Caïn

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Message par Ling Mer 13 Juil 2011 - 13:05

Si Cain et Abel sont des éponymes, alors nous avons trace de la rivalité, entre peuples pasteurs et peuples agricoles. D.eu n'a rien à voir dans cette histoire.

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Message par éclat Mer 13 Juil 2011 - 14:50

Bonjour a tous,

Coeur de Lion a dit :

Mais c'était prévu qu'il doit mort à cause des péchés du monde.

Il a donné sa vie parfaite en rançon de toutes nos vies imparfaites.

Jésus savait qu'il allait mourrir car il connaissait déjà le déroulement de l'histoire comme il connaissait le contenu des coeurs des gens et en l'occurence ceux qui le trahirai!

Il n'a aucunement donné sa vie en rançon de nos vies imparfaites, ce sont les hommes qui lui ont pris sa vie!!!

Jésus n'est pas mort a cause des péchés du monde car chacun portera son propre fardeau et non le fardeau d'autrui !

Pourquoi prendre la vie de quelqu'un pour les péchés des autres?


Ce qui signifie que ta conception "tu donnera vie pour vie" n'est pas une justice d'equivalence mais une injustice!

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Message par _Coeur de Loi Mer 13 Juil 2011 - 15:12

Alors explique-moi ça puisque tu t'y connais en justice :

Matthieu 16.21 :
Dès lors Jésus commença à faire connaître à ses disciples qu'il fallait qu'il allât à Jérusalem, qu'il souffrît beaucoup de la part des anciens, des principaux sacrificateurs et des scribes, qu'il fût mis à mort, et qu'il ressuscitât le troisième jour.
16.22
Pierre, l'ayant pris à part, se mit à le reprendre, et dit : À Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne t'arrivera pas.
16.23
Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre : Arrière de moi, Satan ! tu m'es en scandale; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes.
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Message par éclat Mer 13 Juil 2011 - 16:06

Selon ma compréhension, Jésus dévoile a ses disciples ce qui va se dérouler, qu'il va partir a Jérusalem, et que la bas les pharisiens vont le faire souffrir et qu'il va mourir !!

Il s'agit bien de ce que je t'ai enoncé plus haut en disant que Jésus savait que les hommes allaient le tuer!!

Quand Pierre le prend a part, il lui dit en gros selon ce que je comprend que Dieu ne va pas laisser faire sa mais Jésus sait que le cour des choses doit se dérouler ainsi donc il lui répond que ses pensées ne sont pas celle du Père!!!

Nous avons un libre arbitre, ses pharisiens ont décidé de tuer Jésus, le sang est répandu a tout jamais sur leurs mains!!




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Message par Ling Mer 13 Juil 2011 - 19:21

Quel crédit accorder à des textes écrits par des témoins de seconde mains, au moins une génération après les faits?

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Message par bernard1933 Mer 13 Juil 2011 - 22:28

éclat a écrit:Selon ma compréhension, Jésus dévoile a ses disciples ce qui va se dérouler, qu'il va partir a Jérusalem, et que la bas les pharisiens vont le faire souffrir et qu'il va mourir !!

Il s'agit bien de ce que je t'ai enoncé plus haut en disant que Jésus savait que les hommes allaient le tuer!!

Quand Pierre le prend a part, il lui dit en gros selon ce que je comprend que Dieu ne va pas laisser faire sa mais Jésus sait que le cour des choses doit se dérouler ainsi donc il lui répond que ses pensées ne sont pas celle du Père!!!

Nous avons un libre arbitre, ses pharisiens ont décidé de tuer Jésus, le sang est répandu a tout jamais sur leurs mains!!




