Sagesse du pluvian
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mikael
Cochonfucius
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Lac en pente
image de l'auteur
C’est un grand lac, près d’un petit bocage;
Un tel plan d’eau est rare sous nos cieux
Et peu fréquent, d’ailleurs, en d’autres lieux,
Car il s’élève au-dessus de l’herbage.
L’humble pêcheur, en quittant les ombrages,
Le doit gravir, ce qu’il fait de son mieux,
(Mais son bateau est peut-être un peu vieux) ;
L’apaisement se lit sur son visage.
Tout au sommet, le lac dessine un coin,
Mais les poissons si haut ne montent point :
Par aucun d’eux, cette eau n’est estimée.
Le pêcheur vit ici depuis longtemps,
Il a vu plus de soixante printemps
Qui du bocage ont fleuri la ramée.
Seigneur des bêtes à cornes
image de l'auteur
Du lourd seigneur cornu, les intuitions sont fines ;
Il descend au matin de sa verte colline,
Guettant des étourneaux les vols entrecroisés
Quand ils partent chasser dans les cieux irisés.
Que lui apprends-tu donc, lecture matinale ?
Peut-être la venue d'un ermite en sandales,
Le reverdissement des feuilles du bouleau,
L'errance du bois mort qui flotte au fil de l'eau...
Le veux seigneur cornu bien rarement s'épanche,
Vers le temple ancestral menant sa toison blanche,
La vestale pourra l'entourer de ses bras,
L'accueilant d'un sourire et de soins délicats.
Nef des avettes
image de l'auteur
Des avettes de mer le bourdonnant rideau
Qui assombrit le ciel, semble annoncer la pluie ;
Je ne sais vers quel port ces butineuses fuient,
Mais leur nef hardiment s’avance sur les eaux.
Je ne sais quelle carte occupe leur cerveau,
Sur quel curieux atlas leur démarche s’appuie ;
Le vol de l’éclaireuse, une calligraphie
Aérienne, est pour moi signe de renouveau.
Que de sagesse dans vos petites personnes !
Vous produisez chez vous le miel de chaque jour ;
Les fardeaux emportés ne vous semblent pas lourds.
Ah, si je comprenais votre jargon qui sonne
Pour un denier adieu à la mer qui s’endort,
Mon coeur de vieux rimeur en deviendrait plus fort.
Dame de Nouvelle-Aquitaine
image de l'auteur
Tu règnes sur Bordeaux, Mérignac et Talence,
Sur la dune au Ponant s'élevant vers le ciel,
Sur le bourg charentais qui se nomme Valence,
Le château de Pomport où l'on fait du bon miel,
La ville de Lormont où fleurissent les roses,
La commune d'Aujac, la paroisse d'Arvert,
Arcachon, Cap-Ferret où les gens se reposent,
Saint-Cybardeau, Saint-Fort, Roumazières-Loubert,
Labouheyre, Labrit, Biscarosse la verte,
L'étrange Marcellus au drapeau mis en pal,
Angoulême la grande, au bédévore ouverte,
Saint-Émilion qui donne un pinard sans rival.
Zoopsie vespérale
image de l'auteur
L'ermite qui menait sa vie sans aventures
Attira, de ce fait, l'attention d'un démon ;
Celui-ci construisit une croix en limon
Dont surgissaient souvent d'ignobles créatures.
Or, l'ermite possède une âme qui endure
Les tourments les plus noirs, ceux que nous estimons
Capables de gâcher tout ce que nous aimons ;
Et tout cela, pour lui, n'est que douce pâture.
C'est ainsi qu'il parvint à vexer le Malin,
Qui se mit à cracher comme un furieux félin
(Ou comme un grand prophète en face d'un athée).
L'ermite, en souvenir des curieux animaux,
Fit un texte où l'histoire est sobrement contée,
Dont, sur son mur de pierre, il a gravé les mots.
