Kateb Yacine
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FORUM METAPHYSIQUE :: LA BIBLIOTHEQUE :: Livres autour des questions métaphysiques et Littérature générale
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Kateb Yacine
Le livre qui a fait connaitre le plus grand écrivain de l'Afrique du nord.
Interview de cet écrivain courageusement anti-islam
Interview de cet écrivain courageusement anti-islam
yacoub- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Kateb Yacine
Bonjour yacoub, j'ai écouté cette vidéo. J'ai déjà dit ce que je pensais de lui, je n'en ferais pas plus ici mais je voudrais tout de même souligner cette confusion qu'il entretient au sujet de sa langue maternelle. Je suis de la même région que lui, et notre langue n'était pas l'arabe. Elle a été par la suite, contrainte et forcée par les politique sur le peuple. Tout comme la réforme agraire, cette colonisation de la langue par l'arabe a été comme une lente mort de ce qui restait de l'identité algérienne. Bref, juste pour dire que l'arabe n'était certainement pas sa langue maternelle. Bien à toi
ahmed II- Jeune Padawan
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Re: Kateb Yacine
Si tu as lu sa longue interview dont j'ai donné le lien, Kateb Yacine reconnait qu'il n'est pas arabe et que la colonisation islamique est la pire des colonisations car elle dure depuis 13 siècles.
Je sais que le père de Kateb maîtrisait l'amazigh et même l' hébreux.
Mais sa mère était arabophone. Il s'est quand même mis à l'apprentissage de l'amazigh pour traduire ses pièces dans cette langue.
Je sais que le père de Kateb maîtrisait l'amazigh et même l' hébreux.
Mais sa mère était arabophone. Il s'est quand même mis à l'apprentissage de l'amazigh pour traduire ses pièces dans cette langue.
yacoub- Seigneur de la Métaphysique
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Re: Kateb Yacine
Oui, j'ai écouté toute l'interview ici postée mais je n'ai pas entendu mention de ce que tu écris. Qu'entends-tu par arabophone? À Constantine on parlait l'Algérien, dans mon enfance (jusque dans les années 75 du moins). Seulement la TV était en Arabe puis le gouvernement a institutionnalisé cette langue dans les écoles. J'ai évité tant que j'ai pu de m'y conformé en allant dans un lycée français, puis j'ai tout lâché. J'ai tiré un trait sur l'éducation académique.
ahmed II- Jeune Padawan
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Re: Kateb Yacine
J'ai bien dit que c'est ici que Kateb regrette l'islamisation et l'arabisation de l'Algérie.
La mère de Kateb parlait la langue arabe courante remplie de mots amazighs et de français, exemple "crasato tomobile".
La mère de Kateb parlait la langue arabe courante remplie de mots amazighs et de français, exemple "crasato tomobile".
yacoub- Seigneur de la Métaphysique
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Date d'inscription : 26/11/2010
Re: Kateb Yacine
Sorry, je n'avais pas vu ce lien. Merci, je le lirai plus tard.
ahmed II- Jeune Padawan
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Re: Kateb Yacine
Reste pas planté là, il reviendra pas.
_bradou- EXCLU DU FORUM
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Re: Kateb Yacine
Ce matin j'ai lu cet entretien. Excellent! (sauf que... mais on verra plus tard.)
ahmed II- Jeune Padawan
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Date d'inscription : 25/06/2011
Re: Kateb Yacine
Citations de Kateb Yacine
«L' Algérie arabo-islamique est une Algérie contre-nature, une Algérie qui est contraire à elle-même.
C'est une Algérie qui s'est imposée par les armes, car l'islam ne se développe pas avec des bonbons et des roses, il se développe avec des larmes et du sang.
Il croît dans l'oppression, la violence, le mépris, par la haine et les pires humiliations que l'on puisse faire à l'homme.»
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Cette propension à la liberté chez une femme avait de quoi ameuter les belliqueuses revendications de tous les mâles , décidés à châtier sans pitié toute tentative féminine en vue de l'émancipation devenue lettre morte et objet de risée - tout le pays demeurant arc-bouté à cette seule dignité que personne n'osait remettre en question: parquer les femmes et les élever comme des vers à soie, puis les laisser mourir dans le suaire blanc dont on les enveloppait dès la fin de l'enfance.»
