résurrection partielle de la gnose dans l'islam
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résurrection partielle de la gnose dans l'islam
La résurrection partielle du gnosticisme dans l’islam
Mahomet, le nouveau Marcion de l’Arabie
par Masud Masihiyyen
INTRODUCTION
La négation de la crucifixion de Jésus dans le Coran (Sourate 4:157) qui vise l'un des dogmes fondamentaux du christianisme ne peut être considérée ni comme une doctrine intrinsèquement islamique ni comme originale. L’Histoire en témoigne, certains groupes hérétiques qui se formèrent dés le début de la période apostolique et acquirent une grande diffusion au cours du second siècle refusaient de croire à la réalité de la crucifixion. Malgré des variantes mineures, les adeptes de ces groupes étaient connus sous le terme collectif de "gnostiques" et affirmaient que la crucifixion du Messie n’était qu’une hallucination.
Certains tentent de présenter l'existence au début de l'ère chrétienne de croyants niant la crucifixion de Jésus comme un argument réfutant la foi chrétienne, certains fabricants ou adeptes de théories du complot essayent même de faire passer les doctrines des groupes hétérodoxes chrétiens des débuts de l'Eglise comme les reliquats de prétendus authentiques enseignements islamiques donnés par le prophète (de l’islam) Jésus.
Effectivement, les faux enseignements des groupes gnostiques qui nient la réalité de la passion et de la mort de Jésus font partie des hérésies que les musulmans se plaisent à brandir pour appuyer leurs allégations de corruption de la bible et de soi-disant apostasie de la doctrine islamique après l'Ascension de Jésus. Pour le dire autrement, certains musulmans se réfèrent au rejet de la crucifixion dans les premiers temps de l'Eglise pour étayer historiquement leurs allégations concernant la crucifixion de Jésus dans le Coran. C'est pourquoi il est nécessaire d'analyser à la fois les doctrines gnostiques et islamiques sur la mort de Jésus et pour juger si le gnosticisme tient la négation de la crucifixion du Christ de l'Islam.
Qui étaient les gnostiques ? Quelles étaient leurs croyances ?
Il ne sera pas faux d'affirmer que le gnosticisme est sans pareil parmi les hérésies des premiers temps de l'Eglise, étant plus systématiquement développé que tous les autres. Le mot «gnostique» est dérivé du mot grec "gnosis" qui signifie "connaissance". Les adeptes de la gnose 4 rejetaient la doctrine fondamentale du christianisme du salut à travers la mort expiatoire du Christ en faveur de l'acquisition du secret de la «connaissance» comme véritable source de la rédemption. L'idée que les croyants puissent acquérir le salut par la connaissance de certaines doctrines secrètes de Jésus non seulement séparait officiellement les gnostiques des membres de l'Eglise universelle mais faisait également du gnosticisme une philosophie élitiste sanctifiant plus la connaissance que le sacrifice de Jésus.
En tant qu’hérésie majeure, le gnosticisme, incluait évidemment plusieurs autres doctrines et éléments hérétiques. L'une des courants incontournables du Gnosticisme était le Docétisme qui niait avec véhémence la réalité de la crucifixion du Sauveur en présentant sa mort comme une illusion. Le Docétisme constitua une grave menace pour l'enseignement des apôtres car il exista dès l'époque apostolique et tentait de remplacer la réalité physique par le concept de "l'apparence". Le résultat de cette volonté de substitution produisit la doctrine hérétique que ce n’était qu’en apparence que Jésus semblait avoir souffert et être mort mais qu’en réalité il n’avait ressenti ni la douleur physique ni la mort.
Le Docétisme était parfaitement compatible avec les principes fondamentaux de la gnose car le refus de la réalité de la crucifixion de Jésus découlait naturellement de l'aversion gnostique envers le corps humain 6 . Ce dégoût du corps humain était incompatible avec la doctrine chrétienne de l'Incarnation qu’ils méprisaient et rejetaient avec celle de la mort du Sauveur:
La force des liens entre le Gnosticisme et le Docétisme était manifeste dans la formulation de la cosmologie gnostique. Au cœur du Gnosticisme il y avait le dualisme entre le bien et le mal se manifestant sous diverses formes. Le mode de pensée dualiste aboutissait à transformer le monde des gnostiques en une arène où des couples d’opposés étaient en lutte permanente. Dans ces couples, la matière était assimilée au mal par opposition à l’esprit. Cet enseignement conduisit les gnostiques à adopter une doctrine selon laquelle le corps humain est lui-aussi intrinsèquement impur et mauvais parce qu'il ressort du domaine de la matière. Par conséquent, les gnostiques commencèrent à percevoir Jésus comme un Esprit suprême qui avait libéré ses disciples de leur prison corporelle par la révélation de certains secrets :
Il est évident qu'aucun des enseignements gnostiques n’a de lien avec l'Islam ou ses allégations concernant la crucifixion de Jésus. L'argument selon lequel le gnosticisme témoigne d’une l'influence de l'islam en particulier dans le cas du déni de la crucifixion de Jésus n'a aucune base historique ou théologique. Plus précisément, les gnostiques ne considéraient pas Jésus comme un prophète ordinaire qui aurait miraculeusement été sauvé de la mort alors qu’il était entre les mains de ses adversaires, mais liaient théologiquement leur refus de la doctrine chrétienne de la crucifixion à l’avilissement du corps humain. Ceci conduisait naturellement à la négation de l'humanité de Jésus et à le présenter comme un esprit divin sauveur. En bref, le gnosticisme accentuait la divinité de Jésus, dont le corps humain n'était qu'une illusion, contraste frappant avec l'Islam qui veut dépeindre Jésus comme l'un des simples prophètes humains du passé.
La principale raison de la propagation rapide et de la présence historique persistante du gnosticisme dans le monde résidait très probablement dans les similitudes superficielles entre les grands principes chrétiens et les enseignements gnostiques. La distorsion des enseignements apostoliques et la facilité de leur adaptation à certaines hérésies gnostiques accélérèrent le développement et la propagation de la gnose chez certains chrétiens. Dans la plupart des cas, les hérésies gnostiques furent le produit d’ingénieuses altérations des enseignements apostoliques apportant de fortes implications théologiques. Par exemple, il est hautement probable que les gnostiques pervertirent les déclarations de Paul sur le caractère prédéterminé de la crucifixion du Christ afin de justifier leurs faux enseignements d’un Jésus rachetant ses disciples en leur révélant de grands secrets et des mystères :
Dans sa première épître aux Corinthiens Paul avait associé la notion de mystère et de révélation avec le salut en Christ, mais les gnostiques déformèrent les implications théologiques de Paul pour affirmer que le salut dans le Christ passait par la révélation de certains enseignements secrets. Ce que Paul voulait vraiment dire était que le seul moyen de salut était la crucifixion du Christ qui, en conformité avec la sagesse de Dieu, avait été gardée secrète à l'humanité jusqu’à l'accomplissement des desseins divins et la rédemption. Les commentaires de Paul ne nient pas la crucifixion et ne présentent pas le mystère du salut comme le moyen de salut.
Dans d'autres cas les adeptes du gnosticisme essayèrent de déformer les enseignements apostoliques sur le Christ par notamment une interprétation poussée à l’extrême des doctrines. Par exemple, l'hérésie gnostique que le corps humain est intrinsèquement mauvais et que le Christ ne pouvait donc pas avoir un vrai corps humain est une déviation et une forme extrême du dogme chrétien que, en tant que divin Sauveur de l'humanité, le Christ était le seul homme sans péché. Puisque, à cause de sa philosophie dualiste, le gnosticisme établissait un lien entre le mal et le corps humain, l'incarnation de Jésus était ipso facto inacceptable puisque adopter une nature humaine revenait à être pécheur et impur.
Ces similitudes et ces différences entre le christianisme et le gnosticisme illustrent à quel point les hérésies gnostiques devaient leur existence à la déformation systématique et minutieuse des doctrines chrétiennes de base. Rien dans la foi et la mentalité gnostique n’indique une quelconque parenté avec les doctrines islamiques : le motif qui conduisit les gnostiques à nier la réalité de la crucifixion de Jésus est totalement incompatible avec le dogme islamique qui nie la divinité de Jésus. Ce gouffre entre le gnosticisme et l'islam et le fait que la logique théologique gnostique relative au rejet de l'incarnation et de la crucifixion de Jésus soit totalement absente du Coran nous conduit à la conclusion que c’est l'Islam qui a partiellement adopté le gnosticisme.
Pourquoi l'islam a-t-il adopté l'hérésie gnostique ?
Pourquoi le Coran reprend-t-il la théorie de l'illusion des gnostiques tout en soulignant l'humanité de Jésus au détriment de sa divinité? Il s'agit d'une question rationnelle et difficile qui expose les liens cachés entre les hérésies gnostiques et le déni islamique de la crucifixion. A première vue, il n'est pas évident de comprendre pourquoi Mahomet a choisi de reprendre les vues gnostiques répudiant la passion de Jésus. Tout en commentant les sources chrétiennes du Coran, le Révérend Clair Tisdall remarque que l'adoption par Mahomet de l'hérésie gnostique concernant la crucifixion de Jésus fut un peu le fruit du hasard, le produit d’une réaction émotionnelle envers les Juifs :
Alors que les hérésies gnostiques avaient des raisons à la fois théologiques et philosophiques de décrocher Jésus de la croix, on ne peut pas en dire autant de l'islam. Pour la gnose, qui séparait radicalement la matière (et la chair) de l'âme à cause de son mode de pensée dualiste, l'acceptation de la crucifixion aurait représenté une contradiction majeure, une auto-négation même. Dans le Coran, il est par contre impossible de trouver le moindre motif théologique ou philosophique qui implique le rejet de la passion de Jésus et son sauvetage de la croix puisque que l'Islam n’adopte pas le point de vue gnostique que la chair est mauvaise.
Pour être honnête, l'Islam contredit ouvertement le gnosticisme quand il met l'accent sur la nature humaine de Jésus tout en rejetant la croyance chrétienne en la divinité de Jésus. Pour rejeter le principe d'un Jésus divin, le Coran affirme que le Messie Jésus n’est rien de plus qu'un prophète et se concentre sur la nature humaine de Jésus en faisant abstraction de la doctrine chrétienne de l'incarnation. Selon les auteurs du Coran, le simple fait que Jésus mangeait suffit à prouver qu'il était un homme puisqu’il éprouvait les faiblesses de la chair :
En outre, le Coran contient deux récits de la naissance de Jésus et de son enfance qui sont tous deux des plagiats des Évangiles apocryphes de l'enfance. Le récit sur Marie et Jésus du chapitre 19 du Coran est une version déformée et retravaillée des récits enregistrés dans l'Evangile du Pseudo-Matthieu et dans l'Évangile arabe de l'Enfance alors que la source du récit du chapitre 3 des écritures islamiques est l'évangile de l'enfance de Jacques. 10. L'incorporation de récits non canoniques sur la Nativité de Jésus dans le Coran est dans ce contexte assez contradictoire étant donné que, par ces histoires, Mahomet trahit les doctrines fondamentales gnostiques. Si un adepte de la gnose revenait et lisait ce que le Coran enseigne à propos de la crucifixion de Jésus, il collerait certainement à Mahomet l’étiquette de traître dépouillant le gnosticisme de son essence et le déformant pour ses intérêts personnels.