Actinoptérygien solaire
image de l'auteur
C'est un grand poisson solaire
Que l'on trouve aux mers polaires,
On peut le voir, dérivant
Comme un glaçon, bien souvent.
Il offrit à son amante
Un coquillage qui chante,
D'un modèle assez courant :
Un bigorneau murmurant.
Ce poisson, plein de paresse,
S'abandonne à des caresses ;
Son esprit n'est pas subtil,
Et d'ailleurs, qu'en ferait-il ?
馬牛羊雞狗猪 == Six compagnons
image de l'auteur
Cheval de son état sauvage n’a regret ;
Avec son cavalier, il arpente le monde,
La folle brise joue dans sa crinière blonde.
Taureau n’est pas aussi méchant qu’il n’y paraît ;
Si, rabaissant sa corne, il demeure en arrêt,
À ses airs menaçants, que ta douceur réponde !
Mouton, c’est l’animal le plus docile au monde,
Même si son appel n’est pas des plus discrets.
Coq est trop fier de lui pour vouloir des caresses,
Trop épris du soleil pour vivre avec paresse.
Chien te sera loyal, car il veut être aimé,
Tu peux lui demander n’importe quel service.
Or, Cochon, s’apprêtant à faire nos délices,
N’est, des six compagnons, pas le moins estimé.
Ambidindon
image de l'auteur
Ambidindon, tais-toi, je dors !
L'aurore à peine rosit-elle
Que tu vas déployant tes ailes,
Et tu n'as pas une voix d'or.
Va donc plutôt voir ma cousine,
Va donc amuser ses enfants ;
Sonne-leur de ton olifant,
Va te nourrir dans leur cuisine.
Prends donc le large, ambidindon,
Va parler à ton ambidinde ;
Et moi, ma porte, je la blinde,
Va retrouver l'iguanodon.
Le seigneur de Bételgeuse
image de l'auteur
Il règne sur l’étoile et ses douze planètes,
Il ordonne leurs jours et préside à leur sort ;
Car lui seul peut juger les vivants et les morts,
Les errants, les bandits et les sujets honnêtes.
Les vierges du couvent, priant Sainte Ginette,
Font des voeux pour ce maître et redresseur de torts ;
Écoutant leur murmure, il s’allonge et s’endort,
Bénissant de sa main ces charmantes nonnettes.
Tandis que son esprit dans le sommeil se noie
Un rêve familier lui apporte la joie ;
Alors, au coeur du songe, il aligne des vers.
Son somme n’est jamais troublé par les moustiques,
Il est protégé par des plantes fantastiques
Jusqu’à la tendre aurore et jusqu’au matin clair.
Langue des noeuds
image de l'auteur
Un noeud est expressif, comme un être vivant ;
Ainsi vont des Incas les scribes écrivant,
Ils tissent des romans d'une belle envergure,
Ou des livres matheux aux multiples figures.
Mais d'où ces jolis noeuds sont-ils jadis venus ?
D'un obscur éleveur, d'un sorcier inconnu ?
Un jour, qui sait quel jour, ils ont jailli de l'ombre,
Tordant magiquement le fil clair, le fil sombre.
Viennent-ils d'un savant, chercheur de haut niveau ?
Viennent-ils d'un poète au modeste cerveau. ?
Ils sont, tout simplement, des images des choses
Pour les traduire en code, et les transcrire en prose.
Charmeur de démons
image de l'auteur
Nicolas, non content d’exercer la prêtrise,
Soumet quelques démons, mais sans sévérité;
Loin de les effrayer avec sa sainteté
Il leur permet à tous de danser dans l’église.
Il sait, pour les tenir, l’incantation précise ;
S’ils passent la limite, il peut les arrêter,
Ce ne sont des voyous ni des enfants gâtés,
Mais de bons paroissiens, vois-tu, quoi qu’on en dise.
Au vieux bénitier sont grenouilles attachées,
Craignant que leur ferveur par eux soit empêchée :
Tout démon leur déplaît, cela n’est pas nouveau.
