Histoire de l'exégèse de la Bible
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Histoire de l’exégèse de la bible (14)
En 1933, Maurice Goguel va plus loin dans sa réflexion exégétique en publiant La foi à la résurrection de Jésus dans le christianisme primitif. Contre Guignebert, Goguel estime que la foi des disciples en la messianité de Jésus constitue la racine de leur foi en la Résurrection. Celle-ci n’est pas imposée par des faits comme la découverte du tombeau vide, tout à fait absente de la catéchèse primitive et du message de Paul, argumente Goguel, ou des expériences de rencontres qui supposeraient la réanimation de Jésus. La conviction des apôtres se fonde sur les visions dont ont bénéficié les apôtres, analogues à celle de Paul sur le chemin de Damas. Goguel bannit donc toute conception de la Résurrection comme « réanimation » offerte à un constat historique. Ces affirmations provoqueront l’indignation du dominicain Lagrange. Enfin, Goguel souligne que Paul n’a pas inventé la catéchèse primitive, telle qu’elle se trouve dans les discours de Pierre au début des Actes : « Dieu a ressuscité Jésus pour donner à Israel la repentance et le pardon des péchés, c’est-à-dire pour le mettre à même de se repentir d’une manière qui lui assure le pardon. » À côté de cette conception qu’il a reçue, Paul va développer celle d’un vaste plan divin où figure, en plus de l’Adam terrestre, l’Adam céleste ou spirituel. Y a-t-il eu emprunt d’éléments religieux hellénistiques ? Goguel pense en fait que le christianisme n’est pas une religion syncrétiste mais doit être compris comme « une adaptation chrétienne de l’esprit des mystères helléniques ».
Du côté catholique, le climat s’est détendu après la Grande Guerre. Progressivement, les religieux obtiennent de rapatrier les ressources de leurs maisons d’études ; de plus, une nouvelle inquiétude spirituelle voit le jour en France, notamment chez les intellectuels, et on notera une vague de conversions au catholicisme. De 1921 à 1925, Lagrange publie de gros commentaires sur les évangiles, mais il lui faut rester prudent, car en France et surtout à Rome, des intégristes veillent. Pie X, farouchement antilibéral et lutteur acharné contre le modernisme est mort en 1914 ; lui succèdent Benoît XV et Pie XI (en 1922), qui dessinent des lignes nouvelles : dissolution du réseau intégriste dit « La Sapinière », condamnation de l’Action Française en 1926 ; mais il y a un noyau « dur » au sein de la Commission biblique pontificale, qui déclare par exemple en 1933 que l’auteur du psaume XV (« tu ne peux laisser ton fidèle voir « la fosse ») a bien eu l’intention de parler de la résurrection du Christ. En 1934, le livre d’un professeur d’Ecriture Sainte de Bratislava, L’immigration d’Israel en Canaan, doit être condamné, car il met en doute l’authenticité mosaïque (Moïse seul rédacteur) et l’historicité du Pentateuque. La surveillance romaine tendait à sauvegarder précieusement l’inerrance des Écritures. L’encyclique de Benoît XV Spiritus Paraclitus (1920) nia que les récits bibliques pouvaient ne posséder que « les apparences de l’histoire », cela ne pouvait se dire que pour « de petites méprises historiques ». Cette insistance sur l’historicité des récits bibliques allait peser lourd sur l’exégèse catholique et la priver d’une liberté d’action et de parole dont elle avait grand besoin.
