Episode dans l'Evangile lu "du dedans"...
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Episode dans l'Evangile lu "du dedans"...
…La pièce était encore fraîche, et entre les tentures de lin à demi tirées, un rais de lumière trouait la pénombre, jouant avec la poussière.
Elle s’éveilla.
Tout était si familier : la flûte des merles dans le jardin, le bruit étouffé de la mer, le calme de la maison… Tout était si… pareil au même !...
Ce n’aurait pas dû être, pensa-t-elle, car aujourd’hui était un autre jour. Elle le savait, en avait l’intime conviction.
Fébrile, elle se leva, vérifia si le flux était toujours là, puis retira ses doigts poisseux avec une grimace de lassitude et de dégoût…
Elle n’en pouvait plus !
Et si, contrairement à ce que son cœur lui disait, rien ne devait se passer aujourd’hui ?
Alors ce serait la fin. Elle n’avait plus la force de lutter. Trop de solitude, de rejets, de douleurs, de méprisante indifférence…
Elle se lava, se protégea, s’habilla, et tremblante, sortit de la maison.
Elle avait tellement prié, et jeûné pourtant ! …Elle devait être maudite…
Quoi qu’il en soit, Dieu n’avait jamais répondu, et le temps s’était étiré en une longue suite de jours empreints de souffrance et de honte.
Que lui avait donc dit le dernier médecin qu’elle était allée consulter ?
- Vos péchés et les péchés de vos pères crient contre vous… —avant de lui demander les derniers deniers qui lui restait.
Elle s’était sentie si mal, si profondément humiliée…
Elle approchait de la ville.
Non sans angoisse.
Elle pensait à ce qu’elle allait faire, et cela la faisait chanceler …
C’est en entendant parler de la guérison du paralytique en ville qu’elle avait pris sa décision, souriant à la pensée dont les amis de cet homme s’y étaient pris pour l’amener devant le Maître…
Démonter le toit de la maison ! Fallait-il qu’ils aiment leur ami !
Elle, elle n’avait plus d’amis, mais elle saurait bien se débrouiller pour L’approcher, il fallait juste ne pas flancher maintenant.
Chassant les idées mortifères de son esprit, réajustant le voile qui l’enveloppait, elle pressa le pas, choisissant les ruelles ombragées de la ville pour se rapprocher de la maison où elle pensait devoir Le trouver.
Pourvu qu’Il n’ait pas quitté Capernaüm, se dit-elle… Mais une vibration dans l’air l’assurait du contraire, et les rues, animées plus que d’ordinaire, laissaient à penser que quelque chose se passait… Soudain, alors qu’insensiblement elle ralentissait, débouchant en pleine lumière, elle fut sur la foule, et la rumeur qui en montait l’enveloppa telle une onde de chaleur.
La tête lui tourna, elle eut un mouvement de recul et la panique la saisit tandis qu’elle pensait qu’on pourrait la reconnaître… Les souvenirs affluèrent tels un raz de marée :
- Impure… Impure… avaient-ils crié, et les enfants lui avaient lancé des pierres…
Elle tira fiévreusement sur son voile de façon à ce que son visage reste couvert, et lentement, suivit le mouvement.
Les gens arrivaient de partout, et le Maître était pressé de tous côtés.
Jaïrus, elle le reconnaissait, —un des rares chefs de la Synagogue qui ne la traitait pas comme une paria, était avec Lui, et lui parlait avec fièvre.
Il y eut un arrêt, la foule tanguait de droite et de gauche. Profitant de l’agitation ambiante, elle se faufila entre les gens de sorte à se trouver derrière Lui.
Elle n’avait pas l’intention de L’aborder, jamais elle n’aurait osé, mais si elle était prise, ce qu’elle allait faire lui vaudrait certainement la pire brimade de sa vie, et elle s’y connaissait en brimades ! Alors elle cessa de réfléchir, et désespérée, se baissa rapidement pour toucher les franges de Sa tunique, pensant que cela suffirait à la libérer de son mal.
