émeutes en Grèce
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émeutes en Grèce
ATHENES (AFP) — La tension persistait mardi à Athènes, où contestataires et forces de l'ordre se faisaient face dans le quartier étudiant après une nuit de violences urbaines, la troisième depuis la mort samedi soir dans la capitale grecque d'un adolescent tué par un policier.
Retranchés dans l'Ecole polytechnique, près du musée archéologique national, une centaine de jeunes continuaient de harceler les forces de l'ordre, qui ripostaient par des tirs de lacrymogènes, selon une source policière.
Le calme était par contre revenu dans le reste du centre d'Athènes, théâtre depuis lundi soir et jusque vers 02H30 locales (00H30 GMT) d'affrontements, d'actes de vandalisme et de pillages de dizaines de magasins, banques et équipements publics, dans une atmosphère rendue irrespirable par les gaz lacrymogènes.
La tension était aussi retombée à Salonique et dans les autres villes gagnées lundi soir par la vague de violences et de destructions: Patras, dans le Péloponnèse, Larissa, dans le centre, la Canée, en Crète et Ioannina (nord-ouest).
Les incidents avaient démarré en soirée, en marge de manifestations de protestation contre la bavure policière qui avaient réuni plusieurs milliers de personnes à Athènes et Salonique, à l'appel de la gauche parlementaire.
Le policier qui a tiré sur Alexis Grigoropoulos, 15 ans, après une altercation entre forces de l'ordre et groupes de jeunes dans le quartier athénien d'Exarchia, a été arrêté et inculpé d'"homicide volontaire", tandis que le collègue qui l'accompagnait était appréhendé pour "complicité".
Dans tout le pays, les collèges et lycées resteront fermés mardi en signe de deuil, sur décision du ministère de l'Education, et de nouvelles manifestations sont attendues. A Athènes, les élèves doivent participer à un grand défilé dans le centre-ville à la mi-journée, suivis des enseignants.
Jusque dans le quartier chic de Kolonaki, les carcasses carbonisées de voitures, les alignements de vitrines brisées et les tas de poubelles fumants attestaient mardi matin de la rage des contestataires, que des forces anti-émeutes dispersées et sur la défensive ont échoué à contenir pendant des heures.
A l'issue d'un conseil ministériel de crise peu avant minuit, le ministre de l'Intérieur, Prokopis Pavlopoulos, a défendu le travail des forces de l'ordre, dont les médias dénonçaient l'inefficacité. "La police est présente et fait tout le nécessaire pour protéger la vie humaine et la propriété", a affirmé le ministre.
Le Premier ministre conservateur, Costas Caramanlis, doit dans la matinée informer de la situation le chef de l'Etat et les dirigeants de l'opposition parlementaire de gauche et d'extrême-droite. Pour couper court aux rumeurs, le porte-parole du gouvernement a tenu à démentir lundi soir que ces rencontres visaient à la proclamation de la loi martiale.
Dans un message télévisé à la Nation lundi, M. Caramanlis s'était engagé à ce que l'Etat mette fin aux violences urbaines, condamnant des "événements inacceptables et dangereux" qui "ne peuvent pas être et ne seront pas tolérés".
L'explosion de colère de la jeunesse vient affaiblir son gouvernement, déjà déstabilisé par une série de scandales et les retombées de la crise économique, et désormais devancé dans les sondages, pour la première fois depuis cinq ans, par le grand parti d'opposition socialiste Pasok.
Invité- Invité
Re: émeutes en Grèce
La faute aux anarchistes ?
Les organisations anarchistes ne peuvent à elles seules expliquer l’insurrection de la jeunesse, comme tentent de le faire croire le ministre de l’intérieur Prokopis Pavlopoulos et son premier ministre. Celui-ci vient de lancer un appel à « l’unité nationale » qui ne fut qu’un coup d’épée dans l’eau au regard de la réaction du chef de l’opposition George Papandréou qui a déclaré hier « nous revendiquons le pouvoir ».
Le milieu étudiant grec est très politisé, il ne peut-être réduit à un mouvement « d’autonomes » (ceux-là ont un grand avenir européen comme vient de nous le démontrer l’affaire de la supposée « cellule invisible » en France) comme certains journalistes qui vont un peu vite en besogne le relaient ces derniers jours.
Un contentieux vieux de deux ans
Le contentieux entre la jeunesse et le gouvernement actuel remonte à deux ans. La décision de Constantin Caramanlis de privatiser certains secteurs de l’Université avait alors déclenché un mouvement étudiant très puissant qui se heurta au mépris du pouvoir.
Trois facteurs immédiats expliquent donc l’insurrection. La défaite du « mouvement étudiant », la déshérence de nombreux jeunes diplômés confrontés à une économie exsangue qui ne leur offre que peu de débouchés et enfin un pouvoir d’achat ras des pâquerettes (la « génération à 600 euros » qui fait échos à la « génération à 800 euros » en Espagne et plus largement à toute la jeunesse européenne qui sent le vent du boulet de la crise faire tanguer son avenir).