En 1933, Maurice Goguel va plus loin dans sa réflexion exégétique en publiant La foi à la résurrection de Jésus dans le christianisme primitif. Contre Guignebert, Goguel estime que la foi des disciples en la messianité de Jésus constitue la racine de leur foi en la Résurrection. Celle-ci n’est pas imposée par des faits comme la découverte du tombeau vide, tout à fait absente de la catéchèse primitive et du message de Paul, argumente Goguel, ou des expériences de rencontres qui supposeraient la réanimation de Jésus. La conviction des apôtres se fonde sur les visions dont ont bénéficié les apôtres, analogues à celle de Paul sur le chemin de Damas. Goguel bannit donc toute conception de la Résurrection comme « réanimation » offerte à un constat historique. Ces affirmations provoqueront l’indignation du dominicain Lagrange. Enfin, Goguel souligne que Paul n’a pas inventé la catéchèse primitive, telle qu’elle se trouve dans les discours de Pierre au début des Actes : « Dieu a ressuscité Jésus pour donner à Israel la repentance et le pardon des péchés, c’est-à-dire pour le mettre à même de se repentir d’une manière qui lui assure le pardon. » À côté de cette conception qu’il a reçue, Paul va développer celle d’un vaste plan divin où figure, en plus de l’Adam terrestre, l’Adam céleste ou spirituel. Y a-t-il eu emprunt d’éléments religieux hellénistiques ? Goguel pense en fait que le christianisme n’est pas une religion syncrétiste mais doit être compris comme « une adaptation chrétienne de l’esprit des mystères helléniques ».
Du côté catholique, le climat s’est détendu après la Grande Guerre. Progressivement, les religieux obtiennent de rapatrier les ressources de leurs maisons d’études ; de plus, une nouvelle inquiétude spirituelle voit le jour en France, notamment chez les intellectuels, et on notera une vague de conversions au catholicisme. De 1921 à 1925, Lagrange publie de gros commentaires sur les évangiles, mais il lui faut rester prudent, car en France et surtout à Rome, des intégristes veillent. Pie X, farouchement antilibéral et lutteur acharné contre le modernisme est mort en 1914 ; lui succèdent Benoît XV et Pie XI (en 1922), qui dessinent des lignes nouvelles : dissolution du réseau intégriste dit « La Sapinière », condamnation de l’Action Française en 1926 ; mais il y a un noyau « dur » au sein de la Commission biblique pontificale, qui déclare par exemple en 1933 que l’auteur du psaume XV (« tu ne peux laisser ton fidèle voir « la fosse ») a bien eu l’intention de parler de la résurrection du Christ. En 1934, le livre d’un professeur d’Ecriture Sainte de Bratislava, L’immigration d’Israel en Canaan, doit être condamné, car il met en doute l’authenticité mosaïque (Moïse seul rédacteur) et l’historicité du Pentateuque. La surveillance romaine tendait à sauvegarder précieusement l’inerrance des Écritures. L’encyclique de Benoît XV Spiritus Paraclitus (1920) nia que les récits bibliques pouvaient ne posséder que « les apparences de l’histoire », cela ne pouvait se dire que pour « de petites méprises historiques ». Cette insistance sur l’historicité des récits bibliques allait peser lourd sur l’exégèse catholique et la priver d’une liberté d’action et de parole dont elle avait grand besoin.
mikael- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Histoire de l’exégèse de la bible (15)
Dans la seconde moitié du XIXè siècle, la séparation croissante opérée par la critique entre la prédication de Jésus et le kérygme chrétien (profession de foi fondamentale) met l’accent sur la « judaïté » de Jésus. Cela va intéresser aussi des savants juifs allemands, qui souhaitent le rapprochement avec les catholiques et penchent pour l’assimilation. Ils créent en 1872 à Berlin la « Chaire pour la science du judaïsme » et le séminaire rabbinique de Breslau, leur sensibilité accentuant la morale de la torah et rejetant les prescriptions rituelles et juridiques. Tout cela les pousse à étudier l’histoire de Jésus. Ces travaux juifs trouvent leur aboutissement dans le grand livre de Joseph Klausner en 1922 : « Jésus de Nazareth », publié en hébreu (né en 1874 en Lituanie, il s’est installé à Jérusalem en 1919). Ce livre riche et très documenté fut un événement : traduit en 4 langues, il donna lieu à une foule de recensions : 400, publiées en 12 langues. Les prises de position de Klausner, favorable à Jésus, nuisirent à sa carrière à l’Université hébraïque de Jérusalem.
