Vent du large
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Vent du large
J'étreins la mort au cœur, à chaque nouveau départ.
Je peins le corps des feuilles, avec le vent des steppes.
Je peins les bords du ciel, avec le sang des joutes.
Je peins ma vie trop dérisoire et mes veinules trop vastes,
Pour contenir l'essence indicible du songe,
Tout au long de la route.
Je peins l'amour intense, et la pluie qui clapote.
Un art de ventriloque...
J'éteins la nuit trop longue
Et la monotonie des cités de métal.
Je peins les toits des villes, le murmure de l'appel.
Je m'écrie et je m’époumone : que viennent les splendeurs de la science
Tandis que la douleur étalonne le danger...
Langueurs et perfections, paresses, état d'absence, état de non-souffrance :
Mon royaume pour ces leurres, fourberies impeccables.
Terre arasée : je chante, vif mais pas très affable.
Affalé sur le sceptre, étendu sur le trône, parmi les humains et les faunes.
Nous construisîmes des caravelles pour régner sur les océans
A défaut de savoir s'intégrer au sillon.
Pathétiques oiseaux du grand-large !
Ô toi, moi, vous, pendus aux toiles,
De hauban en hauban, et puis de vergue en vergue,
Dans l'éther fascinant que génère la vitesse,
Ivresse des profondeurs fendues, sur le surf de l'écume.
Nos fureurs : déchaînements, des idolâtries, des étoiles,
Saturant sur la coque, ritournelle électrique, rupture après trop plein,
Des tensions dramatiques à chaque enfantillage...
Jamais sûrs d'échapper à la grande Némésis.
Nos fêtes : tonnerre d'écume, dans le vide océan !
Multitude des corps en mouvement, carreaux d'arbalètes au regard,
Un geste : tout s'éclaire, un accord : tout s'emballe.
Des alcools et des danses – pour le plaisir du jeu –
De fugaces formations, des liens et des déliés,
Sur la grand-voile et sur le pont,
Les musiciens et les sylphides.
Ô je me souviens des bons jours, pendus au gouvernail, rêvant d'éternité.
Inconscients des heurts du naufrage, et sautillant de vague en vague.
Flûte effilée crachant les flux de la méthode : quadriller le secteur, dénouer les cordages,
Préparer les canons, faire face aux navires de l'Empire.
Tant de luttes, remportées aux tripes, dès lors que perdre est l'évidence.
Tant d'escales, tant d'erreurs, et tant de poésie.
Tant de contrées sauvages, et de comptoirs précaires,
Avant de repartir continuellement vers l'horizon.
Ah, l'horizon : cette toile ! Vanité de pirate qui prétendrait l'atteindre,
Ce tableau sans limites que nous tentons de peindre,
Ce feu protéiforme que nous voulons toucher,
Cette quête superfétatoire.
Soleil, puissance masquée au delà des nuages, par-dessus la tempête,
Rayons du bout des doigts, tendresse du bout des reins,
Fuite encore, en douceur, dans les cieux inconnus...
Cette allégorie qu'est l'Exil : nos mains fusant, oblongues,
Et des nuits intranquilles la saveur de satin, le goût de Mélissandre
Sur la peau qui ruisselle, le désir comme un fleuve,
A la croisée des lèvres, au secret des alcôves.
J'aimerai quelquefois m'arrêter, m'installer quelque part, dans un port sans histoire.
Mais les lendemains sont fades, et l'urgence du départ rompt tous les pourparlers.
Déjà, nous revoilà en mer.
Poussière dégoulinant de la tourbe et du ciel,
Le début d'un cyclone,
Feu des orages grégaires aux aurores boréales
Patience de la murène au-dessous du récif
Nocif : autan d'hiver, puissance de la bourrasque.
Arrachés à nos vérités, déterritorialisés, en stupeur et en suspension,
Nous traînons nos chaînes, de festin en festin, et de sacrifice en courage.
Avant nous, les scaldes faisaient office, aussi : horrible bénéfice des chœurs de la folie...
