Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Trois taureaux justiciers
image de l'auteur
Le taureau de pourpre s’enflamme
Dans le plus redoutable feu,
Cela lui importe assez peu :
Il n’a pas bien chaud, quand il crame.
Le taureau d’argent aux yeux clairs,
Règne sur la terre embrumée ;
Il a trois vaches bien-aimées
Qu’il honore, été comme hiver.
Mais le taureau d’or, sous son charme
Tient le ciel en toutes saisons ;
Il ne permet ni trahison,
Ni les combats, même sans armes.
Porteur de quatre cornes
image de l'auteur
C'est le double taureau, qui jamais ne se trompe ;
Il a son tribunal en un sombre tripot
Dont les tapisseries ne sont que vieux drapeaux,
Où la bière est servie à grand renfort de pompes.
Les dons d'admirateurs jamais ne le corrompent,
Soit qu'ils viennent d'un barde aux tristes oripeaux
Ou d'un puissant évêque à l'étrange chapeau ;
Avec le juste droit, nul risque qu'il ne rompe.
Ne lui offre donc pas, dans sa cage, un beau merle,
Ni d'épingle à cravate adornée d'une perle,
Ni le pyrénéen et savoureux jambon.
À la rigueur, s'il vient honorer ta masure
Vers l'heure du berger, sers-lui avec mesure,
Sur une table basse, un verre de bourbon.
La Sagesse du pluvian
Quelle est belle notre langue française lors qu'elle est écrite de cette façon !
Cirtice- Maître du Temps
- Nombre de messages : 877
Localisation : Victoriaville
Identité métaphysique : adepte de la sentience
Humeur : subjugué
Date d'inscription : 27/02/2011
Trois petits minotaures
image de l'auteur
Ces trois minotaures sauvages,
Les enfants d'un dieu souverain
Et d'une génisse d'airain,
Jamais ne seront en servage.
Jamais ils ne font de victimes
Ni ne sèment le désespoir ;
Mais ils chantonnent, vers le soir,
Quelques polyphonies sublimes.
Or, s'ils mangeaient un jour des roses,
Ils deviendraient dragons fumants
Ou bien, carnivores juments,
Deux funestes métamorphoses.
Marcheur printanier
image de l'auteur
Le marcheur printanier traverse les hameaux.
Il va près de la Seine, il marche auprès de l’Oise,
Jamais un habitant ne lui cherche de noise
En ce temps de l’année où croissent les agneaux.
Il visite Limours, opulente et bourgeoise,
Il traverse Pontoise et vogue au fil de l’eau,
Il voit le bûcheron s’attaquer au bouleau
Et participe aussi aux fêtes villageoises.
Il regarde glisser les wagons sur les rails,
Puis il mange un morceau de bon pain frotté d’ail
Que vient de lui offrir une vive bergère ;
Le soir, il rêvera sous un vaste portail,
Revivant sa journée, s’amusant d’un détail :
L’existence, pour lui, est chaque jour légère.
Rideaux d'hermine
image de l'auteur
Je voulais rencontrer, dans son temple baroque,
La déesse d'argent, la licorne équivoque ;
Je voulais lui offrir le Livre des chrétiens,
Elle me l'a rendu, ça ne lui disait rien.
Je voulais réciter ces trois ou quatre strophes,
En versificateur, plutôt qu'en philosophe ;
Je voulais lui parler de mon bel univers,
Ça ne lui disait rien d'écouter tant de vers.
J"éprouvais cependant cette douce fraîcheur
Que lui a conférée la Nuit, dont elle est fille ;
Comparable à l'éclat de la lune qui brille,
Sous mes yeux éblouis, telle était sa blancheur.
D'or et d'hermine
image de l'auteur
Le grand Bouddha-poisson nous prévient des tempêtes
En un cri que reprend la sirène en son chant ;
Le vent, fendant les flots comme on laboure un champ,
Fait déferler la vague ; il en blanchit la crête.
Le vent se sent chez lui, la mer est sa conquête,
Il danse avec l’écume, il va sur l’eau, marchant
Aux chemins qu’ont suivi les navires marchands
Dont les marins, ce jour, ne sont plus à la fête.
Ah, que l’on serait mieux dans une humble boutique,
Que la navigation est douteuse pratique !
