Sagesse du pluvian
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Blanche fleur sauvage
La blanche fleur séduit l’homme des bois,
Lui qui l’admire, il la croit immortelle ;
La contempler, ça lui donne des ailes,
Son corps se sent peser d’un moindre poids.
Il ne veut plus faire entendre sa voix,
N’ose parler à cette fleur nouvelle ;
Manquant de mots pour dire qu’elle est belle,
Il place en elle une profonde foi.
Peu de noblesse en cette humble personne,
Un peu timide, et la fleur lui pardonne ;
Elle a capté son inaudible appel.
Si la cueillait la Dame du domaine,
Elle vivrait, au plus, une semaine ;
Son corps flétri embaumerait l’autel.
Ambichien de Maître Perutz
Il sait où fut caché l’argent du trépassé,
Il en parle d’ailleurs à des gens qu’il rencontre ;
L’un deux doit hériter, le testament le montre,
Que d’écrire, pourtant, le mort s’est dispensé.
L’héritier, par tout ça, se trouve dépassé,
Il ne sait même plus lire l’heure à sa montre ;
Il arrive à parler aux ambichiens, par contre,
Du trésor attendu qu’il voudrait dépenser.
L’homme est bien malheureux, mais de chercher ne cesse ;
L’animal a perdu son maître et sa maîtresse,
Donc en son lieu natal plus rien ne le retient.
Oublier cet argent, ce serait bien plus sage,
Dont cet homme n’aurait que fort peu d’avantages ;
Mais son coeur le désire, il dit que c’est son bien.
Amphore du druide
Dans l’amphore fermente une potion nouvelle,
On y trouve du miel et des fruits de saison;
N’en bois pas trop souvent, ni plus que de raison,
Ton coeur se briserait ainsi qu’une urne frêle.
En ne dépassant point ta dose habituelle,
Tu pourras sans ennuis rejoindre ta maison ;
Le druide pour la route offre des salaisons
Que tu vas grignoter tout au long des ruelles.
À la sobriété, si tu sais te plier,
De merveilleux sonnets tu pourras publier ;
Ou, si tu l’aimes mieux, de la prose ordinaire :
Du vieux sorcier gaulois nous avons d’autres plans ;
Un cerveau prolifique est sous ses cheveux blancs,
Lui que jadis aima la Reine des Chimères.
Inexistant dragon
Ce dragon brille par son absence limpide,
Jamais ne l’occira page ni chevalier ;
Mais cela n’en fait point un être singulier,
Plus d’un auteur l’omet, ce qui n’est pas stupide.
N’étant ni long ni court, ni loyal ni perfide,
Il n’a ni parenté ni voisins de palier ;
Je lui trouve pourtant comme un air familier,
J’ai bien connu des gens dont la nature est vide.
L’héraldiste quand même a sorti son pinceau ;
Non pour une oeuvre abstraite en mode Picasso,
Mais avec réalisme à gratter il s’applique.
Baptisant l’animal du beau nom de Nestor,
À sa surface il donne un reflet métallique ;
L’être sans existence a des écailles d’or.
Dolmen de Pise
Pas très loin de la ville, au flanc d’une colline,
Ce vieux dolmen qui penche écoute les oiseaux ;
Sans souci des regards, sur la pente il s’incline
Comme fait un vieux pin du côté de Cazaux.
Il est, ce monument, moins souple qu’un roseau,
Et la pierre n’a point la douceur d’une hermine ;
Ses articulations ne sont que des vieux os,
Mais quand il voit le jour, le bonheur l’illumine.
Le sommet du dolmen, ni trop long, ni trop court,
Est en ce même endroit depuis cent mille jours ;
Mais ce n’est pas pour lui l’âge de la vieillesse.
D’un oblique dolmen admirons la noblesse,
Monument de mémoire et de juste milieu,
Lui qui fut messager de gaéliques dieux.
Chat casanier
Ce maître Chat n’est guère aventureux,
Peu de rats tombent sous sa patte ;
Il n’a jamais été bien rigoureux,
Il n’est point de ceux qui se battent.
De la victoire il n’est point désireux,
Et même pas sur une chatte ;
Tu ne lui vois nul regard langoureux,
Il aime pourtant qu’on le flatte.
Lui qui se fout du tiers comme du quart,
C’est quand même une fine bête ;
Ses commensaux ont pour lui des égards.
Il n’a très souvent rien en tête,
Ou, tout au plus, un savoureux parfum,
Ou quelques fumets plus communs.