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c’est l’arabo-islamisme qui a abouti à l’asservissement et à la dégradation de la femme chez nous
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"Et l’aliénation vient de la religion, encore une fois.
De la même manière, quand on présente la Kahina comme une juive, qu’est-ce que cela veut dire ?
Ça, c’est une invention des Arabes.
Parce que, pour des Arabes et pour des musulmans, être juif, c’est être le diable.
C’est une manière de lui coller une autre religion.
Et, de toute façon, elle n’est pas entrée dans l’histoire comme ça.
Si elle était entrée dans l’histoire comme juive, ça se saurait.
La Kahina n’est pas entrée dans l’histoire parce qu’elle aurait lutté pour le judaïsme...
A ma connaissance, non.
Elle est entrée dans l’histoire comme nationaliste.
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Mais ces religions ont toujours joué un rôle néfaste.
Il faut s’y opposer avec la dernière énergie.
On les voit maintenant à l’œuvre.
On les voit en Israël, en Palestine, on les voit partout.
Ces trois religions monothéistes font le malheur de l’humanité.
Ce sont des facteurs d’aliénation profonde.
Voyez le Liban. Ça se passe devant nous. Regardez le rôle des chrétiens, des musulmans et des juifs.
Il n’y a pas besoin de dessin.
Ces religions sont profondément néfastes et le malheur de nos peuples vient de là.
Le malheur de l’Algérie a commencé là.
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Nous avons parlé des Romains et des chrétiens.
Maintenant, parlons de la relation arabo-islamique ; la plus longue, la plus dure, la plus difficile à combattre.
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L’Algérie arabo-islamique, c’est une Algérie contre elle-même, une Algérie étrangère à elle-même.
C’est une Algérie imposée par les armes, parce que l’islam ne se fait pas avec des bonbons et des roses.
Il s’est fait dans les larmes et le sang, il s’est fait par l’écrasement, par la violence, par le mépris, par la haine, par les pires abjections que puisse supporter un peuple.
On voit le résultat.
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c’est l'arabo-islamisme qui a abouti à l'asservissement et à la dégradation de la femme chez nous.
C’est très clair. Je ne vois d'autre source que celle-là. Je n'en vois pas d’autres. Au nom de quoi ? Comment se fait-il qu’un peuple qui a été dirigé par une femme puisse aujourd’hui être ce qu’il est ?
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Je connais une femme qui veut divorcer parce que son mari a pris une seconde femme et qu’il veut la lui imposer chez elle. Elle veut demander le divorce. Or jamais le procureur n’a voulu la recevoir.
J’ai vu une fois de mes propres yeux, ici, au Clos Salembier, une femme sauvagement battue, en pleine rue, à coups de pied dans le ventre, devant tout le monde, à midi. Personne n’a bougé. Pourquoi ?
Parce qu’elle lui appartient, c’est sa femme. Il en fait ce qu’il veut.
On ne pourrait jamais voir ça dans aucun autre pays du monde.
Ici on appelle ça "être un homme" !
Est-ce que ça fait partie de ce que nous sommes réellement ?
c’est l’apport de l’arabo-islamisme.
C’est ça la fameuse redjla, le culte de la virilité, le culte de la force, le culte de la violence.
On pourrait trouver d’autres exemples : le fait d’assimiler le travail à la prostitution, et beaucoup d’autres choses qui se passent chez nous et qui montrent bien comment l’arabo-islamisme devient la chaîne qu’il faut briser.
Il est ce qui corrompt tout, ce qui souille tout.
«L' Algérie arabo-islamique est une Algérie contre-nature, une Algérie qui est contraire à elle-même.
C'est une Algérie qui s'est imposée par les armes, car l'islam ne se développe pas avec des bonbons et des roses, il se développe avec des larmes et du sang.
Il croît dans l'oppression, la violence, le mépris, par la haine et les pires humiliations que l'on puisse faire à l'homme.»