Un sacré maso, ce Jésus ! Il "se la coulait,peinard", et depuis toujours, au paradis! Et puis, pris sans doute
d' une brusque envie de..., il descend gentiment sur terre ; un archange insémine une vierge sans briser le sceau, sans doute pour échapper aux virus qui aiment l'humidité . Il mène une vie de bohème qui l'oblige même parfois à bouffer des sauterelles, et puis, choisit enfin de crever dans l' opprobre, les insultes, et
d' atroces souffrances ....
Même mon épagneul n' arrive pas à croire à ces fadaises...
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Message par ronron Jeu 14 Juil 2011 - 1:12

Coeur de Loi a écrit:C'était le jardin d'Eden sur Terre, le serpent avait été utilisé par le Diable pour parler.
Et quel jour de la création le diable a-t-il été créé? Et par qui, je te prie?
Tout ça, c'est synonyme : dieu+ange+diable+serpent= l'homme.

Mais tout ça nécessite de croire que Dieu existe et que Adam existait comme créature immortelle pour s'en rendre compte.
Ce dieu-là existe comme personnage de conte, tout comme le Petit chaperon rouge...

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Message par Hercule Mer 1 Oct 2014 - 2:00

Pour en revenir à Caïn : la Bible dit qu'il avait offert des produits de la terre.
Peut-être était-ce des fèves.
Dieu aurait alors refusé ces légumineuses dont les propriétés flatulentes sont bien connues…


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Message par JO Mer 1 Oct 2014 - 11:04

Les flatulences divines sont bien plus spectaculaires qu'un simple zéphir, même odorant .
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Message par pierre_b Mer 1 Oct 2014 - 11:53

où ça?
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Message par Hercule Mer 1 Oct 2014 - 12:49

Dans son calbar (les "traces de freinage").

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Message par Hercule Dim 16 Nov 2014 - 14:26

