Sagesse du pluvian
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Ange aptère et bicéphale
Mon double chef contient deux cervelles simplettes,
D’aucune librairie, je ne franchis le seuil ;
Mais aux livres offerts j’aime bien faire accueil,
J’en reçus l’autre jour une pleine mallette.
J’aime lire à propos de choses obsolètes,
Comme en ce fabliau traitant d’un écureuil ;
Un texte en vieux français, ce n’est pas un écueil,
Mon regard sur les mots allègrement volette.
La page désuète a pour moi tant d’attraits
Que comme en un caveau tout mon corps s’y retrait ;
Or cela, selon moi, n’a rien pour vous surprendre.
Je m’arrête quand même à l’heure des repas,
Mais ce dernier plaisir, je n’en abuse pas,
Tu ne me verras guère au restaurant me rendre.
Démon des monts
J’ai pour royaume une pente lointaine,
Je ne fais rien, je dévore à loisir ;
Mon coeur qui s’use a de moindres désirs,
Mon souffle est court, ma vie est incertaine.
L’eau d’un glacier me tient lieu de fontaine,
Dont la fraîcheur me donne du plaisir ;
Un sommelier ne saurait mieux choisir,
Cette boisson vaut celles de la plaine.
Près des sommets sont d’étranges pâtures,
Peu d’animaux à brouter s’aventurent ;
Ceux qui le font sont mes proches parents.
C’est surprenant, ce n’est pas effarant,
La neige est pure et l’air est transparent ;
Qui donc pourrait en faire la peinture ?
Plumes érudites
Cet oiseau bien souvent sut encadrer des thèses,
D’un étonnant savoir il montra le chemin ;
Aux murs de son bureau trônent cent parchemins,
Ces travaux font l’objet d’une vaste synthèse.
Maintenant il est vieux, sa soif d’agir s’apaise,
De ses livres souvent il vide le trop-plein ;
Or, d’être retraité, jamais il ne s’en plaint,
Ne gardant du passé nulle impression mauvaise.
Dans un rêve il revit ses anciennes amours,
Cela rend lumineux les vestiges du jour ;
Il n’écrit pourtant plus de ces proses galantes.
De marcher dans sa ville il ne se lasse pas,
Il va comme un pigeon, faisant de petits pas ;
Un ange suit des yeux sa promenade lente.
Monstre presque inoffensif
Ce griffon se soumet aux paroles des femmes,
Il en devient si doux que c’est plaisant à voir ;
Pour leurs nobles attraits ses yeux sont un miroir,
Auprès d’elles, son coeur est plus chaud qu’une flamme.
Rebelle à Cupidon fut autrefois son âme,
Ça ne lui faisait rien d’être seul tous les soirs ;
Mais sur lui la nature exerça son pouvoir,
De l’amour il connut les émois et les drames.
Ensuite il se lassa des lits et des alcôves
Dont son âme jamais ne sortit saine et sauve ;
De platoniques liens le tentèrent, pourtant.
Tortueuse est la voie qui par lui fut suivie,
Aphrodite par lui ne fut guère servie ;
Ce monstre n’avait point l’esprit d’un combattant.
Deux clés de sinople
Au nord du jardin sombre est une porte noire
Qui s’ouvre avec la clé de Maître Eléazar ;
Un errant s’en approche, à l’abri des regards,
Qui veut en ce lieu calme oublier ses déboires.
Qui donna le sésame à cet homme sans gloire ?
Quel bienfaiteur l’offrit à cet humble routard ?
Ce fut un centurion, rencontré par hasard
Auprès d’un grand comptoir où tout deux vinrent boire.
Au coeur du petit parc se dresse un vieux palais
Où dort depuis cent ans la troupe des valets ;
Personne n’est entré depuis qu’il s’assoupirent.
Une deuxième clé, qui fut à Saint Éloi,
Permet de visiter ce ténébreux endroit ;
Une belle princesse y sommeille et soupire.
Trésor de Schrödinger
Un magicien farceur ce coffre m’a donné,
Me disant que l’ouvrir serait une imprudence ;
Le motif qu’il donna n’est point une évidence,
Si je n’y comprends rien, tu dois me pardonner.
À présent, suis-je riche ou suis-je infortuné ?
Je ne saurais pas bien faire la différence ;
Les deux en même temps, dit avec assurance
Le savant enchanteur, mais j’en suis étonné.
Ce chercheur manifeste une étrange sagesse,
Lui pour qui la Nature est une sauvagesse ;
Mais de tous ses égaux son nom est honoré.
Je parle d’autre chose avec lui, sous la treille,
Domaine des moineaux qui charment nos oreilles ;
Je rêve du trésor et des écus dorés.