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Cette propension à la liberté chez une femme avait de quoi ameuter les belliqueuses revendications de tous les mâles , décidés à châtier sans pitié toute tentative féminine en vue de l'émancipation devenue lettre morte et objet de risée - tout le pays demeurant arc-bouté à cette seule dignité que personne n'osait remettre en question: parquer les femmes et les élever comme des vers à soie, puis les laisser mourir dans le suaire blanc dont on les enveloppait dès la fin de l'enfance.»
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c’est l’arabo-islamisme qui a abouti à l’asservissement et à la dégradation de la femme chez nous
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"Et l’aliénation vient de la religion, encore une fois.
De la même manière, quand on présente la Kahina comme une juive, qu’est-ce que cela veut dire ?
Ça, c’est une invention des Arabes.
Parce que, pour des Arabes et pour des musulmans, être juif, c’est être le diable.
C’est une manière de lui coller une autre religion.
Et, de toute façon, elle n’est pas entrée dans l’histoire comme ça.
Si elle était entrée dans l’histoire comme juive, ça se saurait.
La Kahina n’est pas entrée dans l’histoire parce qu’elle aurait lutté pour le judaïsme...
A ma connaissance, non.
Elle est entrée dans l’histoire comme nationaliste.
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Mais ces religions ont toujours joué un rôle néfaste.
Il faut s’y opposer avec la dernière énergie.
On les voit maintenant à l’œuvre.
On les voit en Israël, en Palestine, on les voit partout.
Ces trois religions monothéistes font le malheur de l’humanité.
Ce sont des facteurs d’aliénation profonde.
Voyez le Liban. Ça se passe devant nous. Regardez le rôle des chrétiens, des musulmans et des juifs.
Il n’y a pas besoin de dessin.
Ces religions sont profondément néfastes et le malheur de nos peuples vient de là.
Le malheur de l’Algérie a commencé là.
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Nous avons parlé des Romains et des chrétiens.
Maintenant, parlons de la relation arabo-islamique ; la plus longue, la plus dure, la plus difficile à combattre.
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L’Algérie arabo-islamique, c’est une Algérie contre elle-même, une Algérie étrangère à elle-même.
C’est une Algérie imposée par les armes, parce que l’islam ne se fait pas avec des bonbons et des roses.
Il s’est fait dans les larmes et le sang, il s’est fait par l’écrasement, par la violence, par le mépris, par la haine, par les pires abjections que puisse supporter un peuple.
On voit le résultat.
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c’est l'arabo-islamisme qui a abouti à l'asservissement et à la dégradation de la femme chez nous.
C’est très clair. Je ne vois d'autre source que celle-là. Je n'en vois pas d’autres. Au nom de quoi ? Comment se fait-il qu’un peuple qui a été dirigé par une femme puisse aujourd’hui être ce qu’il est ?
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Je connais une femme qui veut divorcer parce que son mari a pris une seconde femme et qu’il veut la lui imposer chez elle. Elle veut demander le divorce. Or jamais le procureur n’a voulu la recevoir.
J’ai vu une fois de mes propres yeux, ici, au Clos Salembier, une femme sauvagement battue, en pleine rue, à coups de pied dans le ventre, devant tout le monde, à midi. Personne n’a bougé. Pourquoi ?
Parce qu’elle lui appartient, c’est sa femme. Il en fait ce qu’il veut.
On ne pourrait jamais voir ça dans aucun autre pays du monde.
Ici on appelle ça "être un homme" !
Est-ce que ça fait partie de ce que nous sommes réellement ?
c’est l’apport de l’arabo-islamisme.
C’est ça la fameuse redjla, le culte de la virilité, le culte de la force, le culte de la violence.
On pourrait trouver d’autres exemples : le fait d’assimiler le travail à la prostitution, et beaucoup d’autres choses qui se passent chez nous et qui montrent bien comment l’arabo-islamisme devient la chaîne qu’il faut briser.