Or, Nicolas déploie sa patience infinie
Pour installer dévote et diable en harmonie,
Comme on enseigne au chien à ne pas mordre un veau.
Arche polychrome
image de l'auteur
Des Bouddhas, l’arche n’est pas sombre ;
Ils sont trois, car j’aime ce nombre :
Quand vient le soir
Le premier, dissipant les ombres,
Tient un miroir.
Le deuxième observe la lande
D’où sont venues tant de légendes ;
On peut le voir
Rajuster sa robe trop grande,
Comme un peignoir.
Le troisième parle aux ancêtres
Et les aide à fixer leurs guêtres ;
Gens du terroir,
Vous irez consulter, peut-être,
Son grand savoir.
Le seigneur de Fomalhaut
image de l'auteur
Il porte un sceptre d’or, qui jamais ne se brise ;
Il a son confesseur, auquel vont ses aveux,
Ganymède mignon qui brosse ses cheveux
De sorte qu’au jardin, ils volent dans la brise.
Quand ils sont seul à seul, leurs regards s’électrisent,
La flamme parcourant leur système nerveux
Brille plus, mille fois, que de l’astre les feux ;
Un maître, un échanson qui l’un l’autre se grisent.
Altaïr et Véga resplendissent aux cieux,
Mais Fomalhaut a plus de splendeur à nos yeux ;
On l’observe de loin, même à travers la brume,
Rassasié, le seigneur pousse un léger soupir ;
Partageant avec lui d’élégants souvenirs,
Ganymède se sent léger comme une plume.
Re: Sagesse du pluvian
Question musicalité de ces "poèmes", on repassera.
mikael- Seigneur de la Métaphysique
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Date d'inscription : 27/09/2012
Re: Sagesse du pluvian
Ce sont de simples exercices de style, ils n'ont aucune vocation d'excellence.
Miroir d'ancre
image de l'auteur
Cette belle ancre offre un miroir
Où le marin s'amuse à voir
Un univers imaginaire
Qui jamais n'a connu la guerre.
D'une bouteille le doux chant
Évoque des instants touchants ;
D'un grand navire de passage
S'est embelli le paysage.
Cette grande ancre de métal
N'impose pas d'ordre total
Aux reflets du monde ordinaire ;
Ça, c'est pour les miroirs primaires.
Nef qui vole
image de l'auteur
Comme un vaillant nageur qui gonfle sa poitrine,
J’ouvre, au-dessus de moi, mes voiles en beauté ;
Les poissons de la mer, dans leur diversité,
Sont curieux de savoir quel intrus les domine.
Est-ce le transporteur d’une flamme divine,
Est-ce le poursuivant de forbans agités ?
Plus d’un poisson s’alarme, et craint la cruauté
D’un nouveau prédateur, effrayante vermine.
J’ai franchi l’horizon, nul ne peut plus me voir,
Car tel fut, de tout temps, mon étrange pouvoir :
Celui de traverser le Ponant qui s’enflamme.
De l’océan profond, j’entends battre le coeur ;
J’oublie tous les plaisirs et toutes les douleurs,
Dans mille ans, les marins verront voler mon âme.
Pyramide du crabe
image de l'auteur
Voyez ce monument énorme,
De la couleur du beurre frais ;
Il s’y loge un crabe difforme
Qui n’est pas plus beau, vu de près.
Mais sa pyramide a du style ;
Avec ses outils de métal
Et sans trop d’efforts inutiles,
Il fit ce lieu sacerdotal.
Admirez l’étrange prodige,
Ce crabe n’agit pas en vain ;
Il a triomphé du vertige
Et mené l’oeuvre à bonne fin.
Visages multiples
image de l'auteur
Visages assemblés, chargés d’indifférence,
Sont-ils une dizaine, ou sont-ils des millions ?
Ni dans la soumission, ni dans la rébellion,
Sereine et méditante est leur intelligence.