Le grand propos de Klausner est celui du rapport entre judaïsme et christianisme. D’emblée, il exclut l’hypothèse d’un christianisme né avec Paul d’un syncrétisme tissé d’emprunts au paganisme ; il y a eu dans la doctrine de Jésus des éléments s’opposant à la conception du monde chez les juifs et portant en germe la doctrine du christianisme — même s’il faut à l’évidence « rejudaïser » Jésus, afin de reconnaître le portrait évangélique du rabbi de Nazareth sous les transformations opérées par la foi au Seigneur Jésus et visibles dans les évangiles. Klausner pense que le plus ancien évangile est celui de Marc, avec une source araméenne et rédigé en grec par un disciple de Marc. Matthieu s’appuie sur Marc et la source Q et fut rédigé vers 80-90. Les récits d’enfance portent la marque de la foi à l’origine divine de Jésus. Pour Klausner, Jésus eut une conception naturelle, avec 4 frères ; les récits de guérison ont une base authentique, Jésus est ce type de prophète obligatoirement exorciste et guérisseur. Jésus prit conscience peu à peu de sa vocation messianique particulière, reconnue par ses disciples, même si les prophéties concernant sa mort et sa résurrection sont trop nettes pour ne pas porter l’empreinte de la foi chrétienne ultérieure. Klausner réagit vigoureusement contre la présentation du rôle des juifs dans le procès et la mort, et remarque aussi que le portrait de Pilate a été retouché pour accabler les juifs.
La prédication de Jésus a des traits pharisiens et parfois esséniens : obtenir le salut par une morale rigoureuse, désintéressement des affaires nationales, préoccupations mystiques et eschatologiques, conception du Messie et de ses souffrances, affirmations millénaristes. La venue du Messie et du Royaume doit être hâtée par le repentir et les bonne oeuvres, la « fin » étant proche. La revendication de sa proximité avec Dieu rend possible selon Klausner l’élaboration future du dogme trinitaire. La supériorité de l’amour sur les rites, l’intériorisation de la religion détacheront celle-ci du judaïsme, l’ouvrant aux païens. Jésus, vrai rabbi et juif authentique, permet par son spiritualisme mystique d’aller vers d’autres sensibilités religieuses. Il reviendra à Paul de transformer ce christianisme à la juive en un message recevable par des non-juifs, ce qu’il fera en développant une théologie de sensibilité autant grecque que juive.
Dans la seconde moitié du XIXè siècle, la séparation croissante opérée par la critique entre la prédication de Jésus et le kérygme chrétien (profession de foi fondamentale) met l’accent sur la « judaïté » de Jésus. Cela va intéresser aussi des savants juifs allemands, qui souhaitent le rapprochement avec les catholiques et penchent pour l’assimilation. Ils créent en 1872 à Berlin la « Chaire pour la science du judaïsme » et le séminaire rabbinique de Breslau, leur sensibilité accentuant la morale de la torah et rejetant les prescriptions rituelles et juridiques. Tout cela les pousse à étudier l’histoire de Jésus. Ces travaux juifs trouvent leur aboutissement dans le grand livre de Joseph Klausner en 1922 : « Jésus de Nazareth », publié en hébreu (né en 1874 en Lituanie, il s’est installé à Jérusalem en 1919). Ce livre riche et très documenté fut un événement : traduit en 4 langues, il donna lieu à une foule de recensions : 400, publiées en 12 langues. Les prises de position de Klausner, favorable à Jésus, nuisirent à sa carrière à l’Université hébraïque de Jérusalem.
