Bruit
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Bruit
Je me souviens juste que je marchais sur la plage, à la limite du sable et de l’eau. le soleil mourait en se noyant à l’horizon, sans se hater. Quelques mètres devant, une bouteille se faisait balloter par des vagues aussi mourantes.
Je l’ai ramassée, il y avait une sorte de parchemin enroulé dedans. J’allais l’ouvrir puis me suis ravisé. J’ai tenu la bouteille à l’horizontale à deux mains, c’est alors que le parchemin s’est ouvert et j’ai pu lire distinctement ce qui suit :
-Ceci est le bruit de l’univers
-Il raconte une histoire non écrite
-Les règles sont simples
-Pas de quote
-Pas de spoiler
-Suivre le fil
-Pour la connaitre
-Il suffit de rentrer dedans
-Ouvre la bouteille !
Je n’en croyais pas mes yeux. Toutes les histoires foireuses autour des génies en bouteille m’ont traversé l’esprit. Ces anciens temps sont pourtant révolus, il n’est pas possible qu’à l’ère du silicium, un génie puisse exister. J’ai secoué la bouteille, les lettres du parchemin se sont entremêlées comme les lettres d’un scrabble qu’on secoue, elles se sont dispersées ensuite pour former le texte suivant.
- C’est pourtant Simple
- Prendre le fil et le dérouler à loisir
- Il suffit d’ouvrir la bouteille pour connaitre la suite.
Oui mais, moi, je me méfie quand une bouteille me parle, qui sait ce qui peut arriver quand on ouvre une porte sur l’inconnu. J’ai secoué la bouteille encore une fois, et cette fois-ci il y avait ce message
- Mais Ouvre non de Dieu ! !.
Et puis, plus rien ….
Je l’ai ramassée, il y avait une sorte de parchemin enroulé dedans. J’allais l’ouvrir puis me suis ravisé. J’ai tenu la bouteille à l’horizontale à deux mains, c’est alors que le parchemin s’est ouvert et j’ai pu lire distinctement ce qui suit :
-Ceci est le bruit de l’univers
-Il raconte une histoire non écrite
-Les règles sont simples
-Pas de quote
-Pas de spoiler
-Suivre le fil
-Pour la connaitre
-Il suffit de rentrer dedans
-Ouvre la bouteille !
Je n’en croyais pas mes yeux. Toutes les histoires foireuses autour des génies en bouteille m’ont traversé l’esprit. Ces anciens temps sont pourtant révolus, il n’est pas possible qu’à l’ère du silicium, un génie puisse exister. J’ai secoué la bouteille, les lettres du parchemin se sont entremêlées comme les lettres d’un scrabble qu’on secoue, elles se sont dispersées ensuite pour former le texte suivant.
- C’est pourtant Simple
- Prendre le fil et le dérouler à loisir
- Il suffit d’ouvrir la bouteille pour connaitre la suite.
Oui mais, moi, je me méfie quand une bouteille me parle, qui sait ce qui peut arriver quand on ouvre une porte sur l’inconnu. J’ai secoué la bouteille encore une fois, et cette fois-ci il y avait ce message
- Mais Ouvre non de Dieu ! !.
Et puis, plus rien ….
aleph- Maître du Temps
- Nombre de messages : 628
Localisation : Grand Est
Identité métaphysique : Alchimiste
Humeur : Poétique
Date d'inscription : 05/03/2016
Re: Bruit
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Je ne sais pas où je suis !
Je me souviens que j’étais sur la plage, j’ai trouvé une bouteille, elle était bizarre , je l’ai ouverte.
Puis plus rien…
Maintenant, je suis ici …
C’est un endroit bizarre et magique, comme suspendu entre ciel et terre. Le plancher est mat et terreux sans poussière ou gravier, ni froid, ni chaud. La surface est carrée d’environ 5 mètres de côté.
Les murs et le plafond sont bien là mais totalement invisibles et désespérément inaccessibles, car aucun bruit ni mouvement de l’air ne me parviennent venant de l’extérieur. Et, tout autour des arbres magnifiques, majestueux, qui poussent en hauteur et en largeur, avec toutes les nuances possibles du vert. Certains d’entre eux, se distinguent par des touches allant du jaune au noir en passant par des tons rouges. Ce devait être des baies ou des fruits. Hypothèse qui me semble confirmée par les nuées d’oiseaux qui les survolent à certains moments de la journée. Il me semble en effet que l’aspect général des arbres changeait subtilement, les tons jaune et rouge vif semblait s’affirmer et se rehausser après le passage des petits volatils.
Il faut dire que le premier jour où je me suis réveillé, j’ai failli devenir fou face à l’ étrangeté du lieu. A peine réveillé, Je me suis mis debout, j’ai marché au jugé vers le bord en direction de l’arbre le plus proche qui doit être à une cinquantaine de mètres, à mesure que je marchais, l’arbre restait tout aussi éloigné, j’ai hâté le pas, sans résultats, je me suis mis alors à courir comme jamais je n’ai couru de ma vie, plus je courrais, plus j’aimais la montée d’adrénaline qui accompagnait ma course, étrangement, je ne ressentais ni peine ni fatigue, il me fallut un long moment pour me rendre compte que l’effort ne produisait aucune transpiration et que je pouvais continuer à courir ainsi indéfiniment, le bord de mon habitat ne se rapprochait pas pour autant. Je me suis arrêté net devant cette évidence. quelque chose ne tournait pas rond.
Je me suis assis, j’ai alors pris conscience de ma totale nudité, totalement, pas un pouce de mon corps qui soit couvert d’un bout de tissu. J’ai touché mon visage et je n’ai trouvé trace ni de barbe ni de moustache, plus étrange encore, je n’avais plus mes lunettes, pourtant j’arrivais à distinguer nettement le moindre petit poil sur le racine de mon gros orteil, chose que je n’arrivais plus à discerner depuis mes 16 ans.
J’étais comme émerveillé devant l’aspect sain de mes bras, propre respirant une santé que je ne leur ai jamais connu, mes mollets étaient dignes des meilleurs cyclistes, mes cuisses comme des troncs d’arbre. Plus haut, mes pectoraux étaient luisants, on aurait dit des seins de culturiste. J’étais comme émerveillé, fasciné et au bord de l’écœurement aussi.
Je découvrais un corps parfait que je n’avais jamais eu, à mesure que je le découvrais, je commençais à sombrer dans la folie. C’était après avoir vu mes abdominaux, et les avoir touché que j’ai définitivement sombré. Mes abdominaux étaient de parfaites tablettes de chocolats comme en rêverait tout sportif, en dessous le pubis avec une forêt dense de poils comme rarement j’en ai vu, tellement dense que mon sexe ne se voyait plus. Cela m’a intrigué, je me suis dit « je sais que je l’ai petite mais pas au point de disparaitre entre les poils ». J’ai mis la main pour explorer cette partie intime qui fait de nous ce que nous sommes, un homme ou une femme selon ce qu’on qu’on trouve entre les jambes. Nos attributs masculins ou féminins nous définissent, déterminent notre façon d’être quand nous les acceptons. Je me suis accepté en tant qu’homme toute ma vie, je n’ai jamais eu de problème particulier en matière d’identité sexuelle. Je n’ai pas de mots pour décrire cette tragédie épouvantable qui fut la mienne quand ma main cherchant, tâtant un terrain familier des milliers de fois exploré ne trouva rien, mais rien de ce que j’attendais, pas d’appendice et pas d’orifice non plus.
Les murs et le toit se sont brusquement obscurcis et ma conscience avec.
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A partir du deuxième jour je ne cesse d’y penser, cela tourne en rond dans ma tête comme un hamster dans son manège. Pourquoi ? qui m’a fait ça ? y a t il une issue ?
Les premiers jours j’ai couru comme un dératé sans vraiment décoller de l’endroit où je me trouve, cela ne gênait plus, courir m’aidait à atteindre un état d’euphorie qui me permettait d’appréhender ma situation avec moins d’amertume et de désespoir qu’en restant assis.
Toute la rage que j’avais, contre la terre entière, contre ceux qui m’ont mis dans cette cage innommable, contre Dieu qui a permis une telle chose, s’atténuait à mesure que je courais. Je n’avais pas faim, je n’avais pas soif. Pourtant mon corps d’athlète accompli continuait à se développer en visant la perfection. Il se nourrissait à une source qui m’est resté totalement inconnue. Je soupçonnais le sol d’en être à l’origine par une alchimie opaque, les nutriments doivent passer par la plante de mes pieds, j’en ai observé longuement le moindre pouce, mais je n’ai trouvé aucune lésion ou trace d’une quelconque perfusion qui passerait à travers. Je courrais et mon esprit flottait comme dans du coton, il allait caresser les arbres tout autour comme on rend visite à des amis. J’ai parfois eu l’impression que je pouvais leur parler dans le silence de la transe de la course, mais dès d’un début de lien s’établissait, une sorte de gazouillis doux et hypnotiques interrompait ce semblant de contact. les murs s’obscurcissaient et je sombrais dans l’inconscience.
Maintenant je ne cours plus, ce n’est pas que je ne peux plus mais, je n’ai plus envie de courir. Ma rage est partie et avec elle toute envie. Je viens d’admettre qu’il n’y a pas d’issue, cela fait des jours que je cours, que je saute que je crie. En fait de jour, je ne sais pas exactement ce que c’est le jour ici, je n’ai jamais vu le ciel, et jamais vu le soleil. Je suis juste convaincu qu’on m’a kidnappé, l’endroit où je suis est chose impossible dans ma réalité. Je ne suis donc plus dans mon univers, je m’attends à chaque réveil à voir des monstres hideux débarquer pour me disséquer.
Car me transformer comme ils l’ont fait n’est chose à la portée de la science humaine. Ils doivent avoir une idée en tête, j’ai l’air maintenant d’une statue grecque avec à la place du sexe une foret soyeuse de poils qui cache l’absence de ce que j’étais.
Je me suis débattu et je ne vois rien au bout. J’ai donc décidé d’arrêter de courir. J’abandonne, mais il y a juste une toute petite lueur en moi qu’ils n’auront pas, je ne leur ferai pas ce plaisir, celui de pleurer ou les implorer. Car je sais maintenant qu’ils ont un cœur qui ne fonctionne pas comme le mien, ils ne s’émeuvent pas pour les choses qui me font vibrer, ils ne tombent pas en pâmoison devant un sein dressé, la courbure des reins, le galbe d’une hanche, la démarche majestueuse d’une femme qui vous traverse et laisse derrière elle son parfum en cadeau. Non, ils ne s’émeuvent pas devant le regard souriant d’un bébé, les rires des enfants dans une cours d’école, les mains serrées de deux vieillards encore amoureux assis sur un banc public. Ils ne s’émeuvent pas de la même façon que moi devant un tableau ,une chanson de Brassens, un livre, une œuvre d’art ou une belle équation mathématique. Assurément, ils ne sont pas humains.
S’ils avaient une once d’essence divine en eux comme moi je suppose en avoir une, ils auraient vu ma douleur, ils auraient ressenti mon désarroi, ils auraient eu de l’empathie pour moi et m’auraient tendu la main, au lieu de faire de moi un taureau de foire.
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Depuis que je ne cours plus, mes pieds sont comme collés au sol par je ne sais quelle artifice, je suis debout sans faire d’effort, mes membres sont en train de se rigidifier et ma vison commence à se brouiller. Le premier jour quand j’ai arrêté de courir, mes pieds se sont immobilisés, je les ai alors vu. ON aurait dit qu'ils n'attendaient que ça. Ils sont entrés dans ma cage, c’était les premiers visiteurs que j’aie jamais eu, c’étaient de petits oiseaux, bigarrés, colorés d’une beauté et d’une délicatesse à couper le souffle. Ils se sont dirigés vers mes deux pieds, se sont mis en cercle autour en émettant un gazouillis rythmé et hypnotique, le même que celui qu’il m’arrivait d’entendre quand j’atteignais cet état d’euphorie après une longue course. Aucun des oiseaux n'a porté son regard sur mon visage, sauf un seul apparemment curieux qui s’est mis en vol stationnaire devant mes yeux encore ouverts, ils me fixait avec des yeux ronds, profondément vides. Je l’ai fixé à mon tour sans savoir quoi penser, je ne vais quand même pas demander de l’aide à un oiseau, une créature aussi inoffensive ne peut être à l’origine de ma situation, ceux qui m’ont mis dans cet état doivent être une puissance supérieure et impitoyable, on ne sait quel sort funeste ils me réservent.
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Tout s’éclaire, je le comprends maintenant, désabusé et l’esprit qui commence à se détacher pour aller ailleurs, je vais être planté.
Tout mon être s’est ankylosé, je n’arrive plus à bouger et mon habitat a touché le sol de la clairière que j’ai surplombé depuis mon arrivée. Le plancher mat a disparu mais je ne ressens plus rien. ma conscience est en train de me quitter doucement, de temps à autre, j’entends des gazouillis d ‘oiseaux aux alentours, je crois que je suis en train de devenir arbre … pour nourrir ou abriter des oiseaux.
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Sur… tout … n’ou… vrez… pas … la bou…tei……………
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Je ne sais pas où je suis !
Je me souviens que j’étais sur la plage, j’ai trouvé une bouteille, elle était bizarre , je l’ai ouverte.
Puis plus rien…
Maintenant, je suis ici …
C’est un endroit bizarre et magique, comme suspendu entre ciel et terre. Le plancher est mat et terreux sans poussière ou gravier, ni froid, ni chaud. La surface est carrée d’environ 5 mètres de côté.
Les murs et le plafond sont bien là mais totalement invisibles et désespérément inaccessibles, car aucun bruit ni mouvement de l’air ne me parviennent venant de l’extérieur. Et, tout autour des arbres magnifiques, majestueux, qui poussent en hauteur et en largeur, avec toutes les nuances possibles du vert. Certains d’entre eux, se distinguent par des touches allant du jaune au noir en passant par des tons rouges. Ce devait être des baies ou des fruits. Hypothèse qui me semble confirmée par les nuées d’oiseaux qui les survolent à certains moments de la journée. Il me semble en effet que l’aspect général des arbres changeait subtilement, les tons jaune et rouge vif semblait s’affirmer et se rehausser après le passage des petits volatils.
Il faut dire que le premier jour où je me suis réveillé, j’ai failli devenir fou face à l’ étrangeté du lieu. A peine réveillé, Je me suis mis debout, j’ai marché au jugé vers le bord en direction de l’arbre le plus proche qui doit être à une cinquantaine de mètres, à mesure que je marchais, l’arbre restait tout aussi éloigné, j’ai hâté le pas, sans résultats, je me suis mis alors à courir comme jamais je n’ai couru de ma vie, plus je courrais, plus j’aimais la montée d’adrénaline qui accompagnait ma course, étrangement, je ne ressentais ni peine ni fatigue, il me fallut un long moment pour me rendre compte que l’effort ne produisait aucune transpiration et que je pouvais continuer à courir ainsi indéfiniment, le bord de mon habitat ne se rapprochait pas pour autant. Je me suis arrêté net devant cette évidence. quelque chose ne tournait pas rond.
Je me suis assis, j’ai alors pris conscience de ma totale nudité, totalement, pas un pouce de mon corps qui soit couvert d’un bout de tissu. J’ai touché mon visage et je n’ai trouvé trace ni de barbe ni de moustache, plus étrange encore, je n’avais plus mes lunettes, pourtant j’arrivais à distinguer nettement le moindre petit poil sur le racine de mon gros orteil, chose que je n’arrivais plus à discerner depuis mes 16 ans.
J’étais comme émerveillé devant l’aspect sain de mes bras, propre respirant une santé que je ne leur ai jamais connu, mes mollets étaient dignes des meilleurs cyclistes, mes cuisses comme des troncs d’arbre. Plus haut, mes pectoraux étaient luisants, on aurait dit des seins de culturiste. J’étais comme émerveillé, fasciné et au bord de l’écœurement aussi.
Je découvrais un corps parfait que je n’avais jamais eu, à mesure que je le découvrais, je commençais à sombrer dans la folie. C’était après avoir vu mes abdominaux, et les avoir touché que j’ai définitivement sombré. Mes abdominaux étaient de parfaites tablettes de chocolats comme en rêverait tout sportif, en dessous le pubis avec une forêt dense de poils comme rarement j’en ai vu, tellement dense que mon sexe ne se voyait plus. Cela m’a intrigué, je me suis dit « je sais que je l’ai petite mais pas au point de disparaitre entre les poils ». J’ai mis la main pour explorer cette partie intime qui fait de nous ce que nous sommes, un homme ou une femme selon ce qu’on qu’on trouve entre les jambes. Nos attributs masculins ou féminins nous définissent, déterminent notre façon d’être quand nous les acceptons. Je me suis accepté en tant qu’homme toute ma vie, je n’ai jamais eu de problème particulier en matière d’identité sexuelle. Je n’ai pas de mots pour décrire cette tragédie épouvantable qui fut la mienne quand ma main cherchant, tâtant un terrain familier des milliers de fois exploré ne trouva rien, mais rien de ce que j’attendais, pas d’appendice et pas d’orifice non plus.
Les murs et le toit se sont brusquement obscurcis et ma conscience avec.
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A partir du deuxième jour je ne cesse d’y penser, cela tourne en rond dans ma tête comme un hamster dans son manège. Pourquoi ? qui m’a fait ça ? y a t il une issue ?
Les premiers jours j’ai couru comme un dératé sans vraiment décoller de l’endroit où je me trouve, cela ne gênait plus, courir m’aidait à atteindre un état d’euphorie qui me permettait d’appréhender ma situation avec moins d’amertume et de désespoir qu’en restant assis.
Toute la rage que j’avais, contre la terre entière, contre ceux qui m’ont mis dans cette cage innommable, contre Dieu qui a permis une telle chose, s’atténuait à mesure que je courais. Je n’avais pas faim, je n’avais pas soif. Pourtant mon corps d’athlète accompli continuait à se développer en visant la perfection. Il se nourrissait à une source qui m’est resté totalement inconnue. Je soupçonnais le sol d’en être à l’origine par une alchimie opaque, les nutriments doivent passer par la plante de mes pieds, j’en ai observé longuement le moindre pouce, mais je n’ai trouvé aucune lésion ou trace d’une quelconque perfusion qui passerait à travers. Je courrais et mon esprit flottait comme dans du coton, il allait caresser les arbres tout autour comme on rend visite à des amis. J’ai parfois eu l’impression que je pouvais leur parler dans le silence de la transe de la course, mais dès d’un début de lien s’établissait, une sorte de gazouillis doux et hypnotiques interrompait ce semblant de contact. les murs s’obscurcissaient et je sombrais dans l’inconscience.
Maintenant je ne cours plus, ce n’est pas que je ne peux plus mais, je n’ai plus envie de courir. Ma rage est partie et avec elle toute envie. Je viens d’admettre qu’il n’y a pas d’issue, cela fait des jours que je cours, que je saute que je crie. En fait de jour, je ne sais pas exactement ce que c’est le jour ici, je n’ai jamais vu le ciel, et jamais vu le soleil. Je suis juste convaincu qu’on m’a kidnappé, l’endroit où je suis est chose impossible dans ma réalité. Je ne suis donc plus dans mon univers, je m’attends à chaque réveil à voir des monstres hideux débarquer pour me disséquer.
Car me transformer comme ils l’ont fait n’est chose à la portée de la science humaine. Ils doivent avoir une idée en tête, j’ai l’air maintenant d’une statue grecque avec à la place du sexe une foret soyeuse de poils qui cache l’absence de ce que j’étais.
Je me suis débattu et je ne vois rien au bout. J’ai donc décidé d’arrêter de courir. J’abandonne, mais il y a juste une toute petite lueur en moi qu’ils n’auront pas, je ne leur ferai pas ce plaisir, celui de pleurer ou les implorer. Car je sais maintenant qu’ils ont un cœur qui ne fonctionne pas comme le mien, ils ne s’émeuvent pas pour les choses qui me font vibrer, ils ne tombent pas en pâmoison devant un sein dressé, la courbure des reins, le galbe d’une hanche, la démarche majestueuse d’une femme qui vous traverse et laisse derrière elle son parfum en cadeau. Non, ils ne s’émeuvent pas devant le regard souriant d’un bébé, les rires des enfants dans une cours d’école, les mains serrées de deux vieillards encore amoureux assis sur un banc public. Ils ne s’émeuvent pas de la même façon que moi devant un tableau ,une chanson de Brassens, un livre, une œuvre d’art ou une belle équation mathématique. Assurément, ils ne sont pas humains.
S’ils avaient une once d’essence divine en eux comme moi je suppose en avoir une, ils auraient vu ma douleur, ils auraient ressenti mon désarroi, ils auraient eu de l’empathie pour moi et m’auraient tendu la main, au lieu de faire de moi un taureau de foire.
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Depuis que je ne cours plus, mes pieds sont comme collés au sol par je ne sais quelle artifice, je suis debout sans faire d’effort, mes membres sont en train de se rigidifier et ma vison commence à se brouiller. Le premier jour quand j’ai arrêté de courir, mes pieds se sont immobilisés, je les ai alors vu. ON aurait dit qu'ils n'attendaient que ça. Ils sont entrés dans ma cage, c’était les premiers visiteurs que j’aie jamais eu, c’étaient de petits oiseaux, bigarrés, colorés d’une beauté et d’une délicatesse à couper le souffle. Ils se sont dirigés vers mes deux pieds, se sont mis en cercle autour en émettant un gazouillis rythmé et hypnotique, le même que celui qu’il m’arrivait d’entendre quand j’atteignais cet état d’euphorie après une longue course. Aucun des oiseaux n'a porté son regard sur mon visage, sauf un seul apparemment curieux qui s’est mis en vol stationnaire devant mes yeux encore ouverts, ils me fixait avec des yeux ronds, profondément vides. Je l’ai fixé à mon tour sans savoir quoi penser, je ne vais quand même pas demander de l’aide à un oiseau, une créature aussi inoffensive ne peut être à l’origine de ma situation, ceux qui m’ont mis dans cet état doivent être une puissance supérieure et impitoyable, on ne sait quel sort funeste ils me réservent.
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Tout s’éclaire, je le comprends maintenant, désabusé et l’esprit qui commence à se détacher pour aller ailleurs, je vais être planté.
Tout mon être s’est ankylosé, je n’arrive plus à bouger et mon habitat a touché le sol de la clairière que j’ai surplombé depuis mon arrivée. Le plancher mat a disparu mais je ne ressens plus rien. ma conscience est en train de me quitter doucement, de temps à autre, j’entends des gazouillis d ‘oiseaux aux alentours, je crois que je suis en train de devenir arbre … pour nourrir ou abriter des oiseaux.
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aleph- Maître du Temps
- Nombre de messages : 628
Localisation : Grand Est
Identité métaphysique : Alchimiste
Humeur : Poétique
Date d'inscription : 05/03/2016
Re: Bruit
Félicitations......
_nawel- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 4501
Localisation : Sud
Identité métaphysique : Catholique
Humeur : Excellente
Date d'inscription : 19/01/2015
Re: Bruit
- Bravo tu m'as trouvé !
Cette phrase a retenti dans ma tête sans que j'entende un bruit. Tout autour, une obscurité totale ou rien n'était discernable.
Une lumière diffuse commençait à tout éclairer dans un rayon de 10 mètres environ, puis je vis l'ensemble de la scène. J'étais assis sur ce qui ressemble à une chaise sans pieds qui flotte au dessus d'un sol inconsistant, en face de moi, au dessus d'un sorte de planche ronde flottante aussi, il y avait une araignée géante qui me fixait, et tout autour des ténèbres insondables.
- Alors content de me trouver entendis-je à nouveau ?
- Qui.. qui êtes vous ?
- Voyons je suis ce que tu appelles Dieu et tu m'as trouvé.
C'est dire que dans ma tête ça cogitait à fond, je ne savais que penser, je n'ai rien trouvé et rien cherché qui ressemblât à une araignée, d’ailleurs j'avais une peur bleue de ces bêtes poilues. Etais-ce un rêve ? un cauchemar ou un trip suite à l'ingestion d'une drogue hallucinogène, pourtant rien dans mes souvenirs ne permet de penser que je m' y suis adonné récemment.
- Tout doux lom, entendis-je, du calme, rassure toi, je ne vais point te manger, je ne vais te faire aucun mal. parole de Dieu ! dit l'araignée avec un grand rire-sourire.
Cela a eu l'effet escompté, je reprenais une respiration normale, mes pensées commençaient à s'organiser dans ma tête.
- C'est qui lom, et qu'est ce qui vous permet de dire que je vous ai trouvé ?
- lom c'est toi, j'aime bien t'appeler ainsi et pour m'avoir trouvé, tu m'as effectivement trouvé. tu l'as annoncé publiquement ici . De plus, appelle moi Jo, Dieu est par trop intimidant pour un humain, ce n'est point convivial! tu peux aussi bien me tutoyer, point ne m’en formaliserai -je.
- Ah d'accord ... Jo, tu veux parler de cette idée saugrenue que j’ai eue. J’ai dit que Dieu était une sorte d'araignée galactique tapie au fin fond du cosmos. Mais c'était juste une idée en l'air que j'ai lancé comme ça, elle n'avait pas d'assises objectives.
- Peut-être pas, mais j’ai décidé qu’elle est suffisamment précise pour que je réponde à ton appel et te propose de te joindre à moi, tel est mon bon plaisir.
- Tu veux dire réellement que tu es Dieu, ce Dieu que les humains vénèrent, omniscient omnipotent qui sait tout connait tout peut être partout en tout endroit en tout temps passé présent comme futur.
- Holà lom, ne t'emballe pas, les choses sont très simples. le temps et l'espace pour moi n'existent, toi, tu vois l'univers comme un espace immense qui s'étire sur des distances incommensurables qu'il t'est impossible de franchir, le temps comme une rivière sans début ni fin où ton univers s’écoule sur des durées qui te sont également inaccessibles. Pour moi c'est juste la trame des possibles. Je suis la connaissance absolue, je remonte la connaissance à la conscience et j’en fais la substance.
- Hum.. je ne suis pas sûr d’avoir tout compris Jo. Passons, comment fais- tu pour être partout ? puisque là maintenant tu es avec moi !
- Oui je confirme, t’as rien compris. Prenons un exemple, tu as bien un album de famille chez toi, sur cet album se trouvent des photos à différentes époques de ta vie. Ces photos fixent sur papier des moments dans le temps qu’autrement tu risques d’oublier. Ces photos sont donc un support pour ta mémoire, elles t’aident à te souvenir d’un passé révolu, qu’il ne t'est plus possible de revivre. La trame des possible est semblable à cet album, elle fait partie du livre de la connaissance, il suffit que j’invoque une page pour consulter l'ensemble de ce qu'elle contient et lui donne consistance.
- Ca veut dire que le choix n'existe pas alors, puisque tout est écrit dans ton livre, prédéterminé, connu à l’avance?
- Oh que si, le choix existe bel bien, même sous la contrainte, celui qui choisit le fait en fonction de sa connaissance plus ou moins limitée. Cette connaissance détermine sa vision des possibles à sa porté. Et, point super important, c’est la temporalité qui permet le choix. la trame des possibles offre une palette infinie de situations compatibles avec le réel. un individu qui fait un choix s'insère dans une réalité qui devient la sienne, c'est comme s'il choisit ou non d'ouvrir une porte, soit il continue dans un parcours qui lui semble prévisible, soit il accepte une part d'inconnu par calcul ou par espoir d’y gagner par rapport à sa situation. s'il fait semblant de ne pas choisir, c’est aussi un choix, le flux des événements comme l'eau d'une rivière l'emmène vers une destination qu'il pressent ou qu'il craint mais qui est pour lui acceptable par rapport au risque qu'il ne veut pas courir en restant sur la berge. c’est donc un choix. toujours un choix.
- Et tu réponds à tous ceux qui te prient et t'appellent.
- Oui, à condition qu'ils me trouvent. La forme sous laquelle tu me vois est celle du dernier être qui m'a trouvé, un arachnide originaire du système Alpha Centauri.
- Et tous ceux qui te prient sur terre, qui t'implorent pourquoi tu ne réponds pas à leur appel ?
- Ils ne m'ont pas trouvé, ils prient un Dieu qui n'est pas moi
- Il existe plusieurs Dieu alors.
- Non, ce n'est pas ça, imagine une porte qui ferme l'accès à un jardin. Pour une raison quelconque certaines personnes vont lancer la rumeur que ce jardin est le paradis. Un grand nombre de personnes voudront y aller même si leurs conditions de vie ne sont pas si misérables que ça. Les hommes ont tendance à penser que l’ herbe est toujours plus verte chez le voisin. Parfois aussi, ils s’arrangent pour rendre leur habitat invivable, le paradis devient alors le salut, ils veulent tous y migrer. Mais la porte est fermée. qu'est ce qu'il leur faut pour entrer ?
- Ben une clef pour ouvrir la porte.
- Et voilà, juste une clef. C'est une affaire de clef, ils passent leur temps à examiner la forme de la serrure pour fabriquer la clef qui va avec. ils essaient de défoncer la porte, ils essaient de passer par dessus les murs, il paient quelqu’un qui les trompe en disant qu’il connait un chemin, mais rien n'y fait. s'ils n'ont pas la bonne clef, la porte ne s'ouvrira pas. C'est tout !
- Tu es donc une sorte de de clef alors
- Si tu veux, mais là tu t’égares, pense à mon offre.
- D’accord, de ce que je comprends Jo, tu sais déjà quelle va être ma réponse à ton offre.
- Evidemment que je le sais. C'est ma fonction de tout savoir.
- Alors c'est un marché de dupe que tu me proposes, une sorte de pacte avec le diable.
- Mais non voyons, ce n'est pas parce que je connais ton choix que je le détermine, c'est justement parce que je le connais et que je ne m'y oppose pas que je te garantis ta liberté de choix. Moi, je ne fais qu’entériner ton choix . Je ne te propose pas un marché, je te fais juste une proposition : puisque tu m'as trouvé, je te propose de te joindre à moi sans rien payer, et si tu ne le souhaites tu pourras revenir à ta condition humaine sans risque de représailles . ce n'est pas le genre de marché que le diable propose n'est-il pas ?
- Ah le diable existe donc, est-il aussi puissant qu’on le dit ?
- Tu m'as trouvé moi lom, je ne te dirais rien du diable que tu ne saches déjà. il se pourrait que tu refuses mon offre, je ne vais donc pas influencer ta conception du diable.
- Très bien, si j'accepte ton offre de fusion, comment cela va-t-il se passer ?
- Tout simplement, Les humains ont tant d’amour à donner, et il y’en a tant qui en ont bien besoin. Ceux qui veulent donner ne savent pas comment donner et ceux qui veulent en recevoir ne savent pas comment demander, je t’explique:
…………..(Censuré par la volonté divine)…………..
Le réveil fut immédiat et sans transition.
Allongé sur chaise longue sous L’ombre du figuier je laisser doucement filer le temps. Une araignée se hâte d’aller ailleurs en cheminant sur mon avant bras, je la saisis délicatement et la pose sur une rose à proximité. Le soleil va bientôt se coucher, le ciel dégagé annonce une belle nuit d’été. encore une belle nuit en perspective.
Cette phrase a retenti dans ma tête sans que j'entende un bruit. Tout autour, une obscurité totale ou rien n'était discernable.
Une lumière diffuse commençait à tout éclairer dans un rayon de 10 mètres environ, puis je vis l'ensemble de la scène. J'étais assis sur ce qui ressemble à une chaise sans pieds qui flotte au dessus d'un sol inconsistant, en face de moi, au dessus d'un sorte de planche ronde flottante aussi, il y avait une araignée géante qui me fixait, et tout autour des ténèbres insondables.
- Alors content de me trouver entendis-je à nouveau ?
- Qui.. qui êtes vous ?
- Voyons je suis ce que tu appelles Dieu et tu m'as trouvé.
