Sagesse du pluvian
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Piaf-Tonnerre en Atlantide
Tant d'arbres engloutis, agitant leurs rameaux !
Ce sont ceux qui croissaient dans la verte Atlantide.
À leurs pieds sont posés des squelettes livides
Oublieux de Bacchus et d'Eros, son jumeau.
Le froid rayonnement d'atlantiques émaux
Ne trouble point des morts l'éternité limpide ;
De très petits poissons passent près d'eux, rapides,
Et, saisis de respect, ne disent pas un mot.
Les atlantes palais ne sont plus que décombres ;
Le calcaire blanchi se meurt sous l'algue sombre.
L'océan a brisé le couvercle poli
D'un massif sarcophage, et l'a rempli de sable.
Une stèle proclame, en langage aboli :
« Notre mode de vie se veut impérissable ».
Azerty 2014
Le « Désordre Azerty » (du Maître Chevillard)
Parvient presque à prouver de Dieu l'inexistence ;
Preuve dont on devrait user avec prudence,
Car il pourrait s'agir d'un simple canular.
Dans la ménagerie, des bestiaux de hasard
Dont il vaut mieux ne point savoir la provenance.
L'auteur serait-il quelque animal en partance,
Anaconda, dugong, éléphant, balbuzard ?
L'humour serait un sens, à l'instar de la vue ;
Le singe est transformé dans sa variante nue
Et, par là, se dérobe à notre entendement.
Les barreaux sont plus drus que le blé sur la Terre ;
Pensons aux postulats qui sont élémentaires :
Nous portons notre nom ? Il nous porte, vraiment.
Festin de Robert
Robert se tient parmi les litres qu’on achève,
C’est de la poésie qu’il apporte au banquet ;
Un rayon de soleil qui joue sur le parquet
Semble aux joyeux buveurs être issu de leurs rêves.
Aux fenêtres, la Seine illumine ses grèves
Ainsi que les étals des libraires du quai ;
La reine de la fête a fait faire un bouquet
Pour offrir à celui qui trouvera la fève.
Tu rougis nos boissons, précoce crépuscule ;
Tu rougis la taverne où les gens se bousculent,
Mais aucun de ceux-là ne t’en tiendra rigueur :
Car, auprès des tonneaux, subsistent des bouteilles
Qui, de leur tintement, font tinter nos oreilles,
Résonner notre rire et palpiter nos coeurs.
Autre ondin
Un ondin, qui suivait une route cachée,
Se chantait des chansons, toujours selon son coeur.
Ses complaintes étaient de variable longueur,
Nulle d’elles ne fut de laideur entachée.
Pour les fleurs il produit cette oeuvre recherchée,
Aux couplets imprégnés de force et de rigueur.
Il pourrait s’y glisser un soupçon de langueur,
Sans que n’y fût jamais une plainte ébauchée.
Le hibou le regarde avec grande amitié ;
Le crapaud, l’entendant, se réveille à moitié.
Tous les deux sont charmés par cette fantaisie.
Heureux que ces petits lui témoignent leur foi,
C’est avec grand honneur que l’ondin la reçoit :
Il se sent fier comme un prophète d’hérésie.
Pays imaginaire
J’ai rêvé que j’allais au Pays de Beauté.
Tout le monde était beau, c’en était effroyable ;
Tout en circulant dans ce monde peu croyable,
J’étais aveuglé par d’innombrables clartés.
La nuit ne faisait point, là-bas, l’obscurité ;
Mille feux provenaient de sources admirables.
Même si, au début, c’était bien agréable,
L’esprit finissait par s’en trouver agité.
Mieux qu’un riche bouquet me plaît l’humble fleurette,
Mieux qu’un violent désir, la paisible amourette ;
Le sublime est, pour moi, trop empreint de rigueur.
Quand du rêve se fut dissipé le nuage,
Je souris de revoir d’ordinaires visages,
Me disant en moi-même : « Ils ont vraiment du coeur ».
Chandelle verte
C’est un jeune marin qui chante pour les filles,
Heureux dans cet amour qu’on fait en raccourci ;
Amour auquel ne manque, hélas, ni le souci
Ni la joie des unions dont l’éternité brille.
Dès l’arrivée au port, les marins s’éparpillent
Et vont vers un sourire, un joli corps, aussi ;
Le bonheur et la peine ensemble, c’est ainsi,
La trace d’une larme aux yeux qui s’écarquillent.
Ensemble soupirant, le mataf et sa belle
Voient, sur la cheminée, mourir une chandelle
Et savent que mourront, de même, leurs amours.