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yacoub- Seigneur de la Métaphysique
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Date d'inscription : 26/11/2010
Re: Kateb Yacine
Je vois que tu es toujours là à l'attendre. Je t'ai dit qu'il ne viendra pas. C'est vrai, quand j'ai lu le 1° post de sa présentation, j'ai tout de suite écrit à l'Académie française pour qu'elle l'intègre en surnombre. Mais quand j'ai lu son 2° post de sa présentation où il parle de Yacine et d'Issiakhem, j'ai tout de suite tiqué, et mon "tic" n'a fait depuis que se confirmer: il ne sait que répéter, et il l'a déjà fait 6 fois en deux jours: "je n'en dirai pas plus !"
Et il n'en dira pas plus!
Ce forum est comme un attrape-mouches: tous les charlatans, sorciers et mystificateurs viennent s'y agglutiner.
Et il n'en dira pas plus!
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_bradou- EXCLU DU FORUM
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Date d'inscription : 15/05/2008
Re: Kateb Yacine
Le bourricot d'exportation, par Kateb Yacine
L'Anafrasie démocratique est un pays étrange, et qui resterait ignoré, n'était la découverte d'un manuscrit certifié authentique portant la signature d'une haute personnalité encore mystérieuse/ Il s'agit d'un nommé Visage de prison, reporter en ch^mage de l'agence Tam-Tam, et des célèbres émissions pirates: "les bourricots, silence!".
Voici la traduction exacte de ce récit, publié récemment pour la première fois, à l’occasion du 1er mai, fête des ânes et des châmeaux, fondateurs de la dynastie dite des prolétaires, dont on trouve les traces en maintes régions de l’univers, surtout dans les régions où poussent les figues de barbarie :
« Ne pénètre pas le premier venu en Anafrasie. Entrée interdite aux ânes mal dressés, aux oreilles trop longues, ainsi qu’aux envoyés de mars ou de Lunine, lit-on déjà en passant la frontière ».
« Les riches marchands d’Anafrasie vivent sous des fusées parfaitement immobiles, où ils font des affaires, et ouvrent en général des abattoirs pour ânes sauvages, ou pour ânesses blanches importées de Pigalle. C’est dire que le tourisme n’y est pas sans danger, ni, à plus forte raison, les affaires de l’Etat. Il faut des reins solides et des sabots de fer, qui font voir trente-six mille chandelles. Il faut passer par une longue queue d’ânes plus ou moins stupides, pour accéder aux écuries pleines de mouches du pouvoir, et donner libre cours à sa propre ânerie, dans l’un des ministères les plus idiots d’Anafrasie, comme celui de l’inculture ».
Tout en dégustant son alcool à brûler, couché sur les rails, et attendant son dernier train, Visage d’hôpital posa une question :
-Nous sommes donc en Anafrasie ?
-Tous les ânes sont égaux, répondit Face de Ramadhan, en vertu de quoi n’importe quel âne peut devenir ministre, si toutefois, il est passé par l’écurie spéciale des frères monuments. On y enseigne l’art d’organiser les ânes.
L »âne, disaient les Grecs, est un animal politique. Jamais, les ânes d’Anafrasie ne s’étaient trouvés à si rude école.
D’abord ils sont réduits à inertie totale, ne peuvent même pas ruer dans les couloirs. On leur ferme toutes les barrières, on les nourrit de boniments, jusqu’au jour où ils tombent dans les bras de l’opposition (gauche, droite ! gauche, droite !) qui les renvoient comme uen balle, ou comme un âne savant, pour d’autres tours de piste, et d’autres châtiments, dans les coquettes villas Anafrasie concentrationnaire parmi d’étranges fleurs avec de drôles d’oiseaux, qui ont appris à faire l’âne.
Parvenu à ce point de son éducations, l’âne, toujours sauvage, autrement dit le prolétaire conserve encore le vain espoir de sa libération. Il ne décoche plus que des ruades fatalistes, plein d’une feinte résignation. Il n’a pourtant qu’une idée fixe, déguerpir au plus vite à pieds ou à dos d’âne ! Il n’est même plus un prolétaire, un bourricot luttant sur le sol national, mais un âne vagabond, un exilé de l’intérieur. Et à quoi rêve pareil baudet sinon à s’évader en toute barbarie ?