C'est dire que dans ma tête ça cogitait à fond, je ne savais que penser, je n'ai rien trouvé et rien cherché qui ressemblât à une araignée, d’ailleurs j'avais une peur bleue de ces bêtes poilues. Etais-ce un rêve ? un cauchemar ou un trip suite à l'ingestion d'une drogue hallucinogène, pourtant rien dans mes souvenirs ne permet de penser que je m' y suis adonné récemment.
- Tout doux lom, entendis-je, du calme, rassure toi, je ne vais point te manger, je ne vais te faire aucun mal. parole de Dieu ! dit l'araignée avec un grand rire-sourire.
Cela a eu l'effet escompté, je reprenais une respiration normale, mes pensées commençaient à s'organiser dans ma tête.
- C'est qui lom, et qu'est ce qui vous permet de dire que je vous ai trouvé ?
- lom c'est toi, j'aime bien t'appeler ainsi et pour m'avoir trouvé, tu m'as effectivement trouvé. tu l'as annoncé publiquement ici . De plus, appelle moi Jo, Dieu est par trop intimidant pour un humain, ce n'est point convivial! tu peux aussi bien me tutoyer, point ne m’en formaliserai -je.
- Ah d'accord ... Jo, tu veux parler de cette idée saugrenue que j’ai eue. J’ai dit que Dieu était une sorte d'araignée galactique tapie au fin fond du cosmos. Mais c'était juste une idée en l'air que j'ai lancé comme ça, elle n'avait pas d'assises objectives.
- Peut-être pas, mais j’ai décidé qu’elle est suffisamment précise pour que je réponde à ton appel et te propose de te joindre à moi, tel est mon bon plaisir.
- Tu veux dire réellement que tu es Dieu, ce Dieu que les humains vénèrent, omniscient omnipotent qui sait tout connait tout peut être partout en tout endroit en tout temps passé présent comme futur.
- Holà lom, ne t'emballe pas, les choses sont très simples. le temps et l'espace pour moi n'existent, toi, tu vois l'univers comme un espace immense qui s'étire sur des distances incommensurables qu'il t'est impossible de franchir, le temps comme une rivière sans début ni fin où ton univers s’écoule sur des durées qui te sont également inaccessibles. Pour moi c'est juste la trame des possibles. Je suis la connaissance absolue, je remonte la connaissance à la conscience et j’en fais la substance.
- Hum.. je ne suis pas sûr d’avoir tout compris Jo. Passons, comment fais- tu pour être partout ? puisque là maintenant tu es avec moi !
- Oui je confirme, t’as rien compris. Prenons un exemple, tu as bien un album de famille chez toi, sur cet album se trouvent des photos à différentes époques de ta vie. Ces photos fixent sur papier des moments dans le temps qu’autrement tu risques d’oublier. Ces photos sont donc un support pour ta mémoire, elles t’aident à te souvenir d’un passé révolu, qu’il ne t'est plus possible de revivre. La trame des possible est semblable à cet album, elle fait partie du livre de la connaissance, il suffit que j’invoque une page pour consulter l'ensemble de ce qu'elle contient et lui donne consistance.
- Ca veut dire que le choix n'existe pas alors, puisque tout est écrit dans ton livre, prédéterminé, connu à l’avance?
- Oh que si, le choix existe bel bien, même sous la contrainte, celui qui choisit le fait en fonction de sa connaissance plus ou moins limitée. Cette connaissance détermine sa vision des possibles à sa porté. Et, point super important, c’est la temporalité qui permet le choix. la trame des possibles offre une palette infinie de situations compatibles avec le réel. un individu qui fait un choix s'insère dans une réalité qui devient la sienne, c'est comme s'il choisit ou non d'ouvrir une porte, soit il continue dans un parcours qui lui semble prévisible, soit il accepte une part d'inconnu par calcul ou par espoir d’y gagner par rapport à sa situation. s'il fait semblant de ne pas choisir, c’est aussi un choix, le flux des événements comme l'eau d'une rivière l'emmène vers une destination qu'il pressent ou qu'il craint mais qui est pour lui acceptable par rapport au risque qu'il ne veut pas courir en restant sur la berge. c’est donc un choix. toujours un choix.
- Et tu réponds à tous ceux qui te prient et t'appellent.
- Oui, à condition qu'ils me trouvent. La forme sous laquelle tu me vois est celle du dernier être qui m'a trouvé, un arachnide originaire du système Alpha Centauri.
- Et tous ceux qui te prient sur terre, qui t'implorent pourquoi tu ne réponds pas à leur appel ?
- Ils ne m'ont pas trouvé, ils prient un Dieu qui n'est pas moi
- Il existe plusieurs Dieu alors.
- Non, ce n'est pas ça, imagine une porte qui ferme l'accès à un jardin. Pour une raison quelconque certaines personnes vont lancer la rumeur que ce jardin est le paradis. Un grand nombre de personnes voudront y aller même si leurs conditions de vie ne sont pas si misérables que ça. Les hommes ont tendance à penser que l’ herbe est toujours plus verte chez le voisin. Parfois aussi, ils s’arrangent pour rendre leur habitat invivable, le paradis devient alors le salut, ils veulent tous y migrer. Mais la porte est fermée. qu'est ce qu'il leur faut pour entrer ?
- Ben une clef pour ouvrir la porte.
- Et voilà, juste une clef. C'est une affaire de clef, ils passent leur temps à examiner la forme de la serrure pour fabriquer la clef qui va avec. ils essaient de défoncer la porte, ils essaient de passer par dessus les murs, il paient quelqu’un qui les trompe en disant qu’il connait un chemin, mais rien n'y fait. s'ils n'ont pas la bonne clef, la porte ne s'ouvrira pas. C'est tout !
- Tu es donc une sorte de de clef alors
- Si tu veux, mais là tu t’égares, pense à mon offre.
- D’accord, de ce que je comprends Jo, tu sais déjà quelle va être ma réponse à ton offre.
- Evidemment que je le sais. C'est ma fonction de tout savoir.
- Alors c'est un marché de dupe que tu me proposes, une sorte de pacte avec le diable.
- Mais non voyons, ce n'est pas parce que je connais ton choix que je le détermine, c'est justement parce que je le connais et que je ne m'y oppose pas que je te garantis ta liberté de choix. Moi, je ne fais qu’entériner ton choix . Je ne te propose pas un marché, je te fais juste une proposition : puisque tu m'as trouvé, je te propose de te joindre à moi sans rien payer, et si tu ne le souhaites tu pourras revenir à ta condition humaine sans risque de représailles . ce n'est pas le genre de marché que le diable propose n'est-il pas ?
- Ah le diable existe donc, est-il aussi puissant qu’on le dit ?
- Tu m'as trouvé moi lom, je ne te dirais rien du diable que tu ne saches déjà. il se pourrait que tu refuses mon offre, je ne vais donc pas influencer ta conception du diable.
- Très bien, si j'accepte ton offre de fusion, comment cela va-t-il se passer ?
- Tout simplement, Les humains ont tant d’amour à donner, et il y’en a tant qui en ont bien besoin. Ceux qui veulent donner ne savent pas comment donner et ceux qui veulent en recevoir ne savent pas comment demander, je t’explique:
…………..(Censuré par la volonté divine)…………..
Le réveil fut immédiat et sans transition.
Allongé sur chaise longue sous L’ombre du figuier je laisser doucement filer le temps. Une araignée se hâte d’aller ailleurs en cheminant sur mon avant bras, je la saisis délicatement et la pose sur une rose à proximité. Le soleil va bientôt se coucher, le ciel dégagé annonce une belle nuit d’été. encore une belle nuit en perspective.
aleph- Maître du Temps
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Re: Bruit
On attend la suite
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Re: Bruit
- hs:
animou- Maître du Temps
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Re: Bruit
- Spoiler:
- Tu es un peu hors sujet @animou
Le bruit que tu ne proposes n’est pas à toi, si c’est juste de la musique il y a un autre lieu pour.
Mais si tu penses qu’il a sa place ici alors, il faut nous guider pour l’accepter en donnant une petite
part de toi … quelques mots d’accompagnement
aleph- Maître du Temps
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Re: Bruit
Quatre jours,
Quatre disparitions mystérieuse,
Quatre endroits différents, des hôtels de luxe comme il en existe une dizaine dans la métropole.
Profil des disparus ? des héritiers oisifs de grandes fortunes dans la fleur de l’âge, entre 18 et 20 ans.
C’est dire que l’alerte est immédiate avec la puissance de feu qu’il y a derrière. Le commissaire est sur les dents avec le téléphone qui n’arrête de sonner, tous les gars de terrain sont justement sur le terrain. Personnellement, je m’occupe des archives et des équipements type gadgets, vous savez ces gadgets que Monsieur M. a popularisé pour Bond. Dans chaque brigade digne de ce nom, nous avons une section gadgets, je m’en occupe en plus des archives qui est ma fonction principale. Vue la situation, je suis moi aussi mis à contribution, ce qui arrive très rarement.
La difficulté dans cette affaire est qu’on avance dans le noir le plus total. Aucune donnée tangible, pas d’images issues de caméras de surveillance. Les signalements recueillis sont d’une incohérence digne d’un grand capharnaüm.
On peut se consoler en se disant que nous avons quand même une certitude, tous les disparus ont été vu avec des femmes. Mais, En détaillant les différents témoignages, on y perd son latin. Prenons le cas le plus documenté, celui de Xavier de coutil, le dernier endroit où il a été vu est le casino privé de l’hôtel « Tropadioro » . Il est réservé à la riche clientèle de l’hôtel et à ce titre, ne dispose pas de caméras de surveillance.
Tous les témoins confirment que Xavier de coutil était accompagné par une femme et qu’il avait une veine incroyable soit dit en passant. Il a amassé une jolie fortune pendant la soirée. Voici les différents témoignages:
A.T.: C’était une jeunette en mini-jupe très sexy, cela m’a étonné de la voir en ce lieu.
D.C. : C’était une femme de type oriental, avec un foulard posé négligemment sur la tête, elle portait une robe en soie qui moulait ses formes à chacun de ses mouvements. Très agréable à regarder au demeurant.
T.T. : C’était une bonne sœur, directement sortie du couvent, cela m’a étonné de la voir en ce lieu. Mais comme personne ne paraissait s’en émouvoir, j’ai préféré ne pas faire de vagues. Je lui trouvais quand même un côté transgressif qui n’était pas pour me déplaire.
Ra.T : C’était une femme d’une élégance hors du commun, je me demandais ce qu’elle pouvait trouver à ce gamin, il avait des biceps peut-être, mais rien ailleurs je pense. Je l’aurais plus vu en compagnie d’un homme d’âge mûr. ( avec un sourire niais …) comme moi par exemple
LS.D : C’était la dernière star de porno actuellement en vogue , vous savez, celle qui débarque de Corée du Nord.
A les entendre, On aurait dit que Xavier de coutil était un sacré coureur de jupons si les témoignages ne décrivaient pas des femmes vues dans la même plage horaire et le même endroit. Autant de femmes, en si peu de temps, tout ce qu’on en retient, c’est une grande confusion.
Aujourd’hui c’est le cinquième jour, les collègues ont chacun choisi une planque, il y a tellement d’endroits à surveiller qu’on ne peut que compter sur la chance, j’ai donc choisi le « Dolce Vita », un hôtel de luxe avec un bar magnifique où je vais de temps en temps — après le service évidemment - il est géré par un lointain cousin Caméléo. Il met une ambiance du tonnerre, mais il a été obligé de faire profil bas depuis quelques temps, bref c’est une autre histoire. Le barman qui le remplace actuellement est Joe.
- Salut Joe !
- Bonjour Inspecteur, vous ne venez pas trop tôt aujourd’hui ?
- Je suis sur une affaire Joe, je viens assez tôt pour tâter le terrain et poser quelques gadgets autour du bar, ce n’est pas officiel bien sûr, mais un coup de main serait le bienvenu.
- C’est quoi comme gadgets ?
- Juste des micros, je voudrais écouter ce qui se dit autour du bar en restant loin derrière la vitre là-bas.
- C’est délicat Inspecteur, ça risque de coûter bonbon si on découvre le truc.
- Ne t’en fais pas, le truc comme tu dis n’est pas si gros, tiens en voilà deux, tu n’as qu’à en mettre un à chaque extrémité de ton bateau. Tu les colles avec un bout de chewing-gum en dessous du zinc du bar tu me les rendras ce soir ou demain.
- Vu comme ça, c’est OK, passez moi vos jouets.
19H c’est le moment, il n’y a personne à l’accueil de l’hôtel, le hall est une grande salle très agréable avec des mini salons disposés en ilots, chacun avec une table basse et un beau tapis d’orient. Les ilots sont isolé par des massifs d’herbes et de fleurs habilement décorés. Plusieurs ascenseurs flanquent les murs. entre deux ascenseurs, une grande porte à double battant est surmontée d’un écriteau « Bar le Ciel».
En poussant la porte on trouve une petite salle au fond de laquelle deux grandes baies vitrées encadrent la porte qui donne accès au bar. De part et d’autre de la porte, un salon pour ceux qui voudraient discuter en toute discrétion loin du bruit en ayant une vue assez dégagée sur l’ensemble.
Pendant les heures d’ouverture, ce bar mérite sa réputation par son ambiance surréaliste, Le sol en effet n’est jamais visible, une fumée blanche, épaisse et dense couvre habilement toute la surface visible, ce qui confère une aura de perdition à ce lieu, on se croirait flotter au dessus des nuages. Cette impression est accentuée avec un éclairage bien maitrisé, il n’y a que les tables qui bénéficient d’une lumière tamisée, le reste est plongée dans le clair obscur que des lasers de couleurs variables traversent à des moments imprévisibles. Un seul lieu bénéficie d’une relative clarté : le bar et encore, si le centre est largement éclairé, les bords tendent à se fondre dans la pénombre.
Une femme était là à l’extrême gauche, je la distinguais nettement, confortablement assise dans son tabouret . Elle portait une longue robe noire asymétrique et échancrée qui découvrait l’épaule et la jambe opposée jusqu’en haut de la cuisse. Elle n’avait pas de manches. La femme portait bien sa robe, elle était extrêmement élégante et en même temps terriblement sexy. J’ai failli activer le zoom de mes lunettes gadgets pour détailler son anatomie, puis je me suis ravisé, que diable restons sérieux, je suis en mission voyons. C’est à ce moment que j’ai eu l’impression qu’elle me regardait, j’étais derrière la baie vitrée, elle ne pouvait normalement pas me voir, mon trouble fut dissipé par la voix de Joe qui s’adressait à la femme.
- Vous voulez boire quelque chose madame ?
- Oui, mais pas tout de suite, j’attends quelqu’un.
Sa voix était envoutante et suave.
Quelques instants plus tard, un vieux monsieur s’approcha d’elle, il la regardait avec intensité. mais elle ne semblait pas remarquer sa présence. il finit par lui parler :
- Je vous offre quelque chose à boire mademoiselle ?
- Non merci
- Permettez moi d’insister, une personne comme vous ne peut refuser une offre pareille venant d’une personne comme moi.
Elle paraissait amusée par cette remarque
- Comment ça, une personne comme vous et une personne comme moi, qu’est ce que nous aurions en commun pour être obligés de boire un verre.
- Justement nous n’avons rien de commun, regardez vous, votre décolleté fait 50 kilomètres de long, autant de large qu’on y plongerait avec délice. Votre rouge à lèvres est un appel au viol et votre mini-jupe assortie à vos lèvres rouges ne couvre rien de votre anatomie. Moi, je suis un vieux monsieur très très très riche et bien généreux avec des filles comme vous. J’ai une suite ici, on peut monter tout de suite si vous voulez.
- Je suis flatté mon vieux monsieur, mais tu ne m’intéresses pas.
- Comment ça, comment oses-tu …
- Chuut, tu vas te faire remarquer, je ne suis pas une pute qui fait les bars pour gagner sa vie, estime toi heureux que j’attende quelqu’un ce soir, sinon, ce soir aurait été ton dernier soir. tu vas donc gentiment dégager et tout de suite…!!!
Je ne voyais pas les expressions du visage du monsieur, il me tournait le dos. Toujours est-il qu’il ne rajouta mot, je le vis sortir hagard et défait comme s’il avait reçu un coup d’assommoir. He bien c’est qu’elle en a du caractère me dis-je admiratif. En même temps, il me semblait que quelque chose ne collait pas, mais je n’arrivais pas à mettre la main dessus. c’est à ce moment qu’un jeune homme entra, il se dirigea droit vers la dame.
- Bonsoir Nyari
- Bonsoir jean-charles, tu as pu te libérer ?.
- Oui, j’ai pu m’éclipser. Tu es superbe dans ta robe jaune moulante. Très bon choix, on dirait le soleil d’été qui éclaire ces ténèbres!
- Merci, toi aussi tu n’es pas mal.
- Oui, si on veut, mais dis donc, je n’imaginais pas que tu puisses avoir autant de … présence, la vidéo ne te rend pas justice. On monte ?
- Déjà ? Attends, discutons encore un peu et si tu veux, buvons un verre, qui sait, ce sera peut-être le dernier.
- Oh non, je ne veux pas attendre, pour toi, je le sais maintenant, je donnerai ma vie, j’ai déjà réservé la suite « Silence des rêves » au 10e, on s’y fera livrer tout ce que tu désires.
- Bon, si tel est ton souhait alors, allons-y !
Ca c’est passé très vite, ils sont sortis bras dessus, bras dessous. la femme en sortant me jeta un regard bizarre accompagné d’un sourire indéfinissable. C’est vrai qu’elle était magnifique, je me suis dit un instant que j’aurais bien échangé ma place avec celle du jeune homme.
Mais le devoir m’obligeait à rester sur place. c’était ma première planque, à l’aveugle.
Certains de mes collègues pensaient que le travail d’archiviste était une vraie sinécure, ranger un dossier dans une étagère le temps d’un souffle, puis se tourner les pouces le reste du temps. Ils ont fini par changer d’avis quand ils ont vu ce que j’ai fait des anciennes archives. Je les ai exhumés comme on exhume des cadavres, dépoussiérées, réindexées puis finalement réarchivées. Il suffit maintenant d’un seule page sur un écran pour avoir une vue synthétique sur une affaire. La présentation est unique, tous ce qu’il faut savoir est accessible par un clic de souris. On peut même chercher des points communs ou des différences entre affaires relevant des mêmes champs d’investigation que de champs complètement différents.
Les aspects fondamentaux ne sont pas omis, des indicateurs accompagnent leur mise en évidence au cours de l’enquête
1- la victime, il y en a une en dernier ressort, il faut bien l’identifier. Un crime ou délit sans victime n’a pas lieu d’être.
2- Le mobile, c’est le grand classique, il détermine le délit. On relie l’intention aux moyens mobilisés qui apparaissent clairement dans un graphe fonctionnel.
3- les intermédiaires, tous ceux qui sont impliqués en tant que commanditaires, témoins, ou victimes collatérales. Ces élément traités convenablement donnent vie à un graphique relationnel qui commence par la victime et remonte jusqu’au criminel.
4- le criminel enfin !
Ce qu’il faut comprendre, c’est que le délit et l’enquête sont en complète opposition.
Le criminel imagine son crime, l’organise, le réalise, il crée la victime.
A l’inverse, l’enquêteur commence son travail avec la découverte de la victime. Il doit remonter le fil des évènements un à un jusqu’à ce qu’il puisse les concentrer tous, il donne corps alors au criminel.
J’aime bien partager cette réflexion avec les collègues : le criminel réalise des nœuds, l’enquêteur les dénoue.
Il n’ y avait pas grande affluence au bar ce soir, mes pensées voltigeaient comme des hannetons dans un pré printanier. puis j’ai pensé aux témoins dans cette affaire qui n’étaient pas foutus de se mettre d’accord sur l’aspect des femmes qui accompagnaient les disparus.
Brusquement, j’ai repensé aux paroles du vieux monsieur qui voyait la dame en mini-jupe, le jeune homme la voyait pourtant dans une robe jaune, et moi je la voyais dans une robe noire. Comment est-il possible qu’une même personne soit perçue de manières aussi différentes. Se pourrait-il que je sois passé à côté d’une évidence capitale ?.
je sortis mon enregistreur et le remis en route pour réentendre les conversation. Effectivement, le jeune homme disait que la dame avait une robe jaune. Je suis certain que la robe était noire. Il a réservé une suite au 10e étage. Il fallait que j’en aie le cœur net.
Cela faisait une dizaine de minutes que la femme et le jeune homme sont partis, il me fallut moins de deux minutes pour arriver au 10e étage. Au dessus de la première porte à gauche en sortant de l’ascenseur, l’inscription « Silence des rêves » luisait faiblement. J’ai poussé la porte, elle ne semblait pas fermée, je l’ai ouverte.
- Vous en avez mis du temps inspecteur, Entrez et fermez.
j’ai refermé la porte. la suite ouvrait sur un salon moderne agréable, une baie vitrée donnait accès à une grande terrasse. La voix venait de la chambre à ma gauche.
Elle était là assise dans un profond fauteuil à côté d’un grand lit non défait sur lequel était posée une grande valise. Une jambe par dessus l’autre,l’échancrure de sa robe devenait un gouffre vertigineux. J’ai du me faire violence pour détourner les yeux et poser la question qui convenait.
- Où est le garçon ?
- Dans la valise !
- Mais vous êtes folle, il va mourir
- Il est le sera bien assez tôt, mais il ne l’est pas encore
- Dans ce cas je vais le libérer et je vais
- Ne vous fatiguez pas, vous n’y pouvez rien
- Oh que si madame, je vous arrête
- Arrêtez de gesticuler plutôt, je peux vous contrôler comme je veux, vous n’avez aucune idée de ce dont je suis capable alors asseyez vous qu’on discute un moment. Sur le bord du lit en face, là, cela fera l’affaire.
- ….
- A la bonne heure !
- Vous êtes quoi au juste ?
- Juste une mère soucieuse de l’intérêt de ces filles.
- Mais encore ! vous êtes tellement belle qu’on se damnerait pour vous être agréable. Mais je vous soupçonne d’être pour le moins une manipulatrice, au pire une sorte de démon, votre apparence est changeante, cela ne cadre pas avec le rôle de mère que vous me servez. comment faites vous ?
- Effectivement, je ne suis pas humaine, mon apparence change en fonction de ceux qui me perçoivent. Mon espèce vit depuis tellement longtemps avec les humains que nous avons développé cette faculté de nous fondre parmi eux. Nous apparaissons en effet sous la forme qui les attire le plus. Pour les hommes, c’est l’image conforme à leur fantasme le plus profond, pour les femmes, nous adoptons l’apparence qu’elles veulent projeter d’elles mêmes. De cette façon, nous passons inaperçues. Mais rassurez vous, nous n’adoptons ce comportement que quand nous sommes en chasse.
- Et vous chassez souvent ?
- Non, en deux occasions seulement, la première quand nous cherchons un partenaire sexuel pour les besoins de reproduction de l’espèce, et la deuxième quand nous avons des enfants en bas âge, ce qui est mon cas actuellement. j’ai 5 filles à élever.
- Vous venez de dire que vous n’êtes pas humaine, comment pouvez avoir un partenaire humain. cela n’est pas possible.
- Techniquement vous avez raison, mais cela ne se passe pas comme vous l’imaginez, nous approcher est un rare privilège qui n’est accordé qu’à certains, au prix de leur vie bien entendu, ils la donnent d’ailleurs en connaissance car la félicité qu’ils atteignent en échange est inaccessible autrement.
- Je veux bien vous croire, je suis autant subjugué qu’horrifié de vous voir
- C’est que je n’ai pas l’intention de vous tuer, votre frayeur vous préserve.
- Mais le garçon, qu’en avez vous fait, pourquoi dites vous qu’il va mourir et qu’il est dans la valise ?
- Parce que c’est la vérité, je l’ai endormi délicatement après l’avoir embrassé, je vous assure qu’il ne sentira plus rien, sa mort sera très douce administrée par ma fille. C’est le dernier qu’il me fallait avant une très longue période. Je l’ai mis en cocon, placé dans la valise, puis je me suis assise pour attendre votre arrivée. Il faut dire que je commençais à m’impatienter.
- Et votre fille, elle va en faire quoi de ce pauvre gamin ?
- Vous savez, elle est juste une boule de poil actuellement que vous aimeriez caresser si je vous la montrais. Je vais l’introduire dans le cocon, elle va consommer la substance du garçon jusqu’à la dernière cellule. Le processus est long et délicat, il demande pratiquement une vingtaine d’années.
- Mais c’est épouvantable ce que vous dites, c’est un crime horrible doublé de cannibalisme.
- Mais non voyons, vous même quand vous mangez un steak de bœuf, une côte de porc vous sentez vous cannibale, vous pensez vous criminel ?
- Qu’allez vous chercher pour justifier vos actes inqualifiables, ce n’est pas pareil, c’est inhumain ce que vous décrivez, les porcs et les bœufs sont élevés pour nourrir les hommes, quant à vous ce que vous dites, j’ai de la peine à y croire, si c’est de la viande qu’il vous faut, vous pouvez en prendre autant que vous voulez, mais manger des hommes, c’est de la barbarie et du cannibalisme.
- Et voilà qu’il s’emballe notre cher inspecteur ! comment justifiez-vous que vous les hommes vous assassiniez des milliards d’être vivants pour vous en nourrir et comment pouvez-vous me priver moi de vous rendre la pareille mais à une échelle infiniment réduite. Les hommes sont tellement plongés dans leur normalité qu’ils ne savent plus la définir. il est normal pour un humain de consommer pratiquement tout être vivant. Je vis parmi les hommes depuis bien assez longtemps et je peux vous dire que je suis bien plus charitable envers les hommes que les hommes ne le sont envers leurs semblables. Je ne gaspille pas en tuant à tour de bras, et je vous assure que j’en suis bien capable. Si telle était ma volonté, je décimerais sur l’heure tous résident de cet hôtel. Mais à quoi bon, un acte sans finalité est vide de sens. Je prélève juste ce dont j’ai besoin. et jamais dans la douleur. Ceux que je choisis et qui viennent à moi m’offrent leur vie sans que je la demande, ils périssent dans une félicité que vous ne pouvez même pas imaginer. Ceux que je rejette en revanche le vivent comme une tare indélébile, une culpabilité dont ils ne pourront se sortir qu’au prix de grands sacrifices.
- Mais alors pourquoi prendre des hommes jeunes dans la fleur de l’âge, à la rigueur le vieux en fin de vie comme celui qui vous accosté serait moins tragique.
- Nous ne sommes pas une espèce de charognards se nourrissant de vieux, de malades, ou pire, se nourrissant des accidentés de la vie. Il y a tant d’amertume en eux qu’ils sont inconsommables pour nos filles. Nous sommes très peu nombreuses, nous prenons le meilleur de vous, des jeunes pleins vie, que la vie a gâté et qui ne souffrent d’aucune tare prohibitive à nos yeux. Pour avoir le meilleur de la rose, il faut attendre qu’elle éclose. Quand elle éclôt, il faut faire vite, le temps de plein épanouissement est si court pour vous les hommes.
- C’est monstrueux, vous parlez des hommes comme si c’était du bétail à vos yeux.
- Réfléchissez, nous ne sommes pas si abominable que vous le pensez. C’est vous qui ne comprenez le monde dans lequel vous vivez. Vous prenez sans rien donner, et quand vous donnez, c’est pour vous une façon de prendre. Nous, nous prenons et le don que nous vous faisons nourrit vos légendes, votre imaginaire, c’est à vous de le découvrir pour vous élever au dessus de votre condition.
- Après m’avoir dit tout ça, je pense que vous allez me tuer et me manger comme les autres.
- Je vous ai dit que non, vous êtes trop précieux pour ça, je perçois en vous la marque de la déesse mère, la divine Arachnée, bénie soit son nom. Je m’étonne qu’un humain porte sa marque. Je vais juste prendre les enregistrements que vous avez effectué au bar, j’effacerai vos traces dans cette suite et vous vous réveillerez demain chez vous, on se reverra peut-être dans d’autres circonstances, pour l’instant ne vous inquiétez pas, vous ne sentirez rien.
Quatre disparitions mystérieuse,
Quatre endroits différents, des hôtels de luxe comme il en existe une dizaine dans la métropole.
Profil des disparus ? des héritiers oisifs de grandes fortunes dans la fleur de l’âge, entre 18 et 20 ans.
C’est dire que l’alerte est immédiate avec la puissance de feu qu’il y a derrière. Le commissaire est sur les dents avec le téléphone qui n’arrête de sonner, tous les gars de terrain sont justement sur le terrain. Personnellement, je m’occupe des archives et des équipements type gadgets, vous savez ces gadgets que Monsieur M. a popularisé pour Bond. Dans chaque brigade digne de ce nom, nous avons une section gadgets, je m’en occupe en plus des archives qui est ma fonction principale. Vue la situation, je suis moi aussi mis à contribution, ce qui arrive très rarement.
La difficulté dans cette affaire est qu’on avance dans le noir le plus total. Aucune donnée tangible, pas d’images issues de caméras de surveillance. Les signalements recueillis sont d’une incohérence digne d’un grand capharnaüm.
On peut se consoler en se disant que nous avons quand même une certitude, tous les disparus ont été vu avec des femmes. Mais, En détaillant les différents témoignages, on y perd son latin. Prenons le cas le plus documenté, celui de Xavier de coutil, le dernier endroit où il a été vu est le casino privé de l’hôtel « Tropadioro » . Il est réservé à la riche clientèle de l’hôtel et à ce titre, ne dispose pas de caméras de surveillance.
Tous les témoins confirment que Xavier de coutil était accompagné par une femme et qu’il avait une veine incroyable soit dit en passant. Il a amassé une jolie fortune pendant la soirée. Voici les différents témoignages:
A.T.: C’était une jeunette en mini-jupe très sexy, cela m’a étonné de la voir en ce lieu.
D.C. : C’était une femme de type oriental, avec un foulard posé négligemment sur la tête, elle portait une robe en soie qui moulait ses formes à chacun de ses mouvements. Très agréable à regarder au demeurant.
T.T. : C’était une bonne sœur, directement sortie du couvent, cela m’a étonné de la voir en ce lieu. Mais comme personne ne paraissait s’en émouvoir, j’ai préféré ne pas faire de vagues. Je lui trouvais quand même un côté transgressif qui n’était pas pour me déplaire.
Ra.T : C’était une femme d’une élégance hors du commun, je me demandais ce qu’elle pouvait trouver à ce gamin, il avait des biceps peut-être, mais rien ailleurs je pense. Je l’aurais plus vu en compagnie d’un homme d’âge mûr. ( avec un sourire niais …) comme moi par exemple
LS.D : C’était la dernière star de porno actuellement en vogue , vous savez, celle qui débarque de Corée du Nord.
A les entendre, On aurait dit que Xavier de coutil était un sacré coureur de jupons si les témoignages ne décrivaient pas des femmes vues dans la même plage horaire et le même endroit. Autant de femmes, en si peu de temps, tout ce qu’on en retient, c’est une grande confusion.
Aujourd’hui c’est le cinquième jour, les collègues ont chacun choisi une planque, il y a tellement d’endroits à surveiller qu’on ne peut que compter sur la chance, j’ai donc choisi le « Dolce Vita », un hôtel de luxe avec un bar magnifique où je vais de temps en temps — après le service évidemment - il est géré par un lointain cousin Caméléo. Il met une ambiance du tonnerre, mais il a été obligé de faire profil bas depuis quelques temps, bref c’est une autre histoire. Le barman qui le remplace actuellement est Joe.
- Salut Joe !
- Bonjour Inspecteur, vous ne venez pas trop tôt aujourd’hui ?
- Je suis sur une affaire Joe, je viens assez tôt pour tâter le terrain et poser quelques gadgets autour du bar, ce n’est pas officiel bien sûr, mais un coup de main serait le bienvenu.
- C’est quoi comme gadgets ?
- Juste des micros, je voudrais écouter ce qui se dit autour du bar en restant loin derrière la vitre là-bas.
- C’est délicat Inspecteur, ça risque de coûter bonbon si on découvre le truc.
