"Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
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"Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Ici, un par un, les 9 petits chapitres du livre de Maurice Bellet : « Dieu, personne ne l’a jamais vu ».
Ce livre a mis des mots sur ce que j’expérimente depuis quelques années.
Je le partage ici parce que je ressens la nécessité d’en parler. Je le partage dans son intégralité, sans essayer d’en faire une synthèse, parce que ce dont il est question ici, Maurice Bellet en parle bien mieux que je ne saurais jamais le faire.
Maurice Bellet : Psychanalyste, prêtre, théologien
DIEU PERSONNE NE L’A JAMAIS VU
- Qu’est-ce que vous cherchez ?
- Je n’ose le dire.
- Qu’est-ce que vous cherchez ?
- Je ne peux le dire – c’est impossible.
- Qu’est-ce que vous cherchez ?
- Dieu.
- Savez-vous ce qu’il est ?
- Non.
- Savez-vous du moins comment le trouver ?
- Non.
- C’est donc une quête désespérée…
- Non.
- Comment, si vous ne savez le trouver ?
- Le chercher, c’est le trouver. Ainsi parlent les vieux maîtres.
- Ah ! vous voici rassuré. Vous l’avez trouvé.
- Non.
- Comment cela ?
- Le trouver, c’est le chercher.
- Encore la parole des vieux maîtres ?
- Oui.
- Supposons que vos propos aient un sens. A quoi peuvent-ils aboutir ? Au silence ?
- Oui.
- Alors, la parole meurt…
- Non. Le silence est frère de la parole, la parole est sœur du silence.
- Eh bien, parlez !
- J’en dirai ce que je peux dire, et comme de biais, et provisoirement, et dans le sentiment irrépressible de passer outre à la limite qui s’impose aux humains.
- Mais il le faut, n’est-ce pas ?
- Sans doute.
- Ainsi espérez-vous vous perdre en Dieu, loin du tracas des hommes et dans la solitude bienheureuse du seul, contemplant l’ineffable…
- Ce n’est pas là mon Dieu.
- Vraiment ? mais comment le savez-vous puisque vous ne savez pas ce qu’il est ?
- Je sais ce qu’il n’est pas.
- Alors, il n’est rien pour nous et ne change rien à rien.
- Il change tout en tout.
- Pourriez-vous m’expliquer ? car c’est obscur… mais soyez bref. La théologie est trop souvent un épanchement sans fin de considérations, elle aime l’interminable, c’est sa façon de respecter l’infini !
- Rassurez-vous, je serai bref. Et humble, autant que faire se peut : car s’il est un règne où est durement requise l’humilité de la pensée, c’est bien celui-là.
- Qu’est-ce que vous cherchez ?
- Je n’ose le dire.
- Qu’est-ce que vous cherchez ?
- Je ne peux le dire – c’est impossible.
- Qu’est-ce que vous cherchez ?
- Dieu.
- Savez-vous ce qu’il est ?
- Non.
- Savez-vous du moins comment le trouver ?
- Non.
- C’est donc une quête désespérée…
- Non.
- Comment, si vous ne savez le trouver ?
- Le chercher, c’est le trouver. Ainsi parlent les vieux maîtres.
- Ah ! vous voici rassuré. Vous l’avez trouvé.
- Non.
- Comment cela ?
- Le trouver, c’est le chercher.
- Encore la parole des vieux maîtres ?
- Oui.
- Supposons que vos propos aient un sens. A quoi peuvent-ils aboutir ? Au silence ?
- Oui.
- Alors, la parole meurt…
- Non. Le silence est frère de la parole, la parole est sœur du silence.
- Eh bien, parlez !
- J’en dirai ce que je peux dire, et comme de biais, et provisoirement, et dans le sentiment irrépressible de passer outre à la limite qui s’impose aux humains.
- Mais il le faut, n’est-ce pas ?
- Sans doute.
- Ainsi espérez-vous vous perdre en Dieu, loin du tracas des hommes et dans la solitude bienheureuse du seul, contemplant l’ineffable…
- Ce n’est pas là mon Dieu.
- Vraiment ? mais comment le savez-vous puisque vous ne savez pas ce qu’il est ?
- Je sais ce qu’il n’est pas.
- Alors, il n’est rien pour nous et ne change rien à rien.
- Il change tout en tout.
- Pourriez-vous m’expliquer ? car c’est obscur… mais soyez bref. La théologie est trop souvent un épanchement sans fin de considérations, elle aime l’interminable, c’est sa façon de respecter l’infini !
- Rassurez-vous, je serai bref. Et humble, autant que faire se peut : car s’il est un règne où est durement requise l’humilité de la pensée, c’est bien celui-là.
Notre petite théologie à grande vitesse n’aura qu’une fonction : désencombrer, défaire les préjugés de tous genres, du même coup ouvrir l’espace de parole où « ce qu’il en est de Dieu » puisse être abordé librement. J’entends : de cette liberté de pensée qui n’est pas le droit de penser n’importe quoi, mais la juste obéissance à la seule autorité décisive en ce lieu-là, qui est recherche inconditionnelle de la vérité.
C’est un chemin, qui comme tout chemin connaît des moments et des étapes. Si chaque moment a sa vérité, elle tourne en fausseté dès qu’on s’y fixe. Mais la pensé à plat se croit toujours dans le tout de tout : elle ne peut être ici que dans le contresens. Car elle fait thèse ou doctrine de ce qui n’est qu’un passage.
L’effet de ce chemin n’est pas de résoudre les questions. C’est plutôt de les poser avec beaucoup plus de force, de leur donner une ampleur et une gravité telles qu’elles rejoignent enfin ce qui est le lieu de Dieu : le Principe, l’Origine, l’Ultime, l’Absolu.
Ne haussent les épaules que ceux qui n’ont pas été confrontés à la grande urgence, quant on perd tous les charmes du scepticisme et qu’on est confronté, sans recours, au « oui ou non ».
Si Dieu est Dieu, il n’est rien de ce que nous mettons en sa place, y compris sous son nom. Si Dieu est Dieu, il n’est pas Dieu.
Il est beaucoup plus haut – et beaucoup plus bas. Car il y a toujours distance ou fracture entre ce qu’il est, s’il est, et ce que nous en faisons.
Et s’il est en l’homme, c’est comme une ouverture prodigieuse, vers l’impossible et l’impensable à nos vues trop humaines.
Courage.
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
C'est une théorie d'un dieu anguille en quelque sorte.
zizanie- Seigneur de la Métaphysique
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
zizanie a écrit:C'est une théorie d'un dieu anguille en quelque sorte.
Joli !
Imala
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
(Suite...)