En contraste frappant avec les sectes gnostiques, Mahomet ne nie pas la réalité de la nature humaine de Jésus tout en souscrivant à la doctrine chrétienne de la conception miraculeuse. Bien que Mahomet ait interprété de travers la nativité miraculeuse de Jésus suite à son incapacité à comprendre l'identification de Jésus au Fils de Dieu dans le Christianisme, il confirma la réalité physique de la naissance de Jésus d'une vierge nommée Marie. La plupart des gnostiques, par contre, considéraient l'humanité de Jésus comme une illusion puisqu’ils étaient en guerre permanente avec la matière, y compris le corps humain. C'est pourquoi les hérésies gnostiques ont pour la plupart fait l’impasse sur la nativité et l'enfance de Jésus, présenté comme un esprit, une apparition soudaine surgie au milieu des Juifs au premier siècle. Dans un écrit apocryphe intitulé "Les Actes de Jean 11 ”, il est affirmé que le corps de Jésus était une vision :
Il ressort clairement des enseignements gnostiques que pour eux la mort physique de Jésus était naturellement impossible et impensable puisqu’ils considéraient qu’il n’avait pas de corps réel. En d'autres termes, le rejet de la crucifixion dans le gnosticisme découle tout naturellement du dogme de base que Jésus n'était pas véritablement humain. Si l'on compare cela avec le rejet de la passion de Jésus dans le Coran, nous voyons que Mahomet a agi arbitrairement et a choisi de borner son refus à la réalité de la mort de Jésus sur la croix. La stratégie de Mahomet se limita donc à promouvoir la théorie gnostique de l'illusion, ce qui prouve de l'adaptation de certains enseignements gnostiques à la religion fabriquée par Mahomet. Le Gnosticisme était le fruit de la déformation de la foi chrétienne, le rejet islamique de la mort de Jésus est le fruit de la déformation des enseignements gnostiques.
À ce stade, la perversion de l'hérésie gnostique par Mahomet devient claire et l'affirmation que le gnosticisme tenait le déni de la mort de Jésus d’un soi-disant message de l'islam pur donné par le Prophète Jésus est maintenant réfutée. En réalité c’est Mahomet qui, adoptant certains enseignements gnostiques, en écartant d’autres, a rejeté la cohérence logique de la foi gnostique. Par conséquent, chez Mahomet le refus de la passion de Jésus n'avait pas de fondement théologique fort et avait perdu son lien avec l'authentique enseignement gnostique maudissant le corps et nécessitant d’interpréter la crucifixion de Jésus comme une illusion.
Tout en cherchant une réponse à la question de savoir pourquoi Mahomet a choisi de nier la mort de Jésus sur la croix alors que ce déni allait tout de même lui donner beaucoup de peine, nous constatons que le refus islamique ne prit forme qu’assez lentement et, étonnamment, que les versets coraniques reprenant la théorie gnostique de l'illusion ne furent formulés que tardivement après la migration de Mahomet à Médine. Fait intéressant, les versets coraniques qui appartiennent à la première période de l'Islam ne font pas plus référence à la crucifixion de Jésus qu’à son supposé sauvetage de la croix même s’ils soulignent l'incrédulité des juifs envers Jésus et la division religieuse d’Israël :
Il est très probable que Mahomet fut d'abord réticent à nier la crucifixion de Jésus car il ne la voyait pas comme un danger pour sa nouvelle idéologie louant Jésus comme un messager et le Messie. L'idée de rejeter la réalité de la crucifixion de Jésus lui vint graduellement à cause de la dégradation progressive de ses relations avec les Juifs de son époque. Plus Mahomet rencontrait de résistance auprès des Juifs, plus il avait besoin de les dénigrer. C’est de cette résistance à laquelle il ne s’attendait pas que datent les sentiments anti-juifs de Mahomet, sentiments qui prirent diverses formes. Par exemple, juste après la migration à Médine Mahomet lança ² officiellement sa campagne anti-juive par quelques versets qui accusaient les Juifs de fausser à dessein les Saintes Ecritures. C’était lié à son nouvel objectif de présenter les juifs comme des gens peu fiables et dangereux qui ne respectent même pas leurs propres Écritures et leur foi. Oubliant qu’à La Mecque son Dieu lui avait pourtant ordonné de consulter les «Juifs» en tant que lecteurs du «Livre» (Sourate 10:94), Mahomet affirmait maintenant que les Juifs étaient des gens malhonnêtes qui dissimulaient la vérité dans leurs écritures et pervertissaient leur livre :
Par la suite, Mahomet aggrava encore ses accusations en stigmatisant de façon récurrente les Juifs comme une communauté d’incroyants qui persécutaient et assassinaient les serviteurs élus de Dieu (les messagers comme les prophètes). Bien que Mahomet ne soit jamais parvenu à citer un seul messager d'Israël qui aurait été assassiné par les Juifs 12, , il se complaisait à dépeindre les Juifs comme des infidèles assoiffées du sang des messagers:
Il est frappant de constater que cette campagne de diffamation nous rapproche de la solution du puzzle islamique du rejet de la crucifixion de Jésus et révèle les liens obscurs entre les hérésies gnostiques et l'islam. Après avoir brandi le martyre des prophètes d'Israël des mains des Juifs incrédules pour justifier et motiver sa haine des juifs, Mahomet fit savoir que les Juifs avaient été maudits par David et Jésus :
La campagne anti-juive de Mahomet culmina finalement par une accusation calomnieuse selon laquelle les Juifs appelaient Esdras, le fils d'Allah et adoraient leurs rabbins, ce qui lui permettait de mettre les Juifs sur le même pied que les communautés polythéistes :
Toutes ces références répétées à un prétendu martyre infligé aux messagers de Dieu par les Juifs n’empêchèrent pas Mahomet de prendre vis-à-vis de la communauté juive une attitude diamétralement opposée dès que la mort de Jésus était évoquée. La seule déclaration du Coran qui nie ouvertement la crucifixion de Jésus et fasse sienne la théorie de l'illusion semble avoir été proférée lors d'un débat houleux entre Mahomet et des Juifs qui se vantaient de la mort de Jésus des mains de leurs ancêtres :
Évidemment, cette pique verbale exaspéra Mahomet : les Juifs qu’il invitait à l'islam lui rétorquaient que la crucifixion était le signe de l’échec de Jésus et de la fausseté des doctrines relatives à sa naissance miraculeuse et à son identification au Messie. Cet argument amena Mahomet à la conclusion qu’admettre la mort humiliante de Jésus sur la croix reviendrait à concéder une défaite face aux Juifs. En d'autres termes, Mahomet se convainquit facilement que la crucifixion de Jésus représentait une faiblesse et un obstacle pour son idéologie. Mahomet rejoignit donc tout naturellement le camp de ceux qui jugeaient que la croix de Jésus était une folie et une honte qui devait être cachée. L'apôtre Paul avait prédit ce genre d'approche du message de la croix et réprimandé les gens qui avaient honte de la crucifixion :
En tant que leader essentiellement politique de son époque, Mahomet n'a pas compris que la croix représentait la sagesse et la force de Dieu. Ironiquement, il se rapprocha des Juifs en ce qu'il convenait avec eux que la crucifixion de Jésus étai une honte et un déshonneur pour sa foi.
Tout en luttant contre l'incrédulité des juifs et la récupération qu’ils faisaient de la croix pour la transformer en une puissante arme politique dirigée contre son idéologie, Mahomet prit connaissance des théories gnostiques et les adopta car elles lui épargnaient la honte supposée de la crucifixion. L'influence de l'hérésie gnostique sur le refus de Mahomet de la crucifixion est évidente en ce que non seulement Mahomet niait la mort de Jésus mais liait aussi ce rejet à un «retour au ciel » (en la présence de Dieu) de Jésus. C'est pourquoi il jugea nécessaire de répéter que le sauvetage présumé de Jésus de la mort sur la croix était lié à son élévation au ciel :
De plus, ce n'est pas par coïncidence si dans ce même verset de rejet de la crucifixion, Mahomet établit un lien entre son rejet des allégations juives et une supposée ignorance juive de ce qui était réellement arrivé à Jésus. La manière dont Mahomet accusa les Juifs d'ignorance et de suivre des conjectures implique que le dieu de Mahomet lui avait révélé un secret à propos de Jésus, ce qui nous ramène au secret gnostique :
Mahomet pouvait bien être reconnaissant envers les hérésies gnostiques et leur réserva une place dans son Coran, bien qu'il ait dénaturé la doctrine fondamentale gnostique basée sur la dualité entre la matière et l'esprit. Fait intéressant, cette nouvelle version coranique du docétisme gnostique remplace la lutte éternelle entre la matière et l'âme par celle entre les Juifs et les Musulmans. En fait, ce qui convainquit Mahomet d’adopter le refus gnostique de la crucifixion était que lui et les gnostiques avaient un ennemi commun : les juifs.
Le mode de pensée dualiste de la gnose lié à l'affrontement constant entre les couples d’opposés (la chair contre l'âme, l'obscurité contre la lumière, la mort contre la vie, etc) stigmatisait inévitablement les Juifs comme la communauté du mal par excellence à cause de leur inféodation à la Loi et au corps. La projection de la lutte des contraires sur le plan de la race et de la politique aboutit à la thèse selon laquelle les Juifs correspondaient au mal et à la chair mortelle parce qu'ils suivaient obstinément la loi mosaïque au détriment d’une soi-disant rédemption par l'acquisition de la connaissance secrète de Jésus. Cette dangereuse tendance à associer les Juifs avec un monde matériel «pécheur et mortel» adorant la chair et haïssant l'âme engendra de nouvelles formes d’hérésies gnostiques abhorrant non seulement les Juifs en tant que tels mais aussi leur religion et leur Dieu.
Il est vrai que les chrétiens, en tant que disciples de Jésus le Messie, s’étaient radicalement démarqués des Juifs, suite à cette rupture on commençait à cibler la foi des Juifs au point même de rejeter le Dieu d'Israël avec sa nation au moment où le gnosticisme menaçait de prendre le dessus sur le christianisme traditionnel. Au cours du second siècle après Jésus-Christ, un homme nommé Marcion mis en grave danger la foi chrétienne en tentant de distinguer Jésus, le Dieu bon, du soi-disant Dieu mauvais de l'Ancien Testament. Le Marcionisme 13 fut le nom donné à cette redoutable nouvelle hérésie à laquelle l'Eglise dût faire face à ses débuts. L’objectif de Marcion était d’éliminer la Torah des Ecritures chrétiennes et sa farouche opposition au Dieu des Juifs illustre à quel point la structure dualiste du gnosticisme avait assimilé les juifs avec la matière et la prétendue corruption du corps humain. Cette tendance à stigmatiser les Juifs en tant que communauté vicieuse et pécheresse devint un élément incontournable des enseignements gnostiques. C’est ainsi que le gnosticisme en vint à refléter des idées et des doctrines antisémites 14.
