Sagesse du pluvian
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Ladysan
Cochonfucius
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Renards libres
Quatre cents prisonniers dans les deux hautes tours ;
Ils n’en sortent jamais, ni la nuit, ni le jour,
Mais pour se divertir, ils guettent en silence
Le sinueux parcours de deux renards qui dansent.
Et plus d’un détenu, dit-on, se croit renard,
Au milieu des grands bois se promenant, peinard ;
Puisque, si l’on n’est pas libre de sa personne,
En se croyant un autre, ainsi, l’on déraisonne.
Lyre de lion
Musique incomparable, où prend-elle sa source ?
De l'harmonie céleste, elle semble un reflet ;
Qui fait sonner la lyre ? Serait-ce un troll follet
Cherchant, par ces accords, à charmer la Grande Ourse ?
Au travers du cosmos, les sons prennent leur course,
Au curieux musicien, la lyre se soumet,
Et son inspiration culmine en un sommet ;
Harpagon, s'il passait, lui jetterait sa bourse.
Ce virtuose est là, dès le petit matin,
Je crois que c'est un lion, j'en suis même certain,
Sur le bel instrument, ses lourdes griffes dansent.
Il fera résonner la lyre tout un jour,
Et quand viendra pour lui le moment du retour
Au désert taciturne... Ah, quel heureux silence !
Dernier sommeil
(Image du blog Héraldie)
Le corps doit rejoindre l'argile,
C'est prévu, c'est fatal ;
Cessant alors d'être fragile,
Il devient minéral.
Quelques amis, qui se rassemblent,
En discutent entre eux :
Le disparu, par instants, semble
Participer au jeu.
Le corps doit rejoindre l'argile,
C'est prévu, c'est fatal ;
Cessant alors d'être fragile,
Il devient minéral.
Quelques amis, qui se rassemblent,
En discutent entre eux :
Le disparu, par instants, semble
Participer au jeu.
Dernier jardin
(Image du blog Héraldie)
Vous respirez la paix, tombeaux de pierre grise ;
Depuis déjà longtemps, j’aime cette couleur.
J’aime aussi la chanson des arbres dans la brise
Et l’ombre des chemins où surgissent des fleurs.
Les morts n’entendent plus ce que les oiseaux disent,
Ou pensif rossignol, ou moineau querelleur ;
Ils n’entendent pas plus le prêtre en son église,
Cet espace et ce temps, ce ne sont plus les leurs.
Le vivant se console en la boisson vermeille,
Contemplant au jardin la course des abeilles
Qui semble, à ce moment, figure de l’espoir.
Le cimetière, un point dans l’univers immense,
Groupe vivants et morts dans un même silence
Sous le ciel printanier, qui bientôt sera noir.
Vous respirez la paix, tombeaux de pierre grise ;
Depuis déjà longtemps, j’aime cette couleur.
J’aime aussi la chanson des arbres dans la brise
Et l’ombre des chemins où surgissent des fleurs.
Les morts n’entendent plus ce que les oiseaux disent,
Ou pensif rossignol, ou moineau querelleur ;
Ils n’entendent pas plus le prêtre en son église,
Cet espace et ce temps, ce ne sont plus les leurs.
Le vivant se console en la boisson vermeille,
Contemplant au jardin la course des abeilles
Qui semble, à ce moment, figure de l’espoir.
Le cimetière, un point dans l’univers immense,
Groupe vivants et morts dans un même silence
Sous le ciel printanier, qui bientôt sera noir.
Au-dessus des flots
Au-dessus des flots bleus se déploie le ciel d’or,
On y voit graviter deux grands pianos qui volent ;
Ils furent placés là par deux démons frivoles
Qui n’ont pas de voisins, et jouent donc assez fort.
L’ondine du ruisseau, tirée de son sommeil,
Jette un sort de mutisme, et les pianos se taisent :
Du silence bémol ou du silence dièse,
Pour le démon, ça vaut, pour l’humain, c’est pareil.
Soleil des lyres
Robert brandit sa lyre en toutes les saisons,
Que ce soit jour de deuil, que ce soit jour de fête ;
Semaine de vendange ou bien de fenaison,
Robert est un démon qui n'en fait qu'à sa tête.
Disciple que je suis, je dis qu'il a raison ;
Naviguons, dans le calme ou bien dans la tempête,
Cultivons nos jardins, décorons nos maisons,
Ainsi est fait l'humain, cette drôle de bête.