Deux visages
C’est un dieu protecteur des hommes et des femmes,
Nous aimons l’implorer lorsque les temps sont durs ;
Ses prêtres cependant disent des mots obscurs,
Affirmant qu’un croyant se doit d’avoir deux âmes.
Cet ambidieu demeure avec deux jeunes dames,
Il rayonne devant leurs deux regards d’azur ;
Vivre en trio, pour lui, n’est certes rien d’impur,
Lui qui maîtrise l’art d’entretenir deux flammes.
Il fait tous les travaux pouvant lui incomber,
Même, il sait relever les gens qui sont tombés,
Il sait consoler ceux qu’affaiblit le grand âge.
On dit qu’il est cousin du charpentier en croix,
On dit qu’il se tient pour vassal de ce grand Roi ;
Je le trouve plaisant, ce monstre à deux visages.
Dominus Lupus
Son vaste territoire est en déliquescence,
Car ce loup vieillissant n’est qu’un faible seigneur ;
Il se souvient d’avoir connu des jours meilleurs,
Lui qui est de très noble et d’auguste naissance.
Il ne prend même plus soin de son apparence,
« Tout le monde s’en fout », dit-il avec candeur ;
De royaux ornements il n’est plus demandeur,
Vis-à-vis de lui-même il est en déshérence.
Mais moi je l’aime bien, le seigneur de ces lieux,
Car il n’a rien perdu de sa grâce à mes yeux ;
Puis, toujours il nous sort ses amusantes brèves.
Qu’importe la splendeur, qu’importe le pouvoir,
Sirènes du triomphe, allez vous faire voir ;
Nous en eûmes assez, tout cela n’est qu’un rêve.
Hippotaure
L’hippotaure est un roi, son trône est de cristal,
Un éloge en est fait, je crois qu’il le mérite ;
Ce n’est pas un tyran, ni un roi parasite,
Le public l’a placé sur un grand piédestal.
Il a vaincu jadis l’adversaire infernal,
Celui qui pratiquait de diaboliques rites ;
Par un vieux chroniqueur l’histoire en fut écrite,
Qui en avait tenu le fidèle journal.
Spartiate, il ne l’est point, ni non plus sybarite,
Paisibles sont ses nuits, son régime est frugal,
S’il voit un visiteur, il lui parle en égal.
Il fut prince autrefois, cueillant la marguerite,
Osant plus d’une rime et plus d’un madrigal ;
Ces écrits, me dit-on, dans un coffre il abrite.
Nef sans coque
D’invisibles marins vident plus d’une coupe,
D’avoir un tel vaisseau, cela les rend joyeux ;
La voile seulement se présente à nos yeux,
Qui semble, en cet instant, prendre le vent en poupe.
L’équipage est nourri d’imperceptible soupe,
Avec des produits bio, ce qu’on trouve de mieux;
De ce même potage ont mangé leurs aïeux,
Qui, tout comme eux, formaient d’inséparables groupes.
Sous le soleil de mai qu’un nuage voila,
Ils ne porteront point leurs habits de gala ;
Car ils sont, tout le jour, nus comme des squelettes.
Autour d’eux, l’Océan fait miroiter ses flots,
Un vent souffle du Nord, qui les change en poètes ;
Bonne route à vous tous, merveilleux matelots !
Planète hostile
Plusieurs nations de fureur animées,
Si tu l’éteins, cette flamme repart ;
Noirceur partout, sagesse nulle part ;
Monde perdu, planète mal aimée.
Gens inégaux, minorités brimées,
Pestiférés que l’on tient à l’écart ;
Quand ça va mieux, c’est l’effet du hasard,
J’entends le cri des foules opprimées.
N’aborde point ces terres dangereuses,
Car l’aventure en serait douloureuse ;
Ce triste monde, il doit être évité.
Or, si tu crois que ce sont là des fables,
Détrompe-toi, la chose est véritable ;
Garde-toi donc de ces calamités.
Aquila Sapiens
L’aigle-penseur raisonne élégamment,
La vérité n’éblouit pas ses yeux ;
On le chérit, on l’admire en tous lieux,
Plus d’un auteur lui consacre un roman.
Nul animal par lui n’a de tourments,
Aucun de ceux qui vivent sous les cieux ;
S’en abstenir, il trouve cela mieux
Que d’offenser les dieux du firmament.
De quoi fait-il sa nourriture étrange ?
D’air, de soleil, ou de cadavres d’anges ?
