LE SOIR

[Magnus]

LE SOIR



Le soir cette fois est tombé

Il le fallait bien
C'est certain
Après cette trop longue journée


Il n'y a plus personne
Dans la maison, dans le quartier
C'est le soir, le soir qui est tombé

Seule une madone
Sur la cheminée
La cheminée du soir qui est tombé
Une Vierge aux yeux pieux
Toute vêtue de bleu
Mais personne
Tout est morne
Morne d'une tristesse tranquille
Comme une halte loin de la ville
Je ne peux plus te dire tu
Le tumulte enfin s'est tu


Ainsi donc, ici, c'était la cuisine
Celle des repas hurlants
Puis des silences étouffants
Où tu lisais toujours le même magasine
Celui des potins et des ragots inutiles
Et ici, ici c'est donc la chambre mesquine
Celle des faux-semblants, de la routine
Et des infidélités puériles
La chambre et puis plus loin, se souvenant
Des théières aux belles manières
L'hypocrite salon des rombières buvant
De la liqueur et causant des bonnes soeurs

Et puis là, dehors, où glisse un chat blanc
Le verger de la haine, celui des amants maudits
Quand l'été ils se donnaient la peine, mais oui
De me lancer de l'insolence comme un gant
De mépris, la braguette à peine refermée, l'été
Quand ma gueule aux haleines puantes de saké
Revenait un peu trop tôt des bordels
Et toute cette conne et pâle merde pêle-mêle
Parce que nous refusions obstinément l'un et l'autre
De vieillir
Et c'est le destin
L'un de nous deux un matin
Allait mourir
Par le couteau la misère ou le dégoût de l'autre
Je dis "un matin"
Car c'est le matin qu'on se réveille
Nu stupide et seul après le sommeil

Et il le fallait bien
Oui c'est certain
Après cette trop longue journée
A s'épuiser en vain à se torturer

Le soir, donc, cette fois est tombé
Sur une terne et coupable tranquillité.

---

[_pandore]

Magnifique Magnus est-ce de toi?
si oui ...j'adore

[JO]

Il a du talent, mais quelle noirceur!

Le soir
La lumière se baisse et puis caresse encore la nature, avant de disparaitre .
C'est d'abord l'heure des enfants qui rentrent , et puis celle de l'homme, avec son odeur de dehors .
Le bavardage qui ne dit rien, sinon, bonsoir, je suis contente de te revoir .
Les autres sont dehors, et nous revoilà seuls, l'un contre l'autre ...

[JO]

L'amour fidèle, celui qui a choisi son autre et puis ne le lâche plus, jusqu'au bout de l'un ou de l'autre ... c'est si rare ? Comment ai-je pu ?
Mais oui, il y a les traverses et puis les trahisons, et les passages à vide, les lassitudes, mais c'est lui, c'est moi : on est compagnons, solidaires .Jusqu'au dernier regard avant le noir, le désert, le jamais plus , de celui qui reste .

[Magnus]

Magnifique Magnus est-ce de toi?
si oui ...j'adore

Et si ce n'est pas moi, tu apprécies quand même ?...
Bien sûr que c'est de moi.

Il a du talent, mais quelle noirceur!

Le Larousse dit de moi :
Magnus : Poète tourmenté et torturé, aux atmosphères noires et glauques.

[JO]

Attends d'être mort avant d'être dans le Larousse .

[_pandore]

bravo...

[Half-moon]

c'est beau... et comme j'aime le soir..

[Imala]

LE SOIR



Le soir cette fois est tombé

Il le fallait bien
C'est certain
Après cette trop longue journée


Il n'y a plus personne
Dans la maison, dans le quartier
C'est le soir, le soir qui est tombé

Seule une madone
Sur la cheminée
La cheminée du soir qui est tombé
Une Vierge aux yeux pieux
Toute vêtue de bleu
Mais personne
Tout est morne
Morne d'une tristesse tranquille
Comme une halte loin de la ville
Je ne peux plus te dire tu
Le tumulte enfin s'est tu


Ainsi donc, ici, c'était la cuisine
Celle des repas hurlants
Puis des silences étouffants
Où tu lisais toujours le même magasine
Celui des potins et des ragots inutiles
Et ici, ici c'est donc la chambre mesquine
Celle des faux-semblants, de la routine
Et des infidélités puériles
La chambre et puis plus loin, se souvenant
Des théières aux belles manières
L'hypocrite salon des rombières buvant
De la liqueur et causant des bonnes soeurs

Et puis là, dehors, où glisse un chat blanc
Le verger de la haine, celui des amants maudits
Quand l'été ils se donnaient la peine, mais oui
De me lancer de l'insolence comme un gant
De mépris, la braguette à peine refermée, l'été
Quand ma gueule aux haleines puantes de saké
Revenait un peu trop tôt des bordels
Et toute cette conne et pâle merde pêle-mêle
Parce que nous refusions obstinément l'un et l'autre
De vieillir
Et c'est le destin
L'un de nous deux un matin
Allait mourir
Par le couteau la misère ou le dégoût de l'autre
Je dis "un matin"
Car c'est le matin qu'on se réveille
Nu stupide et seul après le sommeil

Et il le fallait bien
Oui c'est certain
Après cette trop longue journée
A s'épuiser en vain à se torturer

Le soir, donc, cette fois est tombé
Sur une terne et coupable tranquillité.

C'est juste... extraordinaire !

Ce texte... il nous prend par la main, et lorsqu'il nous lâche... on est orphelin...

Imala

[ElBilqîs]

Tu sais quoi? j'aurais donné un autre titre à ce magnifique poème:
"veillée funèbre"
seul, face à sa culpabilité...
Où trouves-tu une telle inspiration? Tu ne sembles pas si torturé, dans la réalité...

[bernard1933]

Magnus, tu fais réagir les dames ! Comme Elbi, je m' interroge...
Aurais-tu le " vin mauvais ", comme on dit cheu nous ? Sourire !

[Babylon5]

Bien sûr, c'est du Magnus, en Magnum même ! Magnus, pourquoi tu ne viens pas publier chez nous , (Bon, sinon, avec ton autorisation expresse je poste à ta place).

Magnus : tu as une voix (avec un accent un peu belge, il est vrai )

[JO]

exorcisme ?

[Babylon5]

exorcisme ?

Euh...? Pourquoi exorcisme ?

[Magnus]

Oui, "Veillée funèbre" eut été un bon titre.

Où trouves-tu une telle inspiration? Tu ne sembles pas si torturé, dans la réalité...

Je m'en explique un peu sur le thread "Virginité de Marie" (dans "Bistrot") où j'espère que vous avez lu l'Histoire Sainte selon Saint Magnus.
J'attends d'ailleurs l'imprimatur et le nihil obstat.

Dans l'ordre de publication :

1 L'ANNONCIATION

2 LE PROCES DE JESUS

3 LES NOCES DE CANA

4 LA DERNIERE CENE

5 ADAM ET EVE

C'est juste... extraordinaire !
Ce texte... il nous prend par la main, et lorsqu'il nous lâche... on est orphelin...

Merci, Imala. Voilà enfin une réaction sur le texte sans interrogation sur son auteur.