Que Dieu existe ou pas n’est pas notre question.
Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’il y a du « Dieu » dans l’histoire humaine et dans l’actuel de notre société. Impossible de l’ôter de là, il y tient trop de place.
On peut bien sur n’y pas songer, mais c’est.
A moins de se rêver hors du monde et sans passé, il est à prévoir que chaque humain a rapport avec ça ; car nous avons appris que la superbe solitude du sujet pensant est une fiction, utile en certains cas, mais qui ne résiste pas à la pression du réel quand les enjeux sont trop lourds.
Que je croie en Dieu ou pas, de toute façon il est dans mon passé, car il est dans le passé de l’humanité. Dire : « Qu’en ai-je à faire, je suis au présent, tout cet archaïque m’est étranger », c’est ressembler à l’homme de quarante ans qui déclare qu’il est assez adulte pour être tout libéré de son enfance – le naïf ! A moins, encore une fois, de se vouloir tout en surface et dans l’oubli, il est inévitable que Dieu soit dans le passé de l’humanité où je suis, c’est-à-dire en moi.
Car il est bien vrai que Dieu a occupé grande place dans le passé des humains, et de la façon la plus concrète : par les récits, les mythes, les figures, les rites – et même les pensées – qui étaient pour les humains le lieu de l’assurance fondamentale, hors laquelle tout sombrait dans le chaos. En ce temps-là, le Temple est le nombril du monde, le Ciel est ce qui assure à la Terre de ne pas s’effondrer.
L’être humain est mémoire. Et la mémoire de Dieu est nécessaire pour que l’homme soit en juste rapport avec cet énorme passé d’où il naît. Précisons : et même particulièrement nécessaire si l’on veut en finir vraiment avec Dieu. Car il faut savoir ce qu’il en est de Celui-là, jusqu’où a pénétré la religion, ses infiltrations, perdurations, métamorphoses ; il faut même aller jusqu’à ce soupçon : que « Dieu » pourrait véhiculer quelque chose d’irrésistible aux humains et que seule une analyse vigilante et toujours renouvelée peut discerner. Le divin peut se dissimuler là où l’on n’y songeait pas et s’y montrer particulièrement ravageur.
Mémoire, mais comment ?
On peut songer au savoir, l’histoire des historiens, la science des religions ; sans oublier l’histoire de la philosophie, car il y a aussi un « Dieu des philosophes et des savant ».
Mais sur ce chemin, on rencontre deux difficultés apparemment insurmontables.
La première se voit assez vite : le domaine est immense, infini. Aucun survol n’est possible, aucune synthèse, sauf à rester désastreusement superficiel. Qui peut vraiment connaître, ce qui s’appelle connaître, non seulement les religions encore vivantes, mais les religions disparues ?
Et toutes les grandes philosophies qui ont rapport à Dieu, pour ou contre ? Qui a lu Bhartrihari ou Nonnos de Pannopolis ? Et déclarer bravement que ces auteurs sont insignifiants ou secondaires, c’est à priori contraire à l’esprit scientifique ! Avoir simplement un savoir un plus précis du christianisme d’Occident est déjà une tâche titanesque.
Le choix est implacable : ou vous savez, ce qui s’appelle savoir, mais le champ est très réduit ; ou vous croyez savoir, « un peu de tout à la française », mais c’est vague et largement erroné. Et, sur un tel sujet, le vague et l'erroné sont inadmissibles (car s’il se trouvait que Dieu soit vraiment Dieu, tout y est engagé).
En fait la première difficulté ne fait qu’annoncer la seconde. De quoi s’agit-il ? Si c’est d’avoir des informations sérieuses sur les religions dans l’histoire, on en a dit la quasi-impossibilité. Et si c’est, de façon plus intime, de connaître notre propre passé, c’est-à-dire nous-mêmes, alors on se heurte à un autre vertige : les expériences sont radicalement différentes. Un savoir, même complet, n’y conviendrait pas. Dans cette affaire de filiation, le travail d’anamnèse, où nous nous éclairons sur nous-mêmes, suit d’autres chemins et connaît d’autres périls.
Le premier est le refus.
On préfère ne pas connaître, on a de puissants motifs de ne pas aller par là. Et le refus peut être inconscient ; c’est de l’ordre du refoulement.
J’entends déjà l’objection : «Vous aller évoquer le Dieu inconscient, expliquer à l’athée que, s’il ne croit pas en Dieu, c’est n’est pas par raison, comme il l’imagine, mais par des processus en lui qu’il ignore. » Pas du tout, pas du tout. La difficulté de l’anamnèse, quant à Dieu, peut être le fait du croyant : il ne veut pas (inconsciemment) connaître ce qu’il en est vraiment de son Dieu.
Ce qui s’annonce alors, c’est que nous ne savons pas ce que nous allons trouver à propos de Dieu. Aller par là, c’est aller du côté de « faits humains », d’une puissance considérable, liée à la fois à ce qui a donné force aux civilisations et à ce qui a eu les plus terribles effets de destruction. Et le « champ » dépasse tout à fait ce que les religions établies installent comme leur domaine. Comment comprendre l’art, les aventures de la pensée, la genèse même de la science, sans entendre ce qui, de par là, peut nous parler avec une force effrayante ?
Après tout, on pourrait, en cette aventure, partir d’autre chose que de « Dieu », d’un autre mot que celui-là. Mais il faut bien avouer qu’il a une force particulière.
Chemin d’anamnèse ; en un sens, chemin de chacun, partant d’où il est ; pas seul, mais dans cette énorme aventure commune dont il est indispensable de ne pas se dissocier, sous peine de se faire aveugle.
Dieu, ou sa mort, ou sa disparition (pour le moment, peu importe), invite à un mode de pensée où se réveille ce qui s’est perdu dans tout un pan de la modernité : le grand lien, chacun avec tous, le corps avec l’âme, le symbole avec la science, la mémoire avec la liberté, le spirituel avec l’intellect.
Une telle situation veut de moi, en ce texte-ci, que je renonce à toute autorité. Ce que je vais dire, dans un espace aussi redoutable, ne peut qu’être simplement offert à quiconque y trouvera du goût. Si le lecteur ne croit pas en Dieu, qu’il accepte d’en entendre parler, y compris pour y trouver des motifs plus forts à son incroyance (je crois pouvoir l’y aider). Si le lecteur croit en Dieu, eh bien, qu’il prie ! C’est-à-dire qu’il refuse de laisser son désir s’enfermer dans l’humain trop humain… y compris quand celui-ci a une odeur de religion.
De toute façon, il ne peut y avoir ici que la liberté de penser la plus grande. Car devant Dieu comme devant la mort, tous les hommes sont égaux.