Instantanément elle fut comme projetée dans un monde de douceur et de paix.
Douze ans de crispation, de spasmes douloureux, de cris rentrés, de pleurs cachés, de honte bue, furent comme balayés alors qu’une onde de joie l’emportait… mais ce qui suivit la cloua sur place !
- Qui a touché mes vêtements ? l’entendit-elle demander, alors qu’Il se retournait, et la regardait…
Elle était prise !
Elle savait qu’elle n’aurait jamais dû Le toucher ! N’était-elle pas considérée comme impure par le pouvoir religieux ? A cet instant précis elle mesura la folie de son geste…Effrayée au-delà de toute mesure, elle se jeta à terre, et d’une voix tremblante lui fit un récit heurté du malheur qui l’avait enfermée en elle-même pendant toutes ces années, et, étant au désespoir, du projet insensé qu’elle avait conçu pour sa guérison.
La pièce était encore fraîche. Entre les tentures de lin à demi tirées, un rais de lumière trouait la pénombre, jouant avec la poussière.
Elle s’éveilla.
Tout était si familier : la flûte des merles dans le jardin, le bruit étouffé de la mer, le calme de la maison… et pourtant tout était si différend aujourd’hui !
Lorsqu’elle repensait à ce Jour-là, la première chose qui lui venait à l’esprit était le regard qu’Il avait posé sur elle. Aucune aversion, pas de rejet, pas de mépris, pas de colère, mais de l’intérêt… elle en avait été bouleversée. Puis Il avait confirmé ce qu’elle avait instantanément ressenti dans son corps :
- Ton adhérence t’a sauvée ! Avait-il dit… Va en paix et sois assainie du mal qui te harcelait !
… Du mal qui te harcelait… Personne n’avait su combien cette dernière parole lui avait fait de bien. Aucun de ses semblables jusqu’à ce jour, n’avait semblé réellement comprendre dans quelle détresse elle se trouvait.
Du mal qui te harcelait ; oui, elle avait été harcelée au point de ne pouvoir penser à autre chose, vérifiant vingt fois par jour où en était ce flux de sang qui ne voulait pas tarir, et qui s’écoulait d’elle telle une accusation, et une infamie permanente…
Ton adhérence t’a sauvée… Elle savait pourtant ne pas avoir été réellement mue par la foi… elle avait entendu parler de ce Jésus, et de tous les miracles qu’Il faisait.
Sachant qu’elle n’avait plus rien à perdre, elle s’était dit qu’il était la "solution de la dernière chance" ! Et l’unique raison qui l’avait poussée à toucher Son vêtement plutôt que de lui demander quoi que ce soit, était qu’elle était persuadée qu’une femme seule, affligée d’un tel mal de surcroît, ne pourrait jamais susciter ni indulgence, ni réelle miséricorde aux yeux d’un homme...
Elle s’étira… Ouvrit les yeux et, pensant à son père, récita le Modé sur un ton jubilatoire : oui, Dieu avait vraiment fait revenir en elle sa néchama, non seulement cela, mais la ville entière avait été témoin de sa guérison, plus personne ne pourrait la traiter d’impure.
Elle se leva. Dans une sorte de réflexe procédant d’années d’habitudes, voulu vérifier l’état du flux de son sang, arrêta son geste, et sourit ; ouvrant les tentures de lin et la porte qui donnait sur le jardin, elle sortit et écoutant la rumeur atténuée du ressac, elle respira profondément : jamais elle ne s’était sentie aussi vivante.
Imala
Elle s’éveilla.
Tout était si familier : la flûte des merles dans le jardin, le bruit étouffé de la mer, le calme de la maison… Tout était si… pareil au même !...
Ce n’aurait pas dû être, pensa-t-elle, car aujourd’hui était un autre jour. Elle le savait, en avait l’intime conviction.
