Ton âme sœur sur ordinateur
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Ton âme sœur sur ordinateur
http://www.liberation.fr/societe/0101599758-ton-ame-s-ur-sur-internet
Ton âme sœur sur Internet ?
Par LUIS DE MIRANDA romancier et essayiste
Figurons-nous qu’un Tristan et une Isolde se croisent sur un site de rencontres, et consultent leur profil aux critères de sélection standardisés : âge, profession, goûts musicaux, photogénie… Une normativité de l’amour qui confine à l’hygiénisme et vise moins à coupler deux humains qu’à les relier affectivement à leur ordinateur. Devant l’écran, l’automation devient peu à peu l’objet du désir, au détriment de l’élaboration aventureuse d’une relation.
A force de chercher une hypothétique osmose humaine par voie numérique, nous tendons à créer une symbiose avec des machines dont nous devenons dépendants. Or, ce fantasme de la symbiose homme-ordinateur est à la source de l’histoire du Web. En 1960, dans la Symbiose homme ordinateur, Joseph Carl Robnett Licklider, un des fondateurs du Net, parle de «couplage» et de «partenariat» entre l’homme et les entités électroniques. Plus qu’un «homme augmenté mécaniquement», il souhaite une «association intime», à la manière dont les insectes participent à la pollinisation des plantes. Un blastophage est une partie de l’organe sexuel du figuier, les deux forment une entité vivante. Cela paraît harmonieux, mais ce processus est pour le blastophage un esclavage éphémère : il y perd ses ailes et meurt rapidement.
En filant la métaphore symbiotique, on peut envisager que les computeurs et le codage numérique utilisent les hommes pour se reproduire et se multiplier, au besoin en exhibant des leurres qui éveillent le désir, au moyen par exemple de cette pornographie devant laquelle se déversent des hectolitres de solitude. Robnett Licklider admet l’hypothèse d’un «remplacement de l’humain» par «l’automation» : «Les hommes restants sont davantage là pour aider au processus que pour être aidés.»
Sommes-nous l’organe reproductif du numérisme ? Sommes-nous à l’époque des machines «humainement augmentées» ? Comme si les comparses 1 et 0 étaient empressés de grignoter la Terre, encouragés par le capital et avec notre accord paresseusement jouisseur. Les êtres vivant en symbiose sont incapables de liberté et de décisions singulières. Parler d’un «homme symbiotique», c’est parler d’un enchaîné qui n’aurait pas dépassé le règne naturel et qui finalement servirait les intérêts d’un grand tout déterministe. Toute métaphore biologiste des nouveaux médias est réductionniste : elle néglige la part propre de l’humain, le fait qu’il soit libre de remodeler ses formes d’existence, de recréer ses codes de vie. Une part active qui n’est pas simplement la résultante d’une somme d’informations et de critères de choix, car plus on est surinformé, plus on est in-formé, c’est-à-dire programmé de l’intérieur. On peut se demander si le monde de Numéros, poussé à l’extrême, permettra encore l’action, la création, le désir, le déploiement d’Eros. On peut être certain qu’aucune grille reposant sur des critères statistiques ne nous permettra jamais de tomber amoureux.
Que nous acceptions de nous en remettre à un «ordinateur» pour réguler nos amours est déjà symptomatique : ce mot a été introduit dans notre langue en 1955, par un fabricant de computeurs, la société IBM France. François Girard, alors responsable du service publicité, eut semble-t-il l’idée de consulter son ancien professeur de lettres, Jacques Perret. Pour désigner ce que l’on appelait alors un calculateur, il proposa ordinateur, un mot tombé en désuétude, qui désignait un ecclésiastique conférant les ordres dans l’Eglise catholique.
Nommer les computeurs des ordinateurs rappelle la croyance qui voyait dans l’Eglise un ordre divin veillant à la bonne gestion des unions. De même qu’un prêtre n’est pas l’indiscutable émissaire de Dieu nous permettant de faire un mariage conforme, un computeur n’est pas l’incarnation d’une logique analytique qui nous permettrait de vivre un destin ajusté à nos aspirations. A trop le croire, on se prépare des lendemains de divorce…
Dernier livre paru : Peut-on jouir du capitalisme ? (Max Milo).
Ton âme sœur sur Internet ?
Par LUIS DE MIRANDA romancier et essayiste
Figurons-nous qu’un Tristan et une Isolde se croisent sur un site de rencontres, et consultent leur profil aux critères de sélection standardisés : âge, profession, goûts musicaux, photogénie… Une normativité de l’amour qui confine à l’hygiénisme et vise moins à coupler deux humains qu’à les relier affectivement à leur ordinateur. Devant l’écran, l’automation devient peu à peu l’objet du désir, au détriment de l’élaboration aventureuse d’une relation.
