Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Deux amazones
image d'Herald Dick
Filles libres, au bois, de venir et d'aller,
Un sourire arborant, venu du fond de l'être !
Dames de la forêt, combattantes sans maître,
On leur attribuerait des faits inégalés.
Vêtues légèrement, l'hiver comme l'été,
Elles sont l'ornement du jardin que j'admire ;
Je me sens enivré par l'air qu'elles respirent,
Leur regard amusé, je ne peux l'éviter.
Elles vivent au bois, je ne sais pas comment,
Juste avant de dormir, j'évoque leur image,
Elles n'ont pas besoin de donner davantage ;
D'un mot qu'elles ont dit, je me fais un roman.
Neuf rois minuscules
image d'Herald Dick
J’ai vu neuf petits rois avec leurs connétables,
Leurs fous, leurs chambellans et leurs vieux maréchaux,
Trônant dans un jardin, sous le ciel déjà chaud,
Jugeant de durs procès, d’une voix irritable.
C’était un temps d’automne, à peu près supportable ;
Le repas, ordonné par les grands sénéchaux,
Commençait par un plat de petits artichauts,
Les verres étaient pleins d’un petit vin de table.
Les valets dégustaient des pâtes dans des auges,
Dont la sauce, bien verte, avait un goût de sauge,
On les voyait perdus dans leurs mâchonnements.
Leur vin était versé par de roses servantes
Auxquelles ils disaient des choses captivantes ;
Elles s’embellissaient de leur étonnement.
Volatile ambidextre
image d'Herald Dick
Ce rapace surveille un petit Roi Soleil
Dont, tout le jour, il va protégeant le sommeil :
Alors, nous admirons l'argent de son plumage,
Prêts à croire aux vertus de son joli ramage.
Chaque serre de l'aigle agite un instrument,
Très fort est cet oiseau, magicien, sûrement :
La couronne royale est entourée d'hermine,
Le ciel, quand vient le soir, de rouge s'illumine.
Au caveau, cependant, dorment les rois d'antan ;
Il n'est que leur blason qui soit resté vivant,
Ainsi que son image à vos yeux le dévoile,
Au coeur de votre écran, sur cette grande Toile.
Grand loup d’argent
image d'Herald Dick
Le loup vêtu d’argent, un seigneur redouté,
D’innombrables combats porte le témoignage ;
Sa vie sur le terrain maintes fois fut en gage,
S’il veut gagner le point, rien ne peut l’arrêter.
Il eût pu de son fief, jadis, se contenter ;
Mais le désir le prit d’en avoir davantage,
Car d’une grande terre il faisait bon usage,
Et, dans l’affrontement, il aimait l’emporter.
C’est l’ardeur du combat, par-dessus tout, qu’il aime,
Car, face à d’autres loups, il est vraiment lui-même,
Trouvant son équilibre en ses débordements.
Or, pourtant, ces jours-ci, je l’ai trouvé tout autre,
Apaisé, reposé, diseur de patenôtres ;
Son âge l’a rejoint, inexorablement.
Chevaux des bûcherons
image d'Herald Dick
Nous défrichons les bois, ce n'est pas un désastre,
La nouvelle clairière est belle sous les astres ;
La nuit comme le jour, nous vivons au bon air,
Sans redouter l'orage avec ses blancs éclairs.
Nous méritons, vraiment, nos rations de fourrage,
Nous admirons le maître, expert en élagage,
Car, de trancher du bois, c'est un acte important,
C'est un point de repère, en ce monde flottant.
Vas-y, petit cheval, avance à perdre haleine,
Aux encouragements des oiseaux de la plaine :
Quand tu auras fini tes immenses travaux,
Nous pourrons replanter quelques arbres nouveaux.
Cheval triple
image d'Herald Dick
C’est un monstre d’argent qu’on voit du ciel descendre,
C’est un triple cheval, un messager d’amour ;
Sa gloire l’accompagne, illuminant le jour,
Il vient pour ses bienfaits sur la plaine répandre.