Tous les chercheurs cherchent avec ardeur.
Si cet oiseau de jeûner se contente,
Nous comprenons que jamais il ne chante ;
Dauphin de gueules
C’est un dauphin vaillant qui remonte les fleuves,
Il est rouge comme est le Ponant enflammé ;
En vers alexandrins il se peut exprimer,
Pour certains riverains, la chose n’est pas neuve.
Auprès d’un beau verger où les pétales pleuvent,
Il chante les refrains qu’il a toujours aimés ;
Cela rend attentifs ses amis emplumés
Qui les ont tous appris et toujours s’en émeuvent.
Par moments l’animal se cache dans les flots,
Son retour est guetté par plusieurs matelots ;
Il surgit brusquement, quand lui en prend l’envie.
De camarades chers il a vu le trépas,
Qui sont partis au loin et ne reviendront pas ;
Il sait bien que cela fait partie d’une vie.
Couleur indéfinissable
Autour de quelques fleurs les insectes se meuvent,
Volant et bourdonnant, jamais ne se lassant ;
Un peu plus loin, par terre, un lombric va glissant,
Qui de rosée du jour avidement s’abreuve.
Te raconter ces fleurs, mes rimes ne le peuvent,
Que je dépose ici, le monde reflétant ;
Je me sais malhabile et j’insiste, pourtant,
Les phrases que j’écris ne sont pas vraiment neuves.
Je chante la magie de ce monde banal,
Sous le beau ciel d’azur que reflète un canal ;
Mais souvent je m’arrête au bout de quelques signes.
Je pratique un métier que je n’ai pas appris,
En désordre, des mots me viennent à l’esprit,
Que tu peux voir ici, dans ces quatorze lignes.
Oiseau qui parle
L’oiseau peut discuter des affaires courantes,
Aussi de Charlemagne et de son fier neveu ;
Tu peux pourtant t’instruire avec lui, si tu veux,
Puis il raconte aussi des histoires marrantes.
C’est l’emplumé qui parle et qui jamais ne chante,
Sa voix n’est pas terrible, il nous en fait l’aveu ;
Le ton semble un peu plat, le débit trop nerveux,
Mais qu’importe cela, ses propos nous enchantent.
Avec son doux regard, il est très attachant,
Lui qui au long du jour, oublie d’être méchant ;
Même quand le vieux chat pour le prendre s’élance.
Il aimait une oiselle, il n’en fut point l’amant ;
Or, durant tous ces jours, il souffrit en silence,
Et quand à ses adieux, il les fit galamment.
loofrg- Seigneur de la Métaphysique
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Jardin du roi
En ce royal jardin pousse une verte treille,
Non loin de celle-ci, un vigoureux pommier ;
Le monarque n’y fait rien de plus qu’un ramier,
Car ici, c’est un coin où nul ne le surveille.
Si le désir d’agir au fond de lui s’éveille,
Il se met à sa table, il ouvre son plumier ;
Ou bien, il peut poser des pions sur un damier,
En savourant d’abord une pomme vermeille.
Une averse le fait rentrer dans son manoir,
Ou même, simplement, le ciel qui devient noir ;
Jamais il n’entreprend d’affronter la nature.
Ses aimables sujets se montrent indulgents,
Car il fait tout cela sans coûter trop d’argent ;
Puis il reçut du Ciel l’auguste mandature.
Ambicheval bibliophage
Ce noble ambicheval lit à la fois deux livres,
Un nez dans une thèse et l’autre en un roman ;
L’animal les parcourt tous deux rapidement,
L’effort lui est léger, sauf quand il est bien ivre.
Ces textes recoupant des temps qu’il a pu vivre
Apportent la sagesse à son entendement ;
La galère, jadis, qu’il vécut bravement,
Et ce petit jardin qui fut vêtu de givre.
Il lui semble revivre et son passé rejoindre,
De cent mille détails il retrouve le moindre ;
Même les illusions, le délire, les rêves.
Les souvenirs sérieux lui reviennent aussi,
Qui à son double esprit donnèrent du souci ;
Il ne fit avec eux la paix, mais une trêve.
Amphore du barde
La belle amphore, à peine utilisée,
D’aise a comblé notre barde adoré ;
Ce récipient richement décoré,
Il lui consacre une ode improvisée.
En évidence elle fut disposée,
Son donateur en est fort honoré ;
Le soleil luit sur ses motifs dorés,
L’ombre s’étend sur la face opposée.