Il ne fait aucun doute que Mahomet n’appréhendait pas le moins du monde la logique théologique du Gnosticisme. Cependant, il reprit la théorie gnostique de l'illusion qui lui permettait de laisser la négation de la crucifixion de Jésus faire son chemin dans son Coran : il avait bien compris que les implications anti-juives des hérésies gnostiques étaient parfaitement appropriées à sa nouvelle idéologie nommée islam. Aux yeux de Mahomet, les Juifs étaient de dangereux et perfides adversaires politiques. C'est pourquoi il mit les Juifs au même niveau que les « cruels païens », tandis qu'il faisait l'éloge des chrétiens pour leurs bonnes relations avec les musulmans :
La haine anti-juive de Mahomet à partir de l'époque médinoise du Coran allait cependant au-delà d’une simple rivalité politique et cette inimitié reflète les effets de certaines doctrines gnostiques sur la façon dont Mahomet voyait les Juifs. Par exemple, il ajouta au Coran un verset soulignant la distinction entre les Juifs et les chrétiens en matière de miséricorde, ce qui implique que ceux qui suivaient Jésus (les chrétiens) étaient plus cléments et plus doux que ceux qui ne croient pas en Jésus (les Juifs). Cette description pourrait remonter aux hérésies gnostiques (le Marcionisme par exemple) qui stigmatisaient les juifs comme un peuple cruel :
Le parallélisme entre la propagande antisémite de Mahomet et certains des enseignements gnostiques qui visaient les juifs devient évident dans le récit de la vie de Jésus apparu pendant la période Médinoise du Coran. Comme nous l’avons énoncé auparavant, le choix de Mahomet de démentir la mort de Jésus dérive et se nourrit du Docétisme gnostique qui avait désigné les juifs comme l'ennemi maudit bien avant que Mahomet vienne au monde et se soit fait prophète. Poursuivant son alignement sur les hérésies gnostiques sur la mort de Jésus, Mahomet, pour la première fois, enseigna que l'incrédulité juive allait bien au-delà d’une simple résistance et que les juifs avaient réellement essayé de massacrer Jésus. Il argua que cette tentative avait échoué parce qu'Allah avait répliqué par une bien meilleure machination et avait sauvé Jésus de ses adversaires :
Bien que dans la Sourate 3 Mahomet ait clairement nié que Jésus ait été massacré par les juifs, il n'expliqua la réalité historique de la passion de Jésus par une illusion qu’une fois qu’il eut concocté la 4ième sourate. Une fois encore, le verset rejetant la réalité de la crucifixion de Jésus de la 3ième sourate montre l'influence des enseignements gnostiques de plusieurs manières. D'abord, le fait que l'affirmation que Jésus n'a pas été massacré par les juifs soit directement associée à l'élévation de Jésus. En second lieu, les phrases censément adressées par Dieu à Jésus correspondent parfaitement aux enseignements anti-Juifs propagés par le Gnosticisme :
Le dieu de Mahomet explique dans ce verset que c’était pour « purifier » Jésus de ceux qui ne crurent pas en Lui qu’il l’a ramené au ciel. Sachant que « les négateurs » sont les juifs, la question de savoir pourquoi c’est le verbe « purifier » qui est spécifiquement employé dans ce verset s’explique. L'élévation de Jésus dans les textes sacrés islamiques correspond à sa purification des juifs parce que le dieu de Mahomet a pensé que les juifs étaient des personnes impures qui souillèrent Jésus en ce monde. Cela correspond parfaitement avec ce que certaines hérésies gnostiques - par exemple le Marcionisme - enseignaient au sujet des juifs.
De plus, l’allégation islamique d’un Jésus purifié des juifs par son élévation est également liée à la description gnostique de la création de l’homme comme un emprisonnement de l'âme dans le corps néfaste. En conséquence, en théologie gnostique la mort est équivalente à la libération de l’âme de la prison du corps mortel et du monde matériel. La haine et la politique anti-juive de Mahomet ont déformé cette théologie et engendré la présentation des juifs comme une malsaine communauté d’incroyants qui voulurent humilier et tuer Jésus. Tout en refusant dans la 3ième Sourate la crucifixion de Jésus, Mahomet a une fois de plus distingué les chrétiens des juifs en stigmatisant ceux qui n'ont pas cru en Jésus comme des inférieurs. Ce contraste et l'idée que des chrétiens seront préférés aux juifs jusqu'au jour du jugement illustrent la familiarité de Mahomet avec les concepts gnostiques :
Le Coran décrit lui-aussi dans le présent verset de la Sourate 3 la fin en de la vie de Jésus comme cause de son Ascension et glorification après l'avoir liée à un complot des juifs pour l’assassiner :
Ainsi, il est possible d'interpréter métaphoriquement la référence de la Sourate 3:55 à la mort de Jésus (arrêt de sa mission terrestre) et d'affirmer que la cause et le sens de la mort de Jésus dans ces versets témoignent également de l’influence des enseignements gnostiques. Mahomet croyait que le complot juif pour tuer Jésus avait provoqué sa séparation de ce monde par son élévation. Pour consolider cette doctrine, Mahomet ne fit pas allusion à une mort physique de Jésus dans la 4ème Sourate quand il essaya vainement de réfuter la réalité historique de la crucifixion de Jésus en recourant à la théorie gnostique de l'illusion. Son adhésion à la théorie que Jésus n’avait été crucifié qu’en apparence et avait fait l’objet d’une tentative d’assassinat de la part des juifs était naturellement liée à sa propagande anti-Juive et visait à stigmatiser les juifs en tant que peuple fourbe.
Il est probable que Mahomet n’eut jamais connaissance de la théologie chrétienne de la passion de Jésus ni du sens de la crucifixion dans le dogme chrétienne du salut. Le fait que le Coran ne fasse référence ni à la vénération chrétienne de la crucifixion ni à une critique de la foi chrétienne en un Messie crucifié appuie les hypothèses selon lesquelles Mahomet et ses scribes ne savaient pratiquement rien de la façon dont les chrétiens voyaient la crucifixion de Jésus. Néanmoins, les versets coraniques suivants sont parfois présentés par quelques oulémas pour soutenir la théorie que l’Islam s'oppose ouvertement à l'idée du salut par le rachat de la crucifixion :
Il convient quand même de noter que cette remarque récurrente dans les versets ci-dessus que la responsabilité d'un individu se limite à ses seuls péchés personnels est contredite en d’autres circonstances par d'autres versets coraniques. Contrairement au dogme qu'aucun pécheur ne peut être responsable des péchés d’un d'autre, les versets suivants du coran enseignent que certains pécheurs coupables d’avoir trompé les autres seront par la suite tenus responsables des péchés des personnes qu'ils égarent :
On doit noter que la doctrine islamique niant le transfert des péchés entre les pécheurs, même avec les exceptions à cette règle, n'a rien à voir avec le concept chrétien de l'expiation par la mort de Jésus. Les énonciations répétées du Coran ne peuvent nullement être associées à l'acte rédempteur de Jésus tel que défini dans le nouveau testament, puisque ces remarques ne concernent que les relations entre pécheurs et impliquent qu'aucun pécheur ne peut sauver ou aider un autre pécheur. Sur ce point, l’enseignement islamique ne contredit réellement la doctrine chrétienne que Jésus est devenu notre sauveur en portant nos péchés et en mourrant sur la croix pour nous car en théologie chrétienne Jésus est le seul humain sans péché. L'affirmation que les versets cités ci-dessus réfutent la possibilité de rachat par la mort de Jésus n’a donc aucune validité puisqu’en théologie chrétienne Jésus n'est considéré ni comme un pécheur ni comme un homme ordinaire ou un prophète.
En analysant le contexte du démenti islamique de la crucifixion, il faut également envisager que Mahomet entendit et sut au moins partiellement ce que les chrétiens croyaient de la mort de Jésus des mains des juifs mais qu’il ne se sentit pas concerné par la doctrine chrétienne du salut par le sacrifice de Jésus parce que ce principe ne le servirait pas sa lutte politique contre les juifs. Il est également significatif que Mahomet révèle dans la 4ème Sourate du Coran les raisons implicites de son adoption de la théorie gnostique de l'illusion quand il tâche de lier la prétendue illusion avec les péchés et les méfaits des juifs. Lisons le Coran :
Évidemment, avant de promouvoir la théorie gnostique de l'illusion, Mahomet produisait déjà des versets visant les juifs, essayant presque de dresser une liste chronologique des péchés que les israélites avaient commis jusqu'à la mort de Jésus. Bien que dans le Coran l'expression « les gens du livre » puisse se rapporter tant aux juifs qu’aux chrétiens, les accusations de ces versets sont clairement dirigées contre les juifs puisque les chrétiens ne pouvaient forcément pas avoir adoré un veau à l’époque de Moïse ou que Marie, la mère de Jésus, est louée comme une femme chaste. Fait intéressant, les accusations contre les juifs du Coran sont directement liées avec le complot de la crucifixion de Jésus. Ce parallélisme thématique et la présentation de la prétendue illusion comme la punition de tous les méfaits juifs est le produit de l’amalgame de quelques doctrines chrétiennes hérétiques avec les sentiments anti-Juifs du Gnosticisme.
Bien que la crucifixion de Jésus soit en phase avec le martyre des prophètes et des messagers d’Israël, dans la théologie chrétienne la mort de Jésus est unique parce qu'elle est transformée par la sagesse de Dieu en un acte de rachat universel du péché. En d'autres termes, comme beaucoup d'autres prophètes, Jésus souffre et meurt des mains de son propre peuple mais seule sa mort apporte la grâce et la rémission car, à la différence des autres prophètes, il est le sauveur et le fils de Dieu.
Le Coran dessine pareillement un parallélisme entre le martyre des anciens prophètes des mains des juifs (« leur meurtre injustifié des prophètes» dans le verset 155) et leur tentative de crucifier Jésus. Plus même, le Coran est apparemment conforme à la bible quand il implique que Jésus a été distingué entre tous par Dieu dans le groupe des anciens prophètes.
Cependant, ce même Coran contredit ouvertement la bible quand il explique que le cas de Jésus est unique parce que Jésus fut le seul prophète d’Israël dont le meurtre par les juifs fut empêché par une intervention divine et une illusion. Cette modification au forceps de l'interprétation des particularités de la mort de Jésus prouve que Mahomet voulut enrôler Jésus dans sa lutte politique contre les juifs et choisit de dépouiller la mort de Jésus de toute implication théologique relative au salut de l'humanité. Puisque la priorité de Mahomet était de flétrir les juifs en se servant de Jésus, expliquer que la crucifixion avait échoué grâce à une duperie servait parfaitement le dessein islamique de faire passer les juifs pour une communauté d’égarés qui subissait le châtiment d’avoir voulu crucifier Jésus.
Le résultat de cette stratégie fut un basculement fondamental transformant le credo du salut universel dans le christianisme en un avilissement des juifs dans l'Islam. Mahomet se complaisant à transformer Jésus de Nazareth en une arme politique anti-juive étonnamment puissante et maniable, il devait pour ce faire dissocier Jésus de la croix et de la doctrine chrétienne fondamentale du salut. En conséquence, dans l'écriture sainte de Mahomet la crucifixion de Jésus cessa de représenter l'amour divin et la grâce prodiguée par le père Miséricordieux pour se transformer en principal instrument de la haine divine contre la communauté juive. C'est pourquoi dans le Coran, Jésus n'est pas l'Agneau de Dieu offert pour l'alliance éternelle entre Dieu le Père et ses enfants, mais est un sacrifice offert pour satisfaire le désir de revanche Mahomet sur les juifs, les meurtriers de tous les anciens messagers.
La reprise par Mahomet de la théorie gnostique de l'illusion fut certainement liée à sa haine des juifs. L’allégation que la crucifixion de Jésus n’était qu’une illusion optique crée par le pouvoir et la sagesse d'Allah est le point culminant d'une campagne politique islamique à long terme qui voulait faire du mot « juif » un synonyme du mot « fou». Cet objectif est évident dans la supposition islamique qu'Allah, en dépit de son honnêteté primordiale, a réussi à tromper les Juifs en leur faisant tuer quelqu'un d'autre à la place de Jésus. La duperie des juifs alléguée par le Coran prend la forme d'une malédiction éternelle qui condamne la race juive à l'ignorance et à l’égarement. En bref, le dieu de Mahomet a sacrifié son honnêteté pour que Mahomet puisse punir et se moquer des juifs tandis que Mahomet devenait le Marcion moderne de l'Arabie.
