Re: Jours de 2010

[Babylon5]

Bon, alors, ta fable selon laquelle le petit Prince a abandonné la Rose est-elle vrai ou non, même dans l'univers de Saint-Exupéry ? A mon avis, et aussi d'après mes souvenirs, elle n'est point vrai : je n'ai plus donc qu'à me coucher ! Serais-tu un poète menteur ? Ou un vieux moine tremblotant oubliant ses classiques ?

[Babylon5]

Si ce fil ne t'intéresse plus, dit-le autrement...

[Cochonfucius]

Pour moi, le livre se termine par la mort du Petit Prince.



Mais on peut croire que son esprit retourne sur sa planète. Mais je ne vois pas comment un esprit pourra manier l'arrosoir dans son jardin à la fleur unique.

Texte final
(correctement cité dans Wikipédia ci-dessus):

"Il n'y eut rien qu'un éclair jaune près de sa cheville. Il demeura un instant immobile. Il ne cria pas.

http://www3.sympatico.ca/gaston.ringuelet/lepetitprince/chapitre26.html

Il tomba doucement comme tombe un arbre. Ça ne fit même pas de bruit, à cause du sable."

[JO]

Nul besoin d'arrosoir sur la planète âme :
La fleur unique s'y épanouit dans l'eau douce,
Nénuphar aquatique, étranger à la flamme,
au désert desséchant,au désespoir qui pousse
à l'achat aberrant de la pomme biblique,
au bout d'un long tuyau magique

[Babylon5]

Peut-être l'alchimiste, sur son creuset penché,
Est assez fou pour chercher la vie éternelle.
Il n'use pas de vin, ni n'est désabusé
Par ses expériences ratées qui s'amoncèlent.

Mais je sais que mon corps, atteint de tremblements,
Bientôt vieux et fâné, ne pourra colmater
Les dégats infligés au passage des ans
Quand bien même mes yeux d'amour sauront briller.

Je n'irai point chercher dans les textes mystiques
L'espoir d'éternité ni la consolation
De voir s'éteindre même les voix prophétiques,
Ni chercher le néant dans la méditation.

L'univers est étonnant -est-il éternel ?
Nous n'en savons rien, le jaugeant avec passion.
Si vous voulons croire à la science universelle,
C'est pour la voir raison donner à nos fictions.

Le monde des mots est une bien autre affaire :
Dès lors que l'on admire l'imagination
L'artiste est le seul créateur que je vénère,
Il ne se mesure pas avec la raison.

Oui, responsable fut le prince de sa rose
Et je tiens pour vrai ce que le poète dit.
La vérité n'existe qu'en vers ou en prose :
C'est juste par les mots que nous pensons la vie.

[Babylon5]

Ouf ! Ce fut bien dur..... Quelle suite étonnante Cochonfucius va donner ?

[Invité]

je m'immisce juste un peu ;
ce n'est pas le mot poubelle
qu'il faille que je me rebelle
dans les délires de votre jeu

mais cochon , je tempère ton zèle
quand tu fais le tout mou gourou
"Et pour rentrer chez toi, suis les petits cailloux."
on ne me suis pas mes toutes belles

mais fièrement sans aucune aide
il est certain que je vous précède

[JO]

caillou, tu fus
avant l'homme, sur terre
précéder n'est pas plus
un honneur qu'un enfer

[Babylon5]

qu'il faille que je me rebelle
dans les délires de votre jeu

Même si l'on s'amuse un peu
Au passage, ce n'est point jeu,
Caillou, encore moins délire
De prendre du temps pour écrire

Ainsi en vers, en partenaires.
Je crois bien que mon adversaire
Apprend comme moi par l'échange
Des choses vraies mais très étranges,

Pour ma part je dois tous les jours
Affuter mon langage pour
Exécuter bien ces exercices
Qui dans les mots nous réunissent.

Ils demandent de la rigueur,
Si l'on veut s'exprimer sans heurts :
S'immerger bien dans la pensée
De l'autre, pour la sienne explorer.

[Cochonfucius]

Depuis que l'homme écrit, ce fut pour s'épancher.
Ceux qui croient que leur prose a valeur éternelle
Par la réalité seront désabusés.
Ceux qui trop patiemment leurs textes amoncellent

Ceux qui vont récitant avec un tremblement
Dans leur voix de poète, auront à colmater
Les multiples hiatus de leurs écrits pesants.
Ecrit-on pour séduire? Ecrit-on pour briller?

Je voudrais composer un grand texte mystique.
Je voudrais croire au rire, à la consolation,
Je voudrais devenir un vieillard prophétique.
Mais je suis pas bien doué pour la méditation.