De son brillant aspect, nul détail à reprendre,
Décidément, l’on peut l’admirer sans détour ;
Quel plaisir, avec lui, de partir faire un tour
Sur le bord de la Seine, en un ombreux méandre !
L’autre jour, près de lui, un ange voletait
Qui au long du chemin doucement papotait,
Parlant de tout, de rien, puis de littérature ;
Notez qu’il est unique, et pourtant, qu’il est trois,
Imitant du Seigneur la trinitaire loi ;
Proche du Créateur est cette créature.
Une île de sinople
image d'Herald Dick
L'île est plaisante à voir mais il n'y vit personne ;
Sans ferme, sans village, un vaste tapis vert,
Le vent tiède en été, puis la bise en hiver,
Une tour, de laquelle aucune heure ne sonne.
Même, on pourrait s'attendre à croiser des fantômes ;
Ceux d'anciens habitants, depuis longtemps enfuis,
Qui reviendraient hanter les désolantes nuits
De ce havre perdu, de ce piteux royaume.
J'aimerais, sur cette île, être un très vieil oiseau
Pour entendre, le jour, les rumeurs océanes ;
Quand les chants d'autrefois traverseraient mon crâne,
Les accompagnerait la danse des roseaux.
Sagesse d'un roi-serpent
image d'Herald Dick
La vieillesse a bercé mon humeur serpentine,
J’écoute les échos de mon palais désert ;
Sur le vaste jardin défile un ciel couvert
Qu’illumine fort peu le soleil qui décline.
Aux horizons lointains déferlent les collines ;
Des oiseaux languissants résonne le concert.
Nul bestiau n’est entré au pâturage vert,
La pluie semble obscurcir le toit d’ardoise fine.
Nous en avions, pourtant, des rêves de ciel bleu
Lorsque notre palais fut bâti en ce lieu ;
Plus d’une bonne idée par nous se vit forgée.
Mais le sombre chagrin grandit, comme un cyprès,
Retraçant le jardin sous de plus sombres traits ;
La nostalgie survient, dans la cour mal rangée.
Nef surgissant des ténèbres
image d'Herald Dick
La nef aborde une province,
Le capitaine invente un nom
Et fait résonner le canon ;
Dans l'air monte une fumée mince.
Cet instant est assez troublant,
Les gens, sur la côte, font signe,
Un grand nuage est comme un cygne
Par-dessus la nef, digne et blanc.
Le village devient le siège
De Monseigneur le vice-roi ;
Il gagne de nouvelles lois,
Qui peut dire si c'est un piège ?
Seigneur griffon
image d'Herald Dick
Le roi-griffon raconte une histoire effroyable
Qui nous fait découvrir un univers cruel ;
Mais pour les courtisans, c’est fort habituel,
Et puis, tous ces récits ne sont guère croyables.
Cette assemblée se rit des héros misérables
Qui sont environnés de cent dangers mortels,
Ou qui perdent l’honneur, tel ce pauvre Vatel ;
Chacun est amusé par ces traits mémorables.
-- Messieurs, soyez sérieux, je parle des douleurs
Que les pauvres humains éprouvent en leur coeur,
Je parle de l’enfer dont ils craignent les flammes.
-- Griffon, régale-nous du conte que tu dis,
Ainsi nous oublions tous nos réels soucis ;
Ainsi, nous retrouvons le bonheur en nos âmes !
Ange de gueules
image d'Herald Dick
Mes jambes me servent de bras,
L'avenir vient à petits pas ;
J'attends le temps des primevères
Pour voleter dans l'aube claire.
Ange (ou démon, peut-être bien)
Du passé je ne me souviens
Qu'en la matinale dormance ;
Et ce sont des jours sans romance.
Jamais ne fut ma face peinte
Au recto d'une image sainte ;
Je suis un ange suranné,
Rêvant dans un jardin fané.
Adam boréal
image d'Herald Dick
Je suis l’Adam régnant sur un Eden de glace,
Et pour pêcher, je dois la banquise casser ;
Quand je naquis ici, dans un lointain passé,
Mon paternel m’offrit cette puissante masse.
