Sagesse du pluvian
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Moisson future
De rêves se nourrit ma vie,
De fantasmatiques moissons ;
Je n’écoute aucune leçon,
Je prends conseil de mes envies.
Ce dont ma vieille âme est ravie,
C’est d’un rien, c’est d’une chanson ;
Les mots font retentir leur son
Et l’oreille en est assouvie.
Jours de plaisir, jours de douleur,
Autant de jours, autant de fleurs :
Sur chaque gâteau, sa cerise.
Je ne sais plus, je perds le fil,
Sous la grêle un carreau se brise ;
D’Atropos je vois le profil.
Oiseau prophète
[quote="Cochonfucius"]
Je dis leur avenir aux femmes,
Quand elles veulent le savoir ;
Je le déchiffre en un miroir,
Je le décrypte en une flamme.
Je vois tout ce qui peut se voir,
La bonne fortune ou le drame ;
Je vois les changements d’une âme
Et la couleur de son vouloir.
Je devine les jeux d’alcôve ;
La tendresse qui l’amour sauve,
Les adultères palpitants.
La route qui sera suivie
Donnera du sens à leur vie ;
Pour moi, ce n’est rien d’important.
Je dis leur avenir aux femmes,
Quand elles veulent le savoir ;
Je le déchiffre en un miroir,
Je le décrypte en une flamme.
Je vois tout ce qui peut se voir,
La bonne fortune ou le drame ;
Je vois les changements d’une âme
Et la couleur de son vouloir.
Je devine les jeux d’alcôve ;
La tendresse qui l’amour sauve,
Les adultères palpitants.
La route qui sera suivie
Donnera du sens à leur vie ;
Pour moi, ce n’est rien d’important.
Hexapode joyeux
monster
Je goûte une vie savoureuse,
Tant pour l’âme que pour la chair ;
Je suis en un lieu qui m’est cher,
Loin de toute embrouille foireuse.
Ici, nulle discorde affreuse,
Tout est lisible et tout est clair ;
Nous sommes libres comme l’air,
Ce n’est pas une phrase creuse.
Ici, des esprits avisés
Jamais ne seront divisés ;
Car nous sommes des enfants sages.
Laissons le temps de dérouler,
Laissons notre vie s’écouler ;
Je sais que ce n’est qu’un passage.
Le feu clair
Flamme qui pâle s’illumine,
Qui faible même peut sembler ;
Quel clair-obscur inégalé !
Le coin du feu fait grise mine.
Dans le jardin rôde une hermine
Dont le corps est ensorcelé ;
Voyant la braise étinceler,
Vers la fenêtre elle chemine.
Ce brasier qui guère ne luit,
Cela rend plus sombre la nuit ;
C’est une ténébreuse flamme.
Il faut se faire une raison ;
J’orne d’un tel feu mon blason,
Presque aussi pâle que mon âme.
Silence au manoir
Pas de lieu plus calme, je pense,
Que ce très modeste logis ;
Nul éclat de voix n’y surgit,
Nul prêcheur ses mots n’y dispense.
Perdu dans une plaine immense,
Cet édifice est tout petit ;
Trois ermites s’y sont blottis
Pour y partager leurs silences.
Ils méditent sans trop penser,
Sans rien évoquer d’insensé ;
C’est une vie austère et douce.
Ont-ils jadis connu l’amour
Et ses bienfaisantes secousses ?
Mais qu’en reste-t-il, à ce jour ?
Planète sans vie
Ici, nul printemps, nul automne,
Nulle trace d’êtres vivants ;
Nulle oreille n’entend le vent,
Le soleil n’éclaire personne.
Aucune dryade friponne
Ne va sourire en t’observant ;
Tu peux bien l’attendre en rêvant,
Vain est l’espoir que tu te donnes.
Au ciel, des étoiles d’argent
Vont à je ne sais quoi songeant ;
Mais leur humeur est incertaine.
Quel sens a cette histoire ? aucun ;
Rien sur cette terre lointaine
Ne se rattache au sens commun.
Sur l’eau
La nef dérive au gré des flots,
La légère brise l’effleure ;
La nef avance au fil des heures,
Nonchalants sont les matelots.
L’ondine parle au cachalot,
Elle s’invite en sa demeure ;
L’ondine de rien ne s’apeure,
Comme on dit en nos caboulots.
Ces deux échangent leurs pensées ;
Ils disent des choses sensées,
Puis ils divaguent à plaisir.
Moi, j’aime écouter leur silence
Qui vers Poséidon s’élance,
Chargé de leur commun désir.
Monstre sylvestre
J’ai soif auprès de la fontaine,
J’hésite à boire au long du jour;
Je songe à de vaines amours,
Ainsi qu’à la faiblesse humaine.
Je médite à l’ombre d’un chêne,
Je me sens de plus en plus lourd ;
Je tremble, j’ai le souffle court,
Je dois vivre avec cette peine.
