Certaines femmes face au jihad.

[jlouisalpha]

C'est dans son salon à Bruxelles que l'islamiste Malika el-Aroud blogue et lance des appels au jihad contre les forces étrangères en Irak et en Afghanistan.

De Marc Thibodeau, La Presse, Paris

Une ressortissante belge de 48 ans, Malika el-Aroud, lance de Bruxelles des appels au jihad contre les forces étrangères en Irak et en Afghanistan par l'entremise d'un site internet hébergé au Canada.

La femme d'origine marocaine, qui a connu bien des démêlés judiciaires, est l'un des membres les plus sollicités sur minbar-sos.com, où dialoguent des centaines de militants fondamentalistes.

«Je souhaite de toutes mes forces et je prie pour cela chaque jour intensément afin que nos soldats massacrent ces porcs d'amerloks (sic) et leurs alliés», a écrit récemment Mme el-Aroud dans un message accessible sur le site, qui montre, sur sa page frontispice, des images d'attentats réussis contre les forces américaines et britanniques.

Le site met aussi bien en évidence un récent article de l'International Herald Tribune (IHT), qui décrit la militante comme «l'un des plus importants cyberjihadistes d'Europe».

Mme el-Aroud, qui se dit constamment surveillée par la police belge, doit une large part de sa notoriété à son ex-mari, Abdessater Dahmane. Ce sympathisant d'Al-Qaeda est l'un des auteurs de l'attentat ayant causé la mort du commandant afghan Ahmad Shah Massoud à la veille des attentats du 11 septembre 2001.

Dans un livre intitulé Les soldats de la lumière, elle relate qu'elle était allée rejoindre son conjoint en Afghanistan à l'époque sans savoir ce qu'il préparait. Et qu'elle doit sa vie aux combattants arabes fidèles au leader d'Al-Qaeda, Oussama ben Laden, qui la libéreront des forces de Massoud après l'attentat avant de faciliter son retour en Europe.

Les «véritables terroristes», écrit-elle, se trouvent dans cet Occident «qui ne cesse de bombarder tous ceux qui cherchent à (lui) résister.»

Mme el-Aroud s'est remariée ensuite avec un autre fondamentaliste, Moez Garsalloui. Le couple, établi en Suisse, mettra sur pied divers sites internet comportant des liens vers des messages islamistes radicaux ainsi que des images de torture et de mise à mort de détenus.

Leur contenu conduira les autorités à entreprendre en 2005 des poursuites pour «soutien à une organisation criminelle», en l'occurrence Al-Qaeda, et «complicité de représentation de la violence».

Mme el-Aroud, condamnée à six mois de prison avec sursis, rentre par la suite en Belgique où elle poursuit ses écrits. Avant d'être arrêtée à la fin de l'année dernière avec 13 autres personnes soupçonnées d'avoir comploté pour faire libérer un islamiste détenu en Belgique. Le groupe sera rapidement relâché, faute de preuves.

Un document juridique souligne que le site à l'origine de sa condamnation en Suisse, minbar-sos.com, a été fermé en février 2005 sur ordre du ministère public.

Le nouveau site portant le même nom, selon les renseignements disponibles en ligne, a été ouvert en février 2006. Il est hébergé au Canada sur un serveur qui appartient à une entreprise de New York, Peer1 Network. Hier, un employé de l'entreprise s'est dit incapable de préciser si des plaintes avaient été reçues à son sujet ou s'il contrevenait au code de conduite des usagers.

Légitime de cibler des civils

La Presse a tenté en vain d'entrer en contact avec Malika el-Aroud. L'un des «membres séniors» du site a répondu qu'elle ne souhaitait plus accorder d'entrevues.

L'homme de 25 ans a déclaré, sous le couvert de l'anonymat, que «soeur Malika» jouait un rôle bénéfique pour les musulmans en Europe mais que son apport au «jihad actif» était exagéré par les médias. «Elle ne joue aucun rôle sur le plan logistique et opérationnel», a-t-il assuré.

Dans un long courriel, ce militant s'est réjoui que les combats contre les «forces chrétiennes» en Irak et en Afghanistan se déroulent «à merveille» et que les «troupes d'invasion» dans le sud de ce dernier pays subissent des pertes de plus en plus importantes. L'armée canadienne a annoncé cette semaine la mort d'un 84e soldat canadien dans la région.

L'interlocuteur de La Presse a aussi soutenu qu'il était légitime de cibler des civils dans les pays occidentaux car les personnes appuyant, par leur vote ou leur impôt, des «campagnes d'agression contre les musulmans» sont assimilables, selon lui, à des «combattants».

Malika el-Aroud, qui se décrit comme une femme d'une «gentillesse rarissime», insistait dans son entrevue au IHT sur le fait qu'elle n'a aucune intention de commettre des attentats.

«Ce n'est pas mon rôle de déclencher des bombes, c'est ridicule. J'ai une arme, c'est l'écriture... C'est mon jihad... L'écriture est aussi une bombe», a-t-elle souligné.

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Femmes et jihad

De «plus en plus» de femmes musulmanes rejoignent des groupes islamistes radicaux en participant activement aux affrontements, préviennent des analystes spécialisés. Farhani Ali, de la Rand Corporation, affirme que leur rôle traditionnel de soutien a été sensiblement élargi au cours des dernières années, au point d'inclure «la technique de plus en plus acceptée des attentats suicide». Le recrutement des femmes est facilité par l'internet, qui leur permet de développer des contacts dans des forums en ligne fréquentés par des groupes radicaux, souligne-t-elle. Le journaliste anglais Jason Burke, auteur d'un livre de référence sur Al-Qaeda, prévient qu'il faut prendre garde d'exagérer l'importance des femmes dans les réseaux jihadistes. «Globalement, il est vrai qu'il y en a plus que par le passé. Mais elles demeurent très minoritaires. L'idée de leur montée en puissance, c'est un peu la saveur du mois (dans les médias)», ironise-t-il.

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[ElBilqîs]

tiens, pourquoi donc l'appelle-t-on "soeur " malika? elle s'est convertie?