A force de chercher une hypothétique osmose humaine par voie numérique, nous tendons à créer une symbiose avec des machines dont nous devenons dépendants. Or, ce fantasme de la symbiose homme-ordinateur est à la source de l’histoire du Web. En 1960, dans la Symbiose homme ordinateur, Joseph Carl Robnett Licklider, un des fondateurs du Net, parle de «couplage» et de «partenariat» entre l’homme et les entités électroniques. Plus qu’un «homme augmenté mécaniquement», il souhaite une «association intime», à la manière dont les insectes participent à la pollinisation des plantes. Un blastophage est une partie de l’organe sexuel du figuier, les deux forment une entité vivante. Cela paraît harmonieux, mais ce processus est pour le blastophage un esclavage éphémère : il y perd ses ailes et meurt rapidement.
En filant la métaphore symbiotique, on peut envisager que les computeurs et le codage numérique utilisent les hommes pour se reproduire et se multiplier, au besoin en exhibant des leurres qui éveillent le désir, au moyen par exemple de cette pornographie devant laquelle se déversent des hectolitres de solitude. Robnett Licklider admet l’hypothèse d’un «remplacement de l’humain» par «l’automation» : «Les hommes restants sont davantage là pour aider au processus que pour être aidés.»
Sommes-nous l’organe reproductif du numérisme ? Sommes-nous à l’époque des machines «humainement augmentées» ? Comme si les comparses 1 et 0 étaient empressés de grignoter la Terre, encouragés par le capital et avec notre accord paresseusement jouisseur. Les êtres vivant en symbiose sont incapables de liberté et de décisions singulières. Parler d’un «homme symbiotique», c’est parler d’un enchaîné qui n’aurait pas dépassé le règne naturel et qui finalement servirait les intérêts d’un grand tout déterministe. Toute métaphore biologiste des nouveaux médias est réductionniste : elle néglige la part propre de l’humain, le fait qu’il soit libre de remodeler ses formes d’existence, de recréer ses codes de vie. Une part active qui n’est pas simplement la résultante d’une somme d’informations et de critères de choix, car plus on est surinformé, plus on est in-formé, c’est-à-dire programmé de l’intérieur. On peut se demander si le monde de Numéros, poussé à l’extrême, permettra encore l’action, la création, le désir, le déploiement d’Eros. On peut être certain qu’aucune grille reposant sur des critères statistiques ne nous permettra jamais de tomber amoureux.
Que nous acceptions de nous en remettre à un «ordinateur» pour réguler nos amours est déjà symptomatique : ce mot a été introduit dans notre langue en 1955, par un fabricant de computeurs, la société IBM France. François Girard, alors responsable du service publicité, eut semble-t-il l’idée de consulter son ancien professeur de lettres, Jacques Perret. Pour désigner ce que l’on appelait alors un calculateur, il proposa ordinateur, un mot tombé en désuétude, qui désignait un ecclésiastique conférant les ordres dans l’Eglise catholique.
Nommer les computeurs des ordinateurs rappelle la croyance qui voyait dans l’Eglise un ordre divin veillant à la bonne gestion des unions. De même qu’un prêtre n’est pas l’indiscutable émissaire de Dieu nous permettant de faire un mariage conforme, un computeur n’est pas l’incarnation d’une logique analytique qui nous permettrait de vivre un destin ajusté à nos aspirations. A trop le croire, on se prépare des lendemains de divorce…
Dernier livre paru : Peut-on jouir du capitalisme ? (Max Milo).
Invité- Invité
Re: Ton âme sœur sur ordinateur
Hihi ! Excellent ! Je ne savais pas.François Girard, alors responsable du service publicité, eut semble-t-il l’idée de consulter son ancien professeur de lettres, Jacques Perret. Pour désigner ce que l’on appelait alors un calculateur, il proposa ordinateur, un mot tombé en désuétude, qui désignait un ecclésiastique conférant les ordres dans l’Eglise catholique.
En utilisant le terme "ORDINATEUR" on est donc encore dans le vocable catholique.
Donc pour une vraie laïcité, il faudrait interdire ce mot, ou alors on pourrait tout aussi bien utiliser le mot "IMAM" pour désigner un "computer" (ou "calculateur").
Quant à la question de l'âme soeur sur Internet, n'oublions pas que c'est l'utilisateur qui programme ses critères de recherche... Personne n'est obligé de rechercher uniquement des "grandes blondes à forte poitrine".
...
_________________
" On sait tout sur rien et on sait rien sur tout. "
Re: Ton âme sœur sur ordinateur
Le point c'est que les ordinateurs se servent des humains pour se reproduire. Par Meetics interposés. Même si c'est l'abeille qui butine les fleurs qu'elle veut, n'empêche qu'on peut considérer que les végétaux instrumentalisent les insectes pour se reproduire...