D’innombrables ânons, parmi les plus valides, empruntent pour chacun d’eux le prix d’une place de bateau, le premier émigré enverra au second de quoi quitter l’Anafrasie, et ainsi de suite… les écuries du monde entier fourmillent d’ânes bien de chez nous, sans domicile fixe. Ils mourront loin de leur patrie, et terniront plus la gloire ni la puissance des frères monuments.
L'Anafrasie démocratique est un pays étrange, et qui resterait ignoré, n'était la découverte d'un manuscrit certifié authentique portant la signature d'une haute personnalité encore mystérieuse/ Il s'agit d'un nommé Visage de prison, reporter en ch^mage de l'agence Tam-Tam, et des célèbres émissions pirates: "les bourricots, silence!".
Voici la traduction exacte de ce récit, publié récemment pour la première fois, à l’occasion du 1er mai, fête des ânes et des châmeaux, fondateurs de la dynastie dite des prolétaires, dont on trouve les traces en maintes régions de l’univers, surtout dans les régions où poussent les figues de barbarie :
« Ne pénètre pas le premier venu en Anafrasie. Entrée interdite aux ânes mal dressés, aux oreilles trop longues, ainsi qu’aux envoyés de mars ou de Lunine, lit-on déjà en passant la frontière ».
« Les riches marchands d’Anafrasie vivent sous des fusées parfaitement immobiles, où ils font des affaires, et ouvrent en général des abattoirs pour ânes sauvages, ou pour ânesses blanches importées de Pigalle. C’est dire que le tourisme n’y est pas sans danger, ni, à plus forte raison, les affaires de l’Etat. Il faut des reins solides et des sabots de fer, qui font voir trente-six mille chandelles. Il faut passer par une longue queue d’ânes plus ou moins stupides, pour accéder aux écuries pleines de mouches du pouvoir, et donner libre cours à sa propre ânerie, dans l’un des ministères les plus idiots d’Anafrasie, comme celui de l’inculture ».
Tout en dégustant son alcool à brûler, couché sur les rails, et attendant son dernier train, Visage d’hôpital posa une question :
-Nous sommes donc en Anafrasie ?
-Tous les ânes sont égaux, répondit Face de Ramadhan, en vertu de quoi n’importe quel âne peut devenir ministre, si toutefois, il est passé par l’écurie spéciale des frères monuments. On y enseigne l’art d’organiser les ânes.
L »âne, disaient les Grecs, est un animal politique. Jamais, les ânes d’Anafrasie ne s’étaient trouvés à si rude école.
D’abord ils sont réduits à inertie totale, ne peuvent même pas ruer dans les couloirs. On leur ferme toutes les barrières, on les nourrit de boniments, jusqu’au jour où ils tombent dans les bras de l’opposition (gauche, droite ! gauche, droite !) qui les renvoient comme uen balle, ou comme un âne savant, pour d’autres tours de piste, et d’autres châtiments, dans les coquettes villas Anafrasie concentrationnaire parmi d’étranges fleurs avec de drôles d’oiseaux, qui ont appris à faire l’âne.
Parvenu à ce point de son éducations, l’âne, toujours sauvage, autrement dit le prolétaire conserve encore le vain espoir de sa libération. Il ne décoche plus que des ruades fatalistes, plein d’une feinte résignation. Il n’a pourtant qu’une idée fixe, déguerpir au plus vite à pieds ou à dos d’âne ! Il n’est même plus un prolétaire, un bourricot luttant sur le sol national, mais un âne vagabond, un exilé de l’intérieur. Et à quoi rêve pareil baudet sinon à s’évader en toute barbarie ?
D’innombrables ânons, parmi les plus valides, empruntent pour chacun d’eux le prix d’une place de bateau, le premier émigré enverra au second de quoi quitter l’Anafrasie, et ainsi de suite… les écuries du monde entier fourmillent d’ânes bien de chez nous, sans domicile fixe. Ils mourront loin de leur patrie, et terniront plus la gloire ni la puissance des frères monuments.
yacoub- Seigneur de la Métaphysique
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