Une histoire quelquefois triviale d'humidités et d'orifices,
Une histoire plus souvent bien triste : tracée de peines et de violences...
Or, par la septième ampleur, par l'étendard de jais, par le serment d'aurore,
Nous relevons les pièges, et refusons l'opprobre :
Nous déclarons tenir, face au grain décimant les volitions humaines.
Nous n'abdiquons pas face aux mangeurs de néant,
Animaux d'énergie pullulant comme des spasmes.
Aussi, la mélodie mélancolique du fleuve,
Et les cinq tournoiements du sabre et de la plume,
Sur les chars qui défilent et les drones qui vrombissent,
Dans la coque de téflon des tactiques futuristes,
La guérilla sans peur des tisseurs de nuages.
Sans armes, sans bagages, sans larmes, sans déluge,
Prêt à lancer les subterfuges, prêt à tonner l'hymne sauvage,
Mes yeux pleurent des trous noirs, mon sexe pisse des soleils,
Et mon sang qui rigole sur le trottoir, si noir,
Tout ce sang, goutte à goutte, qui marque le passage...
Mon sang témoigne encore que nous ne vécûmes pas sous le joug des arpèges,
Que nous vécûmes debout, face aux grands infinis,
Que nous fûmes bien vivants, de seconde en seconde, comme vivent les éphémères.
Face au vent glacé de l'arctique, les lendemains d'ivresse :
Vieille légende de marins,
Les monstres merveilleux, les chants et les sirènes.
Jamais pour l'avenir, toujours pour l'espérance,
Fruit sec de mon errance : tremblements et soupirs.
Susurrant l'hallali, déliant la mesure,
Et ces écholalies : va, vent veule vide, avide. Éveil évanescent.
Courant sur la blessure, des étincelles de sensations qui fulgurent jusqu'à la suture.
Encore une résilience. Dans le désert immense, où ne suis accordé qu'aux violons de l'exil.
Encore un peu de chance.
Échoué sur la plage.
Encore une dernière dérade.
Je peins le corps des feuilles, avec le vent des steppes.
Je peins les bords du ciel, avec le sang des joutes.
Je peins ma vie trop dérisoire et mes veinules trop vastes,
Pour contenir l'essence indicible du songe,
Tout au long de la route.
Je peins l'amour intense, et la pluie qui clapote.
Un art de ventriloque...
J'éteins la nuit trop longue
Et la monotonie des cités de métal.
Je peins les toits des villes, le murmure de l'appel.
Je m'écrie et je m’époumone : que viennent les splendeurs de la science
Tandis que la douleur étalonne le danger...
Langueurs et perfections, paresses, état d'absence, état de non-souffrance :
Mon royaume pour ces leurres, fourberies impeccables.
Terre arasée : je chante, vif mais pas très affable.
Affalé sur le sceptre, étendu sur le trône, parmi les humains et les faunes.
Nous construisîmes des caravelles pour régner sur les océans
A défaut de savoir s'intégrer au sillon.
Pathétiques oiseaux du grand-large !
Ô toi, moi, vous, pendus aux toiles,
De hauban en hauban, et puis de vergue en vergue,
Dans l'éther fascinant que génère la vitesse,
Ivresse des profondeurs fendues, sur le surf de l'écume.
Nos fureurs : déchaînements, des idolâtries, des étoiles,
Saturant sur la coque, ritournelle électrique, rupture après trop plein,
Des tensions dramatiques à chaque enfantillage...
Jamais sûrs d'échapper à la grande Némésis.
Nos fêtes : tonnerre d'écume, dans le vide océan !
Multitude des corps en mouvement, carreaux d'arbalètes au regard,
Un geste : tout s'éclaire, un accord : tout s'emballe.
Des alcools et des danses – pour le plaisir du jeu –
De fugaces formations, des liens et des déliés,
Sur la grand-voile et sur le pont,
Les musiciens et les sylphides.
Ô je me souviens des bons jours, pendus au gouvernail, rêvant d'éternité.
Inconscients des heurts du naufrage, et sautillant de vague en vague.