Et si l’on considérait l’épisode biblique du meurtre d'Abel en faisant abstraction des clichés judéo-chrétiens qui en sous-tendent notre perception ? Si on l’envisageait dans le cadre des croyances générales qui circulaient au Levant au Ier millénaire ?
Caïn (hébr. Qayin ou Qenan) était au départ l’ancêtre éponyme des Caïnites (encore appelées Qénites ou Qéniens). Ceux-ci faisaient partie de la grande famille des peuples parlant une langue sémitique mais ils étaient étrangers à Israël et à Juda. Les rares textes bibliques un peu dignes de foi les décrivent, tantôt comme alliés des Hébreux, tantôt comme ennemis. Ils semblent avoir vécu dans nord de l’Arabie, au pays dit de Madiân. Certains de leurs clans paraissent s’être sédentarisés de bonne heure, alors que d’autres, caravaniers d’occasion, forgerons itinérants, éleveurs de chèvres, à l’occasion, « voleurs de poules », continuèrent à se déplacer de point d’eau en point d’eau ou de cité en cité. Les légendes des peuples qui se sont crus sédentaires depuis les origines décrivent toujours l’ancêtre éponyme comme un cultivateur. Or ceux-ci avaient à endurer d’incessantes autant qu’irritantes incursions de nomades sur leurs terres. Quoi de plus normal, dès lors, que leurs récits fondateurs aient été marqués au coin de cet antagonisme ?
Les traducteurs de la Bible de Jérusalem font ressortir (à raison, et ils ne sont pas les seuls) que l’épisode de Caïn et Abel, « qui suppose une civilisation déjà évoluée », doit provenir d’une tradition ayant pu se rapporter d’abord, « non pas aux enfants du premier homme », comme le texte actuel veut le donner à croire, mais « à l’ancêtre éponyme des Caïnites » (BJ 1998, 42, note e). Cela étant, imagine-t-on qu’un peuple ait pu se donner pour fondateur un assassin jaloux et sournois, une crapule ? Peu plausible : les ancêtres éponymes sont toujours des héros, voire des demi-dieux. Et c’est le cas de Caïn.
Au début du récit, après une glose (Adam connut Ève, sa femme) destinée à introduire la narration tout en la rattachant au chapitre précédent, vient se placer une exclamation d’Ève évoquant Yahvé comme s’il avait été son partenaire dans la conception du troisième humain : Elle conçut et enfanta Caïn, et elle dit : J’ai produit un homme avec Yahvé (Gn 4, 1b). Le texte massorétique emploie qaniti, accompli du verbe qanah, dont le sens premier est « créer » et qui se rapporte à la forme primitive du nom de Caïn : Qenan. La formulation qui suit immédiatement : eth Yahweh, signifie « de Yahvé » ou « avec Yahvé ». Ces paroles constituent l’indice d’une hiérogamie, union à caractère sexuel entre un dieu et une créature. On y retrouve le souvenir d’un mythe anthropogonique où le dieu créateur s’était uni à sa parèdre pour créer le premier représentant de l'espèce humaine. Un souvenir du même type d’intellection figure encore en Jb 15, 7-8 qui parle du « premier homme qui fut « engendré » (yalad) et « accouché » (chul) avant les collines ». L’intense activité sexuelle des dieux, y compris avec les humains, est amplement contée dans la plupart des mythologies.
On a depuis longtemps remarqué le parallélisme de cette historiette avec la légende de Romulus et Remus. On ne peut exclure que les deux légendes soient issues d’une source commune maintenant perdue. Romulus et Remus sont, eux aussi, issus d’une hiérogamie : l’union de Mars dans son rôle primitif de dieu de la végétation et de la mortelle Rhéa Silvia (qui réunit en son nom celui de Rhéa, personnification crétoise de la Terre, et le nom latin de la forêt, Silvia pour sylva). Comme Caïn, Romulus tue également son frère. Comme Caïn qui fonde ensuite une ville (Hénoch), Romulus fonde ensuite une ville (Rome).
Notre perception des deux fratricides est radicalement différente : Caïn nous répugne alors que Romulus, ne nous est-il pas plutôt sympathique, ce bambino joufflu assis sous la louve du Capitole, la bizouquette au vent et la bouche gourmande tendue vers la mamelle ? On s’apitoie volontiers sur l’évanescent Abel mais le pauvre Remus, qui s’en soucie ? En vérité, nous ne discernons les protagonistes des meurtres fondateurs romain et caïnite qu’au travers du prisme déformant de la légende. La mort de Remus nous apparaît « justifiée » par le dérisoire franchissement du sillon marquant l’enceinte de la future Rome (le pomœrium) que Romulus avait tracé à la charrue, alors que le meurtre d’Abel nous est d’autant plus odieux que son motif avancé, la jalousie, est méprisable.