Mon âme s’en prend à mon corps,
Elle le confronte à sa mort ;
Elle plaisante, ce me semble.
Sans raison, je reste en ce lieu,
Loin des hommes et loin des dieux ;
Ma mémoire se désassemble.
Loup gris
Je n’ai pas une âme vassale,
Moi qui fais ma vie en solo ;
Le temps m’emporte dans son flot,
Le vent sur moi souffle en rafales.
J’ai pour amante une cavale
Qui vers moi rapplique au galop ;
Son ex est un vieux cachalot
Que lui a pris une rivale.
Je ne suis pas un loup de mer ;
Ma vie est terrestre, c’est clair,
Prosaïque sans être morne.
Parmi mes ancêtres lointains
Figurent des bêtes à cornes
Avec de jolis noms latins.
Les trois feuilles
Nous venons du jardin d’Adam,
Nous sommes trois forces actives ;
Notre vertu n’est pas fictive,
Nous sommes Dieu, c’est évident.
Nous sommes l’Être Transcendant,
Le Sauveur des âmes craintives ;
Nous gérons la vie collective
D’Ève et de tous ses descendants.
Du monde nous sommes maîtresses,
Plus féroces que des tigresses ;
Par nous, vos jours sont prolongés.
Les arbres du jardin racontent
Ces choses quand leur sève monte ;
À les croire on ne peut songer.
Vaisseau spectral
Vois cette nef, homme incrédule,
Faisant route vers le Ponant ;
Ses marins sont des revenants
Qu’un épais brouillard dissimule.
Ils bavardent en ricanant,
Tenant des propos ridicules ;
Jamais leur route ils ne calculent,
C’est un désordre permanent.
Ils vident les tonneaux de bière
Et les bouteilles de Corbières ;
Ces boissons souillent leurs linceuls.
La nef se perd dans les ténèbres ;
Le timonier lance, à lui seul,
Une longue plainte funèbre.
Re: Sagesse du pluvian
Ma place en Gaule je cherchais
Et dans d’autres endroits du monde ;
Vers Rome à nulle autre seconde
Inlassablement je marchais.
Alors que je m’en approchais,
Survint une vestale blonde ;
J’ai visité sa hutte ronde,
Un grand bonheur s’y attachait.
Ce fut un vrai temps de folie ;
Toute réticence abolie
Et place à l’amour délirant.
Romain je suis en quelque sorte,
Comme le sont mes beaux-parents ;
Gaule, que le diable t’emporte.
Tonneau secret
Assemblé par un maître fou,
Je contiens le vin le plus doux ;
Je suis le baril de la fête,
C’est annoncé par les prophètes.
Quand le cellérier boit un coup,
Il trouve la chose à son goût ;
Il dit que Bacchus est l’honnête
Bienfaiteur de notre planète.
Bois du vin, bois-en trois gallons,
Tu verras cent mille merveilles ;
Et pour la route, une bouteille.
Sans jamais trouver le temps long
Tu rêveras sous une treille,
Au fond d’un splendide vallon.
Au fil des pages
Mots du ciel et mots de la terre,
Mots de la rue et mots des bois,
Mots de demain, mots d’autrefois,
La plume a son vocabulaire.
Les mots, ça se trie, ça se gère,
Tu les choisis comme il se doit ;
Les uns sont doux, d’autres narquois,
Évitons ceux qui sont vulgaires.
La conjugaison, les accords,
Ça doit se traiter sans effort ;
C’est naturel, en quelque sorte.
La contrainte a de bons côtés,
Donnant accès à la beauté ;
La main qui tient la plume est forte.
Cheval de brum
Ce cheval vit de peu de chose,
Des mots du vent, du chant des fleurs ;
Peu de plaisirs, peu de douleurs,
Du rêve par petites doses.
Son corps de brume se compose,
Dont tu remarques la pâleur ;
Son âme arbore la couleur
Des plus extravagantes roses.
Son père était fait de cristal
Et son grand-père de métal ;
Sa mère de vapeur blafarde.
De son corps, il est satisfait,
C’est, du moins, ce qu’il dit au barde
Qui le contemple, stupéfait.
Planète lente
L’espace est clair, la vie est belle,
Sans se presser passent les jours ;
Les vivants sont à leurs amours,
Tièdes sous la voûte éternelle.
La vie a la vie devant elle,
Pour tout le temps de son séjour ;
Naissant ou mourant tour à tour,
Faisant place à la vie nouvelle.
La lune admire le soleil,
L’appelant « astre nonpareil » ;
Et le ciel autour d’elle est sombre.
Après le ciel sont d’autres cieux,
Après l’ombre sont d’autres ombres ;
J’avance lentement, c’est mieux.
Ambidieu fluvial
Un roi bicéphale vit là,
Qui ne s’assied sur aucun trône ;
D’un double rire il fait l’aumône
À ses courtisans sans éclat.
Un devin nous le dévoila,
Ce monarque issu de la faune ;
Il fut seigneur du Fleuve Jaune,
Comme en atteste un mandala.