Sous deux ou trois peaux d’ours, ma compagne m’embrasse ;
Dans la neige du Nord sont nos chemins tracés,
Rarement le soleil s’en vient les effacer,
Puis, aux jours les plus froids, la lune le remplace.
J’aime, au coeur de l’hiver, allumer des flambeaux
Et conserver la viande en de profonds caveaux ;
J’aime ce beau jardin, dont le pôle est le centre,
Le fer tombé du ciel, dont nul ne sait le prix,
Mon modeste destin, qui n’est dans nul écrit,
La chair et le poisson dont je nourris mon ventre.
Chevalier montagnard
image d'Herald Dick
Le skieur au fier visage
Est bâti comme un géant ;
Il avance, tel un sage,
Dans sa quête du néant.
Déjà, la nuit n'est plus noire
Et le petit matin luit ;
Le soleil montre sa gloire
Et l'obscurité s'enfuit.
Ce chevalier porte-glaive,
En glissant jusqu'à Babel,
Visitera, dans son rêve,
La tour qui va jusqu'au ciel.
Roi captif
image d'Herald Dick
Je régnais sur les multitudes,
Je perdis tout en un instant ;
Et depuis, je passe mon temps
Dans ce recoin de solitude.
Tant pis pour cette ingratitude ;
Puisque le peuple est inconstant,
Laissons-le. Dans ma lassitude,
Plus rien, pour moi, n’est important.
Je me souviens que j’ai goûté
Tant de plaisirs bien mijotés,
Qu’ai-je donc besoin d’autre chose !
La mort s’en vient, à petits pas,
Dont la voix ne s’élève pas ;
C’est la fin des métamorphoses.
Messager volant
image d'Herald Dick
Je traverse l'espace,
Je vais contre le vent,
Je glisse en l'air mouvant
Sans laisser nulle trace.
Portant la branche verte
Qui signifie l'espoir,
J'avance, dans le noir,
Vers la fenêtre ouverte.
Humains, j'ai vu la terre,
Le déluge est fini.
Je referai mon nid
Dans l'arbre centenaire.
Trois penseurs vêtus d'écailles
image d'Herald Dick
Le poisson du passé tient un discours léger,
Il dit que rien ne vaut qu’on s’en tourmente l’âme ;
Car les cendres jamais ne redeviennent flammes,
Ni les neiges d’antan ne reviennent neiger.
Le poisson du présent veut nous faire songer
Aux boulevards, où sont de si charmantes dames,
Aux affaires du jour, aux choses qui se trament,
Au monde dans lequel notre corps est plongé.
Le poisson du futur a de merveilleux thèmes,
Des récits bien construits, on dirait des poèmes,
Ce pendant, par instants, je le sens tâtonnant.
Poissons, ne parlez plus. La montagne est gravie,
C’est sur un froid plateau que se poursuit ma vie ;
Poissons, qu’ai-je besoin de vos mots, maintenant ?
D'or au cheval de sable
image d'Herald Dick
Mon maître gouverne un ciel d'or,
Je ne lui porte pas envie ;
Le seigneur Murat craint la mort,
Et son cheval aime la vie.
Foin des batailles et du bruit !
Car dans la paix sont les merveilles ;
Dans la splendeur des froides nuits,
Quand les étoiles nous éveillent.
D’un royaume inconnu
image d'Herald Dick
Archives des bureaux, papiers rangés en tas ;
Valets buvant des vins venus des antipodes,
Disponibilité des commis de l’Étаt,
Ce royaume est régi par de bizarres codes.
Le prince est installé sur un trône tripode ;
Son chambellan revêt des robes de gala.
Du chant des religieux résonne une pagode,
Le royaume appartient, peut-être, à l’au-delà.
Un train de bois flotté survient le long du fleuve,
Dont les piliers des ponts sont mis à rude épreuve ;
La cuisine, en plein air, a ses feux allumés.
Les rues sont arpentées par d’incroyables bêtes,
Les agents de quartier prennent un air de fête :
C’est qu’une fois de plus, le prince a trop fumé.
