un monstre de beauté,
Un noble évêque, un roi de cruauté,
Mais moi, j’y vois la Statue de la Grâce.
Charmeur de bestiaux
image d'Herald Dick
Sur son cheval d'argent, le descendant d'Orphée
Joue du bel instrument que lui donna la fée ;
Dans le ciel de sinople, un canard fend les airs,
Et dans le ciel d'azur, un poisson dit des vers.
Offre-nous, cavalier, ta musique incertaine ;
C'est un charme puissant pour les bêtes lointaines,
Secret que le progrès n'a pas enseveli,
Refrain que tu as su préserver de l'oubli.
Maison rouge
image d'Herald Dick
La grande maison rouge est bien hospitalière,
Les pèlerins du monde y trouvent réconfort ;
Mais son pauvre jardin n’a que des arbres morts,
Procurant bien peu d’ombre à nos buveurs de bière.
Le prêtre y va disant des phrases coutumières
Qu’il trouve au fond d’un livre à larges tranches d’or ;
Les reflets du soleil font un sobre décor
Au logis dépouillé de sa splendeur première.
D’autres livres, dormant dans une vieille armoire,
N’ont plus tant d’occasions de livrer leur histoire ;
Je les ouvrais, jadis, et voilà, je rêvais.
Que nous ont donc laissé nos anciennes ivresses,
Nos grands éclats de voix, nos brusques allégresses ?
Tout cela s’en alla, dit l’autre, au vent mauvais.
Château des dragons de gueules
image d'Herald Dick
Ce château d'or vit en silence,
On le croirait désert ;
Ses habitants viennent des airs,
Deux dragons en vacances.
Ils entrent dans le manoir sombre
Sous les cris des corbeaux ;
Comme viendraient, dans un tombeau,
Se réfugier deux ombres.
Ils disent des blagues funèbres,
(Mais nous les connaissons) ;
Leur rire, emplissant les ténèbres,
Me donne des frissons.
Le bouc avec la cavale aquatique
image d'Herald Dick
La jument de la mer vit dans les eaux profondes ;
Mais elle en sort, parfois, dans la clarté du jour.
Avec le joli bouc, elle vit un amour
Qui leur fait partager les joies de leurs deux mondes.
Au temple, s’abritant de l’orage qui gronde,
Les attend le dragon, grand seigneur en sa Cour ;
Il leur offre un asile en sa plus haute tour,
Un abri fort douillet, dans la muraille ronde.
Ainsi, s’appropriant ce refuge admirable,
Dans l’échange amoureux de propos adorables,
Le bouc et la jument bavardent à mi-voix.
Laissons-les partager leur aimable délire,
Ce qu’ils sont devenus, je ne puis vous le dire,
C’est si loin, c’est si loin, ces contes d’autrefois !
Sagesse des tortues
image d'Herald Dick
Les tortues sont remplies de sagesse muette,
De songer hautement, leur coeur n'est jamais las .
Sur la plage, elles vont, à minuscules pas,
Heureuses d'observer le vol vif d'une mouette.
La reine britannique en leur noblesse a cru,
Leur accordant une île en loyal apanage ;
Sur ce lointain domaine, elles font bon ménage
Avec les survivants des mondes disparus.
Innombrables coeurs
image d'Herald Dick
Dans un monde d’argent, plus d’un vif coeur rougeoie,
Ainsi qu’un beau fruit mûr, et chacun peut le voir ;
Nul ne sait pour de bon quel en est le pouvoir,
Quelle est la destinée de ce coeur qui flamboie ?
Est-il fait pour la guerre, est-il fait pour la joie ?
Devra-t-il cultiver un aride savoir ?
Sera-t-il, pour longtemps, victime du devoir ?
L’éventail du possible à ses yeux se déploie.
Et s’il ne faisait rien, ce beau coeur chaleureux ?
S’il échappait au doute, au tourment amoureux,
S’il pouvait conserver l’indifférente face
De celui qui du monde accepte toute loi ?
C’est ainsi qu’il pourrait, gardant son quant-à-soi,
Traverser sans dommage, ou la flamme, ou la glace.
La couronne à la mer
image d'Herald Dick
Donc, nous en avons assez vu,
Disait le roi, et la couronne
Disparaîtra, c'était prévu,
Aux océans je l'abandonne,
Roi d'ici, je ne le suis plus.
Ni monarque, ni capitaine,
Tout juste un barde dans le vent ;
Détenant une plume vaine,
Les deux yeux sur le firmament,
Je lis, je ris, je me promène.
De ma clé je me suis défait,
Ayant fermé mon bureau vide ;
Je suis allégé, c'est parfait,
Malgré mon vieux coeur qui se ride,
Battant au gré du temps qu'il fait.
Adieux du pélican d’argent
image d'Herald Dick
Pour la dernière fois, le pélican vint voir
Les beaux oiseaux du jour, aux chansons cadencées ;
Avec qui, si souvent, partageant des pensées,
Il mangeait des poissons dans la clarté du soir.
Oiseaux, frères oiseaux, je n’ai nul désespoir,
Mes plumes sur le sol reposent par brassées,
Les eaux de l’océan me paraissent glacées,
Le plus beau nid d’oiseau me semble un encensoir.
Dévorons ces poissons, ne soyons jamais mornes,
De cette réunion notre joie est sans bornes,
Un fier sens de la blague est entre vous et moi.
Les belles assemblées ne sont pas éternelles ;
Nous avons replié la nappe de dentelles,
C’est la fin de la fête, et la fin de l’émoi.