Le grand propos de Klausner est celui du rapport entre judaïsme et christianisme. D’emblée, il exclut l’hypothèse d’un christianisme né avec Paul d’un syncrétisme tissé d’emprunts au paganisme ; il y a eu dans la doctrine de Jésus des éléments s’opposant à la conception du monde chez les juifs et portant en germe la doctrine du christianisme — même s’il faut à l’évidence « rejudaïser » Jésus, afin de reconnaître le portrait évangélique du rabbi de Nazareth sous les transformations opérées par la foi au Seigneur Jésus et visibles dans les évangiles. Klausner pense que le plus ancien évangile est celui de Marc, avec une source araméenne et rédigé en grec par un disciple de Marc. Matthieu s’appuie sur Marc et la source Q et fut rédigé vers 80-90. Les récits d’enfance portent la marque de la foi à l’origine divine de Jésus. Pour Klausner, Jésus eut une conception naturelle, avec 4 frères ; les récits de guérison ont une base authentique, Jésus est ce type de prophète obligatoirement exorciste et guérisseur. Jésus prit conscience peu à peu de sa vocation messianique particulière, reconnue par ses disciples, même si les prophéties concernant sa mort et sa résurrection sont trop nettes pour ne pas porter l’empreinte de la foi chrétienne ultérieure. Klausner réagit vigoureusement contre la présentation du rôle des juifs dans le procès et la mort, et remarque aussi que le portrait de Pilate a été retouché pour accabler les juifs.
La prédication de Jésus a des traits pharisiens et parfois esséniens : obtenir le salut par une morale rigoureuse, désintéressement des affaires nationales, préoccupations mystiques et eschatologiques, conception du Messie et de ses souffrances, affirmations millénaristes. La venue du Messie et du Royaume doit être hâtée par le repentir et les bonne oeuvres, la « fin » étant proche. La revendication de sa proximité avec Dieu rend possible selon Klausner l’élaboration future du dogme trinitaire. La supériorité de l’amour sur les rites, l’intériorisation de la religion détacheront celle-ci du judaïsme, l’ouvrant aux païens. Jésus, vrai rabbi et juif authentique, permet par son spiritualisme mystique d’aller vers d’autres sensibilités religieuses. Il reviendra à Paul de transformer ce christianisme à la juive en un message recevable par des non-juifs, ce qu’il fera en développant une théologie de sensibilité autant grecque que juive.
mikael- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
je constate que chaque nouveau chapitre n'est lu que par 6 ou 7 personnes, je fais une pause...
mikael- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Je pense qu'il faut que tu laisses à tes lecteurs le temps de digérer toutes ces informations. Surtout aux catholiques français qui ont un retard considérable sur le sujet.
Merci en tout cas pour ce fil passionnant à distiller à petites doses.
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Bean- Seigneur de la Métaphysique
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Date d'inscription : 16/04/2012
Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Bean a écrit:Je pense qu'il faut que tu laisses à tes lecteurs le temps de digérer toutes ces informations. Surtout aux catholiques français qui ont un retard considérable sur le sujet.
Merci en tout cas pour ce fil passionnant à distiller à petites doses.
Il me semble que tu parles de ce que tu connais peu !
mario- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
à qui parles-tu, mario ?
mikael- Seigneur de la Métaphysique
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Date d'inscription : 27/09/2012
Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
La vraie question serait plutôt: De quoi tu parles Mario ?
Je suppose qu'il fait référence à :
Je suppose qu'il fait référence à :
Pas facile à digérer pour un catholique.Surtout aux catholiques français qui ont un retard considérable sur le sujet.
Bean- Seigneur de la Métaphysique
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Date d'inscription : 16/04/2012
Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Je ne l'ai pas mal pris
_nawel- Seigneur de la Métaphysique
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Date d'inscription : 19/01/2015
Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Bean a écrit:La vraie question serait plutôt: De quoi tu parles Mario ?
Je suppose qu'il fait référence à :Pas facile à digérer pour un catholique.Surtout aux catholiques français qui ont un retard considérable sur le sujet.
