Les yeux

[loofrg]

(Je poste ce sujet dans bistrot, car je n'ai pas trouvé ailleurs où le mettre.)

Ce que je vais dire ici n’a rien de scientifique, c’est un constat. Il entre dans le cadre sensé intéresser toute personne dont je fais partie qui, par le biais de l’introspection, serait en recherche de toujours plus de sérénité.

Voilà donc que depuis des années, je remarque à quel point les yeux jouent un rôle important dans cette histoire de bien-être. On pourrait en effet considérer l’œil comme une sorte de cerveau à part entière, un cerveau contenant une forme de mémoire et entre autres certains souvenirs pouvant être parfois douloureux. Sans doute que concernant cette enquête, le cerveau serait à mettre au premier plan, et le comportement de l'oeil, tel une conséquence de ses activités, mais il se trouve qu'expérimentalement parlant il est possible d'aborder la chose en s'intéressant directement à l'oeil, ceci pour sa propre recherche personnelle.

Plus jeune, et j'ai encore des restes de cette obsession, j’étais obnubilé par ce qui pourrait se résumer par cette image trouvée sur Wiki au mot "Paradigme":




J’en ai parlé souvent dans mes poésies lorsque je parlais de ce désir "de sortir du monde pour parvenir à le contempler extérieurement." Entre parenthèses, on peut retrouver ce thème dans le film Matrix, ce qui me conforte, outre l'image publiée plus haut, qui ne saurait être plus évocatrice, dans l'idée qu'il s'agit d'un thème universel et d'une préoccupation que certains rencontrent ou ont rencontré.

A l’heure de cette obsession, je pouvais constater certains comportements concernant les muscles de mes yeux. Pour définir ces comportements oculaires, il s’agirait de dire que mes yeux tentaient de s’enfoncer dans leur orbite, ceci afin « d'essayer de regarder ce que je voyais » si je puis dire, ou comme une manière d'essayer de trouver le recul qui me permettrait en quelque sorte de contempler ce qui existe sans être dedans. C’était donc comme essayer de se mettre en arrière-plan de toute la sphère visuelle et mentale, et si je me suis bien expliqué, on pourra aisément reconnaître le rapport entre le désir « de sortir du monde et de parvenir à le contempler extérieurement » dont je parlais et ce mouvement oculaire de recul dans les orbites. Tout cela pour dire que mon obsession avait bien des répercussion (?)/causes(?) physiques et bien tangibles et en l'occurrence concernant les muscles de mes yeux.

Je précise que le sujet du fil n'est pas cette obsession passée, cette dernière ne m'ayant servi en ces termes qu'à argumenter sur le thème de l'action de l'oeil sur la conscience et de la conscience sur l'action de l'oeil en quelque sorte.

D’autre part, il est à noter la manière dont les pensées se constituent d’images, on pourra remarquer d’ailleurs de quelle manière les yeux sont agités dans des périodes de troubles émotionnels et cette manière particulière dont ces troubles se répercutent très spécifiquement sur le comportement des yeux, qui se mettent à les accompagner par quantité de mouvements involontaires permettant malencontreusement d'enfermer l'individu à l'intérieur de son "imag-inaire".

Je constate aussi comme il peut être parfois difficile lorsque je pratique le zazen de garder mon regard fixé sur un point. Et je remarque là dessus qu’il y a un lien évident entre cette difficulté et la quantité de pensées qui me traversent l’esprit.

D’autre-part, je ne sais pas si on peut faire le lien, mais lorsqu’on rêve, les yeux sont en grande activité.

Voilà, je vous propose cette réflexion, je sais qu’elle peut concerner aussi certains aspects entre guillemets scientifiques, tels que l’EMDR qui je crois a fait ses preuves, mais dont je ne saurais parler par manque de compétences.

En tous les cas, si j’en crois mon expérience qui n’a pas été démentie jusque là, il semble y avoir quelque chose à trouver dans ce registre de recherche là et en lien avec le bien-être.

Peut-être que les compétences scientifiques de certains pourront venir complémenter et enrichir ce sujet, sans compter les observations personnelles de chacun là dessus.

[Bulle]

Dans un premier temps deux phrases retiennent mon attention :

J’en ai parlé souvent dans mes poésies lorsque je parlais de ce désir "de sortir du monde pour parvenir à le contempler extérieurement."

Celle-ci, parce qu'elle est en rapport ou du moins me rappelle l'histoire d'un dessin demandé à un enfant (de 5 ans) par le psychologue scolaire. L'enfant qui semblait mal intégré à sa classe et globalement assez mal dans sa peau devait se dessiner et dessiner sa classe. Le résultat était une sorte de caravane (la classe) et l'enfant en dehors qui observait ce qui se passait à l'intérieur de cette classe/caravane. Lorsque le psychologue avait demandé à l'enfant de mettre un nom sur les personnages il s'était bien désigné comme étant le personnage extérieur ; et il avait désigné la maîtresse, et son père, sa mère et sa sœur, mais aucun de ses camarades de classe.
Il s'était sorti du monde qui l'entourait et en était l'observateur. Mais cela montrait quoi exactement ? Un mal-être lorsqu'il était avec les autres, un sentiment de rejet de sa classe (petit parisien qui venait d'arriver à la campagne), un mauvais ressenti d'évènements familiaux (la grand-mère avait emmené en vacances avec sa caravane sa sœur et pas lui) ? Difficile à dire à première vue : la seule chose que l'on pouvait constater était que l'enfant n'allait pas vraiment bien...