- Ne t’en fais pas, le truc comme tu dis n’est pas si gros, tiens en voilà deux, tu n’as qu’à en mettre un à chaque extrémité de ton bateau. Tu les colles avec un bout de chewing-gum en dessous du zinc du bar tu me les rendras ce soir ou demain.
- Vu comme ça, c’est OK, passez moi vos jouets.
19H c’est le moment, il n’y a personne à l’accueil de l’hôtel, le hall est une grande salle très agréable avec des mini salons disposés en ilots, chacun avec une table basse et un beau tapis d’orient. Les ilots sont isolé par des massifs d’herbes et de fleurs habilement décorés. Plusieurs ascenseurs flanquent les murs. entre deux ascenseurs, une grande porte à double battant est surmontée d’un écriteau « Bar le Ciel».
En poussant la porte on trouve une petite salle au fond de laquelle deux grandes baies vitrées encadrent la porte qui donne accès au bar. De part et d’autre de la porte, un salon pour ceux qui voudraient discuter en toute discrétion loin du bruit en ayant une vue assez dégagée sur l’ensemble.
Pendant les heures d’ouverture, ce bar mérite sa réputation par son ambiance surréaliste, Le sol en effet n’est jamais visible, une fumée blanche, épaisse et dense couvre habilement toute la surface visible, ce qui confère une aura de perdition à ce lieu, on se croirait flotter au dessus des nuages. Cette impression est accentuée avec un éclairage bien maitrisé, il n’y a que les tables qui bénéficient d’une lumière tamisée, le reste est plongée dans le clair obscur que des lasers de couleurs variables traversent à des moments imprévisibles. Un seul lieu bénéficie d’une relative clarté : le bar et encore, si le centre est largement éclairé, les bords tendent à se fondre dans la pénombre.
Une femme était là à l’extrême gauche, je la distinguais nettement, confortablement assise dans son tabouret . Elle portait une longue robe noire asymétrique et échancrée qui découvrait l’épaule et la jambe opposée jusqu’en haut de la cuisse. Elle n’avait pas de manches. La femme portait bien sa robe, elle était extrêmement élégante et en même temps terriblement sexy. J’ai failli activer le zoom de mes lunettes gadgets pour détailler son anatomie, puis je me suis ravisé, que diable restons sérieux, je suis en mission voyons. C’est à ce moment que j’ai eu l’impression qu’elle me regardait, j’étais derrière la baie vitrée, elle ne pouvait normalement pas me voir, mon trouble fut dissipé par la voix de Joe qui s’adressait à la femme.
- Vous voulez boire quelque chose madame ?
- Oui, mais pas tout de suite, j’attends quelqu’un.
Sa voix était envoutante et suave.
Quelques instants plus tard, un vieux monsieur s’approcha d’elle, il la regardait avec intensité. mais elle ne semblait pas remarquer sa présence. il finit par lui parler :
- Je vous offre quelque chose à boire mademoiselle ?
- Non merci
- Permettez moi d’insister, une personne comme vous ne peut refuser une offre pareille venant d’une personne comme moi.
Elle paraissait amusée par cette remarque
- Comment ça, une personne comme vous et une personne comme moi, qu’est ce que nous aurions en commun pour être obligés de boire un verre.
- Justement nous n’avons rien de commun, regardez vous, votre décolleté fait 50 kilomètres de long, autant de large qu’on y plongerait avec délice. Votre rouge à lèvres est un appel au viol et votre mini-jupe assortie à vos lèvres rouges ne couvre rien de votre anatomie. Moi, je suis un vieux monsieur très très très riche et bien généreux avec des filles comme vous. J’ai une suite ici, on peut monter tout de suite si vous voulez.
- Je suis flatté mon vieux monsieur, mais tu ne m’intéresses pas.
- Comment ça, comment oses-tu …
- Chuut, tu vas te faire remarquer, je ne suis pas une pute qui fait les bars pour gagner sa vie, estime toi heureux que j’attende quelqu’un ce soir, sinon, ce soir aurait été ton dernier soir. tu vas donc gentiment dégager et tout de suite…!!!
Je ne voyais pas les expressions du visage du monsieur, il me tournait le dos. Toujours est-il qu’il ne rajouta mot, je le vis sortir hagard et défait comme s’il avait reçu un coup d’assommoir. He bien c’est qu’elle en a du caractère me dis-je admiratif. En même temps, il me semblait que quelque chose ne collait pas, mais je n’arrivais pas à mettre la main dessus. c’est à ce moment qu’un jeune homme entra, il se dirigea droit vers la dame.
- Bonsoir Nyari
- Bonsoir jean-charles, tu as pu te libérer ?.
- Oui, j’ai pu m’éclipser. Tu es superbe dans ta robe jaune moulante. Très bon choix, on dirait le soleil d’été qui éclaire ces ténèbres!
- Merci, toi aussi tu n’es pas mal.
- Oui, si on veut, mais dis donc, je n’imaginais pas que tu puisses avoir autant de … présence, la vidéo ne te rend pas justice. On monte ?
- Déjà ? Attends, discutons encore un peu et si tu veux, buvons un verre, qui sait, ce sera peut-être le dernier.
- Oh non, je ne veux pas attendre, pour toi, je le sais maintenant, je donnerai ma vie, j’ai déjà réservé la suite « Silence des rêves » au 10e, on s’y fera livrer tout ce que tu désires.
- Bon, si tel est ton souhait alors, allons-y !
Ca c’est passé très vite, ils sont sortis bras dessus, bras dessous. la femme en sortant me jeta un regard bizarre accompagné d’un sourire indéfinissable. C’est vrai qu’elle était magnifique, je me suis dit un instant que j’aurais bien échangé ma place avec celle du jeune homme.
Mais le devoir m’obligeait à rester sur place. c’était ma première planque, à l’aveugle.
Certains de mes collègues pensaient que le travail d’archiviste était une vraie sinécure, ranger un dossier dans une étagère le temps d’un souffle, puis se tourner les pouces le reste du temps. Ils ont fini par changer d’avis quand ils ont vu ce que j’ai fait des anciennes archives. Je les ai exhumés comme on exhume des cadavres, dépoussiérées, réindexées puis finalement réarchivées. Il suffit maintenant d’un seule page sur un écran pour avoir une vue synthétique sur une affaire. La présentation est unique, tous ce qu’il faut savoir est accessible par un clic de souris. On peut même chercher des points communs ou des différences entre affaires relevant des mêmes champs d’investigation que de champs complètement différents.
Les aspects fondamentaux ne sont pas omis, des indicateurs accompagnent leur mise en évidence au cours de l’enquête
1- la victime, il y en a une en dernier ressort, il faut bien l’identifier. Un crime ou délit sans victime n’a pas lieu d’être.
2- Le mobile, c’est le grand classique, il détermine le délit. On relie l’intention aux moyens mobilisés qui apparaissent clairement dans un graphe fonctionnel.
3- les intermédiaires, tous ceux qui sont impliqués en tant que commanditaires, témoins, ou victimes collatérales. Ces élément traités convenablement donnent vie à un graphique relationnel qui commence par la victime et remonte jusqu’au criminel.
4- le criminel enfin !
Ce qu’il faut comprendre, c’est que le délit et l’enquête sont en complète opposition.
Le criminel imagine son crime, l’organise, le réalise, il crée la victime.
A l’inverse, l’enquêteur commence son travail avec la découverte de la victime. Il doit remonter le fil des évènements un à un jusqu’à ce qu’il puisse les concentrer tous, il donne corps alors au criminel.
J’aime bien partager cette réflexion avec les collègues : le criminel réalise des nœuds, l’enquêteur les dénoue.
Il n’ y avait pas grande affluence au bar ce soir, mes pensées voltigeaient comme des hannetons dans un pré printanier. puis j’ai pensé aux témoins dans cette affaire qui n’étaient pas foutus de se mettre d’accord sur l’aspect des femmes qui accompagnaient les disparus.
Brusquement, j’ai repensé aux paroles du vieux monsieur qui voyait la dame en mini-jupe, le jeune homme la voyait pourtant dans une robe jaune, et moi je la voyais dans une robe noire. Comment est-il possible qu’une même personne soit perçue de manières aussi différentes. Se pourrait-il que je sois passé à côté d’une évidence capitale ?.
je sortis mon enregistreur et le remis en route pour réentendre les conversation. Effectivement, le jeune homme disait que la dame avait une robe jaune. Je suis certain que la robe était noire. Il a réservé une suite au 10e étage. Il fallait que j’en aie le cœur net.
Cela faisait une dizaine de minutes que la femme et le jeune homme sont partis, il me fallut moins de deux minutes pour arriver au 10e étage. Au dessus de la première porte à gauche en sortant de l’ascenseur, l’inscription « Silence des rêves » luisait faiblement. J’ai poussé la porte, elle ne semblait pas fermée, je l’ai ouverte.
- Vous en avez mis du temps inspecteur, Entrez et fermez.
j’ai refermé la porte. la suite ouvrait sur un salon moderne agréable, une baie vitrée donnait accès à une grande terrasse. La voix venait de la chambre à ma gauche.
Elle était là assise dans un profond fauteuil à côté d’un grand lit non défait sur lequel était posée une grande valise. Une jambe par dessus l’autre,l’échancrure de sa robe devenait un gouffre vertigineux. J’ai du me faire violence pour détourner les yeux et poser la question qui convenait.
- Où est le garçon ?
- Dans la valise !
- Mais vous êtes folle, il va mourir
- Il est le sera bien assez tôt, mais il ne l’est pas encore
- Dans ce cas je vais le libérer et je vais
- Ne vous fatiguez pas, vous n’y pouvez rien
- Oh que si madame, je vous arrête
- Arrêtez de gesticuler plutôt, je peux vous contrôler comme je veux, vous n’avez aucune idée de ce dont je suis capable alors asseyez vous qu’on discute un moment. Sur le bord du lit en face, là, cela fera l’affaire.
- ….
- A la bonne heure !
- Vous êtes quoi au juste ?
- Juste une mère soucieuse de l’intérêt de ces filles.
- Mais encore ! vous êtes tellement belle qu’on se damnerait pour vous être agréable. Mais je vous soupçonne d’être pour le moins une manipulatrice, au pire une sorte de démon, votre apparence est changeante, cela ne cadre pas avec le rôle de mère que vous me servez. comment faites vous ?
- Effectivement, je ne suis pas humaine, mon apparence change en fonction de ceux qui me perçoivent. Mon espèce vit depuis tellement longtemps avec les humains que nous avons développé cette faculté de nous fondre parmi eux. Nous apparaissons en effet sous la forme qui les attire le plus. Pour les hommes, c’est l’image conforme à leur fantasme le plus profond, pour les femmes, nous adoptons l’apparence qu’elles veulent projeter d’elles mêmes. De cette façon, nous passons inaperçues. Mais rassurez vous, nous n’adoptons ce comportement que quand nous sommes en chasse.
- Et vous chassez souvent ?
- Non, en deux occasions seulement, la première quand nous cherchons un partenaire sexuel pour les besoins de reproduction de l’espèce, et la deuxième quand nous avons des enfants en bas âge, ce qui est mon cas actuellement. j’ai 5 filles à élever.
- Vous venez de dire que vous n’êtes pas humaine, comment pouvez avoir un partenaire humain. cela n’est pas possible.
- Techniquement vous avez raison, mais cela ne se passe pas comme vous l’imaginez, nous approcher est un rare privilège qui n’est accordé qu’à certains, au prix de leur vie bien entendu, ils la donnent d’ailleurs en connaissance car la félicité qu’ils atteignent en échange est inaccessible autrement.
- Je veux bien vous croire, je suis autant subjugué qu’horrifié de vous voir
- C’est que je n’ai pas l’intention de vous tuer, votre frayeur vous préserve.
- Mais le garçon, qu’en avez vous fait, pourquoi dites vous qu’il va mourir et qu’il est dans la valise ?
- Parce que c’est la vérité, je l’ai endormi délicatement après l’avoir embrassé, je vous assure qu’il ne sentira plus rien, sa mort sera très douce administrée par ma fille. C’est le dernier qu’il me fallait avant une très longue période. Je l’ai mis en cocon, placé dans la valise, puis je me suis assise pour attendre votre arrivée. Il faut dire que je commençais à m’impatienter.
- Et votre fille, elle va en faire quoi de ce pauvre gamin ?
- Vous savez, elle est juste une boule de poil actuellement que vous aimeriez caresser si je vous la montrais. Je vais l’introduire dans le cocon, elle va consommer la substance du garçon jusqu’à la dernière cellule. Le processus est long et délicat, il demande pratiquement une vingtaine d’années.
- Mais c’est épouvantable ce que vous dites, c’est un crime horrible doublé de cannibalisme.
- Mais non voyons, vous même quand vous mangez un steak de bœuf, une côte de porc vous sentez vous cannibale, vous pensez vous criminel ?
- Qu’allez vous chercher pour justifier vos actes inqualifiables, ce n’est pas pareil, c’est inhumain ce que vous décrivez, les porcs et les bœufs sont élevés pour nourrir les hommes, quant à vous ce que vous dites, j’ai de la peine à y croire, si c’est de la viande qu’il vous faut, vous pouvez en prendre autant que vous voulez, mais manger des hommes, c’est de la barbarie et du cannibalisme.
- Et voilà qu’il s’emballe notre cher inspecteur ! comment justifiez-vous que vous les hommes vous assassiniez des milliards d’être vivants pour vous en nourrir et comment pouvez-vous me priver moi de vous rendre la pareille mais à une échelle infiniment réduite. Les hommes sont tellement plongés dans leur normalité qu’ils ne savent plus la définir. il est normal pour un humain de consommer pratiquement tout être vivant. Je vis parmi les hommes depuis bien assez longtemps et je peux vous dire que je suis bien plus charitable envers les hommes que les hommes ne le sont envers leurs semblables. Je ne gaspille pas en tuant à tour de bras, et je vous assure que j’en suis bien capable. Si telle était ma volonté, je décimerais sur l’heure tous résident de cet hôtel. Mais à quoi bon, un acte sans finalité est vide de sens. Je prélève juste ce dont j’ai besoin. et jamais dans la douleur. Ceux que je choisis et qui viennent à moi m’offrent leur vie sans que je la demande, ils périssent dans une félicité que vous ne pouvez même pas imaginer. Ceux que je rejette en revanche le vivent comme une tare indélébile, une culpabilité dont ils ne pourront se sortir qu’au prix de grands sacrifices.
- Mais alors pourquoi prendre des hommes jeunes dans la fleur de l’âge, à la rigueur le vieux en fin de vie comme celui qui vous accosté serait moins tragique.
- Nous ne sommes pas une espèce de charognards se nourrissant de vieux, de malades, ou pire, se nourrissant des accidentés de la vie. Il y a tant d’amertume en eux qu’ils sont inconsommables pour nos filles. Nous sommes très peu nombreuses, nous prenons le meilleur de vous, des jeunes pleins vie, que la vie a gâté et qui ne souffrent d’aucune tare prohibitive à nos yeux. Pour avoir le meilleur de la rose, il faut attendre qu’elle éclose. Quand elle éclôt, il faut faire vite, le temps de plein épanouissement est si court pour vous les hommes.
- C’est monstrueux, vous parlez des hommes comme si c’était du bétail à vos yeux.
- Réfléchissez, nous ne sommes pas si abominable que vous le pensez. C’est vous qui ne comprenez le monde dans lequel vous vivez. Vous prenez sans rien donner, et quand vous donnez, c’est pour vous une façon de prendre. Nous, nous prenons et le don que nous vous faisons nourrit vos légendes, votre imaginaire, c’est à vous de le découvrir pour vous élever au dessus de votre condition.
- Après m’avoir dit tout ça, je pense que vous allez me tuer et me manger comme les autres.
- Je vous ai dit que non, vous êtes trop précieux pour ça, je perçois en vous la marque de la déesse mère, la divine Arachnée, bénie soit son nom. Je m’étonne qu’un humain porte sa marque. Je vais juste prendre les enregistrements que vous avez effectué au bar, j’effacerai vos traces dans cette suite et vous vous réveillerez demain chez vous, on se reverra peut-être dans d’autres circonstances, pour l’instant ne vous inquiétez pas, vous ne sentirez rien.
aleph- Maître du Temps
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Humeur : Poétique
Date d'inscription : 05/03/2016
Re: Bruit
Ils sont arrivés à l'aube, la pluie venait de s'arrêter. L'endroit était plein de vie, une forêt luxuriante couvrait tout ce que le regard pouvait embrasser. Les arbres poussaient jusqu'à la limite de la plage à distance respectueuse de l'eau de mer qui hésitait entre deux élans contraires, s'élancer vers ces mastodontes qui lui barraient le passage vers les hautes terres ou se replier sur elle même. Vers le centre de l’ile, les arbres montaient à l’assaut du sommet où culminait une cuvette, formant un lac empli d’eau qui débordait de toute part, sans doute le cratère d'un volcan éteint depuis des lustres.
La forêt bruissait de vie, de sons provenant de toutes parts :
- Regarde Joe, c'est notre nouvelle demeure.
- Elle est très belle, Il y a tellement de variétés, tellement de diversité. Et ces arbres magnifiques et majestueux qui maintiennent cette vie comme une ossature maintient la dépouille d’un vertébré. Je crois que je sais comment rendre cet endroit paradisiaque.
- Il l'est déjà Joe, tu sais bien que ce n'est pas ça ton travail.
- Et c'est quoi mon travail.
- Tu le découvriras assez tôt. Pour le moment, il faut qu'on trouve une endroit où s’établir.
- Ca, je sais faire, oui, je crois que je sais, tu as l'art de trouver les mots justes pour guider mes pas.
- .....
- Joe, il faut partir
- Pourquoi, nous sommes bien ici ?
- Nous étions bien ici, nous n’allons plus l’être, il faut partir.
- Mais pourquoi partir, as-tu vu quelque chose ou quelqu’un ?
- J’ai vu l’esprit des arbres Joe, tu as transformé le dernier hier, tu sais que tu ne sais faire que ça. si tu restes tu vas te perdre
- D'accord, je te fais confiance, mais pourrons nous revenir ?
- C’est le but Joe, c’est le but.
----
- Ils sont arrivés en plein jour, un vent frais jouait avec les herbes hautes qui s'étendait aussi loin que portait le regard. Des collines verdoyantes s’évasaient vers la mer pour laisser place à de larges plages de sable fin. Vers l’intérieur de l’ile, le tapis d’herbes sauvages laissait place à des buissons qui montaient à l’assaut d’une pente paresseuse culminant sous la forme d’une large cuvette, sans doute le cratère d'un volcan éteint depuis des lustres. La cuvette formait un lac qui débordait en petits rus joyeux qui s'égaillaient dans toutes les directions et venaient mourir sur la plage. L'endroit était plein de vie, on sentait le fourmillement formidable d'une activité industrieuse et invisible à ras de sol.
- Regarde Joe, c'est notre nouvelle demeure.
- Elle est très belle, que de verdure et que de vie on devine dans ce manteau printanier. Je vais faire un paradis de cet endroit.
- Mais est-ce bien cela ton travail Joe, sais tu ce ce qu’est un paradis ?
- Non, mais ce n’est pas grave, je saurais bien quoi faire, n’est pas ?.
- Je n’en doute pas Joe, tu sais toujours ce qu’il faut faire ! Pour le moment, il faut qu’on s’installe quelque part .
- Ca, je sais faire, oh oui que je sais, Tu vas voir, ce sera formidable.
- .....
- Joe il est temps pour nous de partir d'ici, j'ai vu les signes, il faut se préparer à partir.
- Pourquoi, je me sens bien ici ?
- J’ai vu les démons de sables, ce ne sont pas les premiers, ils se rapprochent de plus en plus, il est temps de partir.
- Mais il y a peut-être encore des choses que je peux faire ici.
- Non Joe, il n’y a plus rien que tu puisses faire ici que tu n’aies déjà fait, si on reste, nous partirons quand même et nous ne pourrons jamais revenir. Il faut partir pendant qu'il est encore temps.
- Pourrons nous revenir ?
- C’est le but Joe, pour revenir, il faut commencer par partir.
- D’accord, je te fais confiance.
----
Ils sont arrivés au crépuscule, le soleil venait de se noyer dans son sang loin vers le large. L’ile offrait un paysage rocailleux que le vent balayait en sifflant. Aussi loin que le regard portait on ne voyait que des rocs dénudés, de la roche grise et terne sans la moindre poussière qui puisse abriter les racines d’une quelconque plante sauvage. Le centre de l’ile offrait l’aspect d’un canyon lugubre qui aurait abrité autrefois une abondante activité aquatique.
- Que penses tu de cet endroit Joe.
- Il est très beau dans son genre, un monde minéral magnifique où le silence de la roche est contrebalancé par le ressac de vagues déferlantes au loin. J’aime cet endroit.
- Ce sera notre demeure, il faudra trouver un abri.
- Ne t’en fais pas, ça, je sais faire, tu verras, je ferais un paradis de cet endroit.
- Peut-être Joe, peut-être, mais j’en doute.
- .....
- Joe il faut partir !
- Encore ? Bon alors, c'est quoi cette fois-ci, j'ai oublié ce que c'était la fois d'avant.
- Ca n’a pas d’importance Joe, Cette fois- c’est différent, j’ai vu le soleil rouge.
- je crois que je suis parti bien trop souvent, et que je suis revenu aussi souvent que je suis parti. Je commence à ressentir une certaine lassitude. Combien de fois sommes nous partis ?
- Plus de fois que tu ne peux les compter Joe, Mais c’était le prix à payer pour rester.
- Rester ? Mais tu viens de dire que nous sommes partis un nombre de fois incalculables.
- Oui, Partir était pour nous la meilleure façon de rester. C’est ainsi que nous n’avons jamais quitté cet endroit.
- Mais comment est-ce possible, pourquoi ne m’en suis-je pas rendu compte ?
- C'est normal Joe, tu n'as pas de mémoire, ta mémoire c'est moi qui la détient, si tu l'avais, tu ne pourrais la supporter. Les souvenirs érigent un mur qui finit par étouffer celui qui les détient. La mémoire tue !
- Balivernes, comment peux-tu dire une chose pareille ? la mémoire est ce qui permet de consolider un art et d’affiner une science ou une tradition.
- C’est vrai, Mais quand les choses changent radicalement, cet art cette science ou cette tradition ne sont d’aucun secours. Ils deviennent des boulets qui tirent vers le fond. On ne sait rien faire d’autre que ce qu’on appris à faire. L’esprit se raidit sur ce qu’il sait faire, comme le python s’enroule autour de sa proie. Les choses nouvelles deviennent inaccessibles, la mort est alors inévitable.
- Tu veux dire que nous sommes immortels ?
- Pas moi Joe, mais toi tu peux l’être. Je vais partir avec le soleil rouge, et toi tu partiras avec ses rayonnements. Quand tu arriveras quelque part, la seule façon pour toi de survivre est de planter mon souvenir et de lui confier ta mémoire que tu viens de retrouver. Moi, je ne peux plus en supporter la charge. Mais souviens-toi d’oublier ceci : pour vivre il faut que tu oublies, plus tu oublies, plus tu pourras apprendre et vivre très longtemps.
La forêt bruissait de vie, de sons provenant de toutes parts :
- Regarde Joe, c'est notre nouvelle demeure.
- Elle est très belle, Il y a tellement de variétés, tellement de diversité. Et ces arbres magnifiques et majestueux qui maintiennent cette vie comme une ossature maintient la dépouille d’un vertébré. Je crois que je sais comment rendre cet endroit paradisiaque.
- Il l'est déjà Joe, tu sais bien que ce n'est pas ça ton travail.
- Et c'est quoi mon travail.
- Tu le découvriras assez tôt. Pour le moment, il faut qu'on trouve une endroit où s’établir.
- Ca, je sais faire, oui, je crois que je sais, tu as l'art de trouver les mots justes pour guider mes pas.
- .....
- Joe, il faut partir
- Pourquoi, nous sommes bien ici ?
- Nous étions bien ici, nous n’allons plus l’être, il faut partir.
- Mais pourquoi partir, as-tu vu quelque chose ou quelqu’un ?
- J’ai vu l’esprit des arbres Joe, tu as transformé le dernier hier, tu sais que tu ne sais faire que ça. si tu restes tu vas te perdre
- D'accord, je te fais confiance, mais pourrons nous revenir ?
- C’est le but Joe, c’est le but.
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- Ils sont arrivés en plein jour, un vent frais jouait avec les herbes hautes qui s'étendait aussi loin que portait le regard. Des collines verdoyantes s’évasaient vers la mer pour laisser place à de larges plages de sable fin. Vers l’intérieur de l’ile, le tapis d’herbes sauvages laissait place à des buissons qui montaient à l’assaut d’une pente paresseuse culminant sous la forme d’une large cuvette, sans doute le cratère d'un volcan éteint depuis des lustres. La cuvette formait un lac qui débordait en petits rus joyeux qui s'égaillaient dans toutes les directions et venaient mourir sur la plage. L'endroit était plein de vie, on sentait le fourmillement formidable d'une activité industrieuse et invisible à ras de sol.
- Regarde Joe, c'est notre nouvelle demeure.
- Elle est très belle, que de verdure et que de vie on devine dans ce manteau printanier. Je vais faire un paradis de cet endroit.
- Mais est-ce bien cela ton travail Joe, sais tu ce ce qu’est un paradis ?
- Non, mais ce n’est pas grave, je saurais bien quoi faire, n’est pas ?.
- Je n’en doute pas Joe, tu sais toujours ce qu’il faut faire ! Pour le moment, il faut qu’on s’installe quelque part .
- Ca, je sais faire, oh oui que je sais, Tu vas voir, ce sera formidable.
- .....
- Joe il est temps pour nous de partir d'ici, j'ai vu les signes, il faut se préparer à partir.
- Pourquoi, je me sens bien ici ?
- J’ai vu les démons de sables, ce ne sont pas les premiers, ils se rapprochent de plus en plus, il est temps de partir.
- Mais il y a peut-être encore des choses que je peux faire ici.
- Non Joe, il n’y a plus rien que tu puisses faire ici que tu n’aies déjà fait, si on reste, nous partirons quand même et nous ne pourrons jamais revenir. Il faut partir pendant qu'il est encore temps.
- Pourrons nous revenir ?
- C’est le but Joe, pour revenir, il faut commencer par partir.
- D’accord, je te fais confiance.
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Ils sont arrivés au crépuscule, le soleil venait de se noyer dans son sang loin vers le large. L’ile offrait un paysage rocailleux que le vent balayait en sifflant. Aussi loin que le regard portait on ne voyait que des rocs dénudés, de la roche grise et terne sans la moindre poussière qui puisse abriter les racines d’une quelconque plante sauvage. Le centre de l’ile offrait l’aspect d’un canyon lugubre qui aurait abrité autrefois une abondante activité aquatique.
- Que penses tu de cet endroit Joe.
- Il est très beau dans son genre, un monde minéral magnifique où le silence de la roche est contrebalancé par le ressac de vagues déferlantes au loin. J’aime cet endroit.
- Ce sera notre demeure, il faudra trouver un abri.
- Ne t’en fais pas, ça, je sais faire, tu verras, je ferais un paradis de cet endroit.
- Peut-être Joe, peut-être, mais j’en doute.
- .....
- Joe il faut partir !
- Encore ? Bon alors, c'est quoi cette fois-ci, j'ai oublié ce que c'était la fois d'avant.
- Ca n’a pas d’importance Joe, Cette fois- c’est différent, j’ai vu le soleil rouge.
- je crois que je suis parti bien trop souvent, et que je suis revenu aussi souvent que je suis parti. Je commence à ressentir une certaine lassitude. Combien de fois sommes nous partis ?
- Plus de fois que tu ne peux les compter Joe, Mais c’était le prix à payer pour rester.
- Rester ? Mais tu viens de dire que nous sommes partis un nombre de fois incalculables.
- Oui, Partir était pour nous la meilleure façon de rester. C’est ainsi que nous n’avons jamais quitté cet endroit.
- Mais comment est-ce possible, pourquoi ne m’en suis-je pas rendu compte ?
- C'est normal Joe, tu n'as pas de mémoire, ta mémoire c'est moi qui la détient, si tu l'avais, tu ne pourrais la supporter. Les souvenirs érigent un mur qui finit par étouffer celui qui les détient. La mémoire tue !
- Balivernes, comment peux-tu dire une chose pareille ? la mémoire est ce qui permet de consolider un art et d’affiner une science ou une tradition.
- C’est vrai, Mais quand les choses changent radicalement, cet art cette science ou cette tradition ne sont d’aucun secours. Ils deviennent des boulets qui tirent vers le fond. On ne sait rien faire d’autre que ce qu’on appris à faire. L’esprit se raidit sur ce qu’il sait faire, comme le python s’enroule autour de sa proie. Les choses nouvelles deviennent inaccessibles, la mort est alors inévitable.
- Tu veux dire que nous sommes immortels ?
- Pas moi Joe, mais toi tu peux l’être. Je vais partir avec le soleil rouge, et toi tu partiras avec ses rayonnements. Quand tu arriveras quelque part, la seule façon pour toi de survivre est de planter mon souvenir et de lui confier ta mémoire que tu viens de retrouver. Moi, je ne peux plus en supporter la charge. Mais souviens-toi d’oublier ceci : pour vivre il faut que tu oublies, plus tu oublies, plus tu pourras apprendre et vivre très longtemps.
aleph- Maître du Temps
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Re: Bruit
Je connais Georges depuis toujours, du plus loin que je me souvienne, il a toujours été ainsi, paisible, immense et placide. Moi qui le connait depuis si longtemps, je sais qu’il y a un feu qui brûle en lui derrière ce regard qui semble terne et parfois absent. Nos camarades de classe n’osaient l’approcher, intimidés par sa masse et surtout par son absence absolue de compréhension du second degré. Quand il y avait plus d’un sens dans une phrase, il interprétait le premier degré, et ça donnait parfois des scènes inimaginables. Je me souviens encore du jour où un nouveau voulait se payer sa tête. C’était dans la cour de récré. vers 16H.
- Je crois qu’il est noué Georges, tu veux bien me dérider le nœud s’il te plait.
- Qu’est ce que tu as de noué mec, il est où ton nœud, je vois rien.
C’était la première fois que je voyais quelqu’un s’en prendre ainsi à Georges. Je n’ai jamais eu à le défendre, il n’en a jamais eu besoin. Mais ce type là était vraiment mauvais, il voulait le ridiculiser faute de pouvoir l’atteindre physiquement, je ne pouvais en supporter davantage.
- Tu arrêtes tes âneries débiles le nouveau. Georges ne t’a rien fait pour que tu te paies sa tête.
- De quoi je me mêle blanc-bec, on me dit que Georges est gentil et serviable, je veux juste en avoir la preuve.
- C’est mon poing que tu vas avoir oui.
- Arrête Joe, si le nouveau a un problème, il faut bien qu’on l’aide non ?
Ca commençait à glousser dans la ronde, certains étaient presque gênés de leur propre plaisir à contempler une bête intouchable comme Georges mise en difficulté par un chétif gringalet, une autre version des jeux de cirque en somme. Mais le plus beau était à venir. Le nouveau en a remis une couche de trop.
- C’est mon sexe qui est noué Georges, je veux bien que tu le dérides.
Ce fut fait rapidement et proprement. Georges m’a doucement poussé de côté, il s’est approché du nouveau qui ne s’y attendait pas. Ce dernier voulait esquisser un mouvement de recul, mais c’était trop tard. Georges l’a saisi par la ceinture de son pantalon, il a entré ses deux mains de part et d’autre de la braguette et d’un coup sec, il a fracassé les boutons, la braguette et fait baissé pantalons et caleçons du mec jusqu’au genoux.
- Alors il est où ce nœud dans ton sexe qui t’empêches de faire pipi ?
C’est dire que plus personne ne s’en est pris à Georges depuis ce moment. Ni à moi non plus, vu que c’était mon meilleur ami.