Or, que la poésie soit notre mot de passe :
Ainsi que le soleil d'éclairer ne se lasse,
Nous ne nous lassons point de créer nos décors.
Or, que le rêve apporte un plaisir véritable,
Livres sur l'étagère et bon vin sur la table :
Et le malheur, jamais, ne sera le plus fort.
Mi-cerf, mi-poisson
D’or sont un cerf et un poisson,
Sur eux, j’ai fait cette chanson.
Au ciel de gueules qui les porte,
Ils planent sans le moindre bruit ;
Ils vont, comme la feuille morte,
Quand au vent d’automne, elle fuit.
D’or sont un cerf et un poisson,
Sur eux, j’ai fait cette chanson.
Pourquoi feraient-ils du vacarme,
Ils savent vivre sans un mot ;
De ce silence, il font une arme,
Ce sont de sages animaux.
D’or sont un cerf et un poisson,
Sur eux, j’ai fait cette chanson.
Dernière édition par Cochonfucius le Dim 17 Mai 2015 - 11:33, édité 1 fois
D'or au dragon d'azur
Le dragon d'azur chante, et, pensif, je l'écoute ;
On dirait qu'il récite un sonnet délirant
Devant trois tours de sable où règne, indifférent,
Un trio de seigneurs qui cultive le doute.
Les trois soleils d'azur éclairent le torrent
Qui circule, invisible, et que longe la route ;
Une vague, parfois, projette quelques gouttes,
Une truite d'argent frémit dans le courant.
Le dragon d'azur vole en sa ligne brisée,
Son énergie, dit-on, n'est jamais épuisée,
Sur la terre, jamais il ne pose les pieds.
Le dragon d'azur chante, et je l'écoute encore ;
Comme moi, c'est un barde à la lyre sonore,
Sans que je le connaisse, il a mon amitié.
D’or à un monstre rotatif
Le griffon que voici, qui triple tête porte,
Est enfant des blasons, mais de nouvelle sorte.
De gueules son plumage est assez chaud, l’hiver,
Car il n’aimerait point être nu comme un ver ;
Nous allons admirant sa trajectoire ronde,
Qui, se fermant sur soi, ne conduit nulle part.
Il grogne, revenant à son point de départ :
-- Toujours personne en vue ! Serais-je seul au monde ?
De gueules au cygne d'argent
Des basses-cours, le cygne se souvient :
Des vrais canards, avec lesquels on joue,
De la fermière aux abondantes joues,
Du troupeau d'oies qui s'en va et s'en vient.
De cette enfance, il ne lui reste rien,
Cygne et canard d'amitié ne se nouent ;
L'un dans l'eau pure, et l'autre dans la boue,
Entre ces deux ne subsiste aucun lien.
Ce ne doit être un objet de malaise,
Juste une idée, qu'un sombre oubli apaise,
Ni attachés, ni l'un de l'autre épris,
Cygne et canard ont chacun leur domaine ;
Ce ne doit point être cause de peine...
Mais ils pensaient, jadis, s'être compris.
Trois oiseaux de gueules
C'est le premier oiseau de gueules qui fredonne
Un air du temps passé, pour charmer le renard ;
-- Oiseau, je ne suis pas un client pour ton art,
J'aime juste manger les morceaux qu'on me donne.
C'est le deuxième oiseau de gueules qui proclame
La beauté du cosmos, pour séduire un goupil ;
-- Oiseau, je ne veux point de ton discours subtil,
J'aime mordre dedans ce qu'a rôti la flamme.
C'est le troisième oiseau de gueules qui prononce
Ces trois petits quatrains pour plaire à des lecteurs.
-- Oiseau, j'aime les vers, s'ils proviennent du coeur,
L'exercice de style est, pour moi, sans réponse.
Duo de monstres
C’est un monstre d’argent qui vadrouille en tous lieux,
Gigantesque est sa tête, et très fin, son derrière.
Il voudrait rencontrer une noble guerrière,
Car, s’il y parvenait, il croit qu’il vivrait mieux.
C’est un monstre de sable, errant dessous les cieux,
Que l’on peut voir souvent marcher dans la lumière
Du printemps, fredonnant les chansons coutumières
Qui viennent de son coeur, qu’il offre à de beaux yeux.
Les voici tous les deux, à leur grande surprise,
À confronter soudain leurs quêtes incomprises :
Chacun contemple l’autre, avec un air rêveur.
-- Que fais-tu devant moi, monstre au pelage sombre ?