Reviens plus tard au port, autre sera ta femme ;
Tu sais qu’il ne faut point compter ça pour un drame,
Et qu’ardeurs de marins ne sont point pour toujours.
Diablerie
Un diable, un jour, escalade un clocher,
Montrant sa nudité à tout le monde ;
L'évêque, qui n'ose pas s'approcher
(Car le démon crache du feu, et gronde),
À une paroissienne a demandé :
« Vous l'avez vu ? Comment est-il monté ? »
Cette question fait rougir la pucelle.
« Ah ! Monseigneur ! Comme un taureau », dit-elle.
Lord Arlen
Il était assez vieux, Lord Arlen, le subtil,
Et son épouse était quelque peu sacripante.
Elle vint à l’église en robe provocante,
Regardant Parsifal à travers ses longs cils.
« Je comprends votre idée, Madame, lui dit-il,
Et je dois avouer que la chose me tente ;
Mais au lien conjugal, se peut-il que j’attente ?
Mon nom est Parsifal, je ne fais rien de vil. »
« Lord Arlen est parti pour le sacre du roi,
Chevalier, au château maintenant suivez-moi :
Les biens de Lord Arlen seront votre apanage. »
Arlen, qu’une servante a vite prévenu,
Dedans son domicile est alors revenu :
Il surprend Parsifal au lit avec son page !
Chambre d'hôtes
Camper, tels deux oiseaux, sous la voûte ogivale
Du Panthéon offert à nos corps pour la nuit ?
Y reposer, songeurs, sans parole, sans bruit
Comme deux escargots en torpeur estivale ?
Mais serait-ce vraiment une chose loyale ?
Quel en serait l'enjeu, quel en serait le fruit ?
Bon, d'accord : fantasmer, parfois, en rien ne nuit.
C'est, de la poésie, la condition natale.
Quelques rares passants, suivant la rue Soufflot,
Y feraient de leurs pas entendre la cadence,
L'averse, sur les toits, s'écoulerait à flots.
Nous savons, désormais, la valeur du silence ;
De notre partition, c'est le plus bel accord,
Comme l'obscurité fait le plus beau décor.
Trois cahiers
Un cahier rose, un cahier mauve :
Quelques disciples, dans ces deux
Recueils aux signets de cuir fauve,
Tracent leur texte, au stylo bleu.
Un cahier mauve, un cahier rose :
Chaque disciple à son tour prend
Des notes, qui ainsi reposent,
Sur des sujets petits et grands.
Le Maître est lui-même archiviste,
Il met sur son cahier grenat
Des aphorismes d'humoriste,
Même si, certains jours, il n'a
Guère le temps de s'y répandre :
Il trace ses mots, sans s'étendre.
Métamorphose
En plein hiver, le chef de Piaf-Tonnerre
Est quelquefois de froide pluie battu ;
Pour se trouver plus chaudement vêtu,
Le bel oiseau se change en ours polaire.
En plein été, chauds comme en une serre,
Les airs n’ont plus l’apaisante vertu
De rafraîchir les animaux fourbus ;
Notre héros devient un dromadaire.
D’être changeant, l’oiseau est-il fautif ?
Non, il agit par un simple motif,
Pour supporter, tantôt l’heure embrasée,
Tantôt le froid qui tue les oiselets.
Son apparence est métamorphosée,
Mais c’est toujours le même coeur simplet.
Les saucisses de Saadi
J'ai voulu l'autre jour t'apporter des saucisses,
J'en transportais beaucoup, mais par terre, ça glisse ;
Je portais, ce jour-là, mes plus mauvais souliers.
Je m'étale par terre, et les saucisses volent.
Ô filles de Francfort, dans quelle course folle
Sur ce trottoir pentu, vous glissiez ! vous rouliez !
Tous les chiens du quartier, lancés à leur poursuite,
Ont alors rattrapé les saucisses en fuite ;
J'abrite mon chagrin sous un micocoulier.
Marceline
Marceline entendait la langue des feuillages,
Recevant le salut de tous les arbrisseaux ;
Elle écoutait pleurer le ramier sous l'ombrage,
Son verbe était limpide, ainsi qu'un clair ruisseau.
En rêve, elle effleurait la courbe d'un visage,
Le jour, elle souffrait de son coeur en morceaux ;
Au printemps, célébrant l'éclat du paysage,
En hiver, déplorant le trépas des oiseaux.
Ah ! Qui donc, désormais, regrette Marceline ?
À peine un vieux cochon devant elle s'incline
Et de sa tendre plume emprunte la couleur.