Que Dieu existe ou pas n’est pas notre question.
Ce qui est sûr en revanche, c’est qu’il y a du « Dieu » dans l’histoire humaine et dans l’actuel de notre société. Impossible de l’ôter de là, il y tient trop de place.
On peut bien sur n’y pas songer, mais c’est.
A moins de se rêver hors du monde et sans passé, il est à prévoir que chaque humain a rapport avec ça ; car nous avons appris que la superbe solitude du sujet pensant est une fiction, utile en certains cas, mais qui ne résiste pas à la pression du réel quand les enjeux sont trop lourds.
Que je croie en Dieu ou pas, de toute façon il est dans mon passé, car il est dans le passé de l’humanité. Dire : « Qu’en ai-je à faire, je suis au présent, tout cet archaïque m’est étranger », c’est ressembler à l’homme de quarante ans qui déclare qu’il est assez adulte pour être tout libéré de son enfance – le naïf ! A moins, encore une fois, de se vouloir tout en surface et dans l’oubli, il est inévitable que Dieu soit dans le passé de l’humanité où je suis, c’est-à-dire en moi.
Car il est bien vrai que Dieu a occupé grande place dans le passé des humains, et de la façon la plus concrète : par les récits, les mythes, les figures, les rites – et même les pensées – qui étaient pour les humains le lieu de l’assurance fondamentale, hors laquelle tout sombrait dans le chaos. En ce temps-là, le Temple est le nombril du monde, le Ciel est ce qui assure à la Terre de ne pas s’effondrer.
L’être humain est mémoire. Et la mémoire de Dieu est nécessaire pour que l’homme soit en juste rapport avec cet énorme passé d’où il naît. Précisons : et même particulièrement nécessaire si l’on veut en finir vraiment avec Dieu. Car il faut savoir ce qu’il en est de Celui-là, jusqu’où a pénétré la religion, ses infiltrations, perdurations, métamorphoses ; il faut même aller jusqu’à ce soupçon : que « Dieu » pourrait véhiculer quelque chose d’irrésistible aux humains et que seule une analyse vigilante et toujours renouvelée peut discerner. Le divin peut se dissimuler là où l’on n’y songeait pas et s’y montrer particulièrement ravageur.
Mémoire, mais comment ?
On peut songer au savoir, l’histoire des historiens, la science des religions ; sans oublier l’histoire de la philosophie, car il y a aussi un « Dieu des philosophes et des savant ».
Mais sur ce chemin, on rencontre deux difficultés apparemment insurmontables.
La première se voit assez vite : le domaine est immense, infini. Aucun survol n’est possible, aucune synthèse, sauf à rester désastreusement superficiel. Qui peut vraiment connaître, ce qui s’appelle connaître, non seulement les religions encore vivantes, mais les religions disparues ?
Et toutes les grandes philosophies qui ont rapport à Dieu, pour ou contre ? Qui a lu Bhartrihari ou Nonnos de Pannopolis ? Et déclarer bravement que ces auteurs sont insignifiants ou secondaires, c’est à priori contraire à l’esprit scientifique ! Avoir simplement un savoir un plus précis du christianisme d’Occident est déjà une tâche titanesque.
Le choix est implacable : ou vous savez, ce qui s’appelle savoir, mais le champ est très réduit ; ou vous croyez savoir, « un peu de tout à la française », mais c’est vague et largement erroné. Et, sur un tel sujet, le vague et l'erroné sont inadmissibles (car s’il se trouvait que Dieu soit vraiment Dieu, tout y est engagé).
En fait la première difficulté ne fait qu’annoncer la seconde. De quoi s’agit-il ? Si c’est d’avoir des informations sérieuses sur les religions dans l’histoire, on en a dit la quasi-impossibilité. Et si c’est, de façon plus intime, de connaître notre propre passé, c’est-à-dire nous-mêmes, alors on se heurte à un autre vertige : les expériences sont radicalement différentes. Un savoir, même complet, n’y conviendrait pas. Dans cette affaire de filiation, le travail d’anamnèse, où nous nous éclairons sur nous-mêmes, suit d’autres chemins et connaît d’autres périls.
Le premier est le refus.
On préfère ne pas connaître, on a de puissants motifs de ne pas aller par là. Et le refus peut être inconscient ; c’est de l’ordre du refoulement.
J’entends déjà l’objection : «Vous aller évoquer le Dieu inconscient, expliquer à l’athée que, s’il ne croit pas en Dieu, c’est n’est pas par raison, comme il l’imagine, mais par des processus en lui qu’il ignore. » Pas du tout, pas du tout. La difficulté de l’anamnèse, quant à Dieu, peut être le fait du croyant : il ne veut pas (inconsciemment) connaître ce qu’il en est vraiment de son Dieu.
Ce qui s’annonce alors, c’est que nous ne savons pas ce que nous allons trouver à propos de Dieu. Aller par là, c’est aller du côté de « faits humains », d’une puissance considérable, liée à la fois à ce qui a donné force aux civilisations et à ce qui a eu les plus terribles effets de destruction. Et le « champ » dépasse tout à fait ce que les religions établies installent comme leur domaine. Comment comprendre l’art, les aventures de la pensée, la genèse même de la science, sans entendre ce qui, de par là, peut nous parler avec une force effrayante ?
Après tout, on pourrait, en cette aventure, partir d’autre chose que de « Dieu », d’un autre mot que celui-là. Mais il faut bien avouer qu’il a une force particulière.
Chemin d’anamnèse ; en un sens, chemin de chacun, partant d’où il est ; pas seul, mais dans cette énorme aventure commune dont il est indispensable de ne pas se dissocier, sous peine de se faire aveugle.
Dieu, ou sa mort, ou sa disparition (pour le moment, peu importe), invite à un mode de pensée où se réveille ce qui s’est perdu dans tout un pan de la modernité : le grand lien, chacun avec tous, le corps avec l’âme, le symbole avec la science, la mémoire avec la liberté, le spirituel avec l’intellect.
Une telle situation veut de moi, en ce texte-ci, que je renonce à toute autorité. Ce que je vais dire, dans un espace aussi redoutable, ne peut qu’être simplement offert à quiconque y trouvera du goût. Si le lecteur ne croit pas en Dieu, qu’il accepte d’en entendre parler, y compris pour y trouver des motifs plus forts à son incroyance (je crois pouvoir l’y aider). Si le lecteur croit en Dieu, eh bien, qu’il prie ! C’est-à-dire qu’il refuse de laisser son désir s’enfermer dans l’humain trop humain… y compris quand celui-ci a une odeur de religion.