——
Beaucoup de temps s’est écoulé depuis. Le mois passé, nous avons enterré la mère de Georges. Il vit maintenant seul dans dans sa grande maison mitoyenne à la nôtre. Nos deux terrasses sont côte à côte, séparées par un mur que nous avons raboté pour en faire juste un muret bas à hauteur de hanche. Nous avons installé de part et d’autre nos chaises longues et nous regardons souvent les couchers de soleil ou les étoiles pendant la nuit. Nous parlons peu, on a rarement besoin de dire plus que quelque mots. Mais depuis la mort de sa mère, Georges devient un peu plus volubile, il ressent le besoin de parler et je me dois d’être là pour lui.
- Tu sais Joe, ma mère vous aimait beaucoup toi, ta femme et tes enfants.
- Je sais Georges, nous aussi on l’aimait, on se connait depuis tellement longtemps. Elle faisait partie de notre famille.
- Oui, Avant de mourir, il me semble que ma mère s’inquiétait pour moi, elle n’arrêtait pas de me dire. Georges, mon petit Georges, qui va s’occuper de toi quand je serais partie. Je lui répondais. Mais maman, je suis assez grand pour m’occuper de moi-même. Il ne faut pas t’inquiéter pour moi. Elle répondait, Oui, Georges, je sais, regarde ton ami Joe, il a une femme et de beaux enfants, mais toi, tu es toujours seul.
Je lui disais, mais, maman, je ne suis pas tout seul, tu es avec moi. Oui Georges disait elle, je suis avec toi, mais je ne le serai pas toujours, je prie tout le temps le bon Dieu pour que tu trouves chaussure à ton pied, comme ça je pourrai partir tranquille. Mais maman, je lui disais, j’ai plein de chaussures, c’est toujours toi qui m’en achète, elle me regardait alors avec un sourire et disait, je vais faire une sieste Georges, laisse moi maintenant.
Il faut dire que mon ami Georges n’attire pas la gente féminine, j’ai essayé de le caser je ne sais combien de fois en ayant l’air de ne pas y toucher. Avec lui, il ne faut surtout pas le braquer ou avoir l’air de le prendre en traître, mais ça n’a jamais accroché. Les femmes sont d’abord attirées par son côté gros nounours, mais comme il n’y mettait pas du sien pour faire semblant de les retenir, elles partaient plus vite qu’elles n’étaient venues. A partir d’un certain moment, j’ai cessé d’essayer de le brancher puisqu’il ne paraissait pas demandeur, il me semble que ça ne le contrarie pas plus que ça.
Ce soir pourtant, j’ai senti chez Georges un début de changement. Bien calé sur nos chaises en train d’admirer les derniers nuages encore rouges comme éclaboussés par le sang du soleil mourant, il me dit :
- Tu sais Joe, j’ai acheté une nouvelle paire de chaussures.
- Pas possible, mais c’est la première fois que tu en achètes toi-même, il me semble que c’était toujours ta mère qui t’en achetait.
- Oui. Maintenant, je crois que je comprends ce qu’elle disait en me parlant de « trouver chaussure à mon pied ». C’était tellement intense que j’en ai encore des frissons.
- A ce point ? c’est où que tu les a achetées ?
- C’est dans le magasin au coin de la rue « Copernic »
- Holala, ça a du te coûter une fortune, ce n’est pas du tout venant ce qu’ils ont comme marchandise. Mais le service doit être impeccable aussi, car le personnel est trié sur le volet d’après ce que j’ai pu observer.
- Quel volet Joe, ils ont juste une très grande vitrine avec plein de modèles de chaussures.
- T’inquiètes Georges, c’est juste une expression, qui t’a servi ?
- Elle s’appelle Nathalie, tu veux que je te raconte depuis le début ?
- Oui volontiers, je suis toutes ouïe.
« C’était hier mardi, j’ai décidé de prendre un jour de repos. Cela m’arrive de temps en temps tu sais, une journée tranquille pour faire la grasse matinée jusqu’à 8H. passer un peu de temps à soigner les plantes dans le jardin. Ne pas faire la cuisine à midi, à la place, aller manger au « capriccio di roma ». Puis faire une promenade en ville sans but précis. C’est ainsi que je me suis retrouvé sans l’avoir voulu devant le « Pied et chaussure », ce fameux magasin de chaussures au coin de la rue Copernic. Il y avait plein de modèles. Elle était à l'entrée du magasin toute seule debout devant la caisse. Elle n’était pas aussi haute que deux pommes, drapée dans une robe jaune sans manches. Il n’y avait personne avec elle, elle tenait un magazine entre ses mains. Je crois que je suis resté très longtemps à la regarder, elle a levé les yeux, elle m’a vu et elle a souri.
Je suis alors entré. »
- Et alors ?
« Elle m’a dit :
- Bonjour, je m’appelle Nathalie. Y a - t - il un modèle qui vous intéresse ?
- Bonjour, Moi, c’est Georges, j’aime bien vos chaussures
- Avez-vous fait votre choix ?
- Non, mais j’aime bien vos chaussures.
- Ah ! d’accord, vous aimez bien mes chaussures, mais vous n’avez pas encore eu le coup de cœur, vous avez donc besoin d’un coup de pouce.
- Par coup de pouce, vous voulez sans doute dire de l’aide n’est-ce pas ?
- Exactement, voulez vous que je vous aide à trouver chaussure à votre pied Georges?
- Oh oui, je voudrais bien, bien volontiers.
- Hum demandé aussi gentiment, je crois que je ne vais pas refuser de vous apporter mon aide. Quelle est votre pointure ?
- Euh, désolé, mais je ne sais pas !
- Voyez-vous ça, vous ne ma facilitez pas la vie dites donc. Vous ne savez pas quoi choisir, vous ne connaissez pas votre pointure, il me semble qu’il faut sortir les grands moyens avec vous. Avez vous déjà visité un salon de pédicure ?
- Euh, non, je crois bien que non.
- Voulez vous que je me charge de votre initiation alors ?
- Initiation à quoi ?
- De plus en plus en plus beau, c’est bien ma veine aujourd’hui ! Aux soins de pieds Georges.
- D’accord, je veux bien.
- Parfait. Comme je suis seule au magasin aujourd’hui, je vais fermer puisque les soins se passent au premier. Généralement il y a très peu de clients à cette heure, toutes mes collègues ont pris leur jour ainsi que la patronne. je ne veux pas laisser la boutique ouverte sans surveillance. Suivez moi dit-elle après avoir fermé la porte à clef.
Au fond du magasin, il y avait un escalier en bois, elle est montée et je l’ai suivi. Arrivés au premier, on trouve une grande salle divisée en deux parties, la première avec du parquet était quadrillée de rangées d’étagères où il y avait plein de chaussures exposées. La deuxièmes partie de la salle était séparée de la première à l’aide de paravents en accordéon à hauteur d’homme. Il y avait deux ouvertures entre eux, elle s’est dirigée vers celle de gauche, quand je suis entré, elle a déplié le paravent pour refermer derrière nous. Coté mur, il y avait un grand fauteuil noir fort confortable, semblable à ceux qu’on trouve dans les salons de coiffure. Au fond de la salle, il y avait un rideau qui masquait une sorte de cabine d’essayage, juste à gauche, il y avait une sorte de cagibi avec une porte battante de saloon.
Elle s’est dirigée vers le cagibi, a poussé la porte, puis en est ressortie aussi vite en poussant devant elle une sorte de mini baignoire avec robinetterie dorée étincelante. La baignoire semblait flotter sans bruit. Quand elle est arrivée devant le fauteuil, elle s’est baissée, a tiré un tuyau qui était invisible sous sa base et l’a branché avec une geste sec et précis sous la baignoire.
Elle a ouvert un robinet pour laisser couler un peu d’eau, l’a refermé puis s’est tournée vers moi.
- Parfait. tout fonctionne à merveille. Georges, vous allez recevoir votre premier soin de pied, mais vous pensez bien que ce n’est pas possible dans votre tenue actuelle. Dans la cabine en face, vous avez tout ce qu’il faut pour vous changer, vous pouvez même prendre une douche tout au fond. Vous trouverez une armoire avec des peignoirs lavés et repassés de toutes tailles, ils sont tous sous cellophane, dès qu’il y’en a un d’ouvert, il part au lavage. Pour vous, je vous recommande la taille XXXL. Vous avez des cintres pour ranger vos vêtements. Allez vous changer, je vous attends.
Il y avait un seul peignoir de taille XXXL. Pour me sentir à l’aise, j’ai décidé de tout enlever. J’ai mis le peignoir, il était ample et me convenait bien il descendait jusqu’au mollet, j’ai noué la ceinture et je suis ressorti.
- Installez vous sur le fauteuil Georges, et mettez vos pieds dans la baignoire.
- C’est froid.
- Ne vous inquiétez pas dit elle en jetant négligemment un coussin derrière la mini baignoire qui nous séparait. Elle a posé ses genoux dessus en disant avec un sourire, je n'aime pas les tabourets puis elle a ouvert les deux robinets en même temps, eau chaude et eau froide. Vous serez bientôt à l’aise.
Quand l’eau qui sortait du mélangeur atteignit la température qu’elle souhaitait, elle a fermé le vidage de la baignoire puis elle a sorti un plateau d’on ne sait où, il contenait plein de petites bouteilles de toutes les couleurs. Elle en a versé le contenu dans la mini baignoire qui se remplissait, l’eau montait autour de mes pieds, c’était fort agréable. Les senteurs qui se dégageaient du bain ne l’étaient pas moins. Quand l’eau eut submergé mes pieds en totalité et s'est hissée de quelques centimètres le long des tibias, elle ferma les robinets.
- On va laisser agir un peu. En attendant, on peut discuter pour faire connaissance, alors Georges, que faites vous dans la vie ?
- Que voulez-vous dire par là, je fais tellement de choses que je ne peux pas toutes vous les raconter.
- Intéressant, avez vous un travail ?
- Oui,
- Evidemment, et il consiste en quoi votre travail ?
- Vous ne voudriez pas le savoir
- Et pourquoi ça ?
- Parce que vous ne voudriez pas venir me voir pour me confier du travail si je vous dis comment je procède.
- D’accord, mais je ne veux pas savoir comment vous faites, mais seulement le nom par lequel on désigne les gens qui font le même travail que vous.
- Ah d’accord, vous voulez connaître mon nom de métier, je suis taxidermiste.
- Wahou Georges ! vous êtes mon premier taxidermiste, mais c’est magnifique comme métier, je comprends votre réserve maintenant. et ça gagne bien ?
- Que voulez vous dire ?
- Vous avez un bon salaire ?
- Non, je n’ai pas de salaire, c’est le client qui me paie quand je finis un travail.
- Oui bien sûr, suis-je bête, vous n’avez pas de patron ! et vous gagnez beaucoup d’argent ?
- Oui tellement que j’en ai honte. J’aime bien ce que je fais et c’est tellement facile pour moi que je me dis que tous le monde peut le faire. Mais après avoir discuté avec maman et avec Joe, Ils m’ont convaincu que ce n’était pas aussi facile que je le pensais. ils m’ont dit qu’il faut accepter l’argent du client, car le travail que je fais pour lui est très important et le prix qu’il paie est une façon pour lui de cristalliser la valeur qu’il attache à l’être qu’il me confie. Si je dis que c’était trop facile et que je demande très peu d’argent, j’ai l’air de dévaloriser son animal, il se sent alors contrarié ou pire blessé. Si je ne dis rien, que je prends le temps qu’il faut et que je rende un résultat qui dépasse ses attentes, ce qui arrive tout le temps, alors, le prix que je demande peut être aussi élevé que je le souhaite. Mais depuis que j’exerce ce métier, je sais exactement ce que chaque client est prêt à donner, alors je ne dépasse jamais cette limite.
- C’est magnifique Joe, j’aimerais bien en dire autant. Moi c’est plutôt l’inverse, j’aimerais bien prendre plus que la limite, enfin, c’est la vie. Bon assez rêvassé comme ça, Je crois que c’est prêt. »
- Joe
- Oui Georges,
- Je n’ai jamais eu un lavage de pied comme celui qu'elle m’a fait.
- Ca s’appelle un massage de pied Georges.
- Ha, sans doute, oui, c’est ce qui convient. Oui, c’est ça, puisque la plupart du temps elle tenait un de mes pieds entre ces mains, elle appuyait partout, j’a cru devenir fou.
- C’était agréable n’est ce pas ?
- Ho oui, et je me demande comment on peut vivre sans massage de pied, elle m’a dit quelque chose de très juste.
- Quoi donc ?
- Que j’avais une masse corporelle très importante et que je fais souffrir mes pieds. Elle me disait qu’il fallait que j’en prenne soin
- En la matière je ne peux pas lui donner tort. et ça c’est terminé comment ton histoire
«
Après la séance de massage de pied, ponçage, découpe des ongles, enduisage avec des huiles essentielles, elle a jeté une serviette devant le fauteuil et m’a dit de poser les pieds dessus.
Elle s’est penché devant moi pour débrancher le tuyau de vidange. J'ai eu le temps dans ce mouvement ample de voir aussi bien sa poitrine que son dos quand elle fut complètement courbée, Je nageais encore en pleine brume. Je l'ai vu partir en poussant la mini baignoire pour la ranger dans son cagibi. Elle est revenu quelques instants plus tard avec un drôle de machin. Elle a poussé son coussin jusqu’à toucher mes pieds et s’est agenouillée dessus, sa robe montant très haut au-dessus des genoux. Elle n’avait pas l’air de s’en apercevoir.
- Nous allons maintenant mesurer la taille de la bête.
J’étais encore sous l’effet du massage, je ne savais pas de quelle bête elle parlait.
- Mais que voilà un mignon petit pied que vous avez là, on ne le dirait pas vu votre … stature. Maintenant Posez le ici pour que je prenne votre mesure.
- Où ça ?
- Sur le pedimètre voyons, vous savez ce que c’est ?
- Non, c’est quoi ?
- Vous connaissez les pieds à coulisse
- Oui
- Alors, un pedimètre c’est une sorte de pied-à-coulisse qui sert à mesurer la taille des pieds dit-elle avec un sourire. Parfait ! votre pointure est 42. Vous ne le saviez pas ?
- Euh non.
Je ne voulais pas lui dire que c’était ma mère qui achetait mes chaussures.
- Dorénavant vous le saurez. Maintenant, revenons en à l’objet de votre visite, les chaussures, Avez vous une préférence ou me faites vous confiance pour choisir pour vous une nouvelle paire
- Une nouvelle paire… de quoi
- De chaussure pardi
- Oh oui, je vous fais entièrement confiance
- Parfait, ne bougez pas, je reviens !
Elle revint au bout de 5 minutes avec une boite. Cela devenait une habitude chez elle, en un mouvement de flexion gracieux, elle était à genoux assise sur ses talons, sa jupe montant plus haut me semblait-il que tout à l’heure. Il me semblait que je commençais à voir des choses que je ne devais pas voir. Elle prit négligemment mon pied gauche et le posa sur sa cuisse. C'en était trop, avec les traitements qu'ils venaient de subir, mes pieds devenaient sensibles à des choses que je n'avais jamais imaginé.
- Mais avec les nouvelles chaussures que je vous ai choisies, vous ne rentrerez pas dedans si vous n’avez pas de chaussettes, j’en ai donc ramené une paire jetables.
- Une paires de quoi ?
- De chaussettes voyons. Je vais vous les enfiler avant de mettre les chaussures.
Tout en parlant, elle prit mon pied puis avec adresse enfila la chaussette autour. elle ouvrit la boite, en sortit une chaussure noire flamboyante et enfila mon pied dedans, je sentis juste une légère résistance au niveau du talon. elle reposa mon pied et dit.
- Et voilà qui est fait, alors qu’est ce que vous ressentez ? êtes vous bien dedans ?
Je sentais un grand trouble m’envahir
- Redressez vous, mettez vous vous droit et bougez un peu
- Je sens que c’est un peu serré
- C’est normal que ce soit serré la première fois, avec le temps cela va se détendre, à force d’y rentrer et d’en sortir vous vous y ferez. Mais l’important est de vous sentir bien dedans
C’est à ce moment que je suis devenu tout rouge, elle a dû le sentir, car elle m’a dit.
- Ca ne va pas, vous tremblez de partout.
elle me prit par la taille pour me soutenir. Tout naturellement, mon bras s’est retrouvé autour de sa taille aussi, je me sentais tout chose, je me suis assis sans faire attention que j’avais juste un peignoir sur le dos, il s’était ouvert quand je me suis assis.
- Non, ça va, je vais bien, j’ai juste eu un léger vertige.
- Ca vous arrive souvent ?
Puis en se remettant en face de moi, elle a dit
- ah ! d’accord, je vois, et pourquoi pas !!!
»
- Le reste Joe, je ne peux pas te le raconter !
- T’inquiètes Georges, je devine.
…
- Joe …
- Oui Georges,
- Je crois que demain, je vais y retourner
- Pourquoi faire ?
- Pour acheter une nouvelle paire de chaussure.
…
- Comment tu la trouves ?
- Trouver quoi Joe ?
- Nathalie
- Je ne sais pas Joe, je l’ai trouvé par hasard.
- Je veux dire comment tu te sens quand tu es avec Nathalie ?
- Je me sens très bien Joe, et tout chose aussi.
- Eh bien Georges, ce sentiment que tu as, cela ressemble à de l’amour
- C’est vrai Joe ?
- Oui si je me fie à ce que tu me racontes. Alors demain si tu vas la voir, au lieu d’acheter une nouvelle paire … de chaussure, invite là plutôt à diner.
- Tu penses qu’elle va accepter ?
- J’en suis sûr, je n’ai jamais vu quelqu’un se faire dorloter comme tu l’as été dans un magasin de chaussures. Est-ce qu’elle te plaît ?
- Oui, beaucoup.
- Alors, invite là, elle va sûrement t’expliquer très exactement ce que ta mère voulait dire par « trouver chaussure à ton pied » !
- Je crois qu’il est noué Georges, tu veux bien me dérider le nœud s’il te plait.
- Qu’est ce que tu as de noué mec, il est où ton nœud, je vois rien.
C’était la première fois que je voyais quelqu’un s’en prendre ainsi à Georges. Je n’ai jamais eu à le défendre, il n’en a jamais eu besoin. Mais ce type là était vraiment mauvais, il voulait le ridiculiser faute de pouvoir l’atteindre physiquement, je ne pouvais en supporter davantage.
- Tu arrêtes tes âneries débiles le nouveau. Georges ne t’a rien fait pour que tu te paies sa tête.
- De quoi je me mêle blanc-bec, on me dit que Georges est gentil et serviable, je veux juste en avoir la preuve.
- C’est mon poing que tu vas avoir oui.
- Arrête Joe, si le nouveau a un problème, il faut bien qu’on l’aide non ?
Ca commençait à glousser dans la ronde, certains étaient presque gênés de leur propre plaisir à contempler une bête intouchable comme Georges mise en difficulté par un chétif gringalet, une autre version des jeux de cirque en somme. Mais le plus beau était à venir. Le nouveau en a remis une couche de trop.
- C’est mon sexe qui est noué Georges, je veux bien que tu le dérides.
Ce fut fait rapidement et proprement. Georges m’a doucement poussé de côté, il s’est approché du nouveau qui ne s’y attendait pas. Ce dernier voulait esquisser un mouvement de recul, mais c’était trop tard. Georges l’a saisi par la ceinture de son pantalon, il a entré ses deux mains de part et d’autre de la braguette et d’un coup sec, il a fracassé les boutons, la braguette et fait baissé pantalons et caleçons du mec jusqu’au genoux.
- Alors il est où ce nœud dans ton sexe qui t’empêches de faire pipi ?
C’est dire que plus personne ne s’en est pris à Georges depuis ce moment. Ni à moi non plus, vu que c’était mon meilleur ami.
——
Beaucoup de temps s’est écoulé depuis. Le mois passé, nous avons enterré la mère de Georges. Il vit maintenant seul dans dans sa grande maison mitoyenne à la nôtre. Nos deux terrasses sont côte à côte, séparées par un mur que nous avons raboté pour en faire juste un muret bas à hauteur de hanche. Nous avons installé de part et d’autre nos chaises longues et nous regardons souvent les couchers de soleil ou les étoiles pendant la nuit. Nous parlons peu, on a rarement besoin de dire plus que quelque mots. Mais depuis la mort de sa mère, Georges devient un peu plus volubile, il ressent le besoin de parler et je me dois d’être là pour lui.
- Tu sais Joe, ma mère vous aimait beaucoup toi, ta femme et tes enfants.
- Je sais Georges, nous aussi on l’aimait, on se connait depuis tellement longtemps. Elle faisait partie de notre famille.
- Oui, Avant de mourir, il me semble que ma mère s’inquiétait pour moi, elle n’arrêtait pas de me dire. Georges, mon petit Georges, qui va s’occuper de toi quand je serais partie. Je lui répondais. Mais maman, je suis assez grand pour m’occuper de moi-même. Il ne faut pas t’inquiéter pour moi. Elle répondait, Oui, Georges, je sais, regarde ton ami Joe, il a une femme et de beaux enfants, mais toi, tu es toujours seul.
Je lui disais, mais, maman, je ne suis pas tout seul, tu es avec moi. Oui Georges disait elle, je suis avec toi, mais je ne le serai pas toujours, je prie tout le temps le bon Dieu pour que tu trouves chaussure à ton pied, comme ça je pourrai partir tranquille. Mais maman, je lui disais, j’ai plein de chaussures, c’est toujours toi qui m’en achète, elle me regardait alors avec un sourire et disait, je vais faire une sieste Georges, laisse moi maintenant.
Il faut dire que mon ami Georges n’attire pas la gente féminine, j’ai essayé de le caser je ne sais combien de fois en ayant l’air de ne pas y toucher. Avec lui, il ne faut surtout pas le braquer ou avoir l’air de le prendre en traître, mais ça n’a jamais accroché. Les femmes sont d’abord attirées par son côté gros nounours, mais comme il n’y mettait pas du sien pour faire semblant de les retenir, elles partaient plus vite qu’elles n’étaient venues. A partir d’un certain moment, j’ai cessé d’essayer de le brancher puisqu’il ne paraissait pas demandeur, il me semble que ça ne le contrarie pas plus que ça.
Ce soir pourtant, j’ai senti chez Georges un début de changement. Bien calé sur nos chaises en train d’admirer les derniers nuages encore rouges comme éclaboussés par le sang du soleil mourant, il me dit :
- Tu sais Joe, j’ai acheté une nouvelle paire de chaussures.
- Pas possible, mais c’est la première fois que tu en achètes toi-même, il me semble que c’était toujours ta mère qui t’en achetait.
- Oui. Maintenant, je crois que je comprends ce qu’elle disait en me parlant de « trouver chaussure à mon pied ». C’était tellement intense que j’en ai encore des frissons.
- A ce point ? c’est où que tu les a achetées ?
- C’est dans le magasin au coin de la rue « Copernic »
- Holala, ça a du te coûter une fortune, ce n’est pas du tout venant ce qu’ils ont comme marchandise. Mais le service doit être impeccable aussi, car le personnel est trié sur le volet d’après ce que j’ai pu observer.
- Quel volet Joe, ils ont juste une très grande vitrine avec plein de modèles de chaussures.
- T’inquiètes Georges, c’est juste une expression, qui t’a servi ?
- Elle s’appelle Nathalie, tu veux que je te raconte depuis le début ?
- Oui volontiers, je suis toutes ouïe.
« C’était hier mardi, j’ai décidé de prendre un jour de repos. Cela m’arrive de temps en temps tu sais, une journée tranquille pour faire la grasse matinée jusqu’à 8H. passer un peu de temps à soigner les plantes dans le jardin. Ne pas faire la cuisine à midi, à la place, aller manger au « capriccio di roma ». Puis faire une promenade en ville sans but précis. C’est ainsi que je me suis retrouvé sans l’avoir voulu devant le « Pied et chaussure », ce fameux magasin de chaussures au coin de la rue Copernic. Il y avait plein de modèles. Elle était à l'entrée du magasin toute seule debout devant la caisse. Elle n’était pas aussi haute que deux pommes, drapée dans une robe jaune sans manches. Il n’y avait personne avec elle, elle tenait un magazine entre ses mains. Je crois que je suis resté très longtemps à la regarder, elle a levé les yeux, elle m’a vu et elle a souri.
Je suis alors entré. »
- Et alors ?
« Elle m’a dit :
- Bonjour, je m’appelle Nathalie. Y a - t - il un modèle qui vous intéresse ?
- Bonjour, Moi, c’est Georges, j’aime bien vos chaussures
- Avez-vous fait votre choix ?
- Non, mais j’aime bien vos chaussures.
- Ah ! d’accord, vous aimez bien mes chaussures, mais vous n’avez pas encore eu le coup de cœur, vous avez donc besoin d’un coup de pouce.
- Par coup de pouce, vous voulez sans doute dire de l’aide n’est-ce pas ?
- Exactement, voulez vous que je vous aide à trouver chaussure à votre pied Georges?
- Oh oui, je voudrais bien, bien volontiers.
- Hum demandé aussi gentiment, je crois que je ne vais pas refuser de vous apporter mon aide. Quelle est votre pointure ?
- Euh, désolé, mais je ne sais pas !
- Voyez-vous ça, vous ne ma facilitez pas la vie dites donc. Vous ne savez pas quoi choisir, vous ne connaissez pas votre pointure, il me semble qu’il faut sortir les grands moyens avec vous. Avez vous déjà visité un salon de pédicure ?
- Euh, non, je crois bien que non.
- Voulez vous que je me charge de votre initiation alors ?
- Initiation à quoi ?
- De plus en plus en plus beau, c’est bien ma veine aujourd’hui ! Aux soins de pieds Georges.
- D’accord, je veux bien.
- Parfait. Comme je suis seule au magasin aujourd’hui, je vais fermer puisque les soins se passent au premier. Généralement il y a très peu de clients à cette heure, toutes mes collègues ont pris leur jour ainsi que la patronne. je ne veux pas laisser la boutique ouverte sans surveillance. Suivez moi dit-elle après avoir fermé la porte à clef.
Au fond du magasin, il y avait un escalier en bois, elle est montée et je l’ai suivi. Arrivés au premier, on trouve une grande salle divisée en deux parties, la première avec du parquet était quadrillée de rangées d’étagères où il y avait plein de chaussures exposées. La deuxièmes partie de la salle était séparée de la première à l’aide de paravents en accordéon à hauteur d’homme. Il y avait deux ouvertures entre eux, elle s’est dirigée vers celle de gauche, quand je suis entré, elle a déplié le paravent pour refermer derrière nous. Coté mur, il y avait un grand fauteuil noir fort confortable, semblable à ceux qu’on trouve dans les salons de coiffure. Au fond de la salle, il y avait un rideau qui masquait une sorte de cabine d’essayage, juste à gauche, il y avait une sorte de cagibi avec une porte battante de saloon.
Elle s’est dirigée vers le cagibi, a poussé la porte, puis en est ressortie aussi vite en poussant devant elle une sorte de mini baignoire avec robinetterie dorée étincelante. La baignoire semblait flotter sans bruit. Quand elle est arrivée devant le fauteuil, elle s’est baissée, a tiré un tuyau qui était invisible sous sa base et l’a branché avec une geste sec et précis sous la baignoire.
Elle a ouvert un robinet pour laisser couler un peu d’eau, l’a refermé puis s’est tournée vers moi.
- Parfait. tout fonctionne à merveille. Georges, vous allez recevoir votre premier soin de pied, mais vous pensez bien que ce n’est pas possible dans votre tenue actuelle. Dans la cabine en face, vous avez tout ce qu’il faut pour vous changer, vous pouvez même prendre une douche tout au fond. Vous trouverez une armoire avec des peignoirs lavés et repassés de toutes tailles, ils sont tous sous cellophane, dès qu’il y’en a un d’ouvert, il part au lavage. Pour vous, je vous recommande la taille XXXL. Vous avez des cintres pour ranger vos vêtements. Allez vous changer, je vous attends.
Il y avait un seul peignoir de taille XXXL. Pour me sentir à l’aise, j’ai décidé de tout enlever. J’ai mis le peignoir, il était ample et me convenait bien il descendait jusqu’au mollet, j’ai noué la ceinture et je suis ressorti.
- Installez vous sur le fauteuil Georges, et mettez vos pieds dans la baignoire.
- C’est froid.
- Ne vous inquiétez pas dit elle en jetant négligemment un coussin derrière la mini baignoire qui nous séparait. Elle a posé ses genoux dessus en disant avec un sourire, je n'aime pas les tabourets puis elle a ouvert les deux robinets en même temps, eau chaude et eau froide. Vous serez bientôt à l’aise.
Quand l’eau qui sortait du mélangeur atteignit la température qu’elle souhaitait, elle a fermé le vidage de la baignoire puis elle a sorti un plateau d’on ne sait où, il contenait plein de petites bouteilles de toutes les couleurs. Elle en a versé le contenu dans la mini baignoire qui se remplissait, l’eau montait autour de mes pieds, c’était fort agréable. Les senteurs qui se dégageaient du bain ne l’étaient pas moins. Quand l’eau eut submergé mes pieds en totalité et s'est hissée de quelques centimètres le long des tibias, elle ferma les robinets.
- On va laisser agir un peu. En attendant, on peut discuter pour faire connaissance, alors Georges, que faites vous dans la vie ?
- Que voulez-vous dire par là, je fais tellement de choses que je ne peux pas toutes vous les raconter.
- Intéressant, avez vous un travail ?
- Oui,
- Evidemment, et il consiste en quoi votre travail ?
- Vous ne voudriez pas le savoir
- Et pourquoi ça ?
- Parce que vous ne voudriez pas venir me voir pour me confier du travail si je vous dis comment je procède.
- D’accord, mais je ne veux pas savoir comment vous faites, mais seulement le nom par lequel on désigne les gens qui font le même travail que vous.
- Ah d’accord, vous voulez connaître mon nom de métier, je suis taxidermiste.
- Wahou Georges ! vous êtes mon premier taxidermiste, mais c’est magnifique comme métier, je comprends votre réserve maintenant. et ça gagne bien ?
- Que voulez vous dire ?
- Vous avez un bon salaire ?
- Non, je n’ai pas de salaire, c’est le client qui me paie quand je finis un travail.
- Oui bien sûr, suis-je bête, vous n’avez pas de patron ! et vous gagnez beaucoup d’argent ?
- Oui tellement que j’en ai honte. J’aime bien ce que je fais et c’est tellement facile pour moi que je me dis que tous le monde peut le faire. Mais après avoir discuté avec maman et avec Joe, Ils m’ont convaincu que ce n’était pas aussi facile que je le pensais. ils m’ont dit qu’il faut accepter l’argent du client, car le travail que je fais pour lui est très important et le prix qu’il paie est une façon pour lui de cristalliser la valeur qu’il attache à l’être qu’il me confie. Si je dis que c’était trop facile et que je demande très peu d’argent, j’ai l’air de dévaloriser son animal, il se sent alors contrarié ou pire blessé. Si je ne dis rien, que je prends le temps qu’il faut et que je rende un résultat qui dépasse ses attentes, ce qui arrive tout le temps, alors, le prix que je demande peut être aussi élevé que je le souhaite. Mais depuis que j’exerce ce métier, je sais exactement ce que chaque client est prêt à donner, alors je ne dépasse jamais cette limite.
- C’est magnifique Joe, j’aimerais bien en dire autant. Moi c’est plutôt l’inverse, j’aimerais bien prendre plus que la limite, enfin, c’est la vie. Bon assez rêvassé comme ça, Je crois que c’est prêt. »
- Joe
- Oui Georges,
- Je n’ai jamais eu un lavage de pied comme celui qu'elle m’a fait.
- Ca s’appelle un massage de pied Georges.
- Ha, sans doute, oui, c’est ce qui convient. Oui, c’est ça, puisque la plupart du temps elle tenait un de mes pieds entre ces mains, elle appuyait partout, j’a cru devenir fou.
- C’était agréable n’est ce pas ?
- Ho oui, et je me demande comment on peut vivre sans massage de pied, elle m’a dit quelque chose de très juste.
- Quoi donc ?
