Sagesse du pluvian
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Dragon songeur
Pour le meilleur et pour le pire,
Je vis ces instants, sobrement ;
Sur le sol, sous le firmament,
J’admire tout ce qui m’inspire.
Ce que je m’efforce d’écrire
Ça t’indiffère, sûrement ;
Tu préfères lire un roman
Ou des blagues qui te font rire.
Je te comprends, lecteur humain,
Toi qui suis tes propres chemins,
Toi qui sais la saveur des choses.
Mais moi, je n’en pense pas moins ;
Je suis heureux d’être témoin
Des jeux du Prince et de la Rose.
Re: Sagesse du pluvian
Ah ben justement, en tant que lecteur humain, je dois dire que je suis tout particulièrement touché par la musicalité, le rythme de ce poème.
D'ailleurs, je te le fais rarement remarquer, mais il m'arrive souvent de me sentir agréablement bordé par tes poèmes, tu vois peut-être ce que je veux dire par là, cette sensation de quelque chose, le poème, qui occupe parfaitement son propre espace, sans déborder pour le coup, et comme intérieurement plein comme un oeuf.
En fait, cette sensation que je cherche de cette manière à décrire, c'est celle de densité.
D'ailleurs, je te le fais rarement remarquer, mais il m'arrive souvent de me sentir agréablement bordé par tes poèmes, tu vois peut-être ce que je veux dire par là, cette sensation de quelque chose, le poème, qui occupe parfaitement son propre espace, sans déborder pour le coup, et comme intérieurement plein comme un oeuf.
En fait, cette sensation que je cherche de cette manière à décrire, c'est celle de densité.
loofrg- Seigneur de la Métaphysique
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Localisation : Lot
Identité métaphysique : Abeille
Humeur : Emeraude
Date d'inscription : 04/07/2018
Vestale blanche
Je ne sais pas faire des phrases,
Mon verbe manque de chaleur ;
Mes prières sont sans valeur,
Je mélange les hypostases.
Je rêve d’un ciel de topaze
Car j’aime bien cette couleur ;
J’invoque, contre ma douleur,
Le bienheureux Père Athanase.
Le Créateur est-il muet ?
Nos rites sont-ils désuets ?
J’y songe, dans la paix nocturne.
J’entends l’hymne désenchanté
D’une prêtresse de Saturne ;
Je n’ai pas envie de chanter.
Ours gris
J’habite un monde sans lumière,
Car je ne suis qu’un ours ringard ;
Froide et modeste est ma tanière,
Pas même digne d’un regard.
Moi qui suis couleur de poussière,
Mes copains m’appellent « Tocard ».
Leur attitude est bien grossière,
Ils veulent me mettre à l’écart.
Quand donc verrai-je une ourse tendre
Avec qui je pourrais m’entendre ?
Sans doute pas avant ma mort.
Rien de beau dans le paysage,
Le deuil se lit sur mon visage ;
Je remplis mon verre, à ras bord.
Fleur pure
J’entends une muse modeste
S’interrogeant sur sa beauté ;
Une eau douce, dans sa clarté,
Reflète son timide geste.
Son âme est une fleur céleste,
Elle grandit en liberté ;
Même en des lieux mal fréquentés,
Sa pureté se manifeste.
La beauté, ça tient à des riens,
Toutes les fleurs le savent bien,
Et les licornes et les anges.
Même un vieux démon réprouvé
Conserve encore un charme étrange,
Un parfum de temps retrouvé.
Vaisseau de bois
Ici, d’autres navires sombrent,
Car meurtriers sont les écueils ;
Douze sirènes sont en deuil
Et les nefs ne sont que décombres.
Nos prédécesseurs en grand nombre
Ici reposent sans cercueils ;
Mais nous saurons franchir le seuil
De l’effrayante zone d’ombre.
Il est sûr, ce vaisseau de bois
Qui jamais ne fut aux abois :
Béni par une vierge sainte.
Loin de nous, l’inframonde noir ;
L’autre rive est bientôt atteinte,
Du moins, nous en avons l’espoir.
Monstre reptilien
Moi qui suis loin d’être superbe,
Je dis des mots fort hasardeux ;
Même, j’en écorche un sur deux,
Je ne suis pas un preux de Verbe.
Je tiens quelques propos acerbes
Sur les démons et sur les dieux ;
Ils n’entendent pas, c’est tant mieux,
Ma voix d’iconoclaste en herbe.
Moi qui rampe dans ma torpeur,
Je ne suis qu’un être obsolète ;
La réalité me fait peur.
Si je rencontre une poulette
Qui m’accorde son doux regard,
Je me sentirai moins ringard.
Ange gris
Je survole une immense grève,
Tel un oiseau désemparé ;
J’ai des projets mal préparés,
Je me déplace comme en rêve.
