Il sont partis
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Il sont partis
J'ai envie de partager ce que j'écris... est-ce une si bonne idée ? Mais après tout, c'est ici, sur le forum que j'ai commencé à me mettre à la poésie...
Ils sont partis dans l’aube violette.
Ils sont partis sur des chemins, des routes
A l’heure où dorment encore les bêtes.
Ils sont partis sans bruit ni aucun doute.
Ils ont fermé la petite porte.
Dans le silence ont traversé les champs
De l’été, au milieu des herbes fortes
Faisant monter de la terre un chant.
Ils ont marché sur les cailloux,
Droit devant eux. Ils n’ont pas dérangé
Le lièvre frileux ni le renard roux.
Le chevreuil n’a pas été apeuré.
Sont allés par les bois et les ravines,
Sans bagages mais portant leur cœur lourd.
Puis, quand les cloches ont sonné matines
A la volée, ont salué le jour.
Ont avancé plus loin dans le matin.
Loin des villages, des cours et des villes
Tout en buvant l’air doux comme du vin
En traversant l’eau des ruisseaux tranquilles.
Plus tard ont regardé vers la colline
Où le soleil jouait sur les hauteurs
Juste à l’heure où sa lumière divine
Dépose sur le monde sa splendeur.
Ils ont pris le sentier, vers le sommet
Sans se retourner une seule fois
En haut, ils étaient un peu essoufflés
Et se sont assis à l’orée d’un bois.
Ils sont repartis –il était midi
Sont descendus vers le pays en bas
Quand ils sont arrivés il faisait nuit
Et je ne sais s’ils sont restés là-bas.
Ils sont partis dans l’aube violette.
Ils sont partis sur des chemins, des routes
A l’heure où dorment encore les bêtes.
Ils sont partis sans bruit ni aucun doute.
Ils ont fermé la petite porte.
Dans le silence ont traversé les champs
De l’été, au milieu des herbes fortes
Faisant monter de la terre un chant.
Ils ont marché sur les cailloux,
Droit devant eux. Ils n’ont pas dérangé
Le lièvre frileux ni le renard roux.
Le chevreuil n’a pas été apeuré.
Sont allés par les bois et les ravines,
Sans bagages mais portant leur cœur lourd.
Puis, quand les cloches ont sonné matines
A la volée, ont salué le jour.
Ont avancé plus loin dans le matin.
Loin des villages, des cours et des villes
Tout en buvant l’air doux comme du vin
En traversant l’eau des ruisseaux tranquilles.
Plus tard ont regardé vers la colline
Où le soleil jouait sur les hauteurs
Juste à l’heure où sa lumière divine
Dépose sur le monde sa splendeur.
Ils ont pris le sentier, vers le sommet
Sans se retourner une seule fois
En haut, ils étaient un peu essoufflés
Et se sont assis à l’orée d’un bois.
Ils sont repartis –il était midi
Sont descendus vers le pays en bas
Quand ils sont arrivés il faisait nuit
Et je ne sais s’ils sont restés là-bas.
Re: Il sont partis
Le silence est écoute. Ne t'en offusque pas, surtout . Ton poeme soulève des images , et fait partager des sensations vivantes .Je ne saurais juger de sa forme, mais, pour moi, prose ou poésie, si je peux évoquer, voir et entendre, j'apprécie .
JO- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 22786
Localisation : france du sud
Identité métaphysique : ailleurs
Humeur : paisiblement réactive
Date d'inscription : 23/08/2009
Re: Il sont partis
Cochonfucius a écrit:Pareil pour moi. On imagine une bien belle journée, loin du troupeau.
Oui, un de mes lecteurs m'a demandé si c'étaient des randonneurs, arf ! Mais si on lit la dernière strophe : ça veut dire qu'ils ne sont sans doute pas revenus. C'est pas des randonneurs.
Re: Il sont partis
Cochonfucius a écrit:Cela fait penser à une chanson d'Edith Piaf "Les amants d'un jour".
Hein ?