De toute façon, il ne peut y avoir ici que la liberté de penser la plus grande. Car devant Dieu comme devant la mort, tous les hommes sont égaux.
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Date d'inscription : 21/05/2008
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Mais pourquoi chercher ou parler de Dieu ? Vivons, c'est le plus bel hommage à lui rendre.
Une petite blague: rabbi Shmuel interpelle David:
- David, les gens disent que tu ne crois plus en Dieu.
- Pourquoi écouter les gens ? Demandez le à Lui!
Une petite blague: rabbi Shmuel interpelle David:
- David, les gens disent que tu ne crois plus en Dieu.
- Pourquoi écouter les gens ? Demandez le à Lui!
Geveil- Akafer
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Date d'inscription : 18/05/2008
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Geveil a écrit:Mais pourquoi chercher ou parler de Dieu ? Vivons, c'est le plus bel hommage à lui rendre.
Oui... Pour autant que l'on ne se déclare pas vaincu avant de l'être...
Il était une fois un homme que ses maladies inquiétaient énormément et surtout, qui craignait beaucoup l'instant où la mort l'emporterait.
Un jour, parmi tant d'autres idées folles, il en vint à penser que, si ça se trouvait, il était déjà mort.
"Dis-moi, femme, ne serais-je pas mort ? " demanda-t-il alors à son épouse.
La femme se mit à rire et lui dit de toucher ses mains et ses pieds.
"Tu vois ? ils sont tièdes ! Eh bien, cela veut dire que tu es vivant. Si tu étais mort, tes mains et tes pieds seraient gelés."
L'homme jugea cette réponse judicieuse et fut tranquillisé.
Quelques semaines plus tard, un jour qu'il neigeait, l'homme partit dans la forêt couper du bois.
Arrivé sur place, il retira ses gants et, avec sa hache, se mit à découper des troncs abattus.
Machinalement, il passa sa main sur son front et remarqua qu'elle était froide. Se souvenant de ce que lui avait dis sa femme, il retira ses chaussures, ses chaussettes, et constata avec effroi que ses pieds aussi étaient gelés.
A ce moment, il n'eut plus de doute : il "prit conscience" qu'il était mort.
"Il n'est pas bon qu'un mort se trouve ici à couper du bois", se dit-il.
Aussi laissa-t-il sa hache près de sa mule et s'étendit-il calmement sur le sol gelé, les mains croisées sur la poitrine et les yeux fermés.
Il était étendu par terre sepuis peu lorsqu'une meute de chiens s'approcha des besaces qui renfermaient les provisions. Voyant que rien ne les arrêtait, ils déchirèrent les besaces et dévorèrent tout ce qu'elles contenaient de comestible. L'homme pensa : "Ils ont de la chance que je sois mort. Sinon, je les aurais chassés à coups de pied."
Continuant à flairer, la meute découvrit la mule attachée à un arbre, proie facile pour les dents pointues de ces chiens. La mule poussa des hennissements aigus et rua, mais tout ce que pensait l'homme, c'était combien il aurait aimé la défendre... s'il n'avait été mort.
En quelques minutes ils réglèrent son compte à la mule ; seul quelques chiens rongeaient encore ses os.
Insatiable, la meute continua à rôder sur les lieux.
Il ne se passa pas longtemps avant que l'un des chiens ne flairât l'odeur de l'homme. Il regarda autour de lui et vit le bûcheron étendu, immobile par terre. Il s'approcha lentement, très lentement, car pour lui les hommes étaient des créatures fort dangereuses, dont il fallait se méfier.
En quelques instants, tous les chiens entourèrent l'homme, la gueule écumante.
"Maintenant, il s vont me manger, pensa l'homme. Si je n'étais pas mort, ça ne se passerait pas comme ça."
Les chiens s'approchèrent...
...et, le voyant immobile, le dévorèrent.
Une petite blague: rabbi Shmuel interpelle David:
- David, les gens disent que tu ne crois plus en Dieu.
- Pourquoi écouter les gens ? Demandez le à Lui!
J'adore.
Imala
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Date d'inscription : 21/05/2008
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Bonjour Imala, content de te voir passer un peu par ici
Dis-moi, ton personnage, il était un peu idiot non ?
S'il avait simplement mis sa main sur son coeur, ou sur sa veine jugulaire, il aurait senti les battements...
Comme quoi la bêtise peut faire mourir...
Dis-moi, ton personnage, il était un peu idiot non ?
S'il avait simplement mis sa main sur son coeur, ou sur sa veine jugulaire, il aurait senti les battements...
Comme quoi la bêtise peut faire mourir...
_________________
- Méfie-toi du boeuf par devant, de la mule par derrière et du moine de tous les côtés.
Cervantes
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Jipé a écrit:Bonjour Imala, content de te voir passer un peu par ici
Merci. Et moi : contente que tu campes toujours ici !
Dis-moi, ton personnage, il était un peu idiot non ?
S'il avait simplement mis sa main sur son coeur, ou sur sa veine jugulaire, il aurait senti les battements...
Comme quoi la bêtise peut faire mourir...
A qui le dis-tu !
Sinon... toujours aussi beau Jipé !!! Tu vieillis pas !
Imala
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Date d'inscription : 21/05/2008
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Imala a écrit:(Suite...)
Que Dieu existe ou pas n’est pas notre question.
[... snip ...]
De toute façon, il ne peut y avoir ici que la liberté de penser la plus grande. Car devant Dieu comme devant la mort, tous les hommes sont égaux.
En fait, ce passage dit que Dieu n'est pas le sujet de l'auteur, le sujet est plutôt le religieux.
Ensuite, ce passage dit que nul ne peut se prononcer sur le religieux à moins d'avoir Bac + 25 en Religions Comparées.
J'espérais un texte intelligent et plein de mysticisme, je trouve juste une manière habile de faire souffrir les mouches.
.
Escape- Affranchi des Paradoxes
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Maurice Bellet n'est pas un auteur facile...
J'ai eu l'occasion de le rencontrer, et comme je lui disais que j'avais souvent du mal à le comprendre, il m'avait conseillé de lire à voix haute.
J'ai eu l'occasion de le rencontrer, et comme je lui disais que j'avais souvent du mal à le comprendre, il m'avait conseillé de lire à voix haute.
Anna- Seigneur de la Métaphysique
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Date d'inscription : 03/07/2011
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
J'espérais un texte intelligent et plein de mysticisme, je trouve juste une manière habile de faire souffrir les mouches.
Bah, tant que ce n'est que les mouches !!
Espérons que la suite fasse "souffrir" Escape, et si ce n'est pas le cas, M. Bellet s'en remettra !
Anna : Maurice Bellet n'est pas un auteur facile...
