Sagesse du pluvian
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Nelligan
L'amour immaculé n'étant pas de ce monde,
Dans une aubade rouge il mit sa joie profonde.
L'automne était pour lui solitaire saison,
Béatrice ayant fui la commune maison,
Bergère trop volage, aux décisions bien lestes
Inspirées par Dieu sait quel doux billet céleste.
C'était l'automne... et les feuilles tombaient toujours.
Caprice blanc, la neige advint dans les trois jours.
Chapelle dans les bois devenue tombe blanche,
Chapelle de la morte, un arbre dessus penche,
Chapelle ruinée dont l'allure aurait séduit
Charles Baudelaire ou des rêveurs comme lui.
Dans son château rural, le fier poète écoute
Chopin en descendant un whisky pour la route.
Un Christ en croix le voit d'un air sage et profond,
Il fait un clair de lune intellectuel à fond.
Sur son clavier d'antan il compose des rimes
Chantant les coeurs blasés que leurs amours dépriment,
La communion pascale et le gigot d'agneau ;
Dans l'allée travaille un jardinier solognot.
Or, devant deux portraits de ma mère en enfance,
Et devant mon berceau chargé de souvenances,
Un diptyque envahit mon imagination.
Ah, ce frisson d'hiver refroidit mes passions,
Gretchen la pâle amie de mes jours bucoliques
D'hiver continental, presque mélancolique,
M'invite-t-elle en son sentimental jardin?
Une vierge, une rose y languit ce matin,
Chantée par l'organiste, au paradis éclose,
Où la Bénédictine un air nouveau compose.
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Une clé :
http://tinyurl.com/og7a9ou
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Trois rois dans une étable
Voici venu le temps des récits légendaires ;
Par les feuillets froissés continuent d'exister
Les héros dont jadis mon coeur fut enchanté,
Ceux dont la destinée sortait de l'ordinaire.
Sur un menhir maudit, le nom du sanguinaire
Hérode fut inscrit par un druide exalté ;
Cela survint aux jours de la Nativité
Qui virent voyager trois grands rois de la Terre.
Les rois ont rencontré, caché dans une étable,
Un enfant nouveau-né, leur Seigneur véritable,
Auquel ils ont rendu un hommage tremblant.
Le charpentier, pour eux, a sorti trois calices ;
Et, pour les trois vieillards, déjà, c'est un délice
De respirer l'odeur de ce petit vin blanc.
Avec Tang Bohu
跟 唐伯虎
Vivre soixante et dix années
Jamais ne fut chose donnée ;
C’est courte vie,
Surtout si l’enfance on retranche
Et la vieillesse et la nuit blanche,
L’intempérie…
Après notre fête lunaire,
Après la mi-automne claire,
Que vaut la lune ?
Après avril où tant de fleurs
Aux morts vont offrant leurs couleurs,
N’en aime aucune.
Jardin fleuri, lune charmante,
En votre honneur il faut qu’on chante,
Qu’un air résonne ;
Belle coupe à présent bien pleine
Demain n’offre plus de joie vaine
À nos personnes.
Tant de projets et tant d’affaires,
Tant de métiers, que sais-tu faire ?
Tant de souci ;
Ce qu’argent et travail procurent,
C’est que trop tôt ta chevelure
S’en va blanchir.
Plus vite s’en iront les mois
Que tu ne comptes sur les doigts
De cette main ;
La cloche a dit bonsoir au jour
Et déjà le coq dit bonjour
Au lendemain.
Veuillez dénombrer les présents :
L’an prochain c’est l’enterrement
De l’un ou l’autre ;
Mais nos tombeaux, pour la moitié,
L’an prochain seront oubliés
Dans l’herbe haute.
* * * * *
voir aussi
http://tinyurl.com/qfkcahw
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Vivre soixante et dix années
Jamais ne fut chose donnée ;
C’est courte vie,
Surtout si l’enfance on retranche
Et la vieillesse et la nuit blanche,
L’intempérie…
Après notre fête lunaire,
Après la mi-automne claire,
Que vaut la lune ?
Après avril où tant de fleurs
Aux morts vont offrant leurs couleurs,
N’en aime aucune.