Ainsi t’exprimes-tu, passager aux abois ;
L’an prochain, tu feras une course nouvelle,
Au loin t’emportera la frêle caravelle :
Plus que vivre, il te faut naviguer, c’est ta loi.
Forteresse des Bouddhas
image de l'auteur
Loin de nos villages boueux
Est la forteresse de brume ;
Loin du monde et de son écume,
Les Bouddhas ont un lieu pour eux.
Dans leur cellule, en méditant,
Même si l'heure est bien tardive,
De leurs perceptions, ils se privent :
Mais dans leur coeur, c'est le printemps.
Ils n'ont que de l'eau fraîche à boire,
Ils n'ont, pour jardin, qu'une cour ;
Mais c'est à eux qu'on a recours
Pour effacer les idées noires.
Méduse volante
image de l'auteur
La méduse volante, issue du firmament,
Visite le jardin où pousse un fruit magique ;
L’ange double, auprès d’elle, un peu mélancolique,
Étend ses ailes d’or, et plane lentement.
Vers le sommet de l’arbre est le serpent qui ment.
Il voudrait proposer la pomme maléfique
Grâce au charme infini d’un discours diabolique,
Mais la méduse écoute, et n’y croit nullement.
-- Que viens-tu faire ici, toi, l’incrédule bête ?
-- Je vais de-ci de-là, j’explore ta planète,
Mais pas pour bien longtemps, je m’en irai demain.
(Excusons la méduse, elle n’a pas très faim ;
Tant pis pour le reptile, il ment parfois en vain,
Conclut notre bel ange, en son âme parfaite.)
Porte des six reines
image de l'auteur
De ce monde s'en vont six reines
Pour trouver la planche et le pont
Par où des espoirs elles ont
Pour devenir jeunes sirènes.
Mais trop hermétique est la porte,
Nulle d'elles ne peut l'ouvrir ;
Jamais ne pourront découvrir
L'endroit d'où les sirènes sortent.
Double paon
image de l'auteur
Le corps du double paon est comme une colline,
Comme une butte au loin qui serait faite d’or ;
Les étranges reflets que l’on voit sur ses bords
Confèrent à son être une allure divine.
Jamais ne va nageant dans la vague marine,
Jamais ne jurera par les mille sabords ;
Il est indifférent aux antiques décors,
Leur préférant l’éclat d’une cour anodine.
Ce paon, de mon jardin, est la plus belle fleur,
Car aucun végétal n’égale sa couleur ;
Un animal pareil, c’est extraordinaire.
Il aime ce jardin, il danse dans le vent,
Heureux d’être le paon, heureux d’être vivant ;
Sitôt mort, comme moi, il deviendra poussière.
D'un chien et de deux papegaults
image de l'auteur
Le chien de la maison coulait des jours heureux,
Ayant peu d'occasions de lancer une alarme ,
Rarement affamé, rarement amoureux,
D"un aimable printemps, il savourait le charme.
Soudain, il crut entendre, à son grand déplaisir,
Son maître qui disait quelques paroles dures.
S'approchant d'une porte, il écoute à loisir ;
Une autre voix répond, et ça dure, et ça dure.
Il s'en trouve perplexe. Il pénètre au salon
Pour trouver la raison de cette humeur acerbe.
Aussitôt détrompé, il se rassure : « Allons,
C'est, de deux papegaults, le ridicule verbe. »
Démon mélomane
image de l'auteur
Du démon mélomane, heureuse est la nature :
C’est un bon compagnon, je peux le garantir,
Il est sobre, il est doux, il s’abstient de mentir,
Je ne l’ai jamais vu commettre une imposture.
Il absorbe des sons, pour toute nourriture ;
Puis il les restitue, et les fat retentir :
Qui dira le plaisir qu’il nous fait ressentir ?
Ce n’est pas au pouvoir de mon humble écriture.
Il chante la vertu, la justice et la foi,
La lune du printemps qui brille au fond des bois
Dont sa chanson produit une aimable peinture.
Quand arrive le soir, le concert se poursuit,
Et cela va parfois jusqu’au coeur de la nuit ;
Mais alors, je m’endors au creux des couvertures.
Les chiens d'Héphaïstos
image de l'auteur
Les chiens d'Héphaïstos, de pitance comblés,
Ont attisé le feu, car point ne faut qu'il meure ;
Plus clair est ce brasier que les grands champs de blé
Qui jamais ne croîtront auprès de leur demeure.
