Islande, érupion volcanique de 1783
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Islande, érupion volcanique de 1783
A titre documentaire, un article de Libération sur l' éruption de 1783. Brrr...
Libération Sciences 23/04/2010 Islande, 1783 : le nuage d’avant
A la fin du XVIIIe siècle, une éruption plus puissante qu’aujourd’hui projeta un nuage de soufre qui resta plusieurs mois sur toute l’Europe. Plus de 200 ans plus tard, la lecture de textes de l’époque, en partie inédits, témoigne de l’ampleur de cette catastrophe climatique.
Au matin du 8 juin 1783, le volcan islandais Laki entra en éruption. Le nuage qu’il cracha jusqu’en octobre allait bouleverser gravement l’Europe pendant plusieurs mois. L’Eccléssiaste a raison : «Rien de nouveau sous le soleil» et surtout pas les poussières islandaises dans nos cieux. Un jeune historien vosgien, chercheur au CNRS (1), Emmanuel Garnier, s’est consacré à cet épisode atmosphérique qu’il retrace dans un livre, les Dérangements du temps, cinq cent ans de chaud et de froid en Europe, (Plon). Il a bien voulu nous confier des documents, en partie inédits, qui témoignent des réactions des Français de l’époque. Nous les reproduisons ci-dessous, en respectant l’orthographe de l’époque.
L’affaire fut nettement plus sérieuse que celle, actuelle, de l’Eyjafjöll. La terre s’ouvrit sur une longueur de 25 kilomètres et 130 cratères vomirent plus de 10 km3 de lave. Sans compter les gaz toxiques, en particulier de l’acide fluorhydrique et du dioxyde sulfurique. «Le Laki expulsa 80 fois plus de gaz dans l’atmosphère que l’éruption du Mont Saint Helens en 1980, assure l’historien. Cent vingt-deux millions de tonnes de dioxyde de soufre auraient été émises.» Manque de chance, la météo de l’été 1783 était perturbée. «En temps normal, les vents dominants auraient dû pousser ce nuage toxique vers le nord», mais un front de hautes pressions bouleversa la donne et les vents se mirent à souffler vers le sud-est. Vers l’Europe.
Le premier témoignage dont les historiens disposent est celui d’un officier de police de Nancy qui évoque un «épais brouillard» dès le 12 juin, soit quatre jours après le début de l’éruption. Les récits vont s’accumuler, dans toute l’Europe puisqu’on verra durant tout l’été ses «dérangements du ciel» de Saint-Pétersbourg à Lisbonne. Partout, les sociétés savantes, alors fort nombreuses, s’interrogent. Le 17 juin, un naturaliste de Montpellier, Mourgue de Montredon, résout l’énigme en établissant un lien de cause à effet entre l’éruption islandaise et les perturbations atmosphériques. D’autres savants les attribuent, à tort, à l’activité des volcans italiens, mieux connus et plus proches.
En Islande, c’est le drame. Plus de la moitié du cheptel disparaît à cause des huit millions de tonnes d’acide fluorhydrique qui provoquent des fluoroses dentaires et osseuses. La famine apparaît et 20 % de la faible population serait morte dans l’année.
Sur le continent européen, le nuage suscite peurs et inquiétudes. Des bruits de pestes circulent. Mais surtout, le nuage islandais bouleverse temporairement le climat. «L’Europe connut une baisse sensible des températures liée à l’effet de dispersion du rayonnement solaire», raconte Emmanuel Garnier. En décembre, une vague de froid envahit le continent. Froid et humidité : neige et glace s’accumulent. Au premier redoux, des inondations catastrophiques se produisent de Dublin à Vienne. La moitié nord de la France est très touchée. Les registres paroissiaux en témoignent : la mortalité augmente de manière sensible.
La situation sociale est grave et Louis XVI intervient en distribuant trois millions de livres aux nécessiteux. «Cet épisode a participé à la construction de l’Etat moderne», affirme l’historien. Le Roi pioche dans sa cassette personnelle et le fait savoir. Une gravure (que nous reproduisons ici) le montre en train de venir en aide aux pauvres. C’est d’ailleurs la seule image qui nous est parvenue de cette catastrophe climatique et de ses conséquences.