CONCLUSION
L'analyse comparative des hérésies gnostiques et de la doctrine islamique niant la crucifixion confirme l’hypothèse que l'Islam emprunte ce démenti et ses arguments au Docétisme gnostique. Peu importe les réticences des oulémas à l'admettre, l'apparition soudaine du démenti de la crucifixion de Jésus dans le Coran et la nature foncièrement politique de ce démenti indiquent que Mahomet le tira des hérésies gnostiques qu’il dénatura en la forçant dans le moule de sa politique. En résumé, ce que nous lisons aujourd'hui dans le Coran sur la mort de Jésus est une version déformée de la Gnose engendrée par la haine et l'idéologie anti-Juive de Mahomet.
Mahomet, le nouveau Marcion de l’Arabie
par Masud Masihiyyen
INTRODUCTION
La négation de la crucifixion de Jésus dans le Coran (Sourate 4:157) qui vise l'un des dogmes fondamentaux du christianisme ne peut être considérée ni comme une doctrine intrinsèquement islamique ni comme originale. L’Histoire en témoigne, certains groupes hérétiques qui se formèrent dés le début de la période apostolique et acquirent une grande diffusion au cours du second siècle refusaient de croire à la réalité de la crucifixion. Malgré des variantes mineures, les adeptes de ces groupes étaient connus sous le terme collectif de "gnostiques" et affirmaient que la crucifixion du Messie n’était qu’une hallucination.
Certains tentent de présenter l'existence au début de l'ère chrétienne de croyants niant la crucifixion de Jésus comme un argument réfutant la foi chrétienne, certains fabricants ou adeptes de théories du complot essayent même de faire passer les doctrines des groupes hétérodoxes chrétiens des débuts de l'Eglise comme les reliquats de prétendus authentiques enseignements islamiques donnés par le prophète (de l’islam) Jésus.
Effectivement, les faux enseignements des groupes gnostiques qui nient la réalité de la passion et de la mort de Jésus font partie des hérésies que les musulmans se plaisent à brandir pour appuyer leurs allégations de corruption de la bible et de soi-disant apostasie de la doctrine islamique après l'Ascension de Jésus. Pour le dire autrement, certains musulmans se réfèrent au rejet de la crucifixion dans les premiers temps de l'Eglise pour étayer historiquement leurs allégations concernant la crucifixion de Jésus dans le Coran. C'est pourquoi il est nécessaire d'analyser à la fois les doctrines gnostiques et islamiques sur la mort de Jésus et pour juger si le gnosticisme tient la négation de la crucifixion du Christ de l'Islam.
Qui étaient les gnostiques ? Quelles étaient leurs croyances ?
Il ne sera pas faux d'affirmer que le gnosticisme est sans pareil parmi les hérésies des premiers temps de l'Eglise, étant plus systématiquement développé que tous les autres. Le mot «gnostique» est dérivé du mot grec "gnosis" qui signifie "connaissance". Les adeptes de la gnose 4 rejetaient la doctrine fondamentale du christianisme du salut à travers la mort expiatoire du Christ en faveur de l'acquisition du secret de la «connaissance» comme véritable source de la rédemption. L'idée que les croyants puissent acquérir le salut par la connaissance de certaines doctrines secrètes de Jésus non seulement séparait officiellement les gnostiques des membres de l'Eglise universelle mais faisait également du gnosticisme une philosophie élitiste sanctifiant plus la connaissance que le sacrifice de Jésus.
En tant qu’hérésie majeure, le gnosticisme, incluait évidemment plusieurs autres doctrines et éléments hérétiques. L'une des courants incontournables du Gnosticisme était le Docétisme qui niait avec véhémence la réalité de la crucifixion du Sauveur en présentant sa mort comme une illusion. Le Docétisme constitua une grave menace pour l'enseignement des apôtres car il exista dès l'époque apostolique et tentait de remplacer la réalité physique par le concept de "l'apparence". Le résultat de cette volonté de substitution produisit la doctrine hérétique que ce n’était qu’en apparence que Jésus semblait avoir souffert et être mort mais qu’en réalité il n’avait ressenti ni la douleur physique ni la mort.
Le Docétisme était parfaitement compatible avec les principes fondamentaux de la gnose car le refus de la réalité de la crucifixion de Jésus découlait naturellement de l'aversion gnostique envers le corps humain 6 . Ce dégoût du corps humain était incompatible avec la doctrine chrétienne de l'Incarnation qu’ils méprisaient et rejetaient avec celle de la mort du Sauveur:
Ce qui séparait peut-être le plus le gnosticisme du courant dominant du Christianisme, en plus des «doctrines secrètes», était le docétisme, c'est-à-dire la croyance que Jésus n'est pas réellement mort. Les Gnostiques affirmaient que Jésus n'avait jamais pris une vraie enveloppe corporelle car, si cela avait été le cas, il aurait été corrompu par le mal intrinsèque de la matière et que son existence corporelle n'avait été qu'une illusion. Quand il fut crucifié, son esprit s’était envolé de sorte qu'il n'avait en réalité jamais connu la mort.7.
La force des liens entre le Gnosticisme et le Docétisme était manifeste dans la formulation de la cosmologie gnostique. Au cœur du Gnosticisme il y avait le dualisme entre le bien et le mal se manifestant sous diverses formes. Le mode de pensée dualiste aboutissait à transformer le monde des gnostiques en une arène où des couples d’opposés étaient en lutte permanente. Dans ces couples, la matière était assimilée au mal par opposition à l’esprit. Cet enseignement conduisit les gnostiques à adopter une doctrine selon laquelle le corps humain est lui-aussi intrinsèquement impur et mauvais parce qu'il ressort du domaine de la matière. Par conséquent, les gnostiques commencèrent à percevoir Jésus comme un Esprit suprême qui avait libéré ses disciples de leur prison corporelle par la révélation de certains secrets :
Le Dieu inconnaissable était bien trop pur et parfait pour avoir quoi que ce soit de commun avec l'univers matériel qui était considéré comme le mal. C’est pourquoi Dieu générait des divinités inférieures ou émanations. L’une de ces émanations, la sagesse, voulut connaître le Dieu inconnaissable. Cette frustration engendra un dieu malveillant, le démiurge, et c’est ce dieu du mal qui créa l'univers. Avec l’aide des archontes, il réduisit les mortels en esclavage en les enfermant dans la matière et s’efforçait depuis d'empêcher les esprits purs de l’âme de remonter à Dieu après la mort du corps physique. Puisque, selon les gnostiques, la matière est le mal, la délivrance de la forme matérielle n’était réalisable que par la connaissance secrète révélée par les enseignements des maîtres gnostiques. Le Christ était le Divin Rédempteur, qui descendit du royaume spirituel pour révéler les connaissances nécessaires à ce rachat. En conclusion, le gnosticisme est dualiste. Autrement dit, il enseigne qu’il y a le bien et le mal, l’esprit et la matière, l’ombre et la lumière, etc. que l'univers est dualiste.8.
Il est évident qu'aucun des enseignements gnostiques n’a de lien avec l'Islam ou ses allégations concernant la crucifixion de Jésus. L'argument selon lequel le gnosticisme témoigne d’une l'influence de l'islam en particulier dans le cas du déni de la crucifixion de Jésus n'a aucune base historique ou théologique. Plus précisément, les gnostiques ne considéraient pas Jésus comme un prophète ordinaire qui aurait miraculeusement été sauvé de la mort alors qu’il était entre les mains de ses adversaires, mais liaient théologiquement leur refus de la doctrine chrétienne de la crucifixion à l’avilissement du corps humain. Ceci conduisait naturellement à la négation de l'humanité de Jésus et à le présenter comme un esprit divin sauveur. En bref, le gnosticisme accentuait la divinité de Jésus, dont le corps humain n'était qu'une illusion, contraste frappant avec l'Islam qui veut dépeindre Jésus comme l'un des simples prophètes humains du passé.
La principale raison de la propagation rapide et de la présence historique persistante du gnosticisme dans le monde résidait très probablement dans les similitudes superficielles entre les grands principes chrétiens et les enseignements gnostiques. La distorsion des enseignements apostoliques et la facilité de leur adaptation à certaines hérésies gnostiques accélérèrent le développement et la propagation de la gnose chez certains chrétiens. Dans la plupart des cas, les hérésies gnostiques furent le produit d’ingénieuses altérations des enseignements apostoliques apportant de fortes implications théologiques. Par exemple, il est hautement probable que les gnostiques pervertirent les déclarations de Paul sur le caractère prédéterminé de la crucifixion du Christ afin de justifier leurs faux enseignements d’un Jésus rachetant ses disciples en leur révélant de grands secrets et des mystères :
Cependant, c'est une sagesse que nous prêchons parmi les parfaits, sagesse qui n'est pas de ce siècle, ni des chefs de ce siècle, qui vont être anéantis; nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait destinée pour notre gloire, sagesse qu'aucun des chefs de ce siècle n'a connue, car, s'ils l'eussent connue, ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de gloire. Mais, comme il est écrit, ce sont des choses que l'oeil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont point montées au coeur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. Dieu nous les a révélées par l'Esprit. Car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu. (1 Corinthiens 2:6-10)
Dans sa première épître aux Corinthiens Paul avait associé la notion de mystère et de révélation avec le salut en Christ, mais les gnostiques déformèrent les implications théologiques de Paul pour affirmer que le salut dans le Christ passait par la révélation de certains enseignements secrets. Ce que Paul voulait vraiment dire était que le seul moyen de salut était la crucifixion du Christ qui, en conformité avec la sagesse de Dieu, avait été gardée secrète à l'humanité jusqu’à l'accomplissement des desseins divins et la rédemption. Les commentaires de Paul ne nient pas la crucifixion et ne présentent pas le mystère du salut comme le moyen de salut.
Dans d'autres cas les adeptes du gnosticisme essayèrent de déformer les enseignements apostoliques sur le Christ par notamment une interprétation poussée à l’extrême des doctrines. Par exemple, l'hérésie gnostique que le corps humain est intrinsèquement mauvais et que le Christ ne pouvait donc pas avoir un vrai corps humain est une déviation et une forme extrême du dogme chrétien que, en tant que divin Sauveur de l'humanité, le Christ était le seul homme sans péché. Puisque, à cause de sa philosophie dualiste, le gnosticisme établissait un lien entre le mal et le corps humain, l'incarnation de Jésus était ipso facto inacceptable puisque adopter une nature humaine revenait à être pécheur et impur.
Ces similitudes et ces différences entre le christianisme et le gnosticisme illustrent à quel point les hérésies gnostiques devaient leur existence à la déformation systématique et minutieuse des doctrines chrétiennes de base. Rien dans la foi et la mentalité gnostique n’indique une quelconque parenté avec les doctrines islamiques : le motif qui conduisit les gnostiques à nier la réalité de la crucifixion de Jésus est totalement incompatible avec le dogme islamique qui nie la divinité de Jésus. Ce gouffre entre le gnosticisme et l'islam et le fait que la logique théologique gnostique relative au rejet de l'incarnation et de la crucifixion de Jésus soit totalement absente du Coran nous conduit à la conclusion que c’est l'Islam qui a partiellement adopté le gnosticisme.
Pourquoi l'islam a-t-il adopté l'hérésie gnostique ?