Trois monarques
image d'Herald Dick
Roi du futur, visage glabre,
Tu ris confusément ;
Mais ton royaume se délabre
Depuis un long moment.
Roi du passé, pitre joyeux,
Une joie se reflète
Au joli miroir de tes yeux,
Une joie incomplète.
Roi du présent, ton rire est rare,
Roi d’un petit jardin ;
Le présent, nul ne s’en empare,
Il disparaît, soudain.
Harpe murmurante
image d'Herald Dick
Cent millions de bourdons sur les trèfles en fleur ;
C’est ta chanson du jour, pays couvert d’églises,
Une langue ignorée, des mots qu’on subtilise,
Un ciel dont mon regard reflète la pâleur.
Tel celui du bourdon, le murmure du coeur
Se fait à peine entendre au sein des froides brises ;
Harpe sonnant au loin pour une âme indécise,
Au temps où le visage a perdu ses couleurs.
Et moi, j’aime le son de la harpe un peu lasse,
J’aime aussi la façon dont il emplit l’espace,
Pour soulager le mal impossible à guérir.
N’ayez point de souci pour la harpe qui pleure,
C’est ce bel instrument qui rira, tout à l’heure,
Et puis, la poésie ne peut jamais mourir.
Renne et licorne aquatique
image d'Herald Dick
Le renne est attiré par les espaces verts,
Le bain de la licorne est de glace couvert,
Glace dont rarement la fonte nous arrose,
Quand brille, vers minuit, un tiède soleil rose.
Ces deux fiers animaux chantent à pleine voix,
Loin de la grande ville et loin des vastes bois ;
Aux ours de la banquise, ils racontent des blagues
Lorsque, de l'océan, le froid fige la vague.
L'oiseau de mer, près d'eux, vient faire quelques pas,
Répétant ce dizain qu'il fredonne tout bas.
Renne dextre et renne senestre
image d'Herald Dick
Chez eux, l’axe du monde un petit peu s’incline,
Faisant que le soleil à minuit brûle bien,
Ou que, pendant des mois, il n’éclaire plus rien ;
D’un bel oiseau nocturne, alors, il s’hallucine.
Le ciel s’illuminant d’une aurore divine
Reçoit une clarté de tous les méridiens ;
Les gens vont en traîneau que font mouvoir les chiens,
Jamais ne règne ici la douceur angevine.
Il faut marcher fort loin pour rencontrer quelqu’un ;
Mais aussi, quel plaisir, ces repas en commun,
Ces blagues qu’on reprend avec un bel ensemble !
Rennes dextre et senestre entendent un oiseau
Qui, venu de la mer, leur chante un chant nouveau ;
Et même, la montagne écoute, à ce qu’il semble.
Bain de l'héraldiste
image d'Herald Dick
L'héraldiste à la mer prit son bain, dans la nuit,
Il avait pour plongeoir un rocher solitaire ;
L'Atlantique, ce jour, ne sonnait d'aucun bruit,
Que d'un récif imaginaire.
L'héraldiste a senti cet océan jeter
Sur son habit de fer une très froide écume :
Il rêva qu'un courant venait pour l'emporter
Vers l'île d'Avallon, monde sans amertume.
Dernière édition par Cochonfucius le Mar 15 Sep 2015 - 11:33, édité 1 fois
Croisière de l’héraldiste
image d'Herald Dick
L’héraldiste, emporté par le lent bercement
Du grand courant marin, qui progresse en silence,
Traverse un long lambeau de l’Océan immense,
Et notez que cela lui prend un bon moment.
Cinq cent millions de feux brillent au firmament ;
Leur clarté se répand, bien plus qu’on ne le pense.
L’héraldiste n’a point souci de l’existence,
Tous ses petits soucis s’en vont, subitement.
La mer se fait d’azur, comme dans un beau rêve,
Sur les îles, les bois sont éclatants de sève,
L’homme écoute avec joie la mouette qui le suit.
Qu’importe si l’on doit remonter sur la grève,
Retrouver le sol ferme, et le monde, et le bruit :
Survivra la douceur de cette belle nuit.
Volatile de gueules
image d'Herald Dick
Je l'observe qui plane, avec l'air innocent,
Porté par son plumage et ses muscles puissants :
C'est le fier volatile à la voix souveraine,
Celui qui meurt de soif auprès de la fontaine.
Quand il dit son désir, ça devient une loi ;
Son âme, semble-t-il, est celle d'un grand roi,
Il est toujours partant pour la grande aventure,
Il voudra bien guider l'humanité future.
Mais n'offrez pas à boire à ce bon potentat,
Sinon vous le verrez dans un drôle d'état ;
D'être ivre auprès des flots, s'il avait l'infortune,
Son sort serait remis au pardon de Neptune.
Pachyderme d’or
image d'Herald Dick
Je suis l’éléphant d’or, j’habite loin des villes,
Et je suis le plus sage, à ce que l’on m’a dit.
Chez les bons paysans, je pâture à crédit,
Ce que j’y laisse rend leur herbage fertile.
Je ne me livre pas à des plaisirs futiles,
Sauf un baril de vin, le soir du vendredi,
En retrouvant ce temps qui, sur sept, est béni ;
La boisson me procure un voyage immobile.
Le samedi matin, j’écoute les oiseaux
Ou bien les doux bergers aux flûtes de roseaux,
Sous le vaillant soleil que les arbres tamisent.
Je ne suis roi ni prince, héros ni empereur,
Je suis un animal au brave petit coeur,
Et, tel un homme heureux, je n’ai pas de chemise.
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