La Bosnie, le Kosovo et les Balkans

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Message par caius Mar 29 Juin 2010 - 13:46

La Bosnie le Kosovo et l’islam radical dans les Balkans : Interview avec Liz Milanovich

Entretien entre LIZ MILANOVICH et Lee Jay Walker du SEOUL TIMES
Sur la Bosnie, le Kosovo et les Balkans

Source : http://www.faithfreedom.org/articles/op-ed/bosnia-kosovo-and%C2%A0radical-islam-in-the%C2%A0balkans%C2%A0-interview-with-liz-milanovich/
Traduction : caius

Liz : Lee Jay, merci d’avoir accepté cet entretien. Vous avez un agenda très chargé et nous ne l’apprécions que d’avantage.

Lee Jay: Hello Liz, vous êtes la bienvenue. En vérité, tout l’honneur est pour moi car je sais que vous vous préoccupez beaucoup de questions importantes et du rôle des médias. Merci encore pour votre invitation.

Liz: Je crois que vous êtes journaliste indépendant, basé à Tokyo, et que vous êtes correspondant pour le Seoul Times. Est-ce correct?

Lee Jay : Oui, je suis journaliste indépendant et je suis installé à Tokyo depuis plusieurs années. Je suis correspondent pour le Seoul Times mais j’envoie aussi mes articles à d’autres agences et récemment mes articles ont été publiés sur http://www.serbianna.com, http://www.aina.org, http://www.pakistanchristianpost.com, http://www.faithfreedom.org, et beaucoup d’autres sites. Je suis également cité par d’importants groupes de réflexion et j’aide les autres journalistes dans la mesure de mes possibilités.

Liz : Peut-être pouvez-vous nous décrire votre parcours et comment vous vous êtes intéressé aux Balkans et particulièrement à l’ex-Yougoslavie ?

Lee Jay : Il y a beaucoup de facteurs dans cette question : mes visites en ex-Yougoslavie, la riche histoire de la Serbie et hélas les récents conflits dans l’ancienne Yougoslavie qui impliquent que cette nation a souvent figuré dans les dépêches.

Je tiens à préciser que mon intérêt a commencé à s’éveiller avant le début des troubles survenus à travers l’ancienne Yougoslavie. En tout cas, au cours des nombreux conflits qui ont ensanglanté l’ancienne Yougoslavie, il était parfaitement clair que les médias dans leur ensemble déformaient les faits.
Je veux aussi ajouter que la situation actuelle au Kosovo est également occultée par de nombreuses agences de presse et que cela s’applique aussi au rôle joué par le nationalisme albanais et à celui joué par l’islam sunnite radical en Bosnie.


Liz : J’ai le sentiment que très peu d’Occidentaux se sont donnés la peine de se documenter en profondeur sur les évènements qui sont survenus là-bas. Qu’indique votre radar dans la direction des Balkans ?

Lee Jay: Je me souviens de gens comme Paddy Ashdown* à la télévision britannique : lui et d’innombrables autres déformaient clairement la réalité de la Bosnie. Aucune leçon n’en fut pourtant tirée puisque la même machine médiatique a manipulé la réalité du Kosovo.

Le New York Times, par exemple, a dévoilé la manipulation des chiffre dans un article mettant en évidence que c’est le Departement d’Etat qui donna les estimations les plus élevées sur le nombre d’Albanais tués. The New York Times écrit : “Le avril 1999, le Département d’Etat déclara que jusqu'à 500.000 Albanais du Kosovo étaient portés disparus et présumés morts” Erlanger, Steven . “Early Count Hints at Fewer Kosovo Deaths”. The New York Times, p. A6…” http://www.nytimes.com/1999/11/11/world/early-count-hints-at-fewer-kosovo-deaths.html

Pareillement, l’ancien Président Bill Clinton employa des termes très poignants pour manipuler l’opinion et a ouvertement déformé la vérité le 13 mai 1999. Ce jour là Clinton affirma que “il y a 100.000 personnes [au Kosovo] qui sont toujours portées disparues” — sous-entendant très clairement que les Forces armées serbes massacraient les Albanais du Kosovo. Clinton a employé des mots encore plus bouleversants quand il a affirmé que 600.000 Albanais (du Kosovo) étaient “piégées au Kosovo, sans abris, manquant de nourriture, n’osant pas rentrer chez elles ou ensevelies dans les fosses communes creusées par leurs bourreaux.”

Voilà des facteurs, mais il y en a beaucoup d’autres mais il est clair que non seulement ces mensonges étaient “gros” mais étaient aussi “mûrement réfléchis.”