Ces deux fiers apprentis rêvent en regardant
Au coin de l'atelier monter la flamme haute,
Croyant voir transparaître, en ce feu si ardent,
La divine clarté, L'Esprit de Pentecôte.
Pour ces deux forgerons, la flamme est une fleur
Qui montre devant eux son âme inassouvie ;
Le fer entre leurs mains changera sans douleur,
Mourant pour entamer une nouvelle vie.
Manoir de la licorne
image de l'auteur
Licorne, en ton manoir, loin des démons immondes,
Tu fredonnes un chant merveilleusement beau ;
Tu l’appris au jardin où sont des arbrisseaux,
Ceux qui te l’ont chanté ne sont plus de ce monde.
C’était l’ondin glissant dans la fraîcheur de l’onde
Et l’Esprit Créateur qui plane sur les eaux ;
La fileuse équipée de son fatal fuseau
La savante Artémise et sa soeur Cunégonde.
Mes vers ne peuvent point en dresser le tableau,
Il faudrait que Ronsard prît la plume, à nouveau,
Lui dont, depuis longtemps, l’horloge est arrêtée.
Moi, j’entends ta chanson qui monte vers les cieux ;
Les larmes, pour un peu, me monteraient aux yeux,
Mais j’admire une fleur, par la brise agitée.
Martin Soldat et Martin Troll
image de l'auteur
Voici Martin Soldat, le guerrier le pus brave,
Qu'ont pris pour saint patron cent villages français
Et qui nomme une rue par où Robert passait ;
Et voici Martin Troll, qui longtemps fut esclave.
Saint Martin proposa, dans un geste héroïque,
Un manteau pour quiconque en aurait le besoin ;
Le troll ne voulant pas, pur le coup, faire moins,
Les badauds attendaient un échange homérique.
Pourtant, l'apaisement se fit en quelques mots,
Car nos deux cavaliers étaient las des batailles ;
Ni le saint, ni le troll son vêtement ne taille,
Les voilà bavardant, comme des gens normaux.
Sobre hexapode
image de l'auteur
L’hexapode d’argent, dont l’âme est éclairée,
Habite, en plein désert, une maison vitrée.
Dans tout le paysage, on ne voit rien de vert,
L’abri est une serre, on peut voir au travers.
L’étoile Fleur de Lys, protectrice adorée,
Répand, quand vient le soir, une lueur dorée ;
Le monstre aime l’air sec, il vit loin de la mer,
Mangeant, quand il a faim, les insectes des airs.
Il est sobre et pensif, indolente est sa vie,
Le plus clair de son temps se passe en rêveries,
Tranquille est son réveil, il s’endort sans effroi.
Serais-je heureux aussi, moi-même, loin du froid ?
J’aimerais le désert, ou du moins, je le crois :
Les dunes, peu à peu, deviendraient mes amies.
Essaim d'ânes
image de l'auteur
Les ânes volent dans les nues,
Car ils se nourrissent d'azur ;
Par aucun frein, par aucun mur
N'est leur fantaisie retenue.
Ils passent dans un bruit de plumes,
Aux clochers sonne le tocsin,
Les dragons crachent leur écume ;
-- Ânes, quel est votre dessein ?
-- Nous ne cherchons pas la fortune
Ni ce qui pousse au noir terreau ;
Nous allons dévorer la lune,
Qui reste interdite aux marauds.
Trois bons larons
image de l'auteur
Du démon mélomane, une aubade argentine
Charme les coqs d’argent, qui mangeaient un morceau.
Belles notes qui font comme un tintement d’eau,
On y sent par endroits l’inspiration divine.
Pour chanter leur bonheur, ils gonflent leur poitrine,
Car l"aubade leur fait oublier tous leurs maux,
Comme le beau soleil, ou comme un clair flambeau,
Comme un bel arbre en fleurs, aux puissantes racines.
Sous une arche magique, ils prennent leur repos,
La musique, autour d’eux, surgit, et coule à flots,
Évoquant, par instants, la croissance des flammes.
Le démon mélomane et les deux coqs d’argent
Un beau jour s’en iront, vers le lointain nageant,
Ou laissant dériver une barque sans rames.
Ascension du bouddha de gueules
image de l'auteur
Le bouddha, loin des sanctuaires,
Sans aucun discours superflu,
Monte soudain vers la lumière ;
Je crois qu'il ne reviendra plus.