EXACT, car je ne pense pas qu'ACTUELLEMENT, les Catholiques aient un retard considérable à propos des différentes exégèses !....
mario- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Date d'inscription : 03/04/2008
Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Ce n'est pas tant une question de retard que d'approche dans l'exégèse du NT, approche figée depuis des lustres. L'Eglise catholique redoute encore et toujours qu'une exégèse indépendante, neutre, même bienveillante envers le divin, ne soit dangereuse car susceptible d'ébranler la foi. En effet, comment remettre en cause un ou deux éléments sans nuire à la crédibilité de l'ensemble ? Pourtant j'ai toujours pensé que c'était là une approche frileuse et quelque peu infantilisante du croyant adulte. d'autant plus que les contradictions, voire impossibilités peuvent être envisagées sereinement sans nuire à la religion. Ah, bien sûr, sous la poussée, quelques aveux timides se font jour ; ainsi la TOB reconnaît pour la finale de Mc, 16,1-8 que "la tradition manuscrite est très incertaine pour cette finale"... parbleu, les exégètes les plus en vue le disent depuis un siècle ! Ou en Mc, 15,36 : "par son allusion au Ps. 69,22, le récit témoigne encore de son intérêt théologique" : en clair : ce n'est pas vraiment historique !!
voir : https://www.google.fr/search?q=ex%C3%A9g%C3%A8se+catholique+moderne&ie=utf-8&oe=utf-8&client=firefox-b&gfe_rd=cr&ei=4kF5V7H6NsHA8ge297nYCQ
Citation :
"En définitive, là où l’exégèse n’est pas théologie, l’Écriture ne peut être l’âme de la théologie, et vice versa, là où la théologie n’est pas essentiellement interprétation de l’Écriture dans l’Église, cette théologie n’a plus de fondement. Il est donc nécessaire de se décider fermement à considérer avec davantage d’attention les indications données par la Constitution dogmatique Dei Verbum sur ce point."
"nous sommes ici en présence d'un problème fondamental. De fait, comment parvenir à une unité entre l'exégèse scientifique et la compréhension pastorale de la Bible ? Car, me semble-t-il, cette unité est indispensable pour que la Bible soit utilisée dans le monde contemporain comme Dieu le veut. Sans cette unité, la pastorale biblique est privée des immenses richesses que la recherche exégétique a apportées aux croyants depuis quelque deux mille ans, tout particulièrement au niveau de la philologie et de l'analyse littéraire. Mais cette unité est également nécessaire à l'exégèse qui, sans cela, se trouve handicapée car coupée du monde contemporain dans lequel vivent les croyants Elle devient alors autarcique et sans portée ; ou pour dire autrement, elle tombe dans une stérilité autosuffisante, tout en continuant à se perpétuer pour le seul plaisir de quelques universitaires. Deux points me semblent importants pour parvenir à cette unité.
Le premier suppose de prendre acte de la donnée suivante : dans l'Église catholique, ces deux approches – recherche exégétique et utilisation pastorale de la Bible – doivent être fondées l'une comme l'autre sur un engagement croyant à l'intérieur de la tradition ecclésiale. Un tel engagement de foi devrait guider toute recherche exégétique catholique (cf. Vatican II et la Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum 12) et tout usage pastoral de la Bible (voir Dei Verbum 23).
Sans commentaire.
voir : https://www.google.fr/search?q=ex%C3%A9g%C3%A8se+catholique+moderne&ie=utf-8&oe=utf-8&client=firefox-b&gfe_rd=cr&ei=4kF5V7H6NsHA8ge297nYCQ
Citation :
"En définitive, là où l’exégèse n’est pas théologie, l’Écriture ne peut être l’âme de la théologie, et vice versa, là où la théologie n’est pas essentiellement interprétation de l’Écriture dans l’Église, cette théologie n’a plus de fondement. Il est donc nécessaire de se décider fermement à considérer avec davantage d’attention les indications données par la Constitution dogmatique Dei Verbum sur ce point."