Après d'autres auteurs, il nous advient de naître ;
Admiratifs, parfois, du talent d'un vieux maître,
Plus encore, d'un verbe émanant d'une fleur.
Sacrifice
Le prophète avait pu deviner le dessein
De la reine adultère, à la saison fleurie.
Il avait vu quelqu’un frotter l’argenterie,
Surtout un grand plateau qu’ornaient de vieux dessins.
Il n’attendait aucun secours de l’Esprit-Saint ;
Comme un agneau, le soir, s’en va de sa prairie
Pour trouver le sommeil en une bergerie,
Jean désirait quitter cet univers malsain.
Sa chair, par les excès, n’était point alourdie :
Du désir, il n’avait point subi l’incendie,
Même quand Salomé le voulut pour amant.
Quand survint le bourreau avec sa grande épée,
Il caressa l’acier en disant simplement :
« Lame, dans un instant, tu seras mieux trempée. »
Sagesse du cochon
Antoine élève un cochon
De compagnie : c’est son pote.
Et c’est un penseur profond,
Même s’il n’a point de bottes.
Il garde un silence épais,
Ne s’abusant point aux mythes ;
C’est ainsi qu’il vit en paix,
Connaisseur de ses limites.
Il n’est jamais pris de court
Par l’arrogance des Maîtres :
Il se rit de leurs discours,
Car il peut se le permettre.
Une mouette d’Orient
Lui rend visite, à l’aurore ;
Avec elle, il va riant
Par les chemins qui se dorent.
Il ne craint point son destin,
Se doutant que c’est un rêve ;
Il s’attable en un festin,
Se foutant qu’ensuite, on crève.
Antoine sourit, pensant
Qu’elle a raison, la Nature,
De faire un cochon dansant,
Exempt de cléricature.
Histoire d'ombre
Chamisso, tu nous dis ce Schlemihl incroyable,
Qui son ombre vendit, et ne supporta pas
L'extrême isolement qui alors le frappa ;
Ce furent les débuts d'un parcours effroyable
Et d'un grand marchandage avec le cruel diable
Qui, chaque fois qu'il put, le vola, le trompa,
Au point que presque, il pût désirer le trépas,
Sans accomplir, pourtant, ce geste irrémédiable.
L'histoire est moins tragique, aux abords de la fin :
Il voit d'assez beaux jours, avant d'être défunt,
Sa vie finit un peu comme un joli poème ;
Son adversaire semble un moins vaillant gaillard.
Le démon s'affaiblit, quand il devient vieillard ;
Pauvre diable, il n'est plus que l'ombre de lui-même.
Réponse à un sonnet de Marc
Marc nous offre un poème au seuil de la nuit blonde ;
« Le ciel est, en ce lieu, baudelairien », dit-il.
Il écoute le son d'un musicien subtil,
Évitant de glisser sur la face du monde.
Un terroir de campagne où la gadoue abonde,
On y entend des chants composés en l'an mil.
Le printemps sera là dans les débuts d'avril,
Jours où le pâturage aux averses s'inonde.
Le lointain est peuplé de ces moulins étranges
Qui pourraient saccager le plumage des anges ;
Quichotte aurait frappé ces vilains appareils.
Il en aurait brisé sa lame de Tolède,
Surpris que soit si forte une chose si laide
(Ce qui n'étonne plus, cependant, nos pareils).
Réminiscence
Doux comme le jadis s’en montre le vestige,
Doux comme le Léman et l’herbe de ses bords ;
Le souvenir du coeur, la mémoire du corps,
En ceux-là je ne trouve aucun trait qui m’afflige.
Je reviens sur ces temps, sans qu’on ne m’y oblige,
Dans un tiède wagon qui me berce et m’endort ;
Qui, de mes compagnons est vivant ? Qui est mort ?
Quel prénom te donner, visage qui voltige
Devant mes yeux fermés ? Sans me laisser surprendre,
À la bonne station je parviens à descendre.
Il est tôt le matin, les grands quais sont déserts.
Amantes que l’esprit voudrait rendre immortelles,
Cette vie, loin de vous, n’est pourtant pas l’enfer :
Au printemps reviendront de jeunes hirondelles.
Miroir obscur
Le poète, attiré par un regard charmant,
S’effraie de ne point voir, pourtant, ce qu’il reflète.
Nul éclat, nul désir, nul feu, nulle paillette...
La princesse au boudoir traîne languissamment.
Nul songe ne palpite en ces deux diamants,
Nulle onde ne parcourt leur surface parfaite ;
La belle n’est pas triste, et n’est pas inquiète,
Combien froid, cependant, est son rayonnement !