Faut-il y voir l’une des causes de la Révolution française qui éclatera six ans après l’éruption ? Les volcanologues aiment à le raconter… sans convaincre les historiens. «C’est aller vite en besogne», reconnaît Emmanuel Garnier. Le printemps et l’été 1784 furent en effet exceptionnellement chauds et secs. Et les récoltes «exceptionnellement abondantes».
Voici donc les premiers témoignages de l’arrivée en France de ce brouillard sec et sentant le soufre, de cet «air fort affligeant», comme on le disait alors joliment.
«Une suite de la violente convulsion de la terre…»
Observations météorologiques du Père Cotte, faites à Laon, publiées dans le Journal des Sçavans en juin 1783. «Nous avons eu de la chaleur & de la sécheresse jusqu’au 18 ; mais depuis ce jours jusqu’à la fin du mois, la température a été des plus singulières ; des brouillards continuels, aussi épais qu’en Décembre, & qui permettoient de fixer le soleil, dont le disque étoit rouge & sans rayons ; un grand vent de sud très froid, du 18 au 24, auquel a succédé un vent de nord, nord-est & nord-ouest étouffant, du 24 au 30. Voilà l’espèce de température qu’on ne se souvient pas d’avoir jamais vu régner en Juin, & qui est venue à la suite d’un orage & d’une pluie considérable tombée le 19. […] Ces brouillards, qui ont été généraux, ne sont-ils pas la suite des pluies considérables tombées depuis six mois, & des inondations presque universelles qu’elles ont occasionnées ? On sçait que le soleil a d’autant plus de force pour élever les rayons, qu’il est plus perpendiculaire ; c’est ainsi que les pays situés entre les tropiques sont préservés de la grande ardeur du soleil dans le tems où il est perpendiculaire, par une espèce de rideau de vapeurs très-denses que le soleil pompe dans cette circonstance. Peut-être ces brouillards font-ils une suite de la violente convulsion que la terre & l’atmosphère ont éprouvé en Sicile & dans la Calabre ; convulsions ordinairement précédées & suivies de grande humidité, occasionnée par des pluies abondantes & des inondations […].»
«Les personnes disposées à voir tout en noir»
Témoignage du libraire parisien Siméon-Prosper Hardy, tiré de Mes loisirs ou Journal d’événemens tels qu’ils parviennent à ma connaissance. «26 juin 1783. Craintes populaires et conjectures tirées de l’épaisseur des brouillards et de la qualité de l’air. Ce jour on remarquoit depuis une huitaine (que le tems s’étoit mis au beau et au sec, une opacité des plus extraordinaire dans le firmament, occasionnée par des brouillards fort épais et tels qu’on ne se souvenoit point d’en avoir jamais vu de semblables en pareille saison : on remarquoit encore en spéculant le lever du soleil, que le ciel paroissoit aussi chaque jour obscurci par un rouge sombre et de couleur sanguine ; ce qui répandoit dans les esprits des inquiétudes que ne laissoient pas d’augmenter encore les bruits de peste et de famine, qu’on se plaisoit à répandre et dont s’entretenoient les personnes naturellement disposées à voir tout en noir, comme à toujours prévoir des événemens funestes. Quel que dût être le résultat de toutes ces craintes populaires ; les gens les plus raisonnables ne pouvoient s’empêcher d’admettre une sorte d’influence de la terrible révolution arrivée à Messine et dans la Calabre en fevrier mars et avril derniers, sur les autres parties du globe terrestre, et de convenir en même tems, qu’il ne seroit pas étonnant, d’après l’épaisseur des brouillards actuels et la mauvaise qualité de l’air qu’on respiroit, de voir se former et se répandre, une épidémie quelconque infiniment plus redoutable dans une capitale aussi immense et aussi peuplée que la nôtre, que dans tout autre canton du royaume.»
«Grande frayeur parmi la populace»
Témoignage du lieutenant de police Dorival l’Aîné, à Nancy. «Tems demi couvert, vent nord. Le soleil commence à peine à percer l’épais brouillard qui couvroit tout l’horizon depuis le 12 juin […]. Le 25 juin : soleil faible, l’air toujours embrumé, vent nord-est […]. Le 26 juin : soleil toujours faible et l’air embrumé. Toujours brume ou brouillard, qui empêche de distinguer les objets à plus d’une demi-lieue de distance (environ 1,5 km). 30 juin : grande frayeur parmi la populace sur la brume extraordinaire qui dure si longtemps. Complaintes. Prédictions de la fin du monde.»