Sculpture non figurative
Un bizarre sculpteur trouve une étrange pierre,
Dans la clarté du jour, un monde y transparaît ;
Cet artiste voudrait découvrir les secrets
Que semble révéler la changeante lumière.
Je le vois entamer son labeur solitaire,
Faisant du minéral un monument abstrait ;
Par aucun contretemps l’atelier n’est distrait,
Il a donc tout loisir d’explorer le mystère.
Il est le laboureur qui trace un beau sillon,
Il est le flibustier sous un noir pavillon
Ou le barde inspiré narrant le Tour de Gaule.
Zeus éclaire son coeur, Hermès guide sa main,
Sans oublier Bacchus qui lui trace un chemin
Pour cueillir le succès d’un pôle à l’autre pôle.
Trinité du pâturage
L’herbe de ce grand pré n’a guère de mémoire
Et le peu qu’elle en a provient d’on ne sait où ;
Elle sait qu’on est mieux quand on a de quoi boire
Et que le mauvais temps vaut moins que le temps doux.
Trois petits dieux de trèfle écrivent son histoire
Mais beaucoup de détails dans leurs textes sont flous ;
« Je peux même en trouver qui sont contradictoires »,
Me faisait remarquer le curé de Saint-Loup.
Or, pris globalement, cet écrit nous déride
Car il est plein de vie, étant tout sauf aride ;
Je serai donc d’avis de ne rien y changer.
J’entends un chant d’oiseau, commentaire sonore
Qui charme mon oreille et dont le pré s’honore,
Sauf les trois petits dieux qu’une vache a mangés.
Ermite-lion
J’habite un terroir ignoré des hommes,
Je peux affirmer que j’en suis heureux ;
Quant aux animaux qui Seigneur me nomment,
Je les laisse en paix, c’est tant mieux pour eux.
Jamais je ne fus très aventureux,
Je ne cours pas loin, j’aime faire un somme ;
On croit que jadis je fus amoureux,
Ce fut quand Virgile écrivait dans Rome.
Nul ne me verra prier à genoux,
Je suis mieux couché, soit dit entre nous;
Bien vivre, pour moi, c’est une évidence.
Faites votre vie, chers frères humains,
Espérez toujours de beaux lendemains ;
Mais je n’entre point dans vos folles danses.
La mer et la falaise
La nef a mis le cap sur un fier promontoire,
La longue galaxie rend plus claire la nuit ;
Bilitis voit la voile et sa tristesse fuit,
L’on dit sur les marins d’étonnantes histoires.
Un capitaine, c’est un séducteur notoire,
Mais les bons matelots valent autant que lui ;
Sous la lune rêveuse ou le soleil qui luit,
Toujours ils fourniront des efforts méritoires.
Aphrodite ou Kypris exhibe son corps blanc,
Le capitaine hésite, et ce signal troublant
Pourrait faire changer son cap et son allure.
L’équipage au complet se trouve sur le pont,
L’un d’eux parle à Vénus qui point ne lui répond ;
L’homme éprouve en son coeur une froide brûlure.
Sainte Tavernière
La dame qui ce comptoir abreuvait
Dans un sourire, elle était douce et belle
Et consolante, et loin d’être rebelle ;
Gentille fée qui nos prénoms savait.
Plus d’un buveur de ses charmes rêvait,
Ça l’exaltait, ça lui donnait des ailes ;
Il bénissait de louange immortelle
La longue nuit qui son coeur éprouvait.
Au premier rang nul ne pouvait prétendre,
Au dernier rang nul ne voulait descendre ;
Fier comme un coq chaque homme se montrait.
En la taverne étaient prises nos âmes,
Car nous étions vassaux de cette dame
Qui sagement nos conflits arbitrait.
Le seigneur d’Alpha Formicae
Cet empereur bizarre, il n’a rien dans la tête,
Les astres ont des noms qu’il ne retient jamais ;
Mais, un verre à la main, il montre dans les fêtes
Un humour débridé qui atteint des sommets.
Des ministres sont là, qui sont loin d’être bêtes,
À leur sagacité le peuple s’en remet ;
L’Empire ne connaît ni pape ni prophète,
Aucun de ses sujets à Dieu ne se soumet.
Je ne sais pas combien l’Empire a de planètes,
Sur mes vieux documents la carte n’est pas nette ;
Un pompier les sauva d’un placard enflammé.
Accueillant tour à tour l’amour et la souffrance,
Ils n’attendent, ces gens, aucune délivrance,
Buvant, pour voir venir, du vin très parfumé.
Grandeur d’un volatile
Du seigneur emplumé, subtile est la nature,
Un rouge anthroposaure orne son étendard ;
Sur son vaste domaine il jette ses regards,
Où, depuis fort longtemps, peu d’intrus s’aventurent.