Je plussoie...
Imala
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Date d'inscription : 21/05/2008
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Dans l'histoire du gars qui se croyait mort, j'ai cru reconnaitre CdL!
Dans un roman de Bernard Weber, il y a une histoire analogue ou un gars se retrouve malencontreusement enfermé dans une chambre frigorifique et se laisse mourir de froid n'ayant pas d'autre choix. Quand quelques jours plus tard, on ouvre la porte, l'homme est effectivement mort mais la chambre frigorifique n'était pas en fonctionnement et en fait, l'homme s'était imaginé qu'elle était froide par pure suggestion au point d'en mourir.
Dans un roman de Bernard Weber, il y a une histoire analogue ou un gars se retrouve malencontreusement enfermé dans une chambre frigorifique et se laisse mourir de froid n'ayant pas d'autre choix. Quand quelques jours plus tard, on ouvre la porte, l'homme est effectivement mort mais la chambre frigorifique n'était pas en fonctionnement et en fait, l'homme s'était imaginé qu'elle était froide par pure suggestion au point d'en mourir.
zizanie- Seigneur de la Métaphysique
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Un athée : tu as la foi ?
L'autre : oui
L'athée : tu es de quelle confesion ?
L'autre : t'es fou la foi est trop précieuse pour la confier aux religieux !!
L'autre : oui
L'athée : tu es de quelle confesion ?
L'autre : t'es fou la foi est trop précieuse pour la confier aux religieux !!
manuramolo- Maître du Temps
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
(Suite...)
Il y a, quant à Dieu, une proposition incontestable et une seule : « Dieu » est un mot de la langue française.
Puisque ce mot existe, il a un sens.
Le sens du mot « Dieu » est équivoque.
Le seul moyen de lever l’équivoque du mot « Dieu » est de faire totalement la vérité en l’homme.
Les deux premières propositions s’imposent d’elles-mêmes. La dernière annonce tout ce qui va suivre. Examinons la troisième. Il faut avouer déjà que nous avons jusqu’ici présupposé une certaine façon d’envisager Dieu, relative au lieu de culture où nous parlons. Mais si moi-même, ou qui ce soit d’autre, dit : « Dieu », en vérité, que dit-il ?
On ne sait pas.
Pourtant, le croyant croit qu’il sait ; l’athée aussi : pour nier, il faut savoir ce qu’on nie. Là-dessus, l’athée et le croyant sont frères.
Le mot « Dieu », pris sans préjugé, renvoie à une confusion prodigieuse.
L’histoire nous le montre pour le passé et la sociologie pour le présent. L’histoire, là-dessus, est un abîme insondable. C’est déjà vrai pour le seul Occident, et en se bornant au plus récent – c’est-à-dire, en cette matière, deux ou trois mille ans. Mais si l’on envisage le monde entier !...
Toutefois, l’histoire est objet d’étude. L’anamnèse suggère autre chose, de bien plus redoutable. Il se pourrait que cette avalanche de dieux soit encore en nous.
Il y a le Dieu d’Abraham, le Dieu unique que vénèrent juifs, chrétiens et musulmans. Ils le vénèrent différemment. La Trinité, par exemple, est une horreur pour l’islam. Les chrétiens prétendent à une Nouvelle Alliance, où Israël ne voit qu’une trahison.
Il y a le Dieu de la métaphysique, divers selon les philosophes. Platon, Aristote, Plotin, Descartes, Spinoza, Dante, etc., etc. ou encore Marx et Nietzsche, car les philosophes athées ont nécessairement leurs dieux ou leur Dieu.
Il y a les dieux païens. Continent immense, même à se borner à l’espace européen. Dieux grecs, dieux latins. Théogonie, Odyssée, tragédie grecque, temples et statues. Zeus, apollon, Aphrodite et, au-dessus d’eux, les terribles, Cronos, Ouranos et Gaïa. Et les dieux de l’Orient, et ceux du Nord.
On dira : « si quelqu’un dit : “Dieu”, simplement, il ne pense pas à cette masse confuse, mais à ce qu’il pense de Dieu. » Cela déjà donne à songer, parce que si, dans le dialogue, chacun pense à son Dieu quand il dit : « Dieu », on risque d’être dans un malentendu complet.
Au surplus, au nom de quoi est-on si sûr de savoir ce qu’on pense, quand on dit « Dieu » ?
Il y a, quant à Dieu, une proposition incontestable et une seule : « Dieu » est un mot de la langue française.
Puisque ce mot existe, il a un sens.
Le sens du mot « Dieu » est équivoque.
Le seul moyen de lever l’équivoque du mot « Dieu » est de faire totalement la vérité en l’homme.
Les deux premières propositions s’imposent d’elles-mêmes. La dernière annonce tout ce qui va suivre. Examinons la troisième. Il faut avouer déjà que nous avons jusqu’ici présupposé une certaine façon d’envisager Dieu, relative au lieu de culture où nous parlons. Mais si moi-même, ou qui ce soit d’autre, dit : « Dieu », en vérité, que dit-il ?
On ne sait pas.
Pourtant, le croyant croit qu’il sait ; l’athée aussi : pour nier, il faut savoir ce qu’on nie. Là-dessus, l’athée et le croyant sont frères.
Le mot « Dieu », pris sans préjugé, renvoie à une confusion prodigieuse.
L’histoire nous le montre pour le passé et la sociologie pour le présent. L’histoire, là-dessus, est un abîme insondable. C’est déjà vrai pour le seul Occident, et en se bornant au plus récent – c’est-à-dire, en cette matière, deux ou trois mille ans. Mais si l’on envisage le monde entier !...
Toutefois, l’histoire est objet d’étude. L’anamnèse suggère autre chose, de bien plus redoutable. Il se pourrait que cette avalanche de dieux soit encore en nous.
Il y a le Dieu d’Abraham, le Dieu unique que vénèrent juifs, chrétiens et musulmans. Ils le vénèrent différemment. La Trinité, par exemple, est une horreur pour l’islam. Les chrétiens prétendent à une Nouvelle Alliance, où Israël ne voit qu’une trahison.
Il y a le Dieu de la métaphysique, divers selon les philosophes. Platon, Aristote, Plotin, Descartes, Spinoza, Dante, etc., etc. ou encore Marx et Nietzsche, car les philosophes athées ont nécessairement leurs dieux ou leur Dieu.
Il y a les dieux païens. Continent immense, même à se borner à l’espace européen. Dieux grecs, dieux latins. Théogonie, Odyssée, tragédie grecque, temples et statues. Zeus, apollon, Aphrodite et, au-dessus d’eux, les terribles, Cronos, Ouranos et Gaïa. Et les dieux de l’Orient, et ceux du Nord.