-- J’ai bien soif. Connais-tu une terrasse à l’ombre ?
-- Viens par là. Nous verrons si tu es fin buveur.
Nef dansante
Petite nef d’argent sous le plus vif des cieux,
Vent du Nord et du Sud te poussent en tous lieux ;
Contre ces vents puissants que les grands dieux animent,
Ton équipage ardent jamais ne s’envenime.
Chantent les matelots, sitôt qu’ils ont bien bu,
Ceux-là qui sont vaillants, ceux-là qui sont fourbus,
On ne sait où on va, mais il faut qu’on y aille,
Contre les éléments, c’est toujours la bataille.
Le noble capitaine est aussi fort qu’un boeuf,
Sa veste est de coton, son pantalon est neuf ;
Si le succès lui vient après cette campagne,
À tous ceux du navire il offre le champagne.
Taureau de sable
Du grand taureau volant l'errance continue
Le conduit au-dessus des déserts éternels ;
Il survole ce monde, effroyable et réel,
Puis entre dans la ville, au long d'une avenue.
Une foule joyeuse, aux faubourgs parvenue,
Applaudit ce guerrier qui traverse le ciel ;
Il salue à son tour, héros surnaturel,
Admirant la vestale et ses épaules nues.
C'est un noble animal, ce n'est pas un blaireau,
C'est un oiseau magique à tête de taureau :
Béni soit à jamais le sol où il se pose.
-- Taureau, de ton pays par le soleil brûlé,
Dis-nous pourquoi, ce jour, ton corps s'est envolé ?
-- J'avais la nostalgie des lilas et des roses.
Coupé de gueules et d'azur
Ils ont bu, les griffons d'argent,
Le bon vin des vignes lombardes ;
Le breuvage aux reflets changeants
Qu'autrefois chantèrent les bardes.
Si de l'amphore on voit le fond,
Les griffons d'or ont une cave,
Et les provisions qu'ils y font,
Ce ne sont pas des betteraves.
Griffons d'argent et griffons d'or
Prennent au sérieux leurs breuvages ;
Ils boivent en leur château fort,
C'est là leur plus bel apanage.
Quadrupède irradiant
Un petit mammifère, à nul autre pareil,
Vit près de l’Océan du Meilleur et du Pire ;
C’est ce qu’ont raconté des marins de l’Empire
En buvant de longs traits d’un breuvage vermeil.
Cet animal, captant l’énergie du soleil,
Se met à rayonner, comme fait un lampyre,
Et même aussi, la nuit, quand la lune l’inspire,
Il peut illuminer des arbres le sommeil.
Une onde se propage ainsi qu’une rafale,
Balayant les entours de son corps bicéphale ;
Chacun de ses voisins le respecte et le craint.
On le dit cependant inoffensif pour l’homme,
Débordant de tendresse aussitôt qu’on le nomme ;
Or, dans ces instants-là, son éclat se restreint.
Monstre cornu
Auprès des trois chevaux se tient un monstre qu'orne,
Symbole de puissance, une paire de cornes ;
Invisible pour eux, ce monstre les contemple.
Lequel des trois coursiers prendra-t-il pour exemple?
Être un monstre de course, acquérir du mérite
En ce bel hippodrome, en allant le plus vite ?
Il sent, en y pensant, une faiblesse au coeur ;
S'il courait, ce serait sous des regards moqueurs.
Se faire paysan, pour vendre ses efforts,
Aussi, n'en recevoir que peu de réconfort ?
Il sait qu'il n'est pas fait pour une telle ascèse,
Quand il a plu dessus, lourde est la terre glaise.
Ou bien quoi, devenir coursier de l'Empereur,
Entrer dans la bataille en semant la terreur !
Non, le digne modèle est bien le quatrième :
C'est le cheval Victor, écrivant ses poèmes.
Dans les cieux
Au ciel d’argent, les anges dorment,
Sauf un qui reste à méditer,
Perché sur une branche d’orme
Tout le printemps, et tout l’été.
Au ciel d’azur, le jour se forme ;
Les licornes l’ont invité,
Ça nous fait un plaisir énorme
De découvrir tant de beauté.
Au ciel d’or, un démon vulgaire
Se prépare à partir en guerre ;
Il incline son front méchant.
Rien de nouveau dans les trois sphères ;
Ils ont l’art de ne pas s’en faire,
Ces anges dont j’entends les chants.