Fébrile, elle se leva, vérifia si le flux était toujours là, puis retira ses doigts poisseux avec une grimace de lassitude et de dégoût…
Elle n’en pouvait plus !
Et si, contrairement à ce que son cœur lui disait, rien ne devait se passer aujourd’hui ?
Alors ce serait la fin. Elle n’avait plus la force de lutter. Trop de solitude, de rejets, de douleurs, de méprisante indifférence…
Elle se lava, se protégea, s’habilla, et tremblante, sortit de la maison.
Elle avait tellement prié, et jeûné pourtant ! …Elle devait être maudite…
Quoi qu’il en soit, Dieu n’avait jamais répondu, et le temps s’était étiré en une longue suite de jours empreints de souffrance et de honte.
Que lui avait donc dit le dernier médecin qu’elle était allée consulter ?
- Vos péchés et les péchés de vos pères crient contre vous… —avant de lui demander les derniers deniers qui lui restait.
Elle s’était sentie si mal, si profondément humiliée…
Elle approchait de la ville.
Non sans angoisse.
Elle pensait à ce qu’elle allait faire, et cela la faisait chanceler …
C’est en entendant parler de la guérison du paralytique en ville qu’elle avait pris sa décision, souriant à la pensée dont les amis de cet homme s’y étaient pris pour l’amener devant le Maître…
Démonter le toit de la maison ! Fallait-il qu’ils aiment leur ami !
Elle, elle n’avait plus d’amis, mais elle saurait bien se débrouiller pour L’approcher, il fallait juste ne pas flancher maintenant.
Chassant les idées mortifères de son esprit, réajustant le voile qui l’enveloppait, elle pressa le pas, choisissant les ruelles ombragées de la ville pour se rapprocher de la maison où elle pensait devoir Le trouver.
Pourvu qu’Il n’ait pas quitté Capernaüm, se dit-elle… Mais une vibration dans l’air l’assurait du contraire, et les rues, animées plus que d’ordinaire, laissaient à penser que quelque chose se passait… Soudain, alors qu’insensiblement elle ralentissait, débouchant en pleine lumière, elle fut sur la foule, et la rumeur qui en montait l’enveloppa telle une onde de chaleur.
La tête lui tourna, elle eut un mouvement de recul et la panique la saisit tandis qu’elle pensait qu’on pourrait la reconnaître… Les souvenirs affluèrent tels un raz de marée :
- Impure… Impure… avaient-ils crié, et les enfants lui avaient lancé des pierres…
Elle tira fiévreusement sur son voile de façon à ce que son visage reste couvert, et lentement, suivit le mouvement.
Les gens arrivaient de partout, et le Maître était pressé de tous côtés.
Jaïrus, elle le reconnaissait, —un des rares chefs de la Synagogue qui ne la traitait pas comme une paria, était avec Lui, et lui parlait avec fièvre.
Il y eut un arrêt, la foule tanguait de droite et de gauche. Profitant de l’agitation ambiante, elle se faufila entre les gens de sorte à se trouver derrière Lui.
Elle n’avait pas l’intention de L’aborder, jamais elle n’aurait osé, mais si elle était prise, ce qu’elle allait faire lui vaudrait certainement la pire brimade de sa vie, et elle s’y connaissait en brimades ! Alors elle cessa de réfléchir, et désespérée, se baissa rapidement pour toucher les franges de Sa tunique, pensant que cela suffirait à la libérer de son mal.
Instantanément elle fut comme projetée dans un monde de douceur et de paix.
Douze ans de crispation, de spasmes douloureux, de cris rentrés, de pleurs cachés, de honte bue, furent comme balayés alors qu’une onde de joie l’emportait… mais ce qui suivit la cloua sur place !
- Qui a touché mes vêtements ? l’entendit-elle demander, alors qu’Il se retournait, et la regardait…
Elle était prise !