Pourquoi le Coran reprend-t-il la théorie de l'illusion des gnostiques tout en soulignant l'humanité de Jésus au détriment de sa divinité? Il s'agit d'une question rationnelle et difficile qui expose les liens cachés entre les hérésies gnostiques et le déni islamique de la crucifixion. A première vue, il n'est pas évident de comprendre pourquoi Mahomet a choisi de reprendre les vues gnostiques répudiant la passion de Jésus. Tout en commentant les sources chrétiennes du Coran, le Révérend Clair Tisdall remarque que l'adoption par Mahomet de l'hérésie gnostique concernant la crucifixion de Jésus fut un peu le fruit du hasard, le produit d’une réaction émotionnelle envers les Juifs :
Le déni par Mahomet de la mort du Christ sur la croix ne peut trouver son origine dans l'autorité, aussi indigne de confiance soit-elle, de son Évangile apocryphe favori. Il est inutile de préciser qu'il contredit à la fois les prophètes de l'Ancien Testament et les Apôtres du Nouveau Testament, quoique sans doute simplement par ignorance. Il lui semblait probablement contraire à la dignité du Christ d'avoir été crucifié et mis à mort par ses ennemis et Mahomet en fut d'autant plus convaincu quand il réalisa que ses propres ennemis, les Juifs, se réjouissaient d'avoir tué Jésus. C'est pourquoi il reprit avec enthousiasme les affirmations de certains hérésiarques dont, à d'autres égards, les opinions avaient peu de points communs avec les siennes. 9.
Alors que les hérésies gnostiques avaient des raisons à la fois théologiques et philosophiques de décrocher Jésus de la croix, on ne peut pas en dire autant de l'islam. Pour la gnose, qui séparait radicalement la matière (et la chair) de l'âme à cause de son mode de pensée dualiste, l'acceptation de la crucifixion aurait représenté une contradiction majeure, une auto-négation même. Dans le Coran, il est par contre impossible de trouver le moindre motif théologique ou philosophique qui implique le rejet de la passion de Jésus et son sauvetage de la croix puisque que l'Islam n’adopte pas le point de vue gnostique que la chair est mauvaise.
Pour être honnête, l'Islam contredit ouvertement le gnosticisme quand il met l'accent sur la nature humaine de Jésus tout en rejetant la croyance chrétienne en la divinité de Jésus. Pour rejeter le principe d'un Jésus divin, le Coran affirme que le Messie Jésus n’est rien de plus qu'un prophète et se concentre sur la nature humaine de Jésus en faisant abstraction de la doctrine chrétienne de l'incarnation. Selon les auteurs du Coran, le simple fait que Jésus mangeait suffit à prouver qu'il était un homme puisqu’il éprouvait les faiblesses de la chair :
Le Messie, fils de Marie, n'était qu'un Messager. Des messagers (comme lui) sont passés avant lui. Et sa mère était une véridique. Et tous deux consommaient de la nourriture. Vois comme Nous leur expliquons les preuves et puis vois comme ils se détournent . (Sourate 5:75)
En outre, le Coran contient deux récits de la naissance de Jésus et de son enfance qui sont tous deux des plagiats des Évangiles apocryphes de l'enfance. Le récit sur Marie et Jésus du chapitre 19 du Coran est une version déformée et retravaillée des récits enregistrés dans l'Evangile du Pseudo-Matthieu et dans l'Évangile arabe de l'Enfance alors que la source du récit du chapitre 3 des écritures islamiques est l'évangile de l'enfance de Jacques. 10. L'incorporation de récits non canoniques sur la Nativité de Jésus dans le Coran est dans ce contexte assez contradictoire étant donné que, par ces histoires, Mahomet trahit les doctrines fondamentales gnostiques. Si un adepte de la gnose revenait et lisait ce que le Coran enseigne à propos de la crucifixion de Jésus, il collerait certainement à Mahomet l’étiquette de traître dépouillant le gnosticisme de son essence et le déformant pour ses intérêts personnels.
En contraste frappant avec les sectes gnostiques, Mahomet ne nie pas la réalité de la nature humaine de Jésus tout en souscrivant à la doctrine chrétienne de la conception miraculeuse. Bien que Mahomet ait interprété de travers la nativité miraculeuse de Jésus suite à son incapacité à comprendre l'identification de Jésus au Fils de Dieu dans le Christianisme, il confirma la réalité physique de la naissance de Jésus d'une vierge nommée Marie. La plupart des gnostiques, par contre, considéraient l'humanité de Jésus comme une illusion puisqu’ils étaient en guerre permanente avec la matière, y compris le corps humain. C'est pourquoi les hérésies gnostiques ont pour la plupart fait l’impasse sur la nativité et l'enfance de Jésus, présenté comme un esprit, une apparition soudaine surgie au milieu des Juifs au premier siècle. Dans un écrit apocryphe intitulé "Les Actes de Jean 11 ”, il est affirmé que le corps de Jésus était une vision :
" Tantôt quand je voulais le saisir, je rencontrais un corps matériel et épais ; d’autre fois en retour, tandis que je le palpais, ce qui se présentait à moi était sans matière, sans corps, comme n’étant absolument pas. Et si, invité par l’un des pharisiens, il se rendait à l’invitation, nous l’accompagnions. Chacun trouvait devant soi un pain servi par ceux qui invitaient, et avec nous il recevait lui aussi un pain. Il bénissait ce pain et nous le distribuait ; et de ce petit morceau chacun était rempli, et nos pains étaient gardés entiers, si bien que ceux qui l’avaient invité étaient dans la stupeur. Souvent aussi, me promenant avec lui, je voulais chercher sur le sol pour voir si la trace de ses pas n’apparaissait pas ; car je le voyais se soulevant au dessus du sol ; et je n’ai jamais vu cette trace.. "
Il ressort clairement des enseignements gnostiques que pour eux la mort physique de Jésus était naturellement impossible et impensable puisqu’ils considéraient qu’il n’avait pas de corps réel. En d'autres termes, le rejet de la crucifixion dans le gnosticisme découle tout naturellement du dogme de base que Jésus n'était pas véritablement humain. Si l'on compare cela avec le rejet de la passion de Jésus dans le Coran, nous voyons que Mahomet a agi arbitrairement et a choisi de borner son refus à la réalité de la mort de Jésus sur la croix. La stratégie de Mahomet se limita donc à promouvoir la théorie gnostique de l'illusion, ce qui prouve de l'adaptation de certains enseignements gnostiques à la religion fabriquée par Mahomet. Le Gnosticisme était le fruit de la déformation de la foi chrétienne, le rejet islamique de la mort de Jésus est le fruit de la déformation des enseignements gnostiques.
À ce stade, la perversion de l'hérésie gnostique par Mahomet devient claire et l'affirmation que le gnosticisme tenait le déni de la mort de Jésus d’un soi-disant message de l'islam pur donné par le Prophète Jésus est maintenant réfutée. En réalité c’est Mahomet qui, adoptant certains enseignements gnostiques, en écartant d’autres, a rejeté la cohérence logique de la foi gnostique. Par conséquent, chez Mahomet le refus de la passion de Jésus n'avait pas de fondement théologique fort et avait perdu son lien avec l'authentique enseignement gnostique maudissant le corps et nécessitant d’interpréter la crucifixion de Jésus comme une illusion.
Tout en cherchant une réponse à la question de savoir pourquoi Mahomet a choisi de nier la mort de Jésus sur la croix alors que ce déni allait tout de même lui donner beaucoup de peine, nous constatons que le refus islamique ne prit forme qu’assez lentement et, étonnamment, que les versets coraniques reprenant la théorie gnostique de l'illusion ne furent formulés que tardivement après la migration de Mahomet à Médine. Fait intéressant, les versets coraniques qui appartiennent à la première période de l'Islam ne font pas plus référence à la crucifixion de Jésus qu’à son supposé sauvetage de la croix même s’ils soulignent l'incrédulité des juifs envers Jésus et la division religieuse d’Israël :
Et quand Jésus apporta les preuves, il dit : "Je suis venu à vous avec la sagesse et pour vous expliquer certains de vos sujets de désaccord. Craignez Allah donc et obéissez-moi. Allah est en vérité mon Seigneur et votre Seigneur. Adorez-Le donc. Voilà un droit chemin. Mais les factions divergèrent entre elles . Malheur donc aux injustes du châtiment d'un jour douloureux! (Sourate 43:63-65)
Tel est Issa (Jésus), fils de Marie : parole de vérité, dont ils doutent. Il ne convient pas à Allah de S'attribuer un fils. Gloire et Pureté à Lui ! Quand Il décide d'une chose, Il dit seulement : "Soi! " et elle est. "Certes, Allah est mon Seigneur tout comme votre Seigneur. Adorez-le donc. Voilà un droit chemin". [Par la suite,] les sectes divergèrent entre elles. Alors, malheur aux mécréants lors de la vue d'un jour terrible ! (Sourate 19:34-37)
Il est très probable que Mahomet fut d'abord réticent à nier la crucifixion de Jésus car il ne la voyait pas comme un danger pour sa nouvelle idéologie louant Jésus comme un messager et le Messie. L'idée de rejeter la réalité de la crucifixion de Jésus lui vint graduellement à cause de la dégradation progressive de ses relations avec les Juifs de son époque. Plus Mahomet rencontrait de résistance auprès des Juifs, plus il avait besoin de les dénigrer. C’est de cette résistance à laquelle il ne s’attendait pas que datent les sentiments anti-juifs de Mahomet, sentiments qui prirent diverses formes. Par exemple, juste après la migration à Médine Mahomet lança ² officiellement sa campagne anti-juive par quelques versets qui accusaient les Juifs de fausser à dessein les Saintes Ecritures. C’était lié à son nouvel objectif de présenter les juifs comme des gens peu fiables et dangereux qui ne respectent même pas leurs propres Écritures et leur foi. Oubliant qu’à La Mecque son Dieu lui avait pourtant ordonné de consulter les «Juifs» en tant que lecteurs du «Livre» (Sourate 10:94), Mahomet affirmait maintenant que les Juifs étaient des gens malhonnêtes qui dissimulaient la vérité dans leurs écritures et pervertissaient leur livre :
Eh bien, espérez-vous [Musulmans], que des pareils gens (les Juifs) vous partageront la foi ? Alors qu'un groupe d'entre eux, après avoir entendu et compris la parole d'Allah, la falsifièrent sciemment. (Sourate 2:75)
Malheur, donc, à ceux qui de leurs propres mains composent un livre puis le présentent comme venant d'Allah pour en tirer un vil profit! - Malheur à eux, donc, à cause de ce que leurs mains ont écrit, et malheur à eux à cause de ce qu'ils en profitent! (Sourate 2:79)
Et il y a parmi eux certains qui roulent leur langues en lisant le Livre pour vous faire croire que cela provient du Livre, alors qu'il n'est point du Livre ; et ils disent : "Ceci vient d'Allah", alors qu'il ne vient pas d'Allah. Ils disent sciemment des mensonges contre Allah. (Sourate 3:78)
Par la suite, Mahomet aggrava encore ses accusations en stigmatisant de façon récurrente les Juifs comme une communauté d’incroyants qui persécutaient et assassinaient les serviteurs élus de Dieu (les messagers comme les prophètes). Bien que Mahomet ne soit jamais parvenu à citer un seul messager d'Israël qui aurait été assassiné par les Juifs 12, , il se complaisait à dépeindre les Juifs comme des infidèles assoiffées du sang des messagers:
Certes, Nous avions déjà pris l'engagement des Enfants d'Israël, et Nous leur avions envoyé des messagers. Mais chaque fois qu'un Messager leur vient avec ce qu'ils ne désirent pas, ils en traitent certains de menteurs et ils en tuent d'autres. (Sourate 5:70)
Allah a certainement entendu la parole de ceux qui ont dit : "Allah est pauvre et nous somme riches". Nous enregistrons leur parole, ainsi que leur meurtre, sans droit, des prophètes. Et Nous leur dirons : "Goûtez au châtiment de la fournaise. (Sourate 3:181)
Certes, Nous avons donné le Livre à Moïse; Nous avons envoyé après lui des prophètes successifs. Et Nous avons donné des preuves à Jésus fils de Marie, et Nous l'avons renforcé du Saint-Esprit. Est-ce qu'à chaque fois, qu'un Messager vous apportait des vérités contraires à vos souhaits vous vous enfliez d'orgueil? Vous traitiez les uns d'imposteurs et vous tuiez les autres. (Sourate 2:87)
Il est frappant de constater que cette campagne de diffamation nous rapproche de la solution du puzzle islamique du rejet de la crucifixion de Jésus et révèle les liens obscurs entre les hérésies gnostiques et l'islam. Après avoir brandi le martyre des prophètes d'Israël des mains des Juifs incrédules pour justifier et motiver sa haine des juifs, Mahomet fit savoir que les Juifs avaient été maudits par David et Jésus :