Ils choisissent leurs mots sans qu’aucun Pygmalion
Ne leur ait exposé le sens des convenances ;
Ils reposent, conscients de leur impermanence,
Sans dicter de message au moindre tabellion.
Le silence constant les grise et les délivre ;
Au passé, au présent, au lointain avenir
Cette absence de voix peut, certes, convenir.
À leur coeur épargnant la fatigue de vivre,
Ils habitent ces lieux, tous calmes, tous pareils,
Et notre éveil, pour eux, n’est qu’un pauvre sommeil.
Cervidés grimpeurs
image de l'auteur
Grimpons au soleil, grimpons sous la lune,
Grimpons à cet arbre, il fait bon, là-haut.
Nous nous déplaçons dans la forêt brune
Comme se déplace un poisson dans l’eau ;
Galope sur l'herbe et cours sur la dune ;
Puis monte au mur noir, au tronc du bouleau,
Car c'est en hauteur qu'on cherche fortune,
Tant pis s'il fait froid, tant pis s'il fait chaud.
C'est nous les malins, les grimpeurs qui passent
Où l'humain balourd point ne passerait ;
Mais il prétendra, pour sauver la face,
Que son corps pesant s'envole, en secret.
Un coing tranquille
image de l'auteur
Ô coing béni des cieux, favori de Narcisse,
La décomposition ne saurait te toucher :
Au rameau verdoyant, tu te tiens attaché,
Tu as mûri longtemps sur un arbre propice,
Sur toi fut un brouillard benfaisant épanché,
Et tu l’as mérité, ce n’était que justice.
Les insectes gloutons t’épargnent leurs supplices ;
Tu es plus délicat que le fruit du pêcher.
Ô qui pourra goûter ta saveur nonpareille,
Qui te possédera, fabuleuse merveille ?
Celui qui te détient, que son pouvoir est fort !
De ta maturation, que mon âme a suivie,
Je sais que de longtemps n’en adviendra la mort :
Un coing de bon aloi doit faire une eau-de-vie.
Re: Sagesse du pluvian
"la décomposition ne saurait te toucher" ; "un coing de bon aloi doit faire une eau-de-vie" : pitié, arrêtez ce massacre, c'est de la fausse poésie qui pèse des tonnes, sans une once de musique ou d'inspiration.
mikael- Seigneur de la Métaphysique
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Date d'inscription : 27/09/2012
Re: Sagesse du pluvian
Je reviens à mon explication du 19 novembre, il s'agit de quelques exercices de versification, peu importe que ce soit ou non perçu comme de la poésie.
Papeloup
image de l'auteur
C'est un grand papeloup, de son sang le dernier ;
Il passe tout son temps dans sa chapelle peinte,
Isolée sur la lande, entourée d'un charnier
Qui abrite, dit-on, quelques reliques saintes.
Son âme fatiguée n'est pas au désespoir,
Il a bien employé son temps sur cette terre ;
Les serviteurs n'ont pas repeint les murs en noir
Ni couvert les vitraux d'une tenture austère.
Un cadavre, parfois, entre au charnier béant,
Il semble satisfait d'habiter dans ce gouffre,
Allongé sur son dos, contemplant le néant.
Autour du papeloup flotte un parfum de soufre.
Nef rapiécée
image de l'auteur
Au large de la côte, où le soleil se couche,
On la voit prendre un cap et longtemps le tenir ;
Les terriens dans le port n’ont pu la retenir,
Elle veut voir les eaux qui à l’horizon touchent.
La route maritime en d’autres lieux débouche,
Dont nul navigateur ne garde souvenir ;
Aussi ne sont-ils pas certains d’y revenir,
Mais tel est leur destin, nul ne s’en effarouche.
En ce soir assombri, marins jeunes et vieux
Sur le pont du vaisseau s’activent de leur mieux;
À leur table ils auront homards et langoustines.
Au grand large, ils n’auront pas souvent de repos,
Mais resteront pourtant des marins bien dispos,
Le corps entretenu par la saine routine.
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