Elle savait qu’elle n’aurait jamais dû Le toucher ! N’était-elle pas considérée comme impure par le pouvoir religieux ? A cet instant précis elle mesura la folie de son geste…Effrayée au-delà de toute mesure, elle se jeta à terre, et d’une voix tremblante lui fit un récit heurté du malheur qui l’avait enfermée en elle-même pendant toutes ces années, et, étant au désespoir, du projet insensé qu’elle avait conçu pour sa guérison.
La pièce était encore fraîche. Entre les tentures de lin à demi tirées, un rais de lumière trouait la pénombre, jouant avec la poussière.
Elle s’éveilla.
Tout était si familier : la flûte des merles dans le jardin, le bruit étouffé de la mer, le calme de la maison… et pourtant tout était si différend aujourd’hui !
Lorsqu’elle repensait à ce Jour-là, la première chose qui lui venait à l’esprit était le regard qu’Il avait posé sur elle. Aucune aversion, pas de rejet, pas de mépris, pas de colère, mais de l’intérêt… elle en avait été bouleversée. Puis Il avait confirmé ce qu’elle avait instantanément ressenti dans son corps :
- Ton adhérence t’a sauvée ! Avait-il dit… Va en paix et sois assainie du mal qui te harcelait !
… Du mal qui te harcelait… Personne n’avait su combien cette dernière parole lui avait fait de bien. Aucun de ses semblables jusqu’à ce jour, n’avait semblé réellement comprendre dans quelle détresse elle se trouvait.
Du mal qui te harcelait ; oui, elle avait été harcelée au point de ne pouvoir penser à autre chose, vérifiant vingt fois par jour où en était ce flux de sang qui ne voulait pas tarir, et qui s’écoulait d’elle telle une accusation, et une infamie permanente…
Ton adhérence t’a sauvée… Elle savait pourtant ne pas avoir été réellement mue par la foi… elle avait entendu parler de ce Jésus, et de tous les miracles qu’Il faisait.
Sachant qu’elle n’avait plus rien à perdre, elle s’était dit qu’il était la "solution de la dernière chance" ! Et l’unique raison qui l’avait poussée à toucher Son vêtement plutôt que de lui demander quoi que ce soit, était qu’elle était persuadée qu’une femme seule, affligée d’un tel mal de surcroît, ne pourrait jamais susciter ni indulgence, ni réelle miséricorde aux yeux d’un homme...
Elle s’étira… Ouvrit les yeux et, pensant à son père, récita le Modé sur un ton jubilatoire : oui, Dieu avait vraiment fait revenir en elle sa néchama, non seulement cela, mais la ville entière avait été témoin de sa guérison, plus personne ne pourrait la traiter d’impure.
Elle se leva. Dans une sorte de réflexe procédant d’années d’habitudes, voulu vérifier l’état du flux de son sang, arrêta son geste, et sourit ; ouvrant les tentures de lin et la porte qui donnait sur le jardin, elle sortit et écoutant la rumeur atténuée du ressac, elle respira profondément : jamais elle ne s’était sentie aussi vivante.
Imala
Imala- Maître du Relatif et de l'Absolu
- Nombre de messages : 1239
Localisation : Près des étoiles
Identité métaphysique : Gnostique
Humeur : Tranquille
Date d'inscription : 21/05/2008
Re: Episode dans l'Evangile lu "du dedans"...
Merci Imala
Un vent de fraîcheur qui me redonne du courage dans l'adversité!
la Foi, c'est dans le coeur qu'on la découvre. Cette femme a affronté sa honte et sa souffrance malgré tout et tous, simplement attirée par L'Amour.
Quelque chose qui semble tellement incompréhensible (ou puéril) aujourd'hui. :bras:
Un vent de fraîcheur qui me redonne du courage dans l'adversité!
la Foi, c'est dans le coeur qu'on la découvre. Cette femme a affronté sa honte et sa souffrance malgré tout et tous, simplement attirée par L'Amour.
Quelque chose qui semble tellement incompréhensible (ou puéril) aujourd'hui. :bras:
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