Re: Il sont partis
C'est marrant comment différentes personnes voient un même texte. Déjà, moi qui l'ai écrit, j'imagine plusieurs personnes : un groupe, quoi, donc pas une balade "main dans la main". Ce sont des "évadés" mais aussi des "aventuriers" qui échappent au troupeau, comme tu disais. Il faut beaucoup de courage pour faire ça, moi j'aimerais le faire, mais faute de le faire... eh ! Bien, je l'écris.
Mais Il faudrait écouter la chanson de Piaf. Après tout, une fois écrit, un texte n'appartient plus à l'auteur.
Mais Il faudrait écouter la chanson de Piaf. Après tout, une fois écrit, un texte n'appartient plus à l'auteur.
Re: Il sont partis
Extrait:
On les a trouvés
Se tenant par la main
Les yeux refermés
Vers d'autres matins
Remplis de soleil
On les a couchés
Unis et tranquilles
Dans un lit creusé
Au coeur de la ville
Et je me rappelle
Avoir refermé
Dans le petit jour
La chambre d'hôtel
Des amants d'un jour
... c'est une serveuse de bar qui tout en essuyant les verres au fond du café se remémore la visite de deux amants à son hôtel modeste. Ils meurent dans la chambre au papier jauni, et le lendemain on les a couchés, se tenant par la main dans un lit creusé au coeur de la ville, etc.
Je ne sais pas pourquoi, mais je fais un rapprochement. Or dans ton texte, ça peut être en effet un groupe, alors que dans celui que chante Piaf, c'est clairement un couple.
On les a trouvés
Se tenant par la main
Les yeux refermés
Vers d'autres matins
Remplis de soleil
On les a couchés
Unis et tranquilles
Dans un lit creusé
Au coeur de la ville
Et je me rappelle
Avoir refermé
Dans le petit jour
La chambre d'hôtel
Des amants d'un jour
... c'est une serveuse de bar qui tout en essuyant les verres au fond du café se remémore la visite de deux amants à son hôtel modeste. Ils meurent dans la chambre au papier jauni, et le lendemain on les a couchés, se tenant par la main dans un lit creusé au coeur de la ville, etc.
Je ne sais pas pourquoi, mais je fais un rapprochement. Or dans ton texte, ça peut être en effet un groupe, alors que dans celui que chante Piaf, c'est clairement un couple.
Re: Il sont partis
C'est très intéressant Cochonfucius, car si on écoute la chanson, qui n'a rien à voir avec mon poème, et à laquelle je ne pensais absolument pas, on trouve des recoupements au niveau du champ sémantique : le soleil, le matin, l'idée de "banalité, et aussi de départ, et "le cœur lourd". Il y a à la fois tristesse et joie mêlée. Même si les amants ont l'air d'arriver dans l'hôtel, en fait ils partent. Ils font le Grand Voyage ! La serveuse du café, elle reste là : c'est le témoin (dans mon poème, le/la narrateur/trice).
Ton interprétation, Cochonfucius, révèle aussi des choses sur toi qu'on lit exprimées différemment dans tes poèmes...
Ton interprétation, Cochonfucius, révèle aussi des choses sur toi qu'on lit exprimées différemment dans tes poèmes...
Re: Il sont partis
La participation au forum livre beaucoup de chacun de nous : c'est un de ses grands charmes, je trouve .
JO- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 22786
Localisation : france du sud
Identité métaphysique : ailleurs
Humeur : paisiblement réactive
Date d'inscription : 23/08/2009
Re: Il sont partis
Babylon5 a écrit:Ton interprétation, Cochonfucius, révèle aussi des choses sur toi qu'on lit exprimées différemment dans tes poèmes...
J'essaie pourtant d'anonymiser mes poèmes, mais je n'y parviens pas totalement.
Et ce n'est pas un secret, que je préfère l'inaccessible...
Re: Il sont partis
ça c'est impossible, ou alors ce serait de la posée "sans chair et sans âme"Cochonfucius a écrit:
J'essaie pourtant d'anonymiser mes poèmes, mais je n'y parviens pas totalement.
Tu es un romantique au fond, non ?Et ce n'est pas un secret, que je préfère l'inaccessible...
