Re: Le futur existe t il déjà dans l'avenir?

[Bulle]

Le progrès est un biais cognitif, jusqu'à démonstration du contraire.

Vi et la marmotte met le chocolat dans le papier alu, jusqu'à démonstration du contraire...
Il me semble que tu confonds "progrès" et "marketing".

[Melchior]

Étienne Klein, dans son ouvrage Sauvons le Progrès (2017), notait :
"Croire au progrès, c'est considérer qu'on peut relativiser le négatif, que le pur négatif n'existe pas, car il n'est jamais que le ferment du meilleur, il est ce sur quoi on va agir pour le sortir de lui-même, c'est-à-dire justement de sa négativité. Se déclarer progressiste ou moderne, c'est donc croire que la négativité contient une énergie motrice que nous pouvons utiliser pour la transformer en autre chose qu'elle-même".

Voilà qui définit assez bien le biais en question : le mot progrès active un groupe de neurones qui tente de nous berner en minimisant les conséquences fâcheuses de la science, de la technologie, pour mettre en avant une consolation attendue par rapport aux abus et aux dégâts constatés.

Certes l'auteur ne reprenait pas ainsi l'idée, mais nous pouvons avancer qu'un partisan du progrès est tel ce consolateur.

Ce partisan ne va pas s'affirmer comme l'acteur d'une entreprise morale de lénification bien-sûr, simplement vu l'état déplorable dans lequel la nature se trouve il se condamne à rester ce pourvoyeur d'une consolation incomplète ou introuvable. Le progrès, aujourd'hui, c'est ça.

[Bulle]

Je remets ses propos dans le contexte :

"Parce que le progrès est au cœur des "relations science-société", le mépris que la société toute entière lui confère constitue donc incontestablement un révélateur de son état de santé, et même de l'insalubrité de la civilisation...

Dans le registre des causes, il y a certainement l'évaporation, et même la disparition, de toute philosophie de l'histoire. La chute du mur de Berlin a dans un premier temps instillé la conviction qu'un monde homogène et stable allait s'imposer, qui sonnerait comme la fin de l'histoire. Or l'idéologie du progrès, dans son énoncé même, réclame une philosophie de l'histoire, une configuration du futur qui soit en relation avec le passé et le présent. Croire au progrès, c'est considérer qu'on peut relativiser le "négatif", que le "pur négatif" n'existe pas, car il n'est jamais que le ferment du meilleur, il est ce sur quoi on va pouvoir agir pour le sortir de lui-même, c'est-à-dire, justement, de sa négativité. Se déclarer progressiste ou moderne, c'est donc croire que la négativité contient une énergie motrice que nous pouvons utiliser pour la transformer en autre chose qu'elle-même.

Mais le progrès n'est pas l'utopie : il réclame, lui, qu'un chemin soit tracé qui permette d'atteindre concrètement un état du futur qui soit à la fois crédible et attractif. Le progrès apparaît ainsi comme une idée à la fois consolante et sacrificielle. Consolante, comme le détaille Emmanuel Kant, parce qu'elle nous aide à supporter les malheurs du présent en faisant miroiter l'avènement d'un monde meilleur pour nos enfants. Et sacrificielle, car l'avènement concret de ce futur configuré à l'avance n'est pas automatique : il nécessite un labeur. Consolation et sacrifice sont ici entrelacés car l'idée du progrès suffit à donner un sens aux sacrifices qu'elle impose. En d'autres termes, elle rend l'Histoire "humainement supportable". J'aime cette formule de Luc Ferry : "Croire au progrès, c'est accepter de sacrifier du présent personnel au nom d'un futur collectif."

(source)

Rien à voir donc avec l'explication que tu donnes d'un soi-disant "biais cognitif" : là au contraire il est question d'une idée "consolante et sacrificielle". On est dans le raisonnement pas dans le biais qui répond à un besoin de cohérence.
Par contre faire une recherche internet en tentant de trouver une phrase qui sortie de son contexte peut sembler étayer la critique que tu fais, ça c'est un biais cognitif dit de confirmation... Doublé d'un sophisme nommé "argument d'autorité" d'ailleurs...

Le progrès, aujourd'hui, c'est ça.

Non "ça" c'est ce à quoi tu le réduis...

[Jipé]

Exactement, car le biais de confirmation est :

"Le biais de confirmation, également dénommé biais de confirmation d'hypothèse, est le biais cognitif qui consiste à privilégier les informations confirmant ses idées préconçues ou ses hypothèses, ou à accorder moins de poids aux hypothèses et informations jouant en défaveur de ses conceptions, ce qui se traduit par une réticence à changer d'avis. Ce biais se manifeste chez un individu lorsqu'il rassemble des éléments ou se rappelle des informations mémorisées, de manière sélective, les interprétant d'une manière biaisée." (wiki)

Tu t'y retrouves Melchior ?

[Melchior]

La question est maintenant de savoir comment extirper avec soin l'idéologie dominante du corps sociétal et de la nature endommagés. L'avenir déjà écrit que nous servait cette idéologie de progrès - appuyée sur un biais bien installé - paraît désormais insatisfaisant. Il convient d'imaginer d'autres voies pour un futur non pas durable mais simplement existant ; c'est une réécriture à faire du futur qui nous était promis.

Cela permet d'évoquer un futur qui existe déjà dans l'imaginaire, comme un chemin en pointillés que nous traçons. Bien-sûr nous pouvons nous tromper, les lecteurs de la science-fiction le savent, mais au moins nous traçons quelque chose d'autre.

[Jipé]

Oui, imaginons car sans imagination point de progrès...

[Jipé]

J'ai l' impression que la vocation de la philosophie est d'interpréter le monde mais si le but est de le transformer, il ne pourra subir cette transformation qu'en passant par le domaine et la connaissance scientifique.
La tâche de la philosophie ne sera plus de réfléchir à ce monde, mais de réfléchir à ce que la science dira du monde.

[Bulle]

Oui, imaginons car sans imagination point de progrès...

[dedale]

La question est maintenant de savoir comment extirper avec soin l'idéologie dominante du corps sociétal et de la nature endommagés. L'avenir déjà écrit que nous servait cette idéologie de progrès

De quelle idéologie au juste?
La notion de progrès est un conglomérat de philosophies et de sciences (économie, technique, sociologie....) qui fait sens dans l'histoire des civilisations. Cela demande une part de réalisme mais aussi d'utopie et donc d'une part qui peut être incontrôlable/incertaine - mais l'incertitude n'est-elle pas le propre de l'existence?
Il y a bien des façons de définir le progrès et cela peut être teinté de diverses colorations ou appréhensions idéologiques.
Pour répondre, il y a besoin de précisions.