Il aime saluer les boeufs dans leur pâture,
Il leur récite alors des sonnets de Ronsard
Puis, dans la grande lande où flotte le brouillard,
Il marche lentement, jusqu’à la nuit obscure.
Des oiselles jadis ont fait battre son coeur
Et versé dans son âme une douce liqueur ;
Mais il s’est éloigné de ces bonheurs extrêmes.
Voici venu le temps des modestes plaisirs,
Des sobres agréments et des humbles loisirs
Peut-être pas de quoi en faire des poèmes.
Pont du Coq de Pierre
Des deux côtés du pont sont de belles fontaines
Qui chantent leur chanson lorsque le soir descend ;
Un vagabond qui voit le ciel couleur de sang
Ralentit quelque peu sa démarche incertaine.
Qu’importe la rumeur de la ville inhumaine,
La peine et le tracas s’en vont dans le courant ;
L’errant, comme cette eau, devient indifférent,
Cessant d’entretenir des espérances vaines.
Comme un amant comblé pardonne à ses rivaux,
Le marcheur veut aller vers un monde nouveau ;
Ici la rivière est aisément franchissable.
Une muse, sans bruit, prend le même chemin,
Sur l’épaule du gars venant poser sa main ;
Son corps, me semble-t-il, n’est plus insaisissable.
Le baron Crocodile
Je flotte dans le fleuve et je suis le courant,
Puis je vais sur la plage où ne vient pas la foule ;
Mon cousin le serpent aux branchages s’enroule,
L’univers est en paix, le monde est transparent.
Mon serviteur-pluvian me dit des trucs marrants,
Il compare sa vie au fleuve qui s’écoule ;
Heureusement pour lui qu’il n’est pas une poule,
Son sort en ma présence eût été différent.
Au lieu de m’abreuver de sa douce ironie,
Il eût eu dans ma gueule une brève agonie
Et n’aurait guère pu faire entendre sa voix.
De son maître Gotlib, il apprit l’art de rire,
Mais sa tâche est plus simple, il parle au lieu d’écrire,
Et de Newton jamais ne commente les lois.
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http://sonnets-de-cochonfucius.lescigales.org/pluvian.html
Majesté mélancolique
Un roi dans son jardin méditait autrefois
Sur les textes anciens où sont paroles dures ;
Il n’en avait pas bien digéré la lecture,
Car il n’était pas loin d’avoir perdu la foi.
De son ange gardien n’entendant plus la voix,
Son âme se perdait dans une nuit obscure ;
Tout ce qu’il percevait lui fut mauvais augure,
Parfois il marmonnait « Que nous sert d’être roi ? ».
Il ne savourait plus les plaisirs de la table,
Ni de sa tendre amie les charmes délectables,
Laquelle goûtait peu cette morosité.
Mais d’une autre Vénus la douceur entrevue
Ralluma dans son coeur une flamme ténue,
Et tant pis, se dit-il, pour la fidélité.
Une aile vagabonde
Je plane dans le ciel des défuntes années,
Les siècles ne sont rien que de petits moments ;
Mon âme sans chaleur cherche inlassablement
Pourquoi dans un tel corps elle est emprisonnée.
Un moine me parla jadis de « destinée »,
Lequel trop présuma de mon entendement ;
Mon paresseux esprit évite les tourments
Ainsi que les questions longuement ruminées.
Donc je ne pense à rien, je plane dans le vent,
Je cherche les plaisirs (comme tous les vivants) ;
J’explore l’univers, mais avec peu de zèle.
Lecteur, je te permets d’ignorer mes propos
Moins amusants que ceux que tu tiens au tripot ;
Tu dois me pardonner, je n’ai point de cervelle
Lord Frog
Grenouille et grand seigneur, c’est ma double nature,
Quant à mon cri de guerre, il monte vers les cieux ;
Sans poil et sans plumage, à l’image de Dieu,
Je siège en ce marais dans ma noble posture.
Tu ne me verras point courir les aventures,
Car toujours j’aimerai la Dame de ces lieux ;
Les humaines beautés ne sont rien à mes yeux,
En faire des portraits, c’est gâcher la peinture.
Je veux bien saluer Maître Boeuf en passant,
Mais sans être jaloux de ce gros innocent,
Lui qui, en fin de course, est dévoré par l’Homme.
Moi, je n’irai jamais en faire mon repas,
Je ne vais pas non plus mordre dans une pomme ;
Les moucherons, vois-tu, c’est meilleur, n’est-ce pas ?
Mange-cerfs
La biche est délectable, et tu peux bien m’en croire,
Mais celui qui la prend n’en tire aucun orgueil ;
Mieux vaut donc sur le cerf obtenir la victoire,
Et que ton estomac lui serve de cercueil.