Jardin fleuri, lune charmante,
En votre honneur il faut qu’on chante,
Qu’un air résonne ;
Belle coupe à présent bien pleine
Demain n’offre plus de joie vaine
À nos personnes.
Tant de projets et tant d’affaires,
Tant de métiers, que sais-tu faire ?
Tant de souci ;
Ce qu’argent et travail procurent,
C’est que trop tôt ta chevelure
S’en va blanchir.
Plus vite s’en iront les mois
Que tu ne comptes sur les doigts
De cette main ;
La cloche a dit bonsoir au jour
Et déjà le coq dit bonjour
Au lendemain.
Veuillez dénombrer les présents :
L’an prochain c’est l’enterrement
De l’un ou l’autre ;
Mais nos tombeaux, pour la moitié,
L’an prochain seront oubliés
Dans l’herbe haute.
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Après un an dans les montagnes
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pour Guillaume T.
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Cette année d'ermitage, elle ne fut point vaine ;
Le jardin suspendu va longtemps s'embellir ;
Ses pierres sous l’orage un peu plus se polir,
Sa terre recevoir d'autres sauvages graines.
Les sons qu'à cet endroit j'ai parfois entendus
Reviendront si je mange un peu de pain de seigle,
Si au fond d'un bain chaud je me sens détendu,
Si je rêve d'un chat, si je rêve d'un aigle.
Aucun cloître où l'on vit ne me sera prison,
Puisque j’en sortirai, d'une simple parole
Évoquant ma leçon non reçue à l'école ;
Ainsi j'avancerai, au gré de ma raison,
Me construisant toujours quelques nouveaux repères ;
Les décrivant ici, plein de lecteurs l'espèrent.
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Re: Sagesse du pluvian
Comme je recherchais une rime impossible,
Je ne me sentis plus guidé dans mon labeur ;
L’hommage éblouissant que j’avais eu pour cible
Se retrouvait tout nu et de pâle couleur.
J’étais insoucieux des césures épiques,
Des sonnets inspirés d’un madrigal anglais ;
Quand mon esprit cessa d’envoyer de ses piques,
Le silence m’a dit tout ce que je voulais.
Dans les griffonnements farouches de la toile,
Moi, l’autre jour, plus fou qu’un sonneur d’olifant,
J’écrivis, et mes vers montaient vers les étoiles,
Quittaient le sol terrestre en Pégases piaffants,
Et j’ai chanté l’amour du monstre maritime,
De la grenouille verte au bord de son étang,
Quand d’un seul coup de foudre ils sont tous deux victimes
Et que l’amour tragique en chacun d’eux s’étend.
Je sais l’archange mou que ronge le délire,
Consommant des alcools aux ignobles parfums
Dont il croit rallumer la flamme de sa lyre
Pour chanter la douceur de son amour défunt.
Puis il déguste aussi l’absinthe d’émeraude,
Car il veut enivrer deux âmes dans son coeur
Celle de l’oiseau-mouche en pleine saison chaude,
Celle de l’ours polaire au temps du froid vainqueur.
Alors, le vieux rhapsode, ainsi doublement ivre,
Avaleur de souffrance et raconteur d’amour
Entretient de ses vers la vision d’une vouivre
Ayant au fond des eaux plus d’un secret parcours.
Il exulte du vaste et fol itinéraire,
Qui ne lui permet point d’instant inattentif,
Le soupir de la muse aux accents littéraires,
L’esprit calculatoire et le coeur inventif.
Assez ! J’ai trop rimé ! J’ai vidé tout mon rêve !
Toute rime est sans force et tout sonnet amer ;
L’encrier me demande (et la plume) une trêve,
Planons avec la mouette au-dessus de la mer !
Germain Nouveau
Barde en un discret boudoir,
Pris d’inspiration divine ;
Il va, comme on le devine,
Tracer des vers jusqu’au soir.
Puis il se met en peignoir,
Grattant sur sa mandoline
Des accords de mousseline
Qui font rêver le miroir.
Il fait un peu de cuisine
(Un art qu’il apprit en Chine)
Et goûte le vin vermeil.
Il guette au jardin la chatte ;
Il s’allonge sur sa natte,
Songeant à d’autres soleils.