Re: Il sont partis
J'espère que ma façon de critiquer le texte ne te vexera pas. C'est léger sans être éthéré. La "fuite" me semble plus pénible que j'ai l'impression que le texte veut le suggérer. C'est intimiste sans être personnel : au milieu de, près de, loin des villes,... Les "ils" manquent d'émotions à mon goût. Le rythme du texte me donner l'impression de buter sur les rimes, comme si les phrases avaient été écrites une par une, à la recherche de la rime plutôt que portée par un souffle cohérent de part en part.
Tu t'es déjà essayée à la prose plutôt qu'à la rime métrique? Elle n'empêche pas la poésie... Céline est un bon exemple en la matière, il avait l'art de faire vibrer le texte par les rimes sans utiliser de pieds (ce qui est pas intrigant de la part d'un voyageur). Il peut être intéressant de le consulter.
Tu t'es déjà essayée à la prose plutôt qu'à la rime métrique? Elle n'empêche pas la poésie... Céline est un bon exemple en la matière, il avait l'art de faire vibrer le texte par les rimes sans utiliser de pieds (ce qui est pas intrigant de la part d'un voyageur). Il peut être intéressant de le consulter.
Sebi- Maître du Relatif et de l'Absolu
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Localisation : Bruxelles
Identité métaphysique : Empereur
Humeur : Printanière
Date d'inscription : 26/04/2009
Re: Il sont partis
Non Sebi, tu ne me vexe pas. Au contraire, tu donnes ton impression personnelle et cela peut m'aider à réfléchir. Pour le "ils", c'est volontaire. Ou plutôt, disons que le premier vers est sorti comme ça de ma tête au réveil, et j'aime bien garder tel quel ce genre de trucs.
Pour moi ce n'est pas vraiment une "fuite", mais tu vois que des lecteurs différents perçoivent de façon très différente. Les pauses suggèrent plutôt qu'ils prennent leur temps, et s'ils sont silencieux, c'est parce qu'ils se fondent dans la nature.
Pour les rimes : non, elles sont venues assez naturellement. Bien sûr que les vers sont écrits un par un, le poème n'arrive pas tout construit et fini dans ma tête. Je ne sais pas si ça fonctionne pour ça pour d'autres, faudrait demander.
Par exemple, dans la deuxième strophe : "la petite porte" s'est imposée à moi, c'est une image dont la source est "religieuse" ("la porte étroite" des Evangiles). Cette "porte étroite" me parle depuis longtemps. "l'herbe forte" : je n'ai pas mis "forte" au hasard, faute de trouver une autre rime. C'est d'abord une réalité vécue de personne vivant à la campagne (ben oui, l'herbe, c'est très fort, ça se relève quand on la foule, ça repousse toujours) ; et ensuite une image plus générale de la "force" de la nature. Et il y a assimilation des sens : l'herbe a aussi une odeur forte (va sentir quand on fait les foins). Ensuite de l'odorat à l'ouie : le "chant" rimant avec champ, ça m'est venu à cause du titre d'un roman je crois "le chant de la terre" (mais je sais plus d'où ça vient, bref, ça c'est stocké en moi, c'est beau pour moi cette "terre qui chante").
J'ai fait aussi quelques textes en prose, mais les vers sont une façon pour moi de structurer mon langage, les images qui me viennent, et surtout le sentiment source du poème : si je pars en prose, ça "part" dans tous les sens. Mais je ne dis pas que je ne m'y remettrai pas.
Merci en tout cas pour tes impressions.
Pour moi ce n'est pas vraiment une "fuite", mais tu vois que des lecteurs différents perçoivent de façon très différente. Les pauses suggèrent plutôt qu'ils prennent leur temps, et s'ils sont silencieux, c'est parce qu'ils se fondent dans la nature.
Pour les rimes : non, elles sont venues assez naturellement. Bien sûr que les vers sont écrits un par un, le poème n'arrive pas tout construit et fini dans ma tête. Je ne sais pas si ça fonctionne pour ça pour d'autres, faudrait demander.