Je tombe, et puis je me relève,
Mes gestes sont immodérés ;
Mes mots sont inconsidérés,
Toujours je fus mauvais élève.
Tout me fait perdre mon latin,
Je titube dès le matin ;
J’affronte des démons étranges.
Que ne suis-je un merle moqueur ?
Bien plus léger serait mon coeur ;
Mais je n’y peux rien, je suis ange.
Crosse à vendre
C’est un évêque, ce vendeur,
Embarqué dans un trafic louche ;
Ne fais donc pas la fine bouche,
Ce qu’il vend, c’est une splendeur.
Prends-lui sa crosse, sans pudeur,
Personne ne prendra la mouche ;
Elle bénit ceux qui la touchent,
Elle éloigne les emmerdeurs.
Aucun besoin de prélature
Ni de papale signature
Pour détenir ce bibelot.
Donne une bouteille en échange ;
Donne du vin, et non de l’eau,
Cette dernière est pour les anges.
Coeur qui n’oublie pas
Une âme simple, un esprit clair,
C’est ce qu’on trouve en cet ermite ;
Cet homme connaît ses limites,
Il ne dit pas des mots en l’air.
Il lit de vieux recueils de vers,
À lui-même il se les récite ;
Quelquefois même, il les imite,
Ça meuble les longs soirs d’hiver.
Le printemps vient quand l’hiver cesse,
Les fleurs sont autant de princesses ;
L’abeille y trouve son repas.
C’est bien, la nature est en ordre,
Vie normale et normal trépas ;
Dans la pomme d’Ève il faut mordre.
Lune d’équinoxe
L’astre règne sur la nuit claire,
C’est notre deuxième soleil ;
Gardienne de notre sommeil
Et divinité tutélaire.
Sur nos plaisirs, sur nos galères,
Sur notre matinal éveil,
Toujours cet éclat nonpareil ;
Cela n’est pas pour nous déplaire.
« J’ai vu revenir le matin ;
Mais il n’a pas encore éteint
Ta lumière bientôt fanée. »
La lune, à cet instant, sourit ;
Du grand soleil, toute l’année,
Son rayonnement se nourrit.
Dame qui plane
Rêvant de frivoles amours,
La Dame au nonchaloir s’adonne :
De sa vie s’en viendra l’automne,
C’est ainsi, le temps suit son cours.
Jamais, pourtant, au long des jours,
Sa libido ne l’abandonne ;
Elle médite, elle fredonne,
Seule et tranquille dans sa tour.
Son coeur jamais ne fut de glace,
Son âme d’aimer n’est pas lasse ;
Son esprit ne regrette rien.
Plus paisible qu’une statue,
Elle est de sa candeur vêtue ;
Et croyez-moi, ça lui va bien.
Planète amorphe
Ma substance est quelque peu molle,
Qu’on voit faiblement se mouvoir ;
Je suis maudite, on peut le voir,
Plus gluante qu’un pot de colle.
Si j’en parle d’un ton frivole,
C’est pour tromper mon désespoir ;
Cette chose est en mon pouvoir,
Car on me l’apprit à l’école.
Ces gens qui leurs dieux vont louant
Et leurs chapelets secouant,
Je dis qu’ils sont de la poussière.
Poussière ou colle, tout est bien,
Que ce soit quelque chose, ou rien ;
L’apôtre en chef est une pierre.
Coups de plume
L’encre noire, le papier blanc,
Les mots qu’enseigne la coutume ;
L’encrier danse avec la plume,
Le texte déroule son plan.
Rien de cruel, rien de brûlant,
La gravité sans l’amertume ;
Les mots de la Dame de Brume
Calment le scribe turbulent.
Derrière l’écrit, des pensées
Qui par l’auteur sont dépensées
Pour habiller ces quelques vers.
Peu de vérités éternelles,
Des plaisanteries fraternelles ;
C’est notre modeste univers.
Rongeur vert
Tous mes aliments, je les ronge,
Car je suis expert en cet art ;
Je le dis, sans être vantard
Et sans me livrer au mensonge.
Dans les grands coffres je me plonge
Ainsi que dans quelques placards ;
J’y vois du fromage, du lard,
Et même de vieilles éponges.
Jamais je ne suis démuni
Quand la taverne de Cluny
M’ouvre sa cave à voûte haute.
Je la dévaste, sans merci ;
Tavernier, fais-toi du souci,
Pour cette nuit je suis ton hôte.
Oiseau bavard
Je parle, je ne suis pas sage,
Je suis un emplumé ringard ;
Ce qui se lit dans mon regard,
C’est l’ignorance chronophage,
Toujours je veux être à la page,
Je multiplie les avatars ;
J’ai toujours un train de retard,
Je n’évite aucun dérapage.