Ces mêmes mensonges continuent encore et Clinton, l’OTAN et beaucoup d’autres devraient être tenus responsables de leurs actes. D’autres questions doivent aussi être posées, par exemple pourquoi l’Amérique et ses alliés ont soutenu l’Islam radical en Bosnie et comment en partant de rien l’UCK a pu devenir une unité terroriste bien entraînée ?

Et aussi, quel est le camp qui a qui a réduit à néant la possibilité d’un accord à Rambouillet ? Si vous lisez l’article de David N. Gibbs intitulé “Was Kosovo A Good War? » Comme pour d’autre évènement du passé en Bosnie et en Croatie, vous découvrez un tableau très différent.

David N. Gibbs, l’auteur de « First Do No Harm: Humanitarian Intervention and the Destruction of Yugoslavia » (Vanderbilt University Press, juin 2009), énonce que :
“Les informations disponibles donnent à penser qu'un règlement complet du conflit du Kosovo était à portée de main et aurait pu être atteint à Rambouillet. Ce qui provoqua l’échec des pourparlers fut un nouveau développement qui intervint vers la fin du processus de négociation. A savoir que les médiateurs occidentaux proposèrent alors qu'une «annexe militaire» soit ajoutée à l'accord final. L’addenda proposé énonçait que les forces de maintien de la paix de l’OTAN seraient déployées que ces forces auraient “un droit de passage libre et sans restriction et un accès sans entrave à travers toute la R.F.Y. [République fédérale de Yougoslavie].” Ce paragraphe était particulièrement significatif ; il impliquait que non seulement le Kosovo serait occupé par une force de maintien de la paix de l’OTAN mais que potentiellement toute la Serbie et ce qui restait de la Yougoslavie pourrait être aussi occupée. Dès l’apparition des cette Annexe Militaire, la délégation serbe sembla perdre toute confiance dans le processus de négociation et les pourparlers de paix échouèrent.”

“Le caractère suspect du libellé de l’Annexe Militaire fut pointé par le journaliste britannique John Pilger en 1999, au cours de la campagne de bombardements de l'OTAN. En réponse, les responsables américains insistèrent sur le fait que l'annexe était un détail sans importance et nièrent toute volonté d’avoir voulu saboter les négociations de paix.”

“C’est aux Britanniques qu’il revint de dévoiler la vérité. Lors d’une audition parlementaire après la guerre, l’ancien Ministre d’Etat (NB : équivalent britannique d’un secrétaire d’état) à la Défense John Gilbert affirma que les principaux négociateurs cherchaient en réalité à saboter la conférence. Gilbert était le numéro deux du ministère britannique de la Défense, en charge de la collecte du renseignement, et il était partisan de la guerre. Il constitue indubitablement une source crédible. Pour ce qui cerne les mobiles des négociateurs, il fait cette observation: “Je pense qu’à ce moment-là certaines personnes étaient prêtes à en découdre à l'OTAN … nous en étions au point où certaines personnes pensaient que quelque chose devait être fait [contre la Serbie], il fallait juste déclencher la bagarre.” En ce qui concerne les conditions de paix elles-mêmes, il déclara : “Je pense que les conditions posées à Milosevic à Rambouillet étaient absolument intolérables : Comment aurait-il pu les accepter ? C’était parfaitement délibéré”.

Je m’excuse de ma longue réponse à cette question mais il y a tellement de facteurs en jeux qu’il est impossible de répondre rapidement. Pourtant ces facteurs, et d’autres encore, ont provoqué la mort d’innocents et aujourd’hui encore l’Islam radical reste une menace en Bosnie pendant qu’au Kosovo la déchristianisation du pays se poursuit. De nombreuses erreurs ont été commises dans le passé et malheureusement les Serbes et les autres minorités du Kosovo continuent d’en payer les conséquences.

Liz : Quel est votre point de vue sur les liens étroits que les USA et leurs alliés continuent à entretenir avec les musulmans extrémistes de Bosnie et du Kosovo alors qu’en même temps ils sont censés faire la guerre au terrorisme musulman partout ailleurs dans le monde ? Quelle est votre opinion sur cette apparente dichotomie ? Qu’y a t-il vraiment derrière toutes ces manœuvres politiques ?

Lee Jay : C’est une question particulièrement difficile et il n’est pas facile de trouver un début ou une fin car la politique étrangère américaine fluctue continuellement, certaines lignes peuvent cependant être discernées.

Par exemple, dans les Balkans il y a eu trois guerres opposant les Chrétiens orthodoxes aux Musulmans depuis la seconde guerre mondiale : respectivement en Bosnie, à Chypre et au Kosovo. L’Amérique a, à chaque fois, soutenu le camp de l’Islam, certains argueront qu’il s’agit juste d’une coïncidence mais pour moi et d’autres qui ont étudié la question, il s’agit d’un choix politique liés à des intérêts particuliers et à la géopolitique.