On dira : « si quelqu’un dit : “Dieu”, simplement, il ne pense pas à cette masse confuse, mais à ce qu’il pense de Dieu. » Cela déjà donne à songer, parce que si, dans le dialogue, chacun pense à son Dieu quand il dit : « Dieu », on risque d’être dans un malentendu complet.
Au surplus, au nom de quoi est-on si sûr de savoir ce qu’on pense, quand on dit « Dieu » ?
(Dieu est équivoque : à suivre...)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Il se pourrait qu’il y eût à cet égard, un changement de situation. Naguère, la confusion du divin restait ou pouvait rester extérieure ; chacun, chaque communauté, installés en leur certitudes, savaient où était le vrai Dieu ; même les disputes, même l’athéisme restaient à l’intérieur d’une certaine unité du divin. Cette unité est rompue : effet d’un certain affaissement des religions, effet de la mondialisation qui brasse tout.
Certains y voient progrès : au lieu du dogmatisme, le dialogue ; au lieu de la particularité de tel Dieu, l’universalité du divin, voire, plus largement, d’une spiritualité accueillante à tout et à tous, large espace où la divinité n’est plus catastrophe, mais richesse.
Toutefois, il y a une difficulté : jusqu’où va l’accueil ou le dialogue ? Pouvons-nous être aussi à l’aise avec Moloch, le terrible dieu phénicien auquel il fallait sacrifier, par le feu, les premiers-nés ? On dira : « le culte de Moloch est mort. » Mais il y a des cultes plus récents qui ne valent pas mieux : après tout, Hitler invoquait Dieu, et le nazisme a tous les traits d’une religion. On n’évite pas la question : quel Dieu faut-il exclure pour que le divin ne sombre pas dans le démoniaque ? Et pourquoi, par quels critères, par quels principes qui s’imposent au divin lui-même ?
En outre, comment être sûr d’être dans la clarté ? Si vraiment nous sommes comme envahis d’une multiplicité de dieux, tout affirmation de ce coté-là est un choix : nous nous séparons de ce qui nous parait faux et inadmissible. Il n'y a pas de croyance tranquillement établie en son enclos. Et c’est vrai, en tout cas, des traditions religieuses à décision forte et grande portée : la foi d’Israël s’oppose au paganisme (relisez la bible : la Torah et les prophètes dénoncent - entre autres - le culte de Moloch chez les juifs eux-mêmes). La foi chrétienne se sépare et du judaïsme et du paganisme. L’islam opère, à sa façon, séparation.
Mais comment être sûr de ces identité proclamées ? N’y a-t-il pas complaisance obscure avec ce qu’on affirme vouloir combattre ? Les chrétiens par exemple, peuvent être en fait bien plus païens qu’évangéliques, dans leurs mœurs et jusqu’en leurs pensées… Comment apprécier, par exemple, ce retour du mythe gréco-romain dans les arts, la littérature, la pensée même à partir du XVIe siècle ? Comme si l’homme de la modernité commençante se rattachait, en théologie, à la tradition chrétienne et pour le reste, aux dieux de l’Olympe ! (Dans la mesure où les théologiens s’y sont laissé prendre, il ne faut pas s’étonner qu'ils ne parlent plus qu’aux théologiens et pas au reste du monde.) S’y ajoutant, surtout à partir de Descartes, un Dieu de la seule raison qui introduit la fracture fatale (fatale à la religion) entre un Dieu qui relève d’une pensée critique et un Dieu utile aux femmes et aux enfants (c’est ce qu’en pense Spinoza).
Or, cette trop réelle multiplicité du divin peut être comme oubliée, écartée, non vue, chez ceux qui croient en Dieu – et chez ceux qui n’y croient pas.
Inconscience, mais qu’on peut lever par un effort de l’esprit. Pourtant il y a une inconscience beaucoup plus grave.
(A suivre...)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
La diversité du divin, y compris le plus atroce, n’est évidemment pas un hasard. Elle correspond à ce qu’il y a en l’homme. Si quelqu’un croit en un Dieu sage, éternel, tout-puissant, bon – et, chez les chrétiens, assez aimant des hommes pour se sacrifier pour eux –, il est clair qu’il écarte de son Dieu tout ce qui ne convient pas à une si belle image. Pour autant, le reste n’est pas simplement supprimé. Et où trouvera-t-il à se loger ? En ce Dieu même qu’on en croyait délivré. C’est le Dieu amour lui-même qui devient le Dieu cruel, et d’autant plus féroce et odieux qu’il ment, puisqu’il se prétend amour. Ainsi prend figure ce Dieu pervers, que le chrétien, consciemment, ne peut qu’écarter avec horreur et qui peut-être la vérité inconsciente de sa foi.
Ce n’est pas là une hypothèse fâcheuse, qui serait le fait d’athées malveillants. C’est ce qui se révèle, ce qui éclate au jour quand certains chrétiens, en psychanalyse par exemple, perçoivent ce qu’a réellement signifié en eux cette foi qui ne parlait que d’amour et de grâce, dans leur destruction.
Bien entendu, cela ne permet aucunement de juger en bloc « le christianisme ». Mais cela signifie qu’il est possible qu’à l’intérieur d’une foi déclarée, un processus inconscient en pervertisse complètement le sens.
On dira : « C’est affaire de religion, et chrétienne au surplus. Les philosophes en sont indemnes. »
Voire. Seraient-ils sans inconscience ? Le Dieu de pure Idée peut être la projection philosophique de rapports inconscients au père et à la mère, un inceste de la pensée ! Ou bien l’expression d’un narcissisme prodigieux. Dès le moment où Dieu est l’objet d’une pensée, il entre dans ce rapport de l’objet au sujet, qui donne au sujet une emprise décisive sur l’objet, quelles que soient les thèses soutenues. On peut théoriser sur l’Inconnaissable sans cesser d’être maître de sa théorie, dont l’Inconnaissable est un chapitre. Mais Dieu en tant que Dieu ne devrait-il pas y échapper ?
A cet égard, il n’est peut-être pas insignifiant que soient revenues, chez Freud ou Nietzsche par exemple, les figures de divinités antiques : Eros, thanatos, Logos, Anankè, Apollon et Dionysos, comme si la pensé, devenue plus critique que jamais envers le Dieu des métaphysiciens autant que des chrétiens, trouvait à s’exprimer dans cet étrange retour.
Immense équivoque de Dieu. Mais elle prend encore une degré quand on envisage, si j’ose dire, la fonction divine.