Invité- Invité
Re: Ton âme sœur sur ordinateur
Que voilà un débat accrocheur de la part d'Escape sourire..
Lorsqu'en l'an 2000, j'ai été confrontée au célibat et n'ayant
pas pour habitude d'aller danser ni de fréquenter des bistros,
je me suis demandée effectivement comment rencontrer (à nouveau ?)
l'âme soeur -
1 ami informaticien m'a alors introduit (sourire) dans le monde virtuel
Par la suite, je suis devenue Curare, celle qui tue (pardon) jongle avec les mots ..-sourire- l'âme soeur je l'ai cherché sans trop vouloir l'attraper ...
Aventure extraordinaire que l'interconnectivité de la pensée en réseaux souterrain sur le web qui a pris le dessus sur cette quête au prime abord instinctive de ne pas vouloir rester seule et dont le souhait s'est éteint depuis-
Mais au bout de cette impasse, il y a toute l'expérience acquise au fil des ans et les gens formidables que j'ai pu croiser au hasard des fil'amants de la toile - (sourire j'ai fait 1 lapsus - je le rectifie en jeu de mot)
J'interviendrais pour raconter des anecdotes si le débat s'emballe -
Cruel destin d'avoir choisi le virtuel et... l'adieu au corps !
Mais c'est mon choix !
Lorsqu'en l'an 2000, j'ai été confrontée au célibat et n'ayant
pas pour habitude d'aller danser ni de fréquenter des bistros,
je me suis demandée effectivement comment rencontrer (à nouveau ?)
l'âme soeur -
1 ami informaticien m'a alors introduit (sourire) dans le monde virtuel
Par la suite, je suis devenue Curare, celle qui tue (pardon) jongle avec les mots ..-sourire- l'âme soeur je l'ai cherché sans trop vouloir l'attraper ...
Aventure extraordinaire que l'interconnectivité de la pensée en réseaux souterrain sur le web qui a pris le dessus sur cette quête au prime abord instinctive de ne pas vouloir rester seule et dont le souhait s'est éteint depuis-
Mais au bout de cette impasse, il y a toute l'expérience acquise au fil des ans et les gens formidables que j'ai pu croiser au hasard des fil'amants de la toile - (sourire j'ai fait 1 lapsus - je le rectifie en jeu de mot)
J'interviendrais pour raconter des anecdotes si le débat s'emballe -
Cruel destin d'avoir choisi le virtuel et... l'adieu au corps !
Mais c'est mon choix !
Invité- Invité
Re: Ton âme sœur sur ordinateur
Chaque automne
à leurs précieuses feuilles
les arbres aiment dire adieu:
L'hiver vient,
inutile d'y exposer
trop de surface tendre.
à leurs précieuses feuilles
les arbres aiment dire adieu:
L'hiver vient,
inutile d'y exposer
trop de surface tendre.
Re: Ton âme sœur sur ordinateur
Tu as raison sage Cochon-
De l'inutilité de jouir, d'individuels travers inintéressants à priori du point
de vue de la connexion des êtres, d'1 latitude aussi grande que notre
imagination conceptuelle relative à ce débat..si bien que nous pouvons effectivement passer l'hiver au chaud ..ou attendre la fin des temps ..ça dépendra de tout 1 chacun ..
De l'inutilité de jouir, d'individuels travers inintéressants à priori du point
de vue de la connexion des êtres, d'1 latitude aussi grande que notre
imagination conceptuelle relative à ce débat..si bien que nous pouvons effectivement passer l'hiver au chaud ..ou attendre la fin des temps ..ça dépendra de tout 1 chacun ..
Invité- Invité
Re: Ton âme sœur sur ordinateur
Curare, tu es vraiment une énigme...Et tu sais que sur le forum il y a beaucoup de chercheurs...
bernard1933- Aka Tpat
- Nombre de messages : 10079
Localisation : Dijon
Identité métaphysique : agnostique
Humeur : serein
Date d'inscription : 23/03/2008
Re: Ton âme sœur sur ordinateur
1 carapace ...transparente pour qui veut bien s'y attarder -
Non je ne suis pas 1 énigme ou alors je ne me suis pas encore solutionnée ..
Mais ça peut arriver au cours d'1 vie..de ne pas s'accomplir..
Tu sais bien Bernard que les poètes sont irresistibles ...
Non je ne suis pas 1 énigme ou alors je ne me suis pas encore solutionnée ..
Mais ça peut arriver au cours d'1 vie..de ne pas s'accomplir..
Tu sais bien Bernard que les poètes sont irresistibles ...
Invité- Invité
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