«La viande s’étoit trouvée entièrement corrompue»
Journal du libraire Hardy. «Quelques médecins conseilloient même l’usage de précautions qui ne faisoient que fortifier encore ces idées, telles, par exemple, que celles de ne point sortir à jeun, et de se frotter tous les matins avant que de respirer l’air, ou de se mettre à la fenêtre, les tempes avec du vinaigre, ainsi que d’en respirer un peu par les narines. On entendoit dire de plus que pour éprouver et mieux connoitre la nature de l’air ; on avoit fait élever à l’observatoire de très grands cervolans, qu’on avoit eu la précaution de garnir auparavant de tranches de viande coupées très minces, et que lorsqu’au bout d’un certain espace de tems, on avoit retiré ces cervolans, la viande s’étoit trouvée entierement corrompue.»
«Le ciel étoit comme enfumé»
Extrait du journal la Gazette de France, 8 juillet 1783. «Pendant plusieurs jours il a régné ici un brouillard épais et sec, dont le ciel a presque toujours été couvert. Le Sieur de Lalande, de l’Académie des Sciences, observe que c’est l’effet naturel d’une chaleur vive, après de longues pluies, et que ce phénomène n’est pas nouveau. On lit en effet dans les observations météorologiques de l’Académie sur le mois de juillet 1764 ; que le commencement en avoit été humide et la fin seche ; que le vent avoit été constamment nord du 2 au 9; que tous les matins il y avoit du brouillard, et que pendant la journée le ciel étoit comme enfumé. C’est ce qu’on a remarqué à la fin de juin dernier. Il y eut des orages en 1764, nous en avons éprouvé un le 3 de ce mois qui s’étoit fait sentir surtout dans les environs ; à Sainte-Geneviève-des-Bois, village à quatre lieuës de cette ville sur la route d’Orléans, le tonnerre est tombé, dit-on, quatorze fois en trois heures.»
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Libération Sciences 23/04/2010 Islande, 1783 : le nuage d’avant
A la fin du XVIIIe siècle, une éruption plus puissante qu’aujourd’hui projeta un nuage de soufre qui resta plusieurs mois sur toute l’Europe. Plus de 200 ans plus tard, la lecture de textes de l’époque, en partie inédits, témoigne de l’ampleur de cette catastrophe climatique.
Au matin du 8 juin 1783, le volcan islandais Laki entra en éruption. Le nuage qu’il cracha jusqu’en octobre allait bouleverser gravement l’Europe pendant plusieurs mois. L’Eccléssiaste a raison : «Rien de nouveau sous le soleil» et surtout pas les poussières islandaises dans nos cieux. Un jeune historien vosgien, chercheur au CNRS (1), Emmanuel Garnier, s’est consacré à cet épisode atmosphérique qu’il retrace dans un livre, les Dérangements du temps, cinq cent ans de chaud et de froid en Europe, (Plon). Il a bien voulu nous confier des documents, en partie inédits, qui témoignent des réactions des Français de l’époque. Nous les reproduisons ci-dessous, en respectant l’orthographe de l’époque.
L’affaire fut nettement plus sérieuse que celle, actuelle, de l’Eyjafjöll. La terre s’ouvrit sur une longueur de 25 kilomètres et 130 cratères vomirent plus de 10 km3 de lave. Sans compter les gaz toxiques, en particulier de l’acide fluorhydrique et du dioxyde sulfurique. «Le Laki expulsa 80 fois plus de gaz dans l’atmosphère que l’éruption du Mont Saint Helens en 1980, assure l’historien. Cent vingt-deux millions de tonnes de dioxyde de soufre auraient été émises.» Manque de chance, la météo de l’été 1783 était perturbée. «En temps normal, les vents dominants auraient dû pousser ce nuage toxique vers le nord», mais un front de hautes pressions bouleversa la donne et les vents se mirent à souffler vers le sud-est. Vers l’Europe.