Re: Sagesse du pluvian
j'aime bien les deux premiers paragraphes
enfin en première lecture.
en deuxième lecture...ya plus rien
a si, mais il faut que j'espace dans le temps
enfin en première lecture.
en deuxième lecture...ya plus rien
a si, mais il faut que j'espace dans le temps
mirage- Seigneur de la Métaphysique
- Nombre de messages : 6913
Localisation : Par GPS c'est pratique
Identité métaphysique : Sceptique
Humeur : Egale
Date d'inscription : 18/04/2013
Re: Sagesse du pluvian
Le point de départ :
Germain Nouveau a écrit:
Nous habiterons un discret boudoir,
Toujours saturé d’une odeur divine,
Ne laissant entrer, comme on le devine,
Qu’un jour faible et doux ressemblant au soir.
Une blonde frêle, en mignon peignoir
Tirera des sons d’une mandoline,
Et les blancs rideaux, tout en mousseline
Seront réfléchis par un grand miroir.
Quand nous aurons faim, pour toute cuisine
Nous grignoterons des fruits de la Chine,
Et nous ne boirons que dans du vermeil ;
Pour nous endormir, ainsi que des chattes,
Nous nous étendrons sur de fraîches nattes ;
Nous oublierons tout, — même le soleil !
Re: Sagesse du pluvian
j'aime bien
mirage- Seigneur de la Métaphysique
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Humeur : Egale
Date d'inscription : 18/04/2013
Re: Sagesse du pluvian
Le texte de Germain Nouveau est lui-même un hommage à Charles Baudelaire.
Baudelaire a écrit:
Nous aurons des lits pleins d’odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d’étranges fleurs sur des étagères,
Écloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l’envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d’adieux ;
Et plus tard un Ange, entr’ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Un rhapsode pour Noailles
Un vieux rhapsode commentait
Des auteurs anciens les ouvrages ;
De vers il les agrémentait,
Pour leur rendre un modeste hommage.
Il les visitait chaque jour,
Il baignait dans leur atmosphère ;
Il leur témoignait son amour
(Duquel ils n’avaient rien à faire).
Dans tous ces couplets, longs ou brefs,
Sa verve était sentimentale ;
Et le lendemain, derechef,
Il suivait cette voie fatale.
Lorsqu'il veut s'amuser
Lorsqu'il veut s'amuser, Scarron se fout du monde ;
Le roi même, en ce cas, sera pris pour sujet,
Comme nous pouvons voir aux madrigaux qu'il fait
Ou à d'autres chansons (les exemples abondent).
Le roi ne s'en fait pas, ne tonne ni ne gronde,
Il est même flatté d'être mis en sonnet
Par un subtil auteur, qui vraiment s'y connaît,
Donnant à ses lecteurs jubilation profonde.
Il sait qu'il n'est qu'un roi, ne se prend point pour Dieu,
Qu'il lui faut du papier quand il se rend aux lieux,
Que son corps est en proie à bien d'autres misères ;
Un monarque, il le sait, n'est pas un immortel.
Il a vu le cercueil où reposait son père
Et les pleurs de sa mère approchant de l'autel.
Rencontrer un pluvian
Je voudrais rencontrer un pluvian fluviatile
Pour l’écouter chanter, là-bas, sous le ciel noir ;
Si l’oiseau, en plein jour, est fort plaisant à voir,
La nuit fait émerger ses mélodies subtiles.
Il se tiendrait, repu, sur la rive fertile.
Les insectes diraient leurs mots, sans l’émouvoir ;
Délaissant tout à fait la quête du pouvoir,
Il n’aurait pas non plus de rêves mercantiles.
Mais près du crocodile on est un peu nerveux,
Même, on sent la sueur imprégner les cheveux
En s’approchant, la nuit, de cette grosse brute.
J’irai voir le pluvian quand il sera tout seul ;
Je boirai avec lui ma tasse de tilleul
En écoutant sa voix, plus douce que la flûte.
Un vieux bouquin pour Verlaine
On chasse le vieux livre, on s’y prend patiemment.
Scrutant l’empilement jusqu’à l’instable cime,
Poussant le bouquiniste en son retranchement,
On cherche le trésor que si fort on estime.
Le livre toutefois, caché sournoisement
Dans le fond d’un tiroir, sait qu’il est rarissime
Et ne se montre point. Mais au bout d’un moment,
Il convient que l’on peut s’afficher magnanime ;
Il surgit, au grand jour. Le bon client s’exclame :
« C’est toi ! je t’ai cherché, remarquable bouquin,
Et je te trouve ici ! Allons ! Petit coquin !