Cette douleur d'écrire est sans doute éternelle,
Rien n'y fait le labeur, rien n'y fait la passion.
Mais nous créons ainsi la langue universelle
Qui dit tout le réel et toutes les fictions.

C'est la langue des fous, pas des hommes d'affaires.
C'est la folle chanson de l'imagination
C'est Alice explorant le monde sous la terre,
C'est l'aventure ayant aboli la raison.

Et peut-être que, mort, le Petit Prince arrose
La fleur que de revoir il eut soudain envie.
Ou alors, il lui lit des vers et de la prose
Pour montrer que vraiment, il est encore en vie.

[Invité]

Sortir ses mots est terriblement égocentrique,

Parfois j'explose lorsque je lis :

"D'un tonnerre et,
parfois, du mal d'un son plus clair,
tout vibre,
où les humains refont une nature."

- Jacques Audiberti-

Splendeur de cette phrase qui résume à elle seule
1 longue agonie ''verbeuse'' ..

[Babylon5]

"D'un tonnerre et,
parfois, du mal d'un son plus clair,
tout vibre,
où les humains refont une nature."

- Jacques Audiberti-

Mais c'est merveilleux, au contraire ! Ces mots qui se choquent (le choc des mots sans le poids des photos )

Splendeur de cette phrase qui résume à elle seule
1 longue agonie ''verbeuse'' ..

Mais tout est agonie. Agonie verbeuse, pourquoi pas ? Moi, ça m'enchante. Je te remercie, je ne connaissais pas.

Pour la réponse à Cochonfucius : ça attendra. Il est plus fort que moi, le diable, mais je continuerai à lui faire écho. Seulement je sors de chez le dentiste, qui me fit subir des douleurs cruelles, et m'affubla même d'un groin, (moulage), ce qui faillit me faire exploser de rire.

Si vous avez d' autres phrases aussi belles que celle d'Audiberti, n'hésitez-pas, je suis preneuse... me foutant de leur ego, mais amoureuse de leur mots.

[Invité]

Mais il n'est pas question d'être plus fort ou moins fort
Ma gentille Babylon Five,
Tu es 1 enseignante
Cochonfucius 1 savant verbeux certes
et Tarentule ...1 être qu'on écrase !

Mais je garde la tête haute
et le dos solide !

Nous nous sommes trouvés à la croisée de ce chemin
pour faire la causette, tout le reste est illusoire,

Soigne toi bien Babylon five
les hommes soignent ces douleurs
qu'on inflige à nos corps
le dentiste point n'est coupable
on doit entretenir son corps comme son âme ..
C'est la raison pour laquelle il y a 3 ans
j'ai arrêté de fumer .

A chacun son rythme d'épanouissement sur cette terre..

[Invité]

Nous sommes hors sujet ! c'est mon truc ! tant pis voici le texte d'Audiberti ..

en 2010, ce sera l'anniversaire de sa mort ....excusez du peu !

- Entre l'azur sans fronce et l'autre azur sans ride,
une île grecque où blé ne pousse, ni muscat, détesterait ses jours,
pareils à du mica, sans ses arbres rompant sa nudité torride.
Douze arbres un par un tout le temps recomptés, l'orgueil et le plaisir des hommes de cette île,
contre le sec vernis du soleil infertile défendent les bontés et les fécondités.
Douze arbres, vénérés chacun comme le même, pour leurs fruits, même noirs,
ou pour l'âge qu'ils ont, décrètent, dans les cœurs, des fleuves de gazon,
et d'amour pour autant qu'ils ont fait qu'on les aime.
On les connaît par cœur.
On les soutient de l'œil.
Tous ensemble, dans eux, sans bruit, l'on se rencontre.
Aux hommes endormis parfois l'un d'eux se montre comme un bouquet de fruits sur le marbre d'un seuil.
Les arbres, dans l'ennui minéral des substances de la soif, qui de l'île azurent le coffret, vont attestant que Dieu,
jamais, ne souffrirait qu'à des hommes manquât telle de ses prestances.
L'île où manger le lait de chèvre, les poissons, au ciel de mer est une dure et blanche étoile, non point toute,
pourtant, hors de l'humaine toile, car, sous les blancs coteaux, nus comme des glaçons,
près du port qui contient la limpide teinture, dans l'arsenal moderne on laboure le fer.
D'un tonnerre et, parfois, du mal d'un son plus clair, tout vibre, où les humains refont une nature._

Audiberti -

[Babylon5]

Mais il n'est pas question d'être plus fort ou moins fort

Ah ! Pardon, reconnaitre la qualité de son partenaire dans les jeux comme dans la vie, c'est tout à fait normal, je trouve. S'affronter à un savant verbeux comme Cochonfucius, c'est un petit défi, (gentil). Comme aux échecs, où l'on préfère jouer avec quelqu'un de plus fort sinon l'on s'ennuie (tu t'ennuies pas j'espère, Cochon ).