Flûte effilée crachant les flux de la méthode : quadriller le secteur, dénouer les cordages,
Préparer les canons, faire face aux navires de l'Empire.
Tant de luttes, remportées aux tripes, dès lors que perdre est l'évidence.
Tant d'escales, tant d'erreurs, et tant de poésie.
Tant de contrées sauvages, et de comptoirs précaires,
Avant de repartir continuellement vers l'horizon.
Ah, l'horizon : cette toile ! Vanité de pirate qui prétendrait l'atteindre,
Ce tableau sans limites que nous tentons de peindre,
Ce feu protéiforme que nous voulons toucher,
Cette quête superfétatoire.
Soleil, puissance masquée au delà des nuages, par-dessus la tempête,
Rayons du bout des doigts, tendresse du bout des reins,
Fuite encore, en douceur, dans les cieux inconnus...
Cette allégorie qu'est l'Exil : nos mains fusant, oblongues,
Et des nuits intranquilles la saveur de satin, le goût de Mélissandre
Sur la peau qui ruisselle, le désir comme un fleuve,
A la croisée des lèvres, au secret des alcôves.
J'aimerai quelquefois m'arrêter, m'installer quelque part, dans un port sans histoire.
Mais les lendemains sont fades, et l'urgence du départ rompt tous les pourparlers.
Déjà, nous revoilà en mer.
Poussière dégoulinant de la tourbe et du ciel,
Le début d'un cyclone,
Feu des orages grégaires aux aurores boréales
Patience de la murène au-dessous du récif
Nocif : autan d'hiver, puissance de la bourrasque.
Arrachés à nos vérités, déterritorialisés, en stupeur et en suspension,
Nous traînons nos chaînes, de festin en festin, et de sacrifice en courage.
Avant nous, les scaldes faisaient office, aussi : horrible bénéfice des chœurs de la folie...
Une histoire quelquefois triviale d'humidités et d'orifices,
Une histoire plus souvent bien triste : tracée de peines et de violences...
Or, par la septième ampleur, par l'étendard de jais, par le serment d'aurore,
Nous relevons les pièges, et refusons l'opprobre :
Nous déclarons tenir, face au grain décimant les volitions humaines.
Nous n'abdiquons pas face aux mangeurs de néant,
Animaux d'énergie pullulant comme des spasmes.
Aussi, la mélodie mélancolique du fleuve,
Et les cinq tournoiements du sabre et de la plume,
Sur les chars qui défilent et les drones qui vrombissent,
Dans la coque de téflon des tactiques futuristes,
La guérilla sans peur des tisseurs de nuages.
Sans armes, sans bagages, sans larmes, sans déluge,
Prêt à lancer les subterfuges, prêt à tonner l'hymne sauvage,
Mes yeux pleurent des trous noirs, mon sexe pisse des soleils,
Et mon sang qui rigole sur le trottoir, si noir,
Tout ce sang, goutte à goutte, qui marque le passage...
Mon sang témoigne encore que nous ne vécûmes pas sous le joug des arpèges,
Que nous vécûmes debout, face aux grands infinis,
Que nous fûmes bien vivants, de seconde en seconde, comme vivent les éphémères.
Face au vent glacé de l'arctique, les lendemains d'ivresse :
Vieille légende de marins,
Les monstres merveilleux, les chants et les sirènes.
Jamais pour l'avenir, toujours pour l'espérance,
Fruit sec de mon errance : tremblements et soupirs.
Susurrant l'hallali, déliant la mesure,
Et ces écholalies : va, vent veule vide, avide. Éveil évanescent.
Courant sur la blessure, des étincelles de sensations qui fulgurent jusqu'à la suture.
Encore une résilience. Dans le désert immense, où ne suis accordé qu'aux violons de l'exil.
Encore un peu de chance.
Échoué sur la plage.
Encore une dernière dérade.
Dari- Affranchi des Paradoxes
- Nombre de messages : 357
Localisation : ici et là...
Identité métaphysique : humain, trop humain
Humeur : la nuit sera calme
Date d'inscription : 13/04/2012
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