L’infini n’atteint pas ce beau foyer sans flamme,
Nul reflet ne surgit, dans ce miroir si beau
Qu’on voudrait y sentir la chaleur d’un flambeau.
La belle n’entretient aucun feu dans son âme,
Sibylle savourant un calice idéal
Dont rien ne vient troubler le transparent cristal.
Mary Hamilton
Chez Mary Hamilton, on vit venir la Reine.
« Mary, levez-vous donc. À présent, dites-moi
Où est allé l'enfant dont j'entendais la voix. »
« Un navire ai choisi pour lui, ma Souveraine,
Et l'ai livré aux flots que hante la sirène,
À la grâce de Dieu, qu'il nous garde en sa loi. »
« Mary, vous n'avez point agi en bonne foi ;
Si l'enfant eût vécu, j'eusse été sa marraine,
Mais en ville, aujourd'hui, je crois que nous irons,
N'écoutez en chemin ceux qui vous maudiront. »
Mary, un bref instant, se pose en suppliante,
Puis prend sa robe blanche et son collier doré
Que tout à l'heure, en ville, elle veut arborer ;
Elle marche au supplice, à-demi souriante.
Naissance d'un style
Suis-je sûr de reconnaître
Ce style qui fait ma vie ?
Mais il doit beaucoup, peut-être
À la belle imagerie,
Vivante et jamais aride,
Qu'une amie douce entretient :
Comme une arche sur du vide,
Ces couleurs, ce n'est pas rien !
Samedi matin
C’est par petits fragments que se crée le savoir,
Où nous investissons toujours un peu de vie
Que, volontairement, nous avons asservie,
Sans mesurer toujours le coût d’un tel devoir.
Cela peut tantôt plaire, et tantôt décevoir :
Tous ceux dont l’ambition se montre inassouvie
Contemplent vainement ce qui leur fait envie,
Sans que cela leur soit trop agréable à voir.
Je regarde les rues de mon Quartier Latin ;
Rien n’est encore ouvert, c’est trop tôt le matin,
Mais quelques taverniers, déjà, sont en cuisine.
Je vois la pluie tomber sur Saint-Germain-des-Prés
Sans troubler les fêtards passant en limousine ;
Je me promène, heureux de flâner à mon gré.
Attention ! Chat bizarre
Un grand penseur de gauche, à Saint-Germain des Prés,
Élève un chat bizarre auprès de sa cuisine ;
Et, sur le siège avant de sa bleue limousine,
A disposé pour lui un coussinet pourpré.
Ce chat n'est point cruel, car il n'est point frustré.
Si le maître est absent, le nourrit la voisine ;
Jamais une souris ce félin n'assassine,
Ni jamais un moineau par lui n'est massacré.
Se sait-il compagnon d'un homme de savoir ?
Qu'il soupçonne la chose, on peut le concevoir :
Surtout quand le facteur apporte trois cents lettres
Qui à l'étrange humain serviront de festin ;
Alors, ce chat se fait messager du destin,
Choisit une enveloppe, et la donne à son maître.
Style au désert
La rime rare a nargué ton pinceau.
Même si tu ne peux la satisfaire,
Petit rimeur, tu n'as pas à t'en faire,
Tu peux signer ton oeuvre de ton sceau.
La route est longue, et trop lents sont tes pas.
Mais l'essentiel est que, toujours, tu marches
Sur ce chemin qu'ombragent quelques arches ;
Il est des buts où l'on n'arrive pas.
La fille tendre éveille ton désir,
Reste avec elle, et sois tendre à loisir,
Un barde peut parfois se le permettre.
Dresse une stèle à ces trois déités
À qui tu dois tant de félicités :
Et remercie Segalen, ce bon maître.
春雪 *** Neige au printemps
J’ai vécu quelques mois dans la Chine lointaine ;
Me reviennent, parfois, ces souvenirs enfuis,
Quand la lune d’automne est au jardin, la nuit,
Ou quand la brume rend ma vision incertaine.
Petits livres chinois, qui chez moi par centaines
Au fil tu temps passé vous êtes introduits,
Quelques-uns d’entre vous sont assez bien traduits ;
Y compris un recueil de blagues tibétaines.
Mais ce que j’ai suivi pendant pas mal de jours,
C’est un blog dont l’esprit me séduisait toujours,
Exprimant une humeur ou pensive ou joyeuse.
Dame de Neige, en plus d’être ton vieux lecteur,
Je deviens ton adepte et ton admirateur,
Je relis à plaisir ta prose capricieuse.
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