"nous sommes ici en présence d'un problème fondamental. De fait, comment parvenir à une unité entre l'exégèse scientifique et la compréhension pastorale de la Bible ? Car, me semble-t-il, cette unité est indispensable pour que la Bible soit utilisée dans le monde contemporain comme Dieu le veut. Sans cette unité, la pastorale biblique est privée des immenses richesses que la recherche exégétique a apportées aux croyants depuis quelque deux mille ans, tout particulièrement au niveau de la philologie et de l'analyse littéraire. Mais cette unité est également nécessaire à l'exégèse qui, sans cela, se trouve handicapée car coupée du monde contemporain dans lequel vivent les croyants Elle devient alors autarcique et sans portée ; ou pour dire autrement, elle tombe dans une stérilité autosuffisante, tout en continuant à se perpétuer pour le seul plaisir de quelques universitaires. Deux points me semblent importants pour parvenir à cette unité.
Le premier suppose de prendre acte de la donnée suivante : dans l'Église catholique, ces deux approches – recherche exégétique et utilisation pastorale de la Bible – doivent être fondées l'une comme l'autre sur un engagement croyant à l'intérieur de la tradition ecclésiale. Un tel engagement de foi devrait guider toute recherche exégétique catholique (cf. Vatican II et la Constitution dogmatique sur la Révélation divine Dei Verbum 12) et tout usage pastoral de la Bible (voir Dei Verbum 23).
Sans commentaire.
mikael- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Je partage tout à fait ton point de vue. Amha, les travaux de l' EBAF sont tout à fait remarquables et ont hélas été largement freinés par l'Eglise catholique...mikael a écrit: Pourtant j'ai toujours pensé que c'était là une approche frileuse et quelque peu infantilisante du croyant adulte. d'autant plus que les contradictions, voire impossibilités peuvent être envisagées sereinement sans nuire à la religion. Ah, bien sûr, sous la poussée, quelques aveux timides se font jour ; ainsi la TOB reconnaît pour la finale de Mc, 16,1-8 que "la tradition manuscrite est très incertaine pour cette finale"... parbleu, les exégètes les plus en vue le disent depuis un siècle ! Ou en Mc, 15,36 : "par son allusion au Ps. 69,22, le récit témoigne encore de son intérêt théologique" : en clair : ce n'est pas vraiment historique !!
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
mikael a écrit:Ce n'est pas tant une question de retard que d'approche dans l'exégèse du NT, approche figée depuis des lustres. L'Eglise catholique redoute encore et toujours qu'une exégèse indépendante, neutre, même bienveillante envers le divin, ne soit dangereuse car susceptible d'ébranler la foi. En effet, comment remettre en cause un ou deux éléments sans nuire à la crédibilité de l'ensemble ? Pourtant j'ai toujours pensé que c'était là une approche frileuse et quelque peu infantilisante du croyant adulte. d'autant plus que les contradictions, voire impossibilités peuvent être envisagées sereinement sans nuire à la religion. Ah, bien sûr, sous la poussée, quelques aveux timides se font jour ; ainsi la TOB reconnaît pour la finale de Mc, 16,1-8 que "la tradition manuscrite est très incertaine pour cette finale"... parbleu, les exégètes les plus en vue le disent depuis un siècle !
Ne confonds-tu pas avec Marc 16, 9-18. Et là, la Bible de Jérusalem depuis longtemps avait émis des réserves sur cette finale, et la TOB ne fait que reprendre une ancienne tradition !....
mario- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Bulle a écrit:mikael a écrit: Pourtant j'ai toujours pensé que c'était là une approche frileuse et quelque peu infantilisante du croyant adulte. d'autant plus que les contradictions, voire impossibilités peuvent être envisagées sereinement sans nuire à la religion. Ah, bien sûr, sous la poussée, quelques aveux timides se font jour ; ainsi la TOB reconnaît pour la finale de Mc, 16,1-8 que "la tradition manuscrite est très incertaine pour cette finale"... parbleu, les exégètes les plus en vue le disent depuis un siècle ! Ou en Mc, 15,36 : "par son allusion au Ps. 69,22, le récit témoigne encore de son intérêt théologique" : en clair : ce n'est pas vraiment historique !!
Je partage tout à fait ton point de vue. Amha, les travaux de l' EBAF sont tout à fait remarquables et ont hélas été largement freinés par l'Eglise catholique...