Soigne toi bien Babylon five
les hommes soignent ces douleurs
qu'on inflige à nos corps
le dentiste point n'est coupable
on doit entretenir son corps comme son âme ..

C'est juste que c'est assez plaisant de se surprendre à penser qu'on a un groin (tu sais, ces pâtes genre chewing-gum pour mouler la forme des dents), et malgré la nervosité se prendre à rigoler. (A Cochonfucius je me suis mise à penser).

C'est la raison pour laquelle il y a 3 ans
j'ai arrêté de fumer .

A chacun son rythme d'épanouissement sur cette terre..

Tu fais preuve de sagesse, moi je ne suis pas sage...

[Invité]

Ah oui au fait c'est Spin qui est (a été ?) problémiste (d'échecs). Qui s'intéresse aux échecs ?

[Cochonfucius]

Cochonfucius trouva un jeu d'échecs magique. Il prit dans sa main droite une tour orange. Cette tour l'hypnotisa et le conduisit dans une forêt située quelque part aux Indes.

Pourquoi les Indes? Tout simplement parce que, dans les profondeurs glauques

http://lutecium.org/stp/cochonfucius/milpodvashique.html

du sous-continent, les pièces des jeux d'échecs magiques cherchent vainement la sagesse. En y faisant venir Cochonfucius, elles avaient l'espoir de mieux progresser sur ce sentier obscur.

Vous êtes seulement des pièces, dit-il. Fou rouge ou autres, quel usage pourriez-vous faire de mes leçons? C'est comme si je perdais mon temps à instruire une grenouille volante.

(Chose qui, par ailleurs, lui arriva au moins une fois).

[Babylon5]

Cochonfucius, j'aime bien tes liens sur les pièces du jeu d'échecs magique.

Mais ce n'est pas pour cela que j'étais venue dans un premier temps : j'étais venue pour dire que je suis lassée d'alexandrin. Je n'ai pas envie de continuer. On pourrai dire que je couche mon roi, mais ce n'est pas un jeu d'achecs. J'ai par contre très envie de me coucher.

[Babylon5]

Je trouve que ça devient chiant. Lourd et chiant.

[Invité]

de coucher ?

[Babylon5]

de coucher ?

Pourquoi ? Tu trouves ça chiant, toi ?
Bon, vais me coucher.

[Invité]

De coucher ou de me coucher !?

la nuance est importante oui ..on s'égare dans nos draps froissés ..
terrain glissant de soie...sur soi .. soit !

N'abandonne pas les alexandrins Babylon five
on reprend son souffle
Avant que la vague ne revienne encore plus puissante ..

[Babylon5]

Dans mon cas, c'était "me coucher". J'ai pondu deux malheureux quatrains, mais ça ne me touche même pas, je les livre à la postériorité :

"Un livre jamais clos, où se sont épanché
Tant d'êtres. Tant de pages noircies où s'amoncèlent
Paroles de sagesse ou propos désabusés...
Les écrits dans leur tout ont valeur éternelle.

Certains livres ne s'oouvrent pas sans tremblements,
Alors que d'autres ne servent qu'à colmater
Des vides sur l'étagère, car ils sont pesants.
Sur le mur du salon ils vont un peu briller"

Ben oui, je me sens obligée de reprendre le thème lancé dans le poème précédent, les rimes aussi... contraignant à la longue. Je finis par me demander quel est le thème, d'ailleurs... au début ça parlait d'aquarelle, on arrive maintenant à autre chose. Bon, demain sera un autre jour... peut-être moins cafardeux, peut-être plus créatif. On verra...

Enfin merci pour tes encouragements, chère Tarentule.

[Invité]

"Un livre jamais clos, où se sont épanché
Tant d'êtres. Tant de pages noircies où s'amoncèlent
Paroles de sagesse ou propos désabusés...
Les écrits dans leur tout ont valeur éternelle.

Certains livres ne s'oouvrent pas sans tremblements,
Alors que d'autres ne servent qu'à colmater
Des vides sur l'étagère, car ils sont pesants.
Sur le mur du salon ils vont un peu briller"

C'est spleen ...c'est beau !
que dire de plus ,

sinon partager, témoin de cette déroute ..

[JO]

Trop de livres , voyez, c'est comme une évidence
On a beau les donner, quand ils sont périmés : on est déjà trop loin, ou ailleurs en partance.
Sur les murs, ils trahissent nos plus chers secrets,
tout un itinéraire personnel indiscret,
Cailloux semés par l'éternel Petit Poucet,
Parfois rectiligne, ou entrelacs d'errances...