- Que j’avais une masse corporelle très importante et que je fais souffrir mes pieds. Elle me disait qu’il fallait que j’en prenne soin
- En la matière je ne peux pas lui donner tort. et ça c’est terminé comment ton histoire
«
Après la séance de massage de pied, ponçage, découpe des ongles, enduisage avec des huiles essentielles, elle a jeté une serviette devant le fauteuil et m’a dit de poser les pieds dessus.
Elle s’est penché devant moi pour débrancher le tuyau de vidange. J'ai eu le temps dans ce mouvement ample de voir aussi bien sa poitrine que son dos quand elle fut complètement courbée, Je nageais encore en pleine brume. Je l'ai vu partir en poussant la mini baignoire pour la ranger dans son cagibi. Elle est revenu quelques instants plus tard avec un drôle de machin. Elle a poussé son coussin jusqu’à toucher mes pieds et s’est agenouillée dessus, sa robe montant très haut au-dessus des genoux. Elle n’avait pas l’air de s’en apercevoir.
- Nous allons maintenant mesurer la taille de la bête.
J’étais encore sous l’effet du massage, je ne savais pas de quelle bête elle parlait.
- Mais que voilà un mignon petit pied que vous avez là, on ne le dirait pas vu votre … stature. Maintenant Posez le ici pour que je prenne votre mesure.
- Où ça ?
- Sur le pedimètre voyons, vous savez ce que c’est ?
- Non, c’est quoi ?
- Vous connaissez les pieds à coulisse
- Oui
- Alors, un pedimètre c’est une sorte de pied-à-coulisse qui sert à mesurer la taille des pieds dit-elle avec un sourire. Parfait ! votre pointure est 42. Vous ne le saviez pas ?
- Euh non.
Je ne voulais pas lui dire que c’était ma mère qui achetait mes chaussures.
- Dorénavant vous le saurez. Maintenant, revenons en à l’objet de votre visite, les chaussures, Avez vous une préférence ou me faites vous confiance pour choisir pour vous une nouvelle paire
- Une nouvelle paire… de quoi
- De chaussure pardi
- Oh oui, je vous fais entièrement confiance
- Parfait, ne bougez pas, je reviens !
Elle revint au bout de 5 minutes avec une boite. Cela devenait une habitude chez elle, en un mouvement de flexion gracieux, elle était à genoux assise sur ses talons, sa jupe montant plus haut me semblait-il que tout à l’heure. Il me semblait que je commençais à voir des choses que je ne devais pas voir. Elle prit négligemment mon pied gauche et le posa sur sa cuisse. C'en était trop, avec les traitements qu'ils venaient de subir, mes pieds devenaient sensibles à des choses que je n'avais jamais imaginé.
- Mais avec les nouvelles chaussures que je vous ai choisies, vous ne rentrerez pas dedans si vous n’avez pas de chaussettes, j’en ai donc ramené une paire jetables.
- Une paires de quoi ?
- De chaussettes voyons. Je vais vous les enfiler avant de mettre les chaussures.
Tout en parlant, elle prit mon pied puis avec adresse enfila la chaussette autour. elle ouvrit la boite, en sortit une chaussure noire flamboyante et enfila mon pied dedans, je sentis juste une légère résistance au niveau du talon. elle reposa mon pied et dit.
- Et voilà qui est fait, alors qu’est ce que vous ressentez ? êtes vous bien dedans ?
Je sentais un grand trouble m’envahir
- Redressez vous, mettez vous vous droit et bougez un peu
- Je sens que c’est un peu serré
- C’est normal que ce soit serré la première fois, avec le temps cela va se détendre, à force d’y rentrer et d’en sortir vous vous y ferez. Mais l’important est de vous sentir bien dedans
C’est à ce moment que je suis devenu tout rouge, elle a dû le sentir, car elle m’a dit.
- Ca ne va pas, vous tremblez de partout.
elle me prit par la taille pour me soutenir. Tout naturellement, mon bras s’est retrouvé autour de sa taille aussi, je me sentais tout chose, je me suis assis sans faire attention que j’avais juste un peignoir sur le dos, il s’était ouvert quand je me suis assis.
- Non, ça va, je vais bien, j’ai juste eu un léger vertige.
- Ca vous arrive souvent ?
Puis en se remettant en face de moi, elle a dit
- ah ! d’accord, je vois, et pourquoi pas !!!
»
- Le reste Joe, je ne peux pas te le raconter !
- T’inquiètes Georges, je devine.
…
- Joe …
- Oui Georges,
- Je crois que demain, je vais y retourner
- Pourquoi faire ?
- Pour acheter une nouvelle paire de chaussure.
…
- Comment tu la trouves ?
- Trouver quoi Joe ?
- Nathalie
- Je ne sais pas Joe, je l’ai trouvé par hasard.
- Je veux dire comment tu te sens quand tu es avec Nathalie ?
- Je me sens très bien Joe, et tout chose aussi.
- Eh bien Georges, ce sentiment que tu as, cela ressemble à de l’amour
- C’est vrai Joe ?
- Oui si je me fie à ce que tu me racontes. Alors demain si tu vas la voir, au lieu d’acheter une nouvelle paire … de chaussure, invite là plutôt à diner.
- Tu penses qu’elle va accepter ?
- J’en suis sûr, je n’ai jamais vu quelqu’un se faire dorloter comme tu l’as été dans un magasin de chaussures. Est-ce qu’elle te plaît ?
- Oui, beaucoup.
- Alors, invite là, elle va sûrement t’expliquer très exactement ce que ta mère voulait dire par « trouver chaussure à ton pied » !
aleph- Maître du Temps
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Bruit
@ aleph,
Elle est merveilleuse ton histoire, aleph. Est-ce que tu t'es mis à la composer à partir du moment où je t'ai suggéré de composer une belle oeuvre de science-fiction ayant pour thème les ondes gravitationnelles et l'Araignée ? Ça alors !
Elle est merveilleuse ton histoire, aleph. Est-ce que tu t'es mis à la composer à partir du moment où je t'ai suggéré de composer une belle oeuvre de science-fiction ayant pour thème les ondes gravitationnelles et l'Araignée ? Ça alors !
Cirtice- Maître du Temps
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Bruit
@ aleph et @ tous les poètes participants dans cette section,
À date, je n'ai lu que le texte d'aleph, mais je suis pas mal sûr que ceux des autres doivent être aussi bons. Mais ça demande beaucoup d'abnégation de votre part pour écrire de si belles choses sans demander un sou. À l'avenir, je vais visiter cette section-ci beaucoup plus souvent car ça ne doit certainement pas être une perte de temps et d'énergie. Au contraire. encore !
À date, je n'ai lu que le texte d'aleph, mais je suis pas mal sûr que ceux des autres doivent être aussi bons. Mais ça demande beaucoup d'abnégation de votre part pour écrire de si belles choses sans demander un sou. À l'avenir, je vais visiter cette section-ci beaucoup plus souvent car ça ne doit certainement pas être une perte de temps et d'énergie. Au contraire. encore !
Cirtice- Maître du Temps
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aleph- Maître du Temps
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Doutes et certitudes de Sophie
[Sophie Alys
Madame Aubertine Auclert disait en 1879 « Toute femme qui pouvant travailler, trouve plus commode de se faire loger et nourrir par son mari, n’est, selon moi, qu’une femme entretenue.» Je pense que par femme entretenue elle pensait prostituée, mais n’a osé le dire.
Aubertine dans son infinie mansuétude condamnait la femme à la quadruple peine :
- Trimer Dehors pour ramener des fonds à la maison
- Trimer dedans pour tenir la dite maison. Un homme aussi « compatissant » soit-il ne peut même imaginer l’énergie incroyable qu’il faut dépenser pour garder une maison propre et agréable à vivre.
- Trimer pour faire manger à une bande d’ingrats, enfants et mari compris.
- Trimer pour rester aimable et désirable afin que geôliers, le grand et les petits daignent la gratifier de quelques moments de calme ineffable bonheur.
Non merci, Aubertine tu te les gardes tes petits bonheurs.
Dans ma vie, je ne veux rien de tout ça, j’ai les moyens de m’en priver et je ne m’en prive pas.
J’ai eu la chance d’avoir un père généreux, il m’a légué une fortune que je ne pourrais dépenser en cinquante vies. alors j’ai décidé d’en vivre une seule à ma convenance selon mes envies.
Je suis ce qu’on appelle une femme libre à tous points de vues. J’ai fait des études comme tout le monde et plus encore, non pour trouver un travail, mais pour mon émancipation personnelle. J’ai eu un nombre sidérant de propositions d’emploi, dans des domaines aussi divers qu’inconciliables, je les ai refusées toutes. Pour certaines, il était évident que ce n’était pas mes compétences qui étaient recherchées, les yeux du patron qui « s’exorbitaient » pendant l’entretien en disaient assez. Dans ces moments là, je pense à mon père et n’arrête de le louer, le remercier pour l’immense cadeau qu’il m’a fait: Ne dépendre de personne !
Non, je ne suis pas seule. J’ai un tas d’occupations que je ne saurais énumérer, je participe à des œuvres d’intérêt général, à des groupes d’intérêts divers que je ne saurais divulguer, à des cercles de réflexion, et j’en passe. Bref je n’ai pas vraiment le temps de m’ennuyer.
Et question hommes ? oui, j’en ai un dans ma vie, il me convient pour le moment et je n’ai pas envie d’en changer, peut-être l’usure de l’âge, se mettre en chasse pour en trouver un qui ne se révèle une impasse tragiquement humaine est chose ardue et trop prenante. Je ne suis pas prête à l’entreprendre pour le moment.
Nous ne sommes ni mariés ni « pacsé » . Je ne le souhaite pas. Il a fini par me convaincre d’emménager sous le même toit. C’est une grande bâtisse que nous avons acquis et que nous entretenons. Elle est assez grande pour offrir à chacun un coin où s’isoler si tel est son bon plaisir. Mais il n’est pas question d’y amener une conquête d’un soir sous couvert de liberté.
A suivre
Madame Aubertine Auclert disait en 1879 « Toute femme qui pouvant travailler, trouve plus commode de se faire loger et nourrir par son mari, n’est, selon moi, qu’une femme entretenue.» Je pense que par femme entretenue elle pensait prostituée, mais n’a osé le dire.
Aubertine dans son infinie mansuétude condamnait la femme à la quadruple peine :
- Trimer Dehors pour ramener des fonds à la maison
- Trimer dedans pour tenir la dite maison. Un homme aussi « compatissant » soit-il ne peut même imaginer l’énergie incroyable qu’il faut dépenser pour garder une maison propre et agréable à vivre.
- Trimer pour faire manger à une bande d’ingrats, enfants et mari compris.
- Trimer pour rester aimable et désirable afin que geôliers, le grand et les petits daignent la gratifier de quelques moments de calme ineffable bonheur.
Non merci, Aubertine tu te les gardes tes petits bonheurs.
Dans ma vie, je ne veux rien de tout ça, j’ai les moyens de m’en priver et je ne m’en prive pas.
J’ai eu la chance d’avoir un père généreux, il m’a légué une fortune que je ne pourrais dépenser en cinquante vies. alors j’ai décidé d’en vivre une seule à ma convenance selon mes envies.
Je suis ce qu’on appelle une femme libre à tous points de vues. J’ai fait des études comme tout le monde et plus encore, non pour trouver un travail, mais pour mon émancipation personnelle. J’ai eu un nombre sidérant de propositions d’emploi, dans des domaines aussi divers qu’inconciliables, je les ai refusées toutes. Pour certaines, il était évident que ce n’était pas mes compétences qui étaient recherchées, les yeux du patron qui « s’exorbitaient » pendant l’entretien en disaient assez. Dans ces moments là, je pense à mon père et n’arrête de le louer, le remercier pour l’immense cadeau qu’il m’a fait: Ne dépendre de personne !
Non, je ne suis pas seule. J’ai un tas d’occupations que je ne saurais énumérer, je participe à des œuvres d’intérêt général, à des groupes d’intérêts divers que je ne saurais divulguer, à des cercles de réflexion, et j’en passe. Bref je n’ai pas vraiment le temps de m’ennuyer.
Et question hommes ? oui, j’en ai un dans ma vie, il me convient pour le moment et je n’ai pas envie d’en changer, peut-être l’usure de l’âge, se mettre en chasse pour en trouver un qui ne se révèle une impasse tragiquement humaine est chose ardue et trop prenante. Je ne suis pas prête à l’entreprendre pour le moment.
Nous ne sommes ni mariés ni « pacsé » . Je ne le souhaite pas. Il a fini par me convaincre d’emménager sous le même toit. C’est une grande bâtisse que nous avons acquis et que nous entretenons. Elle est assez grande pour offrir à chacun un coin où s’isoler si tel est son bon plaisir. Mais il n’est pas question d’y amener une conquête d’un soir sous couvert de liberté.
A suivre
aleph- Maître du Temps
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Doutes et Certitudes de Sophie
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Matt Delhom
Je suis ce qu’on peut appeler l’Indiana Jones de la Minéralogie.
Un archéologue déterre des cadavres, des squelettes et parfois des objets d’art qui racontent l’histoire. Moi, je déterre des merveilles de la nature qui racontent la grâce de l’inerte.
Des objets façonnés par Dieu lui même quand enfant il jouait avec la matière pour lui donner forme.
On trouve des couleurs, des assemblages qui ravissent l’âme par leur beauté saisissante. On trouve des minéraux solides et trapues, des minéraux fragiles et graciles, transparents, opaques, filiformes, Je pourrais vous en parler des heures.
Ce n’est point ce qu’il souhaite vous faire entendre, je suis là pour vous raconter une histoire. C’est la mienne, elle peut être la vôtre si vous n’y prenez garde … !
La vie laisse parfois très peu de choix. La prise sur les événement que l’on pense avoir est en réalité aussi fragile qu’un cristal. On la croit solide pouvant supporter des charges formidables. Or, une chute, un coup porté en traître et voilà le bel édifice qui se constelle en galaxie d’étoiles. On se sent alors seul, isolé, incarcéré en sa propre tête.
Mon métier m’appelle à de fréquents déplacements, il m’arrive de sillonner des terres arides et inconnues pendant des jours sans rencontrer âme qui vive. Mais la lueur entretenue par le feu de la quête ne laisse aucune place aux tourments de la solitude. Il m’arrive aussi, de fendre la foule bruyante et de sentir la morsure de la solitude dans la multitude.
La solitude en elle même n’est pas un problème. C’est l’envie que l’on a de la retenir ou de la rejeter qui peut devenir pathogène si, elle se trouve contrariée. Je ne suis pas bien placé pour prodiguer des conseils, mais si j’en avais un seul, je dirais, soignez votre solitude !
—— ———— —— ———— —— ————
Chevaux arabes se battant dans une écurie
L’art et le commerce peuvent-ils faire bon ménage ?
Cela dépend de qui les marie et de la dot mise dans le panier de la mariée au moment du scellement de l’union.
Le centre d’art et de commerce ArCom en est un bel exemple. C’est un complexe immense qui s’étend sur des centaines d’hectares. Il est conçu pour vous happer et ne vous lâcher qu’au moment où votre porte monnaie a exhalé son dernier sou.
Toutes les industries de la grande consommation y sont représentées : Hôtellerie, divertissement, alimentation, restauration, électronique, électroménager, ameublement, habitat, agences de voyages, transports etc ….
Au centre de ce complexe se trouve son cœur battant, un immense édifice en forme de couronne entouré d’une étendue d’eau large d’une vingtaine de mètres. Des ponts aux toits en verre rayonnent dans toutes les directions vers l’extérieur pour rejoindre des bâtiments de formes diverses spécialisés dans une activité donnée.
Au Centre, Il n’y a que trois activités qui sont autorisées, l’industrie du luxe, la gastronomie sous toutes ses formes, et des galeries d’art.
Les concepteurs du projet on imposé une contrainte singulière en matière d’occupation de l’espace. Un local libre situé entre deux locaux occupés par deux représentants de deux industries différentes ne peut être occupé par un représentant de l’une ou de l’autre, l’endroit assurait de cette façon une exposition optimale aux commerces, la clientèle très nombreuse pouvait permettre à tous un taux de fréquentation insolent.
C’est ainsi que par un hasard on ne peut plus improbable que Sophie et Matt ont chacun de son côté rejoint le centre ArCom.
Sophie pour assister à un séminaire de réflexion sur le thème : Convergence culturelle et Mondialisation.
L’idée centrale est que la mondialisation est en train de forcer la construction d’un village planétaire contre la volonté des états. Les états en position de force continuent à privilégier la libre circulation des biens dans la mesure où ils en sont les manufacturiers et que cela leur apporte un avantage conséquent lors des échanges. Or, un bien de consommation est en même temps un object culturel, il ne peut être assimilé entièrement s’il n’est pas compris dans toutes ses dimensions. En accédant à cet objet, les hommes adhèrent aux valeurs qu’il véhicule et par là même revendiquent la même liberté de circulation que celle de l’objet qu’ils acquièrent.
Cette exigence bien entendu ne fait pas l’affaire des premiers. Une dialectique s’installe, les enjeux sont immenses, les guerres ou la paix !
Quant à Matt, il voulait juste faire une halte d’une journée ou deux dans ses pérégrinations. La politique ou la sociologie n’étaient pas des sujets qui le passionnaient outre mesure. La littérature et la peinture en général était les formes d’expression qui l’intéressaient le plus. Concernant la peinture notamment, Il essayait souvent de tracer un parallèle entre des œuvres peintes et des formations minérales naturelles. Son peintre préféré est Eugène Delacroix.
Justement il y’avait une exposition qui lui était consacrée sous le titre : félins et chevaux .
Pour Matt, c’était une opportunité qu’il ne fallait surtout pas rater, il savait que la matinée donnait lieu à peu d’affluence en général, alors il voulait en profiter. Il était seul dans la salle consacrée au tableau : « Chevaux arabes se battant dans une écurie ».
C’était une petite salle carrée d'une dizaine de mètres de côté. Le tableau était accroché au mur en face de l’entrée, il n’était pas très grand. Il ne fallait pas trop s’approcher pour en saisir les détails, mais en même temps, si on s‘éloignait trop, on risquait de ne pas distinguer certains personnages dont les teintes avaient tendance à se confondre avec le fond.
L’élément central du tableau est le cheval blanc face au cheval noir.
Matt était perdu dans ses réflexions, entièrement concentré sur la scène en essayant de trouver un sens que l’artiste lui-même n’avait peut-être pas envisagé.
Les personnages humains avaient des attitudes pour le moins équivoques, il y’en avait trois.
L’homme à droite regardait le combat des chevaux avec un air impuissant. Il avait décidé en son for intérieur qu’il ne pouvait rien y changer. Celui de gauche affichait la même impuissance masquée par une main levée qui n’avait aucune prise sur les événements. Aplatis tels qu’ils l’étaient, ils préféraient voir s’écouler les cours des choses au lieu d’essayer de les infléchir selon leurs idées.
L’homme au centre était le plus ambigu, une sorte de danseur menaçant, un bâton porté haut dans sa main droite tandis que sa main gauche se déployait devant lui dans une gracieuse attitude de défense. Mais en même temps, on sentait le personnage habité par la force de la lutte : le pied gauche planté droit en sol genou plié et le genou droit à terre donnaient au corps de l’homme une posture d’un impossible élan vindicatif qui pouvait aussi bien être interprétée comme une posture de fière allégeance. !
Le cheval blanc était à l’évidence en difficulté, le cou offert à une morsure qui risquait d’être fatale, les pattes avant du cheval noir à contrario l’enlaçaient revendiquant une totale soumission. Il y avait dans ce corps à corps un résumé de toutes les luttes, les luttes féroces où le puissant impose sa marque sur le plus faible. Il y avait peut-être aussi un simulacre de lutte, cette idée effleura l’horizon de la conscience de Matt pour s’évaporer immédiatement faute de point d’ancrage.
Matt Delhom était dans cette situation quand Sophie entra dans la salle, elle ne faisait aucun bruit, Matt ne se rendait pas compte qu’il n’était plus seul. Il lui arrivait d’avancer, de reculer d’aller à gauche, ou à droite pour essayer de capter toutes les nuances du tableau. Sophie en était presque amusée. Elle s’est un moment détournée du tableau pour examiner le personnage. Elle n’en voyait que le dos, une tignasse tombante couvrant les oreilles, il portait une chemise en toile blanche qui tombait librement jusqu’à couvrir la ceinture du pantalon. Le pantalon était de belle coupe, en lin apparemment, il était porté serré. Matt avait des mocassins en daim avec des semelles pratiquement inexistantes. Il paraissait danser quand il se déplaçait.
A un certain moment. Matt commença à entamer un mouvement de recul. Sophie toujours derrière décida qu’il fallait qu’elle passe devant pour profiter elle aussi du tableau. Elle se mit en marche en adoptant une trajectoire qui aurait dû la mener au centre de la pièce en passant à gauche de Matt. Or, Matt en amorçant son mouvement de recul était dans la phase finale de sa contemplation. C’est au moment où Sophie allait passer à sa hauteur qu’il se retourna dans l’intention de se diriger vers la sortie. Le fait est que ce mouvement brusque n’était anticipé par aucun des deux. Ils allaient se télescoper frontalement ce qui risquait de leur faire mal. Matt sut réagir rapidement en ouvrant ses bras pour accueillir et tenir Sophie. Sophie elle même pour éviter que son visage vienne heurter celui de Matt plia son buste en arrière. L’ensemble donnait l’impression d’un mouvement de final de tango où le danseur tient la danseuse à bout de bras qui elle même s’abandonne dans une lascive passiveté en exposant sa poitrine au regard déterminé du danseur.
Le fait est que Matt ne lâcha pas Sophie tout de suite et que Sophie ne se plaignit pas d’être tenue à bout de bras. Ils sont resté ainsi l’éternité d’un moment puis
- Je suis profondément navré madame, J’espère que je ne vous ai pas bousculé.
- Un peu quand même, c’est aussi ma faute, vous étiez en pleine contemplation, j’aurais dû m’écarter davantage.
- Non c’est la mienne, j’ai reculé sans regarder, je pensais que j’étais seul.
- Vous savez, vous pouvez me lâcher, je peux tenir debout toute seule.
- Oh pardon, je suis vraiment désolé, je me suis comme perdu dans …
- Perdu dans le tableau avec les chevaux… n’est ce pas ? dit-elle avec un sourire indulgent.
- Oui, aussi. J’aime beaucoup ce tableau, je ne me lasse de le contempler. Je crois que je vais l’aimer davantage après cet instant. Sans vouloir vous offenser, je lui trouve après vous avoir tenu entre mes bras une autre signification que ce que suggère le titre.
- Vous savez, entre l’intention de l’artiste et l’émotion du spectateur, il n’est pas nécessaire qu’il y ait totale conjonction. Du moment que l’émotion existe, l’artiste peut s’estimer satisfait.
- C’est mon avis aussi.
Un groupe de personnes entra alors dans la salle, on entendait des bruits qui en annonçaient d’autres. Matt semblait indécis, Sophie non plus ne savait pas exactement quelle stratégie adopter. Le moment partagé était intense, mais, ils n’étaient pas tous deux dans des situations de disponibilité. Sophie fut la première à prendre congé.
- J’ai un rendez-vous dans les prochaines dix minutes, je dois y aller, je vous souhaite une bonne journée.
- Moi de même, encore toutes mes excuses pour la bousculade.
- Vous êtes pardonné, au revoir … peut être!
a suivre
Matt Delhom
Je suis ce qu’on peut appeler l’Indiana Jones de la Minéralogie.
Un archéologue déterre des cadavres, des squelettes et parfois des objets d’art qui racontent l’histoire. Moi, je déterre des merveilles de la nature qui racontent la grâce de l’inerte.
Des objets façonnés par Dieu lui même quand enfant il jouait avec la matière pour lui donner forme.
On trouve des couleurs, des assemblages qui ravissent l’âme par leur beauté saisissante. On trouve des minéraux solides et trapues, des minéraux fragiles et graciles, transparents, opaques, filiformes, Je pourrais vous en parler des heures.
Ce n’est point ce qu’il souhaite vous faire entendre, je suis là pour vous raconter une histoire. C’est la mienne, elle peut être la vôtre si vous n’y prenez garde … !
La vie laisse parfois très peu de choix. La prise sur les événement que l’on pense avoir est en réalité aussi fragile qu’un cristal. On la croit solide pouvant supporter des charges formidables. Or, une chute, un coup porté en traître et voilà le bel édifice qui se constelle en galaxie d’étoiles. On se sent alors seul, isolé, incarcéré en sa propre tête.
Mon métier m’appelle à de fréquents déplacements, il m’arrive de sillonner des terres arides et inconnues pendant des jours sans rencontrer âme qui vive. Mais la lueur entretenue par le feu de la quête ne laisse aucune place aux tourments de la solitude. Il m’arrive aussi, de fendre la foule bruyante et de sentir la morsure de la solitude dans la multitude.
La solitude en elle même n’est pas un problème. C’est l’envie que l’on a de la retenir ou de la rejeter qui peut devenir pathogène si, elle se trouve contrariée. Je ne suis pas bien placé pour prodiguer des conseils, mais si j’en avais un seul, je dirais, soignez votre solitude !
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Chevaux arabes se battant dans une écurie
L’art et le commerce peuvent-ils faire bon ménage ?
Cela dépend de qui les marie et de la dot mise dans le panier de la mariée au moment du scellement de l’union.
Le centre d’art et de commerce ArCom en est un bel exemple. C’est un complexe immense qui s’étend sur des centaines d’hectares. Il est conçu pour vous happer et ne vous lâcher qu’au moment où votre porte monnaie a exhalé son dernier sou.
Toutes les industries de la grande consommation y sont représentées : Hôtellerie, divertissement, alimentation, restauration, électronique, électroménager, ameublement, habitat, agences de voyages, transports etc ….
Au centre de ce complexe se trouve son cœur battant, un immense édifice en forme de couronne entouré d’une étendue d’eau large d’une vingtaine de mètres. Des ponts aux toits en verre rayonnent dans toutes les directions vers l’extérieur pour rejoindre des bâtiments de formes diverses spécialisés dans une activité donnée.
Au Centre, Il n’y a que trois activités qui sont autorisées, l’industrie du luxe, la gastronomie sous toutes ses formes, et des galeries d’art.
Les concepteurs du projet on imposé une contrainte singulière en matière d’occupation de l’espace. Un local libre situé entre deux locaux occupés par deux représentants de deux industries différentes ne peut être occupé par un représentant de l’une ou de l’autre, l’endroit assurait de cette façon une exposition optimale aux commerces, la clientèle très nombreuse pouvait permettre à tous un taux de fréquentation insolent.
C’est ainsi que par un hasard on ne peut plus improbable que Sophie et Matt ont chacun de son côté rejoint le centre ArCom.
Sophie pour assister à un séminaire de réflexion sur le thème : Convergence culturelle et Mondialisation.
L’idée centrale est que la mondialisation est en train de forcer la construction d’un village planétaire contre la volonté des états. Les états en position de force continuent à privilégier la libre circulation des biens dans la mesure où ils en sont les manufacturiers et que cela leur apporte un avantage conséquent lors des échanges. Or, un bien de consommation est en même temps un object culturel, il ne peut être assimilé entièrement s’il n’est pas compris dans toutes ses dimensions. En accédant à cet objet, les hommes adhèrent aux valeurs qu’il véhicule et par là même revendiquent la même liberté de circulation que celle de l’objet qu’ils acquièrent.
Cette exigence bien entendu ne fait pas l’affaire des premiers. Une dialectique s’installe, les enjeux sont immenses, les guerres ou la paix !
Quant à Matt, il voulait juste faire une halte d’une journée ou deux dans ses pérégrinations. La politique ou la sociologie n’étaient pas des sujets qui le passionnaient outre mesure. La littérature et la peinture en général était les formes d’expression qui l’intéressaient le plus. Concernant la peinture notamment, Il essayait souvent de tracer un parallèle entre des œuvres peintes et des formations minérales naturelles. Son peintre préféré est Eugène Delacroix.
Justement il y’avait une exposition qui lui était consacrée sous le titre : félins et chevaux .
Pour Matt, c’était une opportunité qu’il ne fallait surtout pas rater, il savait que la matinée donnait lieu à peu d’affluence en général, alors il voulait en profiter. Il était seul dans la salle consacrée au tableau : « Chevaux arabes se battant dans une écurie ».
C’était une petite salle carrée d'une dizaine de mètres de côté. Le tableau était accroché au mur en face de l’entrée, il n’était pas très grand. Il ne fallait pas trop s’approcher pour en saisir les détails, mais en même temps, si on s‘éloignait trop, on risquait de ne pas distinguer certains personnages dont les teintes avaient tendance à se confondre avec le fond.
L’élément central du tableau est le cheval blanc face au cheval noir.
Matt était perdu dans ses réflexions, entièrement concentré sur la scène en essayant de trouver un sens que l’artiste lui-même n’avait peut-être pas envisagé.
Les personnages humains avaient des attitudes pour le moins équivoques, il y’en avait trois.
L’homme à droite regardait le combat des chevaux avec un air impuissant. Il avait décidé en son for intérieur qu’il ne pouvait rien y changer. Celui de gauche affichait la même impuissance masquée par une main levée qui n’avait aucune prise sur les événements. Aplatis tels qu’ils l’étaient, ils préféraient voir s’écouler les cours des choses au lieu d’essayer de les infléchir selon leurs idées.
L’homme au centre était le plus ambigu, une sorte de danseur menaçant, un bâton porté haut dans sa main droite tandis que sa main gauche se déployait devant lui dans une gracieuse attitude de défense. Mais en même temps, on sentait le personnage habité par la force de la lutte : le pied gauche planté droit en sol genou plié et le genou droit à terre donnaient au corps de l’homme une posture d’un impossible élan vindicatif qui pouvait aussi bien être interprétée comme une posture de fière allégeance. !
Le cheval blanc était à l’évidence en difficulté, le cou offert à une morsure qui risquait d’être fatale, les pattes avant du cheval noir à contrario l’enlaçaient revendiquant une totale soumission. Il y avait dans ce corps à corps un résumé de toutes les luttes, les luttes féroces où le puissant impose sa marque sur le plus faible. Il y avait peut-être aussi un simulacre de lutte, cette idée effleura l’horizon de la conscience de Matt pour s’évaporer immédiatement faute de point d’ancrage.
Matt Delhom était dans cette situation quand Sophie entra dans la salle, elle ne faisait aucun bruit, Matt ne se rendait pas compte qu’il n’était plus seul. Il lui arrivait d’avancer, de reculer d’aller à gauche, ou à droite pour essayer de capter toutes les nuances du tableau. Sophie en était presque amusée. Elle s’est un moment détournée du tableau pour examiner le personnage. Elle n’en voyait que le dos, une tignasse tombante couvrant les oreilles, il portait une chemise en toile blanche qui tombait librement jusqu’à couvrir la ceinture du pantalon. Le pantalon était de belle coupe, en lin apparemment, il était porté serré. Matt avait des mocassins en daim avec des semelles pratiquement inexistantes. Il paraissait danser quand il se déplaçait.
A un certain moment. Matt commença à entamer un mouvement de recul. Sophie toujours derrière décida qu’il fallait qu’elle passe devant pour profiter elle aussi du tableau. Elle se mit en marche en adoptant une trajectoire qui aurait dû la mener au centre de la pièce en passant à gauche de Matt. Or, Matt en amorçant son mouvement de recul était dans la phase finale de sa contemplation. C’est au moment où Sophie allait passer à sa hauteur qu’il se retourna dans l’intention de se diriger vers la sortie. Le fait est que ce mouvement brusque n’était anticipé par aucun des deux. Ils allaient se télescoper frontalement ce qui risquait de leur faire mal. Matt sut réagir rapidement en ouvrant ses bras pour accueillir et tenir Sophie. Sophie elle même pour éviter que son visage vienne heurter celui de Matt plia son buste en arrière. L’ensemble donnait l’impression d’un mouvement de final de tango où le danseur tient la danseuse à bout de bras qui elle même s’abandonne dans une lascive passiveté en exposant sa poitrine au regard déterminé du danseur.