Qu’es-ce que Dieu pour l’homme ? Dans les temps anciens, le divin tient à l’étoffe même du monde, son lieu est le tout. Mythes et rites – ou chemins de sagesse – sont comme l’espace premier par où tout le reste trouve assurance.
A l’âge moderne, la religion devient de plus en plus un lieu particulier ; c’est une partie, ou même c’est en marge. Et Dieu s’y enferme.
Et pourtant, là aussi, le divin revient ! Où sont nos dieux ? Ne sont-ils pas dans l’Argent, le Pouvoir, le Sexe ? Dans ce qui précisément faisait l’objet du renoncement de ceux, tels les moines, qui voulaient se consacrer à Dieu ?
Mais, dit-on, ces dieux-là n’existent pas, ce sont des images, constructions, fantasmes. Pourtant, ils ont bien leur réalité ! Or, c’est une réalité de fonctionnement.
Le Dieu de la foi ou de la métaphysique est censé exister, mais il n’a plus son efficacité de jadis, quand il rejoint le train du monde.
Les dieux de la publicité n’existent pas, mais s ils opèrent, ils sont efficaces !
L’équivoque de Dieu peut donner à penser qu’il s’agit là d’une coque vide, où l’on met n’importe quoi. Prise en son ampleur, pourtant, elle suggère autre chose. Le dieu, tant qu’il est dieu, correspond à un mode d’exister des humains. Le mode d’exister, en retour, commande ce qu’il en est du dieu – le dieu réel, l’efficace, par-delà tous les débats et controverses.
Voilà qui délivre Dieu de l’insignifiance – mais suggère, en revanche, qu’il pourrait n’être qu’une construction de l’homme.
(A suivre)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
J'attends que tous les copier-coller soit achevés avant de m'insérer dans la discusission.
manuramolo- Maître du Temps
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
...Je ne sais pas si il y aura réellement une discussion... Pourtant je trouverais intéressant de connaître les réactions des gens.
Personnellement, c'est parce que ce livre a mis des mots sur "ce que je vivais comme à la périphérie de moi", sans que je sois capable de le verbaliser autrement qu'en disant :"Dieu n'existe plus pour moi comme je le connaissais", sans que je me sente capable pourtant, de ne plus penser à Lui, ou de l'Invoquer - que je le poste ici...
Dieu existe encore pour moi, mais je ne sais plus qui Il est.
Comme le dit si bien M. Bellet, pour moi : "Dieu est tombé, avec tout ce qui lui ressemble..." et je cherche à aller plus loin, ou/et autrement... Je cherche à approfondir les choses en moi...
Imala
Personnellement, c'est parce que ce livre a mis des mots sur "ce que je vivais comme à la périphérie de moi", sans que je sois capable de le verbaliser autrement qu'en disant :"Dieu n'existe plus pour moi comme je le connaissais", sans que je me sente capable pourtant, de ne plus penser à Lui, ou de l'Invoquer - que je le poste ici...
Dieu existe encore pour moi, mais je ne sais plus qui Il est.
Comme le dit si bien M. Bellet, pour moi : "Dieu est tombé, avec tout ce qui lui ressemble..." et je cherche à aller plus loin, ou/et autrement... Je cherche à approfondir les choses en moi...
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Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Imala a écrit:...Je ne sais pas si il y aura réellement une discussion... Pourtant je trouverais intéressant de connaître les réactions des gens.
Personnellement, c'est parce que ce livre a mis des mots sur "ce que je vivais comme à la périphérie de moi", sans que je sois capable de le verbaliser autrement qu'en disant :"Dieu n'existe plus pour moi comme je le connaissais", sans que je me sente capable pourtant, de ne plus penser à Lui, ou de l'Invoquer - que je le poste ici...
Dieu existe encore pour moi, mais je ne sais plus qui Il est.
Comme le dit si bien M. Bellet, pour moi : "Dieu est tombé, avec tout ce qui lui ressemble..." et je cherche à aller plus loin, ou/et autrement... Je cherche à approfondir les choses en moi...
Imala
Je comprends...Et si tu cherchais qui tu es ? Peut-être retrouverais-tu dieu ou le perdrais-tu à jamais. Mais au moins tu marcherais sur le chemin de ta vérité.
manuramolo- Maître du Temps
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Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Et si tu cherchais qui tu es ?
Ce que tu dis ici, rejoint la pensée de Maurice Zundel : (...) c'est parce que nous ne nous somms pas trouvé nous-même, (...) c'est parce que nous nous ne sommes pas rencontrés dans notre vie authentique, que nous ne rencontrons pas Dieu (...) Dieu est un Dieu caché, mais un Dieu caché en nous...
C'est une pensée qui me parle beaucoup.
Peut-être retrouverais-tu dieu ou le perdrais-tu à jamais. Mais au moins tu marcherais sur le chemin de ta vérité.
Oui, c'est aussi ainsi que je conçois les choses aujourd'hui.
Imala
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Date d'inscription : 21/05/2008
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
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On attend la suite du bouquin ! Vous discuterez ensuite !!
.
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Escape- Affranchi des Paradoxes
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Localisation : Région Parisienne, France
Identité métaphysique : chercheur
Humeur : posant la Question
Date d'inscription : 17/05/2011
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
L'idée de Dieu dont il parle me fait penser à un miroir où se reflète pour chacun sa psyché sans pour autant la reconnaitre, le terrible "ça", le vertueux "surmoi", et moi et moi et moi...
Et avec chat (miaou) une foule d’égrégores dont certains datent de.....quand les poules avaient encore des dents? Moins, plus?
La sodomisation de la drosophile est un classique en recherche............Que recherche t-on au fait?
Et avec chat (miaou) une foule d’égrégores dont certains datent de.....quand les poules avaient encore des dents? Moins, plus?
La sodomisation de la drosophile est un classique en recherche............Que recherche t-on au fait?
freefox- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Humeur : Joyeuse et triste à la fois
Date d'inscription : 02/06/2011
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Mince Escape est impatient ...........Vite la suite alors!Escape a écrit:.
On attend la suite du bouquin ! Vous discuterez ensuite !!
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freefox- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Humeur : Joyeuse et triste à la fois
Date d'inscription : 02/06/2011
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Ah ?
Bon, alors, il t'intéresse quand même ce bouquin Escape ! Super !
En voilà encore un petit bout :
On dit que si Dieu a créé l’homme à son image, l’homme le lui a bien rendu.
L’équivoque de Dieu donne à penser que les figures du divin sont relatives au mode d’exister des humains, et que c’est donc ce mode d’exister qui construit le dieu (et mon hésitation entre la majuscule et la minuscule conforte cette interprétation !).
