fables coraniques : Al-Khidr "le vert"

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Message par caius Lun 25 Mai 2009 - 10:16

Al-Khidr (arabe : الخضر‎, perse : خضر, turc : Hızır,), également orthographié Khidr, Khidar, Khizr ou Khizar signifie littéralement « Le Vert » (selon certains hadith il est appelé ainsi à cause de la couleur de ses vêtements selon d’autres parce que la terre où il s’assied se couvre d’herbe.)

C’est un personnage particulièrement mystérieux pour les musulmans : les oulémas n’ont jamais pu déterminer qui il est exactement. Certains le considèrent comme un prophète tandis que pour les autres c’est un wali, un homme proche d’Allah ou en d’autres termes un saint.

Quoique son nom ne soit nulle part mentionné dans la sourate al-Kahf [Coran 18:65], tous les oulémas s’accordent sur le point que le personnage que Moïse accompagne est al-Khidr. Dans ce récit, après avoir oublié un poisson (détail à première vue bizarre pour un lecteur moderne mais qui nous allons le voir a tout son sens), Moïse rencontre al-Khidr et le supplie de le prendre comme élève mais les actes apparemment absurdes et cruels d’al-Khidr lui feront très vite rompre son serment de ne jamais l’interroger sans sa permission.

60. (Rappelle-toi) quand Moïse dit à son valet : "Je n'arrêterai pas avant d'avoir atteint le confluent des deux mers, dussé-je marcher de longues années".
61. Puis, lorsque tous deux eurent atteint le confluent, ils oublièrent leur poisson qui prit alors librement son chemin dans la mer.
62. Puis, lorsque tous deux eurent dépassé [cet endroit,] il dit son valet : "Apporte-nous notre déjeuner : nous avons rencontré de la fatigue dans notre présent voyage".
63. [Le valet lui] dit : "Quand nous avons pris refuge près du rocher, vois-tu, j'ai oublié le poisson - le Diable seul m'a fait oublier de (te) le rappeler - et il a curieusement pris son chemin dans la mer".
64. [Moïse] dit : "Voilà ce que nous cherchions". Puis, ils retournèrent sur leurs pas, suivant leurs traces.
65. Ils trouvèrent l'un de Nos serviteurs à qui Nous avions donné une grâce, de Notre part, et à qui Nous avions enseigné une science émanant de Nous.
66. Moïse lui dit : "Puis-je suivre, à la condition que tu m'apprennes de ce qu'on t'a appris concernant une bonne direction? ".
67. [L'autre] dit : "Vraiment, tu ne pourras jamais être patient avec moi.
68. Comment endurerais-tu des choses que tu n'embrasses pas par ta connaissance? ".
69. [Moïse] lui dit : "Si Allah veut, tu me trouveras patient; et je ne désobéirai à aucun de tes ordres".
70. "Si tu me suis, dit [l'autre,] ne m'interroge sur rien tant que je ne t'en aurai pas fait mention".
71. Alors les deux partirent. Et après qu'ils furent montés sur un bateau, l'homme y fit une brèche. [Moïse] lui dit : "Est-ce pour noyer ses occupants que tu l'as ébréché? Tu as commis, certes, une chose monstrueuse! ".
72. [L'autre] répondit : "N'ai-je pas dit que tu ne pourrais pas garder patience en ma compagnie? ".
73. "Ne t'en prend pas à moi, dit [Moïse,] pour un oubli de ma part; et ne m'impose pas de grande difficulté dans mon affaire" .
74. Puis ils partirent tous deux; et quand ils eurent rencontré un enfant, [l'homme] le tua. Alors [Moïse] lui dit : "As-tu tué un être innocent, qui n'a tué personne? Tu as commis certes, une chose affreuse! "
75. [L'autre] lui dit : "Ne t'ai-je pas dit que tu ne pourrais pas garder patience en ma compagnie? "
76. "Si, après cela, je t'interroge sur quoi que ce soit, dit [Moïse,] alors ne m'accompagne plus. Tu seras alors excusé de te séparer de moi".
77. Ils partirent donc tous deux; et quand ils furent arrivés à un village habité, ils demandèrent à manger à ses habitants; mais ceux-ci refusèrent de leur donner l'hospitalité. Ensuite, ils y trouvèrent un mur sur le point de s'écrouler. L'homme le redressa. Alors [Moïse] lui dit : "Si tu voulais, tu aurais bien pu réclamer pour cela un salaire".
78. "Ceci [marque] la séparation entre toi et moi, dit [l'homme,] Je vais t'apprendre l'interprétation de ce que tu n'as pu supporter avec patience.
79. Pour ce qui est du bateau, il appartenait à des pauvres gens qui travaillaient en mer. Je voulais donc le rendre défectueux, car il y avait derrière eux un roi qui saisissait de force tout bateau.
80. Quant au garçon, ses père et mère étaient des croyants; nous avons craint qu'il ne leur imposât la rébellion et la mécréance.
81. Nous avons donc voulu que leur Seigneur leur accordât en échange un autre plus pur et plus affectueux.
82. Et quant au mur, il appartenait à deux garçons orphelins de la ville, et il y avait dessous un trésor à eux; et leur père était un homme vertueux. Ton Seigneur a donc voulu que tous deux atteignent leur maturité et qu'ils extraient, [eux-mêmes] leur trésor, par une miséricorde de ton Seigneur. Je ne l'ai d'ailleurs pas fait de mon propre chef. Voilà l'interprétation de ce que tu n'as pas pu endurer avec patience".