Le fait est que Matt ne lâcha pas Sophie tout de suite et que Sophie ne se plaignit pas d’être tenue à bout de bras. Ils sont resté ainsi l’éternité d’un moment puis
- Je suis profondément navré madame, J’espère que je ne vous ai pas bousculé.
- Un peu quand même, c’est aussi ma faute, vous étiez en pleine contemplation, j’aurais dû m’écarter davantage.
- Non c’est la mienne, j’ai reculé sans regarder, je pensais que j’étais seul.
- Vous savez, vous pouvez me lâcher, je peux tenir debout toute seule.
- Oh pardon, je suis vraiment désolé, je me suis comme perdu dans …
- Perdu dans le tableau avec les chevaux… n’est ce pas ? dit-elle avec un sourire indulgent.
- Oui, aussi. J’aime beaucoup ce tableau, je ne me lasse de le contempler. Je crois que je vais l’aimer davantage après cet instant. Sans vouloir vous offenser, je lui trouve après vous avoir tenu entre mes bras une autre signification que ce que suggère le titre.
- Vous savez, entre l’intention de l’artiste et l’émotion du spectateur, il n’est pas nécessaire qu’il y ait totale conjonction. Du moment que l’émotion existe, l’artiste peut s’estimer satisfait.
- C’est mon avis aussi.
Un groupe de personnes entra alors dans la salle, on entendait des bruits qui en annonçaient d’autres. Matt semblait indécis, Sophie non plus ne savait pas exactement quelle stratégie adopter. Le moment partagé était intense, mais, ils n’étaient pas tous deux dans des situations de disponibilité. Sophie fut la première à prendre congé.
- J’ai un rendez-vous dans les prochaines dix minutes, je dois y aller, je vous souhaite une bonne journée.
- Moi de même, encore toutes mes excuses pour la bousculade.
- Vous êtes pardonné, au revoir … peut être!
a suivre
aleph- Maître du Temps
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Localisation : Grand Est
Identité métaphysique : Alchimiste
Humeur : Poétique
Date d'inscription : 05/03/2016
Doutes et Certitudes Sophie
La cour de Sophie
Après le départ de Sophie, Matt resta désœuvré un long moment, il ne savait plus quelle direction prendre et ne se souvenait pas, ou ne voulait plus se souvenir de son programme de la journée.
Il est resté prisonnier du passé récent comme si les rouages de l’horloge temporelle s’étaient grippés. Le temps semblait bloqué, figé à l’image du tableau de Delacroix. Il se revoyait encore tenant Sophie dans ses bras, avec le spectacle de son décolleté profond, son cou offert pour une improbable morsure, la cascade de ses cheveux tombant dans une chute interminable. Le plus troublant était son corps qui gardait une empreinte du sien. Il avait l’impression de sentir encore sur ses mains, ses hanches et son torse la pression et la chaleur du corps de Sophie. Son parfum entêtant rajoutant encore du trouble au trouble …
Au bout d’un moment, Matt se dît que le réel devait quand même reprendre son cours, ce qui le fit penser à une phrase prononcée par Delacroix au sujet de la nouvelle terre étrangère qui lui inspira nombre de ces œuvres parmi les plus remarquables.
Il en parlait ainsi : « le sublime vivant et frappant qui court ici dans les rues et vous assassine de sa réalité ».
C’était exactement ce qu’il ressentait, un assassinat en bonne et due forme accompli par l’irruption intempestive de Sophie dans sa réalité, comme si elle était droit sortie du tableau pour tomber entre ses mains.
Cette idée eut pour effet d’éclairer son visage par un large sourire. Il accepta d’enfouir ce souvenir dans sa mémoire comme on accepte un précieux présent, puis, il sortit résolument de la salle afin d’accomplir les tâches qu’il s’était fixé pour la journée.
Vers midi, Matt prit un copieux déjeuner. Il fallait récupérer après les longues marches matinales et prévoir également les longues marches de l’après midi. Il se promit quand même de ne pas trop s’épuiser en déplacements. Les sollicitations sont tellement nombreuses dans ce centre que si on ne fixait pas de limites, on risquait de se retrouver sur les genoux.
Il est donc rentré à son Hotel, le « Solférino » vers 18 H. Sa chambre le numéro 22 était au deuxième étage. Elle comprenait une grande salle de bain, Un grand lit accolé au mur juste après. il y avait ensuite un mini salon avec trois petits fauteuils autour d’une table basse, une armoire penderie à gauche et une table contre le mur avec un réfrigérateur à droite. Au bout de la pièce, un grand rideau fait d’un tissu lourd et opaque cachait une baie vitrée avec une porte coulissante ouvrant sur une terrasse spacieuse. Cette dernière était équipée d’une table en bois avec des chaises autour, il y avait également une chaise longue matelassée. Matt se promit de s’y affaler dès qu’il prendrait sa douche.
En s’installant confortablement, Matt remarqua un mur de séparation du côté gauche. Du côté droit en revanche, il y avait juste une grille métallique ouvragée haute d’à peine un mètre qui séparait de la terrasse voisine. Au bout de cette dernière, il y avait un autre mur de séparation. Sa chambre ainsi que celle à sa droite avaient donc vocation à être communicantes.
Après la longue marche qu’il a accompli pendant la journée, il se sentait un peu las et voulait profiter de ce moment de repos en lisant un bouquin qu’il avait commencé la veille.
- Bonjour !
Matt s’était assoupi sans le vouloir. Le salut amical le fit sortir immédiatement de sa torpeur, il tenait toujours son livre en main, mais il était ouvert et posé à plat sur sa poitrine. il tourna sa tête pour identifier la personne qui le saluait. Sophie comprit, en constatant la lenteur des mouvements de la personne assise que celle ci dormait.
- Oh Désolée, je crois que je vous ai réveillé.
Matt fut debout en une fraction de seconde, le son de la voix éveilla en lui un écho fort agréable
- C’est vous !
Sophie bien entendu ne l’avait pas reconnu avant, en accédant à sa terrasse, elle avait juste vu un homme assis confortablement sur une chaise longue avec un livre en main. En tant que personne polie et bien élevée, elle avait l’habitude de saluer ceux et celles avec qui elle partageait une proximité de voisinage, ce qui était le cas dans la situation présente. En voyant Matt se lever aussi rapidement qu’un félin, elle le reconnut également.
- Oh mais dites donc, que voilà une coïncidence , désolée de vous avoir réveillé !
- Mais non, au contraire, je suis vraiment heureux que le hasard nous réunisse à nouveau, je peux ainsi réparer un oubli, je me présente : je suis Matt Delhom. dit-il en s’inclinant poliment dans une geste de révérence, appelez moi Matt.
- Et moi, je suis Sophie Alys, contente de faire votre connaissance, Sophie suffira pour moi également.
- Je tiens à vous renouveler mes excuses quant à ma maladresse de ce matin.
- C’est oublié, n’en parlons plus.
- Je ne veux pas être discourtois, mais vous comprendrez que pour ma part justement, j’au du mal à oublier cet instant.
- Vous m’intriguez Matt, je vous assure que je n’en conserve aucun traumatisme, j’aurais pu au contraire vous cogner la mâchoire et peut-être vous casser quelques dents si on s’était heurté de front. dit-elle avec un sourire.
- En fait mes pensées ne vont pas dans ce sens Sophie, je veux dire, dans le sens des dommages corporels.
- Il y aurait donc des séquelles psychiques, je serais curieuse d’en comprendre la cause et le mécanisme dit-elle avec un sourire moqueur.
- Vous savez, c’est lié au tableau qu’on était en train de contempler.
- Vous ne m’en avez laissé que des miettes, vous vous êtes accaparé la salle à vous seul en bougeant dans tous les sens.
- Je pensais que j’étais seul dit-il d’un air penaud, puis: et voilà, je savais bien que vous aviez des motifs de m’en vouloir.
- Mais non, c’est juste une pique bien méritée.
- C’est vrai, je la mérite, j’ai fait si peu de cas d’éventuels spectateurs. Puis avec un sourire, Mais ils n’avaient qu’à se manifester pour que je leur laisse de la place. Il n’en demeure pas moins que j’ai énormément apprécié ma solitude avec le tableau, il me semble même en avoir percé un sens inattendu, et ce grâce à vous.
- Mais voyons Matt, Vous ne m’avez pas associé à sa contemplation, comment pouvez-vous dire que j’intervienne en quoi que ce soit dans le sens que vous lui donnez.
- Euh, c’est une interprétation à postériori qui s’est imposée par la dynamique de la situation dans laquelle on s’est trouvés quand on s’est heurtés.
- Je suis de plus en plus intriguée et impatiente de connaître la suite, j’espère que vous allez me livrer le fond de votre pensée.
- Au point où on en est, je ne peux faire autrement. Voyez-vous, j’étais encore habité par le tableau quand vous êtes tombée dans mes bras
- Je ne suis pas tombée dans vos bras voyons, vous m’êtes rentré dedans dit-elle l’air fâchée
- Euh c’est vrai je le concède, je vous suis rentré dedans comme … un bulldozer disons-le, une vraie brute.
- N’exagérons rien, disons un dandy fort maladroit.
- J’avale mon amour propre et j’accepte le qualificatif, en même temps je vous remercie pour le compliment quant à ma prétendue élégance.
- De rien, le compliment est sincère, mais gare à perdre le fil.
- Très bien, je disais donc : je vous suis rentré dedans, vous auriez pu me casser quelques dents si on s’était heurtés, au lieu de cela, vous vous êtes appuyée tout contre moi pour pouvoir rejeter votre buste en arrière, vous auriez pu tomber.
- Il me semble que vous m’avez retenue
- Oui, il me semblait que qu’il ne fallait pas que je vous relâche. j’avais peur que vous tombiez.
- Et moi, je me demandais quand est ce que vous alliez vous résoudre à me relâcher.
- Pour moi le temps s’était arrêté, je venais de sortir du tableau, je veux dire intellectuellement bien entendu. Vous avoir juste après entre mes bras comme par enchantement m’y a replongé.
- Ah, je comprends …
- Vous comprenez quoi ?
- Je n’ai rien à dire Matt, c’est vous qui êtes sur la sellette.
- C’est une position qui n’est pas très confortable, mais du moment que ma présence ne vous pèse, je m’en contenterai.
- Vous ferez bien de vous en contenter, et puis, ne vous inquiétez pas, je suis sensible à votre présence, sinon, vous seriez en train de souffrir de mon absence !
- Merci, cela ma rassure et me flatte, il me semble vous connaître depuis fort longtemps.
- C’est juste une impression Matt. Revenons au tableau voulez-vous ? vous n’avez pas fini votre histoire.
- Oui en effet, vous vous souvenez des deux chevaux dans le tableau de Delacroix ?
- Oui.
- Vous arrivez à les visualiser maintenant et de quelle façon ils sont positionnés l’un par rapport à l’autre ?
- Il me semble que oui, le cheval marron est derrière, le blanc plus petit est devant.
- Et que font-ils d’après vous ?
- Ils se battent n’est ce pas le titre de l’œuvre ? d’ailleurs le grand mord ou essaie de mordre le petit !
- C’est le titre officiel de l’œuvre, ils se battent, mais je n’en suis pas si sûr
- Ah, vous avez donc eu une illumination, pouvez vous m’en faire part ?
- hum, c’est un peu délicat Sophie.
- Voyez vous ça, vous voulez vendre la peau de l’ours plus cher qu’elle ne vaut à mon avis.
- Oui et non, j’ai plutôt peur de perdre l’ours en question dit Matt avec un grand sourire.
- Allez ne vous faites pas prier et videz votre sac.
- Très bien, nous sommes d’accord, le cheval marron est plus grand, il est derrière, le cheval blanc est devant, il est plus petit. De plus le cheval marron entoure le blanc avec ses pattes et essaie de le prendre à la gorge. Au moment de vous tenir entre mes bras je nous voyais comme si nous étions les deux chevaux du tableau.
- Oh Oh bravo Matt, vous décrochez le pompon, personne avant vous ne m’a traité de jument dit-elle avec un grand rire
- Et j’avais envie de vous mordre le cou!
- Mon Dieu … dit-elle avec un sourire de frayeur feinte …
après un moment de silence, Sophie reprit le dialogue :
- Dites moi Matt !
- Oui Sophie,
- Est ce que vous ne seriez pas en train de me faire la cour par hasard ?
- Je ne sais si vous auriez accepté si je vous avais demandé la permission .
- Je ne sais comment je l’aurais pris, mais apparemment vous n’avez pas attendu ma permission.
- J’ai cru m’en affranchir puisque le destin vous a littéralement jeté dans mes bras. Je ne vous aurais pas relâché si vous ne me l’aviez commandé.
- Voyons Matt, le destin ne jette rien du tout. Mais au fait, dites moi, il vous arrive souvent de bousculer les dames pour les entrainer ensuite de force dans votre couche ?
- Honnêtement non, c’est la première fois que j’essaie, mais apparemment cela ne fonctionne pas. A y réfléchir, j’aurais peut-être dû forcer le trait. J’aurais dû vous empoigner par la chevelure et vous entrainer dans ma grotte à l’instar de l’homme préhistorique.
- Je ne sais pas si j’aurais aimé être traité de la sorte, c’est quand même assez violent et verigineux, ne trouvez-vous pas?
- Vous savez il existe certaines coutumes en Asie où le futur mari guette la jeune fille de ses rêves. Quand elle sort du village pour une quelconque raison, il la kidnappe et ne lui permet de visiter sa famille que lorsque le mariage est consommé.
- Je connais cette coutume, elle existe en Afrique aussi, mais on ne peut dire que tous les enlèvements soient consentis. indubitablement il y a une part qui relève de l’union forcée.
- Pour un homme, entrainer une femme par les cheveux ou en kidnapper une à dos de chevaux revient au même !
- Ha Ha ! Vous avez raté les deux occasions à ce que je vois, j’ai mis mes cheveux en chignon et vos chevaux sont restés dans la salle d’exposition.
- N’oubliez pas que j’étais cheval dans mon imaginaire, je pourrais aussi bien vous porter sur mon dos.
- Vous pouvez effectivement, je suis très bonne écuyère et je peux vous mener là où je veux à ma guise, peut-être que vous n’y trouverez pas votre compte finalement?
- Oh que si, vous être agréable ainsi dame Sophie serait le couronnement d’une vie, le comble du bonheur à être de vous si proche de cette façon.
- Pourquoi ai-je cette impression de m’être faite avoir ? dit-elle pensive.
- euh … je peux vous expliquer …
- Silence vous là bas, ne m’avez pas faite reine en m’offrant une cour ?
- Etre votre sujet me comblerait jusqu’a la fin des jours
- Soit et que feriez pour mon bon plaisir ?
- En tant que sujet, il va de soit que je plierai le verbe à votre bon vouloir !
- C’en est trop, n’avez pas d’autre hâte que celle de m’entraîner dans votre lit ?
- Voyons dame Sophie, pensez vous que limaille ait une quelconque influence sur son destin quand un puissant aimant passe à proximité ?
- Ha Ha, nous y voilà, C’est encore ma faute, je suis donc responsable de ce qui m’arrive, je n’ai qu’à être laide pour les repousser tous.
- Dit ainsi cela jette un trouble,
- C’est fait exprès, il faut refroidir certaines ardeurs qui s’enflamment facilement.
- Vous n’y êtes pas du tout, c’est d’autant plus troublant que vous en devenez affreusement attirante. C’est comme si vous jetiez plutôt un tison dans un champ de pétrole.
- Aie, alors changement de stratégie, disons que je vous quitte et vous ferme la porte au nez.
- Alors à quoi bon souffrir, je chérirai votre souvenir.
- Très bien alors coupons la poire en deux et disons plutôt qu’il ne faut aller trop vite en besogne, le temps manque pour que les esprits s’accordent. A quoi cela sert-il de de s’asseoir à une table dressée dans la hâte? de goûter à une cuisine dont on ne s’est pas fait assez vanter les mérites par le chef en personne ? Nous sommes tous les deux à un âge où les coups de tête sont plus réfléchis que subits, ne pensez-vous pas ?
- Je pense que vous avez raison et qu’il faut vivre son temps en savourant tous les instants. La belle musique est faite de bruits et de silences. Je vous propose donc la chose suivante. Demain on passe la journée ensemble, on prend le petit déjeuner ensemble comme si on était un vieux couple, on sort faire du shopping partout où cela vous plaira, le soir je vous emmène diner dans une oasis, nous laisserons nos pas décider du sort de la nuit ensuite, qu’en dites vous ?
- Cela me semble une trêve fort belliqueuse dans votre tentative d’approche. Je pense que ça vaut le coup de tenter … le coup. Pour le petit déjeuner vous comprendrez qu’il n’est pas question que je me déplace c’est donc moi qui le commande pour nous deux, je demanderai que la table soit dressée ici-même. Quand tout sera prêt, mettez votre plus belle robe de chambre et venez me rejoindre. Inutile de frapper à la porte, il suffira d’enjamber la clôture.
a suivre
Après le départ de Sophie, Matt resta désœuvré un long moment, il ne savait plus quelle direction prendre et ne se souvenait pas, ou ne voulait plus se souvenir de son programme de la journée.
Il est resté prisonnier du passé récent comme si les rouages de l’horloge temporelle s’étaient grippés. Le temps semblait bloqué, figé à l’image du tableau de Delacroix. Il se revoyait encore tenant Sophie dans ses bras, avec le spectacle de son décolleté profond, son cou offert pour une improbable morsure, la cascade de ses cheveux tombant dans une chute interminable. Le plus troublant était son corps qui gardait une empreinte du sien. Il avait l’impression de sentir encore sur ses mains, ses hanches et son torse la pression et la chaleur du corps de Sophie. Son parfum entêtant rajoutant encore du trouble au trouble …
Au bout d’un moment, Matt se dît que le réel devait quand même reprendre son cours, ce qui le fit penser à une phrase prononcée par Delacroix au sujet de la nouvelle terre étrangère qui lui inspira nombre de ces œuvres parmi les plus remarquables.
Il en parlait ainsi : « le sublime vivant et frappant qui court ici dans les rues et vous assassine de sa réalité ».
C’était exactement ce qu’il ressentait, un assassinat en bonne et due forme accompli par l’irruption intempestive de Sophie dans sa réalité, comme si elle était droit sortie du tableau pour tomber entre ses mains.
Cette idée eut pour effet d’éclairer son visage par un large sourire. Il accepta d’enfouir ce souvenir dans sa mémoire comme on accepte un précieux présent, puis, il sortit résolument de la salle afin d’accomplir les tâches qu’il s’était fixé pour la journée.
Vers midi, Matt prit un copieux déjeuner. Il fallait récupérer après les longues marches matinales et prévoir également les longues marches de l’après midi. Il se promit quand même de ne pas trop s’épuiser en déplacements. Les sollicitations sont tellement nombreuses dans ce centre que si on ne fixait pas de limites, on risquait de se retrouver sur les genoux.
Il est donc rentré à son Hotel, le « Solférino » vers 18 H. Sa chambre le numéro 22 était au deuxième étage. Elle comprenait une grande salle de bain, Un grand lit accolé au mur juste après. il y avait ensuite un mini salon avec trois petits fauteuils autour d’une table basse, une armoire penderie à gauche et une table contre le mur avec un réfrigérateur à droite. Au bout de la pièce, un grand rideau fait d’un tissu lourd et opaque cachait une baie vitrée avec une porte coulissante ouvrant sur une terrasse spacieuse. Cette dernière était équipée d’une table en bois avec des chaises autour, il y avait également une chaise longue matelassée. Matt se promit de s’y affaler dès qu’il prendrait sa douche.
En s’installant confortablement, Matt remarqua un mur de séparation du côté gauche. Du côté droit en revanche, il y avait juste une grille métallique ouvragée haute d’à peine un mètre qui séparait de la terrasse voisine. Au bout de cette dernière, il y avait un autre mur de séparation. Sa chambre ainsi que celle à sa droite avaient donc vocation à être communicantes.
Après la longue marche qu’il a accompli pendant la journée, il se sentait un peu las et voulait profiter de ce moment de repos en lisant un bouquin qu’il avait commencé la veille.
- Bonjour !
Matt s’était assoupi sans le vouloir. Le salut amical le fit sortir immédiatement de sa torpeur, il tenait toujours son livre en main, mais il était ouvert et posé à plat sur sa poitrine. il tourna sa tête pour identifier la personne qui le saluait. Sophie comprit, en constatant la lenteur des mouvements de la personne assise que celle ci dormait.
- Oh Désolée, je crois que je vous ai réveillé.
Matt fut debout en une fraction de seconde, le son de la voix éveilla en lui un écho fort agréable
- C’est vous !
Sophie bien entendu ne l’avait pas reconnu avant, en accédant à sa terrasse, elle avait juste vu un homme assis confortablement sur une chaise longue avec un livre en main. En tant que personne polie et bien élevée, elle avait l’habitude de saluer ceux et celles avec qui elle partageait une proximité de voisinage, ce qui était le cas dans la situation présente. En voyant Matt se lever aussi rapidement qu’un félin, elle le reconnut également.
- Oh mais dites donc, que voilà une coïncidence , désolée de vous avoir réveillé !
- Mais non, au contraire, je suis vraiment heureux que le hasard nous réunisse à nouveau, je peux ainsi réparer un oubli, je me présente : je suis Matt Delhom. dit-il en s’inclinant poliment dans une geste de révérence, appelez moi Matt.
- Et moi, je suis Sophie Alys, contente de faire votre connaissance, Sophie suffira pour moi également.
- Je tiens à vous renouveler mes excuses quant à ma maladresse de ce matin.
- C’est oublié, n’en parlons plus.
- Je ne veux pas être discourtois, mais vous comprendrez que pour ma part justement, j’au du mal à oublier cet instant.
- Vous m’intriguez Matt, je vous assure que je n’en conserve aucun traumatisme, j’aurais pu au contraire vous cogner la mâchoire et peut-être vous casser quelques dents si on s’était heurté de front. dit-elle avec un sourire.
- En fait mes pensées ne vont pas dans ce sens Sophie, je veux dire, dans le sens des dommages corporels.
- Il y aurait donc des séquelles psychiques, je serais curieuse d’en comprendre la cause et le mécanisme dit-elle avec un sourire moqueur.
- Vous savez, c’est lié au tableau qu’on était en train de contempler.
- Vous ne m’en avez laissé que des miettes, vous vous êtes accaparé la salle à vous seul en bougeant dans tous les sens.
- Je pensais que j’étais seul dit-il d’un air penaud, puis: et voilà, je savais bien que vous aviez des motifs de m’en vouloir.
- Mais non, c’est juste une pique bien méritée.
- C’est vrai, je la mérite, j’ai fait si peu de cas d’éventuels spectateurs. Puis avec un sourire, Mais ils n’avaient qu’à se manifester pour que je leur laisse de la place. Il n’en demeure pas moins que j’ai énormément apprécié ma solitude avec le tableau, il me semble même en avoir percé un sens inattendu, et ce grâce à vous.
- Mais voyons Matt, Vous ne m’avez pas associé à sa contemplation, comment pouvez-vous dire que j’intervienne en quoi que ce soit dans le sens que vous lui donnez.
- Euh, c’est une interprétation à postériori qui s’est imposée par la dynamique de la situation dans laquelle on s’est trouvés quand on s’est heurtés.
- Je suis de plus en plus intriguée et impatiente de connaître la suite, j’espère que vous allez me livrer le fond de votre pensée.
- Au point où on en est, je ne peux faire autrement. Voyez-vous, j’étais encore habité par le tableau quand vous êtes tombée dans mes bras
- Je ne suis pas tombée dans vos bras voyons, vous m’êtes rentré dedans dit-elle l’air fâchée
- Euh c’est vrai je le concède, je vous suis rentré dedans comme … un bulldozer disons-le, une vraie brute.
- N’exagérons rien, disons un dandy fort maladroit.
- J’avale mon amour propre et j’accepte le qualificatif, en même temps je vous remercie pour le compliment quant à ma prétendue élégance.
- De rien, le compliment est sincère, mais gare à perdre le fil.
- Très bien, je disais donc : je vous suis rentré dedans, vous auriez pu me casser quelques dents si on s’était heurtés, au lieu de cela, vous vous êtes appuyée tout contre moi pour pouvoir rejeter votre buste en arrière, vous auriez pu tomber.
- Il me semble que vous m’avez retenue
- Oui, il me semblait que qu’il ne fallait pas que je vous relâche. j’avais peur que vous tombiez.
- Et moi, je me demandais quand est ce que vous alliez vous résoudre à me relâcher.
- Pour moi le temps s’était arrêté, je venais de sortir du tableau, je veux dire intellectuellement bien entendu. Vous avoir juste après entre mes bras comme par enchantement m’y a replongé.
- Ah, je comprends …
- Vous comprenez quoi ?
- Je n’ai rien à dire Matt, c’est vous qui êtes sur la sellette.
- C’est une position qui n’est pas très confortable, mais du moment que ma présence ne vous pèse, je m’en contenterai.
- Vous ferez bien de vous en contenter, et puis, ne vous inquiétez pas, je suis sensible à votre présence, sinon, vous seriez en train de souffrir de mon absence !
- Merci, cela ma rassure et me flatte, il me semble vous connaître depuis fort longtemps.
- C’est juste une impression Matt. Revenons au tableau voulez-vous ? vous n’avez pas fini votre histoire.
- Oui en effet, vous vous souvenez des deux chevaux dans le tableau de Delacroix ?
- Oui.
- Vous arrivez à les visualiser maintenant et de quelle façon ils sont positionnés l’un par rapport à l’autre ?
- Il me semble que oui, le cheval marron est derrière, le blanc plus petit est devant.
- Et que font-ils d’après vous ?
- Ils se battent n’est ce pas le titre de l’œuvre ? d’ailleurs le grand mord ou essaie de mordre le petit !
- C’est le titre officiel de l’œuvre, ils se battent, mais je n’en suis pas si sûr
- Ah, vous avez donc eu une illumination, pouvez vous m’en faire part ?
- hum, c’est un peu délicat Sophie.
- Voyez vous ça, vous voulez vendre la peau de l’ours plus cher qu’elle ne vaut à mon avis.
- Oui et non, j’ai plutôt peur de perdre l’ours en question dit Matt avec un grand sourire.
- Allez ne vous faites pas prier et videz votre sac.
- Très bien, nous sommes d’accord, le cheval marron est plus grand, il est derrière, le cheval blanc est devant, il est plus petit. De plus le cheval marron entoure le blanc avec ses pattes et essaie de le prendre à la gorge. Au moment de vous tenir entre mes bras je nous voyais comme si nous étions les deux chevaux du tableau.
- Oh Oh bravo Matt, vous décrochez le pompon, personne avant vous ne m’a traité de jument dit-elle avec un grand rire
- Et j’avais envie de vous mordre le cou!
- Mon Dieu … dit-elle avec un sourire de frayeur feinte …
après un moment de silence, Sophie reprit le dialogue :
- Dites moi Matt !
- Oui Sophie,
- Est ce que vous ne seriez pas en train de me faire la cour par hasard ?
- Je ne sais si vous auriez accepté si je vous avais demandé la permission .
- Je ne sais comment je l’aurais pris, mais apparemment vous n’avez pas attendu ma permission.
- J’ai cru m’en affranchir puisque le destin vous a littéralement jeté dans mes bras. Je ne vous aurais pas relâché si vous ne me l’aviez commandé.
- Voyons Matt, le destin ne jette rien du tout. Mais au fait, dites moi, il vous arrive souvent de bousculer les dames pour les entrainer ensuite de force dans votre couche ?
- Honnêtement non, c’est la première fois que j’essaie, mais apparemment cela ne fonctionne pas. A y réfléchir, j’aurais peut-être dû forcer le trait. J’aurais dû vous empoigner par la chevelure et vous entrainer dans ma grotte à l’instar de l’homme préhistorique.
- Je ne sais pas si j’aurais aimé être traité de la sorte, c’est quand même assez violent et verigineux, ne trouvez-vous pas?
- Vous savez il existe certaines coutumes en Asie où le futur mari guette la jeune fille de ses rêves. Quand elle sort du village pour une quelconque raison, il la kidnappe et ne lui permet de visiter sa famille que lorsque le mariage est consommé.
- Je connais cette coutume, elle existe en Afrique aussi, mais on ne peut dire que tous les enlèvements soient consentis. indubitablement il y a une part qui relève de l’union forcée.
- Pour un homme, entrainer une femme par les cheveux ou en kidnapper une à dos de chevaux revient au même !
- Ha Ha ! Vous avez raté les deux occasions à ce que je vois, j’ai mis mes cheveux en chignon et vos chevaux sont restés dans la salle d’exposition.
- N’oubliez pas que j’étais cheval dans mon imaginaire, je pourrais aussi bien vous porter sur mon dos.
- Vous pouvez effectivement, je suis très bonne écuyère et je peux vous mener là où je veux à ma guise, peut-être que vous n’y trouverez pas votre compte finalement?
- Oh que si, vous être agréable ainsi dame Sophie serait le couronnement d’une vie, le comble du bonheur à être de vous si proche de cette façon.
- Pourquoi ai-je cette impression de m’être faite avoir ? dit-elle pensive.
- euh … je peux vous expliquer …
- Silence vous là bas, ne m’avez pas faite reine en m’offrant une cour ?
- Etre votre sujet me comblerait jusqu’a la fin des jours
- Soit et que feriez pour mon bon plaisir ?
- En tant que sujet, il va de soit que je plierai le verbe à votre bon vouloir !
- C’en est trop, n’avez pas d’autre hâte que celle de m’entraîner dans votre lit ?
- Voyons dame Sophie, pensez vous que limaille ait une quelconque influence sur son destin quand un puissant aimant passe à proximité ?
- Ha Ha, nous y voilà, C’est encore ma faute, je suis donc responsable de ce qui m’arrive, je n’ai qu’à être laide pour les repousser tous.
- Dit ainsi cela jette un trouble,
- C’est fait exprès, il faut refroidir certaines ardeurs qui s’enflamment facilement.
- Vous n’y êtes pas du tout, c’est d’autant plus troublant que vous en devenez affreusement attirante. C’est comme si vous jetiez plutôt un tison dans un champ de pétrole.
- Aie, alors changement de stratégie, disons que je vous quitte et vous ferme la porte au nez.
- Alors à quoi bon souffrir, je chérirai votre souvenir.
- Très bien alors coupons la poire en deux et disons plutôt qu’il ne faut aller trop vite en besogne, le temps manque pour que les esprits s’accordent. A quoi cela sert-il de de s’asseoir à une table dressée dans la hâte? de goûter à une cuisine dont on ne s’est pas fait assez vanter les mérites par le chef en personne ? Nous sommes tous les deux à un âge où les coups de tête sont plus réfléchis que subits, ne pensez-vous pas ?
- Je pense que vous avez raison et qu’il faut vivre son temps en savourant tous les instants. La belle musique est faite de bruits et de silences. Je vous propose donc la chose suivante. Demain on passe la journée ensemble, on prend le petit déjeuner ensemble comme si on était un vieux couple, on sort faire du shopping partout où cela vous plaira, le soir je vous emmène diner dans une oasis, nous laisserons nos pas décider du sort de la nuit ensuite, qu’en dites vous ?
- Cela me semble une trêve fort belliqueuse dans votre tentative d’approche. Je pense que ça vaut le coup de tenter … le coup. Pour le petit déjeuner vous comprendrez qu’il n’est pas question que je me déplace c’est donc moi qui le commande pour nous deux, je demanderai que la table soit dressée ici-même. Quand tout sera prêt, mettez votre plus belle robe de chambre et venez me rejoindre. Inutile de frapper à la porte, il suffira d’enjamber la clôture.
a suivre
aleph- Maître du Temps
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Localisation : Grand Est
Identité métaphysique : Alchimiste
Humeur : Poétique
Date d'inscription : 05/03/2016
Doutes et Certitudes de Sophie
—— ———— —— ———— —— ————
Le plus beau jour de Sophie
Imaginez le plus beau jour de votre votre vie, suivi de sa plus belle nuit!