Autre élément signifiant, Caïn et Abel étaient jumeaux, comme Romulus et Remus. La plupart des traductions modernes racontent leur naissance (Gn 4, 2a) en usant de formulations qui s’éloignent du texte hébreu : par exemple, Ève enfanta encore son frère Abel (Segond 1910 et TOB 2010) ou Ève donna aussi le jour à Abel (BJ 1998). Or aussi bien le Pentateuque samaritain que le texte ultérieur massorétique placent l’un derrière l’autre, entre le sujet (« elle ») et le complément d’objet direct (Abel), les verbes yasaph, « continuer », et yalad, « enfanter » ; il convient donc de lire : « elle continua d’enfanter son frère Abel », ce qui situe l’action dans le même temps et rattache l’historiette au thème bien attesté des jumeaux rivaux. Le transcripteur du récit semble avoir préféré laisser s’estomper cette gémellité, sans doute pour exploiter plutôt le thème biblique du cadet préféré à l’aîné. Le nom de ce cadet, Abel (hébr. Hevel), signifie « buée ». De la buée, la Bible lui attribue l’existence éphémère. Probablement s’agit-il d’une appellation trouvée, comme souvent, pour les besoins de la cause. Hevel signifie aussi « vanité, inutilité, désillusion ». Dans d’autres idiomes sémitiques (akkadien, assyrien), Ablu ou aplu signifie « fils ».
Maints détails (que je vais faire ressortir) indiquent que le transcripteur de la geste de Caïn n’en est pas l’auteur. Probablement a-t-il recueilli cette historiette dans le bagage mythologique de Caïnites sédentarisés. Son contexte semble montrer qu’avant son adaptation biblique, elle exposait d'abord, à travers le mythe des jumeaux rivaux, l’antagonisme immémorial et récurrent des cultivateurs sédentaires et des pasteurs nomades. Ensuite, suivant en cela le schéma classique, elle s’achevait sur un « meurtre fondateur », c’est-à-dire un homicide rituel et « justifié ». Dans le récit primitif dont s’est inspiré l’auteur de Gn 4, 1-16, le meurtre commis par Caïn ne pouvait être un vulgaire assassinat ayant la jalousie pour origine. S’il est présenté comme tel dans l’adaptation biblique, c’est parce que le transcripteur du texte primitif a projeté dans sa version sa conception du monde et du sacré. Refusant d’accepter le modèle originel, il en a profondément remanié le sens de manière à le faire entrer dans le cadre qu’il voulait lui donner, transformant par la même occasion un héros mythique en vulgaire assassin.
Le récit débutait sans doute par une anthropogonie où l’Ancêtre était issu d’une hiérogamie. On peut raisonnablement supposer qu’ensuite, était conté l’essaimage des premiers humains sur la terre, certains se sédentarisant tandis que d’autres se mettaient à errer de côté et d’autre avec leurs troupeaux, description que le transcripteur biblique a pu résumer par : Abel devint pasteur de petit bétail et Caïn cultivait le sol. Mais ici, chose étrange, le mode de vie du cadet est décrit avant celui de l’aîné, alors que la naissance des deux « frères » avait été contée dans l’ordre chronologique. Le passage d’Abel au premier plan est l’indice de l’introduction par le scribe biblique, déjà à ce stade du récit, du thème du cadet préféré à l’aîné (comme Isaac le sera à Ismaël, Jacob à Ésaü, Joseph à ses onze frères...) On trouve ici, marque commune aux régimes théocratiques, une immixtion du religieux dans les usages coutumiers.
On imagine ensuite que l’Ancêtre caïnite se met à cultiver le sol mais aussi à rendre un culte à sa divinité (le verbe abad, « labourer, servir » se rapporte aussi au service divin), lui offrant les prémices de sa récolte. Entre en scène un pasteur (inévitablement avec ses bêtes) dont le sacrilège aurait pu consister à avoir, en quelque sorte, franchi le pomœrium en foulant le sol d’un lieu tabou consacré au dieu caïnite. D’où colère du cultivateur : Caïn fut très irrité et son visage fut abattu.