Evidemment ! et l'EBAF c'est la Bible de Jérusalem ...qui n'a pas été freinée par l'Eglise catholique. Le Père Lagrange, à ma connaissance, a été soutenue par l'ensemble des exégètes même si sa méthode fut condamnée par l'encyclique Spiritus Paraclitus du pape Benoît XV en 1920. Et la Bible de Jérusalem a pignon sur rue dans les milieux catholiques que je fréquente !
Cordialement
mario- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
mario a écrit:Evidemment ! et l'EBAF c'est la Bible de Jérusalem ...qui n'a pas été freinée par l'Eglise catholique.
Bien sûr que si !
" L'autre affaire symptomatique de la crise moderniste est l'affaire Lagrange (1855-1938). Le dominicain Marie-Joseph Lagrange est le fondateur de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, fondateur de la Revue biblique dont certains travaux seront interdits de publication comme suspects de « progressisme ».
Mais, à la différence de Loisy, Lagrange a développé sa critique exégétique dans le cadre du dogme et en s'appuyant sur la théologie, plus que contre elle. Meilleur théologien que nombre de ses adversaires, il savait utiliser l'exégèse et la théologie au service l'une de l'autre. Il a pourtant été compris dans la même défiance et a connu des interdits presque similaires à ceux de Loisy. Lagrange ne parvint jamais à faire publier sa critique de la théorie documentaire de Julius Wellhausen. Quand il quitta l'école Biblique pour préserver son œuvre, qui ne fut jamais mise à l'index, son travail sur le nouveau Testament, en particulier son commentaire à l'évangile selon Marc, ne vit jamais le jour." Voir : (Crise moderniste...)
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
je ne confonds pas, j'ai fait une erreur de frappe, un 1 au lieu du 9. Je te contredis : la bible de Jérusalem (1975) écrit (p.1783) : "cette finale, vv 9-20, est inspirée et canonique. On ne peut prouver son appartenance à la rédaction de Mc. Il se peut qu'elle soit venue très tôt remplacer une finale primitive disparue, faisant suite à la brusque interruption du v. 8." Que de contorsions !! INSPIREE et CANONIQUE, tout en étant un ajout et avec un contenu très catholique des années 70-90 : "Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné." !! Jésus n'a jamais dit ça tout au long de sa prédication du Royaume — qui devait venir pleinement avant la fin de sa génération... alors comment évangéliser le monde entier ?mario a écrit:mikael a écrit:Ce n'est pas tant une question de retard que d'approche dans l'exégèse du NT, approche figée depuis des lustres. L'Eglise catholique redoute encore et toujours qu'une exégèse indépendante, neutre, même bienveillante envers le divin, ne soit dangereuse car susceptible d'ébranler la foi. En effet, comment remettre en cause un ou deux éléments sans nuire à la crédibilité de l'ensemble ? Pourtant j'ai toujours pensé que c'était là une approche frileuse et quelque peu infantilisante du croyant adulte. d'autant plus que les contradictions, voire impossibilités peuvent être envisagées sereinement sans nuire à la religion. Ah, bien sûr, sous la poussée, quelques aveux timides se font jour ; ainsi la TOB reconnaît pour la finale de Mc, 16,1-8 que "la tradition manuscrite est très incertaine pour cette finale"... parbleu, les exégètes les plus en vue le disent depuis un siècle !
Ne confonds-tu pas avec Marc 16, 9-18. Et là, la Bible de Jérusalem depuis longtemps avait émis des réserves sur cette finale, et la TOB ne fait que reprendre une ancienne tradition !....
mikael- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Et surtout, comment expliquer aux croyants, autrement que par une fuite en avant que le royaume prédit n'est pas advenu ?
Bean- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Et d'ailleurs, comment comprendre le terme "jeune homme" (neh-an-is'-kos) dans:
Marc 16:5 Elles entrèrent dans le sépulcre, virent un jeune homme assis à droite vêtu d'une robe blanche, et elles furent épouvantées.