(car en vertu du décret Numéro xxx relatif à la loi de protection et de répression des mœurs … descriptif non fourni)
—— ———— —— ———— —— ————
La chute de Sophie
A 6 heures du matin, une unité d’agents de police composée de trois hommes et d’une femme s’est présentée à l’hôtel Solférino. Ils ont réquisitionné l’agent d’accueil de l’hôtel en lui demandant de les suivre en se munissant des clés magnétiques des chambres 22 et 24 au deuxième étage. En sortant de l’ascenseur, ils ont congédiés l’agent quand ils se sont assurés que les chambres étaient mitoyennes, ils ont d’abord ouvert la chambre 22. Ils sont entrés puis ressortis moins d’une minute pus tard. Puis, ils ont ouvert la chambre 24 et sont tous entrés.
La chambre était spacieuse, des rideaux opaques couvraient tout le mur au loin, au centre, il y avait un grand lit où deux personnes enlacées dormaient paisiblement toutes nues et complètement découvertes.
Les policiers sont restés un moment comme fascinés par le spectacle, puis le brigadier émit un raclement de gorge
- Robert, trouve l’interrupteur et allume s’il te plait
- Oui chef !
Les voix ainsi que la lumière eurent pour effet de réveiller les dormeurs. La surprise, l’effroi ainsi qu’une immense incompréhension se lisaient dans leurs yeux, cependant, c’est leur nudité en face d’inconnus qui les a profondément choqué. Ils se sont tous les deux empressés de ramener à eux un pan de couverture dans lequel il semblaient chercher une protection dérisoire. Un sentiment de sécurité à jamais compromise les envahit. Ils bégayaient des mots sans suite, inarticulés, leur sidération était totale.
Le brigadier s’adressa alors à eux en commençant par l’homme :
- Vous êtes monsieur Matt Delhom ?
- Oui, mais que…
- Ne dites rien s’il vous plait et écoutez attentivement, je vais vous lire vos droits
- Mais …
- Je vous dis de vous taire s’il vous plaît :
« Au nom de la loi je vous arrête pour mise en examen dans le cadre d’une présomption d’infraction à la loi sur la pénalisation des actes d’achat de faveurs sexuelles. Le flagrant délit est attesté par moi-même Bernard lhermite agent assermenté, brigadier-chef de l’unité Alpha de la brigade de protection et de répression des mœurs, ainsi que des agents assermentés ici présents : Natacha Apoel, Raymond Carré et Robert guitar . Tout ce que vous direz dorénavant pourra être retenu conte vous» . Robert, tu veux bien lui mettre les menottes
- Oui chef !
Matt était comme assommé, il ne savait pas exactement comment réagir, il dît finalement :
- Je veux voir mon avocat !
Le brigadier eut un sourire de compassion.
- Mon bon monsieur, ça, ça marchait avant, ça eut marché, ça ne marche plus maintenant, je vous ai signifié votre mise en examen, ce qui signifie par le fait même l’extinction de vos droits civiques conformément à la loi sur le terrorisme. Vos droits sont suspendus pour une période de 48 heures … ouvrées. Ce n’est qu’à l’issue de cette période incompressible que vous pouvez prétendre à quoi que ce soit, pour l’heure, on vous emmène au poste. Bernard, trouve quelque chose pour couvrir le monsieur !
Le brigadier se tourna alors vers Sophie qui tremblait comme une feuille en s’accrochant à se blanchir les doigts au bout de couverture qui cachait sa poitrine, ses yeux bougeaient constamment sans pouvoir s’arrêter sur quoi que ce soit qui la rassure dans ce cauchemar qu’elle vivait
- Vous êtes madame Sophie Alys ?
- Voui ..
- Je vais vous lire vos droits, alors écoutez attentivement :
- … hochement de tête…
- « Au nom de la loi je vous arrête pour mise en examen dans le cadre d’une présomption de complicité d’infraction à la loi sur la pénalisation des actes d’achat de faveurs sexuelles. Le flagrant délit est attesté par moi-même Bernard lhermite agent assermenté, brigadier-chef de l’unité Alpha de la brigade de protection et de répression des mœurs, ainsi que des agents assermentés ici présents : Natacha Apoel, Raymond Carré et Robert guitar . Tout ce que vous direz dorénavant pourra être retenu conte vous». Natacha, trouve quelque chose pour couvrir la dame et mets lui les menottes s’il te plait
- Oui chef .
Le brigadier chef fut le dernier à sortir de la chambre. En fermant la porte derrière lui, il laissa échapper un soupir :
- Je hais ce métier ….
a suivre
Le plus beau jour de Sophie
Imaginez le plus beau jour de votre votre vie, suivi de sa plus belle nuit!
(car en vertu du décret Numéro xxx relatif à la loi de protection et de répression des mœurs … descriptif non fourni)
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La chute de Sophie
A 6 heures du matin, une unité d’agents de police composée de trois hommes et d’une femme s’est présentée à l’hôtel Solférino. Ils ont réquisitionné l’agent d’accueil de l’hôtel en lui demandant de les suivre en se munissant des clés magnétiques des chambres 22 et 24 au deuxième étage. En sortant de l’ascenseur, ils ont congédiés l’agent quand ils se sont assurés que les chambres étaient mitoyennes, ils ont d’abord ouvert la chambre 22. Ils sont entrés puis ressortis moins d’une minute pus tard. Puis, ils ont ouvert la chambre 24 et sont tous entrés.
La chambre était spacieuse, des rideaux opaques couvraient tout le mur au loin, au centre, il y avait un grand lit où deux personnes enlacées dormaient paisiblement toutes nues et complètement découvertes.
Les policiers sont restés un moment comme fascinés par le spectacle, puis le brigadier émit un raclement de gorge
- Robert, trouve l’interrupteur et allume s’il te plait
- Oui chef !
Les voix ainsi que la lumière eurent pour effet de réveiller les dormeurs. La surprise, l’effroi ainsi qu’une immense incompréhension se lisaient dans leurs yeux, cependant, c’est leur nudité en face d’inconnus qui les a profondément choqué. Ils se sont tous les deux empressés de ramener à eux un pan de couverture dans lequel il semblaient chercher une protection dérisoire. Un sentiment de sécurité à jamais compromise les envahit. Ils bégayaient des mots sans suite, inarticulés, leur sidération était totale.
Le brigadier s’adressa alors à eux en commençant par l’homme :
- Vous êtes monsieur Matt Delhom ?
- Oui, mais que…
- Ne dites rien s’il vous plait et écoutez attentivement, je vais vous lire vos droits
- Mais …
- Je vous dis de vous taire s’il vous plaît :
« Au nom de la loi je vous arrête pour mise en examen dans le cadre d’une présomption d’infraction à la loi sur la pénalisation des actes d’achat de faveurs sexuelles. Le flagrant délit est attesté par moi-même Bernard lhermite agent assermenté, brigadier-chef de l’unité Alpha de la brigade de protection et de répression des mœurs, ainsi que des agents assermentés ici présents : Natacha Apoel, Raymond Carré et Robert guitar . Tout ce que vous direz dorénavant pourra être retenu conte vous» . Robert, tu veux bien lui mettre les menottes
- Oui chef !
Matt était comme assommé, il ne savait pas exactement comment réagir, il dît finalement :
- Je veux voir mon avocat !
Le brigadier eut un sourire de compassion.
- Mon bon monsieur, ça, ça marchait avant, ça eut marché, ça ne marche plus maintenant, je vous ai signifié votre mise en examen, ce qui signifie par le fait même l’extinction de vos droits civiques conformément à la loi sur le terrorisme. Vos droits sont suspendus pour une période de 48 heures … ouvrées. Ce n’est qu’à l’issue de cette période incompressible que vous pouvez prétendre à quoi que ce soit, pour l’heure, on vous emmène au poste. Bernard, trouve quelque chose pour couvrir le monsieur !
Le brigadier se tourna alors vers Sophie qui tremblait comme une feuille en s’accrochant à se blanchir les doigts au bout de couverture qui cachait sa poitrine, ses yeux bougeaient constamment sans pouvoir s’arrêter sur quoi que ce soit qui la rassure dans ce cauchemar qu’elle vivait
- Vous êtes madame Sophie Alys ?
- Voui ..
- Je vais vous lire vos droits, alors écoutez attentivement :
- … hochement de tête…
- « Au nom de la loi je vous arrête pour mise en examen dans le cadre d’une présomption de complicité d’infraction à la loi sur la pénalisation des actes d’achat de faveurs sexuelles. Le flagrant délit est attesté par moi-même Bernard lhermite agent assermenté, brigadier-chef de l’unité Alpha de la brigade de protection et de répression des mœurs, ainsi que des agents assermentés ici présents : Natacha Apoel, Raymond Carré et Robert guitar . Tout ce que vous direz dorénavant pourra être retenu conte vous». Natacha, trouve quelque chose pour couvrir la dame et mets lui les menottes s’il te plait
- Oui chef .
Le brigadier chef fut le dernier à sortir de la chambre. En fermant la porte derrière lui, il laissa échapper un soupir :
- Je hais ce métier ….
a suivre
aleph- Maître du Temps
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Doutes et Certitudes de Sophie
L’interrogatoire ou le dilemme de Sophie
Mat bouillonnait comme une marmite, Ils l’ont ex-filtré de son hôtel. Ils l’ont mis dans une fourgonnette avec Sophie, arrivés au poste comme ils disaient, ils les ont séparé. Il s’est retrouvé dans une salle au plafond bas sans fenêtres, terriblement oppressante avec le plafond qui semblait vouloir vous écraser.
Il y avait une table au centre avec deux chaises de part et d’autre. Dans un coin de la pièce, il y avait un lit de camp rudimentaire. Ils lui ont dit de s’asseoir dans une chaise et lui ont enlevé les menottes. un des policiers a ouvert une armoire qu’il n’avait pas vu en entrant, il est revenu vers lui en portant une combinaison grise accrochée à un cintre, il lui a dit en la déposant : « voilà de quoi vous habiller ». Puis ils sont tous sortis en le laissant seul. Matt avait juste un drap sur le dos, il enfila la combinaison, elle sentait la javel, mais elle était à sa taille. Il inspecta l’armoire, il y avaient deux coussins et une couverture qu’il prit, s’installa dans le lit de camp, puis se résolut à dormir en se disant que c’était peut-être la meilleure chose à faire en attendant.
Il ne savait pas combien de temps il a dormi, il fut réveillé par un bruit de sonnette qui venait de la porte d’entrée. Le temps qu’il se lève de sa couche, la porte s’était ouverte et une jeune femme portant chemisier et longue robe entra. Elle était agréable à regarder mais les pensées de Matt étaient ailleurs.
- Bonjour Monsieur Delhom
- Bonjour,
- Je suis l’agent Yohanna Rouletabulle, J’aurai quelques questions à vous poser, vous voudrez bien venir vous installer à la table en face de moi !
- Moi aussi voyez vous j’ai des questions dit Matt en se dirigeant vers la chaise désignée, je pense que ce qui arrive est une abominable méprise ou sinon une bévue monumentale.
- Il n’en est rien monsieur Delhom tout ceci est éminemment grave et sérieux, la police n’a pas pour habitude d’arrêter les honnêtes gens, si vous êtes ici, c’est pour une bonne raison. Vous allez commencer par répondre à mes questions, vous a-t-on lu vos droits lors de votre arrestation ?
- Arrestation ! vous voulez dire enlèvement et séquestration plutôt! Ma compagne et moi-même avons été traité comme des criminels. Voilà ce qui s’est passé.
- Vous a-t-on lu vos droits monsieur Delhom ?
- De quels droits parlez madame ? un sinistre individu m’a dit que j’étais en état d’arrestation pour infraction à une loi dont je n’ai pas saisi le nom. J’ai demandé à voir mon avocat, il m’a répondu que je ne le verrai pas avant au moins dix jours. C’est ça les droits dont vous parlez ?
- Oui c’est ça, le brigadier chef n’a fait que son devoir, il vous a donc correctement lu vos droits. Connaissez vous exactement la nature de l’infraction à la loi qui vous vaut d’être ici ?
- Pas exactement, à vrai dire j’étais tellement sidéré que je n’ai pas bien saisi de quoi il parlait.
- Très bien, alors je vais vous le dire dans un langage courant que vous puissiez comprendre : vous êtes soupçonné d’avoir enfreint la loi relative à la pénalisation de la clientèle de la prostitution.
Cette loi vient renforcer la législation relative à la pénalisation du proxénétisme et des infractions qui en résultent.
Elle vient renforcer le caractère d’indisponibilité du corps de la femme à toute forme de transaction commerciale : nul n’est habilité à utiliser le corps des autres femmes pour en faire commerce. C’est ainsi que toute personne de sexe masculin qui solliciterait des faveurs sexuelles auprès d’une femme moyennant une compensation de quelque nature que ce soit, tombe automatiquement sous le coup de cette loi.
Cependant, soyons clairs, la présente loi punit le client, la prostituée elle, n’est pas pénalisée puisque la prostitution n’est pas interdite.
En matière de droit, l’infraction à cette loi relève de la deuxième classe en terme de gravité des infractions qui en comporte trois. C’est un délit. Les sanctions encourues sont dans ce cas des peines de deux mois à dix ans d’emprisonnement et des amendes de 4000 € au moins révisable à la hausse en fonction de l’indice du coût de la vie établi par l’INSEE.
Ces éléments vous permettent-ils de mieux appréhender votre situation ?
- Mais je ne suis pas un délinquant, votre accusation est ridicule. De plus, So.. Madame Alys n’est pas une prostituée et notre relation d’ailleurs, comme toute relation entre adultes consentants ne vous regarde en rien.
- Réveillez-vous monsieur Delhom. Vous tombez clairement sous le coup de la loi dont je viens de vous parler. Puis, ce que vous faites nous regarde quand il s’agit d’infractions potentielles à la loi. Et qui vous dit que Madame Alys n’est pas une prostituée, le lui avez vous demandé ?
- Euh non !
- Vous auriez dû. cela aurait eu le mérite de vous enlever un doute. Ceci dit, il faut qu’on avance. Reconnaissez vous avoir négocié et acheté des actes sexuels auprès de madame Sophie Alys ?
- Mais je vous dis qu’il n’y avait rien à vendre et rien à acheter entre nous, ce qui s’est passé ne regarde personne d’autre que nous deux.
- Vous vous enfoncez dans le déni de la réalité monsieur Delhom, je vous ai déjà dit que ce n’est pas le cas. Nous avons un flagrant délit concernant la réalité des faits, si vous ne voulez pas répondre à mes questions, vous aurez tout loisir de présenter vos arguments devant le tribunal
- Tribunal ? vous voulez rire ? un tribunal qui va se pencher sur mes affaires de cul ?
- C’est exactement cela, il va se pencher dessus car, jusqu’à preuve du contraire, il s’agit d’une affaire de prostitution aggravée. A quoi cela sert-il de voter une loi si elle n’est pas appliquée. Il y a eu trop de laxisme par le passé, la justice a maintenant les moyens de fonctionner, alors croyez moi elle fonctionne.
- Vous voulez réellement dire un tribunal avec un juge, des avocats … les audiences doivent se passer à huis clos je présume ?
- Pas du tout, elles sont publiques, chaque citoyen doit savoir que s’il n’a rien à cacher, il ne risque rien. Cependant, l’entretien que nous avons aujourd’hui permet de limiter le nombre de cas qui aboutissent au tribunal.
- hum … je pense que vous utilisez cet argument comme moyen de pression pour faire dire aux gens ce que voulez qu’ils disent, certains vont craindre de voir leur vie donnée en pâture aux médias, ils seraient prêts à tous les sacrifices pour éviter le scandale.
- Ca c’est votre point de vue monsieur Delhom, Je vous ai déjà dit tout à l’heure que le citoyen qui n’a rien à cacher n’a rien à craindre. Son innocence sera proclamée certainement par le tribunal si tel est le cas.
- Oui c’est cela , bon j’ai compris. Posez moi vos questions, que voulez vous savoir.
- A la bonne heure, reconnaissez vous Monsieur Delhom le fait que vous ayez eu des relations sexuelles avec madame Alys en dehors de tout cadre légal ?
- C’est nouveau ça, qu’est ce que vous appelez cadre légal ? voulez-cous dire une sorte de situation qui demanderait une autorisation d’une instance supérieure ? une sorte de certificat ? Ah, elle est bien bonne celle-là. Il faut donc produire un certificat à chaque fois qu’on désire faire l’amour à une femme !
- Ce serait prudent en effet, cela vous aurait évité le désagrément de vous trouver devant moi !
- Vous êtes sérieuse ?
- Bien sûr que je le suis, tenez on va procéder par analogie, que pensez vous des préservatifs ?
- Préservatifs, que voulez vous que j’en pense, pas grand chose au point où j’en suis.
- Vous pensez qu’ils ne servent à rien ?
- Pas du tout au contraire, si vous vous voulez parler de leur utilité oui bien sûr qu’ils sont utiles, cela évite des grossesses indésirables et surtout ils sont une protection efficace contre les MST et le Sida.
- Merci pour ces précisions monsieur Delhom. Par analogie avec les préservatifs qui protègent contre les conséquence médicales et sociales qui peuvent être désastreuses après un rapport sexuel, on trouve des documents reconnus par la loi qui vous couvrent totalement à l’issue de vos rapports sexuels.
- C’est du grand n’importe quoi.
- Bon alors, je vais être directe, avez-vous un document qui attesterait de vos qualités de mari et femme vous liant vous-même ainsi que madame Alys.
- Non
- Avez-vous un document qui attesterait de vos qualités de concubins
- Non.
- Avez-vous un document (qu’il est possible d’établir dans toutes les mairies de France et de Navarre) qui attesterait de votre implication dans une liaison qualifié trivialement par union libre
- Non.
- Très bien, et pour finir, Vous même et madame Alys avez vous rédigé un document dans lequel vous attestez conjointement qu’en tant qu’adultes responsables, vous envisagiez d’avoir des rapports sexuels librement consentis sans aucune contrepartie vénale de quelque nature que ce soit.
- Non
- Comprenez-vous maintenant l’importance de ce vous appelez certificat pour faire l’amour ?
- C’est quand même tiré par les cheveux votre démonstration, ça jetterait un froid si au moment de passer aux choses sérieuses l’un des deux, l’homme en l’occurrence disait attend chérie, commençons par rédiger notre contrat de consentement.!
- c’est ce que les gens disaient du préservatif avant que ça devienne un objet de grande consommation. on disait que cela jetterait un froid si l’un des deux disait, la fille en l’occurrence, attend chéri, il faut mettre ton préservatif avant. Et je vous signale que Julien Assange lui même ne serait pas dans la situation désastreuse qui est la sienne actuellement s’il avait pensé à rédiger un document de consentement avec ses deux partenaires !
- hum d’accord, c’est quand même un argument tendancieux que vous me sortez là … mais bon, je commence à comprendre , que voulez vous de moi ?
- Moi, je ne veux rien du tout, j’applique juste des textes de loi, pour le moment j’aimerais avoir une réponse à ma question : Reconnaissez vous Monsieur Delhom le fait que vous ayez eu des relations sexuelles avec madame Alys en dehors de tout cadre légal tels que ceux qu’on vient d’énumérer.
- oui, tels que vous les avez défini, Oui
- Enfin, nous y voilà ! Il me reste une dernière question à vous poser : Avez vous eu des relations sexuelles tarifées avec madame Sophie Alys.
- Bien sûr que non !
- Très bien, vous avez sur la table devant vous, un écran qui reproduit une première version de votre déposition, voulez-vous la lire s’il vous plait
- D’accord : « Je sous-signé Matt Delhom déclare avoir été mis en état d’arrestation en situation de flagrant délit pour infraction à la loi sur la pénalisation des actes d’achat de faveurs sexuelles.
Je reconnais avoir eu des rapports sexuels avec madame Sophie Alys en dehors de tout cadre légal.
Je maintiens cependant que cette relation n’a donné lieu à aucune rétribution. Je persiste et je signe : - signez-ici- ».
- Parfait, l’interrogatoire est terminé, la réalité des faits est donc établie, la dernière ligne de votre déposition est votre réponse quant à la réalité de l’infraction. Je vous rassure, ce n’est pas la dernière qu’on vous autorise à donner, vous avez encore la possibilité de la modifier.
Le loi me fait obligation de vous avertir que votre réponse n’est pas l’unique élément sur lequel elle se base pour déterminer les suites à donner. Parmi les éléments que la loi utilise pour lever un doute raisonnable, il y a l’analyse de documents officiels ou officieux qui établissent la réalité de certaines situations. En l’absence de documents, c’est la confrontation des témoignages qui est utilisée. Dans le cas présent, une confrontation physique n’est pas envisageable vus les risque de connivence ou de concertation qui en résulteraient. Vous devez donc, chacun indépendamment de l’autre fournir votre réponse à la question de la réalité des rapports tarifés. Vous comprenez que vous avez chacun deux réponses possibles, cela donne donc quatre situations, deux situations de convergence dans la négation ou la reconnaissance de la relation tarifée, et deux situations de divergence dans lesquelles l’un reconnait et l’autre nie à tour de rôle.
Je vais vous laisser un document qui illustre clairement ces différentes situations. Je vous conseille de le lire à tête reposé avant de prendre une décision définitive. Une fois votre décision prise, vous n’avez plus qu’à sélectionner le cas correspondant sur la tablette tactile que vous venez de consulter. vous validez votre choix et vous signez en effleurant le texte dédié . Vous serez alors libre de partir. Avez vous besoin d’autres éclaircissements ?
Matt est resté silencieux pendant toute cette longue tirade, la réalité de sa nouvelle situation commençait à prendre corps et à s’imposer à lui en le contraignant d’une façon qu’il n’imaginait pas possible. Il croyait connaître parfaitement la société dans laquelle il vivait, et voilà que la dame vient de lui démontrer qu’il y’a des éléments dont il n’a jamais tenu compte se croyant libre de toute contrainte. Il se souvient des débats houleux qui ont agité la sphère médiatique lors des dernières élections, certains commentateurs parlaient de moralisation de la société civile, de repli identitaire et d’autres notions du même genre s’agissant du parti conservateur qui a gagné les élections. Il ne croyait pas que la rupture se ferait aussi vite et de façon aussi brutale.
La dame en face attendait toujours sa réponse, elle semblait prête à tout pour le convaincre de la justesse de ses points de vue.
- Non merci, je vais faire avec ce que vous m’avez donné !
a suivre
Mat bouillonnait comme une marmite, Ils l’ont ex-filtré de son hôtel. Ils l’ont mis dans une fourgonnette avec Sophie, arrivés au poste comme ils disaient, ils les ont séparé. Il s’est retrouvé dans une salle au plafond bas sans fenêtres, terriblement oppressante avec le plafond qui semblait vouloir vous écraser.
Il y avait une table au centre avec deux chaises de part et d’autre. Dans un coin de la pièce, il y avait un lit de camp rudimentaire. Ils lui ont dit de s’asseoir dans une chaise et lui ont enlevé les menottes. un des policiers a ouvert une armoire qu’il n’avait pas vu en entrant, il est revenu vers lui en portant une combinaison grise accrochée à un cintre, il lui a dit en la déposant : « voilà de quoi vous habiller ». Puis ils sont tous sortis en le laissant seul. Matt avait juste un drap sur le dos, il enfila la combinaison, elle sentait la javel, mais elle était à sa taille. Il inspecta l’armoire, il y avaient deux coussins et une couverture qu’il prit, s’installa dans le lit de camp, puis se résolut à dormir en se disant que c’était peut-être la meilleure chose à faire en attendant.
Il ne savait pas combien de temps il a dormi, il fut réveillé par un bruit de sonnette qui venait de la porte d’entrée. Le temps qu’il se lève de sa couche, la porte s’était ouverte et une jeune femme portant chemisier et longue robe entra. Elle était agréable à regarder mais les pensées de Matt étaient ailleurs.
- Bonjour Monsieur Delhom
- Bonjour,
- Je suis l’agent Yohanna Rouletabulle, J’aurai quelques questions à vous poser, vous voudrez bien venir vous installer à la table en face de moi !
- Moi aussi voyez vous j’ai des questions dit Matt en se dirigeant vers la chaise désignée, je pense que ce qui arrive est une abominable méprise ou sinon une bévue monumentale.
- Il n’en est rien monsieur Delhom tout ceci est éminemment grave et sérieux, la police n’a pas pour habitude d’arrêter les honnêtes gens, si vous êtes ici, c’est pour une bonne raison. Vous allez commencer par répondre à mes questions, vous a-t-on lu vos droits lors de votre arrestation ?
- Arrestation ! vous voulez dire enlèvement et séquestration plutôt! Ma compagne et moi-même avons été traité comme des criminels. Voilà ce qui s’est passé.
- Vous a-t-on lu vos droits monsieur Delhom ?
- De quels droits parlez madame ? un sinistre individu m’a dit que j’étais en état d’arrestation pour infraction à une loi dont je n’ai pas saisi le nom. J’ai demandé à voir mon avocat, il m’a répondu que je ne le verrai pas avant au moins dix jours. C’est ça les droits dont vous parlez ?
- Oui c’est ça, le brigadier chef n’a fait que son devoir, il vous a donc correctement lu vos droits. Connaissez vous exactement la nature de l’infraction à la loi qui vous vaut d’être ici ?
- Pas exactement, à vrai dire j’étais tellement sidéré que je n’ai pas bien saisi de quoi il parlait.
- Très bien, alors je vais vous le dire dans un langage courant que vous puissiez comprendre : vous êtes soupçonné d’avoir enfreint la loi relative à la pénalisation de la clientèle de la prostitution.
Cette loi vient renforcer la législation relative à la pénalisation du proxénétisme et des infractions qui en résultent.
Elle vient renforcer le caractère d’indisponibilité du corps de la femme à toute forme de transaction commerciale : nul n’est habilité à utiliser le corps des autres femmes pour en faire commerce. C’est ainsi que toute personne de sexe masculin qui solliciterait des faveurs sexuelles auprès d’une femme moyennant une compensation de quelque nature que ce soit, tombe automatiquement sous le coup de cette loi.
Cependant, soyons clairs, la présente loi punit le client, la prostituée elle, n’est pas pénalisée puisque la prostitution n’est pas interdite.
En matière de droit, l’infraction à cette loi relève de la deuxième classe en terme de gravité des infractions qui en comporte trois. C’est un délit. Les sanctions encourues sont dans ce cas des peines de deux mois à dix ans d’emprisonnement et des amendes de 4000 € au moins révisable à la hausse en fonction de l’indice du coût de la vie établi par l’INSEE.
Ces éléments vous permettent-ils de mieux appréhender votre situation ?
- Mais je ne suis pas un délinquant, votre accusation est ridicule. De plus, So.. Madame Alys n’est pas une prostituée et notre relation d’ailleurs, comme toute relation entre adultes consentants ne vous regarde en rien.
- Réveillez-vous monsieur Delhom. Vous tombez clairement sous le coup de la loi dont je viens de vous parler. Puis, ce que vous faites nous regarde quand il s’agit d’infractions potentielles à la loi. Et qui vous dit que Madame Alys n’est pas une prostituée, le lui avez vous demandé ?
- Euh non !
- Vous auriez dû. cela aurait eu le mérite de vous enlever un doute. Ceci dit, il faut qu’on avance. Reconnaissez vous avoir négocié et acheté des actes sexuels auprès de madame Sophie Alys ?
- Mais je vous dis qu’il n’y avait rien à vendre et rien à acheter entre nous, ce qui s’est passé ne regarde personne d’autre que nous deux.
- Vous vous enfoncez dans le déni de la réalité monsieur Delhom, je vous ai déjà dit que ce n’est pas le cas. Nous avons un flagrant délit concernant la réalité des faits, si vous ne voulez pas répondre à mes questions, vous aurez tout loisir de présenter vos arguments devant le tribunal
- Tribunal ? vous voulez rire ? un tribunal qui va se pencher sur mes affaires de cul ?
- C’est exactement cela, il va se pencher dessus car, jusqu’à preuve du contraire, il s’agit d’une affaire de prostitution aggravée. A quoi cela sert-il de voter une loi si elle n’est pas appliquée. Il y a eu trop de laxisme par le passé, la justice a maintenant les moyens de fonctionner, alors croyez moi elle fonctionne.
- Vous voulez réellement dire un tribunal avec un juge, des avocats … les audiences doivent se passer à huis clos je présume ?
- Pas du tout, elles sont publiques, chaque citoyen doit savoir que s’il n’a rien à cacher, il ne risque rien. Cependant, l’entretien que nous avons aujourd’hui permet de limiter le nombre de cas qui aboutissent au tribunal.
- hum … je pense que vous utilisez cet argument comme moyen de pression pour faire dire aux gens ce que voulez qu’ils disent, certains vont craindre de voir leur vie donnée en pâture aux médias, ils seraient prêts à tous les sacrifices pour éviter le scandale.
- Ca c’est votre point de vue monsieur Delhom, Je vous ai déjà dit tout à l’heure que le citoyen qui n’a rien à cacher n’a rien à craindre. Son innocence sera proclamée certainement par le tribunal si tel est le cas.
- Oui c’est cela , bon j’ai compris. Posez moi vos questions, que voulez vous savoir.
- A la bonne heure, reconnaissez vous Monsieur Delhom le fait que vous ayez eu des relations sexuelles avec madame Alys en dehors de tout cadre légal ?
- C’est nouveau ça, qu’est ce que vous appelez cadre légal ? voulez-cous dire une sorte de situation qui demanderait une autorisation d’une instance supérieure ? une sorte de certificat ? Ah, elle est bien bonne celle-là. Il faut donc produire un certificat à chaque fois qu’on désire faire l’amour à une femme !
- Ce serait prudent en effet, cela vous aurait évité le désagrément de vous trouver devant moi !
- Vous êtes sérieuse ?
- Bien sûr que je le suis, tenez on va procéder par analogie, que pensez vous des préservatifs ?
- Préservatifs, que voulez vous que j’en pense, pas grand chose au point où j’en suis.
- Vous pensez qu’ils ne servent à rien ?
- Pas du tout au contraire, si vous vous voulez parler de leur utilité oui bien sûr qu’ils sont utiles, cela évite des grossesses indésirables et surtout ils sont une protection efficace contre les MST et le Sida.
- Merci pour ces précisions monsieur Delhom. Par analogie avec les préservatifs qui protègent contre les conséquence médicales et sociales qui peuvent être désastreuses après un rapport sexuel, on trouve des documents reconnus par la loi qui vous couvrent totalement à l’issue de vos rapports sexuels.
- C’est du grand n’importe quoi.
- Bon alors, je vais être directe, avez-vous un document qui attesterait de vos qualités de mari et femme vous liant vous-même ainsi que madame Alys.
- Non
- Avez-vous un document qui attesterait de vos qualités de concubins
- Non.
- Avez-vous un document (qu’il est possible d’établir dans toutes les mairies de France et de Navarre) qui attesterait de votre implication dans une liaison qualifié trivialement par union libre
- Non.
- Très bien, et pour finir, Vous même et madame Alys avez vous rédigé un document dans lequel vous attestez conjointement qu’en tant qu’adultes responsables, vous envisagiez d’avoir des rapports sexuels librement consentis sans aucune contrepartie vénale de quelque nature que ce soit.
- Non
- Comprenez-vous maintenant l’importance de ce vous appelez certificat pour faire l’amour ?
- C’est quand même tiré par les cheveux votre démonstration, ça jetterait un froid si au moment de passer aux choses sérieuses l’un des deux, l’homme en l’occurrence disait attend chérie, commençons par rédiger notre contrat de consentement.!
- c’est ce que les gens disaient du préservatif avant que ça devienne un objet de grande consommation. on disait que cela jetterait un froid si l’un des deux disait, la fille en l’occurrence, attend chéri, il faut mettre ton préservatif avant. Et je vous signale que Julien Assange lui même ne serait pas dans la situation désastreuse qui est la sienne actuellement s’il avait pensé à rédiger un document de consentement avec ses deux partenaires !