Il s’agit d’un mouvement d’ensemble et non le fait d’une frange radicale de la jeunesse. Les émeutes se sont étendues à tout le pays, en particulier dans les villes universitaires où les tensions sont les plus fortes : Athènes, Salonique, Larissa, Rhodes, Patras ou Heraklion ; et touchent jusqu’à des quartiers comme Kolonaki, le Neuilly Grec.
Un divorce consommé sur fond de scandales à répétition
En toile de fond, c’est toute la société grecque qui est en instance de divorce avec ses représentants. Les incendies de l’été 2006 n’ont toujours pas été élucidés. La situation économique se dégrade de jour en jour. Les finances publiques sont déficitaires. La dette explose (elle représente aujourd’hui 93,8 % du PIB). Des scandales financiers à répétition touchent jusqu’à l’Eglise et minent le crédit de la Nouvelle Démocratie (ND, premier Parti de droite).
Dernier scandale en date, la ponction de 4 milliards d’euros sur les crédits de l’assurance maladie par le gouvernement qui a « pioché » là où il y avait de l’argent pour honorer ses obligations de remboursements. Résultat, les hôpitaux sont au bord du naufrage, des opérations chirurgicales sont repoussées tous les jours, les pharmacies n’assurent plus le tiers payant, les patients ne peuvent plus se faire rembourser leurs médicaments, le matériel élémentaire commence à manquer comme le notait Alexia Kefalas dans le Figaro.fr le 28 novembre.
Cette inconséquence gouvernementale dans la gestion des comptes publics se double d’une corruption structurelle. Le scandale du Mont Athos (Etat semi autonome théocratique interdit aux femmes, ça existe en Europe) ou encore l’affaire de corruption de la classe politique par Siemens sont les deux derniers avatars d’un système où politique rime avec fric. Dans le premier cas, le puissant monastère de Vatopedi a bénéficié d’un échange inégal avec le gouvernement qui lui a refilé en 2004 des bâtiments flambants neufs construits pour les JO contre huit mille hectares de forêt. Le contribuable grec y a perdu cent millions d’euros. Dans le second cas, Siemens est soupçonné d’avoir graissé la patte à des politiciens locaux et notamment au PASOK (PS grec, au pouvoir de 1996 à 2004) à hauteur de 420 000 euros, 1 million de marks, pour décrocher plus facilement, peu s’en faut, des contrats avec l’opérateur téléphonique grec OTE.
Cette corruption endémique est favorisée par un système politique endogame, dominé par des grandes familles. Exemple : l’oncle de Caramanlis, son homonyme, fut premier ministre durant quatorze ans et président de la république durant dix pour une vie politique active de 60 ans dont onze en exil à Paris de fin 63 à juillet 74 au moment de la chute des colonels).
Une grève politique
La grève générale de vingt-quatre heures d’aujourd’hui fut appelé par les syndicats, dont la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE, 600.000 adhérents) et la Fédération des fonctionnaires (Adedy, 200.000 membres). Ils manifesteront côte à côte pour la première fois. Ayant pour objectif premier de protester contre la politique d’austérité du gouvernement, la corruption et la vie chère, sur fond de crise financière, économique, sociale et maintenant politique, cette grève a pris de facto un cours politique.
De violent affrontements ont lieu en ce moment même (14h) à Salonique et à Athènes où les jets de gaz lacrymogènes répondent aux cocktails Molotov. La conjonction de l’exaspération populaire et de l’insurrection de la jeunesse pousse le PASOK à jeter de l’huile sur le feu en appelant de gouvernement à démissionner, sans pour autant avancer de solutions concrètes à la sortie de crise.
Mouvement des Robins
La crise que traverse la Grèce est la première de ce genre dans l’Europe « post début de crise ». Car la Grèce ne vit pas une situation exceptionnelle. La récente apparition d’un « Mouvement des Robins » qui se servent dans les supermarchés pour nourrir une partie de la population est emblématique de l’extension de la pauvreté en Grèce, mais aussi dans tous les pays développés où les associations de charité distribuant de la nourriture aux plus démunis ont vu leur fréquentation exploser (plus 30% pour les restos du cœur par exemple).
La confrontation directe à laquelle le gouvernement grec doit faire face crée une situation des plus incertaines, en Grèce, mais aussi en Europe où tous les gouvernements font face à contexte social et économique relativement similaire.
source
Les organisations anarchistes ne peuvent à elles seules expliquer l’insurrection de la jeunesse, comme tentent de le faire croire le ministre de l’intérieur Prokopis Pavlopoulos et son premier ministre. Celui-ci vient de lancer un appel à « l’unité nationale » qui ne fut qu’un coup d’épée dans l’eau au regard de la réaction du chef de l’opposition George Papandréou qui a déclaré hier « nous revendiquons le pouvoir ».
Le milieu étudiant grec est très politisé, il ne peut-être réduit à un mouvement « d’autonomes » (ceux-là ont un grand avenir européen comme vient de nous le démontrer l’affaire de la supposée « cellule invisible » en France) comme certains journalistes qui vont un peu vite en besogne le relaient ces derniers jours.