Depuis trente ans, je vois ton nom sur mon programme
De lecture, et je vais te lire cette nuit. »
(Le lisant, il n’en est que faiblement séduit).
Victor Hugo dans l'ombre
Victor Hugo explore un territoire d’ombre,
Écoutant les propos d’un spectre à l’humeur sombre.
Aucun des deux n’ayant envie de plaisanter,
Leur entretien sérieux noircit l’obscurité.
L’infini dans un coin ouvre sa vaste bouche,
Impressionné qu’il est par ces penseurs farouches.
Au fond du souterrain, le son éclate et meurt,
Puis se trouve noyé dans de grises rumeurs.
Alors, on voit monter, au firmament funèbre,
La lune bleue qui semble un oeil dans les ténèbres,
Observant le débat d’un air mystérieux.
Le spectre vient de dire « Il faut tâcher de vivre » ;
Victor a noté ça dans la marge d’un livre.
Mon rêve se termine, et j’ouvre de grands yeux.
J'ai rêvé...
J'ai rêvé. J'étais clown, en tenue de marin ;
Je m'exprimais sur scène avec le plus grand zèle,
Faisant rire les gens, les aïeuls, les pucelles,
D'un humour décalé occupant le terrain.
Assis au premier rang, s'esclaffait mon parrain,
Accompagné, ce jour, d'une jeune donzelle
Qui se donnait des airs de rougissante oiselle
Tout en nous gratifiant d'un sourire serein.
Le vieillard, comme pris d'une joyeuse ivresse,
Avait l'air de songer à de douces caresses
(Entrer dans le détail ? Je ne sais si je dois).
J'ai rêvé que j'étais un amuseur-poète,
Composant ce sonnet dans lequel se reflète
Le clownesque propos d'un rimeur maladroit.
Tu l'as dit
Tu l’as dit, Agrippa, la vie n’est pas si dure.
N’avons-nous pas sur nous les ombres des cyprès
Que nous aimons, bien qu’ils côtoient la mort de près ;
L’existence est bien douce en ces coins de verdure.
Si de plus, en ton coeur, la poésie murmure,
Si l’amour (au grand jour ou dans un lieu secret)
Te fait mettre en chanson quelques fabuleux traits,
Nul ne peut désirer plus charmante aventure.
Si ta rime jamais d’un deuil ne s’obscurcit,
Si ton esprit toujours scintille et retentit,
Je rendrai mon hommage à ton don précieux.
Je sais que ton corps a traversé des tourmentes,
Que l’Histoire a produit des drames sous tes yeux ;
Mais ta muse te garde, une si belle amante !
Un vicaire
J'ai entendu parler d'un curé solitaire.
Il cherchait vainement l'aide qui lui manquait ;
Un jour, un paroissien lui offre un perroquet
Qui, avec dignité, se comporte en vicaire.
Mais cet oiseau avait la chasteté précaire :
Souvent, au poulailler, le soir, il pratiquait
Des vices dont le prêtre, à bon droit, s'offusquait,
Lui qui se comportait en pieux célibataire.
À la fin, le curé punit le débauché :
Il s'arme d'un rasoir afin de retrancher
Les plumes qui rendaient sa tête magnifique.
Le dimanche suivant, un chauve vient prier.
Notre vicaire, alors, se met à lui crier
« Dis-nous quelle est la poule avec qui tu forniques !»
Poésie ! Ô parcours...
Poésie ! Ô parcours furtif d'un campagnol,
Tout autour de Paris les collines s’effacent
C’est la belle au boudoir que charme et que délasse
Un amusant récit du vieux Marcel Pagnol.
Face au miroir sans tain les gens font les guignols,
Face au désert de sable est un désert de glace...
Le miroir a perdu de ta forme la trace :
Reste au fond du désert, âme du rossignol.
Un escargot s'envole et part à l'aventure ;
Mon esprit vagabonde au fil des sépultures,
Ma plume n'écrit plus, c'est devenu un os.
J'ai presque terminé de narrer cette histoire ;
Mais si vous farfouillez tout au fond de l'armoire,
Vous devrez prendre garde au vieux rhinocéros !