- hum d’accord, c’est quand même un argument tendancieux que vous me sortez là … mais bon, je commence à comprendre , que voulez vous de moi ?
- Moi, je ne veux rien du tout, j’applique juste des textes de loi, pour le moment j’aimerais avoir une réponse à ma question : Reconnaissez vous Monsieur Delhom le fait que vous ayez eu des relations sexuelles avec madame Alys en dehors de tout cadre légal tels que ceux qu’on vient d’énumérer.
- oui, tels que vous les avez défini, Oui
- Enfin, nous y voilà ! Il me reste une dernière question à vous poser : Avez vous eu des relations sexuelles tarifées avec madame Sophie Alys.
- Bien sûr que non !
- Très bien, vous avez sur la table devant vous, un écran qui reproduit une première version de votre déposition, voulez-vous la lire s’il vous plait
- D’accord : « Je sous-signé Matt Delhom déclare avoir été mis en état d’arrestation en situation de flagrant délit pour infraction à la loi sur la pénalisation des actes d’achat de faveurs sexuelles.
Je reconnais avoir eu des rapports sexuels avec madame Sophie Alys en dehors de tout cadre légal.
Je maintiens cependant que cette relation n’a donné lieu à aucune rétribution. Je persiste et je signe : - signez-ici- ».
- Parfait, l’interrogatoire est terminé, la réalité des faits est donc établie, la dernière ligne de votre déposition est votre réponse quant à la réalité de l’infraction. Je vous rassure, ce n’est pas la dernière qu’on vous autorise à donner, vous avez encore la possibilité de la modifier.
Le loi me fait obligation de vous avertir que votre réponse n’est pas l’unique élément sur lequel elle se base pour déterminer les suites à donner. Parmi les éléments que la loi utilise pour lever un doute raisonnable, il y a l’analyse de documents officiels ou officieux qui établissent la réalité de certaines situations. En l’absence de documents, c’est la confrontation des témoignages qui est utilisée. Dans le cas présent, une confrontation physique n’est pas envisageable vus les risque de connivence ou de concertation qui en résulteraient. Vous devez donc, chacun indépendamment de l’autre fournir votre réponse à la question de la réalité des rapports tarifés. Vous comprenez que vous avez chacun deux réponses possibles, cela donne donc quatre situations, deux situations de convergence dans la négation ou la reconnaissance de la relation tarifée, et deux situations de divergence dans lesquelles l’un reconnait et l’autre nie à tour de rôle.
Je vais vous laisser un document qui illustre clairement ces différentes situations. Je vous conseille de le lire à tête reposé avant de prendre une décision définitive. Une fois votre décision prise, vous n’avez plus qu’à sélectionner le cas correspondant sur la tablette tactile que vous venez de consulter. vous validez votre choix et vous signez en effleurant le texte dédié . Vous serez alors libre de partir. Avez vous besoin d’autres éclaircissements ?
Matt est resté silencieux pendant toute cette longue tirade, la réalité de sa nouvelle situation commençait à prendre corps et à s’imposer à lui en le contraignant d’une façon qu’il n’imaginait pas possible. Il croyait connaître parfaitement la société dans laquelle il vivait, et voilà que la dame vient de lui démontrer qu’il y’a des éléments dont il n’a jamais tenu compte se croyant libre de toute contrainte. Il se souvient des débats houleux qui ont agité la sphère médiatique lors des dernières élections, certains commentateurs parlaient de moralisation de la société civile, de repli identitaire et d’autres notions du même genre s’agissant du parti conservateur qui a gagné les élections. Il ne croyait pas que la rupture se ferait aussi vite et de façon aussi brutale.
La dame en face attendait toujours sa réponse, elle semblait prête à tout pour le convaincre de la justesse de ses points de vue.
- Non merci, je vais faire avec ce que vous m’avez donné !
a suivre
aleph- Maître du Temps
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Doutes et Certitudes de Sophie
Document annexe au texte de loi établissant la pénalisation de la clientèle masculine de la prostitution .
Le présent document doit être présenté à tout prévenu interpellé sous un chef d’inculpation relevant de la présente loi.
On désigne par L’homme le présumé contrevenant de sexe masculin qui de facto se trouve en position de « Présumé Client ». On désigne par La femme la personne de sexe féminin qui de facto se trouve en position de « prostituée présumée»
Il est supposé dans ce qui suit, que les conditions constitutives d’une présomption raisonnable d’infraction à la loi sus-mentionnée sont bien réunies, à savoir inclusivement :
- Un caractère de flagrant délit avec des moyens de constats irréfutables.
- L’absence de tout cadre officiel ou officieux à l’intérieur duquel la relation incriminée serait naturellement licite. Il est recommandé à l’enquêteur chargé de l’interrogatoire de bien définir les dits cadres que la loi reconnait.
Item-1- L’homme et et La femme réfutent tous deux avoir eu une relation tarifée.
•1-1 L’homme sera relâché sans suite du fait que La femme le disculpe par son témoignage
•1-2 Aux yeux de la loi cependant, il reste un doute raisonnable concernant la femme. En effet, La prostitution n’étant pas interdite pour une personne de sexe féminin, le client seul étant pénalisé, la femme, consciente de cette asymétrie de traitement, risque de vouloir l’utiliser à son profit. Afin de maintenir une clientèle que la loi s’évertue à raréfier, elle sera tentée de la fidéliser en disculpant son client à chaque interpellation.
Afin de lever ce doute, La femme sera automatiquement signalée aux services fiscaux comme étant une prostituée potentielle. Ceux-ci procéderont à un examen exhaustif de sa situation financière. Tous ses comptes seront analysés afin d’isoler les revenus qui relèvent du cadre du droit du travail ou de tout cadre reconnu licite par la loi. Tous les revenus qui ne tombent pas dans une catégorie légale, seront assimilés à des revenus provenant d’une activité de prostitution. Ils seront alors taxés comme tel,la femme sera cataloguée définitivement comme prostituée régulière ou occasionnelle selon les parts relatives des dits revenus.
Item-2- L’homme et La femme reconnaissent avoir eu des relations tarifées.
•2-1 L’homme devra s’acquitter d’une amende majorée au rythme des récidives, aggravée le cas échéant par des contraintes par corps suivant la gravité de la situation.
•2-2 Par son témoignage ayant permis de confondre un délinquant, La femme se verra accorder le bénéfice de la bonne foi qui suppose sa situation connue par le fisc. Un signalement la concernant est donc superflu sous condition qu’elle en soit à sa première interpellation.
Item-3- L’homme nie la relation tarifée, La femme la reconnait.
•3-1 L’homme verra son dossier transmis au tribunal des mœurs qui tient ses séances ouvertes au public. Il est possible que son avocat veuille faire comparaître sa partenaire. La femme n’est pas tenue d’y assister si elle maintient sa déposition. Dans ses conditions, L’homme risque d’aggraver davantage son cas, les amendes qu’il devra payer seront majorées avec tous les torts et les dépens.
•3-2 La femme bénéficie des conditions du 2-2 à condition de maintenir son témoignage même en acceptant de se rendre au tribunal .
•3-3 Si La femme accepte de témoigner au tribunal et change d’avis. Il est considéré alors que son cas relève de l’item 1 sous-item 1-2.
Item 4- La femme nie la relation tarifée, L’homme la reconnait.
•4-1 En reconnaissant la relation tarifée, L’homme assume ses responsabilités et se voit gratifié d’une réduction de %10 sur son amende si c’est sa première infraction.
•4-2 L’homme désigne clairement sa partenaire comme étant une prostituée. Un signalement sera donc immédiatement effectué.
Si la femme est déjà connue de l’administration fiscale, cela ne posera aucun problème. Dans le cas contraire, le fisc estimera qu’elle essaie de dérober à la juste imposition une part de ses revenus, une enquête concernant la provenance de tous ses revenus sera alors conduite, si elle met en évidence une tentative de dissimulation, un redressement fiscal sera alors mis en œuvre avec le caractère de la mauvaise foi explicitement retenu.
—— ———— —— ———— —— ————
Comparée a Matt, les choses se sont déroulées de façon expéditive pour Sophie.
De par sa culture et son caractère, elle a un meilleur contrôle d’elle même, elle a su mieux gérer son stress après avoir encaissé le choc de l’arrestation. Dans ce genre de situations, elle sait que plus on se débat, plus on a du mal à s’en sortir, tout comme le poisson qui s’enferre irrémédiablement dans l’hameçon à mesure qu’il gigote de façon intempestive.
De plus, elle avait l’avantage d’être plus au courant de ce fait de société, elle comprenait parfaitement sa situation ayant déjà participé à un débat concernant cette loi. Elle était d’accord quant aux buts poursuivis, à savoir, apporter une meilleure protection à la femme en renforçant ses droits ainsi que sa protection contre toute tentative de spoliation de son corps.
Mais elle n’était pas favorable aux moyens utilisés, à savoir, la notion d’indignité de l’activité prostitutionnelle, la notion d’indisponibilité du corps humain en tant qu’objet « marchandable » et au caractère asymétrique introduit intentionnellement dans la loi qui institue une inégalité de traitement entre les sexes. Elle pensait que c’était non souhaitable pour le moins sinon une erreur grave en droit.
Sophie était profondément athée et convaincue que les seuls principes qui gouvernent l’évolution de l’univers sont d’ordre thermodynamiques et non divins. Elle était convaincue que la loi devait être fondée sur des faits objectifs en dehors de toute référence à quelque système de valeurs que ce soit. Elle doit rester non biaisée pour que l’allégorie de la justice qui l’incarne soit crédible. Ainsi la loi avec tout son arsenal juridique, peut remplir pleinement ses deux missions fondamentales :
-1- Réglementer l’interaction entre les citoyens en définissant les limites de la légalité .
-2- Fixer les moyens de réparations que tout contrevenant doit assumer afin de réparer son infraction. Un criminel ou délinquant ayant purgé sa peine réintégre de plein droit le corps social dont il a été exclu provisoirement. Il redevient un citoyen ordinaire avec tous les droits et devoirs qui lui sont attachés.
La notion d’indisponibilité du corps humain en tant qu’objet «marchandable» hérissait Sophie au plus haut point. les courants prohibitionnistes avançaient cet argument sous couvert de valeurs humanistes universelles. En y regardant de plus près, on se rendait compte que c’était juste une tentative de sanctuarisation du corps et de reconnaissance de fait par la loi de son caractère sacré, ce qui désigne clairement une pensée d’inspiration religieuse.
La notion d’indignité, liée à l’asymétrie de traitement étaient beaucoup plus problématiques aux yeux de Sophie. Dans une affaire d’infraction à cette loi, le cas du client est comparativement très simple, il est reconnu par la loi comme un contrevenant, il lui suffit de s’acquitter de sa dette pour se voir rétabli dans sa condition normale de citoyen.
Le cas de la prostituée n’est pas le même. La loi ne reconnait pas la prostitution comme un délit, donc la prostituée n’est pas « visible » à ces yeux. C’est à dire que le mécanisme de : Délit -> peine de réparation -> effacement, ne fonctionne pas pour la prostituée.
Quand elle est est appréhendée avec un client, c’est le «policier» qui la désigne comme prostituée, ce qualificatif lui restera attaché de façon indélébile. De plus, comme la notion d’indignité est attachée à l’activité prostitutionnelle, la prostituée en hérite et devient elle même définitivement indigne. La loi rejoint ainsi les religions en la livrant à la vindicte populaire.
Ainsi, en jugeant qu’une activité est indigne pour une femme, la loi établit une vérité légale intangible. Au nom de cette vérité, elle effectue un hold up symbolique sur le corps de la femme et fixe les conditions dans lesquelles une femme « normale et digne » se doit de disposer de son corps. En dehors de cette sphère licite, la femme devient la fornicatrice d’Antan.
En revoyant la façon dont elle a été appréhendée dans sa chambre d’hôtel avec son amant, elle s’est sentie prise par un sentiment de profonde compassion pour toutes les fornicatrices juives, chrétienne, ou musulmanes qui ont dû affronter les regards de haine brûlante qui devaient être encore plus terribles que les pierres.
Elle voyait dans ces pseudo bons principes, non pas une réelle volonté de promouvoir la protection de la femme, mais bien une tentative de retour du religieux dans la sphère de la loi laïque. Clairement pensai-elle, ce n’est pas de cette façon que le problème de la prostitution peut-être réglé, et d’ailleurs est-ce vraiment le but de cette loi, n’y aurait-il pas un autre raison inavouée, inavouable ? Le sexe de la femme, origine du monde, est-il condamné à faire autant peur pour qu’on veuille à tout prix le contrôler ? l’objectif caché ne serait-il pas moins que le contrôle de la matrice ?
C’est à ce point dans sa réflexion que Sophie entendit frapper à la porte de sa « cellule », quelques instants plus tard, elle vit une jeune homme entrer, elle se dit que dans ce lieu au moins, les gens font semblant de respecter ce qui lui reste d’intimité.
- Bonjour madame Alys
- Bonjour,
- Je suis l’agent Raul SON POUSS, J’aurai quelques questions à vous poser. Vous pourrez partir une fois votre déposition signée.
- … hochement de tête ……
- Vous a t-ton lu vos droits lors de votre arrestation ?
- Oui,
- Connaissez vous le motif de votre arrestation et pouvez vous me le dire ?
- Oui, le brigadier a parlé de complicité dans une affaire d’infraction sur la loi relative à la prostitution.
- Très bien. Reconnaissez vous exercer le métier de prostituée de façon régulière ou de façon occasionnelle ?
- non !
- Je suis tenu de vous rappeler que la prostitution vous concernant, n’est ni un crime ni un délit v…
- Oui je sais.
- Vous maintenez votre réponse?
- Oui.
- D’accord, la question peut vous sembler brutale ainsi posée, mais au yeux de la loi il n’y a que les documents légaux qui fassent foi. nous sommes d’accord ?
- Je peux le comprendre, oui,
- On continue. Est-ce que vous reconnaissez avoir eu des rapports sexuels avec monsieur Matt Delhom en dehors de tout cadre légal, prostitution mise à part ?
- Qu’est ce que vous appelez un cadre légal ?
- C’est ce dont on vient de parler, un cadre réglementé par des documents officiels ou reconnus comme tel qui fixe le périmètre légal du dit cadre.
- J’ai bien peur de ne pas être en mesure d’identifier les cadres dont vous parlez .
- C’est normal quand on n’a pas réfléchi à la question, alors je vais vous aider. Etes vous en possession d’un document qui prouve vos qualités d’épouse et mari vous liant vous même ainsi que monsieur Delhom ?
- Non,
- L’acte de mariage est le document qui atteste l’existence d’un cadre légal reconnu par la loi, c’est le mariage…
- Je sais ce qu’est le mariage. vous pouvez continuer
L’agent parut légèrement décontenancé d’être ainsi interrompu par deux fois dans un discours parfaitement rodé depuis le temps qu’il le déroule, après un moment d’hésitation, il reprit : Dans le même ordre d’idée, êtes vous en possession d’un document qui prouve vos qualités de concubins ?
- Non,
- Etes vous en possession d’un document qui atteste que vous-même ainsi que monsieur Delhom partagez une vie commune dans le cadre de l’union libre ? je vous rappelle que ce document peut être établi dans toutes les mairies de France
- Non,
- Avez-vous rédigé conjointement avec monsieur Delhom un document qui atteste de votre intention ferme et raisonnée de pratiquer des actes sexuels en tant qu’adultes responsables et consentants et ce sans aucune contrepartie vénale de quelque nature que ce soit.
- non.
- Nous avons épuisé tous les cadres officiels et officieux que la loi reconnait comme étant des cadres légaux à l’intérieur desquels les pratiques sexuelles sont licites. reconnaissez vous avoir eu des rapports sexuels avec monsieur Matt Delhom en dehors de tout cadre légal, prostitution exclue ?
- Oui
- Il me reste une dernière question : Vos relations sexuelles avec monsieur Delhom ont—elles donné lieu à une compensation financière ou toute autre forme de rétribution ?
- Non.
L’attitude de Sophie a fini par désarçonner l’agent, il ne s’attendait pas à trouver une personne qui ne montrait aucune appréhension, il était bien obligé d’admettre en son for intérieur qu’elle ne répondait pas au profil de prostituée modèle. L’interrogatoire commençait à le mettre mal à l’aise, il avait hâte qu’il se termine.
- Vous pouvez voir sur l’écran à plat sur la table devant vous une première version de votre déposition qui est générée d’après vos réponses. Je vous demande de la lire s’il vous plait !
- Très bien « Je sous-signé Sophie Alys déclare avoir été mise en état d’arrestation dans une situation de flagrant délit de présomption de complicité d’infraction à la loi sur la pénalisation des actes d’achat de faveurs sexuelles, dite loi pénalisant la clientèle de la prostitution.
Je certifie ne pas exercer un métier de prostitution que ce soit occasionnellement ou régulièrement.
Je reconnais avoir eu des rapports sexuels avec monsieur Matt Delhom en dehors de tout cadre légal (prostitution exclue). Je maintiens cependant que ces rapports n’ont donné lieu à aucune rétribution même si je n’ai aucun document pour le prouver. Je persiste et je signe : - signez-ici- ».
- Voici un document que je dois vous remettre dit l’agent en lui tendant une copie du document que Matt a dû recevoir. Ce document illustre les différentes situations possibles par confrontation de votre réponse à celle de monsieur Delhom. Il définit les suites à donner à …
- Vous pouvez le garder
- Mais … c’est pour votre information que je dois vous le donner, vous pouvez ainsi établir votre meilleure stratégie de défense et changer d’avis si nécessaire.
- Suis-je accusée dans cette affaire ?
- Euh non…
- Alors je vais me défendre contre quoi ?
- C’est pour que vous soyez au courants des différentes suites …
- Quelles suites ? vous voulez m’enfermer dans un dilemme dont vous êtes les seuls gagnants ? je ne participe pas à ce cirque monsieur, j’ai bien l’intention de me mettre à l’œuvre pour en démonter les mécanismes. Maintenant que j’ai signé ma déposition, vous voudrez bien me laisser partir !
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+ fin +
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Le présent document doit être présenté à tout prévenu interpellé sous un chef d’inculpation relevant de la présente loi.
On désigne par L’homme le présumé contrevenant de sexe masculin qui de facto se trouve en position de « Présumé Client ». On désigne par La femme la personne de sexe féminin qui de facto se trouve en position de « prostituée présumée»
Il est supposé dans ce qui suit, que les conditions constitutives d’une présomption raisonnable d’infraction à la loi sus-mentionnée sont bien réunies, à savoir inclusivement :
- Un caractère de flagrant délit avec des moyens de constats irréfutables.
- L’absence de tout cadre officiel ou officieux à l’intérieur duquel la relation incriminée serait naturellement licite. Il est recommandé à l’enquêteur chargé de l’interrogatoire de bien définir les dits cadres que la loi reconnait.
Item-1- L’homme et et La femme réfutent tous deux avoir eu une relation tarifée.
•1-1 L’homme sera relâché sans suite du fait que La femme le disculpe par son témoignage
•1-2 Aux yeux de la loi cependant, il reste un doute raisonnable concernant la femme. En effet, La prostitution n’étant pas interdite pour une personne de sexe féminin, le client seul étant pénalisé, la femme, consciente de cette asymétrie de traitement, risque de vouloir l’utiliser à son profit. Afin de maintenir une clientèle que la loi s’évertue à raréfier, elle sera tentée de la fidéliser en disculpant son client à chaque interpellation.
Afin de lever ce doute, La femme sera automatiquement signalée aux services fiscaux comme étant une prostituée potentielle. Ceux-ci procéderont à un examen exhaustif de sa situation financière. Tous ses comptes seront analysés afin d’isoler les revenus qui relèvent du cadre du droit du travail ou de tout cadre reconnu licite par la loi. Tous les revenus qui ne tombent pas dans une catégorie légale, seront assimilés à des revenus provenant d’une activité de prostitution. Ils seront alors taxés comme tel,la femme sera cataloguée définitivement comme prostituée régulière ou occasionnelle selon les parts relatives des dits revenus.
Item-2- L’homme et La femme reconnaissent avoir eu des relations tarifées.
•2-1 L’homme devra s’acquitter d’une amende majorée au rythme des récidives, aggravée le cas échéant par des contraintes par corps suivant la gravité de la situation.
•2-2 Par son témoignage ayant permis de confondre un délinquant, La femme se verra accorder le bénéfice de la bonne foi qui suppose sa situation connue par le fisc. Un signalement la concernant est donc superflu sous condition qu’elle en soit à sa première interpellation.
Item-3- L’homme nie la relation tarifée, La femme la reconnait.
•3-1 L’homme verra son dossier transmis au tribunal des mœurs qui tient ses séances ouvertes au public. Il est possible que son avocat veuille faire comparaître sa partenaire. La femme n’est pas tenue d’y assister si elle maintient sa déposition. Dans ses conditions, L’homme risque d’aggraver davantage son cas, les amendes qu’il devra payer seront majorées avec tous les torts et les dépens.
•3-2 La femme bénéficie des conditions du 2-2 à condition de maintenir son témoignage même en acceptant de se rendre au tribunal .
•3-3 Si La femme accepte de témoigner au tribunal et change d’avis. Il est considéré alors que son cas relève de l’item 1 sous-item 1-2.
Item 4- La femme nie la relation tarifée, L’homme la reconnait.
•4-1 En reconnaissant la relation tarifée, L’homme assume ses responsabilités et se voit gratifié d’une réduction de %10 sur son amende si c’est sa première infraction.
•4-2 L’homme désigne clairement sa partenaire comme étant une prostituée. Un signalement sera donc immédiatement effectué.
Si la femme est déjà connue de l’administration fiscale, cela ne posera aucun problème. Dans le cas contraire, le fisc estimera qu’elle essaie de dérober à la juste imposition une part de ses revenus, une enquête concernant la provenance de tous ses revenus sera alors conduite, si elle met en évidence une tentative de dissimulation, un redressement fiscal sera alors mis en œuvre avec le caractère de la mauvaise foi explicitement retenu.
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Comparée a Matt, les choses se sont déroulées de façon expéditive pour Sophie.
De par sa culture et son caractère, elle a un meilleur contrôle d’elle même, elle a su mieux gérer son stress après avoir encaissé le choc de l’arrestation. Dans ce genre de situations, elle sait que plus on se débat, plus on a du mal à s’en sortir, tout comme le poisson qui s’enferre irrémédiablement dans l’hameçon à mesure qu’il gigote de façon intempestive.
De plus, elle avait l’avantage d’être plus au courant de ce fait de société, elle comprenait parfaitement sa situation ayant déjà participé à un débat concernant cette loi. Elle était d’accord quant aux buts poursuivis, à savoir, apporter une meilleure protection à la femme en renforçant ses droits ainsi que sa protection contre toute tentative de spoliation de son corps.
Mais elle n’était pas favorable aux moyens utilisés, à savoir, la notion d’indignité de l’activité prostitutionnelle, la notion d’indisponibilité du corps humain en tant qu’objet « marchandable » et au caractère asymétrique introduit intentionnellement dans la loi qui institue une inégalité de traitement entre les sexes. Elle pensait que c’était non souhaitable pour le moins sinon une erreur grave en droit.
Sophie était profondément athée et convaincue que les seuls principes qui gouvernent l’évolution de l’univers sont d’ordre thermodynamiques et non divins. Elle était convaincue que la loi devait être fondée sur des faits objectifs en dehors de toute référence à quelque système de valeurs que ce soit. Elle doit rester non biaisée pour que l’allégorie de la justice qui l’incarne soit crédible. Ainsi la loi avec tout son arsenal juridique, peut remplir pleinement ses deux missions fondamentales :
-1- Réglementer l’interaction entre les citoyens en définissant les limites de la légalité .
-2- Fixer les moyens de réparations que tout contrevenant doit assumer afin de réparer son infraction. Un criminel ou délinquant ayant purgé sa peine réintégre de plein droit le corps social dont il a été exclu provisoirement. Il redevient un citoyen ordinaire avec tous les droits et devoirs qui lui sont attachés.
La notion d’indisponibilité du corps humain en tant qu’objet «marchandable» hérissait Sophie au plus haut point. les courants prohibitionnistes avançaient cet argument sous couvert de valeurs humanistes universelles. En y regardant de plus près, on se rendait compte que c’était juste une tentative de sanctuarisation du corps et de reconnaissance de fait par la loi de son caractère sacré, ce qui désigne clairement une pensée d’inspiration religieuse.
La notion d’indignité, liée à l’asymétrie de traitement étaient beaucoup plus problématiques aux yeux de Sophie. Dans une affaire d’infraction à cette loi, le cas du client est comparativement très simple, il est reconnu par la loi comme un contrevenant, il lui suffit de s’acquitter de sa dette pour se voir rétabli dans sa condition normale de citoyen.
Le cas de la prostituée n’est pas le même. La loi ne reconnait pas la prostitution comme un délit, donc la prostituée n’est pas « visible » à ces yeux. C’est à dire que le mécanisme de : Délit -> peine de réparation -> effacement, ne fonctionne pas pour la prostituée.
Quand elle est est appréhendée avec un client, c’est le «policier» qui la désigne comme prostituée, ce qualificatif lui restera attaché de façon indélébile. De plus, comme la notion d’indignité est attachée à l’activité prostitutionnelle, la prostituée en hérite et devient elle même définitivement indigne. La loi rejoint ainsi les religions en la livrant à la vindicte populaire.
Ainsi, en jugeant qu’une activité est indigne pour une femme, la loi établit une vérité légale intangible. Au nom de cette vérité, elle effectue un hold up symbolique sur le corps de la femme et fixe les conditions dans lesquelles une femme « normale et digne » se doit de disposer de son corps. En dehors de cette sphère licite, la femme devient la fornicatrice d’Antan.
En revoyant la façon dont elle a été appréhendée dans sa chambre d’hôtel avec son amant, elle s’est sentie prise par un sentiment de profonde compassion pour toutes les fornicatrices juives, chrétienne, ou musulmanes qui ont dû affronter les regards de haine brûlante qui devaient être encore plus terribles que les pierres.
Elle voyait dans ces pseudo bons principes, non pas une réelle volonté de promouvoir la protection de la femme, mais bien une tentative de retour du religieux dans la sphère de la loi laïque. Clairement pensai-elle, ce n’est pas de cette façon que le problème de la prostitution peut-être réglé, et d’ailleurs est-ce vraiment le but de cette loi, n’y aurait-il pas un autre raison inavouée, inavouable ? Le sexe de la femme, origine du monde, est-il condamné à faire autant peur pour qu’on veuille à tout prix le contrôler ? l’objectif caché ne serait-il pas moins que le contrôle de la matrice ?
C’est à ce point dans sa réflexion que Sophie entendit frapper à la porte de sa « cellule », quelques instants plus tard, elle vit une jeune homme entrer, elle se dit que dans ce lieu au moins, les gens font semblant de respecter ce qui lui reste d’intimité.
- Bonjour madame Alys
- Bonjour,
- Je suis l’agent Raul SON POUSS, J’aurai quelques questions à vous poser. Vous pourrez partir une fois votre déposition signée.
- … hochement de tête ……
- Vous a t-ton lu vos droits lors de votre arrestation ?
- Oui,
- Connaissez vous le motif de votre arrestation et pouvez vous me le dire ?
- Oui, le brigadier a parlé de complicité dans une affaire d’infraction sur la loi relative à la prostitution.
- Très bien. Reconnaissez vous exercer le métier de prostituée de façon régulière ou de façon occasionnelle ?
- non !
- Je suis tenu de vous rappeler que la prostitution vous concernant, n’est ni un crime ni un délit v…
- Oui je sais.
- Vous maintenez votre réponse?
- Oui.
- D’accord, la question peut vous sembler brutale ainsi posée, mais au yeux de la loi il n’y a que les documents légaux qui fassent foi. nous sommes d’accord ?
- Je peux le comprendre, oui,
- On continue. Est-ce que vous reconnaissez avoir eu des rapports sexuels avec monsieur Matt Delhom en dehors de tout cadre légal, prostitution mise à part ?
- Qu’est ce que vous appelez un cadre légal ?
- C’est ce dont on vient de parler, un cadre réglementé par des documents officiels ou reconnus comme tel qui fixe le périmètre légal du dit cadre.
- J’ai bien peur de ne pas être en mesure d’identifier les cadres dont vous parlez .
- C’est normal quand on n’a pas réfléchi à la question, alors je vais vous aider. Etes vous en possession d’un document qui prouve vos qualités d’épouse et mari vous liant vous même ainsi que monsieur Delhom ?
- Non,
- L’acte de mariage est le document qui atteste l’existence d’un cadre légal reconnu par la loi, c’est le mariage…
- Je sais ce qu’est le mariage. vous pouvez continuer
L’agent parut légèrement décontenancé d’être ainsi interrompu par deux fois dans un discours parfaitement rodé depuis le temps qu’il le déroule, après un moment d’hésitation, il reprit : Dans le même ordre d’idée, êtes vous en possession d’un document qui prouve vos qualités de concubins ?
- Non,
- Etes vous en possession d’un document qui atteste que vous-même ainsi que monsieur Delhom partagez une vie commune dans le cadre de l’union libre ? je vous rappelle que ce document peut être établi dans toutes les mairies de France
- Non,
- Avez-vous rédigé conjointement avec monsieur Delhom un document qui atteste de votre intention ferme et raisonnée de pratiquer des actes sexuels en tant qu’adultes responsables et consentants et ce sans aucune contrepartie vénale de quelque nature que ce soit.
- non.
- Nous avons épuisé tous les cadres officiels et officieux que la loi reconnait comme étant des cadres légaux à l’intérieur desquels les pratiques sexuelles sont licites. reconnaissez vous avoir eu des rapports sexuels avec monsieur Matt Delhom en dehors de tout cadre légal, prostitution exclue ?
- Oui
- Il me reste une dernière question : Vos relations sexuelles avec monsieur Delhom ont—elles donné lieu à une compensation financière ou toute autre forme de rétribution ?
- Non.
L’attitude de Sophie a fini par désarçonner l’agent, il ne s’attendait pas à trouver une personne qui ne montrait aucune appréhension, il était bien obligé d’admettre en son for intérieur qu’elle ne répondait pas au profil de prostituée modèle. L’interrogatoire commençait à le mettre mal à l’aise, il avait hâte qu’il se termine.
- Vous pouvez voir sur l’écran à plat sur la table devant vous une première version de votre déposition qui est générée d’après vos réponses. Je vous demande de la lire s’il vous plait !
- Très bien « Je sous-signé Sophie Alys déclare avoir été mise en état d’arrestation dans une situation de flagrant délit de présomption de complicité d’infraction à la loi sur la pénalisation des actes d’achat de faveurs sexuelles, dite loi pénalisant la clientèle de la prostitution.
Je certifie ne pas exercer un métier de prostitution que ce soit occasionnellement ou régulièrement.
Je reconnais avoir eu des rapports sexuels avec monsieur Matt Delhom en dehors de tout cadre légal (prostitution exclue). Je maintiens cependant que ces rapports n’ont donné lieu à aucune rétribution même si je n’ai aucun document pour le prouver. Je persiste et je signe : - signez-ici- ».
- Voici un document que je dois vous remettre dit l’agent en lui tendant une copie du document que Matt a dû recevoir. Ce document illustre les différentes situations possibles par confrontation de votre réponse à celle de monsieur Delhom. Il définit les suites à donner à …
- Vous pouvez le garder
- Mais … c’est pour votre information que je dois vous le donner, vous pouvez ainsi établir votre meilleure stratégie de défense et changer d’avis si nécessaire.
- Suis-je accusée dans cette affaire ?
- Euh non…
- Alors je vais me défendre contre quoi ?
- C’est pour que vous soyez au courants des différentes suites …
- Quelles suites ? vous voulez m’enfermer dans un dilemme dont vous êtes les seuls gagnants ? je ne participe pas à ce cirque monsieur, j’ai bien l’intention de me mettre à l’œuvre pour en démonter les mécanismes. Maintenant que j’ai signé ma déposition, vous voudrez bien me laisser partir !
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aleph- Maître du Temps
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