C’est alors que vient s’insérer un verset, hélas lacunaire. Le texte massorétique donne mot pour mot : Qayin dit à Hevel, son frère. [Lacune] Et ce fut, comme ils étaient dans le champ [au singulier], Qayin se jeta sur Hevel, son frère, et le tua. Entre la première et la seconde phrase, maints manuscrits anciens indiquaient déjà le signe d’une lacune. Celle-ci concerne les paroles que Caïn adresse à Abel. Elles ont disparu. Distraction de copiste ou volonté délibérée ? Certaines traductions rendent ces paroles par « Allons dehors »  (Vulgate : Egrediamur foras) ou « Allons au champ » (Pent. Samaritain : nelekah hasadeh ; LXX : Dielthomen eis to pedion). Il  est possible que les propos de Caïn, qui apparaissent comme « Allons au champ » dans deux versions antérieures au texte massorétique, aient malencontreusement été omis par un copiste et que cette négligence se soit ensuite transmise mais il reste plus probable que les propos de Caïn aient été très tôt censurés (ou modifiés) parce qu’ils sortaient du cadre de la réinterprétation judaïque du récit et justifiaient la mise à mort du pasteur dans l’optique du cultivateur. Le Pentateuque samaritain, la Septante et le texte massorétique disent clairement que le meurtre fut commis alors que les deux frères se trouvaient « dans le champ » — ici écrit au singulier, tant en hébreu qu’en grec : sadeh ou pédion. Or, en hébreu, sadeh peut aussi désigner le lieu sacré. Le pasteur est donc bien mis à mort sur le site où le cultivateur pratique son culte. On ne saurait trop insister sur le fait qu’aux yeux des concepteurs du récit initial, ce type d’homicide constituait une démarche mystique. Le sacrilège supposément commis ne pouvait en effet qu’être lavé dans le sang ; l’usage en est commun dans les rites primitifs, où l’exécution du profanateur, dès lors sacrificielle, n’est entachée d’aucune connotation criminelle.
Yahvé annonce ensuite : La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi (Gn 4, 9-10). En fait, le cultivateur a commis un impair irrémissible : néophyte en la matière et emporté par sa colère, il a fait couler le sang de la victime sur le sol (adamah, « la matière terrestre »), ce qui était fermement prohibé. En réalité, c’est la voix de la Terre en tant qu’entité qui crie en raison du sang dont elle est souillée.
La conception immémoriale de la Terre-Mère créatrice de toutes choses subsistait dans le judaïsme, de même que partout ailleurs au Levant. Les chasseurs et les sacrificateurs emportaient toujours avec eux un petit sac de cuir contenant du sable ou des cendres destinés à « étouffer les sangs » avant qu'ils ne pénètrent dans le sol. À mesure que les progrès de l’agriculture avaient fait comprendre aux hommes les pouvoirs du sol, la Terre fut de plus en plus perçue comme une entité maternelle. Dans l’imagination des mythographes, ses membres, ses os, ses organes, ses humeurs étaient devenus les montagnes, les pierres, les plantes, les fleuves... Elle était initialement la Créatrice du genre humain avant que d’autres dieux ne s’en mêlent. Les protoplasmes ainsi créés étaient littéralement des « autochtones » au sens grec du terme (autos, « soi-même » et khtôn, « la Terre »), c’est à dire « nés spontanément de la Terre ». Quand plus tard on attribua la création de l’homme à un dieu, celui-ci continuera à se servir de la matière de la déesse-mère pour le façonner. Ce terreau, dont le sein regorgeait de vie et de richesses, avait nourri les hommes et les avait aidés à accéder à la civilisation. Et ils lui en savaient gré. Ils la respectaient : ils avaient inventé des rites destinés à se concilier ses grâces et l’abondance de sa productivité. Dans leur esprit, elle ne leur tenait pas rigueur de la balafre que lui infligeait le soc de la charrue ni des blessures causées par les outils pour le percement des puits. Mais ils croyaient aussi que ce que la Terre-Mère avait donné à l’homme, elle pouvait à tout moment le retirer. Et les dieux, soumis aux exigences de la Matière primordiale comme ils l’étaient à celles du Temps, ne pouvaient rien y faire. Et c’est bien ce que reconnaît le dieu de Caïn quand il lui annonce : Maintenant, tu seras maudit de la terre qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main les sangs de ton frère. Quand tu cultiveras le sol, il ne te donnera plus sa richesse (Gn 4, 11-12). Contrairement à l’idée généralement reçue, le dieu ne maudit nullement Caïn : il ne fait que lui annoncer qu’à dater de ce jour, la Terre va maudire le lieu de la mise à mort du pasteur et refuser au cultivateur la fécondité du sol où l’âme de la victime a pénétré sous forme de sang.