De même, l’Inde est une nation démocratique mais une fois encore l’Amérique était plus proche du Pakistan alors que les Islamistes se sont servis du Pakistan pour déstabiliser l’Afghanistan et le Cachemire.
Ainsi, pourquoi vers la fin des années 1970 et pendant les années 1980 l’Amérique a-t-elle soutenu un dictateur militaire comme Muhammad Zia-ul-Haq contre les dirigeants démocratiques de l’Inde ?
Si nous mettons cette question en regard avec la réalité de l’Afghanistan et de l’Irak cela devient encore plus déconcertant, après tout, tant l’Afghanistan que l’Irak étaient des régimes laïques. Pourtant, les USA ont soutenu l’instauration des lois de la charia islamique dans ces deux pays et pour les non-musulmans d’Irak c’est incroyable parce que ce sont les Chrétiens, les Shabaks, les Mandéens et les Yazidis qui sont victimes de l’islamisation.

L’Amérique soutenait donc l’islam radical et le terrorisme islamique bien avant la crise qui engloutit la Yougoslavie. Et le fait que l’Amérique avait soutenu l’Islam radical en Afghanistan, au Pakistan et dans d’autres coins du monde implique qu’il était facile pour l’ administration Clinton de passer un accord avec les islamistes radicaux de Bosnie.

Ces mêmes réseaux qui finançaient Oussama Ben Laden et d’autres terroristes islamiques étaient si faciles à utiliser que c’était devenu un réflexe pour les forces de sécurité américaines et leurs alliés comme, par exemple, les Britanniques.

Les gens devraient lire le livre de Richard J Aldrich intitulé ‘The Hidden Hand: Britain, America and Cold War Secret Intelligence.’ Ce livre expose la réalité de l’Islam radical à travers le monde et le rôle que l’Amérique et ses alliés ont joué en utilisant les islamistes et en permettant à leur idéologie de se répandre.
Cette question est donc particulièrement complexe mais il est clair que Clinton a joué la “carte du terrorisme islamique” pour atteindre ses objectifs de politique étrangère. Il y avait bien des dissensions à ce sujet au sein des services de sécurité américain mais Clinton est passé par-dessus la tête de tout le monde et à pris seul les décisions.

L’Amérique prétend aussi qu’en Afghanistan elle n’a soutenu les islamistes radicaux contre Najibullah** que parce qu’ils combattaient le communisme. Pourtant les évènements en Yougoslavie n’avaient rien à voir avec la guerre froide et sont survenus après la fin de l’Union soviétique et l’Amérique a continué à avoir de bonnes relations avec les Talibans bien après la fin de la guerre froide.

Ajoutez à cela que depuis le 11 septembre beaucoup de trajectoires se sont modifiées dans certaines parties du monde. Par exemple des islamiste qui dans le passé étaient des alliés de l’Amérique en Afghanistan sont devenus des ennemis et cela complique tout parce qu’en pratique cette nouvelle donne n’a pas entraîné de changement réellement significatif.

Ainsi l’Amérique reste la loyale alliée de l’Arabie Saoudite alors que cet état ou ses ressortissants ou des organisations basées dans ce pays répandent l’islam radical dans une bonne partie de l’ancienne Yougoslavie. Le moins que l’on puisse dire est que la situation demeure confuse et que la carte de la Bosnie islamique est toujours un atout majeur pour l’Arabie Saoudite pour répandre l’islam radical en Bosnie et dans d’autres parties de l’Europe.


Liz : Les anciens “Clintoniens” sont maintenant les conseillers du Président Obama. Comment prévoyez-vous que l’administration Obama exercera son influence dans la région?

Lee Jay : Je crois que le Président Obama est en mode apaisement vis-à-vis de l’Islam et des dictatures, de gros intérêts sont en jeux en ce moment. Pour ce qui concerne les Balkans, je crois qu’il appliquera une politique similaire, particulièrement compte tenu du fait que l’Amérique est déjà à la limite de ses capacités en Afghanistan et en Iraq.

L’Amérique fermera également les yeux sur la déchristianisation du Kosovo, de même que les autres nations qui ont soutenu la désintégration de la Yougoslavie. Cependant en Bosnie et en Macédoine la situation reste très délicate en raison des divisions internes des prétendus alliés de l’Amérique. Cela s’applique aux tensions entre Croates et Musulmans bosniaques et aux tensions ethnico-religieuses en Macédoine entre les Macédoniens et les Albanais. En plus, il est clair que l’Islam radical est également en progression tant en Bosnie qu’en Macédoine et que la nature politique de l’Islam implique que les alliances imposées peuvent voler en éclat et une nouvelle crise surgir ?