Ceux des Enfants d'Israël qui n'avaient pas cru ont été maudits par la bouche de Dawood (David) et de Issa (Jésus) fils de Marie, parce qu'ils désobéissaient et transgressaient (Sourate 5:78)
La campagne anti-juive de Mahomet culmina finalement par une accusation calomnieuse selon laquelle les Juifs appelaient Esdras, le fils d'Allah et adoraient leurs rabbins, ce qui lui permettait de mettre les Juifs sur le même pied que les communautés polythéistes :
Les Juifs disent : "Uzayr est fils d'Allah" et les Chrétiens disent : "Le Christ est fils d'Allah". Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu'Allah les anéantisse! Comment s'écartent-ils (de la vérité) ? Ils ont pris leurs rabbins et leurs moines, ainsi que le Christ fils de Marie, comme Seigneurs en dehors d'Allah, alors qu'on ne leur a commandé que d'adorer un Dieu unique. Pas de divinité à part Lui! Gloire à Lui! Il est au-dessus de ce qu'ils [Lui] associent. (Sourate 9:30-31)
Toutes ces références répétées à un prétendu martyre infligé aux messagers de Dieu par les Juifs n’empêchèrent pas Mahomet de prendre vis-à-vis de la communauté juive une attitude diamétralement opposée dès que la mort de Jésus était évoquée. La seule déclaration du Coran qui nie ouvertement la crucifixion de Jésus et fasse sienne la théorie de l'illusion semble avoir été proférée lors d'un débat houleux entre Mahomet et des Juifs qui se vantaient de la mort de Jésus des mains de leurs ancêtres :
« et à cause leur parole : "Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d'Allah...»(Sourate 4:157)
Évidemment, cette pique verbale exaspéra Mahomet : les Juifs qu’il invitait à l'islam lui rétorquaient que la crucifixion était le signe de l’échec de Jésus et de la fausseté des doctrines relatives à sa naissance miraculeuse et à son identification au Messie. Cet argument amena Mahomet à la conclusion qu’admettre la mort humiliante de Jésus sur la croix reviendrait à concéder une défaite face aux Juifs. En d'autres termes, Mahomet se convainquit facilement que la crucifixion de Jésus représentait une faiblesse et un obstacle pour son idéologie. Mahomet rejoignit donc tout naturellement le camp de ceux qui jugeaient que la croix de Jésus était une folie et une honte qui devait être cachée. L'apôtre Paul avait prédit ce genre d'approche du message de la croix et réprimandé les gens qui avaient honte de la crucifixion :
Car la prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu. Aussi est-il écrit: Je détruirai la sagesse des sages, Et j'anéantirai l'intelligence des intelligents. Où est le sage? où est le scribe (l'expert dans la loi mosaïque)? Où est le disputeur de ce siècle? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n'a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication. Les Juifs demandent des miracles et les Grecs cherchent la sagesse : mais nous prêchons un Christ crucifié ; scandale pour les Juifs et folie pour les païens. Mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, le Christ est la puissance et la sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. (1 Corinthiens 1:18-25)
En tant que leader essentiellement politique de son époque, Mahomet n'a pas compris que la croix représentait la sagesse et la force de Dieu. Ironiquement, il se rapprocha des Juifs en ce qu'il convenait avec eux que la crucifixion de Jésus étai une honte et un déshonneur pour sa foi.
Tout en luttant contre l'incrédulité des juifs et la récupération qu’ils faisaient de la croix pour la transformer en une puissante arme politique dirigée contre son idéologie, Mahomet prit connaissance des théories gnostiques et les adopta car elles lui épargnaient la honte supposée de la crucifixion. L'influence de l'hérésie gnostique sur le refus de Mahomet de la crucifixion est évidente en ce que non seulement Mahomet niait la mort de Jésus mais liait aussi ce rejet à un «retour au ciel » (en la présence de Dieu) de Jésus. C'est pourquoi il jugea nécessaire de répéter que le sauvetage présumé de Jésus de la mort sur la croix était lié à son élévation au ciel :
Or, ils ne l'ont ni tué ni crucifié; mais ce n'était qu'un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude : ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l'ont certainement pas tué mais Allah l'a élevé vers Lui. Et Allah est Puissant et Sage (Sourate 4:157-158)
De plus, ce n'est pas par coïncidence si dans ce même verset de rejet de la crucifixion, Mahomet établit un lien entre son rejet des allégations juives et une supposée ignorance juive de ce qui était réellement arrivé à Jésus. La manière dont Mahomet accusa les Juifs d'ignorance et de suivre des conjectures implique que le dieu de Mahomet lui avait révélé un secret à propos de Jésus, ce qui nous ramène au secret gnostique :
et à cause leur parole : "Nous avons vraiment tué le Christ, Issa, fils de Marie, le Messager d'Allah"... Or, ils ne l'ont ni tué ni crucifié; mais ce n'était qu'un faux semblant (ressemblant à Issa)! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude : ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l'ont certainement pas tué . (Sourate 4:157)
Mahomet pouvait bien être reconnaissant envers les hérésies gnostiques et leur réserva une place dans son Coran, bien qu'il ait dénaturé la doctrine fondamentale gnostique basée sur la dualité entre la matière et l'esprit. Fait intéressant, cette nouvelle version coranique du docétisme gnostique remplace la lutte éternelle entre la matière et l'âme par celle entre les Juifs et les Musulmans. En fait, ce qui convainquit Mahomet d’adopter le refus gnostique de la crucifixion était que lui et les gnostiques avaient un ennemi commun : les juifs.
Le mode de pensée dualiste de la gnose lié à l'affrontement constant entre les couples d’opposés (la chair contre l'âme, l'obscurité contre la lumière, la mort contre la vie, etc) stigmatisait inévitablement les Juifs comme la communauté du mal par excellence à cause de leur inféodation à la Loi et au corps. La projection de la lutte des contraires sur le plan de la race et de la politique aboutit à la thèse selon laquelle les Juifs correspondaient au mal et à la chair mortelle parce qu'ils suivaient obstinément la loi mosaïque au détriment d’une soi-disant rédemption par l'acquisition de la connaissance secrète de Jésus. Cette dangereuse tendance à associer les Juifs avec un monde matériel «pécheur et mortel» adorant la chair et haïssant l'âme engendra de nouvelles formes d’hérésies gnostiques abhorrant non seulement les Juifs en tant que tels mais aussi leur religion et leur Dieu.
Il est vrai que les chrétiens, en tant que disciples de Jésus le Messie, s’étaient radicalement démarqués des Juifs, suite à cette rupture on commençait à cibler la foi des Juifs au point même de rejeter le Dieu d'Israël avec sa nation au moment où le gnosticisme menaçait de prendre le dessus sur le christianisme traditionnel. Au cours du second siècle après Jésus-Christ, un homme nommé Marcion mis en grave danger la foi chrétienne en tentant de distinguer Jésus, le Dieu bon, du soi-disant Dieu mauvais de l'Ancien Testament. Le Marcionisme 13 fut le nom donné à cette redoutable nouvelle hérésie à laquelle l'Eglise dût faire face à ses débuts. L’objectif de Marcion était d’éliminer la Torah des Ecritures chrétiennes et sa farouche opposition au Dieu des Juifs illustre à quel point la structure dualiste du gnosticisme avait assimilé les juifs avec la matière et la prétendue corruption du corps humain. Cette tendance à stigmatiser les Juifs en tant que communauté vicieuse et pécheresse devint un élément incontournable des enseignements gnostiques. C’est ainsi que le gnosticisme en vint à refléter des idées et des doctrines antisémites 14.
Il ne fait aucun doute que Mahomet n’appréhendait pas le moins du monde la logique théologique du Gnosticisme. Cependant, il reprit la théorie gnostique de l'illusion qui lui permettait de laisser la négation de la crucifixion de Jésus faire son chemin dans son Coran : il avait bien compris que les implications anti-juives des hérésies gnostiques étaient parfaitement appropriées à sa nouvelle idéologie nommée islam. Aux yeux de Mahomet, les Juifs étaient de dangereux et perfides adversaires politiques. C'est pourquoi il mit les Juifs au même niveau que les « cruels païens », tandis qu'il faisait l'éloge des chrétiens pour leurs bonnes relations avec les musulmans :
Tu trouveras certainement que les Juifs et les associateurs sont les ennemis les plus acharnés des croyants. Et tu trouveras certes que les plus disposés à aimer les croyants sont ceux qui disent : "Nous sommes chrétiens." C'est qu'il y a parmi eux des prêtres et des moines, et qu'ils ne s'enflent pas d'orgueil. (Sourate 5:82)
La haine anti-juive de Mahomet à partir de l'époque médinoise du Coran allait cependant au-delà d’une simple rivalité politique et cette inimitié reflète les effets de certaines doctrines gnostiques sur la façon dont Mahomet voyait les Juifs. Par exemple, il ajouta au Coran un verset soulignant la distinction entre les Juifs et les chrétiens en matière de miséricorde, ce qui implique que ceux qui suivaient Jésus (les chrétiens) étaient plus cléments et plus doux que ceux qui ne croient pas en Jésus (les Juifs). Cette description pourrait remonter aux hérésies gnostiques (le Marcionisme par exemple) qui stigmatisaient les juifs comme un peuple cruel :
Ensuite, sur leurs traces, Nous avons fait suivre Nos [autres] messagers, et Nous les avons fait suivre de Jésus fils de Marie et lui avons apporté l'évangile, et nous avons mis dans les coeurs de ceux qui le suivirent douceur et mansuétude. (sourate 57:27)
Le parallélisme entre la propagande antisémite de Mahomet et certains des enseignements gnostiques qui visaient les juifs devient évident dans le récit de la vie de Jésus apparu pendant la période Médinoise du Coran. Comme nous l’avons énoncé auparavant, le choix de Mahomet de démentir la mort de Jésus dérive et se nourrit du Docétisme gnostique qui avait désigné les juifs comme l'ennemi maudit bien avant que Mahomet vienne au monde et se soit fait prophète. Poursuivant son alignement sur les hérésies gnostiques sur la mort de Jésus, Mahomet, pour la première fois, enseigna que l'incrédulité juive allait bien au-delà d’une simple résistance et que les juifs avaient réellement essayé de massacrer Jésus. Il argua que cette tentative avait échoué parce qu'Allah avait répliqué par une bien meilleure machination et avait sauvé Jésus de ses adversaires :
Et ils [les juifs] se mirent à comploter. Allah a fait échouer leur complot. Et c'est Allah le meilleur des comploteurs ! (Sourate 3:54)
Bien que dans la Sourate 3 Mahomet ait clairement nié que Jésus ait été massacré par les juifs, il n'expliqua la réalité historique de la passion de Jésus par une illusion qu’une fois qu’il eut concocté la 4ième sourate. Une fois encore, le verset rejetant la réalité de la crucifixion de Jésus de la 3ième sourate montre l'influence des enseignements gnostiques de plusieurs manières. D'abord, le fait que l'affirmation que Jésus n'a pas été massacré par les juifs soit directement associée à l'élévation de Jésus. En second lieu, les phrases censément adressées par Dieu à Jésus correspondent parfaitement aux enseignements anti-Juifs propagés par le Gnosticisme :
C’est alors que Dieu dit : "Ô jésus ! Je vais mettre fin à ta mission sur Terre, t’élever vers Moi, te purifier, te débarrasser des négateurs (ceux qui n’ont pas cru) … (Sourate 3:55)
Le dieu de Mahomet explique dans ce verset que c’était pour « purifier » Jésus de ceux qui ne crurent pas en Lui qu’il l’a ramené au ciel. Sachant que « les négateurs » sont les juifs, la question de savoir pourquoi c’est le verbe « purifier » qui est spécifiquement employé dans ce verset s’explique. L'élévation de Jésus dans les textes sacrés islamiques correspond à sa purification des juifs parce que le dieu de Mahomet a pensé que les juifs étaient des personnes impures qui souillèrent Jésus en ce monde. Cela correspond parfaitement avec ce que certaines hérésies gnostiques - par exemple le Marcionisme - enseignaient au sujet des juifs.