Il a trois mille concubines ;
Diverses sont leurs origines,
C’est un admirable cheptel.
Je ne suis pas sûr de comprendre
Ce que veut ce monstre immortel :
Ni s’il m’acceptera pour gendre.
Oiseau placide
Il n’est ni sot ni raisonneur,
C’est juste un emplumé lucide ;
Aucun oracle ne le guide,
Il choisit au petit bonheur.
De lutte il n’est pas amateur,
Qu’elle soit ou non fratricide ;
Lui qui ne fait rien de sordide,
Il est loin d’être un prédateur.
Il trace son chemin, sans crainte,
Laissant de légères empreintes ;
Il explore des lieux déserts.
Il progressera sans encombre
À travers ses derniers hivers ;
Puis il s’effacera, dans l’ombre.
Fruits noirs
Soleil d’une chaude journée,
Soleil sur les arbres dormants ;
Les fruits s’échauffent gentiment
Ainsi qu’ils le font chaque année.
Bien que la branche en soit ornée,
Ce ne sont pas des ornements ;
Ils vivent là, tout simplement,
Leur existence assez bornée.
Je les vois noircir sous mes yeux
(Car j’aime tarder en ce lieu) ;
À des blocs de charbon je songe.
Est-ce un bonheur ? Est-ce un malheur ?
Étaient-ils mieux en leur pâleur ?
En perplexité je me plonge.
Monstre masqué
monster
« Ai-je une apparence trompeuse ?
Dites-le-moi, n’ayez pas peur ;
Je suis un monstre au noble coeur
Avec une âme aventureuse.
Sans faire de phrases pompeuses,
Je peux t’instruire, cher lecteur.
N’écoute pas mes détracteurs,
Ils n’ont que des raisons fumeuses.
Je peux me mettre à ton niveau
Pour te décrire mes travaux ;
Mon texte tient en peu d’espace.»
Le propos du monstre a pris fin ;
Il va manger, car il a faim,
Dans le petit resto d’en face.
Chat contemplatif
Ce félin nourrit sa mémoire
De tout ce qu’il voit en ces lieux ;
Il examine aussi les cieux,
Surtout quand les nuits sont bien noires.
C’est un petit penseur sans gloire
Qui ne se prend pas pour un dieu ;
Mais j’aime l’éclat de ses yeux,
J’y vois comme une belle histoire.
Pour un instant d’éternité
Il peut se mettre à méditer
Comme le font les grand ascètes.
Il n’écrira pas le roman
De l’abîme ou du firmament
Dont il devine les facettes.
Tour du reclus
Logis d’un homme solitaire,
Lequel médite nuit et jour ;
Rêve-t-il encore d’amour ?
On dirait qu’il n’y croit plus guère.
Ce n’est qu’un penseur ordinaire,
Ce vieil habitant de la tour ;
Il ne fait pas de longs discours,
C’est moins fatigant de se taire.
Sobre est le décor de ce lieu,
Sans trop de livres, ça vaut mieux ;
Mais de l’encre jamais tarie.
La flamme répand sa clarté
Qui parfois tremble et qui varie,
Apprivoisant l’obscurité.
Arbre métaphysicien
L’univers a de strictes lois,
Aucune vie n’est éternelle ;
Vous saurez que les gens m’appellent
L’arbre méditant de ces bois.
Je m’interroge quelquefois
Sur cette nature cruelle ;
Je n’en fais pas une querelle,
Moi qui suis un être sans voix.
Je vois la montagne et la plaine
Que je ne trouve pas vilaines ;
Je vois les chiens et les troupeaux.
À tous Dieu donne leur pâture,
Dans la chaleur, dans la froidure,
Dans les forêts, dans les tripots.
Pyramide inclinée
Ce monument abrite un feu
Qui dort dans la nuit opaline ;
Ce grand bâtiment qui s’incline
Héberge une nonne aux yeux bleus.
Elle y dort avec son neveu
Que chastement elle câline ;
Ce n’est pas une indiscipline,
Ce n’est pas pour offenser Dieu.
Ici, pas de démons hostiles
Mais des dryades fort civiles ;
Plus deux ou trois crapauds volants.
Ces temps derniers, la terre tremble,
L’édifice est un peu branlant ;
Mieux vaudrait partir, ce me semble.
Loup qui chante
Le loup chante et se réconforte,
C’est pour mieux accepter son sort ;
Cette chanson prend son essor,
Une douce brise la porte.
Le loup est fier, son âme est forte;
Il est plus vaillant qu’un vieux porc ;
Il sait chanter pendant l’effort,
Sa joie de vivre n’est pas morte.
Le soir, son pas devient plus lent ;
Il contemple un nuage blanc,
Ou bien le Ponant qui s’enflamme.
Le présent n’est pas douloureux ;
Vivre longtemps n’est pas un drame,
C’est juste un compromis foireux.
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