Le barde meurt de soif
Le barde meurt de soif auprès de la fontaine,
Puis il se désaltère aux rayons du soleil ;
De l’eau, de la lumière, il trouve tout pareil,
D’un plaisir inconnu son âme est soudain pleine.
Entre lui et le monde il ne perçoit qu’à peine
Une séparation; entre son sang vermeil
Et ce qu’il vient de boire, entre veille et sommeil,
Entre son propre chant et ceux de la sirène.
De fines gouttes d’eau sur le pot de vin blanc
Forment quelques ruisseaux qui en ornent les flancs,
Transformant en joyau cette humble terre cuite...
Un vent glacial se lève et nous chasse de là.
Ce printemps dans l’automne a perdu son éclat,
Cette étrange douceur a soudain pris la fuite.
Licorne en reine déguisée
Puis la licorne, en reine déguisée,
Attend le roi dans son grand lit carré.
Son coeur qui bat d’amour démesuré
Conçoit en lui les plus hautes visées.
Sur l’oreiller sa crinière est posée,
Guettant l’entrée du monarque honoré ;
La chambre baigne en ces reflets dorés
Et en fragrance hardiment composée.
Aux quatre coins du lit, des pommes d’or,
Un élément naïf dans le décor
Auquel, lecteur, tu peux bien condescendre.
Le roi, pourtant, n’est point là. Quel tourment,
La longue nuit qu’elle passe à l’attendre ;
Chez la marquise, il soupe, ce gourmand.
Le chou et le lien
Un Chou mijotait dans un pot,
Il avait chaud (que Dieu le garde) ;
Lui, des légumes le plus beau,
Vit un lacet qui, par mégarde,
Avait été dans le potage mis.
« Allons, dit le légume, allons donc, mon ami,
Vous aurait-on tiré d'un bocal de vinaigre ?
Que faites-vous ici, vous êtes bien trop maigre. »
« Aussi, répond le lien, en sortirai-je libre .
Ce qui n’est point le cas d’un gars de ton calibre. »
Si tu veux à ma fable une moralité :
Mieux vaut, parfois, être un inadapté.
Presque une chantefable
Robert tire un alligator
Par les cheveux ; il a donc tort,
Car les alligators sont chauves.
Aussi l'alligator se sauve...
Il va manger l'aligot tard
Dans un troquet du Saint-Gothard.
C'est noté dans le Cahier Mauve,
Contresigné par l'aigle fauve,
Et publié dans ce recueil.
Robert, ne perds pas ton orgueil,
Nous aimons bien tes Chantefables ;
Alligator, chauve-souris,
Sardine, tortue et fourmi,
Tant d'animaux impérissables !
Coccinelles
La coccinelle rouge annonçait une fête,
Mais elle n'a point dit en quel temps, en quel lieu ;
La coccinelle jaune, un astre dans les cieux
Que trouveront nouveau le barde et le prophète ;
La compagnie en fut quelque peu stupéfaite :
La coccinelle orange, un insecte fort pieux,
A prédit du bonheur pour tous, jeunes et vieux,
Ou bien, au minimum, une journée parfaite.
La coccinelle rose a dit : « L'automne arrive
Et nous allons bientôt passer sur l'autre rive
Afin de profiter des beautés de l'hiver » .
La coccinelle mauve a dit : « Dans nos étreintes,
Nous ne nous sentons point tenues par la contrainte
De commenter la chose en composant des vers » .
Transmigration
Trois âmes ont volé par-dessus la colline :
L’une, vêtue de rouge, avec de grands yeux d’or,
L’autre, de jaune avec du sombre sur les bords,
La troisième d’orange aux nuances divines.
La première est partie dans la brise marine,
Vers l’ombre des grands bois. La deuxième est au bord
D’un canal où s’ébat la carpe aux reflets d’or.
La troisième fréquente une friche anodine.
Les grands bois, en novembre, ont encore des fleurs ;
L’âme rouge se mêle à leurs vives couleurs,
Sous le timide aspect d’un insecte ordinaire.
L’âme jaune et l’orange ont dansé dans le vent,
Ainsi commémorant leurs deux grands corps vivants ;
Mais le vent fait danser, aussi bien, la poussière.
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