De plus, l’allégation islamique d’un Jésus purifié des juifs par son élévation est également liée à la description gnostique de la création de l’homme comme un emprisonnement de l'âme dans le corps néfaste. En conséquence, en théologie gnostique la mort est équivalente à la libération de l’âme de la prison du corps mortel et du monde matériel. La haine et la politique anti-juive de Mahomet ont déformé cette théologie et engendré la présentation des juifs comme une malsaine communauté d’incroyants qui voulurent humilier et tuer Jésus. Tout en refusant dans la 3ième Sourate la crucifixion de Jésus, Mahomet a une fois de plus distingué les chrétiens des juifs en stigmatisant ceux qui n'ont pas cru en Jésus comme des inférieurs. Ce contraste et l'idée que des chrétiens seront préférés aux juifs jusqu'au jour du jugement illustrent la familiarité de Mahomet avec les concepts gnostiques :
Un autre détail intéressant de ce verset concerne la mort de Jésus avant son Ascension. La signification de « mettre fin » dans le texte original est matière à controverses entre les oulémas depuis de nombreux siècles. Puisque certains oulémas croient que Jésus goûtera la mort après sa seconde venue sur terre, ils évitent d'interpréter le verbe de ce verset littéralement. Quelle que soit d’ailleurs la façon dont les oulémas interprètent le terme se référant à la mort de Jésus (ou à sa mise en sommeil), l'association entre l'arrêt de la vie terrestre de Jésus et son élévation peut encore être mise au crédit d’une influence gnostique dans l'approche de Mahomet de la croix et de la mort de Jésus. Bien qu'il soit vrai que le Gnosticisme niait la réalité de la mort physique de Jésus, il est également vrai que le Gnosticisme considérait la prétendue crucifixion empêchée de Jésus comme le terme de sa mission en Israël. Selon les Gnostiques, les juifs essayèrent de tuer Jésus et contribuèrent ainsi indirectement à sa libération de ce monde immonde de la matière corrompue. Dans l'évangile de Judas, un apocryphe gnostique récemment découvert, Jésus remercie Judas Iscariote de sa trahison parce qu’en menant Jésus à la mort, Judas l’a sauvé de ce monde15C’est alors que Dieu dit : "Ô jésus ! Je vais mettre fin à ta mission sur Terre, t’élever vers Moi, te purifier, te débarrasser des négateurs et placer ceux qui t’ont suivi au-dessus de ceux qui t’ont renié jusqu’au Jour dernier. À la fin, vous ferez tous retour vers Moi et Je trancherai alors vos différends" ». (Sourate 3:55)
Le Coran décrit lui-aussi dans le présent verset de la Sourate 3 la fin en de la vie de Jésus comme cause de son Ascension et glorification après l'avoir liée à un complot des juifs pour l’assassiner :
Et ils [les juifs] se mirent à comploter. Allah a fait échouer leur complot. Et c'est Allah le meilleur des comploteurs ! C’est alors que Dieu dit : "Ô jésus ! Je vais mettre fin à ta mission sur Terre, t’élever vers Moi, te purifier, te débarrasser des négateurs (sourate 3:54-55)
Ainsi, il est possible d'interpréter métaphoriquement la référence de la Sourate 3:55 à la mort de Jésus (arrêt de sa mission terrestre) et d'affirmer que la cause et le sens de la mort de Jésus dans ces versets témoignent également de l’influence des enseignements gnostiques. Mahomet croyait que le complot juif pour tuer Jésus avait provoqué sa séparation de ce monde par son élévation. Pour consolider cette doctrine, Mahomet ne fit pas allusion à une mort physique de Jésus dans la 4ème Sourate quand il essaya vainement de réfuter la réalité historique de la crucifixion de Jésus en recourant à la théorie gnostique de l'illusion. Son adhésion à la théorie que Jésus n’avait été crucifié qu’en apparence et avait fait l’objet d’une tentative d’assassinat de la part des juifs était naturellement liée à sa propagande anti-Juive et visait à stigmatiser les juifs en tant que peuple fourbe.
Il est probable que Mahomet n’eut jamais connaissance de la théologie chrétienne de la passion de Jésus ni du sens de la crucifixion dans le dogme chrétienne du salut. Le fait que le Coran ne fasse référence ni à la vénération chrétienne de la crucifixion ni à une critique de la foi chrétienne en un Messie crucifié appuie les hypothèses selon lesquelles Mahomet et ses scribes ne savaient pratiquement rien de la façon dont les chrétiens voyaient la crucifixion de Jésus. Néanmoins, les versets coraniques suivants sont parfois présentés par quelques oulémas pour soutenir la théorie que l’Islam s'oppose ouvertement à l'idée du salut par le rachat de la crucifixion :
Dis : "Chercherais-je un autre Seigneur qu'Allah, alors qu'Il est le Seigneur de toute chose? Chacun n'acquiert [le mal] qu'à son détriment : personne ne portera le fardeau (responsabilité) d'autrui. Puis vers votre Seigneur sera votre retour et Il vous informera de ce en quoi vous divergez. (Sourate 6:164)
Quiconque prend le droit chemin ne le prend que pour lui-même; et quiconque s'égare, ne s'égare qu'à son propre détriment. Et nul ne portera le fardeau d'autrui. Et Nous n'avons jamais puni [un peuple] avant de [lui] avoir envoyé un Messager. (Sourate 17:15)
Or, personne ne portera le fardeau d'autrui. Et si une âme surchargée [de péchés] appelle à l'aide, rien de sa charge ne sera supporté par une autre même si c'est un proche parent. Tu n'avertis en fait, que ceux qui craignent leur Seigneur malgré qu'ils ne Le voient pas, et qui accomplissent la Salat. Et quiconque se purifie, ne se purifie que pour lui-même, et vers Allah est la destination. (Sourate 35:18)
Il convient quand même de noter que cette remarque récurrente dans les versets ci-dessus que la responsabilité d'un individu se limite à ses seuls péchés personnels est contredite en d’autres circonstances par d'autres versets coraniques. Contrairement au dogme qu'aucun pécheur ne peut être responsable des péchés d’un d'autre, les versets suivants du coran enseignent que certains pécheurs coupables d’avoir trompé les autres seront par la suite tenus responsables des péchés des personnes qu'ils égarent :
Et très certainement, ils porteront leurs fardeaux et d'autres fardeaux en plus de leurs propres fardeaux. et ils seront interrogés, le Jour de la Résurrection, sur ce qu'ils inventaient. (sourate 29:13)
Qu'ils portent donc, au Jour de la Résurrection, tous les fardeaux de leurs propres oeuvres ainsi qu'une partie de fardeaux de ceux qu'ils égarent, sans le savoir; combien est mauvais [le fardeau] qu'ils portent! (Sourate 16:25)
On doit noter que la doctrine islamique niant le transfert des péchés entre les pécheurs, même avec les exceptions à cette règle, n'a rien à voir avec le concept chrétien de l'expiation par la mort de Jésus. Les énonciations répétées du Coran ne peuvent nullement être associées à l'acte rédempteur de Jésus tel que défini dans le nouveau testament, puisque ces remarques ne concernent que les relations entre pécheurs et impliquent qu'aucun pécheur ne peut sauver ou aider un autre pécheur. Sur ce point, l’enseignement islamique ne contredit réellement la doctrine chrétienne que Jésus est devenu notre sauveur en portant nos péchés et en mourrant sur la croix pour nous car en théologie chrétienne Jésus est le seul humain sans péché. L'affirmation que les versets cités ci-dessus réfutent la possibilité de rachat par la mort de Jésus n’a donc aucune validité puisqu’en théologie chrétienne Jésus n'est considéré ni comme un pécheur ni comme un homme ordinaire ou un prophète.
En analysant le contexte du démenti islamique de la crucifixion, il faut également envisager que Mahomet entendit et sut au moins partiellement ce que les chrétiens croyaient de la mort de Jésus des mains des juifs mais qu’il ne se sentit pas concerné par la doctrine chrétienne du salut par le sacrifice de Jésus parce que ce principe ne le servirait pas sa lutte politique contre les juifs. Il est également significatif que Mahomet révèle dans la 4ème Sourate du Coran les raisons implicites de son adoption de la théorie gnostique de l'illusion quand il tâche de lier la prétendue illusion avec les péchés et les méfaits des juifs. Lisons le Coran :
Les gens du Livre te demandent de leur faire descendre du ciel un Livre. Ils ont déjà demandé à Moïse quelque chose de bien plus grave quand ils dirent : "Fais-nous voir Allah à découvert! " Alors la foudre les frappa pour leur tort. Puis ils adoptèrent le Veau (comme idole) même après que les preuves leur furent venues. Nous leur pardonnâmes cela et donnâmes à Moïse une autorité déclarée. Et pour (obtenir) leur engagement, Nous avons brandi au-dessus d'eux le Mont Tor. Nous leur avons dit : "Entrez par la porte en vous prosternant"; Nous leur avons dit : "Ne transgressez pas le Sabbat"; et Nous avons pris d'eux un engagement ferme. (Nous les avons maudits) à cause de leur rupture de l'engagement, leur mécréance aux révélations d'Allah, leur meurtre injustifié des prophètes, et leur parole : "Nos coeurs sont (enveloppés) et imperméables". Et réalité, c'est Allah qui a scellé leurs coeurs à cause de leur mécréance, car ils ne croyaient que très peu . Et à cause de leur mécréance et de l'énorme calomnie qu'ils prononcent contre Marie et à cause leur parole : "Nous avons vraiment tué le Christ, Jésus, fils de Marie, le Messager d'Allah"... Or, ils ne l'ont ni tué ni crucifié; mais ce n'était qu'un faux semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l'incertitude : ils n'en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l'ont certainement pas tué (sourate 4:153- 157)
Évidemment, avant de promouvoir la théorie gnostique de l'illusion, Mahomet produisait déjà des versets visant les juifs, essayant presque de dresser une liste chronologique des péchés que les israélites avaient commis jusqu'à la mort de Jésus. Bien que dans le Coran l'expression « les gens du livre » puisse se rapporter tant aux juifs qu’aux chrétiens, les accusations de ces versets sont clairement dirigées contre les juifs puisque les chrétiens ne pouvaient forcément pas avoir adoré un veau à l’époque de Moïse ou que Marie, la mère de Jésus, est louée comme une femme chaste. Fait intéressant, les accusations contre les juifs du Coran sont directement liées avec le complot de la crucifixion de Jésus. Ce parallélisme thématique et la présentation de la prétendue illusion comme la punition de tous les méfaits juifs est le produit de l’amalgame de quelques doctrines chrétiennes hérétiques avec les sentiments anti-Juifs du Gnosticisme.