Ça ne me rend point pessimiste,
Ni aucunement alarmiste ;
Ou alors, c’est subliminal.
Je suis beau, je suis admirable,
Peut-être, aussi, fort désirable ;
Ou du moins, très original.
Poisson qui danse
Je suis un espadon galant,
Hôte des profondeurs obscures ;
Les plaisirs que je me procure
N’ont jamais rien d’ambivalent.
Fort vif, sans être turbulent,
Je multiplie les aventures ;
Pour mille amours, mille ruptures,
Mon coeur sourit en s’envolant.
Où serai-je, dans l’avenir ?
Ces beaux jours, quand vont-ils finir ?
Me verras-tu verser des larmes ?
L’eau de la mer, comme un bon vin,
Donne à nos jours un certain charme ;
Tous les malheurs frappent en vain.
Quartefeuille de mars
Revient le temps de la splendeur,
Le printemps règne en nos domaines ;
Avec plaisir on s’y promène,
Les actifs comme les glandeurs.
Les plantes sont pleines d’ardeur,
Elles envahissent les plaines ;
Les vents sont de douces haleines
À la pétillante verdeur.
Le ciel ne nous menace guère,
Le froid ne nous fait plus la guerre ;
Soyons heureux, frères humains.
Reviendront les heures amères
Où trépasseront les chimères ;
Mais cela n’est pas pour demain.
Ange invisible
Ma transparence est plutôt belle,
Que j’obtins sans faire d’efforts ;
Je ne possède aucun trésor,
Sinon ma sagesse éternelle.
Je suis une forme immortelle,
Bien à l’abri des coups du sort :
Le vide me tient lieu de corps,
Telle est ma loi surnaturelle.
Puisque j’échappe à ton regard,
Tu dois te montrer plein d’égards ;
Ma demande n’est pas risible.
Aime-moi jusqu’à ton trépas,
Je sais que cela t’est possible
Et que tu n’y manqueras pas.
Fantôme d’un pont
Auprès du quai de Paludate,
Tu peux voir un vestige flou ;
Un pont ici se tint debout,
Je ne sais jusqu’à quelle date.
Oeuvre d’un architecte fou,
Il menait au quai Sainte-Agathe ;
Il a vu passer cent frégates,
Dont une en route vers Corfou.
Il surgit par petites touches
À l’heure où le soleil se couche ;
J’entends un passant fredonner.
Devant le ciel couleur de flamme
Tremble ce spectre abandonné ;
Vieux ponts, avez-vous donc une âme ?
Baptême d’un dragon
Mes trois parrains sont les Rois Mages,
Trois grands porteurs de vérité ;
La colombe en son doux ramage
Dit qu’ils n’ont pas démérité.
Un diable vint me rendre hommage,
Qui savait assez bien chanter ;
Mais que je sois à son image,
Ce n’est pas vrai, c’est inventé.
Sur l’autel on tue des victimes,
On leur rend cet hommage ultime ;
Des anges dirigent les choeurs.
Mon trépas sera mon baptême,
Ne prends donc pas ton air moqueur ;
Pense à trouver des chrysanthèmes.
Temple pauvre
Ici, rien de mirobolant,
Pas de vitraux et pas d’icônes ;
Pas de Créateur sur son trône,
Pas d’encensoir aux fiers relents.
Je vois un démon corpulent
Qui n’a point la grâce d’un faune ;
Il porte une soutane jaune
Et longe les murs, à pas lents.
Qui prend soin de cette chapelle ?
Un gars qui fuit quand on l’appelle,
Un boit-sans-soif, un scélérat.
Sur l’autel, quatre fleurs fanées ;
Les a jadis abandonnées
Celle qui point ne reviendra.
Oisif bipède
J’ai de fort paisibles manières,
Je suis un tranquille glandeur ;
Jamais un rêve de grandeur
Ne germera sous ma crinière.
Ainsi qu’une lente rivière,
Ma vie coule au petit bonheur ;
Je ne suis pas couvert d’honneurs,
Ni guidé par aucun bréviaire.
Je suis faible, car je suis vieux,
À la retraite, et c’est tant mieux.
Ma substance est bien peu durable.
De ce sonnet je suis l’auteur,
Et d’autres textes comparables ;
Un très modeste créateur.
Le livre du moine
Au fond d’un décor bucolique,
C’est un vieux moine, il ne fait rien ;
Un petit livre est son seul bien,
Rempli de mots mélancoliques.
Ici, nul texte satirique,
Mais la rime, comme elle vient ;
Les mots entre eux tissent des liens,
Souvent de nature onirique.
Ainsi qu’un soldat désarmé,
Cet anachorète est timide ;
Je vois ses grands yeux se fermer.
Les matins de ce cloître humide
Bien longtemps se répèteront ;
Des rides naîtront sur ce front.
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