Dieu est un produit de l’angoisse, du besoin de compensation, du narcissisme, de toutes les formes de l’illusion ; il est l’opium des peuples, le grand prétexte du pouvoir, le Maître des maîtres qui y trouvent leur justification ; il est le cœur et le verrou de la superstructure religieuse qui maintient les soumis dans la soumission, etc., etc. et ce qui signe son irréalité – « La seule excuse de Dieu, c’est qu’il n’existe pas » –, ce sont les ravages accomplis en son nom, le trop visible : guerres, massacres, persécutions, jusqu’aux tourments intimes et irréparables que la religion sait engendrer.
Oui, Dieu est une construction de l’homme. Toute image ou idée de Dieu, toute représentation ou pensée, si purifiées se veulent-elles, c’est ce qui se produit en l’homme… Voilà pourquoi l’on peut toujours expliquer Dieu par la psychanalyse, etc. Dieu est un phénomène humain qui se défait dès qu’on l’explique. On peut s’en tenir là, et au besoin s’enfoncer dans l’immense littérature qui, au cours des siècles, s’est employée à défaire Dieu.
Toutefois – remarque troublante –, la physique aussi est une construction de l’homme. E = mc2, c’est Einstein. Vous ne verrez point l’admirable formule en contemplant les arbres et les cailloux. Et l’on peut sûrement expliquer Shakespeare par la psychanalyse – voyez Hamlet –, que dis-je ? Par le cliquetis de ses neurones. La plus haute pensée se passe dans le cerveau. Reste que Shakespeare nous parle et que E = mc2, c’est l’Age nucléaire.
Dire que Dieu est construit reste donc…équivoque. Le point est de savoir si cette construction correspond à une réalité. Voilà qui, semble-t-il, amène du coté de la preuve de Dieu.
Bon, alors, il t'intéresse quand même ce bouquin Escape ! Super !
En voilà encore un petit bout :
On dit que si Dieu a créé l’homme à son image, l’homme le lui a bien rendu.
L’équivoque de Dieu donne à penser que les figures du divin sont relatives au mode d’exister des humains, et que c’est donc ce mode d’exister qui construit le dieu (et mon hésitation entre la majuscule et la minuscule conforte cette interprétation !).
Dieu est un produit de l’angoisse, du besoin de compensation, du narcissisme, de toutes les formes de l’illusion ; il est l’opium des peuples, le grand prétexte du pouvoir, le Maître des maîtres qui y trouvent leur justification ; il est le cœur et le verrou de la superstructure religieuse qui maintient les soumis dans la soumission, etc., etc. et ce qui signe son irréalité – « La seule excuse de Dieu, c’est qu’il n’existe pas » –, ce sont les ravages accomplis en son nom, le trop visible : guerres, massacres, persécutions, jusqu’aux tourments intimes et irréparables que la religion sait engendrer.
Oui, Dieu est une construction de l’homme. Toute image ou idée de Dieu, toute représentation ou pensée, si purifiées se veulent-elles, c’est ce qui se produit en l’homme… Voilà pourquoi l’on peut toujours expliquer Dieu par la psychanalyse, etc. Dieu est un phénomène humain qui se défait dès qu’on l’explique. On peut s’en tenir là, et au besoin s’enfoncer dans l’immense littérature qui, au cours des siècles, s’est employée à défaire Dieu.
Toutefois – remarque troublante –, la physique aussi est une construction de l’homme. E = mc2, c’est Einstein. Vous ne verrez point l’admirable formule en contemplant les arbres et les cailloux. Et l’on peut sûrement expliquer Shakespeare par la psychanalyse – voyez Hamlet –, que dis-je ? Par le cliquetis de ses neurones. La plus haute pensée se passe dans le cerveau. Reste que Shakespeare nous parle et que E = mc2, c’est l’Age nucléaire.
Dire que Dieu est construit reste donc…équivoque. Le point est de savoir si cette construction correspond à une réalité. Voilà qui, semble-t-il, amène du coté de la preuve de Dieu.
(Dieu une construction de l'homme... à suivre)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Date d'inscription : 21/05/2008
Re: "Petite théologie à grande vitesse" M.Bellet
Peut-on prouver Dieu ?
Le malheur de la preuve, c’est qu’elle prouve. La formule est forte. Expliquons.
Prouver, c’est montrer que telle proposition que nous tenons pour vraie est confirmée par le raisonnement ou par l’expérience (mathématique et physique). C’est faire entrer « quelque chose » dans le système de pensée dont nous disposons ; c’est faire de « cela » un objet pour les sujets pensants que nous sommes.
Il y a déjà difficulté, ou plus, à prouver à propos d’autrui. Car il y a en l’autre humain une altérité et un infini qui m’échappent. Mais – Dieu ! S’il est Dieu, il ne peut être qu’en amont ou ailleurs de tout édifice de pensée où je dispose de ce qui se trouve dedans. Prouver Dieu – en ce sens-là – ne peut aboutir qu’à une idée de Dieu qu’il sera toujours possible de déconstruire.
Car il n’est de Dieu pour nous que par et dans notre relation à lui. Cette tautologie apparente mérite d’être méditée, tant il est aisé de « poser Dieu » comme tout à fait transcendant… par une opération de pensée qui en fait l’« objet » de cette admirable proposition.
C’est pourquoi, pour beaucoup de croyants eux-mêmes, la question de l’existence de Dieu a perdu de son intérêt, comme s’il était toujours possible de la prouver… et de prouver le contraire. De toute façon, Dieu n’est-il pas au-delà de toutes nos cogitations, un Tout-Autre qu’on ne peut qu’accueillir en silence ?
En vérité, la preuve de Dieu, telle que trop souvent conçue, dépend d’une histoire dont il faut rappeler l’évènement essentiel, si sommairement que ce soit.
Si Dieu est pour l’homme, ce ne peut être que dans une relation qui engage tout. Aller à lui coïncidera avec la démarche où l’être humain parvient à humainement vivre, par une puissance et une source qui le lui donnèrent et qu’il connaît en ce don. Mais vers la fin du Moyen Age, la théologie, censée occupée à cet espace, a connu une scission qui la séparait dans son ambition de science d’avec la spiritualité, pratique de l’âme. S’y ajoutant, venant de plus tôt, une supériorité de la contemplation sur l’action ; et, venu plus tard, un détachement de la philosophie d’avec la parole de la foi.
Au point où nous en sommes, ce processus conflictuel, avec ses développements infinis, apparaît comme un processus unique : le malheur de Dieu, sa disgrâce, c’est d’abord d’être un Dieu cassé : pour la raison : de plus en plus inutile ou fâcheux ; pour la foi : rétréci, sur la défensive, troublé.
(Dieu une construction de l'homme : à suivre)
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
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