Ceci posé, l’Amérique voudra consolider ses alliés et maintenir la paix dans la région. L'Amérique pourrait également s’ouvrir à la Serbie si cette nation cède d’avantage à ses pressions mais il est clair que cela ne se fera qu’aux conditions de l’Amérique.

Ceci dit, les actuels dirigeants politiques de la Serbie sont profondément différents et les temps ont aussi changé. Et aussi, si les islamistes continuent à déstabiliser la région pousseront-ils l’Amérique dans une direction différente ou restera-t-elle neutre ?

Je ne crois pas que l’actuel dirigeant de l’Amérique veuille être anti-Serbie mais, quand il s’agira du Kosovo, la politique américaine restera la même.

De ce point de vue, Obama est lié par (la politique) des précédentes administrations et le futur reste sombre pour les Serbes et toutes les minorités du Kosovo. Évidemment de nos jours les nettes divisions du passé ont moins d’influences dans la détermination des politiques possibles mais, malgré cela, les divisions persisteront entre ces deux nations quant au statut du Kosovo et l’Amérique continuera à favoriser le camp Musulmans/Croates en Bosnie. Ceci posé, l’Amérique reste donc anti-Serbie mais cela reste limité au plan politique et non plus militaire car on voit mal ces deux nations s’affronter sur un champ de bataille.
Mais enfin, 24 heures c’est une éternité en politique et il est difficile de faire des prévisions pour une région aussi fragile car de nombreuses convulsions pourront encore avoir lieu dans le proche futur.


Liz : Au cours de votre recherche des faits réels, vous avez certainement dû faire face à de nombreuses critiques de la part de ceux pour qui la vérité sur l’ex-Yougoslavie n’est pas acceptable. Pouvez-vous évoquer certaines réactions négatives à ce que vous avez écrit par le passé ?

Lee Jay : De nombreuses personnes m’ont remercié pour ce que j’ai écrit sur l’ancienne Yougoslavie, cala m’a fait plaisir.

Par contre, j’ai aussi reçu quelques courriels très virulents, y compris des menaces de mort mais quand cela se produit cela me démontre simplement que je suis en train de déranger certaines personnes.
Je sais qu’un responsable de l’Ambassade du Kosovo à Londres à tenté de faire pression sur le Seoul Times et a refusé de me parler directement. Je lui ai fait savoir que mon article “KOSOVO & Systematic Persecution by KLA", était basé sur mes enquêtes, mon rédacteur en chef, M. Joseph Joh, m’a défendu ainsi que mon article et le Seoul Times a refusé de revenir dessus.

Liz : Y a-t-il quelque chose que vous vouliez ajouter ?

Lee Jay : Je m’excuse de la longueur de mes réponses mais ce sont des questions auxquelles il était difficile de répondre vu la nature complexe de la situation.

Je veux ajouter qu’il y des gens qui font de leur mieux pour informer le monde de la crise au Kosovo et apporter mon soutien à des gens comme Ninoslav Randjelovic et vous inviter à consulter son travail sur http://www.daysmadeoffear.com/about.html. Lui et d’autres ont besoin d’être soutenus car les “sans voix” ont été ignorés et marginalisés alors que ce sont des gens comme Ninoslav Randjelovic qui tentent d’informer le monde sur la réalité actuelle et la crise en cours au Kosovo.
En même temps, c’est aux citoyens qu’il revient d’informer les gens sur le passé et d’offrir un autre point de vue aux gens.


Liz : Lee Jay,merci de nous avoir consacré votre temps pour cet entretien.

Lee Jay: Je vous en prie et merci du temps que vous m’avez laissé.
J’espère que les lecteurs ne seront pas rebutés par mes longues réponses et je vous remercie une fois encore pour m’avoir invité à partager ma pensée et mes opinions.


LEE JAY WALKER
leejayteach@hotmail.com
http://www.leejaywalker.wordpress.com

Notes :

*Jeremy John Durham Ashdown, Baron Ashdown of Norton-sub-Hamdon, généralement connu sous le nom de Paddy Ashdown est un homme politique britannique et ancien « haut-représentant » des Nations unies en Bosnie-Herzégovine entre le 27 mai 2002 et le 31 janvier 2006. Il était aussi haut-réprésentant spécial de l'Union européenne pour ce pays.

** Mohammed Najibullah torturé et massacré après un simulacre de procès par les talibans le 27 septembre 1996 à Kaboul a été le quatrième et dernier président de la République démocratique d'Afghanistan.

caius
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Message par yacoub Sam 8 Jan 2011 - 18:35

Salut Caius et merci pour ce texte intéressant.

yacoub
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