Il n'a convoqué nulle vierge,
Nulle assemblée, ni procession ;
Personne ne lui brûle un cierge,
Adieu donc, monde d'illusions.
Loin de la plaine et des collines,
Loin des villages incertains,
Il gagne le ciel qu'illumine
L'éclat de cent soleils lointains.
Apothéose des ornithorynques
image de l'auteur
Ornithorynques fiers, ce jour est votre fête ;
Car, ayant épuisé du monde les saveurs,
Vous quittez l’univers de bruit et de fureur
Pour accéder au ciel par une voie secrète.
Vous êtes libérés, bienheureux que vous êtes,
Des cent mille tracas qui vous brisaient le coeur ;
Tandis que votre corps gagne de la hauteur,
Votre esprit trouve en lui la concorde parfaite.
Si vous avez le temps, un jour, envoyez-moi
Une carte postale, une image où l’on voit
Un petit aperçu du pays d’Oute-Terre.
Si la chose n’était pas en votre pouvoir,
Ayez le souvenir de ce chant d’au revoir
Que compose pour vous un rêveur sédentaire.
Boudha-coq
image de l'auteur
Voici le Bouddha-coq, absent des grandes villes ;
On le trouve surtout dans les déserts lointains,
Il peut vive longtemps sans parler aux humains :
Il les trouve gentils, mais quelque peu serviles.
Jamais il n'accomplit le plus petit miracle ;
Simple est son ordinaire, et sa vie sans apprêts.
Il voyage parfois vers les sombres forêts,
Écoutant, des grands pins, l'indéchiffrable oracle.
Il ne connaît ni roi, ni juge, ni bourreau,
Il ne fréquente pas la troupe des faussaires ;
Et son regard ne craint pas le moindre adversaire,
Ni les sabres, parfois surgissant des fourreaux.
Dévoreur de taureaux
image de l'auteur
-- Viendrez-vous savourer quelques taureaux, Madame ?
Nous pourrions grignoter quelques béliers aussi ;
De pâtre ni berger, nous n’aurons point souci,
Car je sais insuffler la terreur dans leurs âmes.
-- Ce serait malaisé, lui répondit la femme,
Je n’en mangerai point ; mais je vous dis merci.
Le pâtre et le berger qui là-bas sont assis
Sont mon père et mon frère, et je craindrais leur blâme.
En entendant cela, le monstre s’est enfui ,
Faisant quelques arrêts pour boire l’eau des puits ;
Car la belle inconnue décevait son attente.
-- Flûte ! On ne sait jamais si ces humains plaisantent,
Je m’en vais avaler la prochaine passante ;
Je vois rire un taureau, ma foi, tant mieux pour lui.
Les animaux des fables
image de l'auteur
Ils sont parfois coureurs, ils ont parfois des ailes,
(Ces derniers sont souvent sur un arbre perchés),
La Fontaine entendait leur langue maternelle ;
Le renard, bien souvent, fait les autres marcher.
Le fabuliste, ici, les montre avec tendresse ;
Nous captons son discours, nous rions avec lui,
Ainsi, cet âne gris voudrait une caresse,
Mais ce voeu, mal compris, lui vaut quelques ennuis.
Jeannot, tu ne plus pas aux princes de l’Église,
lls n’ont guère, envers toi, montré leur charité ;
Mais, point trop dépourvu lorsque survint la bise,
Tu vécus tes vieux jours, chaudement abrité.
Glissade
image de l'auteur
L’ours de sable est habile, et n’a pas froid aux yeux ;
Il dévale un glacier pour charmer sa maîtresse.
Même si cette oursonne était une déesse,
Il n’irait pas plus vite, il ne ferait pas mieux.
Trois minotaures font leur visite en ces lieux,
Nous pouvons admirer l’éclat de leur jeunesse;
Ils s’ébattent ainsi, loin de toute détresse,
Faisant sonner leur rire à la face des cieux.
L’ours de sable a cueilli, pour sa dame, une rose ;
La belle aussitôt l’a sous une cloche enclose,
Qu’elle vive à présent sans peur des lendemains.
Ours tant heureux d’aimer, minotaures sagaces,
Savourez, sur les monts, ces moments si fugaces,
Tant qu’ils ne seront pas gâchés par les humains.
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