Caïn se met alors à se lamenter, craignant de retomber dans le nomadisme et l’errance que tous les sédentaires assimilent à la barbarie. En plus, il a peur d’être poursuivi et tué par le clan du pasteur : Quiconque me trouvera me tuera ! s’écrie-t-il (Gn 4, 14). Si l’on s’en tient au contexte de la Genèse, la crainte du meurtrier d’être tué par quiconque (kol) est sans objet puisque, Abel étant mort, il ne reste plus que trois humain sur la terre : son père, sa mère et lui. Si Caïn avait craint la vengeance des siens, on n’eût pas manqué de lui faire dire « Mon père (ou ma mère) me tuera » et non « quiconque ». Cette crainte et la manière dont elle est exprimée sous-entend une population bien plus nombreuse que celle décrite par le récit biblique : elle évoque la vie des nomades du désert dans l’univers impitoyable desquels le fugitif isolé ne pouvait survivre. Sauf à devenir le ger, « protégé », d’un autre clan, c’est-à-dire un serviteur, quasiment un esclave.
Yahvé dit : Si quelqu’un tuait Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et Yahvé mit un signe sur Caïn pour que quiconque le trouverait ne le tuât point (Gn 4, 15). Incapable d’annihiler la malédiction chtonienne, la divinité décide de faire décamper son protégé. Et pour éviter qu’un quelconque goel hadam, « vengeur du sang » (membre de la famille de la victime chargé d’exécuter le talion — ici : vie pour vie), lui fasse un mauvais sort, elle le marque d’un signe indiquant son appartenance à un clan où la vengeance s’exerce au septuple. Ainsi, ce fameux « signe », loin de constituer un stigmate honteux, est, tout au contraire, une marque de protection. Ce type de distinction est universellement attesté, souvent sous la forme de tatouages.
Il est écrit ensuite que Caïn s’éloigna et habita dans la terre de Nod, à l’orient d’Éden (Gn 4, 16). Les Caïnites sont réputés avoir essaimé du nord du désert arabique (rive orientale du golfe d’Aqaba) jusqu'au Yémen. En arabe ancien le mot yemen signifie aussi bien « la droite » (l’Orient) que « le Sud ». Il en va de même en hébreu biblique : Benjamin (ben yamin) peut aussi bien signifier « fils de la droite » que « fils du Sud ». Mais ici, ce n’est pas yamin que le scribe emploie pour « orient » mais qidmat, qui provient de qedem et signifie aussi « auparavant », ceci afin de faire passer le départ de Caïn pour une punition, un retour à la barbarie d’avant la sédentarisation. De là vient l’appellation biblique de « terre de Nod », toponyme fictif où Nod est rapproché de nud, « errant, vagabond ». Mais cette prétendue errance de Caïn est contredite dès le verset suivant, qui nous ramène au mythe primitif : Caïn connut sa femme ; elle conçut, et enfanta Hénoch. Il bâtit ensuite une ville et il donna à cette ville le nom de son fils Hénoch (Gn 4, 17). La construction de cette ville suppose, elle aussi, une société nombreuse et organisée et non un homme seul, fût-il un demi-dieu. Cette ville « de l’Homme » (Hénoch signifie « homme) est universellement attestée car elle procède d’une attitude ethnocentrique commune à de nombreux de peuples qui consiste à rejeter hors de la société humaine tout qui n’appartient pas à sa communauté.
En résumé, le fonds mythologique de cette historiette mêle plusieurs thèmes souvent rebattus :
• celui des jumeaux rivaux, où chacun d’eux est à la fois le reflet et le contraire de l’autre, mais où un seul d’entre eux est appelé à « régner » ;
• celui du meurtre fondateur ;
• celui du contexte de l’Âge d’Or, où les héros vivaient multicentenaires ;
• celui de l’antagonisme récurrent des sédentaires et des nomades.
Malgré la prétendue vilenie de son crime, Caïn n’est pas puni. Son sort peut s’assimiler à celui que la législation judaïque du VIIe siècle réservait à l’auteur d’un homicide involontaire : la relégation en une « ville-refuge », à l’abri du vengeur du sang.
Le transcripteur biblique plaça sa version à cet endroit précis du récit dans le seul but de faire ressortir l’aggravation de l’inclination humaine au mal et à la violence. Voici, a-t-il voulu donner à lire, qu’après s’être dressé contre son dieu (faute d’Adam et Ève), l’homme se dresse maintenant contre l’homme, son frère ! C’est pourquoi il a accolé cet épisode tragique au récit de la « chute » du premier couple. Et pour mieux lui conférer la portée morale qu’il entendait lui donner, il innova : prenant le contre-pied des autres récits mythologiques qui, jusque là, avaient embrassé le point de vue du « bourreau », il se plaça du côté de la victime, modifiant le récit pour faire ressortir la disproportion de l’acte posé et, à dire vrai, son amoralité intrinsèque.
N’ayons pas peur des mots : ce fut un trait de génie.