Lévrier de Buridan
Sous trois grands soleils d'or
Un blanc lévrier songe ;
Quelques doutes le rongent,
C'est d'un grand inconfort.
Faut-il partir en chasse
Ou retourner dormir ?
Sa voix pousse un soupir,
Et puis, rien ne se passe.
Les trois soleils avancent,
Point ne bouge le chien,
Il rêve, il ne fait rien,
Il se concentre, il pense.
Aigle-Bouddha
Cet oiseau de l’éveil renonce aux privilèges,
Dirige, en méditant, ses regards vers le Nord,
Et avec l’univers se met en plein accord,
Comme avec les coteaux s’harmonise la neige.
Il ne prononce pas les mots des sortilèges ;
Allant d’un point à l’autre, il plane sans effort,
Se tenant loin, toujours, des vivants et des morts.
Il ne chante jamais de chanson sacrilège.
La beauté du cosmos embellit ses doux yeux ;
Le calme, autour de lui, s’établit en tous lieux,
Un calme rehaussé d’un soupçon de mystère.
Son vaste esprit est noble, et pur, comme il se doit ;
Je l’entends accomplir un travail sur sa voix :
L’exercice fameux qui consiste à se taire.
Danser avec des mégalithes
Qui est ce fier danseur ? C’est un dolmen quadruple
Qui valse dans la plaine avant de prendre un bain ;
On le voit s’agiter ainsi jusqu’au matin,
Buvant une potion qui son ardeur décuple.
Sur la plage le soir, il jongle avec des crabes ;
Pas évident pour lui, car il n’a pas de mains,
Mais il connaît des trucs ignorés des humains,
Quelques incantations aux bizarres syllabes.
Ce n’est pas aujourd’hui n’importe quel dimanche,
Mais c’est la Pentecôte, un dolmen, un menhir
Avec nous, ce jour-là, peuvent s’entretenir ;
Ils nous disent les tours qu’ils cachent dans leur manche.
Horloge décennale
Aragnes du cadran, vous tissez sans nul bruit,
Vous marquez tour à tour une décennie lourde
Dont vous signez la fin, de votre énergie sourde,
Puis ce sera le soir, et surgira la nuit.
Le silence contient le flot du temps qui fuit,
Flot qu'on ne peut capter pour emplir une gourde ;
Une aragne en tissant ne commet point de bourdes,
Témoin l'éclat du fil qui au clair matin luit.
En rêve, quelquefois, se montre la pâleur
D'un visage perdu, qui fut cher à mon coeur ;
Un regard de jadis, que ne rend point la tombe.
Ces fragments du passé, que l'on ne peut revoir,
Vainement je les cherche au profond du miroir :
Autant chercher dans l'air la trace des colombes.
Griffonnages
Simples griffons d'argent, toujours la coupe en main,
Souvent partant quérir une amphore nouvelle,
Disant que cette année, la vendange est fort belle ;
Simples griffons d'argents, connaisseurs du bon vin.
Le double griffon d'or a des plaisirs plus purs ;
Il monte dans les airs, atteint les hautes couches,
Et puis, pour s'enivrer, aspire à pleine bouche
Au long d'un jour d'été, la saveur de l'azur.
Dinosaure d’argent
C’est un monstre d’argent ; c’est un monarque, aussi,
Aimant la friandise, et puis, boire une goutte.
Il marche tout un jour sur la plaine sans routes,
Et son déplacement n’a pas de but précis.
Que donner, pour sa fête, au lézard que voici ?
Une grande galette (il la mangera toute),
Un grillon dans sa boîte (ah, vois comme il l’écoute)
Un grand trône de fer, pour qu’il soit bien assis.
Mais en ce temps présent, le roi n’est qu’un squelette,
Vestige bien léger de son grand corps d’athlète ;
Encore est-il coincé au creux des sédiments.
Jamais ne reviendra cette haute stature
Que se complut, jadis, à forger la nature,
Jamais plus, les refrains qu’il chantait hardiment.
Cauchemar de lièvre
Le lièvre, en rêve, soudain tombe
Au pouvoir de trois vieux renards ;
Il prie, pendant son cauchemar,
Que son faible coeur n'y succombe.
Les cruels renards oniriques,
Au long de cette longue nuit,
Narguent cet animal qui fuit ;
Ils ont des propos ironiques.
En rêve arrive un chien de garde,
Et notre lièvre est rassuré
(Même si encore apeuré)
Dans l'éclat de l'aube blafarde.
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