Ce fut pour Artémis un vrai sujet de gloire
Le jour où d’Actéon les dieux ont pris le deuil ;
Un noble fabuliste en transmet la mémoire
Qui traversa le temps, malgré quelques écueils.
Je sais que de ces bois mon chant trouble le charme,
Mieux vaut t’en divertir que de verser des larmes ;
D’ailleurs, mon appétit vient de se réveiller.
Un roi fit le projet de me livrer aux flammes,
Je lui fis regretter cette démarche infâme ;
Ainsi, son successeur n’ose me surveiller.
Lit de flammes
’allume mon bûcher dans une aube argentine,
C’est par la combustion que mon corps devient beau ;
Mes cendres, le sais-tu, n’iront pas au tombeau,
C’est à mon renouveau que le sort les destine.
L’air chauffe mon plumage et brûle ma poitrine,
Je sais à quoi m’attendre et j’accepte ces maux ;
Je ne suis pas jaloux des autres animaux,
Je vaux mieux que la faune, ou terrestre, ou marine.
Sur des charbons ardents je trouve mon repos,
Si je frémis un peu, c’est pour rester dispos ;
Tu sauras que mon coeur est plus chaud que les flammes.
Un ange de la Mort, près de moi voltigeant,
Jette sur ce grand feu des regards négligents ;
La destruction du corps, c’est le repos de l’âme.
Re: Sagesse du pluvian
J’allume
Nuage- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 13093
Localisation : Drôme du Nord (Rhône-Alpes-Auvergne - France)
Identité métaphysique : La mienne
Humeur : Fluctuante
Date d'inscription : 31/10/2011
Lit de flammes ----.......(retouche, .............merci Nuage)
J’allume mon bûcher dans une aube argentine,
C’est par la combustion que mon corps devient beau ;
Mes cendres, le sais-tu, n’iront pas au tombeau,
C’est à mon renouveau que le sort les destine.
L’air chauffe mon plumage et brûle ma poitrine,
Je sais à quoi m’attendre et j’accepte ces maux ;
Je ne suis pas jaloux des autres animaux,
Je vaux mieux que la faune, ou terrestre, ou marine.
Sur des charbons ardents je trouve mon repos,
Si je frémis un peu, c’est pour rester dispos ;
Tu sauras que mon coeur est plus chaud que les flammes.
Un ange de la Mort, près de moi voltigeant,
Jette sur ce grand feu des regards négligents ;
La destruction du corps, c’est le repos de l’âme.
Serpent à sonnets
Je suis l’ouroboros, un être de raison,
Je ne parle jamais quand l’ai la bouche pleine ;
Pour vite voyager, je roule dans la plaine,
Moi qui m’en vais toujours sans nulle cargaison.
Certes, je crains un peu la mauvaise saison,
Car en ce temps le sang refroidit dans mes veines ;
Mais d’allumer un feu je ne prends pas la peine,
Je lis un vieux bouquin, je reste en ma maison.
Je n’ai point le désir d’être maître du monde,
Je cultive plutôt l’oisiveté féconde ;
Je ne bouge pas plus qu’un soldat désarmé.
Il n’est plus temps pour moi de braver les orages,
Les jours ont effacé ma force et mon courage ;
Aboli bibelot, comme dit Mallarmé.
Archevêque aux belles mains
Je trempe tous mes doigts dans une onde limpide,
Et ça me fait du bien, l’été comme l’hiver ;
Je dis une oraison qui traverse les airs,
Quelques mots bien sentis qui les démons lapident.
Les uns sont maladroits, les autres sont stupides,
Je les vois s’agiter à tort et à travers ;
Un rhapsode insolent leur consacre des vers,
Je ne lui en dis rien, je les trouve insipides.
Faire l’homme d’Église est un pesant labeur ;
D’un succube parfois je deviens le tombeur,
Ce qui me donne alors une soif dévorante.
Une muse me berce, au soir, quand je suis las ;
Elle m’a soutenu par de bons petits plats,
Elle qui jadis fut une pauvre âme errante.
Arbre du barde
Au village gaulois vit un rhapsode sombre,
Son chant reste imparfait mais pourtant, nous l’aimons ;
En ses vers nul ne doit chercher un sens profond,
Il sera pour toujours un écrivain de l’ombre.
Sur les branches d’un arbre est posée sa maison,
D’oiseaux dans la ramure on peut voir un grand nombre ;
Cette demeure est vaste et de rien ne s’encombre,
Ce fier chanteur me semble un être de raison.
Notre homme rarement se met martel en tête,
Ni son arbre ni lui ne craignent les tempêtes.
Sauf peut-être le toit, de chaume recouvert.
Quand se pose un hibou sur la plus haute branche,
Le barde pour lui chante, et pour la lune blanche ;
Les mots que l’on entend forment quatorze vers.
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