Terre de Gaule
image d'Herald Dick
Chez les Gaulois sont des mystères
Obscurs aux étrangers ;
Leurs chansons aux accents légers
Vont célébrant leur terre.
Apprenez-moi, bardes gaulois,
Cette langue inconnue ;
Quand je l'aurai bien retenue,
Je chanterai vos lois.
Gaulois en un festin accueillent,
Par générosité,
Leurs innombrables invités ;
Ils dînent sous la feuille.
Trois pictogrammes
image d'Herald Dick
Fait par un scribe au jardin bienheureux
Est un écu dont plaisante est la face ;
Il est porteur de trois signes que trace
En trois couleurs, un pinceau chaleureux.
La marque d’or dit l’être aventureux,
L’argent figure une étoile de glace,
Et de sinople un dessin trouve place,
Représentant un chapitre amoureux.
Le tout présente une belle harmonie,
Ici ou là, nul lecteur ne le nie ;
L’esprit global, n’en est-il pas lointain ?
La faute en est au temps, irrévocable,
Qui perd le sens comme l’eau perd le sable ;
Paléographe y perd sa peine, en vain.
L'inframonde et la mer
image d'Herald Dick
Sous la mer, qui est belle,
Est un monde infernal ;
Un phénix très fidèle
Brûle en son feu natal.
L'oiseau chargé de dons
Finit son existence
En total abandon,
Puis il la recommence.
Sur l'inframonde vieux,
C'est la mer, c'est l'eau claire,
N'est-ce point là le lieu,
Phénix, que tu préfères ?
Oiseau de Nouvelle-Grenade
image d'Herald Dick
Ce noble oiseau, par sa présence,
Rend tous les citoyens heureux ;
Les ermites, les amoureux,
Même les grincheux de naissance.
Ceux qui savent qu’en leur absence
Cet oiseau s’est souvenu d’eux ;
Ceux qui se promènent par deux,
Ayant de lui la souvenance.
C’est l’oiseau chassant le souci,
Quel plaisir de l’avoir ici !
Notre âme en est moins oppressée ;
Ce n’est un maître en nul savoir,
Il ne peut donc nous décevoir
Par une illusoire pensée.
Nef étroite
image d'Herald Dick
Navire allant sous un ciel d'or,
Mais son parcours me semble étrange ;
Les marins ne sont pas ni des anges,
Ni des truands retors.
La nef sous le soleil d'argent,
Vive comme une hermine,
Bateau ne payant pas de mine,
Porteur de braves gens ;
Je ne sais pas vers quels parages
Va ce vaisseau d'un goût nouveau ;
Je sais qu'il n'a point de rivaux
Le long de son passage.
Sable, or, azur
image d'Herald Dick
Le troll danse au milieu des saules,
Je le prends pour un petit dieu ;
Le mouvement de ses épaules
Est, dans l’azur, si gracieux !
Environné de l’or des feuilles,
Son rire est proche du sanglot ;
Est-ce du sable, est-ce de l’eau
Qu’au clair ruisseau, ses pieds recueillent ?
Sable, or et azur inconnus,
Qu’en aurai-je ici retenu ?
Je ne connais pas leur nature.
Ici ne vient nul rossignol,
Ici ne viennent que des trolls :
Et bien malin qui les capture.
Ange-portier
image d'Herald Dick
L'ange d'azur, veillant sur une ville immense,
Ouvre et referme aussi le vieux portail rouillé ;
Gardien de la cité de sagesse et démence,
Auprès de ses remparts, il est agenouillé.
Quand il entend sonner l'église Notre-Dame,
Il songe aux citoyens qui tous craignent la mort ;
Quand l'océan voisin est parcouru de lames,
Il apaise aussitôt les eaux noires du port.
Qui veut quitter le bourg, cet ange l'en délivre ;
Il ouvre le portail, sans demander d'argent,
Il efface le nom sur la page du livre,
Laissant partir le gars, sans en parler aux gens.
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