Le premier témoignage dont les historiens disposent est celui d’un officier de police de Nancy qui évoque un «épais brouillard» dès le 12 juin, soit quatre jours après le début de l’éruption. Les récits vont s’accumuler, dans toute l’Europe puisqu’on verra durant tout l’été ses «dérangements du ciel» de Saint-Pétersbourg à Lisbonne. Partout, les sociétés savantes, alors fort nombreuses, s’interrogent. Le 17 juin, un naturaliste de Montpellier, Mourgue de Montredon, résout l’énigme en établissant un lien de cause à effet entre l’éruption islandaise et les perturbations atmosphériques. D’autres savants les attribuent, à tort, à l’activité des volcans italiens, mieux connus et plus proches.
En Islande, c’est le drame. Plus de la moitié du cheptel disparaît à cause des huit millions de tonnes d’acide fluorhydrique qui provoquent des fluoroses dentaires et osseuses. La famine apparaît et 20 % de la faible population serait morte dans l’année.
Sur le continent européen, le nuage suscite peurs et inquiétudes. Des bruits de pestes circulent. Mais surtout, le nuage islandais bouleverse temporairement le climat. «L’Europe connut une baisse sensible des températures liée à l’effet de dispersion du rayonnement solaire», raconte Emmanuel Garnier. En décembre, une vague de froid envahit le continent. Froid et humidité : neige et glace s’accumulent. Au premier redoux, des inondations catastrophiques se produisent de Dublin à Vienne. La moitié nord de la France est très touchée. Les registres paroissiaux en témoignent : la mortalité augmente de manière sensible.
La situation sociale est grave et Louis XVI intervient en distribuant trois millions de livres aux nécessiteux. «Cet épisode a participé à la construction de l’Etat moderne», affirme l’historien. Le Roi pioche dans sa cassette personnelle et le fait savoir. Une gravure (que nous reproduisons ici) le montre en train de venir en aide aux pauvres. C’est d’ailleurs la seule image qui nous est parvenue de cette catastrophe climatique et de ses conséquences.
Faut-il y voir l’une des causes de la Révolution française qui éclatera six ans après l’éruption ? Les volcanologues aiment à le raconter… sans convaincre les historiens. «C’est aller vite en besogne», reconnaît Emmanuel Garnier. Le printemps et l’été 1784 furent en effet exceptionnellement chauds et secs. Et les récoltes «exceptionnellement abondantes».
Voici donc les premiers témoignages de l’arrivée en France de ce brouillard sec et sentant le soufre, de cet «air fort affligeant», comme on le disait alors joliment.
«Une suite de la violente convulsion de la terre…»
Observations météorologiques du Père Cotte, faites à Laon, publiées dans le Journal des Sçavans en juin 1783. «Nous avons eu de la chaleur & de la sécheresse jusqu’au 18 ; mais depuis ce jours jusqu’à la fin du mois, la température a été des plus singulières ; des brouillards continuels, aussi épais qu’en Décembre, & qui permettoient de fixer le soleil, dont le disque étoit rouge & sans rayons ; un grand vent de sud très froid, du 18 au 24, auquel a succédé un vent de nord, nord-est & nord-ouest étouffant, du 24 au 30. Voilà l’espèce de température qu’on ne se souvient pas d’avoir jamais vu régner en Juin, & qui est venue à la suite d’un orage & d’une pluie considérable tombée le 19. […] Ces brouillards, qui ont été généraux, ne sont-ils pas la suite des pluies considérables tombées depuis six mois, & des inondations presque universelles qu’elles ont occasionnées ? On sçait que le soleil a d’autant plus de force pour élever les rayons, qu’il est plus perpendiculaire ; c’est ainsi que les pays situés entre les tropiques sont préservés de la grande ardeur du soleil dans le tems où il est perpendiculaire, par une espèce de rideau de vapeurs très-denses que le soleil pompe dans cette circonstance. Peut-être ces brouillards font-ils une suite de la violente convulsion que la terre & l’atmosphère ont éprouvé en Sicile & dans la Calabre ; convulsions ordinairement précédées & suivies de grande humidité, occasionnée par des pluies abondantes & des inondations […].»