Je précise que le sujet du fil n'est pas cette obsession passée, cette dernière ne m'ayant servi en ces termes qu'à argumenter sur le thème de l'action de l'oeil sur la conscience et de la conscience sur l'action de l'œil en quelque sorte.

L'œil est le fournisseur de stimuli : donc oui il y a bien une action de l'œil sur la conscience, il lui fournit de quoi interpréter en somme. Par contre les mouvements oculaires viennent des muscles oculomoteurs pas de l'œil lui-même. Mais ces muscles sont beaucoup plus innervés ( nerfs crâniens, paires 3-4-6, que les autres muscles du corps ce qui fait qu'en réalité ils fonctionnent tout le temps et même si l'on n'en est pas conscient.

[Cochonfucius]

Voir un dialogue sur ce genre de sujet

http://sonnets-de-cochonfucius.lescigales.org/oeil.html

(inspiré par un bref et célèbre ouvrage de Maurice Merleau-Ponty).

Notamment sur (...) les « opérationalistes » du temps présent, qui, s'étant dispensés de toute recherche philosophique préalable à leur description des observables, se montrent surpris de devoir « y passer » en fin de compte, et réintroduire, dans leurs calculs mêmes, l'expression d'une relation à l'observateur.

[loofrg]

Merci pour vos réactions, même si j'avoue avoir un peu de difficultés à pénétrer ton texte, Cochonfucius, certainement me concernant, par manque de culture. Mais pour réagir à la première partie de ta réponse, Bulle, je ramènerai le propos à cette définition :

Extase : État dans lequel une personne se trouve comme transportée hors de soi et du monde sensible.

Tu éclaires ce désir de sortie du monde par un fait psychologique, ce que je trouve intéressant, il n'est en effet pas improbable qu'il y-ait dans l'histoire des personnes ayant tout comme moi des prédispositions à l'extase, certains aspects psychologiques (traumatismes d'enfance par exemple) propres à les conduire à cette recherche de fuite hors du monde, (peut-être sous certains aspects trop douloureux), par le biais de ces expériences mystiques.

Et pour revenir sur les yeux, il me faut préciser que le mouvement caractéristique dont je parlais avait lieu dans ces moments où j'étais privé d'extase et où je cherchais à tous prix à la regagner, en être privé étant une chose fort douloureuse, tout comme finalement l'est le fait d'être privé d'une drogue à laquelle on est accoutumé.

[loofrg]

Encore une chose Bulle. Tu dis : "L'œil est le fournisseur de stimuli" (visuels donc)
Mais peut-on dire à ton avis que les images mentales sont connectées à l'oeil et aux muscles oculomoteurs ? car c'est bien l'impression que j'ai justement.

[Jipé]

Ce qu'on appelle images mentales, n'est en réalité que l'activité mentale qui dynamise des zones, des réseaux neuronaux de notre cerveau où sont stockés des données permettant l'imagination et/ou la re-mémorisation de ce que nous avons perçu auparavant ou imaginé.

Les zones du cerveau concernés entraînent de facto le mécanisme musculaire de l'oeil lorsqu'il y a imagination mentale. Tout comme pendant le sommeil paradoxal.

[loofrg]

Génial ! Merci pour cette confirmation.

Et donc, je ne pense pas qu’il soit idiot, et principalement en période de troubles émotionnels ou de stress, de dire qu’une pratique de détente pourrait consister dans le fait d’établir sa concentration sur les muscles des yeux, et peut-être même d’essayer avec douceur d’en prendre dans une certaine mesure le contrôle, ceci dans le but de déclencher une réaction d’apaisement sur le mental. Et dans une autre perspective, cette fois hors troubles, pourquoi pas d’investiguer dans un sens introspectif cet aspect là.

[Jipé]

Prendre le contrôle est un bien grand mot, mais il est vrai que mentalement nous pouvons avoir une action sur nos muscles par l'intermédiaire de nos pensées. Par exemple, ralentir les pulsations de notre coeur...

[loofrg]

Ralentir les pulsation du coeur, je n'ai jamais essayé, voilà une expérience à faire. Je crois que les yogis sont experts en ce genre de pratiques.

Sinon, en complément, je post ici une vidéo avec quelques exercices pour les yeux. Franchement, c'est excellent, ça détend un max.

[Jipé]

C'est un mélange d'acupressure et de suggestion et cela peut avoir des effets, pourquoi pas.

[Bulle]

Ce qu'on appelle images mentales, n'est en réalité que l'activité mentale qui dynamise des zones, des réseaux neuronaux de notre cerveau où sont stockés des données permettant l'imagination et/ou la re-mémorisation de ce que nous avons perçu auparavant ou imaginé.
Les zones du cerveau concernés entraînent de facto le mécanisme musculaire de l'oeil lorsqu'il y a imagination mentale. Tout comme pendant le sommeil paradoxal.

Et les images mentales sont une reconstruction, une représentation cérébrale que l'on a en mémoire ou que l'on a pu à un moment donné imaginer à partir d'un objet, d'une situation etc...