Par exemple, dans la deuxième strophe : "la petite porte" s'est imposée à moi, c'est une image dont la source est "religieuse" ("la porte étroite" des Evangiles). Cette "porte étroite" me parle depuis longtemps. "l'herbe forte" : je n'ai pas mis "forte" au hasard, faute de trouver une autre rime. C'est d'abord une réalité vécue de personne vivant à la campagne (ben oui, l'herbe, c'est très fort, ça se relève quand on la foule, ça repousse toujours) ; et ensuite une image plus générale de la "force" de la nature. Et il y a assimilation des sens : l'herbe a aussi une odeur forte (va sentir quand on fait les foins). Ensuite de l'odorat à l'ouie : le "chant" rimant avec champ, ça m'est venu à cause du titre d'un roman je crois "le chant de la terre" (mais je sais plus d'où ça vient, bref, ça c'est stocké en moi, c'est beau pour moi cette "terre qui chante").
J'ai fait aussi quelques textes en prose, mais les vers sont une façon pour moi de structurer mon langage, les images qui me viennent, et surtout le sentiment source du poème : si je pars en prose, ça "part" dans tous les sens. Mais je ne dis pas que je ne m'y remettrai pas.
Merci en tout cas pour tes impressions.
Re: Il sont partis
Quand j'écrivais des poèmes, généralement, ça venait d'un coup, des humeurs. Quand j'écris, ce n'est pas trop fonction des humeurs, mais la façon de procéder reste la même : je vois le début et la fin et, entre ceux-ci, les fins et débuts intermédiaires.
Maurice Dantec par exemple a dit que quand il écrit, il ne sait pas où il va. Ca semble être plus proche de ta façon de faire que de la mienne.
De toute façon, écrire, ça ne s'apprend pas dans les écoles ou les manuels, jusqu'ici en tout cas.
J'ai quelques fois essayé d'écrire sans objectif, "automatiquement", tout ce qui vient, sans paragraphe,... Ca peut bien donner, mais je crois qu'il faut aussi du travail pour vraiment explorer ce style.
Maurice Dantec par exemple a dit que quand il écrit, il ne sait pas où il va. Ca semble être plus proche de ta façon de faire que de la mienne.
De toute façon, écrire, ça ne s'apprend pas dans les écoles ou les manuels, jusqu'ici en tout cas.
J'ai quelques fois essayé d'écrire sans objectif, "automatiquement", tout ce qui vient, sans paragraphe,... Ca peut bien donner, mais je crois qu'il faut aussi du travail pour vraiment explorer ce style.
Sebi- Maître du Relatif et de l'Absolu
- Nombre de messages : 1106
Localisation : Bruxelles
Identité métaphysique : Empereur
Humeur : Printanière
Date d'inscription : 26/04/2009
Re: Il sont partis
Sebi a écrit:Quand j'écrivais des poèmes, généralement, ça venait d'un coup, des humeurs.
Tu pourrais peut-être en publier quelques un ici ?
Mais non, je n'écris pas comme tu dis : je sais, obscurément, où je vais (c'est-à-dire où va mon poème)Maurice Dantec par exemple a dit que quand il écrit, il ne sait pas où il va. Ca semble être plus proche de ta façon de faire que de la mienne.
D'accord avec toi, avec une restriction. Un "bagage" de lectures poétiques -et aussi de chansons, pourquoi pas- est très utile. On s'inscrit souvent dans une tradition (pas avec un grand "T"), ne serait-ce que parce que certains poèmes ont retenti en nous. C'est comme l'effet d'une vibration qui se répercute en nous, soulevant d'autres images, d'autres émotions, etc.. etc..De toute façon, écrire, ça ne s'apprend pas dans les écoles ou les manuels, jusqu'ici en tout cas.
En réalité c'est peut-être un style plus dur, il peut venir vraiment n'importe quoi, genre, tiens, je te fais une phrase en écriture automatique : "un lavabo se promenait avec une cuillère à côté d'un casque dans la lueur d'un gyrophare bleu à rayures...." (Bon j'arrête parce que ça pourrait durer des pages... Mais bon, ça peut être marrant d'essayer, je ne sais pas par contre si ça soulèvera émotion poétique ou esthétique ou signification chez le lecteur !J'ai quelques fois essayé d'écrire sans objectif, "automatiquement", tout ce qui vient, sans paragraphe,... Ca peut bien donner, mais je crois qu'il faut aussi du travail pour vraiment explorer ce style.
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