Une potion qui rafraîchit le corps
Inspire au barde un merveilleux accord,
Qui du plus haut des cieux semble descendre.
Le noble chef en oublie ses tourments,
Il se délecte en ce qu’il vient d’entendre ;
Il dit au barde « Ici tout est charmant ».
Sagesse de la renarde
Que dirai-je des gens qui m’appellent trompeuse ?
Eux, ce sont des pigeons, ils ne me font pas peur ;
Le Seigneur des Goupils voit le fond de mon coeur,
Mon âme est transparente, et n’est pas nébuleuse.
Ma maîtresse d’école a dit « Tu es menteuse »,
Car j’avais prononcé deux ou trois mots flatteurs ;
Si ce brave corbeau se prend pour un chanteur,
Je peux bien lui donner mon avis de chanteuse.
Une grande innocence a baigné mon cerveau,
Cela me fit frémir, comme un plaisir nouveau,
Comme de découvrir un fabuleux espace.
C’est dans notre ADN, nous avons l’esprit fin,
Ainsi chacun de nous peut manger à sa faim,
Trompeurs, peut-être un peu, voyons la chose en face.
Trois couronnes héréditaires
Du roi de Frépillon, monarque décadent,
Le joli pantalon s’orne de couleurs vives ;
Il offre, en ayant bu, sa couronne aux convives,
Qui refusent toujours, d’ailleurs, c’est plus prudent.
Le roi de Garabagne a deux grands chiens grondants,
Mais ce ne sont vraiment que des bêtes craintives ;
Leur âme a peur, souvent, de se montrer fautive,
Ce qui leur donnerait des remords abondants.
Le roi de Milpodvash, il baigne dans l’ivresse,
D’une noble odalisque il reçoit les caresses ;
À la prochaine coupe il préfère songer.
Chacun peut se tenir sur son trône sans honte,
Le peuple est indulgent pour ces braves gérontes ;
Dans leurs menus plaisirs ils se peuvent plonger.
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https://paysdepoesie.wordpress.com/?s=Fr%C3%A9pillon
https://paysdepoesie.wordpress.com/?s=Garabagne
https://paysdepoesie.wordpress.com/?s=Milpodvash
Celle qui se laisse vivre
« Elle séduit nos coeurs, la vestale indolente »,
C’est ce qu’ont déclaré les moines assemblés ;
Elle dont les cheveux ont la couleur du blé,
Nous admirons l’éclat de sa démarche lente.
Un souffle printanier sous sa robe volante,
Par un tel horizon nos regards sont comblés ;
Nous entendons les mots de nos esprits troublés,
Recevant de ses yeux la lumière aveuglante.
Cupidon, dans ce cloître au matin surgissant,
Des lois du monastère efface la mémoire ;
La Règle fait silence, inutile grimoire.
Hantés par son reflet, fantôme caressant,
Nous déclarons qu’elle est notre seule maîtresse ;
Mais de n’y point toucher, ça nous met en détresse.
Nef hautement précaire
Cette nef sans mâture emporte les défunts,
Qui sait vers quel endroit, vers l’antre des murènes ?
Vers l’île de Thulé, dont aimable est la reine ?
Vers la Rive de Nacre, aux fabuleux parfums ?
Contournant les récifs qu’arrosent les embruns,
Le modeste vaisseau suit sa route sereine ;
Il est, en maints endroits, guidé par les sirènes
Ou par un bel ondin aux charmants cheveux bruns.
Que demander de plus, du moment qu’elle flotte
Et que le timonier toujours reste en éveil,
Et qu’il observe aussi la lune et le soleil ?
Neptune peut souvent leur servir de pilote,
Il sait les préserver de cent démons retors,
Assisté par Protée, un aimable mentor.
Arbre des bénédictions
Lui qui est jeune et souple, il est fait de bois vert,
Il n’est point au jardin, mais près d’un marécage ;
Il voit à l’horizon ses frères du bocage,
Il bénit chaque jour l’auteur de l’univers.
Je l’entends consacrer des animaux divers,
De l’ignoble serpent il maudit les truquages ;
Il purifie le sol où seront les pacages,
Il glorifie l’été, il adoucit l’hiver.
Il console parfois Lilith qui se lamente,
De même, il réconforte Eve qui se tourmente,
Il offre des perchoirs aux petits oiseaux gris.
Cet univers nouveau n’eut pas de cimetière,
Chaque être y conserva sa liberté entière ;
Un livre d’autrefois l’a joliment décrit.
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