Un contentieux vieux de deux ans
Le contentieux entre la jeunesse et le gouvernement actuel remonte à deux ans. La décision de Constantin Caramanlis de privatiser certains secteurs de l’Université avait alors déclenché un mouvement étudiant très puissant qui se heurta au mépris du pouvoir.
Trois facteurs immédiats expliquent donc l’insurrection. La défaite du « mouvement étudiant », la déshérence de nombreux jeunes diplômés confrontés à une économie exsangue qui ne leur offre que peu de débouchés et enfin un pouvoir d’achat ras des pâquerettes (la « génération à 600 euros » qui fait échos à la « génération à 800 euros » en Espagne et plus largement à toute la jeunesse européenne qui sent le vent du boulet de la crise faire tanguer son avenir).
Il s’agit d’un mouvement d’ensemble et non le fait d’une frange radicale de la jeunesse. Les émeutes se sont étendues à tout le pays, en particulier dans les villes universitaires où les tensions sont les plus fortes : Athènes, Salonique, Larissa, Rhodes, Patras ou Heraklion ; et touchent jusqu’à des quartiers comme Kolonaki, le Neuilly Grec.
Un divorce consommé sur fond de scandales à répétition
En toile de fond, c’est toute la société grecque qui est en instance de divorce avec ses représentants. Les incendies de l’été 2006 n’ont toujours pas été élucidés. La situation économique se dégrade de jour en jour. Les finances publiques sont déficitaires. La dette explose (elle représente aujourd’hui 93,8 % du PIB). Des scandales financiers à répétition touchent jusqu’à l’Eglise et minent le crédit de la Nouvelle Démocratie (ND, premier Parti de droite).
Dernier scandale en date, la ponction de 4 milliards d’euros sur les crédits de l’assurance maladie par le gouvernement qui a « pioché » là où il y avait de l’argent pour honorer ses obligations de remboursements. Résultat, les hôpitaux sont au bord du naufrage, des opérations chirurgicales sont repoussées tous les jours, les pharmacies n’assurent plus le tiers payant, les patients ne peuvent plus se faire rembourser leurs médicaments, le matériel élémentaire commence à manquer comme le notait Alexia Kefalas dans le Figaro.fr le 28 novembre.
Cette inconséquence gouvernementale dans la gestion des comptes publics se double d’une corruption structurelle. Le scandale du Mont Athos (Etat semi autonome théocratique interdit aux femmes, ça existe en Europe) ou encore l’affaire de corruption de la classe politique par Siemens sont les deux derniers avatars d’un système où politique rime avec fric. Dans le premier cas, le puissant monastère de Vatopedi a bénéficié d’un échange inégal avec le gouvernement qui lui a refilé en 2004 des bâtiments flambants neufs construits pour les JO contre huit mille hectares de forêt. Le contribuable grec y a perdu cent millions d’euros. Dans le second cas, Siemens est soupçonné d’avoir graissé la patte à des politiciens locaux et notamment au PASOK (PS grec, au pouvoir de 1996 à 2004) à hauteur de 420 000 euros, 1 million de marks, pour décrocher plus facilement, peu s’en faut, des contrats avec l’opérateur téléphonique grec OTE.
Cette corruption endémique est favorisée par un système politique endogame, dominé par des grandes familles. Exemple : l’oncle de Caramanlis, son homonyme, fut premier ministre durant quatorze ans et président de la république durant dix pour une vie politique active de 60 ans dont onze en exil à Paris de fin 63 à juillet 74 au moment de la chute des colonels).
Une grève politique
La grève générale de vingt-quatre heures d’aujourd’hui fut appelé par les syndicats, dont la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE, 600.000 adhérents) et la Fédération des fonctionnaires (Adedy, 200.000 membres). Ils manifesteront côte à côte pour la première fois. Ayant pour objectif premier de protester contre la politique d’austérité du gouvernement, la corruption et la vie chère, sur fond de crise financière, économique, sociale et maintenant politique, cette grève a pris de facto un cours politique.
De violent affrontements ont lieu en ce moment même (14h) à Salonique et à Athènes où les jets de gaz lacrymogènes répondent aux cocktails Molotov. La conjonction de l’exaspération populaire et de l’insurrection de la jeunesse pousse le PASOK à jeter de l’huile sur le feu en appelant de gouvernement à démissionner, sans pour autant avancer de solutions concrètes à la sortie de crise.
Mouvement des Robins
La crise que traverse la Grèce est la première de ce genre dans l’Europe « post début de crise ». Car la Grèce ne vit pas une situation exceptionnelle. La récente apparition d’un « Mouvement des Robins » qui se servent dans les supermarchés pour nourrir une partie de la population est emblématique de l’extension de la pauvreté en Grèce, mais aussi dans tous les pays développés où les associations de charité distribuant de la nourriture aux plus démunis ont vu leur fréquentation exploser (plus 30% pour les restos du cœur par exemple).
La confrontation directe à laquelle le gouvernement grec doit faire face crée une situation des plus incertaines, en Grèce, mais aussi en Europe où tous les gouvernements font face à contexte social et économique relativement similaire.
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