«Les personnes disposées à voir tout en noir»
Témoignage du libraire parisien Siméon-Prosper Hardy, tiré de Mes loisirs ou Journal d’événemens tels qu’ils parviennent à ma connaissance. «26 juin 1783. Craintes populaires et conjectures tirées de l’épaisseur des brouillards et de la qualité de l’air. Ce jour on remarquoit depuis une huitaine (que le tems s’étoit mis au beau et au sec, une opacité des plus extraordinaire dans le firmament, occasionnée par des brouillards fort épais et tels qu’on ne se souvenoit point d’en avoir jamais vu de semblables en pareille saison : on remarquoit encore en spéculant le lever du soleil, que le ciel paroissoit aussi chaque jour obscurci par un rouge sombre et de couleur sanguine ; ce qui répandoit dans les esprits des inquiétudes que ne laissoient pas d’augmenter encore les bruits de peste et de famine, qu’on se plaisoit à répandre et dont s’entretenoient les personnes naturellement disposées à voir tout en noir, comme à toujours prévoir des événemens funestes. Quel que dût être le résultat de toutes ces craintes populaires ; les gens les plus raisonnables ne pouvoient s’empêcher d’admettre une sorte d’influence de la terrible révolution arrivée à Messine et dans la Calabre en fevrier mars et avril derniers, sur les autres parties du globe terrestre, et de convenir en même tems, qu’il ne seroit pas étonnant, d’après l’épaisseur des brouillards actuels et la mauvaise qualité de l’air qu’on respiroit, de voir se former et se répandre, une épidémie quelconque infiniment plus redoutable dans une capitale aussi immense et aussi peuplée que la nôtre, que dans tout autre canton du royaume.»
«Grande frayeur parmi la populace»
Témoignage du lieutenant de police Dorival l’Aîné, à Nancy. «Tems demi couvert, vent nord. Le soleil commence à peine à percer l’épais brouillard qui couvroit tout l’horizon depuis le 12 juin […]. Le 25 juin : soleil faible, l’air toujours embrumé, vent nord-est […]. Le 26 juin : soleil toujours faible et l’air embrumé. Toujours brume ou brouillard, qui empêche de distinguer les objets à plus d’une demi-lieue de distance (environ 1,5 km). 30 juin : grande frayeur parmi la populace sur la brume extraordinaire qui dure si longtemps. Complaintes. Prédictions de la fin du monde.»
«La viande s’étoit trouvée entièrement corrompue»
Journal du libraire Hardy. «Quelques médecins conseilloient même l’usage de précautions qui ne faisoient que fortifier encore ces idées, telles, par exemple, que celles de ne point sortir à jeun, et de se frotter tous les matins avant que de respirer l’air, ou de se mettre à la fenêtre, les tempes avec du vinaigre, ainsi que d’en respirer un peu par les narines. On entendoit dire de plus que pour éprouver et mieux connoitre la nature de l’air ; on avoit fait élever à l’observatoire de très grands cervolans, qu’on avoit eu la précaution de garnir auparavant de tranches de viande coupées très minces, et que lorsqu’au bout d’un certain espace de tems, on avoit retiré ces cervolans, la viande s’étoit trouvée entierement corrompue.»
«Le ciel étoit comme enfumé»
Extrait du journal la Gazette de France, 8 juillet 1783. «Pendant plusieurs jours il a régné ici un brouillard épais et sec, dont le ciel a presque toujours été couvert. Le Sieur de Lalande, de l’Académie des Sciences, observe que c’est l’effet naturel d’une chaleur vive, après de longues pluies, et que ce phénomène n’est pas nouveau. On lit en effet dans les observations météorologiques de l’Académie sur le mois de juillet 1764 ; que le commencement en avoit été humide et la fin seche ; que le vent avoit été constamment nord du 2 au 9; que tous les matins il y avoit du brouillard, et que pendant la journée le ciel étoit comme enfumé. C’est ce qu’on a remarqué à la fin de juin dernier. Il y eut des orages en 1764, nous en avons éprouvé un le 3 de ce mois qui s’étoit fait sentir surtout dans les environs ; à Sainte-Geneviève-des-Bois, village à quatre lieuës de cette ville sur la route d’Orléans, le tonnerre est tombé, dit-on, quatorze fois en trois heures.»
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