Qui peut aussi signifier "jeune serviteur" mais que Chouraqui traduit par "adolescent", c'est étrange pour un homme de 30 ans, s'il s'agit de Jésus ?
Marc 16:5 Elles entrèrent dans le sépulcre, virent un jeune homme assis à droite vêtu d'une robe blanche, et elles furent épouvantées.
Qui peut aussi signifier "jeune serviteur" mais que Chouraqui traduit par "adolescent", c'est étrange pour un homme de 30 ans, s'il s'agit de Jésus ?
Bean- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Il ne s'agit pas de Jésus mais d'un ange ; la suite est étrange : Il leur dit : Ne vous épouvantez pas ; vous cherchez Jésus de Nazareth, qui a été crucifié ; il est ressuscité, il n'est point ici ; voici le lieu où on l'avait mis." C'est pour le moins tiré par les cheveux ! il faut vraiment dire et redire que c'est là que Jésus était ? comme si les femmes ne le savaient pas !! ça sent des controverses tardives autour du tombeau, lequel n'est mentionné ni par Pierre dans les Actes ni par Paul — excusez du peu, et non seulement pas objet de vénération mais oublié jusqu'au début du Vè siècle ! Un rédacteur ajoute des gardes, absents ailleurs, les linges sont posés, puis chez Jean "le linge qui a entouré la tête est roulé à part"... Pourquoi? parce que, si Jésus a été enlevé, c'est forcément sans toucher aux linges. Pourquoi la pierre tombale a été roulée ? Jésus passera ensuite à travers les murs ! Comment constater son absence si la pierre est en place ? les femmes n'ont pas la force de l'enlever.
D'un point de vue pratique, à quoi sert le tombeau ? à dire que Jésus est ressuscité le 3è jour, à dater la résurrection, car les apparitions (fondement de la foi chrétienne) ne le sont pas.
D'un point de vue pratique, à quoi sert le tombeau ? à dire que Jésus est ressuscité le 3è jour, à dater la résurrection, car les apparitions (fondement de la foi chrétienne) ne le sont pas.
mikael- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
La vie dans le lieu de la mort. C'est l'allégorie de la résurrection de Jésus (à noter qu'il est "réellement" assis à droite).
Mephisto- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
La gauche étant sinistre, il ne peut qu'être à droite.
D'ailleurs au paradis tout le monde est nécessairement assis à droite de dieu sans que dieu ne se trouve à gauche des autres mais au centre. Délicat équilibre.
D'ailleurs au paradis tout le monde est nécessairement assis à droite de dieu sans que dieu ne se trouve à gauche des autres mais au centre. Délicat équilibre.
Bean- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
il aurait pu être debout en plein milieu...
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
allégorie, symbole, il faut mesurer ses termes ; car il s'agit de démêler l'historique et le rajouté — au nom des bons sentiments ! Or, ici, c'est très complexe, donc vous avez tort de trancher sans connaître le problème — celui du tombeau, auquel je vais m'attacher.
mikael- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Que proposez-vous ?
Mephisto- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
du travail, de la sueur et des larmes. Le christianisme puisant ses racines dans le surnaturel, n'a rien à redouter de l'exégèse, au sens d'examen attentif des textes — en fait, par des spécialistes possédant plusieurs langues et plusieurs cultures — ce qui n'est pas donné à chacun ; un peu de patience donc.
mikael- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Histoire de l'exégèse de la Bible
Bouh Churchill, remarque c'est l'anglais le plus intelligent depuis Hume (ça doit plaire à votre esprit huguenot). Implicitement, vous le dîtes vous-même, le christianisme n'est que l'indice d'un procès en-cours. Pour s'accomplir, il doit se supprimer (en se considérant comme universel, il s'abolit). Jésus ne montre pas autre chose qu'un sens, il indique un procès en-cours. il indique un rapport, c'est là où il est au-dessus des autres.
Mephisto- Maître du Relatif et de l'Absolu
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