Ce mythe a atterri dans le Coran via L’ Histoire d'Alexandre le Grand, écrite par le pseudo-Callisthène vers 222. Ce roman qui présente fort peu de points communs avec l'histoire réelle fait d'Alexandre un héros qui parcourt tout l'univers connu et mythique et dont certaines des aventures sont empruntées à l'Épopée de Gilgamesh.

Lisons à nouveau le Coran :
Puis, lorsque tous deux eurent atteint le confluent, ils oublièrent leur poisson qui prit alors librement son chemin dans la mer. Puis, lorsque tous deux eurent dépassé [cet endroit,] il dit à son valet : "Apporte-nous notre déjeuner : nous avons rencontré de la fatigue dans notre présent voyage". Il répondit : "Quand nous avons pris refuge près du rocher, vois-tu, j'ai oublié le poisson - Satan seul m'a fait oublier de (te) le rappeler - et il a curieusement pris son chemin dans la mer".. Il s’écria : "Voilà ce que nous cherchions". Puis, ils retournèrent sur leurs pas, suivant leurs traces.


Le récit décrit Moïse et un domestique en quête de la fontaine de jouvence «le confluent des deux mers ». Il s’agit d’un épisode du Pseudo-Callisthène (lui-même repris de l’épopée de Gilgamesh) où Moïse a pris la place d’Alexandre le grand.

Et nous avançâmes de la sorte sur environ quinze schèmes. Nous découvrîmes alors un endroit où jaillissait une source limpide dont l’eau étincelait comme des éclairs, et un très grand nombre d’autres fontaines. De plus, l’air de ce lieu était agréablement parfumé, et d’une obscurité qui n’était pas totale.
Comme j’avais faim, je voulus prendre de la nourriture, et après avoir appelé le cuisinier qui se nommait Andréas, je lui dis : " Prépare-nous la pitance ". Il prit alors du poisson séché et alla jusqu’à l’eau limpide de la fontaine pour laver ce mets, mais à peine fut-il plongé dans l’eau, qu’il reprit vie et échappa des mains du cuisinier.
Cependant, ce dernier, effrayé, omit de me rapporter l’événement, mais lui-même puisa de l’eau de la fontaine, en but, en versa dans un récipient d’argent et la conserva. En effet tout l’endroit bouillonnait de sources abondantes, et tous nous buvions de ces eaux. Quelle fut mon infortune, qu’il ne m’ait point été donné de boire de cette fontaine d’immortalité qui rend la vie aux bêtes, et que mon cuisinier avait eu la fortune de trouver !
Pseudo-Callisthène

Il faut noter ici que l’auteur de la substitution n’est pas Mahomet mais le Talmud : le Pseudo-Callisthène fut un « best-seller » de l’Antiquité et influença même le Talmud qui en reprend la rencontre entre Alexandre et le grand prêtre de Jérusalem. Le Talmud fait d'Alexandre un héros défenseur du monothéisme. Selon le Talmud, Alexandre à la veille de chaque de bataille voyait en rêve le grand prêtre qui l’informait comment gagner la bataille.
Dans la version coranique Moïse rencontre alors un serviteur d’Allah à qui il a donné une grâce et enseigné une science.

Ce passage nous ramène directement à l’épopée babylonienne de Gilgamesh, le plus ancien mythe de l’humanité. Le héros Gilgamesh entreprend une quête initiatique en vue d’acquérir l’immortalité. Au bout de maintes aventures et épreuves il apprend l’existence d’Utnapishtim, le modèle du Noé de la Bible, à qui les Dieux ont accordé la vie éternelle. Gilgamesh parvient à l’endroit où l’ancien héros coule des jours paisibles “ à la confluence des rivières de la vie." Utnapishtim acceptera de l’aider mais Gilgamesh, comme Alexandre et Moïse, échouera dans sa quête de l’immortalité.

Comme Gilgamesh qui s'endort et se fait voler la plante de l'immortalité, Alexandre ne remarque pas la fontaine de jouvence et seul un poisson et le cuisinier en profitent tandis que Moïse, lui, oublie le fameux poisson et incapable de comprendre le sens des actes d’Al-Khidr/Utnapishtim, « si tu me questionnes, tu devras partir et donc retourner dans le monde des mortels », doit quitter le maître.

Tout cela n’est pas de l’invention de Mahomet qui ne fait que répéter des récits immémoriaux qui lui sont parvenus déformés sous la forme d’un conte folklorique juif.

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Message par Cochonfucius Lun 25 Mai 2009 - 11:11

Ou alors, il y a une source commune.

Dieu est plus savant.
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