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Message par imago Jeu 31 Déc 2015 - 15:07

Caïn et la peur
Caïn est marqué d’un signe qui le soustrait à la vengeance des hommes. On se demande encore quel est ce signe. Le voici, Caïn s’écrit kof yod noun, KYN 19 10 14. ---215—26, le nombre de YHWH, le nombre de la terre H A R Ts. Il est connu que Caïn est un agriculteur et Abel un berger, la terre et le ciel. C’est en Genèse 3 / 19  que nous trouvons ce rappel :« C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu retourneras dans la poussière ». Caïn subit la peine infligée à l’homme, il est l’homme esclave de la punition, esclave de la soumission. Abel, est près du Seigneur, quelque peu insouciant et faisant confiance en Dieu en toute sérénité. Il est vrai que garder des brebis est moins éreintant que de s’escrimer aux travaux des champs, on a le temps de regarder les étoiles ! Abel c’est H B L, 5 2 12 soit 63, dans l’ordre du nombre 7 comme le jour de repos. Au fait, quel nombre donneriez vous au jour du Sabbat qui se dit S B T, 21 2 22 ? Réponse facile.
Caïn est l’aîné. Il est le chéri de ses parents, celui qui va porter tout le destin de l’humanité se disent-ils. Eve est très croyante. Elle s’exclamera « J’ai acquis un homme conjointement avec l’Eternel ». Petit orgueil tellement naturel pour elle !  Quoiqu’il en soit elle va instruire son fils dans le droit chemin. Caïn est fier, il est aimé et il connaît tout. Toute l’histoire du jardin en Eden, le nom des quatre fleuves du monde, tout par cœur. Il sait qu’il faut travailler dans la vie pour pouvoir manger son pain, c’est un besogneux. Mais au fil des ans va naître peu à peu une incompréhension devant l’insouciance de son jeune frère qui lui est heureux sans sueur. « Ce n’est pas juste, je fais tout comme a dit le Seigneur et lui baille à la lune et rit sans soucis. C’est moi l’esclave, me serais-je tromper dans mon choix de vie ». La peur va s’installer, la peur de ne pas faire assez bien lui qui est le plus grand et qui doit donner l’exemple, la peur de déplaire au Seigneur. « J’en ai marre », la rancœur s’installe. Et au jour des offrandes la goutte qui fait déborder le vase, il a vu ce qu’il avait envie de voir, le dédain.
La peur nous rend esclave de nous même mais elle a sa fonction. Elle est présentée continuellement dans l’ancien testament et elle rebondit en paroxysme en Apocalypse. Proverbes 1 / 7 «La crainte de l'Éternel est le commencement de la science; les insensés méprisent la sagesse et l'instruction ». Et pourtant, ne devrait-elle pas être pédagogiquement parlant, libératoire et non enfermement ?

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Caïn - Page 4 Empty Re: Caïn

Message par Anthyme Jeu 31 Déc 2015 - 18:53

imago a écrit: Au fait, quel nombre donneriez vous au jour du Sabbat qui se dit S B T, 21 2 22 ? Réponse facile.
Pas si fastoche que ça, car ça dépend des semaines :

Les semaines paires ; c'est "1"
Les semaines impaires ; c'est "2", à cause de la poubelle de tri.
Toutes les semaines multiples entières de 5 ; c'est "3", à cause de la caisse des encombrants.

Sans oublier les semaines particulières, comme aujourd'hui, jeudi 31, où c'est "0", car le ramassage, c'était vendredi dernier.

Au fait ...
Vous ne les avez pas oubliées ?

Sans quoi, gare à Madame !
diable au fouet

... ... ... ...

Ah-hahhh ...
La crainte de Caïn, à côté, c'est de la gnognotte !
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