Peut-on combattre le mal par le mal.

[Geveil]

Si l'on s'en tient à la raison pure, la réponse est évidemment non, car utiliser le mal pour combattre, c'est se faire l'allié du mal, donc le renforcer.

Mais ce n'est pas si simple, il faut retourner dans le concret avant de redécoller vers des abstractions philosophiques; par exemple, couper, détruire semble à priori un mal, donc amputer d'un bras est un mal, au cours d'un affrontement guerrier. Mais amputer d'un bras atteint par la gangrène permet de sauver la vie de son possesseur. C'est donc un bien pour un mal.
Ce qui nous mène à l'éternelle discussion, «  qu'est-ce que le mal »? On voit tout de suite que ce concept n'a de sens que sur le long terme. Et qui décidera de la longueur du terme ? Donc à la limite, ce concept est vide.

Mais qu'est-ce qui m'a amené à me poser cette question ? La visite de TJ qui m'ont lu des passages de la Bible où il est dit qu'à la fin des temps, Dieu détruira Satan.
Autre exemple: on a lutté contre l'hitlérisme les armes à la main, les américains ont lâché des tonnes de bombes, faisant des dizaines de milliers de victimes civiles pour en arriver effectivement au suicide de Hitler et à la reddition de l'Allemagne. Et bien, c'est Hitler qui a gagné, et savez-vous comment j'en ai pris conscience? En voyant aux actualités de l'époque la populace s'emparer de femmes qui avaient eu le malheur de coucher avec un soldat allemand, de leur cracher à la figure et de les tondre.

Autre exemple: dans la discussion " Pourquoi les incroyants....." j'ai invectivé Pseudo pour ses propos que je qualifie de conneries. Pseudo fait du mal en faisant des amalgames, en formulant des pseudo-vérités sans sources, sans preuves. Mais ma réaction aussi fait du mal, n'est-elle pas contre-productive ?

[Jipé]

Gereve:

Pseudo fait du mal en faisant des amalgames, en formulant des pseudo-vérités sans sources, sans preuves. Mais ma réaction aussi fait du mal, n'est-elle pas contre-productive ?

Non, tu ne fais pas de mal, je te comprends tout à fait et j'approuve car il faut appeler "un chat, un chat" et "un con, un con" sinon c'est de l'hypocrisie.

[Invité]

[P]ar exemple, couper, détruire semble à priori un mal, donc amputer d'un bras est un mal, au cours d'un affrontement guerrier. Mais amputer d'un bras atteint par la gangrène permet de sauver la vie de son possesseur. C'est donc un bien pour un mal.
Ce qui nous mène à l'éternelle discussion, «  qu'est-ce que le mal »? On voit tout de suite que ce concept n'a de sens que sur le long terme. Et qui décidera de la longueur du terme ? Donc à la limite, ce concept est vide.

Du point de vue de la logique la plus stricte, tu as raison, le concept est vide dès lors qu'il ne lui correspond rien de précis "au cordeau".

Cela dit, il se peut que des exemples de court terme soient donnés avec par exemple 1 jour, 3 jours, 10 jours, 100 jours, et du long terme avec 200 jours, 1000 jours, 2000 jours, 3000 jours, dans ce cas on dira que la frontière (floue) entre court et long terme est aux environs de 150 jours, ce qui permet de donner un contenu au concept.

Il se peut donc que le concept de mal qui est un vrai mal, ou de mal qui est en fait un bien, soit réellement fondé en pratique, - au moins dans certains cas...

[Geveil]

Vouai, et si le long terme est l'infini ?

Mais revenons au sujet, utiliser la violence ( Je ne dis plus " le mal" pour lutter contre la violence, n'est-ce pas contreproductif?

Pas forcément, je pense aux bagarres d'enfants qui se détestent et après le combat deviennent les meilleurs amis du monde.

Il peut arriver aussi qu'un type qui se croit très fort mais reçoit une bonne raclée abordera ensuite les gens de façon moins agressive, etc...

En fait, je crois que ce problème est plus un sujet de psychologie que de philosophie. En effet, il arrive souvent que les violents ont eux-mêmes été violentés et se sont fait une image d'un monde où règne la violence. Donc, si on use de violence avec eux, on ne fait que les conforter dans leurs croyances.
D'un autre côté on m'a dit qu'il faut mordre les petits enfants qui mordent pour qu'ils se rendent compte que ça fait mal.

Y voir un peu plus clair dans ce sujet m'aidera certainement à mieux maîtriser mon comportement.

[Invité]

C'est en effet une question capitale, et il n'y a sûrement pas qu'une seule réponse !

Il y a une telle gamme de violence, depuis le jeu innocent qui est plutôt la décharge d'une tension, jusqu'à la violence inacceptable...

j'aurais bien du mal à disserter sur ce sujet, c'est une question que je me pose depuis bien longtemps.

Je suis toute ouille.

[Geveil]

Tu es toutouille ? C'est bien mignon, ça.
Mais non, disserte, disserte, par exemple, qui décide de ce qu'une violence est acceptable ou non ? Est-ce culturel, inné, toute notre morale n'est-elle qu'apprise, ou avons nous une conscience morale universelle, je veux dire due à notre structure cervicale ?

[idrom]

En fait, je crois que ce problème est plus un sujet de psychologie que de philosophie. En effet, il arrive souvent que les violents ont eux-mêmes été violentés et se sont fait une image d'un monde où règne la violence. Donc, si on use de violence avec eux, on ne fait que les conforter dans leurs croyances.

Oui c'est du domaine de la croyance, d'une conception fantasmé de la réalité. c'est souvent la souffrance qui modifie la conception que l'on a de la réalité, elle a une part importante dans l'émergence de la violence.
Quelqu'un qui n'a rien, qui souffre terriblement, qui est très malade, qui n'a plus d'espoirs.. aura une vison de la réalité qui sera altérée, il pensera que ça souffrance, intolérable et injuste, ne se retrouve pas chez les autres, que les autres sont plus vivants que lui, qu'ils ne souffrent pas, ou très peu comparer a lui... tout se passe comme si l'existence de l'autre ne pouvait être perçue, dans un premier temps, que comme une agression.
Agression, violence, la boucle est bouclée!