Bien que la crucifixion de Jésus soit en phase avec le martyre des prophètes et des messagers d’Israël, dans la théologie chrétienne la mort de Jésus est unique parce qu'elle est transformée par la sagesse de Dieu en un acte de rachat universel du péché. En d'autres termes, comme beaucoup d'autres prophètes, Jésus souffre et meurt des mains de son propre peuple mais seule sa mort apporte la grâce et la rémission car, à la différence des autres prophètes, il est le sauveur et le fils de Dieu.
Le Coran dessine pareillement un parallélisme entre le martyre des anciens prophètes des mains des juifs (« leur meurtre injustifié des prophètes» dans le verset 155) et leur tentative de crucifier Jésus. Plus même, le Coran est apparemment conforme à la bible quand il implique que Jésus a été distingué entre tous par Dieu dans le groupe des anciens prophètes.
Cependant, ce même Coran contredit ouvertement la bible quand il explique que le cas de Jésus est unique parce que Jésus fut le seul prophète d’Israël dont le meurtre par les juifs fut empêché par une intervention divine et une illusion. Cette modification au forceps de l'interprétation des particularités de la mort de Jésus prouve que Mahomet voulut enrôler Jésus dans sa lutte politique contre les juifs et choisit de dépouiller la mort de Jésus de toute implication théologique relative au salut de l'humanité. Puisque la priorité de Mahomet était de flétrir les juifs en se servant de Jésus, expliquer que la crucifixion avait échoué grâce à une duperie servait parfaitement le dessein islamique de faire passer les juifs pour une communauté d’égarés qui subissait le châtiment d’avoir voulu crucifier Jésus.
Le résultat de cette stratégie fut un basculement fondamental transformant le credo du salut universel dans le christianisme en un avilissement des juifs dans l'Islam. Mahomet se complaisant à transformer Jésus de Nazareth en une arme politique anti-juive étonnamment puissante et maniable, il devait pour ce faire dissocier Jésus de la croix et de la doctrine chrétienne fondamentale du salut. En conséquence, dans l'écriture sainte de Mahomet la crucifixion de Jésus cessa de représenter l'amour divin et la grâce prodiguée par le père Miséricordieux pour se transformer en principal instrument de la haine divine contre la communauté juive. C'est pourquoi dans le Coran, Jésus n'est pas l'Agneau de Dieu offert pour l'alliance éternelle entre Dieu le Père et ses enfants, mais est un sacrifice offert pour satisfaire le désir de revanche Mahomet sur les juifs, les meurtriers de tous les anciens messagers.
La reprise par Mahomet de la théorie gnostique de l'illusion fut certainement liée à sa haine des juifs. L’allégation que la crucifixion de Jésus n’était qu’une illusion optique crée par le pouvoir et la sagesse d'Allah est le point culminant d'une campagne politique islamique à long terme qui voulait faire du mot « juif » un synonyme du mot « fou». Cet objectif est évident dans la supposition islamique qu'Allah, en dépit de son honnêteté primordiale, a réussi à tromper les Juifs en leur faisant tuer quelqu'un d'autre à la place de Jésus. La duperie des juifs alléguée par le Coran prend la forme d'une malédiction éternelle qui condamne la race juive à l'ignorance et à l’égarement. En bref, le dieu de Mahomet a sacrifié son honnêteté pour que Mahomet puisse punir et se moquer des juifs tandis que Mahomet devenait le Marcion moderne de l'Arabie.
CONCLUSION
L'analyse comparative des hérésies gnostiques et de la doctrine islamique niant la crucifixion confirme l’hypothèse que l'Islam emprunte ce démenti et ses arguments au Docétisme gnostique. Peu importe les réticences des oulémas à l'admettre, l'apparition soudaine du démenti de la crucifixion de Jésus dans le Coran et la nature foncièrement politique de ce démenti indiquent que Mahomet le tira des hérésies gnostiques qu’il dénatura en la forçant dans le moule de sa politique. En résumé, ce que nous lisons aujourd'hui dans le Coran sur la mort de Jésus est une version déformée de la Gnose engendrée par la haine et l'idéologie anti-Juive de Mahomet.
caius- Affranchi des Paradoxes
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Date d'inscription : 28/04/2008
Re: résurrection partielle de la gnose dans l'islam
Oui c'est clair qu'avec les versets du coran qui nous parlent de la mort du Christ on devine bien que Mahomet s'adressaient aux juifs de son époque avec qui il polémiquait sur la mort du Christ
Je ne vois pas comment les juifs qui ont crucifier (le coran ne parle jamais des romains dans cette affaire) auraient pu savoir qu'ils n'étaient pas en train de crucifier le Christ puisque, selon le Coran, tout a été fait pour qu'ils croient l'avoir fait
Reste le comment ensuite les chrétiens ont su que le Christ était vivant puisque, selon la thèse coranique, forcement eux (dont sa propre mère) aussi ont été trompés par cette fausse apparence. A ma connaissance, le coran ainsi que le hadith restent complètement muets sur ça
Je ne vois pas comment les juifs qui ont crucifier (le coran ne parle jamais des romains dans cette affaire) auraient pu savoir qu'ils n'étaient pas en train de crucifier le Christ puisque, selon le Coran, tout a été fait pour qu'ils croient l'avoir fait
Reste le comment ensuite les chrétiens ont su que le Christ était vivant puisque, selon la thèse coranique, forcement eux (dont sa propre mère) aussi ont été trompés par cette fausse apparence. A ma connaissance, le coran ainsi que le hadith restent complètement muets sur ça
YOD- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 2231
Date d'inscription : 25/11/2008
Re: résurrection partielle de la gnose dans l'islam
cher Caïus,
c'est peut-être passionnant, mais un texte aussi long n'attire pas la lecture!
Dommage!
j'y reviendrai peut-être à mes moments perdus!
c'est peut-être passionnant, mais un texte aussi long n'attire pas la lecture!
Dommage!
j'y reviendrai peut-être à mes moments perdus!
Invité- Invité
Re: résurrection partielle de la gnose dans l'islam
Salâm Caius
et tout çà pour arriver à quoi ??
tout ce discours pour venir nous dire que un certain mahomet ???, n'aimait pas les juifs ?
mais que veux tu que çà nous foutent à nous musulmans , mahomet ne veut rien dire pour nous il fut un temps (et il reviendra quand tout ces huluberlus style celui qui a écrit ce long blabla cesseront de nous seriner avec leurs pensées à la mord moi le pif) où toutes les religions vivaient en harmonie , j'ai des amis chrétiens , juifs , athés, boudhistes on s'entend bien , on se prend pas la tête , on vit c'est tout
Ozan
et tout çà pour arriver à quoi ??
tout ce discours pour venir nous dire que un certain mahomet ???, n'aimait pas les juifs ?
mais que veux tu que çà nous foutent à nous musulmans , mahomet ne veut rien dire pour nous il fut un temps (et il reviendra quand tout ces huluberlus style celui qui a écrit ce long blabla cesseront de nous seriner avec leurs pensées à la mord moi le pif) où toutes les religions vivaient en harmonie , j'ai des amis chrétiens , juifs , athés, boudhistes on s'entend bien , on se prend pas la tête , on vit c'est tout
Ozan
Ozan- Maître du Temps
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Date d'inscription : 16/02/2009
Re: résurrection partielle de la gnose dans l'islam
Vous voulez passer pour qui en disant cela????? vous voulez nous dire quoi ?????Ozan a écrit:Salâm Caius
mahomet ???, n'aimait pas les juifs ?
mais que veux tu que çà nous foutent à nous musulmans , mahomet ne veut rien dire pour nous
Comment vous priez alors ????? qui vous a montrer la façon de faire la prière????
Si je comprend bien vous prenez se qui vous fait plaisir et jetez tous le reste????
Je rie de cette nouvelle religion faudra lui donner un nom maintenant et vous faire le porte parole de celle si...
Ozan a écrit: religions vivaient en harmonie , j'ai des amis chrétiens , juifs , athés, boudhistes on s'entend bien , on se prend pas la tête , on vit c'est tout
Ozan
Vous vivez en harmonie, oui j'en suis sure et même certain, mais pas grâce à toute ces religions belliqueuses et surtout pas grace à cette jouvencelle très prude que vous aimez tant, mais belle et bien grace a ce pays ou vous vivez qui a su mettre les religieux et les militaires dans les couvents et casernes...
azdeladeche- Jeune Padawan
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Date d'inscription : 14/09/2009
Re: résurrection partielle de la gnose dans l'islam
Je pense, pour ma part, que ce qu' écrit Caius est intéressant. La lecture demande un peu d' effort , mais elle est instructive. Il est intéressant de savoir comment naissent les religions .
bernard1933- Aka Tpat
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Date d'inscription : 23/03/2008
Re: résurrection partielle de la gnose dans l'islam
Salâm Caius
""Vous vivez en harmonie, oui j'en suis sure et même certain, mais pas grâce à toute ces religions belliqueuses et surtout pas grace à cette jouvencelle très prude que vous aimez tant, mais belle et bien grace a ce pays ou vous vivez qui a su mettre les religieux et les militaires dans les couvents et casernes...""
Une jouvencelle que j'aime tant ?? ha ben vlà autre chose , là , tu en sais des choses sur ma vie :ptdr:
en plus grace à ce pays où vous vivez , on dirait que çà te géne que je sois en France , ??
bref tout çà ne nous rendra pas l'AOF
""Vous vivez en harmonie, oui j'en suis sure et même certain, mais pas grâce à toute ces religions belliqueuses et surtout pas grace à cette jouvencelle très prude que vous aimez tant, mais belle et bien grace a ce pays ou vous vivez qui a su mettre les religieux et les militaires dans les couvents et casernes...""
Une jouvencelle que j'aime tant ?? ha ben vlà autre chose , là , tu en sais des choses sur ma vie :ptdr:
en plus grace à ce pays où vous vivez , on dirait que çà te géne que je sois en France , ??
bref tout çà ne nous rendra pas l'AOF
Ozan- Maître du Temps
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Date d'inscription : 16/02/2009
Re: résurrection partielle de la gnose dans l'islam
Ozan a écrit:
Une jouvencelle que j'aime tant ?? ha ben vlà autre chose , là , tu en sais des choses sur ma vie :ptdr:
en plus grace à ce pays où vous vivez , on dirait que çà te géne que je sois en France , ??
bref tout çà ne nous rendra pas l'AOF
Vous n'avez pas répondu par un argument qui tient la route mais comme d'habitude juste par des mimiques et émotionnes, dommage mais je comprend très bien vous êtes a court, et même l'islam vous apprend à vous louvoyer pour éviter d'être démonté.
Car dire que Mohamed c'est rien pour les musulmans, alors que vous le suivez 5 fois par jours dans son stretching quotidien faut le faire...
azdeladeche- Jeune Padawan
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